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LE BAL DES OISEAUX-
Alors que l'équinoxe approche, la saison continu, les événements se suivant et il est temps pour le Marquis de Budhaven et sa femme de nous faire preuve de la réussite de leur union en organisation un des plus grand bal de la saison. Amoureux notoires des animaux à plumes, c'est sans surprise que le thème se portera sur les oiseaux et les costumes, mais le couple marié sous fond de scandale précédente saura t elle ravir la bonne société grace à cet événement ? A vous de venir en juger en y participant juste ici !
Le cœur battant, Judith brava les regards des courtisans alors qu’elle s’avançait vers l’estrade sur laquelle trônait Son Altesse Royale, qui la regardait avec autant d’intérêt que si elle eut été une génisse dans une foire aux bestiaux. Combien de pas avait-elle fait ? Elle avait l’impression que l’estrade royale ne faisait que reculer à mesure qu’elle marchait, et le poids de sa traine semblait la tirer en arrière à chaque foulée. Au prix d’un effort surhumain, elle arriva, le souffle court, à hauteur du trône et s’empressa de s’incliner. Ce faisant, les plumes qui ornaient sa coiffure se détachèrent soudainement et vinrent se briser à ses pieds comme si elles eussent été en cristal. Décontenancée, elle releva la tête tandis que quelques rires moqueurs fusaient parmi l’assistance, espérant lire ne serait-ce qu’une pointe d’indulgence sur les traits de la Princesse. Et quand elle leva les yeux, ce fut le visage de son père qu’elle vit en lieu et place de celui de Son Altesse.
- Tu fais honte à notre famille, Judith, tonna-t-il alors que la foule rugissait de rire dans son dos. Ne pouvais-tu faire aussi bien que ta sœur ? Ta mère n’a-t-elle pas suffisamment de sujets d’affliction pour que tu viennes y ajouter cette prestation honteuse ? Tu me déçois ma fille, je suis extrêmement…
La voix de son père se perdit dans un feulement sonore qui la fit se redresser d’un bon. Haletante et désorientée, elle embrassa du regard le mobilier tendu de soie fleurie, les moulures aux tons pastel et les divers arrangements floraux qui décoraient la pièce plongée dans une semi-pénombre. Ce n’était qu’un rêve. Elle était dans son lit, emmêlée dans ses draps sens dessus dessous, au milieu desquels trônait un George qui agitait une queue courroucée. Le félin n’avait manifestement pas apprécié l’agitation dans laquelle l’avaient plongée ses divagations oniriques.
- Pardon mon chéri, s’excusa Judith en attrapant son chat pour le serrer contre elle. J’ai fait un très mauvais rêve …
Pour toute réponse, l’animal se contenta de ronronner tandis qu’elle caressait pensivement sa fourrure soyeuse. Ces derniers jours avaient été riches en émotions et le dénouement de toutes ces semaines de préparation n’avait pas été celui escompté. Les mots acerbes de la Princesse tournaient en boucle dans sa tête, et si Judith n’était pas rentrée si épuisée du bal, cette histoire l’aurait probablement empêchée de trouver le sommeil. Force était de constater qu’elle l’avait cependant rattrapée jusque dans ses songes. A présent, la jeune fille n’espérait plus se rendormir. Son cauchemar avait ravivé les appréhensions qu’elle nourrissait depuis l’incident de la veille et que la magie du bal n’était pas parvenue à effacer.
Il fallait qu’elle parle à quelqu’un. Et au vu des circonstances, ce quelqu’un ne pouvait être que sa sœur. Repoussant vivement ses couvertures, Judith se dirigea d’un pas martial vers la porte de l’infortunée, George sur les talons. Ouvrant les doubles battants d’un geste théâtral, elle aperçut la silhouette de sa sœur qui se détachait sur le lit, apparemment encore assoupie. Qu’à cela ne tienne. Elea avait peut-être besoin de dormir, mais elle n’avait pas une première saison à sauver, elle ! En quelques enjambées, elle arriva à hauteur du lit et se laissa choir lourdement sur le matelas.
- Elea, appela-t-elle doucement. Elea, est-ce que tu dors ?
Elle ponctua ses appels de petites secousses sur le bras de son ainée, auxquelles s’ajoutèrent bientôt les vocalises de George qui, maintenant que sa maitresse était levée, espérait bien être nourri avant l’heure. Si avec tout ce remue-ménage sa sœur n’était pas réveillée… et avec elle toute la maisonnée !
- Oh Elea j’ai fait un rêve affreux, geignit Judith. Je sais que j’ai déçu tout le monde, Papa doit être furieux contre moi, Maman va être tellement peinée quand elle apprendra ce qui s’est passé et… et Whistledown va faire de moi la risée de la saison, réalisa-t-elle soudain, sa voix montant brusquement dans les aigus.
Enroulant nerveusement une mèche dorée autour de son doigt, elle contempla, la lèvre tremblante, le désastre annoncé qu’allait assurément être sa première saison.
Dans le carrosse qui les avait ramené à Stafford House après le très prestigieux bal des débutantes, la tension était palpable. Si palpable qu'on entendait majoritairement le bruit des sabots ferrés des chevaux sur les pavés que celui de la conversation que s'évertuait à entretenir leur grand-mère. Judith était déçue et Elea pouvait le comprendre. La présentation à la Cour était l'événement pour lequel on préparait une jeune fille toute sa vie et sa cadette, habituée à la perfection, n'avait pas obtenu le plus haut des compliments de la Princesse ce soir... Entre les tissus de leurs robes reposant sur la banquette richement capitonnée de l'abitacle de la voiture, Elea avait tenu la main de Judith. Elle avait eu beau toujours porter ses gants blancs, elle avait senti à travers le noble tissu combien les doigts de sa soeur étaient froid et cela lui avait serré le coeur. Elle aurait voulu la rassurer, lui dire que tout se passerait bien, mais ce n'était ni le lieu ni le moment. Leur père était là et Elea doutait qu'il apprécie qu'elle minimalise ce qui s'était passé ce soir lors de la présentation de Judith à la Princesse... Pourtant si Elea était objective, tout n'avait pas été si catastrophique. Judith n'avait peut-être pas su obtenir les faveurs espérées de la Princesse, toujours est-il qu'elle s'était démarquée de façon tout à fait admirable lors du bal ! Les messieurs l'avaient regardé. Son carnet de bal avait été rempli et Elea espérait qu'elle se rendait au moins compte de cela, bien qu'elle en doutait. Judith était si peu habituée à l'échec que cela avait déjà du prendre des proportions pas possible dans sa tête. Aussi Elea n'avaient-elle pas lâché sa main de tout le trajet.
Une fois a la maison, tout le monde était monté se coucher. La journée éprouvante et au dénouement mitigé pesait sur toutes les épaules. Une fois déshabillée et décoiffée, Elea fit un tour de tous ses animaux afin de s'assurer de leur bonne santé et qu'ils aient tous de l'eau, puis se glissa dans son lit et repensa à ses propres débuts. Le bal des débutantes était un grand moment dans la vie d'une demoiselle. Le sien s'était passé aussi bien qu'elle avait pu l'espérer malgré la nervosité qui avait tout naturellement animé son cœur comme celui de toutes les autres jeune filles présentées ce jour là à Sa Majesté. Suivie par sa mère, Elea s'était avancée dans sa robe de soie et de mousseline avec la sensation de marcher sur une corde raide malgré la largeur de l'allée formée par la Cour toute entière. La Reine avait le pouvoir de déterminer l'avenir d'une débutante de par sa simple réaction mais plus que l'embarras de déplaire à la Souveraine, l'angoisse qui avait noué le cœur de la jeune fille avait d'avantage touché au soucis de décevoir son père et toutes ses attentes la concernant. Fort heureusement pour Elea, la Reine Charlotte lui avait adressé un sourire approbateur avant de la complimenter. Elle avait alors pu respirer enfin à nouveau et se lancer dans sa Saison avec une sérénité cependant toute timorée. En tant que fille de Lord Stafford, la pression ne quittait jamais vraiment les épaules d'Elea. Elle regrettait cependant que Judith n'ait pas eu la même chance qu'elle. Mais elle ne doutait pas qu'elle s'en sortirait très bien. Elle s'en sortait toujours... Elle était si solaire et savait tant y faire pour charmer l'univers que mis à part leur père, tout le monde lui pardonnait toujours tout et le ferait probablement toujours.
Ereintée par la journée, Elea sombra rapidement dans le sommeil, sa main enroulée autour de la cassolette offerte par Alister et qui ne quittait jamais son cou. Sa présence concentrée dans cet objet si cher à son cœur se nicha avec chaleur dans sa paume avant de remonter le long de son bras, effleurant son visage de son réconfort, jusqu'à aller se glisser derrière ses paupières closes. Un sourire tendre étira les lèvres d'Elea alors qu'elle retrouvait l'étreinte de son frère dans ses rêves. Ses doigts étaient chaud alors qu'il lui attachait son collier autour du cou tout en lui disant des mots aspirés par son songe. Il déposa un baiser sur sa joue rose, puis grimpa sur le marche pied de la voiture déjà en marche l'emmenant au port pour son voyage, le vent soufflant ses boucles brunes presque identiques aux siennes. Ils se tinrent la main aussi longtemps que possible des sourires plein de promesses de leurs futures retrouvailles, jusqu'à ce qu'ils ne se tiennent plus. Le cœur d'Elea tomba alors dans sa poitrine tandis que les serres des cauchemars se plantèrent dans son derme jusqu'à le couvrir de frissons glacés. Son corps en proie à la strangulation opérée par les images tortueuses voulues par son subconscient tressaillit violemment.
- Alister... murmura-t-elle quand dans son rêve, elle hurlait.
Ses doigts accrochèrent ses draps. Sa tête roula sur l'oreiller. Alister était loin. Trop loin. Nulle part... Le monde était noir et il y était totalement inexistant. Evaporé. Comme si il n'avait jamais existé. Comme si il ne reviendrait jamais...
- Hhhhh !
Elea se redressa en sursaut dans son lit, hagarde, encore perdue entre les méandres de son rêve et la réalité. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine et il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'elle était dans sa chambre, au milieu de ses draps défaits par son agitation. Mais son soulagement ne fut que de courte durée car contrairement à la majorité des cauchemars dont on se réveillait soulagés de constater que rien n'était vrai, le sien l'était tout autant dans sa réalité ; Alister avait disparu...
- Judith...? réalisa-t-elle alors que le visage de sa cadette se dessinait dans la pénombre du petit matin.
Le souffle toujours un peu court, Elea pressa sa main contre son bijou à son cou dans un geste destiné à la réconforter. Sa poitrine se soulevait toujours un peu trop vite dans sa chemise de nuit bordée de dentelle. Elle observa sa sœur dont le chat s'étirait paresseusement sur son édredon tout en miaulant toute la détresse de l'ampleur de sa faim... Celui-là quel comédien... La jeune femme cligna plusieurs fois des yeux le temps pour elle de reprendre contenance. Son corps était toujours un peu tremblant et Judith fort intense pour un réveil ! Elea passa ses mains sur son visage dans le but d'en chasser le trouble qui pouvait encore y résider afin de se concentrer pleinement sur sa cadette. Elle devait se mettre de côté pour le moment et s'occuper d'elle. Judith en avait besoin. Elea se leva et alla écarter quelques rideaux afin de leur apporter un peu de lumière, puis elle revint s'asseoir sur son lit, la main de Judith dans les siennes, un sourire tendre et rassurant à ses lèvres.
- Tu n'as pas déçu tout le monde Judith, ce n'est pas vrai. Et papa n'est pas furieux.
Cela reviendrait à ce qu'il exprime une émotion, hors Phileas Leveson-Gower n'était pas de ce genre là. Il avait toujours une maîtrise parfaite de lui-même et de ses humeurs. Elea prit cependant soin de choisir ses mots avec précaution afin de consoler sa sœur car elle ne savait que trop combien elle était pouvait être prompt à surréagir.
- Il est peut-être un peu... contrarié, mais je suis certaine qu'il ne t'en tient pas rigueur. Papa est habitué à ce qu'est la Cour il sait très bien comment cela se passe.
C'était sans doute comme ça qu'il avait réussi à se hisser si vite si haut d'ailleurs. Parce qu'il en comprenait tous les rouages et subtilités.
- Maman sera fière de toi, tout comme moi. Tu t'en es très bien sortie. L'avis de la Princesse est suggestif Judith ne laisse pas son manque d'appréciation te gâcher ta Saison. Tu l'attendais tellement ! Et bien à présent ça y est tu y es !
Elea s'efforça d'employer un ton enjoué afin de faire disparaitre un peu les tensions. Judith rêvait de rentrer dans le monde depuis tellement de temps afin de pouvoir profiter des bals et fréquenter la Cour !
- Ton carnet de bal était plein, non ?
Elle savait que oui. Judith avait été admirée par bon nombre de messieurs et s'était vue réserver toutes ses danses.
- C'est cela l'important. Et probablement ce que retiendra également Whistledown. Qu'as-tu pensé de ton premier bal ? sourit-elle.
Elea cherchait à détourner légèrement la conversation. Pas l'occulter totalement, mais l'orienter vers quelque chose de moins dramatique et qui serait susceptible de rendre son sourire à Judith.
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Peu de gens pouvaient se targuer de savoir gérer les humeurs de Judith. Sa mère n'en faisait pour ainsi dire jamais les frais tant elle accédait à toutes les demandes de sa cadette. Son père, que les caprices de la jeune fille mettait à bout de patience, se renfermait dans une sévérité inflexible qui ne faisait qu'accroître la frustration de Judith. Elea était la seule à avoir la patience de raisonner, rassurer et calmer sa sœur... quelle que soit l'heure du jour, ou de la nuit. Restait à savoir comment son futur époux réagirait à la nature pour le moins énergique de Judith. Pour l'heure, la perspective de se trouver un mari lui paraissait désespérément éloignée, malgré les paroles rassurantes de son aînée.
Elea avait bien raison à propos de leur père. Il n'était sans doute pas fâché, à proprement parler. Il devait être déçu, ce qui, à la réflexion, était encore pire. Essuyer sa colère aurait été un mauvais moment à passer, mais au moins aurait il démontré l'importance que revêtait cet événement pour lui. Son ire aurait pu être dirigée contre la Princesse et ses jugements péremptoires, il aurait pu au fond compatir avec sa fille prise dans les rouages pernicieux de cette cour qu'il connaissait si bien, et elle si peu encore. Sa déception, elle le craignait, ne ferait que le rendre plus distant le temps que toute cette histoire s'estompe des mémoires. Mais ce qui était fait était fait, et personne n'y pouvait plus rien.
Tout comme les encouragements d'Elea ne parvinrent pas complètement à apaiser l'orgueil blessé de sa cadette. Judith n'aimait pas seulement briller, elle en avait besoin, et ayant passé toute sa vie à être adulée, se voir rembarrer par la personne la plus importante du royaume n'était pas chose aisée à digérer. Elle avait rêvé de sa première saison, de son premier bal presque autant que de son mariage, et maintenant...
- Ça pour y être, j'y suis... bougonna-t-elle.
Elle n'était pas naïve au point d'ignorer les aspects impitoyables de la vie de cour. Elle n'aurait simplement jamais imaginé en faire les frais. Mais avant qu'elle n'ait le loisir de ressasser plus longtemps sa mésaventure, Elea détourna habilement la conversation vers le bal qui, lui, avait effectivement été une franche réussite. Et bien que Judith n'en ait peut être pas profité autant qu'elle l'aurait voulu, l'esprit encore préoccupé par l'incident de sa présentation, elle devait bien avouer que l'expérience avait été digne de ses rêveries.
Quel plaisir elle avait eu à voir ces messieurs se presser autour d'elle, qui pour lui arracher la promesse d'une danse, qui pour lui apporter un rafraîchissement, qui pour lui glisser un compliment plus ou moins bien tourné. Le décor était féerique, les tenues somptueuses, la musique divine, et elle s'était laissée entraîner dans un tourbillon de valses, de quadrilles et de contredanses qui avait fait s'envoler ses inquiétudes pendant quelques heures.
La moue boudeuse de Judith s'étira en un sourire tandis que les souvenirs de la veille lui revenaient en mémoire. Sa sœur avait raison, le dédain de la Princesse ne semblait nullement avoir découragé les cavaliers potentiels, ni les familles influentes à qui elle avait été présentée au cours de la soirée.
- Eh bien... Oh c'était merveilleux Elea ! se remémora Judith en serrant la main de sa sœur d'excitation. Mon carnet de bal était plein, attend je vais te montrer.
Avant d'avoir fini sa phrase, elle avait déjà détalé en direction de sa chambre, pour attraper son carnet de bal qu'elle avant abandonné sur sa coiffeuse avant de se mettre au lit. Revenue dans la chambre de sa sœur, elle lui présenta fièrement la liste de noms qui s'étalaient sur le petit éventail de feuillets. Un, deux, trois, quatre...
- Quatorze ! f]color]annonça Judith comme si elle n'en revenait pas elle-même. Avait-elle vraiment dansé avec quatorze gentlemen durant la soirée ? Tout semblait se mélanger dans son esprit dans un continuel manège de présentations, invitations et conversations volées entre deux pas de danse.
- Non, douze, rectifia-t-elle après avoir scruté la liste plus attentivement. Lord Feilding et Lord Lumley m'ont sollicitée pour deux danses chacun.
Elle leva un regard brillant vers Elea. Elle n'était pas peu fière d'avoir retenu l'attention des deux jeunes gens, qui seraient un jour à la tête de leur comté respectif. Certes, l'un était un danseur plus que médiocre quand l'autre n'avait à la bouche que son élevage de chevaux, mais peu lui importait en cet instant.
- Est-ce que tu avais eu autant de cavaliers lors de ton premier bal ?
Judith ne pouvait s'empêcher de se comparer à sa sœur. Sans malice aucune - bien qu'elle aimât faire mieux que tout le monde - simplement pour savoir comment elle se situait elle-même. Sa grande sœur demeurait un modèle pour elle, à égaler au moins, et à dépasser si possible.
- J'aime tant être l'objet de l'attention de tous ces messieurs, se confia-t-elle à son aînée en sentant ses joues rosir. J'en ai toujours rêvé et l'expérience est encore plus plaisante que je ne l'aurais imaginé. Je me demande juste comment je pourrais choisir un futur mari quand tous les messieurs rivalisent de galanterie à chaque instant. Comment savoir si un gentleman est tel qu'il en a l'air, Elea?
Judith brûlait de trouver le meilleur parti qui soit depuis qu'elle était en âge de comprendre ce qu'impliquait le mariage. Et maintenant qu'elle était officiellement dans la course matrimoniale, l'idée de faire le mariage de la saison était certes alléchante mais avant d'en arriver là, ne voudrait-elle pas faire l'expérience de sentiments aussi puissants que dévastateurs, tels ceux décrits dans les romans qu'elle dévorait en secret? Car au-delà du titre et de la richesse, il y avait une vie plus ou moins commune qui l'attendait avec son futur époux. Il n'y aurait peut être pas d'amour, ni même de complicité particulière entre eux, alors cette période de célibat serait peut être sa seule chance de vivre une romance aussi passionnée et secrète que dans ses romans. Et maintenant qu'elle avait une parfaite idée de ce qui se passait dans l'intimité d'un homme et une femme... sa définition du parfait parti risquait de s'en trouver changée !
Après le cauchemar qui laissait sa peau encore légèrement luisante d'une fine pellicule de sueur, Elea aurait sans doute eu besoin d'un peu de réconfort elle aussi mais elle mettait ce besoin de côté pour s'occuper de sa sœur. Judith était bouleversée et son aînée se faisait donc un devoir de la réconforter, quitte une fois de plus à se mettre en retrait. D'un tempérament résiliant et doux, cela ne lui coûtait aucunement. Elea était habituée à s'oublier au profit des autres et en particulier de sa cadette qui était souvent dépassée par ses propres émotions. Judith était nombriliste mais elle ne le faisait pas cela par malice et sa soeur le savait. Elle était simplement faite ainsi. Leur mère l'avait tant couvée qu'elle était habituée à ce que le monde tourne autour d'elle et était donc généralement aveugle à la détresse des autres lorsque la sienne devait s'exprimer. Elea s'efforçait donc d'apaiser les humeurs de Judith avec calme et patience car elle ne savait que trop que le moindre mot mal choisi risquerait de déclencher tout une série de pensées rocambolesques chez Judith et d'aggraver les choses. Sa cadette avait le don pour tout dramatiser et surréagir hors ici elle était visiblement à fleur de peau.
Elea sourit avec indulgence, amusée par les bougonnements de sa sœur. Le bal des débutantes était ce pour quoi on préparait une jeune fille toute sa vie. Judith avait toujours tant toujours tout fait à la perfection et été abreuvée de compliments et de félicitations que le manque d'approbation de la Princesse devait pour elle être semblable à un ras de marée inattendu l'emportant dans son rouleau. Elle devait avoir l'impression de couler et de ne jamais réussir à sortir de cette vague, mais l'eau allait s'apaiser et la ramener vers la plage de perfection qu'elle était habituée à fouler. Il n'y avait aucun doute là dessus. Son tempérament très - trop - énergique et impulsif, souvent capricieux, était difficile à gérer certes, mais elle était magnifique et malgré le dédain de la Princesse, son bal avait été un succès elle devait s'en rappeler. Rien n'était aussi dramatique que ce qu'elle s'imaginait. Sa saison était loin d'être fichue. Comme elle le rappela à sa petite sœur, son carnet de bal avait été rempli et Elea ne doutait pas qu'aujourd'hui bon nombres de messieurs se presseraient chez elles afin de courtiser Judith. Restait à savoir si leur père les y autoriserait... Sa selection serait drastique, à n'en pas douter.
A la mention du carnet de bal, l'expression de Judith changea. En un claquement de doigt, elle venait de retrouver son euphorie et son sourire radieux. Elle sauta du lit d'Elea déterminée à aller chercher le précieux objet afin de lui en montrer les lignes noircies des noms des gentlemens lui ayant demandé une danse. L'aînée des Leveson-Gower sourit en secouant la tête face à cet empressement et se leva à son tour de son lit afin d'aller se passer un peu d'eau sur son visage. Son regard s'attarda sur la cassolette qui pendait toujours le long de sa poitrine. Elle le serra un instant entre ses doigts, puis le glissa dans le creux de ses seins sous sa chemise de nuit avant de repousser ses boucles emmêlée par le sommeil par dessus son épaule. Les pieds nus de Judith raisonnait déjà à nouveau dans le couloir et se rapprochaient à grande vitesse. En un battement de cils à peine, Elea se retrouva avec le carnet de bal de sa cadette sous le nez. Judith le lui brandit si haut et si près qu'elle du reculer son visage et cligner des yeux afin de ne pas loucher. Elle rit doucement et le pris afin de l'abaisser et le regarder plus convenablement, Judith lourdement penchée sur elle comptant les noms inscrits.
- Eh bien tu vois ! Pas une danse sans cavalier. Toutes les débutantes n'ont pas cette chance tu sais.
Et elle éprouvait beaucoup de compassion pour ces jeunes filles, bien que cela fut malheureusement le jeu, si tant est que l'on pouvait appeler cela ainsi. Après tout c'était leur avenir à toutes qui se décidait lors de ces événements. Certains débutantes, comme Judith, avaient un grand succès et étaient assaillies de demandes et de sollicitations, quand d'autres devaient regarder tout en s'efforçant de rester dignes ces messieurs leur passer sous le nez afin d'aller inviter leurs semblables. La cadette du Marquis de Stafford à l'évidence n'avait pas été de celles-ci !
- Je... Je ne me souviens pas. Sans doute pas, sourit-elle.
En vérité oui, elle en avait un différent pour chaque danse. Mais elle préféra taire cette information afin de ne pas relancer Judith sur un chemin de réflexions qui la chagrinerait à nouveau ou déclencherait une nouvelle rivalité ou compétition dans son esprit. D'autant que Elea en était certaine, Judith et elle n'avaient pas été approchées pour les mêmes raisons lors de leur entrée dans le monde. Sa cadette rayonnait. Elle était belle. Intéressante. Elle avait cette aisance à rire comme si elle irradiait sans jamais que cela ne paraisse déplacé en société. Bien sûr qu'elle attirait. Elle, elle n'était rien de tout cela. A côté de sa cadette, Elea se trouvait très quelconque. On pouvait la penser inintéressante de par le fait qu'elle était relativement effacée auprès de son père, malgré ce que certains chuchotaient elle était loin d'être idiote. Si lors de son premier bal les messieurs s'étaient pressés autour d'elle, c'était uniquement à cause de son nom et de la fortune qui s'y associait, elle en était persuadée. Phileas Leveson-Gower était le symbole de la réussite à la Cour. Son ascension sociale avait été fulgurante et ses biens pécuniers étaient les plus élevés de toute la Grande-Bretagne. Elle était sa première fille à être mise sur le marché du mariage alors bien sûr, que beaucoup s'étaient mis à graviter autour d'elle.
- J'avoue que je ne saurais comment répondre à cette question Ju'...
Elea a beau avoir déjà fait une saison, celle-ci a tant été régie par le Marquis qu'elle ne pense pas avoir tellement plus d'expérience que sa sœur en ce qui concerne ces messieurs... Preuve en est, hier soir elle avait trouvé Sir Elijah Willis des plus aimable avant que son père ne vienne tout à fait discrètement lui interdire toute autre interaction avec lui. Apparemment, cet homme au charme certain n'était qu'un coureur de dote...
- C'est une question que tu devrais probablement poser à maman.
Lady Leveson-Gower était dans un état de tristesse inquiétant depuis le décès de Francis mais c'est la disparition de Alister, pour le moment tenue secrète à tout le monde, qui lui pesait plus encore. Leur mère ne quittait plus que rarement sa chambre. Elle paraissait attendre sans fin des nouvelles de son fils qu'elle redoutait de perdre à son tour. Fort heureusement, la bonne société pensait qu'elle peinait à se remettre du décès de Francis et lui pardonnait donc sa réclusion, envoyant chaque jour des courriers l'assurant de sa sympathie. Cependant, Elea ne doutait pas que la présence de Judith lui faisait toujours du bien. Après tout, elle était son rayon de soleil.
- Je pense que tu devras choisir celui avec lequel tu te sens la plus à l'aise et vers lequel te pousse ton instinct. Et je te le souhaite, ton cœur.
Après tout, il parait que ces choses là se sentent. C'est ce que n'a cessé de lui répéter Arielle après avoir rencontré Lord Percy avec lequel elle est désormais mariée. Que dès qu'elle l'avait vu, elle avait su. Tout cela paraissait très énigmatique à Elea mais son amie d'enfance parlait de façon si convaincue qu'elle avait choisi de la croire. Pour elle, le mariage n'était point une affaire de cœur. C'était ce que son père lui avait enseigné et elle était en paix avec cela. Elle espérait que son futur époux et elle s'entendrait un minimum bien sûr, mais elle ne rêvait pas de romance comme sa sœur. C'était bien trop utopique.
- Mais n'oublie juste pas que ton futur prétendant devra être approuvé par père avant tout.
Quelque chose lui dit que ce détail d'importance première risque d'être le cadet des soucis de sa cadette si d'aventure elle venait à jeter son dévolu sur quelqu'un...
- Nous devrions nous habiller, dit-elle en allant tirer sur le cordon destiné à appeler les domestiques. Il nous faut aller prendre le petit déjeuner et ensuite, je suis certaine que des dizaines de messieurs se presseront à la porte de Stafford House pour venir te rencontrer. Peut-être en attends-tu déjà un ou deux en particulier...?
Elea rendit son carnet de bal à Judith avec un regard complice, puis se baissa afin de prendre dans ses bras son chien qui daignait enfin quitter son panier dans un bâillement dramatique sans même un regard d'attention pour le chat de Judith.
- Toi, tu as entendu le mot "petit déjeuner" !
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La panique et l'abattement passés, l'esprit de Judith était à présent en ébullition. Son aînée ne semblait pas plus avancée qu'elle sur la question du choix d'un futur mari et, bien qu'Elea ait déjà une saison à son actif, Judith ne lui connaissait pas de prétendant officiel. Elle réalisa qu'elle ne connaissait rien des inclinations de sa sœur. Y avait-il un gentleman qui faisait secrètement battre son cœur ? Son imagination romanesque s'emballa. Sa grande sœur nourrirait-elle un amour impossible avec un homme qu'elle ne pouvait épouser ? Comme ce serait romantique !
Quoiqu'il en soit, la question de sa cadette la laissait visiblement perplexe. Un petit rire teinté d'amertume échappa à Judith à la suggestion de poser la question à leur mère. La Marquise était dans un état de mélancolie alarmant depuis quelques temps, et toute la joie de vivre que pouvait déployer Judith ne parvenait à la faire sourire qu'en surface.
- Je suppose qu'elle serait effectivement de bon conseil. Après tout, elle a épousé papa! Voilà ce qu'il me faudrait, un homme comme papa, s'enflamma-t-elle soudain.
Ayant toujours vécu dans le luxe et l'admiration, il lui paraissait naturel de désirer un époux qui ait une fortune et une influence conséquentes, à l'instar du Marquis.
- Oh mais, pas son caractère, rectifia-t-elle après réflexion. Papa peut être tellement... rigide, à ses heures! Non, je voudrais un mari à qui je puisse demander ce que je veux et qui me dira toujours oui.
Ou à défaut, qu'elle pourrait mener par le bout du nez pour obtenir ce qu'elle voudrait.
- Mais il serait agréable d'avoir quelqu'un aussi cultivé que papa, aussi habile en politique, influent à la cour, riche bien sûr... Oh, qui vivrait en ville toute l'année! Et bien fait de sa personne, ajouta-t-elle comme s'il s'agissait d'une évidence, comptant sur ses doigts les innombrables qualités du mari idéal qu'elle énonçait. Est-ce que j'oublie quelque chose ?
Voilà ce que lui dictait son instinct à cet instant. Mais sa sœur avait aussi évoqué son cœur... Les romans dont raffolait secrètement Judith étaient remplis d'unions improbables entre des personnes que tout semblait opposer. Et si l'élu de son cœur ne ressemblait en rien au portrait qu'elle venait de dresser ? Sans compter que, comme elle le savait depuis peu, son futur mari partagerait non seulement sa vie, mais également son lit. Et la chose avait beau être nommée devoir conjugal, Judith entendait bien avoir le luxe de joindre le devoir à l'envie. Décidément, tout cela soulevait plus de questions que de réponses!
- Mon dieu, qu'il est compliqué de choisir un mari, songa-t-elle à voix haute.
Elle avait beau savoir que mariage rimait rarement avec amour, une part d'elle ne pouvait s'empêcher d'envier une union romantique plutôt qu'un mariage de raison. Au moins dans sa position pouvait-elle espérer avoir le choix entre plusieurs partis potentiels, même si, comme venait de le rappeler Elea, sa décision serait suspendue à l'approbation de leur père.
- Oh mais papa veut notre bonheur n'est-ce pas ? Je suis sûre qu'il ne nous refusera pas l'homme de notre choix, à moins d'avoir une raison sérieuse de le faire, déclara-t-elle d'un ton confiant, balayant l'argument de sa sœur avec cet optimisme teinté de naïveté qui la caractérisait.
Elea mit finalement un terme au tourbillon d'interrogations de sa cadette en allant sonner leurs femmes de chambre pour les aider à s'habiller. Judith en avait presque oublié qu'en tant que débutante, elle devait désormais se préparer à recevoir autant qu'à être reçue.
Il fallait qu'elle soit parfaite ! Après tout, son futur mari se trouvait peut-être parmi les hypothétiques visiteurs du jour. Elle imaginait déjà un défilé de jeunes et séduisants gentlemen se pressant à la porte de la demeure pour la voir. Lui apporteraient-ils des fleurs ? Elle avait toujours rêvé de se voir offrir des fleurs par un soupirant. Mais attendait-elle quelqu'un en particulier ? Difficile à dire, elle avait vu tellement de nouveaux visages et conversé avec tant de monde la veille que tout semblait se brouiller dans sa tête.
- Eh bien non, personne en particulier pour le moment. Tout est allé si vite, j'ai à peine eu le temps de parler à la même personne plus de cinq minutes. Oh, mais j'espère que Lord Harris m'épargnera sa présence... Cet homme est le plus assomant que je connaisse ! s'exclama-t-elle, feignant un évanouissement dramatique sur le matelas de sa sœur. Il n'a que ses chevaux à la bouche, et je ne sais toujours pas comment prendre la sorte de compliment qu'il m'a tourné en me comparant à sa plus belle jument.
Riant de bon cœur au souvenir de cette conversation incongrue, Judith se redressa pour observer sa sœur, dont l'attention était à présent focalisée sur son chien. Planté derrière ce dernier, George tendit une patte intriguée vers la queue frétillante du canidé, comme pour en tester le potentiel ludique.
- Et toi ? Est-ce que tu as rencontré quelqu'un que tu aimerais revoir ?
Elle guetta la réaction de sa sœur du coin de l'œil. Contrairement à elle, Elea était plutôt réservée, aussi scruta-t-elle le visage de son aînée en quête d'un sursaut ou d'un rougissement qui trahirait ses pensées.
Trouver un époux. Voilà ce à quoi on élève les demoiselle dès leur plus jeune âge. Une première saison n'est pas seulement une entrée dans le monde, mais un jet dans la fausse aux lions. Ou plutôt aux lionnes... Car derrière les sourires cordiaux et les révérences polies, c'est un véritable combat qui se mène. C'est à celle qui épousera le célibataire le plus riche et titré de la Saison ! Elea y a été préparée très jeune et pourtant même ainsi elle s'est parfois trouvée effarée face à la détermination de certaines et à leurs moyens disons... discutables d'attirer l'attention de leur proie. Sa première saison fut mouvementée et quelque part elle est soulagée que sa mère et surtout son père aient été là pour la rythmer car étant la fille de l'homme le plus riche du pays, bon nombre d'hommes s'étaient précipités dans les salons de la demeure des Leveson-Gower afin d'espérer obtenir l'autorisation de la courtiser. Aucun n'avait cependant trouvé en finalité grace aux yeux du Marquis malgré les inclinaisons qu'elle aurait pu avoir. L'année de deuil ayant suivit la mort de Francis étant passée, Elea commence donc à présent sa seconde saison et bien qu'elle ne le dira pas, elle la redoute quelque peu. Les jeunes filles n'en étant pas à leur première saison sont les plus hargneuses car la peur de finir célibataire les talonne et ne se font donc aucun cadeau... Elle n'est cependant pas inquiète pour Judith. Elle est rayonnante, a la conversation facile et suffisamment de caractère pour tracer son chemin dans la Société. A vrai dire, ce sont plutôt les autres débutantes qui doivent s'inquiéter d'elle...
Elea repose son chien après avoir déposé un baiser affectueux dans ses poils soyeux et sourit à Judith avec doute à l'évocation de leur père. Il est vrai qu'en matière d'accomplissement, le Marquis a de quoi faire pâlir d'envie les plus ambitieux. Il a fait grandir le nom de sa famille en quelques années à peine, s'est élevé dans la noblesse avec de nouveaux titres, de nouvelles charges politiques et il a construit une telle fortune qu'elle dépasse désormais celle de la famille royale... Sur la papier oui, Phileas Leveson-Gower a donc tout du parti idéal. En ce qui concerne son caractère cependant, Elea doute que Judith feuille le même chez son époux !
- Donc définitivement pas comme papa... concède-t-elle amusée tout en passant sa robe de chambre.
L'aînée de Judith ne compte plus le nombre de crises qui ont éclaté dans chacune de leurs demeure à travers l'Angleterre et l'Ecosse parce que Lord Stafford avait osé dire "non" à sa cadette. Les murs s'en souviennent probablement. Elle ne cesse cependant pas de sourire alors qu'elle s'installe à sa coiffeuse en attendant que son acariâtre femme de chambre n'entre pour la préparer. Dans le reflet de son miroir, Elea regarde sa sœur énumérer toutes les qualités qu'elle désire chez son futur époux.
- De la patience ? hasarde-t-elle avec humour.
Il lui en faudrait avec le tourbillon qu'est sa sœur. Mais elle connait assez Judith pour savoir qu'elle parviendra à ses fins. Elle est assez déterminée pour cela et est tout à fait capable d'avoir son futur mari à l'usure si jamais d'aventure il lui refusait quoique ce soit. Elle n'ose pas contredire Judith et lui ajouter une raison de repartir dans une nouvelle profonde crise existentielle. Mieux vaut ne pas l'inquiéter et la lui laisser ses espoirs insouciants pour le moment. Pour l'heure, les prétendants vont se presser dans les salons de Stafford House. Elle n'a aucun doute là dessus. Leur père aura sans doute déjà fait un premier tri quant à qui aura eu le droit de rentrer chez eux ou non. Pour le reste, Ju' aura sa Saison afin de s'amuser et se laisser courtiser avant que le Marquis ne remette son nez dans l'affaire. Il attendra probablement que des messieurs marquent un intérêt d'avantage empressé pour sa fille pour s'intéresser à eux plus avant et à la possibilité de leur laisser ou non le loisir de lui demander sa main. La saison démarrant tout juste, il y a donc encore du temps pour cela. Autant laisser Juidth dans l'euphorie du début.
- Lord Harris... Lord Harrison Harris ? Je doute que père le laissera entrer. Il l'avait déjà éconduit me concernant lors de ma première saison. Je suis cependant persuadée qu'il t'a fait ce compliment avec les meilleures intentions...
Elea rit avec sa sœur, bien qu'avec d'avantage de contenance et se fige lorsque Madame Hudson entre dans sa chambre afin de la préparer. Sa femme de chambre pourrait être comparée à une sorcière... D'ailleurs Ju' ne s'en prive pas lorsqu'elles sont entre elles. Cette femme est rigide et à la limite du despotisme avec sa jeune maîtresse. On pourrait croire qu'étant une employée elle est celle courbant l'échine, mais il n'en est rien. La domestique ayant travaillé au palais par le passé, prend son devoir au sérieux. Très au sérieux. Elle s'assure toujours qu'Elea soit parfaite et ne se soucie pas de savoir si elle est trop serrée dans son corset ou si une épingle à cheveux lui perce le crane. Elle rend également des comptes au Marquis chaque jour quant aux activités de sa maîtresse, sans se priver de rapporter ce qui lui paraît être "améliorable". Bien que Dieu soit loué, cela soit rare. Habituée, Elea ne cille pas lorsque madame Hudson saisit ses boucles brune avec rudesse et les lui relève sur la tête en vue des ablutions matinales à venir. Elle disparait préparer la baignoire au moment où Fluff se retourne vers George avec un aboiement aussi somnolant qu'il l'est encore lui-même. Le chat parait outré et le chien outré que le chat soit outré. Face à leurs deux têtes déconfites, cette fois Elea ne peut retenir son rire sincère.
Rire qui meurt soudain face à la question inattendue de sa cadette. Judith lui pose rarement des questions la concernant et encore moins sur ce sujet là ! Mais il est vrai que partageant cette saison, ce sujet pourrait bien revenir régulièrement ! Miséricorde... Elea déglutit doucement et toussote en faisant mine de chercher quelque chose sur sa coiffeuse. Qu'elle ne trouve pas, puisque bien sûr elle n'a besoin de rien. Elle se contente de replacer sa brosse en poils de sanglier plus droite qu'elle ne l'est déjà...
- Je... Non...
Si elle a remarqué un homme, elle ne l'avoue pas. Elle se sent quelque peu gênée de l'intérêt qui l'a prise sans prévenir pour cet inconnu. Madame Hudson dirait que c'est oisif et inconvenant. Mais qu'y peut-elle...? Elle l'a remarqué elle ne peut le nier. Comment aurait-il pu en être autrement ? Mais elle ne ment pas à Judith pour autant en lui répondant par la négative car en effet, elle ne l'a pas rencontré et ignore donc qui il est.
- Je pense qu'il est mieux que je laisse père décider...
La Saison a commencé hier qu'elle a déjà fait une erreur de jugement quant à un potentiel prétendant... Il était avenant, plutôt bel homme, prévenant, mais il n'était malheureusement pas que cela !
- J'ai conversé avec Sir Willis que je trouvais charmant mais... Il s'avère qu'il était un coureur de dote... Je ne veux pas risquer décevoir ou entraver les ambitions de père en me trompant...
C'est à ce point qu'elle aime son père pourtant si exigeant avec elle. A ce point qu'elle s'oublie pour lui. Puis peut-être que si elle fait un mariage assez réussi pour les critères élevés du marquis, Judith sera d'avantage libre d'épouser qui elle souhaite. Elle idolâtre ses romans et rêve du même genre d'aventures qu'elle lit quand Elea elle, souhaite juste contenter tout le monde. Tant que son mari la traite bien et ne trouve rien à redire quant à ses qualités de maîtresse de maison, elle n'en demande pas plus. Elle ne s'y autorise pas.
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Can you hear me echoing ?
Here comes a wave meant to wash me away A tide that is taking me under Swallowing sand, left with nothing to say My voice drowned out in the thunder
Il était étrangement reconfortant de parler à cœur ouvert avec Elea. Les deux jeunes filles avaient beau s'aimer sincèrement, elles avaient toujours été plus proches de leurs frères. Maintenant que ceux-ci avaient disparu et que la présence de leur mère se faisait pour ainsi dire spectrale, il apparaissait d'autant plus important de profiter des membres de la famille restants. Judith avait grandi et les deux sœurs évoluaient maintenant dans le même monde. Leur dynamique prenait désormais une forme différente, et dans le même temps, il était rassurant pour Judith d'avoir une présence féminine à ses côtés durant cette intimidante étape de la vie d'une jeune lady. Certes, leur grand-mère était là pour les épauler, mais les années de débutante de la douairiere appartenaient à une autre époque. Au moins Elea faisait-elle l'expérience de cette saison au même titre que Judith. Et lorsqu'elle avait été prise d'angoisse au réveil, elle n'avait pas hésité à se tourner vers la seule personne qui pouvait pleinement comprendre sa position.
Cette complicité naissante n'empêcha pas Elea de taquiner sa cadette à propos de ses critères de sélection matrimoniaux. Pour toute réponse, elle s'attira une langue tirée de la part de sa sœur, avant que Judith ne reprenne son babillage effréné sur les gentlemen dont elle avait déjà fait la connaissance. Et si Judith avait la critique facile, Elea quant à elle avait l'habitude aussi honorable qu'agaçante aux yeux de sa cadette de toujours trouver du positif chez une personne ou dans une situation.
- Si bonnes qu'aient été ses intentions, j'aimerais savoir quelle dame serait flattée d'être comparée à l'un de ses satanés animaux ! Répliqua Judith en fronçant le nez. Il aurait pu choisir, je ne sais pas, un cygne ou bien...
Elle s'interrompit un instant pour réfléchir avant de décider qu'être comparée à un volatile, si gracieux qu'il soit, n'était pas non plus l'idée qu'elle se faisait d'un compliment digne de ce nom.
- Enfin, si Papa a déjà décidé de l'éconduire, voilà qui arrange tout.
Elle poussa un petit soupire satisfait qui mourut bientôt sur ses lèvres alors que la femme de chambre de sa sœur faisait son apparition. Judith n'aimait guère cette femme acariâtre qui avait manifestement manqué sa vocation de gardienne de prison. Elle la suivit d'un regard hostile tandis qu'elle commençait à préparer Elea pour son bain, contrariée que la conversation ait été interrompue par son arrivée. La chambre se retrouva plongée dans le silence, Judith étant bien consciente que les oreilles indiscrètes de la domestique étaient aux aguets. Du coin de l'œil, elle vit sa propre femme de chambre qui s'affairait à préparer sa toilette de l'autre côté du couloir. L'heure tournait, et il fallait que les deux filles du Marquis se rendent présentables pour recevoir leurs visiteurs. Mais Judith n'en avait pas encore finit avec son aînée, et dès que la sorcière eut disparu dans la salle de bain, elle posa à Elea la question qui lui brûlait les lèvres.
Cette dernière parut quelque peu troublée, mais Judith se garda de pousser plus loin le sujet, n'étant que trop consciente que Madame Hudson pouvait ressurgir à tout moment. Elle enregistra toutefois cette impression dans un coin de son esprit. Sa sœur avait beau nier, avait-elle déjà quelqu'un en vue? Ou bien la simple évocation d'un quelconque soupirant suffisait-elle à la mettre en émois ? Judith n'eut pas le loisir de se creuser la tête plus longtemps, déjà sa sœur semblait s'être ressaisie et était redevenue la jeune femme raisonnable et dévouée à son père qu'elle était.
- Ce n'est pas père qui va se marier, répliqua-t-elle d'un ton un peu plus acerbe qu'elle ne l'aurait voulu.
Elle marqua une courte pause pour se radoucir. Judith avait toujours été jalouse de l'attention que portait son père à son aînée, et de la facilité apparente qu'avait cette dernière à se montrer obéissante. Elle enviait la capacité de sa sœur à se plier aux exigences du marquis, quand elle même ne pouvait s'empêcher de n'en faire qu'à sa tête. Elle désirait plus que tout recevoir l'amour et l'approbation paternels, mais elle était bien trop habituée à ce qu'on lui obéisse pour se laisser dicter sa conduite sans discuter. Le monde tournait naturellement autour d'elle, il en avait toujours été ainsi, et elle n'avait pas pour habitude d'être contrariée, que ce fut dans le choix d'une nouvelle robe ou dans celui de l'homme qui partagerait sa vie. Et que sa sœur s'en remette entièrement à leur père dans ce choix dépassait son entendement.
- Personne ne peut savoir mieux que toi ce qui te rendra heureuse, reprit-elle avec sérieux en fixant de reflet de sa sœur dans le miroir. Cette histoire avec Sir Wilis est fâcheuse, mais Papa nous protégera justement des hommes de son genre. Lorsque tu rencontreras un gentleman qui te plaira, s'il n'a rien à se reprocher, pourquoi Papa s'opposerait-il à votre mariage? Je ne sait pas ce que tu recherches chez un mari Elea, mais quoi qu'il en soit, si tu penses pouvoir être heureuse avec quelqu'un, cela ne vaut-il pas la peine d'en convaincre Papa plutôt que de te plier à son jugement?
Judith quant à elle, savait parfaitement ce qu'elle voulait. Au delà du titre et de la fortune, qui allaient de soi, elle rêvait d'un foyer heureux, avec des enfants et un mari qui les aimerait et les protégerait. Si nombre de couples mariés s'accommodaient d'une vie conjugale de façade tout en vivant en réalité chacun de leur côté, Judith avait trop besoin d'être entourée et aimée pour s'épanouir dans ce genre d'arrangement.
Un grattement à la porte la sortit de ses pensées, alors que sa femme de chambre lui annonçait que son bain était prêt.
- Merci, j'arrive Davies. Oh, et donnez à manger à George et aux autres je vous prie, les pauvres chéris doivent être morts de faim.
Comme s'il avait saisi leur échange, George sortit de la pièce en trottinant sur les talons de la domestique.
- Bien, je crois qu'il est temps pour nous de nous préparer, annonça-t-elle en se levant du lit de sa sœur. Comme je suis impatiente de... Ooooh!
Elle s'interrompit pour se diriger vers le dressing de sa sœur dont la porte était restée entrouverte. Elle en sortit une ravissante robe en soie lavande qu'elle pressa contre elle comme pour l'essayer.
- Oh qu'elle est belle! Dis, est-ce que je peux te l'emprunter pour ce matin Elea? S'il te plaît s'il te plaît s'il te plaît !
Madame Hudson était le Diable incarné. Elea a bien tenté à quelques reprises de faire part à son père de la dureté de sa domestique à son encontre, lui disant sans toutefois lui avouer combien cette dernière parfois la malmène, mais le Marquis, ne mesurant pas l'ampleur de ce que peut endurer sa fille, lui répond souvent que madame Hudson sait ce qu'elle fait, qu'elle a d'excellentes références et que Elea doit faire conscience à son exigence. De nature résiliante et à ne pas vouloir faire de vagues, la fille aînée du Marquis endure donc les maltraitances de sa femme de chambre sans s'en pleindre à quiconque, se retrouvant parfois avec des bleus sur ses côtés causés par ses corsets ou des douleurs attroces à la tête à cause de coiffure trop serrées ou fixées... Elle n'est pas ravie de la voir arriver alors qu'elle partage un moment complice avec Judith et ne peut nier être soulagée lorsque l'acariatre femme disparait à nouveau, les laissant à nouveau à leurs échanges qui doivent sans doute être les mêmes dans toutes les demeures de Londres où résident des débutantes un lendemain de bal de présentation ; les prétendants ! Elea ne s'attendait cependant pas à ce que sa cadette lui retourne sa question les concernant et s'en voit prise de court bien qu'elle lui réponde le plus honnêtement possible. Être assez attractive et intéressante pour un époux est ce pour quoi on l'a éduqué et élevé depuis toujours mais en ce qui concerne la tâche de le trouver, Elea est moins à l'aise que sa soeur. Judith semble déterminée à mener sa propre barque au milieu de la rivière et étudier chaque poisson qui viendra frétiller prêt d'elle mais Elea de son côté, s'est résolue à accepter celui que son père jugera le plus approprié pour elle ainsi que pour ses dessins de carrière et d'élévation sociale. Elle ne peut oublier la terrible erreur de jugement qu'elle a faite à l'encontre de Sir Willis... Son père ne l'a point fustigée à ce sujet, se contentant de l'informer de la situation réelle de cet homme qu'elle n'aurait jamais pu deviner, mais il a tout de même jugé bon d'intervenir le plus rapidement possible afin d'éviter qu'elle ne commète un faux pas irréparable en acceptant plus avant ses intentions de la courtiser. Seigneur si elle s'était laissé berner, si son père n'avait pas été là pour assurer ses arrières, elle aurait pu mettre en échec tout ce que son père a toujours entrepris pour faire s'élever leur famille et également entraver les chances de Judith d'attirer le meilleur parti possible. Les Leveson-Gower étant la famille la plus riche d'Angleterre, Sir Willis n'aurait pas pu les ruiner, mais le scandale de voir cet homme ruiné réussir à se hisser au sein d'un des Marquisats les plus puissants du pays aurait néanmoins fait grand bruit... Elea a parfaitement conscience que la plupart de la Cour la prend pour un élégant ornement sans grande intelligence tant elle est toujours discrète et effacée derrière son père, obéissant à ses moindres commandements. Elle aurait détesté leur donner raison en se laissant berner par l'abileté au mensonge d'un homme. C'est pourquoi elle préfère avouer à Judith qu'il vaut mieux que son père se charge pour elle de trouver le mari qu'il estimera le plus adéquat. Ainsi, elle ne gâchera pas tout.
- Je le sais bien mais...
Mais Judith n'a pas fini de parler. Indulgente, Elea la laisse donc poursuivre son monologue un léger sourire à ses lèvres, amusée de voir sa cadette déjà si vivement lancée de bon matin. Judith vit au gré de ses émotions et ne les vit jamais à moitié. Il lui suffit généralement d'un rien pour la déclencher et la faire bondir sur un sujet qui la stimule particulièrement et visiblement, c'est le cas de celui-ci. Elea est cependant touchée qu'elle prenne tant à coeur son futur bonheur. A moins qu'elle ne fasse un transfert de ses propres émotions si la situation était inversée ? Judith n'accepterait jamais qu'on choisisse pour elle et marque son point de vue à travers sa tirade. Elle cherche à faire entendre raison à sa soeur, mais elle prêche ses propres arguments, voulant sûrement se persuader que leur père cèdera lorsqu'elle lui annoncera le nom de celui qu'elle aura choisi. Et c'est honnêtement tout ce que sa soeur veut pour elle. Qu'elle ait le mariage dont elle rêve. C'est bien pour ça qu'elle est prête de son côté à épouser celui qui arrangera tout le monde. Leur père sera sans doute ainsi moins exigeant concernant le parti que désirera Judith.
- Si je rencontre un gentleman qui me plait, il n'est pas dit que je lui plairai moi...
Elle n'est pas aussi expansive et solaire que Judith. Elea a une beauté plus à elle, moins évidente. Judith a été touchée par les anges tant elle rayonne. Elea elle, scintille plus secrètement bien qu'elle-même en comparaison de sa ravissante petite soeur, s'estime fade et commune. Elle ne s'est jamais comparée à elle et ne le fera jamais. Elle est fière de la beauté de sa cadette depuis qu'elle est née. Comment ne pas être en adoration face à un visage aussi doux, des cheveux d'un or flamboyant et des yeux d'opale, quand elle n'a que ses yeux chocolats et ses cheveux bruns ? Quant à ce qu'elle cherche chez un époux, elle mentirait si elle disait qu'elle ne s'est jamais posé la question. Bien qu'elle se soit toujours dit qu'elle épouserait qui on lui dirait d'épouser, il y a bien eu des nuits où le sommeil refusait de la trouver où elle s'est surprise à penser à celui avec qui elle pourrait partager sa vie. Elle avait beau ne pas vouloir être frivole et oisive comme l'aurait qualifié madame Hudson si elle avait été au courant de telles pensées dans l'intimité de son lit, Elea demeurait une jeune fille malgré tout et comme toute jeune fille, bien sûr qu'elle avait des espoirs et des idéaux. Elle s'efforçait simplement de ne pas trop y rêver une fois le soleil levé. Ce genre de pensées n'avaient sa place qu'à la nuit tombée lorsque les rêves étaient permis. Durant la journée, c'était une toute autre réalité qui prenait place.
- J'aimerais... juste quelqu'un avec qui parler d'autre chose que de la météo ou de la taille des rosiers des jardins lorsque nous dînerons. Quelqu'un qui aurait de la conversation et surtout une véritable curiosité pour le monde qui nous entoure...
Elle aimerait quelqu'un capable de nourrir cet intellect qui est le sien mais qu'elle dissimule car il est mal vu pour une demoiselle de trop analyser et de dépasser ces messieurs dans leurs propres domaines de compétences, à savoir tout ce qui touche à autre chose que la dance, la broderie, la musique ou la lecture de romans de demandant pas trop de reflexion. Être une jeune femme accomplie selon ce que la société estime, oui. S'instruire au delà de ce que devrait savoir une femme, avec retenue !
Elea tourne son visage vers la porte de sa chambre quand Davies, la servante de Judith, en pousse le battant afin d'annoncer que son bain est prêt. Madame Hudson ne devrait donc pas tarder non plus à venir lui annoncer qu'il en va de même pour le sien. Au mot manger, Fluff s'étire et daigne enfin se lever afin de suivre George lui-même sur les pas de la domestique, ce qui fait sourire Elea.
- N'y compte pas ! Tu auras ta gamelle comme tous les autres une fois que je serai prête !
Incompris, bafoué, le chien reviens se coucher aux pieds de sa maîtresse avec un soupire dramatique. Contrairement à Judith, Elea n'a pas que quelques animaux... Elle possède une véritable ménagerie au point d'avoir toute une pièce leur étant réservée. Lapins, cochons d'Inde, oiseaux, chinchillas, même un petit singe... Elle a à cœur de s'occuper de tous ses petits protégés elle-même chaque jour. C'est son plaisir quotidien et son moment de répits avant de devoir affronter les obligations qui lui incombent en tant que fille de Marquis.
- Je le crois aussi ! On se voit au petit déjeuner !
Elea se lève de son tabouret, quittant sa coiffeuse avec un dernier sourire vers sa soeur et entreprend de se diriger vers sa salle de bain personnelle, lorsqu'un cri aussi enthousiaste que strident la fait se retourner vers son... dressing. Evidemment. Elle a déjà une robe entre les mains. Certaines choses ne changent jamais. Elea secoue la tête, amusée. Sa soeur qui a des coups de foudre toutes les trois secondes lorsqu'elles font les magasins a un dressing plein à craquer de certaines choses qu'elle n'a même encore jamais mis ou oublié qu'elle avait, mais elle est semble toujours trouver son bonheur dans celui de son aînée.
- C'est ce que je comptais mettre aujourd'hui...
Elle l'a reçu il n'y a pas vingt-quatre heure de chez la modiste. Cette robe est d'une grande élégance avec son tissu si noble et les broderies de fleurs de lavandes qui en ornent le corsage et le bas de robe sont une véritable œuvre d'orfèvrerie.
- Mais elle t'ira mieux qu'à moi.
Elea la rejoint et sort une boite d'une des étagères parfaitement organisées afin de lui donner les souliers allant avec ainsi qu'un éventail dans son étui, eux mêmes brodés des mêmes motifs. Une chance qu'elles fassent à peu près la même pointure.
- Tiens. Ne les abîme pas !
L'ouragan Judith donne souvent du travail de couture à la domesticité et Elea espère que sa robe demeurera entière les quelques heures qu'elle la portera. En attendant, elle entend déjà madame Hudson houspiller quant à ce changement de plan pour sa toilette du jour !
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