You like shrimp but I'm sure I'm better - Cecelia

little talks

Les jours de visites lui semblaient toujours être les mêmes moments de solitude et d'attente. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle devait se voir imposer cela, pourquoi on la forçait à rester assise ainsi sur ce sofa, les mains travaillant sur un ouvrage de broderie ou à la lecture d'un livre dont elle ne comprenait pas tous les mots en l'attente d'un possible prétendant. Elle n'avait aucun prétendant. Personne qui ne venait la saluer le matin dans ce petit salon, goûter à ces petits sandwich ou biscuits préparés en pure perte par le cuisinier dans l'espoir qu'un quelconque monsieur passe au dessus du manque d'éducation de la jeune femme, de son incapacité à se faire comprendre.
Bien sur, elle souriait encore et encore. Elle faisait comme si tout allait bien, comme si tout cela ne la touchait pas. Comme si la solitude, la peur, le manque de son pays, de ses amis, de sa famille ne lui faisait rien, comme si elle aimait ce pays, ces gens qui la jugeaient en permanence, qui la dénigrée, qui se moquait. Comme si elle était cette idiote, cette écervelée qui ne comprenait rien à rien. Elle savait qu'elle n'était pas la femme la plus intelligente au monde. Elle savait qu'elle avait des lacunes, un manque d'éducation, de manières qui sont si différentes pour certaines choses au Danemark, mais elle faisait de son mieux, encore et encore, elle essayait de parler, de rire, de danser, de se montrer aimable. Mais rien n'y faisait et cela n'offrait qu'une chose. Une haine qui grandissait lentement pour son père. Cet homme qui avait été si longtemps absent de sa vie, qui l'avait oubliée, ignorée, vivant sa vie en Angleterre, ne la faisant pas venir plus tôt, ne l'aidant pas, dès l'enfance à apprendre l'anglais, la langue de son pays natale, laissant sa famille au Danemark alors même qu'il savait ce qui se tramait, les guerres napoléonienne, les discussion qui ne menaient à rien et le bombardement imminent de Copenhague. Il avait laisser sa famille subir tout cela plutôt que de la ramener à Londres avec ses sœurs, avec leur mère. Elle aurai pu être une débutante anglaise. Elle aurai pu être autre chose que cette drôle de fille qui faisait tapisserie, qui mangeait des fruits de mer et des petits four au buffets des bal, si seulement il s'était plus intéressée à elle, si il lui avait laissé le temps d'apprendre, mais si il l'avait jeté si vite dans le monde n'étais ce pas dans le but de lui trouver un mari ? De se débarrasser d'elle qui était la dernière de ses filles à charge, non mariée ?
Alors aujourd'hui, elle n'étais pas aller dans le salon attendre que personne ne vienne. Elle ne voulait plus jouer à cela, elle ne voulait plus être un sujet de moquerie, elle voulait juste qu'on la laisse en paix, elle voulait rentrer au Danemark, revoir ses sœurs, sa ville, ses amis et peut être même pourrait elle se trouver un époux là bas qui l’empêcherait de revenir ici ? Oui, elle avait le mal du pays, la douleur de la solitude qui avaient fait couler ses larmes et qui la tenait ainsi recluse dans la bibliothèque, là ou elle pouvait restait sur un sofa prêt de la fenêtre, observant les jardins de la demeure, se plongeant quand elle le pouvait dans les contes de son enfance tout en laissant son esprit ressassait encore et encore ces peines qui lui enserrait le cœur.

Comment donc expliquer la surprise de voir un domestique venir la chercher pour lui annoncer qu'un monsieur était venu la visiter ? Elle en était restée bouche bée, stupide. Quelqu'un était venu pour elle ?  Elle ne comprenait pas vraiment, mais sa surprise ne pouvait durer, pas plus que son mutisme ou son statisme. Elle dû repasser par sa chambre, se raffraichir le visage, remettre de l'ordre dans sa coiffure, vérifier sa toilette, fort simple, avant de pouvoir rejoindre le dit salon, sa curiosité l'emplissant toute entière, alors que les portes s'ouvraient pour lui dévoiler le duc de Malborough ? Certes, elle le connaissait un peu, ils avaient discuté lors d'une ses sorties pour peindre, mais... que faisait il là ?

Souriant malgré tout, tentant de cacher sa surprise, elle s'avança, notant la plante qu'il avait amené muni de fleur rose et blanche qui rappelaient vaguement... des queues de crevettes. Etait il là pour se moquer d'elle ?

« Lourd Hargrivese, Cet oune plaizir do vouy voir. Pouije vouy ouffrir oune tasse do they ? Ou do cafey ? »

Elle lui indiqua un siège, l'invita à s'asseoir. Après tout, elle savait tout de même recevoir, bien que cette visite continu de l'intriguer. Venait il pour l'aider à travailler son anglais comme ils en avait parler ? Oui c'était certainement cela, mais en ce cas pourquoi la plante ? Peut etre lui avait elle fait penser à elle et que c'était une blague. Oui, c'était forcément cela. Une domestique venant poser une theière fumante et un plateau de petit sandwich sur la table, la demoiselle souris de plus belle à la vue du petit pot de cerises noir confite. Ils savaient comment elle aimait son thé.

« Quoi esse qui mo veau lo plaizir do voutre vizitt ? »

Demanda t elle en servant le thé d'une main experte, sachant pertinemment comment jouer son rôle d'hotesse alors qu'une domestique restée dans le coin de la pièce, les chaperonnant.

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La visite du Duc était, à n'en point douté une des plus grande surprise de la saison. Certes, il y en avait eu d'autre, dont l'invitation reçu il y a peu par le duc de Norfolk à un dîner qui devrait se dérouler dans environ une semaine, mais vu qu'elle ne le connaissait absolument pas, du moins à sa connaissance, cela ne l'inquiété que peu. Cela devait être une erreur de toute façon, mais la présence de Rhys Hargreaves, d'ailleurs, elle se rendait compte qu'elle avait écorchée son nom précédemment, mais peu importe, il n'avait pas repris la jeune femme, ce qui signifiait qu'il avait compris qu'elle ne l'avait pas fait exprès.

L'invitant ainsi à prendre place, lui proposant divers boissons pour accompagner cet instant de discussion, puisque c'était ce qu'il venait de lui annoncer. Cela ne put que lui faire naître un sourire rassuré. Il venait discuter en sa compagnie, développer leurs amitié comme ils en avaient discuté lors de leur dernière rencontre pour le moins artistique. Cela été plaisant à n'en point douter et bien plus rassurant que l'idée qu'il puisse venir avec l'idée de la courtiser en vue de l'épouser. Elle n'avait aucune idée de ce que cela aurai pu amener si quelqu'un venait la courtiser par ailleurs, ce n'était pas dans ses pensée, ni dans ses espoirs. Il fallait déjà qu'elle apprenne à parler un peu mieux l'anglais avant de pouvoir, ne serait ce qu'espérer pouvoir être comprise sans qu'on ne fronce les sourcils, fasse des grimaces ou souri poliment en voulant faire croire que l'on avait compris.

Servant un peu de café à l'homme venu la saluer, lui proposant sucre et lait, la jeune femme s'en servit une tasse elle même. Quelle joie, elle échappée à cet ignoble thé anglais, cela la réjouissait on ne peut plus ! Laissant la table se remplir sous l'art discret des domestiques, elle observa la dite plante qu'on lui avait si gentiment amenée. Gloussant d'un air amusé à l'appellation de cet arbuste, tout comme au souvenir de leur rencontre artistique, la jeune femme hocha délicatement la tête, son sourire immense sur son visage.

« Cey trey gentille de voutre parte. Jo ne counnaissay pas sitte pulante, may cey flour rappelle oune potit peu les crouvettes. »

de sa main, elle caressa lentement les quelques fleurs à sa portée, avant de sourire de plus belle au duc face à elle. Revenant vers sa tasse de café qu'elle saisis, elle pris une gorgée, appréciant visiblement le breuvage avant de reprendre la conversation.

« Koumang vouy portey vouy doupuis noutre dernière rencontreuh ? Voutre sure se pourte bieng ? »

Puisqu'il venait simplement pour prendre de ses nouvelles et discuter, il était on ne peut plus poli que de demander de ses nouvelles et de celles de sa sœur n'est il pas ? Bon, certes elle pourrait lui faire conversation sur le temps, le prochain bal mondain ou la littérature, voir la peinture, mais son anglais restait... quelque peu limité.

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Cecelia pouvait compter les personnes qu’elles voyaient comme des amis sur les doigts de sa main dans ce pays. Ils étaient bien trop peu à avoir pris le temps de chercher à faire sa connaissance et si elle avait quelques accointances avec des messieurs et des ladies, elle ne pouvait les considérer comme des amis, ne leurs parlant qu’en certaines occasions. Pourtant Lord Hargreaves, semblaient être de ceux qu’elle pouvait compter comme faisant partie de ses amis. Après tout, il avait toujours été fort aimable avec elle et passait outre ses problèmes de prononciation, lui parlant simplement, sans faire tant d’ambages de leurs différences de cultures ou de connaissances. Aussi, se dire qu’il avait eu une pensée pour elle en passant devant un fleuriste, la fit sourire et elle avait accepté la plante avec le plus grand des plaisirs, en riant même quelque peu. Il fallait dire que le souvenir de leur dernière rencontre était encore vivace en son esprit et avait été une source d’amusement et de joie pour la demoiselle qui hocha la tête.

“Les flours song trey joulie. Mais elle pas êtreuh oussi joulie ko la crouvette et la licourne sur mong ezquiste. Jo l’avouar gardey pour lo pendre. Jo vouy lo mountrorai quang jo l’ouray mise eng coulour.”

Ce n’était qu’une esquisse parmi d’autre, mais cela avait été un tel amusement, que plutôt que de le jeter comme tant d’autres essai de sa part pour retranscrire les paysages mornes de l’Angleterre, elle avait choisi de le conserver pour en faire une aquarelle. Peut-être pourrait-elle l’offrir au lord en remerciement pour sa plante. Il faudrait qu’elle demande à son père si cela était politiquement correct. Après tout, il était un lord célibataire et on pourrait penser qu’elle cherche à s’attirer ses faveurs ou pire qu’il y a plus que de l’amitié entre eux, ce qui ne l’aiderait pas. Comme si un duc pouvait s’intéresser à une simple fille d’ambassadeur. Elle serait en soit désolée de ternir la réputation de son ami. Néanmoins, elle appréciée sa présence, son phrasée et sa bonne humeur.

Ainsi, en bonne hôtesse qu’elle était, elle prit des nouvelles de sa personne et de sa famille, un sujet de base qu’on lui avait appris à utiliser pour débuter une conversation qui permit d’amener à d’autres sujet. Tendant sa tasse à son invité tout en prenant la sienne dont elle huma avec délice l’arôme, elle en prit une gorgée alors qu’il lui parlait de sa sœur et qu’elle hochait la tête se rappelant ce qu’on lui avait dit.

“Lo tempes etreuh houmide. Elle doua faire attentiong à biente se couverir.”

Elle avait entendu cette phrase il y a quelques jours quand on parlait d’une demoiselle avec un début de rhume. Rien de bien grave, mais cela amenait une certaine sollicitude qui, de son point de vue était tout à fait bienvenue. Souriant avec politesse, elle l’écouta lui demander des nouvelles de son acclimatation qui lui firent grand plaisir.

“Jo me faire doussementhe. May les lettru do mes sours me fong dou bieng.Poui, lo souleille oune potit peu. Lo printang aider a vouar l’Anglouterre outrement. Et jo crouare que jo parler oune poti peu mieug.”

Elle le pensait sincèrement bien que ce ne soit peut-être pas flagrant, mais son vocabulaire semblait s’agrandir et sa prononciation s’améliorer. Du moins elle tentée. Après tout, elle savait bien qu’elle ne reverrait certainement jamais les côtes danoises. Une fois mariée à un Anglais, il y avait bien peu de chance qu’ils visitent son pays natal ou qu’il la laisse voyager seule à l’étranger. Elle devrait se contenter de nouvelles par lettres interposées et de faire de cet endroit un petit Danemark où elle saurait se ressourcer.

Mais elle ne voulait pas s’appesantir sur son mal du pays ou sa tristesse de ne plus revoir les lieux de son enfance. Il fallait aller de l’avant. Reprenant une gorgée de son café, laissant un léger soupir d’aise lui échapper, elle reprit.

“Et vouy ? Loundres n’etreuh pas troup difficile coumparer a voutre doumaine ? La saisoung vous plaire ? Vous avez rencountrey oune domoizelle a courtizer ?”

Elle lui offrit son sourire le plus doux et amicale, totalement ignare quant au fait que le lord pouvait effectivement chercher à lui faire présentement la cours. Après tout, ce n’était pour elle qu’un instant entre amis, une discussion informelle.