Rien n’allait plus. Voilà seulement quelques temps que j’étais revenu à Londres afin de me présenter officiellement à la Saison en cours et depuis, tout semblait voler en éclat. Ma sérénité, ma tranquillité, mes petites affaires bien ordonnées… c’était à présent le bon vieux temps. Le goût du contrôle que j’aimais tant était salement amer ces derniers jours.
En effet, rien ne se passait comme prévu. J’étais déjà tombé dans 2 pièges différents visant à me fiancer plus vite que la lumière. D’abord les Stauton avec leur dernière demoiselle très dissipée, puis mon ami, Mr Delucey avec sa fille. Cette dernière s’était montrée menaçante, brandissant fièrement le feuillet caricatural, créé par Mlle Bridergton et mettant en avant une partie de ma vie que j’essayais d’oublier. De sombres affaires peu reluisantes qui avaient pourtant contribué à ma fortune et ma réputation.
En arrivant dans cette ville bourdonnante, je m’étais attendu à bien des obstacles, mais ils étaient plus nombreux que je ne l’avais imaginé…
Le temps était maussade et l’envie n’y était pas. Je n’avais aucune détermination ce jour à aller badiner, flâner, me montrer au grand public et mon esprit, lui, était trop embrumé pour me pencher sur les livres de comptes du comté. Aujourd’hui, je devais me vider l’esprit de tous ces enfantillages et pour cela, rien de tel qu’une petite visite à la salle de boxe toute proche. Voilà bien longtemps que je n’avais pas eu le plaisir de fouler un ring, poings serrés et regards vifs, cherchant à devancer mon adversaire. Je me préparais en hâte pour m’y présenter comme nouvel arrivant.
L’accueil fut des plus chaleureux et la salle, très peu et très bien fréquentée, me fit bonne impression dès le premier instant. Rapidement, Mr Georges me prit sous son aile pour visiter les lieux et me présenter aux quelques membres déjà présents. Il s’avança vers l’un des adhérents, Mr Rose, un docteur réputé dont j’avais déjà eu échos lors de précédentes conversations.
L’homme semblait exténué, il l’étant sans doute. Malgré sa bonhomie à mon égard, son visage semblait vouloir s’écrouler sous la fatigue et les récents évènements étaient de toute évidence, l’une des raisons de cette surcharge.
Je m’avançais et saluais le docteur.
Ravie de faire enfin votre connaissance Mr Rose, la bonne société ne tarit pas d’éloge à votre sujet. Vous devez avoir eu énormément de travail ces derniers temps, j’ai eu vent du drame qui s'est abattu sur la ville. Vous avez tout mon respect. Je me réjouis de n’être arrivé que plus tard à Londres…S’il y avait bien un point avec lequel nous allions nous accorder sans difficulté, c’était bien le fait qu’il était impératif, presque vital, que nous puissions décompresser de toutes ces tensions accumulées. Le Dr en avait bien besoin également, cela sautait aux yeux. C’était donc avec beaucoup de simplicité que je relançais la conversation.
Puis-je me joindre à votre entraînement Mr Rose ? Il semblerait que la pression se soit également emparée de moi ! Voilà une perspective réjouissante que de pouvoir l’évacuer en bonne compagnie. Vous ne prenez pas grand risque, je suis un peu rouillé pour être franc. Je me porte volontaire pour vous aider à décharger tout ce stress, à condition que vous n'y alliez pas trop fort Dis-je, avec humour et une bienveillance étonnante.
L'homme attirait ma sympathie, sans effort.