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Les Chroniques de Londres
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Like father, like Daughter [Philéas]

Elea Leveson-Gower
Elea Leveson-Gower
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Message() / Lun 22 Fév - 19:04
Elea Leveson-Gower


PHILEAS & ARYA

LIKE FATHER, LIKE DAUGHTER



1803, Longstowe Hall, Cambridge

A travers la lucarne de la chambre située dans les quartiers des domestiques, un rayon de soleil où dansaient quelques paillettes de poussière vint réchauffer le visage assoupi de Arya. Elle avait sa chambre à Longstow Hall, mais elle n'y dormant jamais, préférant rester auprès de sa mère malade qu'elle quittait très peu.
Pelotonnée contre le corps de celle qui lui avait donné la vie, la jeune fille ouvrit doucement les yeux avant de les protéger de la lumière matinale du revers de sa main. Elle se redressa puis caressa le visage de Daphné qui semblait plus paisible ce matin. Sa fièvre avait l'air d'avoir baissé et ses traits étaient plus reposés. Rassurée, l'adolescente sourit puis déposa un baiser tendre sur son front avant d'aller chercher un verre d'eau qu'elle déposa à porté de main sur la table de chevet en bois.
La chambre avait beau être modeste, elle était plus luxueuse que celle qu'elles partageaient dans leur petite maison venteuse avant d'arriver ici ! La pièce était chaude et confortable. Sans humidité. Quant au lit, c'était un cocon de confort. Elles mangeaient bien et chaud tous les jours ! Arya avait bon espoir qu'avec tout ça, sa maman finisse par vite se remettre ! Parce qu'elle allait forcément se remettre n'est-ce pas ? Le médecin était venu ausculter la lavandière mais elle n'avait pas été autorisée à rester. Sa mère lui avait simplement dit après son départ qu'elle avait simplement besoin de repos, que tout irait bien. Ce qui l'avait rassuré. Dans un endroit pareil, Daphné avait tout ce qu'il fallait pour ça donc oui. Sa mère allait aller mieux ! C'était déjà le cas, même si elle continuait de tousser beaucoup.

Il était très tôt et la maison semblait encore endormie à l'exception de quelques domestiques qu'elle pouvait entendre commencer à s'activer. Arya fit ses ablutions dans la cuvette prévue à cet effet dans un coin de la pièce, puis changea de robe et coiffa ses cheveux qu'elle laissa libres. Ce n'était pas comme si elle risquait croiser quelqu'un de toute façon de si bonne heure !
La demoiselle termina d'arranger sa mise face à un miroir, cachant quelques fils dépassant de sa mange ballon. Il faudrait qu'elle refasse un point de couture ici et là afin de refaire l'ourlet proprement... Elle n'avait pas beaucoup de tenues de rechanges et le peu qu'elle possédait étaient usées à force d'être portées et lavées à répétition mais en bonne fille de lavandière qu'elle était, elle les avait consolidées et arrangées avec soin ce qui faisait parfaite illusion. Cela dit le temps continuait de faire son office sur le tissu qui faiblissait.

Arya regarda un instant sa mère qui continuait de dormir puis pressée par sa curiosité, elle entrouvrit le battant de la porte et y passa sa tête. Les couloirs étaient déserts. Elle hésita une seconde, tiraillée entre son envie de découvrir les lieux et celle de rester avec sa maman mais avant même de s'en rendre compte, elle était déjà sortie de la chambre...
L'adolescente rasa le mur lorsqu'elle croisa Brenton, le majordome de son père qui avait les bras chargés. Elle lui libéra le passage et il lui adressa un sourire étrange. Arya ne savait pas encore trop comment se positionner ici... Elle n'était pas arrivée depuis bien longtemps et bien que la nouvelle quant à qui elle était avait déjà du faire le tour de tous les domestiques 100 fois, c'était encore très nouveau pour elle. Elle n'avait pas encore osé parler avec les personnes travaillant ici pas plus que se mêler à eux. Les moment de convivialités comme par exemple les heures des repas entre serviteurs de Longstowe Hall, elle n'y prenait jamais part, préférant monter le plateau chargé de mets à sa maman afin de manger avec elle.

A pas feutrés, la jeune fille monta les quelques marches de pierre menant à une des portes débouchant sur les grands salons de la demeure du Comte et la poussa. A peine entra-t-elle dans l'immense pièce qu'elle s'en trouva totalement éblouie. Tout le luxe, toute la beauté, toute la profusion lui tombèrent dessus à l'en assommer presque et ses grands yeux se mirent à pétiller d'émerveillement. Arya s'approcha des tableaux et les observa, se demandant qui était qui. Elle en reconnu un du Comte de Cambridge, son père... et le détailla, cherchant la ressemblance entre eux sur ses traits. Sa mère lui avait toujours dit qu'il y avait beaucoup de lui en elle. Elle continua sur celui de la Comtesse, fière, altière, magnifique.
Elle regarda des objets posés sur des meubles semblant faits d'émaille et d'or, les caressant du bout de ses doigts. Elle décortiqua les motifs des tapis ! Les couleurs des rideaux ! Les reflets de lumières que les cristaux des luxes renvoyaient sur les murs et les plafonds richement moulés.
Portée par sa fascination grandissante, Arya continua vers les escaliers, se perdant dans les dédales des couloirs jusqu'à s'arrêter devant une pièce légèrement en retrait. Elle du renverser sa tête en arrière afin de voir où les étagères débordantes de livres s'arrêtaient ! Elle n'en avait jamais vu de pareils ni en si grands nombres ! Elle entra comme attirée inexorablement et s'approcha de la colossale bibliothèque qui semblait sans fin ! Arya passa près d'un élégant escalier en colimaçon richement forgé qui permettait d'accéder à un autre étage où les ouvrages de lectures continuaient de pulluler et effleura quelques couvertures de sa main. Elle en choisi un dont la reliure l'attira et sourit en découvrant que les bords des pages étaient dorés.
Le remettant en place, elle se retourna afin de regarder quelles autres merveilles abritaient cette pièce mais elle sursauta lorsqu'elle avisa le regard du Comte posé sur elle. Arya écarquilla ses yeux sous la surprise et recula d'un pas.

- Oh ! P... pardon Monsieur le Comte...

Elle ne devrait sans doute pas être ici ! La jeune fille rougit jusqu'à la limite de la combustion spontanée et baissa ses yeux sur ses doigts. Elle n'était absolument pas familière du protocole ou de l'étiquette mais fit de son mieux pour lui parler convenablement avec le peu qu'elle savait. Devait-elle faire une révérence ? Ou non ? Elle n'en avait pas la moindre idée et elle était d'autant plus perdue qu'elle n'avait pas vraiment eu le loisir de converser avec celui qui était son père depuis son arrivée dans sa demeure...
Son cœur semblant ne plus trop savoir de quelle façon battre correctement dans sa poitrine tant il était tantôt affolé tantôt en suspend, Arya osa un regard timide par dessous ses longs cils à l'adresse du Comte et tourna les talons afin de fuir la pièce et le laisser tranquille.

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Message() / Mer 24 Fév - 21:01
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Rares étaient les événements, dans la vie du calme Phileas, dont on pouvait dire qu'ils l'avaient réellement secoués jusqu'aux tréfonds de son être. Sans doute aurait-il pu citer, s'il l'avait vraiment fallu, l'instant où il avait tout à la fois appris qu'il ne pourrait épouser celle qu'il avait commencé à réellement aimer et que son père était loin de l'image de dignité aristocratique qu'il lui avait toujours associé, ainsi que la naissance de sa fille unique... ou du moins de celle qu'il avait considéré pendant toutes ces années comme sa fille unique. Car un autre événement s'était produit, peut-être le plus inattendu, le plus surprenant de tous : il avait découvert qu'il avait une autre fille. Une fille aînée, même, conçue avant son mariage avec Julianna, et donc cinq ans plus âgée que Lucinda. Si on le lui avait annoncé quelques semaines plus tôt à peine il aurait simplement rit de cette idée, voir l'aurait mal prise en fonction de qui l'aurait émise. Il avait après tout toujours été fidèle à sa femme, en dépit des heurts de leur mariage... et il n'aurait jamais pensé voir revenir la belle lavandière avec qui il avait partagé de tendres moments avant ledit mariage, moins encore amenant avec elle le fruit longtemps caché de leur union...

Cela redéfinissait sa famille, dans un sens, ainsi que l'image qu'il avait de lui-même également, d'une certaine façon. Il allait certainement du temps pour se faire à l'idée, mais depuis qu'il avait croisé le regard de l'enfant, si semblable au sien, depuis qu'il avait contemplé ses traits, qui tenaient indéniablement des siens, il ne pouvait plus nier la réalité de son existence, et de sa filiation. Et même s'il s'était jadis permis un écart avec la strict bienséance – quoiqu'il n'ait pas été marié à l'époque, certes – il n'en restait pas moins un homme de devoir, d'honneur aurait-il pu dire. Après avoir reconnu qu'elle était bien sa fille, il lui était impensable de la renvoyer dans la rue. Il avait prit la décision de la garder sous son toit et, devant la panique de la jeune fille à l'idée d'être séparée de sa mère, celle de laisser Daphnée loger dans l'aile des domestiques, le temps qu'elle se refasse une santé, même si elle lui avait semblé si affaiblie qu'il ne savait pas si elle recouvrerait jamais ladite santé...

La revoir, surtout ainsi malade, avait touché quelque chose en lui après toute ces années, il ne pouvait le nier, et il n'était pas mécontent d'avoir eut ainsi l'occasion de lui donner une chance de se remettre. Bien entendu, cette double décision n'avait pas été sans causer une tempête dans le long orage qu'était sa relation de couple... et pour une fois, il ne pouvait pas dire que la réaction de Julianna le surprenait vraiment. Savoir qu'il avait eut une fille avant leur mariage, et plus encore apprendre qu'elle allait vivre avec eux, et que même sa mère, la femme qui, au fond, l'avait bafouée, résidait dans sa demeure, fut-ce chez les domestiques... cela faisait beaucoup à encaisser, surtout pour une femme aussi fière, surtout quand leur propre mariage avait été si difficile et n'avait donné qu'un unique enfant. Phileas pouvait seulement espérer qu'avec le temps elle comprendrait qu'il ne pouvait abandonner sa propre fille, fut-elle illégitime, et accepterait la situation. Peut-être n'était-ce qu'un vœu pieux et bien naïf, mais l'espoir ne coûtait rien, n'est-ce pas ?

En attendant, il s'efforçait déjà lui-même d'encaisser le choc et d'accepter toutes les implications, ce qui n'était pas facile. Cela expliquait certainement en partie pourquoi il s'était levé de si bonne heure, même s'il avait toujours été plutôt matinal, en soit, ce qui allait sans doute de paire avec son caractère plutôt travailleur. Il se rendait dans sa bibliothèque pour y chercher un ouvrage sur les Indes, en partie pour trouver des informations sur une question sur laquelle il devait se pencher, et en partie, sans doute une plus grande partie qu'il n'aurait voulu l'admettre, pour tenter de trouver un peu d'évasion, permettant à son esprit de cesser de tourner en boucle sur la question de sa fille soudain apparue dans sa vie. Mais le destin faisait parfois d'étranges boucles, et ce fut justement sur sa fille qu'il tomba, semblant fasciné par la bibliothèque et les nombreux livres qu'elle renfermait.

Surpris par cette rencontre soudaine, Phileas ne dit rien, se contentant d'avancer légèrement dans la pièce tout en observant la jeune femme. Elle semblait aimer les livres, ou en tous cas s'y intéressé, ce qui fit sourire légèrement le Comte sans même qu'il s'en rende véritablement compte. Il cherchait comment l'aborder, entre surprise de la découvrir ici de façon imprévue, elle qu'il n'avait vue que quelques fois jusqu'ici, et toujours assez rapidement, et désir de ne pas l'interrompre, quand elle se retourna finalement vers lui, semblant plus surprise encore qu'il ne l'avait été de le découvrir dans la pièce.

« Oh ! P... pardon Monsieur le Comte... »

Et Arya de rougir tout en baissant les yeux, semblant à la fois gênée et peut-être un peu apeuré de le trouver là, ainsi, surtout, que ne pas savoir comment réagir... et pour tout dire, sur l'instant, Phileas fut dans la même situation. L'enchaînement d'éléments, du fait de la trouver là – du fait qu'elle existe, même, si l'on remontait un peu plus loin – à leur brusque face-à-face, cela faisait beaucoup à gérer d'un coup. Ce fut finalement quand elle se détourna, semblant vouloir s'enfuir, loin de cette scène gênante, loin de lui, peut-être, que comme par réflexe le Comte se mit en mouvement, tendant une main pour la retenir, sans la toucher toutefois, alors que sa voix retentissait, calme comme souvent mais avec un accent légèrement impérieux, dans le calme de la bibliothèque.

« Arya, non, attend. Tu n'as pas à partir, ni à t'excuser. »

Phileas ne savait pas exactement où il en était, il avait du mal à digérer tout ce qu'impliquait l'arrivée d'Arya dans sa vie, sa présence sous son toit. Il n'était pas certain encore de la forme de ses sentiments, de ses ressentis à propos de tout cela. Mais elle était sa fille, et il savait qu'il ne voulait pas qu'elle s'enfuie devant lui en le voyant. Penchant les yeux sur elle, il lui sourit avec douceur, essayant de se faire plus rassurant.

« Tu n'as pas à avoir peur de moi, tu sais, et tu es ici chez toi maintenant. Tu as le droit de venir profiter de la bibliothèque si tu en as envie. »

Même si la position d'Arya n'était pas encore très bien définie, et que pour l'heure il avait surtout voulu ne pas la séparer de sa mère, il ne voulait pas qu'elle se considère comme une étrangère ou une intruse. Il leur faudrait sûrement du temps à tous pour s'y habituer, à elle, à lui, à Daphnée et surtout à sa propre épouse, mais il tenait à ce que sa fille trouve sa place au près de lui, maintenant qu'il connaissait son existence, et même si cela s'avérerait peut-être difficile. Après tout, n'était-ce pas une chose qui valait qu'on fasse des efforts ? Avec cette idée en tête, Phileas résolut de tenter de profiter de cette opportunité inattendue pour apprivoiser un peu plus cette presque étrangère qui était pourtant son enfant, et au passage apprendre à la connaître. Il choisi donc de la questionner et de se livrer un peu lui-même, sans perdre son sourire.

« Tu aimes la lecture, dis-moi ? Personnellement j'aime beaucoup venir ici et me perdre dans un livre, du moins quand je ne viens pas y chercher une information précise. »
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Elea Leveson-Gower
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Message() / Jeu 4 Mar - 3:31
Elea Leveson-Gower


PHILEAS & ARYA

LIKE FATHER, LIKE DAUGHTER



1803, Longstowe Hall, Cambridge

Elle peinait encore à se situer entre ses murs... A savoir quelle était sa place. Quelle SERAIT sa place. Elle n'était pas là depuis très longtemps et n'avait jusqu'à présent que peu quitté les quartiers des domestiques. Arya ne savait pas encore trop ce qu'elle pouvait faire ou ne pas faire. Où elle pouvait aller...
Tout était si déstabilisant pour elle ! Elle était passée du jour au lendemain d'une modeste maisonnette pleine de courants d'air et nécessitant des bassines afin de récupérer l'eau de pluie pour qu'elle ne trempe pas le sol à une demeure qui ressemblait d'avantage à un château ! Tout était si grand ! Si luxueux ! Si beau ! Elle avait peur de salir ou de casser tout ce qu'elle approchait mais elle était attirée par absolument tout ce qu'elle découvrait !
La bibliothèque était étourdissante de merveilles rien que de par sa taille et les dizaines de couleurs que composaient les reliures des livres qui couvraient les étagères ! Les rayons du soleil qui passaient à travers la fenêtre en faisaient briller les dorures des écritures creusées dans les cuirs ! Elle était curieuse de découvrir tout les autres trésors de cette pièce mais ce fut le regard de son père qu'elle trouva et qui la surprit au point de lui faire rater plusieurs battement.

Arya eut besoin de quelques secondes avant de se souvenir de comment respirer et s'excusa avant de vouloir quitter les lieux. Elle ne voulait pas le déranger ni s'imposer ! Peut-être qu'il ne voulait pas qu'elle soit là ! Peut-être qu'elle avait outrepassé ses droits ! Qu'elle ne pouvait pas accéder à cette pièce et elle le comprenait parfaitement ! Elle ne voulait surtout pas le décevoir alors qu'elle le rencontrait tout juste...
Car si lui venait de découvrir son existence, elle savait qui il était depuis toujours. Sa mère ne lui avait jamais caché la vérité et elle s'était souvent endormie petite en demandant à sa mère de lui parler de son père... De lui dire comment il était. Dans les récits de Daphné, il était toujours très beau, très tendre et très gentil. Un vrai prince charmant. La jeune fille s'était souvent imaginée le rencontrer, sans jamais espérer que ça finirait par arriver. A présent que tout était devenu réalité, elle avait à cœur de lui plaire. Parce que bien qu'elle ne le connaissait pas, elle avait malgré tout appris déjà à l'aimer, même si ça n'avait été que de loin et qu'une image conçue dans un esprit d'enfant...

- Arya, non, attends, l'arrêta-t-il.

Elle s'arrêta et se retourna vers lui, intimidée.

- Tu n'as pas à partir, ni à t'excuser.

Elle resta figée droite comme un i, bien que sa tête légèrement rentrée entre ses épaules. Elle continuait de le regarder légèrement de bas, son cœur tambourinait dans sa poitrine avec une telle force qu'elle avait la sensation de ne plus entendre que ses élans effrénés. Elle se sentait terriblement nerveuse d'être seule face à lui. C'était la première fois qu'ils se retrouvaient seuls tous les deux et elle ne savait pas quelle attitude adopter.
Il était si bien mis ! Tout était impeccable de ses chaussures à ses cheveux ! Alors que elle... sa robe était un peu courte et il ne suffisait plus de défaire l'ourlet pour la rallonger à force qu'elle grandisse. Elle était également un peu serrée à sa poitrine qui commençait à prendre les formes de celle d'une demoiselle. Quant à sa chevelure, elle était loin d'être coiffée de façon aussi sophistiquée qu'elle aurait du l'être...
Ses grands yeux bien que discrets, couraient absolument partout sur lui, comme si elle cherchait à apprendre le plus d'informations possibles de lui au cas où elle ne le reverrait pas tout de suite. Une couleur qu'il aimerait... Les bijoux qu'il portait... Les traits de son visage...

- Tu n'as pas à avoir peur de moi, tu sais, et tu es ici chez toi maintenant. Tu as le droit de venir profiter de la bibliothèque si tu en as envie.

Cette fois, elle releva franchement la tête et son regard s'illumina. Elle fut incapable de réprimer un sourire, oubliant la contenance qu'elle aurait du observer. Elle n'était pas encore au fait de tout ça ! La bienséance et tout le reste...

- Vraiment ?!

Elle n'avait pas encore vu grand chose de Longstowe Hall mais elle pouvait déjà dire que cet endroit était une de ses pièces préférées !

- Tu aimes la lecture, dis-moi ? Personnellement j'aime beaucoup venir ici et me perdre dans un livre, du moins quand je ne reviens pas y chercher une information précise.
- Je... maman m'a appris. Un peu... Mais on n'avait pas de livre comme ça...


Elles n'avaient pas de livres tout court. Elle avait appris grâce à des listes de noms ou de choses appartenant à sa mère pour le travail. Une page de journal aussi plus occasionnellement ! Mais les livres coûtaient chers et elles n'avaient pas les moyens de s'offrir ce privilège.

- Mais oui j'aime ça ! J'ai lu une coupure de presse une fois ou deux ! Ça parlait de plein de choses loin d'ici ! Même de Londres et du Roi !

Arya réalisa qu'elle parlait peut-être avec un peu trop d'entrain et se reprit. Sa mère lui avait dit après qu'elles aient été installées ici, qu'elle devrait rester modérée et discrète... Que dans une maison comme celle-là, elle serait moins libre de ses émotions si spontanées qu'elle devrait apprendre à contenir. C'était un pli qu'il lui faudrait prendre et ne pas oublier.

- On peut se perdre dans un livre ? lui demanda-t-elle avec candeur. Dans lequel vous vous êtes perdu...?
- Monsieur le Comte, votre petit déjeuner ainsi que vous l'avez demandé, entra Brenton les mains chargées d'un plateau d'argent qu'il déposa sur une table.

Arya suivit la nourriture des yeux. Elle mangeait très bien aux cuisines ! Mieux qu'elle n'avait jamais mangé avant ! Mais il n'y avait pas tout ça ! Le majordome s'inclina respectueusement auprès du maître des lieux. Arya s'attendit le rouge aux joues à ce qu'il lui dise de le suivre et de laisser le Comte tranquille, mais il n'en fit rien, la laissant une fois de plus seule avec son père qu'elle osa à nouveau regarder.
Mais autre chose capta son attention...

- C'est de la confiture...?

Rien n'aurait pu masquer sa gourmandise tant ses yeux pétillaient malgré elle ! Elle en avait déjà goûté une fois avec sa mère ! Une bourgeoise à qui elle avait rapporté du linge reprisé lui avait fait cadeau d'un bocal pour la remercier et elle avait cru mourir de bonheur tant c'était bon !


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Message() / Jeu 11 Mar - 17:29
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Elle s'arrêta quand il l'appela, se figeant, droite comme un I, comme si elle avait plus tenu du petit soldat que de la jeune fille. Cela avait presque un côté amusant, voir attendrissant, mais d'un autre côté Phileas ne désirait guère susciter ce genre de réaction en appelant sa propre fille. Elle semblait avoir constamment peur d'avoir mal fait, de gêner... peut-être craignait-elle, si elle faisait un faux pas, qu'il ne change d'avis et la renvoie dans la rue, finalement ? C'était difficile à dire, car autant qu'elle le connaissait encore bien peu – quoique dans un sens moins qu'il ne le pensait, à travers les récits de sa mère dont il n'avait lui-même guère conscience – lui aussi la connaissait encore très peu. Il était assez clairvoyant, malgré ses difficultés à savoir par quel bout prendre les femmes de sa maisonnée dans certains domaines, pour savoir que ce ne serait qu'avec le temps qu'il pourrait espérer l'apprivoiser petit à petit.

Pour l'heure, il sentait son regard courir sur lui alors qu'il parlait. Il était comme toujours vêtu avec une sobre élégance, même pour une matinée passée dans sa propre demeure, car il avait appris depuis toujours que la mise faisait partie de la noblesse d'un homme, et qu'en cela comme en toute chose il se devait d'être digne du nom des Conisburgh. Habillé majoritairement de noir et de blanc, dont il aimait la sobriété, Phileas portait également quelques touches discrète de rouge, tout en arborant pour seul bijou une discrète chevalière, n'étant visiblement guère du genre à étaler sa richesse à tout propos de ce côté, en tous cas pas pour simplement rester chez lui. Pour autant, il ne se formalisait guère de la mise de sa fille, compte tenu des circonstances. Elle aurait tout le temps, plus tard, d'apprendre à soigner celle-ci, pour l'heure, il lui importait surtout qu'ils apprennent à se connaître, et qu'elle cesse d'avoir cette espèce de peur, de crainte ou d'il n'aurait su dire quoi, mais qu'il semblait lui inspirer bien malgré lui, en tous cas.

« Vraiment ?! »

La façon dont elle redressa la tête, un sourire illuminant son beau visage et montant jusqu'à ses yeux, tout en posant cette question, amena un sourire en retour sur le visage de Phileas, sans même qu'il y prenne garde, autant parce que le sourire de sa fille semblait naturellement en appeler un en réponse que parce qu'il était heureux de voir la jeune damoiselle se montrer aussi enthousiaste à propos de la lecture, preuve, lui semblait-il, d'une certaine vivacité d'esprit, d'une envie de savoir, qui ne pouvait que le réjouir chez sa progéniture. Il hocha donc doucement la tête pour confirmer ses paroles, alors que la damoiselle reprenait déjà, en réponse à ses propres interrogations.

« Je... maman m'a appris. Un peu... Mais on n'avait pas de livre comme ça... »

Il était certain, malheureusement, que la culture était moins à la portée des gens du peuple que des aristocrates, surtout chez les plus pauvres. L'état mettait encore peu son nez dans toutes ces affaires, ce qui du goût de Phileas devrait finir par changer, pour permettre à chacun de s'éduquer correctement, même s'il savait que ce point de vue était encore loin d'être partagé par une majorité de ses pairs. Le fait que sa fille sache lire et soit même attirée, semblait-il, par la lecture, ne faisait du coup que lui faire plus plaisir, en comparaison.

« Mais oui j'aime ça ! J'ai lu une coupure de presse une fois ou deux ! Ça parlait de plein de choses loin d'ici ! Même de Londres et du Roi ! »

L'enthousiasme et l'entrain d'Arya firent une fois encore sourire Phileas, qui remarqua aussi qu'elle faisait son possible pour ne pas laisser trop déborder ses émotions... il était à la fois attendrit par sa façon de s'enthousiasmer pour la lecture et pour les échos de la capitale, et content de voir qu'elle tentait déjà de s'astreindre à de meilleures manières, même si dans ce domaine également il lui faudrait apprendre à se montrer digne du nouveau statut qui allait être le sien, maintenant qu'elle était au près de lui.

« On peut se perdre dans un livre ? Dans lequel vous vous êtes perdu...? »

Le Comte s'apprêtait à répondre à la candide question de sa fille quand Brenton entra pour déposer le plateau de petit-déjeuner qu'il avait demandé, et presque oublié au passage. Phileas remercia son majordome avec la politesse qui le caractérisait, remarquant que sa fille semblait s'être à nouveau troublée devant cette interruption. Cette fois, cependant, son trouble fut vite remplacé par de l'intérêt quand elle contempla le plateau apporté par le domestique.

« C'est de la confiture...? »

Une fois encore, le noble sourit devant la réaction de sa fille, qu'il pouvait comprendre. Elle ne devait pas avoir eut souvent l'occasion de manger avec tant de luxe, au part avant, surtout que la confiture était encore peu dans les meures anglaises, qui préféraient les mets salés en général, surtout au déjeuner. Toutefois  Julianna avait amené dans la maisonnée des habitudes tirées de ses origines françaises, et notamment les mets plus sucrés, ce que Phileas, au final, s'était trouvé à apprécier, d'où la composition du plateau déposé par le majordome.

« C'est de la confiture, en effet... tu sembles avoir faim, veux-tu partager mon repas ? »

Bien sûr, il se doutait que c'était en partie la gourmandise devant des mets qu'elle connaissait pas ou peu, plus que la faim elle-même, qui tiraillaient sa fille, mais il se disait que c'était un bon moyen de faire connaissance et de la mettre un peu plus à l'aise vis-à-vis de sa nouvelle situation, et vis-à-vis de lui. Après tout, bien des gens se détendaient quelque peu pendant qu'ils étaient devant un bon repas, et cela lui semblait une bonne façon de faire connaissance d'une manière un peu plus décontractée, peut-être. Quoiqu'il en soit, le Comte prit place sur une chaise devant la table où Brenton avait déposé le plateau, invitant d'un geste sa fille à en faire autant.

« Assieds-toi, je t'en prie, ce sera plus pratique pour manger, ou même pour discuter. Nous avons après tout eut peu l'occasion de faire connaissance, jusqu'ici, même si je découvre que nous partageons déjà le goût pour la lecture... et pour la confiture. »

Phileas se permis un léger sourire sur ces derniers mots, et commença à étaler ladite confiture sur un morceau de pain frais à l'aide d'un couteau d'argent, avec comme en toutes choses, semblait-il – était s'était vrai dans la plupart d'entre elles – cette calme mesure qui semblait toujours le caractériser.

« Je suis content que tu t'intéresses à la lecture, et au monde qui t'entoure... c'est malheureusement parfois trop peu le cas chez les jeunes gens. Je réitère ce que j'ai dis tout à l'heure, tu peux venir lire dans cette pièce quand tu le voudras. Tu y trouveras des récits sur Londres, et sur des lieux bien plus lointains encore, jusqu'aux Indes et leurs mystères... »

Une fibre presque nostalgique s'était glissée dans la voix de l'aristocrate sans qu'il y prenne vraiment garde, son regard se perdant un instant sur les livres de la bibliothèque, songeant aux nombreux récits qu'il y avait lui-même dévoré, ainsi qu'aux livres qu'il y avait ajouté. Une part de lui, sans doute, aurait voulu aller explorer en personne ces contrées lointaines, mais il était bien trop concentré sur ses devoirs et la gestion de ses affaires pour cela, préférant plutôt, à défaut, les explorer à travers les yeux et les mots des autres, couchés par une plume imparfaite sur un papier périssable, reflet incomplet des explorations qu'il ne pourrait jamais lui-même mener. Cette légère absence ne dura qu'un instant toutefois, à peine marqué, avant que son regard ne revienne à Arya, tandis qu'il commençait à manger son déjeuner, se ménageant bien entendu des pauses pour parler, car un Conisburgh ne parlait bien évidemment pas la bouche pleine.

« Enfin, pour te répondre on peut se perdre dans les livres oui, si on n'y prend pas garde, laissant notre esprit et notre imagination dériver pendant que le temps passent sans qu'on ne le voit s'envoler... c'est aussi une forme d'évasion, dans un sens. À travers les livres nous pouvons nous imaginer des lieux que nous n'avons jamais vu, par exemple. »

Dans cette conversation en tête à tête, Phileas se permettait d'être plus ouvert qu'il ne l'était généralement, en partie parce qu'Arya était sa fille, sans doute, et qu'il voulait à la fois mieux la connaître et qu'elle le connaisse mieux, qu'elle puisse voir en lui l'homme, le père, et non seulement l'aristocrate qu'il était certes tout autant.

« D'ailleurs dis-moi, as-tu déjà vu Londres et la cour royale, autrement qu'à travers la lecture des journaux ? Tu auras peut-être l'occasion de m'y accompagner, quand tu seras plus âgée. »

Bien sûr en théorie rien ne l'aurait empêché de l'y emmener dès maintenant, mais il pressentait qu'il aurait de longues batailles à mener avec Julianna avant qu'elle ne le laisse annoncer au monde l'existence de sa fille aînée – et encore son pressentiment devrait-il plus tard se révéler bien en-deçà de la réalité, hélas – aussi préférait-il ne rien promettre de trop précis, ayant à cœur après tout d'être un homme de parole en toutes circonstances...
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Message() / Mer 17 Mar - 17:31
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1803, Longstowe Hall, Cambridge

Brenton était gentil avec elle. Et aussi assez fascinant à regarder. Chacun de ses mouvements était toujours aussi parfait que précis. Comme une danse, aimait-elle à le comparer. Il avait toujours cette attitude très rigide et droite, très solennelle qui de prime abord l'avait légèrement déconcertée, mais malgré son évidente retenue probablement due au rang qu'il occupait en cette maison qui l'obligeait constamment à l'impeccable, il avait toujours un petit sourire ou une attention pour Arya. Lorsqu'elle était arrivée ici avec sa mère, que tous les domestiques s'étaient mis à chuchoter et à la dévisager dès qu'elle entrait dans une pièce comme si elle avait été une espèce de bête de foire, il avait rapidement repris tout le monde à l'ordre sans discussion possible.
Arya était intimidée par toute cette nouveauté. Par son identité nouvelle également. Car si dans son cœur elle avait toujours été la fille du Comte de Cambridge, à présent qu'elle était sous son toit c'était incroyablement concret et réel. Le secret n'était désormais plus que le sien. Tous savait ici... Car à peine avait-elle franchit les portes de la demeure des Conisburgh, que toute la domesticité s'était mise en effervescence la concernant, le bouche à oreille et les commérages allant bon train !
Le Comte avait une autre enfant ?! Il l'avait eu hors mariage ? Allait-elle reste ici ? A quoi pouvait-elle bien ressembler ?! La jeune fille avait pénétré le quartier des domestiques pour la première fois la gêne au corps, le rose à ses joues en feu et le regard incertain. Elle était aux abois. Tout était si grand ici ! Si luxueux même si elle n'était que dans les parties les plus rustiques de la demeure ! Et il y avait tant de monde ! Elle avait eu la sensation de se faire écraser par le poids de tous ces regards tournés vers elle... Parce qu'elle les avait bien senties, les œillades à son encontre. Elles n'étaient pas forcément malveillante, mais définitivement pleines de questions et d'intérêt ! De beaucoup d'intérêt et la demoiselle n'était absolument pas habituée à ce qu'on lui en porte autant. Les messes basses étaient elles aussi venues voleter à ses oreilles encore si innocentes, la plongeant dans un espèce de tourbillon curieux qui l'avait totalement étourdie.
La demoiselle avait toujours vécu toute seule avec sa maman au milieu de la nature et voilà qu'en une fraction de seconde, elle était devenue le centre d'intérêt de dizaines de personnes la dévisageant sans retenue ni discrétion aucune. Brenton avait mis les choses au clair d'un ton neutre mais sans appel, avant d'adresser un petit clin d'œil à la fille de son maître et de retourner à ses taches. Depuis, si l'homme observait constamment cette distance polie et de circonstances, il ne lui faisait plus vraiment peur. Les serviteurs également, depuis que les choses avaient été mises au clair et qu'il était acté que Arya appartenait désormais à la Maison, n'étaient plus aussi pressants à son sujet ou du moins étaient-ils beaucoup plus subtiles et discrets. Ils l'apprivoisaient petit à petit bien qu'elle observait toujours une certaine distance avec eux, préférant passer tout son temps à d'occuper de sa maman que de s'ouvrir à ces inconnus.
Les choses viendraient sans doute. En temps et en heure...  

Elle le regarda s'en aller, s'amusant toute seule de sa capacité à se tenir si droit. Ça devait faire mal non à force ? Elle essaya de l'imiter une seconde avec exagération et sourit avant de se raviser car elle aperçut quelque chose de bien plus intéressant que la posture surnaturelle du majordome de son père ; la confiture !  

- C'est de la confiture en effet... elle ne se rendit même pas compte qu'elle s'en lécha sa lèvre de gourmandise. Tu sembles avoir faim, veux-tu partager mon repas ?
- Je peux...?


Beaucoup trop d'entrain ! Il fallait qu'elle se modère. Sa mère le lui avait dit. Ici, ce n'était pas comme dehors. Il y avait des règles. Des convenances. Elle ne comprenait pas encore vraiment ce que ça voulait dire, mais elle commençait à force d'observer son père, sa sœur ainsi que la Comtesse évoluer. Il y avait une façon de marcher. De parler. De se tenir aussi... Lucinda était encore petite mais elle avait déjà la posture d'une grande dame ! Il fallait absolument qu'elle apprenne elle aussi... Elle avait à cœur de plaire à son père. De trouver sa place ici et de tout faire pour être acceptée. Car si jusqu'à présent tout cela, le fait de vivre un jour avec le Comte et sa maman n'était resté qu'un rêve lointain, qu'un espoir vain, à présent elle était dedans et ne voulait pas faillir.
Arya regarda instinctivement par dessus son épaule en tendant son oreille. Elle avait un peur de la Comtesse elle devait bien le reconnaître... Mais la maison demeurait silencieuse. Visiblement il était encore trop tôt pour les dames qu'elle abritait ! Phileas l'encouragea à le rejoindre, la priant de s'asseoir à ses côtés. Arya sourit malgré elle de toutes ses dents lorsqu'en s'asseyant, il lui fit remarquer apparemment avec plaisir qu'ils partageaient des points communs. Elle était contente de l'entendre ! Car elle s'était toujours demandée ce qu'elle tenait de lui... Daphné lui avait souvent dit qu'elle ressemblait à son père physiquement, mais Arya désirait savoir ce que son cœur contenait de lui. La gourmandise apparemment en faisait partie !

L'adolescente se hissa sur la chaise qui se trouvait non pas face à son père, mais spontanément à côté de lui. Elle posa ses grands yeux si expressifs sur les mets disposés par Brenton sur la table, ne sachant même pas où donner de la tête, avant de revenir à Phileas qui tartinait son pain. Wow... Lui aussi il était comme Brenton ! Il était même pire ! Enfin mieux ! Enfin... bref...
Arya fronça ses sourcils fins dans une petite moue fort concentrée, puis détaillant le moindre de ses faits et gestes, essaya de l'imiter en parfait mimétisme. Elle se redressa comme le Comte. Plaça ses doigts comme lui autour du pain. Sur le couteau...

Elle leva son nez afin regarder tout autour d'elle les étagères qui montaient si haut et qui grouillaient de livres de toutes couleurs et de toutes tailles. Le Comte lui répétait qu'elle était la bienvenue ici quand elle le souhaitait et elle en était ravie même si elle ne savait pas vraiment par où elle commencerait ! Peut-être qu'il la laisserait en ramener un en haut...? Pour qu'elle puisse lire un peu à sa mère et lui changer les idées...?

- Comme les Indes ! déduit-elle.

Il avait parlé des Indes et leurs mystères. Son esprit était happé ! Les Indes... c'était joli comme mot ! Elle avait envie d'en savoir plus. Quant aux mystères, il ne lui fallait pas d'avantage que cette énigme pour l'intéresser ! De quels genre de mystères parlait son père ? Tous étaient-ils dans ses livres ? Est-ce qu'elle se perdrait assez longtemps dans les pages pour les découvrir et les voir dans son imagination ?
C'est que sa lecture était encore précaire... Elle se débrouillait mais ce n'était pas fluide à cause de son manque de pratique pour des raisons évidentes...

- D'ailleurs dis-moi, as-tu déjà vu Londres et la Cour royale, autrement qu'à travers la lecture des journaux ? Tu auras peut-être l'occasion de m'y accompagner, quand tu seras plus âgée.

Arya cligna des yeux, surprise par sa question. Elle s'empourpra légèrement et secoua négativement la tête, se renfermant légèrement sur sa chaise.

- Euh... non... Londres c'est très loin...

Horriblement loin ! Arya et sa maman n'avaient pas de voiture ni de cheval pour s'y rendre. Les compagnes du Cambridgeshire étaient tout ce qu'elle avait vu de sa vie. Quoi que une fois, elle avait été à Cambridge même. Mais c'était aussi loin qu'elle s'était rendue. Alors voir la Cour...

- Maman voulait qu'on y aille mais...  

Le visage d'Arya s'assombrit doucement. La lueur triste qui traversa son regard se répandit dans tout son corps qui sembla soudain crouler sous un poids trop douloureux pour elle.
Daphné lui avait proposé de l'emmener là bas pour voir la grande ville et le palais royal donc elle ne cessait de parler depuis qu'elle avait vu la coupure de journal mais elle était tombée malade et depuis les forces n'avaient fait que la quitter...

- Mais c'est pas grave ! se reprit-elle. On ira plus tard quand elle ira mieux !

Elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle blâmait sa mère ou était malheureuse de la situation car elle ne l'était pas. Londres n'était pas si importante et elle avait déjà oublié l'idée de s'y rendre. Elle, elle voulait juste que sa maman guérisse au plus vite.
Arya était pleine d'espoir et à des années lumières dans son innocence de se douter que si Daphné avait pris la décision de l'amener ici, c'était qu'elle se savait condamnée. Si elle l'avait confiée au Comte, à son père, cela signifiait qu'elle la quitterait bientôt mais refusait de la laisser seule dans ce monde.

- Je peux goûter ça ?!

Ça sentait bon cette boisson brune qui fumait ! Elle avait une odeur sucrée !
Comme tout ce qui semblait l'attirer sur cette table d'ailleurs...


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Message() / Lun 28 Juin - 11:53
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Phileas remarqua la façon dont sa fille suivait des yeux leur majordome et semblait tâcher, pendant quelques instants du moins, d’imiter la posture impeccable du domestique – rien de moins que ce qu'on était naturellement en droit d'attendre de quelqu'un qui occupait un si haut poste au service des Conisburgh, bien entendu – s'en amusant légèrement, bien qu'il ne le montre pas... tout comme il pu s'amuser d'ailleurs de la vitesse avec laquelle elle oublia cette préoccupation de mimétisme quand la gourmandise sucré amené par ledit majordome entra en ligne de compte.

« Je peux...? »

Le Comte confirma son invitation d'un léger sourire et d'un signe de tête, un léger sourire s'attardant sur ses lèvres en la voyant de nouveau tenter d'imiter une posture droite, la sienne cette fois semblait-il, tout en s'attelant à répondre à ses questions avec sincérité, entre deux bouchées prises dans sa tartine délicieusement agrémentée de confiture. La dissimulation n'était de toute façon guère dans sa nature, et en cette occasion très précise il avait à cœur de se montrer ouvert, souhaitant sincèrement tisser des liens avec cette fille qu'il découvrait si tardivement.

« Comme les Indes ! »

Il eut un nouveau sourire, et un hochement de tête approbateur, quand elle fit ainsi le lien entre ses paroles, autant pour sa vivacité d'esprit que pour la curiosité qu'il voyait pétiller dans ses yeux... visiblement, au-delà d'un amour pour les pâtes sucrées aux fruits, ils partageaient bel et bien certains points communs, ce qui était bien entendu loin de déplaire à Phileas, que du contraire. Il était heureux de voir que sa fille aînée, bien qu'élevée loin de lui dans les premières années de sa vie, partageait malgré tout certains des traits de sa personnalité, d'autant que cela semblait confirmer qu'il pourrait, avec le temps, tisser avec elle les liens qu'il n'avait eut l'occasion de forger dans sa prime jeunesse, car, autant par ses inclinaisons naturelles que par son éducation, il comptait bien réellement tenir le rôle d'un père pour elle, à présent que les aléas de la vie avaient finalement fait se croiser leurs chemins.

« Euh... non... Londres c'est très loin... »

Si pour les nobles Londres était une destination proche, finalement, atteinte plusieurs fois par an pour quelqu'un comme Phileas, laissant à d'autres horizons bien plus distants le titre de lointains, pour les gens du peuple, qui n'avaient pas les mêmes facilités de transport et ne pouvaient si facilement déléguer leurs affaires, cela représentait souvent déjà un grand voyage, ce que les plus nantis avaient parfois tendance à perdre de vue. Londres, avec ses palais et ses nobles en beaux atours, pouvait peut-être sembler presque aussi exotique à sa fille qu'un lointain comptoir des Indes l'était à ses yeux... c'était en soit une différence de point de vue potentiellement intéressante, mais sur laquelle il n'eut guère l'occasion de s'attarder, la belle jeune fille enchaînant déjà, sur un ton plus sombre.

« Maman voulait qu'on y aille mais...  »

Ce « mais... » balafrant la phrase inachevée comme la cassure de quelque lance brisée avait la même dangerosité, et Phileas vit une certaine tristesse envahir les yeux de son aînée, n'ayant pas besoin d'entendre la fin de sa phrase pour la deviner. Il voulu dire quelque chose, mais c'était là un domaine dans lequel il n'excellait guère, celui de gérer la tristesse dans les yeux d'une personne du beau sexe, moins encore quand c'était quelqu'un à qui il était attaché, et de fait avant qu'il ne trouve les mots, Arya continuait de nouveau.

« Mais c'est pas grave ! On ira plus tard quand elle ira mieux ! »

Phileas hocha la tête avec un léger sourire qui se voulait rassurant, même s'il n'était guère convainquant dans ce domaine. Il n'était pas médecin mais il était loin d'être aussi confiant que sa fille ne semblait l'être dans un rétablissement de Daphné. Oh, il le souhaitait, bien entendu, mais il ne savait trop bien, hélas, que ce monde, malgré tous les beaux efforts qu'on pouvait lui offrir, donnait rarement ce qu'ils souhaitaient aux hommes et aux femmes en retour, en dépit de toute leur bonne volonté.

« Je peux goûter ça ?! »

Semblant se laisser, heureusement, facilement distraire de ses pensées sombres, Arya avait déjà bondit sur une nouvelle gourmandise potentielle, son regard à présent tourné vers les boissons amenées par Brenton, ce qui fit cette fois monter un sourire bien plus facile et sincère sur les lèvres de Phileas.

« Tu peux oui, ainsi que tout ce qui se trouve sur ce plateau. Tout ce que je te demande c'est de commencer par une petite portion de ce que tu ne connais pas encore, pour t'assurer que tu apprécies. Il ne convient guère en effet de laisser de côté quelque chose qu'on a entamé. »

Il n'avait fait aucune remarque pour la confiture, car, vu sa rapidité à l'identifier, il avait supposé assez logiquement qu'elle en connaissait – et appréciait – déjà le goût, mais pour des mets plus inconnus la consigne lui était venue naturellement. Le Comte lui-même surveillait toujours impeccablement ses manières, et c'était naturellement qu'il posait à sa fille les mêmes barrières de convenances qu'il avait lui-même toujours respecté.

« En l'occurrence prend-en une gorgée et si tu en veux encore tu pourras t'en resservir. »

Et, joignant le geste à la parole, Phileas lui avança la tasse prévue par le majordome sur le plateau avant de lui verser un peu de chocolat chaud pour qu'elle puisse s'en faire son idée avant de continuer plus en avant. Si ses consignes pouvaient paraître strictes, il ne les avait toutefois pas énoncées avec sévérité mais plutôt avec cette calme douceur qu'il préférait toujours employé, même pour donner des ordres – quoiqu'il fut aussi capable d'être bien plus dur et sévère quand il le fallait, bien entendu, simplement ce n'était pas la facette qu'il préférait montrer, et moins encore à sa fille.

« Je sais que tous ces mets doivent te paraître bien étranges pour certains voir exotiques pour d'autres, mais à présent tu apprendras peu à peu à les considérer comme des choses quotidiennes, si tu les apprécies... et tant que tu sais rester raisonnable, bien entendu. »

En effet, s'il se montrait ouvert, difficile d'imaginer une réaction positive du Comte si sa fille se mettait à enfourner un pot entier de confiture à chaque déjeuner, par exemple ! Mais il l'avait précisé simplement en passant, et sans se départir de son sourire, car rien de ce qu'il avait vu jusqu'ici de sa fille ne semblait lui laisser penser qu'elle soit ce genre de personnes. En soit, il aurait bien conclu en l'invitant à partager simplement la table familial chaque matin, mais outre qu'elle semblait préférer rester près de sa mère, il se doutait bien – quoiqu'il sous-estime sans doute là encore la difficulté – que sa femme ne l’accueillerait pas si facilement, hélas, vu les difficultés qu'elle avait déjà posé jusqu'ici.

« Quant à voyager ma foi tu en auras en effet tout le temps plus tard, tu as toute la vie devant toi. Je serai heureux ceci dit de te montrer Londres et bien d'autres choses, quand nous en aurons l'occasion... Mais cela peut attendre en effet que ta mère sa rétablisse. »

Phileas avait marqué une légère hésitation avant de prononcer cette dernière phrase, insufflée par son incertitude sur le sort de Daphné. Néanmoins, il n'était pas médecin, une fois encore, et il lui semblait que la belle lavandière pourrait encore se remettre, bien qu'il soit loin d'en être certain... ce genre de cas, bien souvent, semblait être entre les mains de Dieu. Il ne voyait donc aucune raison d'affliger sa fille en insistant sur un sort funeste qui ne se produirait peut-être point, et au lieu de cela poursuivit sur un autre sujet, tout en finissant de manger son déjeuner.

« En parlant de temps devant toi d'ailleurs, dis-moi, que comptais-tu faire de ta vie d'adulte, avant de venir ici ? Je suis sûr qu'une jeune fille à l'esprit aussi vif devait avoir des projets plein la tête, non ? »

Il avait posé la question avec bienveillance, et une sincère curiosité. Maintenant qu'elle était sous son toit, il comptait bien faire tout son possible pour assurer le meilleur avec à Arya – quoiqu'il pressente, là aussi en sous-estimant probablement le danger, que Julianna ne le laisserait guère lui chercher un parti avant que Lucinda n'en ait trouvé un – mais il était curieux de savoir vers quoi elle s'était sentie naturellement poussée, peut-être pour ajuster ses propres choix. Il était possible bien entendu qu'elle ait simplement considéré devoir marcher sur les pas de sa mère, mais même ainsi cela lui semblait une bonne façon d'un peu mieux la connaître.
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Message() / Mar 6 Juil - 20:47
Elea Leveson-Gower


PHILEAS & ARYA

LIKE FATHER, LIKE DAUGHTER



1803, Longstowe Hall, Cambridge

Il y avait beaucoup de mets qu'Arya ne connaissait pas sur le plateau du petit déjeuner du Comte et qui piquaient sa curiosité. Elle ne pouvait pas dire qu'elle avait déjà connu la faim car sa maman s'était toujours arrangée, période maigre ou non, pour que sa fille mange relativement à sa faim. Elle faisait bien son travail, par conséquent en remerciement, les grandes maisons lui donnaient parfois quelques douceurs qu'Arya avait eu le privilège de goûter - comme la confiture - mais tout cela restait très occasionnel et généralement, la demoiselle avait du se contenter de porridge et autres légumes.
Tout ce qui était là sentait si bon ! Arya en prenait plein ses narines et ne savait même pas où donner de la tête ! Depuis qu'elle vivait ici, elle avait déjà goûter plusieurs choses délicieuses qui lui avait beaucoup plus comme par exemple les pâtés en croute et autres gibiers ou quelques biscuits, mais ce matin, c'était encore plus incroyable. Elle observa une des viennoiseries qu'elle regardait parfois la cuisinière préparer le matin mais qu'elle n'avait pas le droit de toucher, car c'était pour les maîtres. Pourtant ça sentait toujours si bon ! Sa gourmandise était mise à rude épreuve. Mais une des choses qui l'avait le plus intriguée jusqu'alors, était cette boisson qui fumait dans la tasse près d'elle. Apparemment, ça venait d'Espagne de ce qu'elle avait compris. Lorsque le Comte l'autorisa à y tremper ses lèvres, elle s'empressa de s'en saisir, bien qu'à l'écoute de ce qu'il lui instruisit.

- Oui p... Monsieur le Comte.

Arya l'appelait papa depuis des années déjà. Cela lui était tout naturel mais elle devait se restreindre face à lui. Après tout, tout cela était encore très nouveau pour le Comte de Cambridge et si il l'avait accueillit sous son toi, la jeune fille ne savait pas encore vraiment qu'elle était son sentiment quant à tout ça... Il se montrait gentil avec elle, mais était-il content qu'elle soit là...? Content qu'elle existe...? Sa mère lui avait toujours dit que Philéas était un homme bon et juste, avec un sens du devoir à toutes épreuves. L'acceptait-il sous son toit parce qu'il s'y sentait poussé par la bienséance ? Parce que c'était la chose à faire ou parce qu'il le désirait sincèrement...?
Tant de questions qui tournaient dans sa tête mais qu'elle n'était pas encore prête à lui poser. Elle savait juste qu'elle aimait être avec lui. Il l'intimidait beaucoup de par son charisme évident. Elle apprenait à redécouvrir cet homme qu'elle avait imaginé toute sa vie, démantelant quelques traits de caractère qu'elle lui avait prêté afin de le constituer par ces nouveaux plus réels qu'elle découvrait.
Arya porta le breuvage chaud à sa bouche et en but une petite quantité comme il le lui avait demandé mais à peine le liquide sur sa langue, elle le repoussa et écarquilla ses yeux clairs avant de se parer d'un immense sourire. Elle ne pus s'empêcher de se lécher les lèvres et d'en reprendre encore, savourant d'avantage le moment à présent l'effet de surprise passé. C'était absolument délicieux ! C'était sucré et onctueux ! Presque une caresse !

Telle une future lady en devenir, Arya demeura droite comme un "i" sur sa chaise et pris le temps d'observer ce que proposait le petit déjeuner. Le Comte lui avait dit d'y aller doucement, aussi était-elle décidé à s'exécuter. Elle se servit une petite quantité d'à peu près tout. C'était plus fort qu'elle, elle voulait tout goûter ! L'attrait de la nouveauté était beaucoup trop fort ! Sa priorité alla au croissant qui lui fit le même effet que le chocolat chaud. Tout ce qu'elle mangeait était telle une explosion de saveurs merveilleuses.

- Tout est si bon ! Vous mangez ça tous les jours ?!

Ses repas de noël n'étaient pas aussi copieux et variés ! Elle ne blâmait pas sa maman qui avait toujours fait de son mieux avec elle pour qu'elle ne manque de rien malgré leurs faibles moyens, mais elle était ravie de découvrir tout cela et sourit encore lorsque son père lui affirma que cela ferait désormais parti de son quotidien.

- Oui. Quand maman ira mieux...

Arya était toute à son déni de croire que sa mère pourrait la laisser. L'état de Daphné pourtant n'avait rien de bon et tout d'inquiétant. Si elle était plus paisibles ces derniers jours, c'était que le bal gagnait du terrain et la fatiguait d'avantage. Mais c'était une chose qu'elle refusait de montrer à sa fille.
La jeune fille se demanda cela dit ce qui se passerait alors. Lorsque sa mère serait guérie, devrait-elle rester ici sans elle...? A présent que son père connaissait son existence, voudrait-il la garder à ses côtés ou qu'elle reparte avec sa mère ? Arya ne savait plus trop où allait sa préférence. Elle aimait sa maman plus que tout, mais elle mourrait d'envie de connaître son papa. Et elle commençait à aimer cet endroit. Les employés étaient gentils avec elle bien que certains la regardaient encore un peu curieusement et elle avait envie de découvrir Lucinda. Sa petite sœur...
Peut-être que Daphné pourrait rester travailler ici une fois guérie ? Ainsi ils seraient tous ensemble ! Oui. Ce serait le mieux ! Il faudrait qu'elle lui parle de cette option plus tard lorsqu'elle remonterait la voir. Après tout une grande demeure comme ça devait forcément avoir besoin d'une lavandière !

- Euh... Je ne sais pas trop... J'aide maman depuis petite alors...

Arya s'empourpra légèrement. Elle avait commencé à aider sa mère dans son travail dès qu'elle avait été en âge de marcher. Elle ne s'était jamais imaginée faire quoique ce soit d'autre. Non pas qu'elle manquait d'ambition, mais elle n'avait pas la prétention de s'imaginer à un autre rang que celui qu'elle occupait déjà.
D'autant que la jeune fille ignorait ce que le monde avait à lui offrir. Elle en avait vu si peu de choses ! Rien que d'être ici pour elle lui semblait un évènement incroyable. Longstowe Hall lui semblait issu tout droit d'un rêve. Les objets qui s'y trouvaient, des merveilles qu'elle n'aurait jamais pu imaginer.

- Mais je crois que j'aimerais voir les Indes ! Mais c'est encore bien plus loin que Londres...

Son père venait de lui en parler et soudain c'était devenu la chose la plus fascinante au monde. Elle voulait en savoir plus sur ces mystères évoqués et aller si possible un jour aller les découvrir par elle-même ! Elle se souvenait qu'un jour, sa mère avait ramené au lavoir un tissu à la couleur si chatoyante qu'elle brillait au soleil. Ca s'appelait un sari, lui avait-elle dit et ça provenait des comptoirs anglais installés dans ce pays. Si tout était ainsi là bas, Arya voulait y aller !

- Lucinda devra faire quoi... de sa vie d'adulte...?

Elle était curieuse  de sa soeur. Elle n'avait pas eu l'occasion de beaucoup la voir jusqu'alors car la Comtesse évitait leurs échanges au maximum comme si Arya avait été une pestiférée, mais la jeune fille avait déjà entendu à quelques reprises sa cadette en pleines leçons. Luci lisait mieux qu'elle et apparemment, elle savait écrire très bien. Arya l'enviait. Elle était incapable d'éprouver de la jalousie à son égard car ce n'était pas dans sa nature mais elle la trouvait chanceuse. Si elle avait grandi ici, est-ce qu'elle aussi aurait eu le droit à des professeurs ?

- Vous ne saviez vraiment pas que j'existais...? Maman m'a dit qu'elle vous aimait mais que ce n'était pas suffisant pour qu'on reste avec vous...

Arya eut la sensation de se liquéfier sur place après que ses mots aient franchi ses lèvres. Avait-elle vraiment osé lui demander cela ? Apparemment oui... Pourvu qu'elle ne le mette pas en colère !
Mieux valait qu'elle croque dans quelque chose ! N'importe quoi, au cas où ce serait la dernière chose qu'elle goûterait. Manque de chance pour elle, elle mordit dans un pamplemousse dont l'amertume l'agressa si violemment qu'elle en grimaça ouvertement, rappant sa langue sur ses dents en plissant son nez afin d'en faire partir la sensation désagréable.
Berk ! Ça, c'était pas bon !



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Message() / Ven 16 Juil - 2:58
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Arya semblait curieuse de découvrir tout ce qui l'entourait... et en tous cas curieuse de découvrir le plateau du petit-déjeuner qui se trouvait devant eux ! En soit, cette curiosité spécifique aurait pu tenir de la simple gourmandise, pour des mets qu'elle n'avait sans doute que bien peu croisés au part avant, mais Phileas avait l'impression que c'était plus un cas précis d'une curiosité plus générale. Pour le monde en général ou pour ce cadre de vie qu'elle s'était vu refusé si longuement et qu'elle pouvait maintenant découvrir, au moins en partie ? Cela, c'était une autre question, à laquelle le Comte n'avait pas encore la réponse. Mais en tous cas, c'était un premier trait de caractère qu'il pouvait apprécié chez cette fille qui était apparue dans sa vie de façon si inattendue, cela du moins il pouvait en être sûr. Il fallait avouer qu'elle avait bien des raisons de se montrer curieuse, tout comme de se montrée prudente – ou timide, il n'aurait su le dire – comme elle le fit en semblant hésiter sur la façon de s'adresser à lui.

« Tu n'y es pas obligé, mais tu peux m'appeler père, tu sais, du moins en privé... et j'espère bientôt de façon générale, lorsque nous aurons réglé les diverses questions que ton arrivée impromptue parmi nous ont soulevées. »

Des problèmes majoritairement incarnés par sa femme, bien entendu, quoique Phileas puisse comprendre en partie ses raisons... et qu'encore une fois il ne mesure pas encore totalement, à ce stade, l'obstination qui serait celle de la Comtesse sur ce point par la suite ! Il n'en avait pas moins sourit gentiment et sincèrement en disant cela, souhaitant lui aussi apprendre à connaître et à tisser des liens avec cette enfant qu'il n'avait, pour le coup, jamais eut l'occasion de s'imaginer, puisqu'il n'avait rien connu de son existence. Il songea une fois encore à tout ce qu'il aurait pu faire différemment si cela avait été le cas, à comment sa vie autant que celle d'Arya auraient pu être changées si sa mère n'avait pas fait preuve d'autant de discrétion... malheureusement, il n'aurait jamais le moyen de savoir comment la roue du temps aurait réellement tournée alors car le temps, justement, ne suivait jamais qu'un cours, quelques soient les déviations qu'on lui imagine.

Il continua lui-même son déjeuner, mangeant calmement tout en observant avec un certain amusement attendrit aussi bien les découvertes de la jeune fille que sa façon de se tenir droite comme pour imiter ses propres manières, ou peut-être celles qu'elle avait pu voir chez sa sœur et sa belle-mère. Il sourit d'ailleurs à sa question sur la fréquence de ce genre de menus, un sourire doux qu'il accompagna d'un léger hochement de tête.

« En effet, c'est mon repas quotidien du matin, bien que je n'en mange jamais la totalité. Brenton semble toujours avoir peur que je manque d'énergie pour commencer la journée... »

Phileas avait ajouté cette dernière remarque avec une pointe d'amusement dans la voix, car bien sûr le majordome ne faisait que remplir ses devoirs en s'assurant que son maître ne manque de rien. Bien entendu de toute façon la nourriture n'était jamais gâchée, et ce qui était remportée de son plateau n'était jamais jeté. Le Comte était bien conscient ceci dit que ce genre de produits n'était pas accessible à tous, mais ainsi allait le monde, malheureusement, malgré tous les efforts que les gens de bonne volonté pouvaient faire pour tenter de l'améliorer. Un jour peut-être, si les idées politiques que lui et d'autres défendaient finissaient par s'imposer, et si la prospérité économique suivait, y aurait-il café, chocolat et confiture sur toutes les tables de l'Empire – avec les améliorations de qualité de vie dont ces petits luxes du quotidiens seraient les symboles – mais il était assez réaliste pour savoir que ce ne serait probablement pas pour tout de suite !

Quoiqu'il en soit, il préféra ne pas rebondir sur l'état de santé de sa mère, laissant la jeune fille glisser sur d'autres sujets. D'aucuns auraient pu considérer qu'il y avait là une forme de lâcheté, à éviter un sujet par trop difficile, mais Phileas considérait tout simplement qu'il n'était guère doués pour ceux-ci, et que mieux valait qu'il ne blesse pas sa fille en s'y aventurant plus en avant – quoique ce puisse être tout simplement la version la plus facile pour lui. En tous cas, il l'écouta faire de possibles projets pour le futur, rebondissant sur ce qu'ils avaient dits un peu plus tôt, et ramenant une fois encore un sourire sur le visage du noble.

« Explorer les Indes... c'était là un vieux rêve pour moi aussi. Peut-être un jour le porteras-tu pour nous deux, Arya, qui sait. »

Cela semblait un bien étrange horizon mais au fond, il ne savait pas encore bien lui-même quel destin tracer pour sa fille aînée et illégitime, alors, pourquoi pas l'imaginer un jour aller avec son époux s'établir dans les colonies, où sa bâtardise serait sûrement moins un fardeau que dans les terres du Vieux Continent ? Il ne voyait en tous cas pas de mal à la laisser rêver aux possibles, d'autant qu'il ne pouvait pas, comme pour Lucinda, tracer clairement une route pour elle, même s'il comptait bien faire son possible pour lui assurer le meilleur futur. Et, justement, la jeune femme vint elle aussi poser la question de sa cadette, en l'interrogeant sur son destin.

« Lucinda hé bien... elle devra trouver un époux digne du rang de notre famille, devenir sa femme, l'aider à gérer son domaine, sa maison et ses affaires, tenir son rang en s'intéressant aux arts ou aux lettres par exemple, puis élever leurs enfants pour qu'à leur tour ils prennent une place digne de nos ancêtres dans la société anglaise. »

Pour Phileas, ce destin semblait tout naturel, puisqu'il avait vécu toute sa vie dans ce modèle. Il espérait simplement que sa fille, contrairement à lui, n'aurait pas à se borner à des considérations bassement matérielles de fortune et de rang pour choisir sa moitié, et comptait bien à vrai dire lui permettre d'épouser le jeune noble de son choix, même s'il s'attendait déjà à devoir possiblement batailler avec sa propre épouse sur ce point, elle qui voyait certainement déjà sa fille épouser un Duc, au minimum ! Mais en tous cas, contrairement à son propre père, il était déterminé à ne pas imposer de fardeaux supplémentaires à son enfant quand viendrait le temps de son mariage. Et justement, en parlant de cette époque, vint la dernière question d'Arya, une question plus difficile en soit, plus intime, qui surpris un instant le Comte et sembla la faire paniquer elle-même... avant qu'elle ne croque brusquement dans un pamplemousse et grimace férocement, tirant un rire à son père en dépit de la gravité de la question.

« Excuse-moi Arya, je ne riais pas de ta question, mais plutôt de ton apprentissage que tout n'est pas sucré à la table du petit-déjeuner... »

Il avait jugé bon de le préciser, ne souhaitant pas après tout que sa fille pense qu'il se moquait d'elle. Le noble repris d'ailleurs rapidement tout son sérieux, avec cette attitude grave et pleine de dignité qui semblait lui être naturelle – et qui de fait l'était devenue avec les années, quoiqu'elle ait été loin de l'être au tout début. Quoiqu'il en soit, il prit encore quelques instants pour réfléchir à son interrogation, avant de reprendre la parole.

« Pour te répondre non, je ne savais rien de ton existence... ta mère ne m'en a jamais rien dit. Je... je vais être honnête avec toi, et avouer que je ne sais pas exactement comment j'aurais réagis si j'avais su dès l'origine qu'elle était enceinte de moi, mais je ne t'aurais en tous cas pas laissé grandir sans que j'assure au près de toi mon rôle de père. »

S'il abordait si souvent sérieux et gravité, c'était aussi parce qu'il avait tendance à parler avec les mêmes traits, comme ici. Pour lui s'était une question importante, et c'était pour cela qu'il avait prit le temps d'y réfléchir, et d'y répondre sincèrement. De fait, il ignorait lui-même comment il aurait géré la chose s'il avait su pour Arya dès l'origine. Il n'aurait certainement pas pu épouser sa mère, mais il ne l'aurait certainement pas non plus laissé grandir dans la misère, même relative. Quel juste milieux aurait-il trouvé entre cela ? C'était une question à laquelle lui-même n'avait pas pu trouver de réponse, pour l'instant du moins.

« J'avais moi aussi une certaine... affection pour Daphné, mais j'avais moi aussi des devoirs qui m'ont poussé vers mon mariage, et contre lesquels je ne pouvais aller... mais enfin, tout cela est derrière nous de toute façon, nous ne pouvons changer le passer. Mais je te promet que maintenant que je sais que tu es ma fille j'ai bien l'intention de me montrer digne de mon rôle de père pour toi aussi bien que pour Lucinda, Arya. Cela, je te le promet. »
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Message() / Ven 23 Juil - 23:15
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PHILEAS & ARYA

LIKE FATHER, LIKE DAUGHTER



1803, Longstowe Hall, Cambridge

De la retenue. De la prestance. De l'élégance. Arya s'appliquait de son mieux à respecter tout cela à la lettre et plus encore face à son père qui en était les exemples mêmes ! Lorsqu'elle vivait avec sa mère, son caractère spontané pouvait s'exprimer bien plus librement mais dans une telle demeure, elle devait faire attention à ses sentiments qui avaient encore tendance à sortir un peu trop librement de son cœur.
Lorsque Philéas lui dit qu'elle pouvait l'appeler "père", la jeune fille contint son bonheur en gesticulant doucement sur sa chaise, mais incapable de réprimer totalement ce large sourire qui cherchait à étirer ses lèvres et rosissait ses joues autant qu'il faisait pétiller son regard. Il l'autorisait à l'appeler par cette appellation si intime et en plus, il espérait que dans un futur proche elle pourrait le faire en public !
L'adolescente ne doutait pas que la nouvelle, était déjà plus que répandue au sain de Longstowe Hall. Si rien n'avait été annoncé officiellement quant à son affiliation au le Comte, sa ressemblance avec lui était aussi indéniable qu'évidente. Les domestiques en parlaient certainement entre eux bien que Brenton veillait probablement à la plus grande discrétion car comme elle l'avait déjà entendu houspiller une ou deux fois à quelques serviteurs ayant dérogé à quelques règles de l'office, ici c'était une maison respectable où il n'y avait pas de place pour les commérages. Les récalcitrants étaient vite rentrés dans le rang. Apparemment, travailler pour une famille telle que celle du Comte de Cambridge était un privilège inouï. Les gens semblaient avoir plaisir à être ici et le rendait à leurs employeurs de par leur assiduité, leur discrétion et leur loyauté.

Arya comprenait donc que le privé dont parlait son père concernant cette demeure et que le "plus général" viendrait en temps et en heure, en Société. Une autre perspective à laquelle elle n'avait pas pensé encore et qui la rendait aussi nerveuse qu'impatiente. Elle était curieuse du monde qui l'entourait depuis enfant. Très éveillée, petite fille déjà la moindre chose l'émerveillait de la couleur des feuilles de l'automne à la forme des nuages dans le ciel. Mais depuis qu'elle était ici, dans ce nouvel univers, c'était pire encore. Elle commençait à entrevoir combien elle savait peu de choses et combien il y avait à découvrir !
Elle ne s'était cela dit pas imaginé en venant s'installer ici, que son père aurait pour projet de l'élever au même niveau que l'enfant qu'il avait déjà... Pour elle, être ici, avec lui, était déjà une chance incroyable ! Elle avait toujours voulu le connaître et elle avait le privilège aujourd'hui de vivre sous son toit ! De partager sa table même ! C'était déjà bien assez pour elle ! Jamais elle n'avait eu la prétention d'espérer d'avantage. Et voilà qu'il lui offrait la perspective d'un véritable lien entre eux. D'une véritable place à ses côtés, à la lumière et non dans l'ombre à laquelle elle avait appartenu jusqu'à présent.

La même lumière dans laquelle sa petite sœur semblait si à l'aise ! Arya voulait en savoir plus de cette fillette à la chevelure dorée. Elle n'avait fait que la croiser jusqu'à présent, mais elle était attirée par elle. Daphné avait beau ne jamais lui avoir caché qui était son père, elle avait cela dit "omit" ce détail de sa vie. Sans doute pour préserver sa fille. Peut-être s'était-elle dit qu'Arya vivrait mal le fait de ne pouvoir vivre avec son père qu'elle voyait comme un véritable prince charmant, alors qu'un autre fruit de ses entrailles lui, partageait son quotidien.
Elle devait bien avouée avoir été surprise plus que choquée par cette découverte. Avait-elle été jalouse ? Non. Pas vraiment. Arya n'avait pas un cœur qui battait ainsi. Elle avait été très heureuse avec sa maman et ne pouvait regretter cela. Peut-être un petit pincement au creux de son ventre, mais très rapidement sa curiosité avait pris le dessus en plus de cette nouvelle qui au final était plus que réjouissante ; elle avait une petite sœur !
Elles semblaient très différentes toutes les deux mais la demoiselle aux longs cheveux bruns ne pouvait s'empêcher de vouloir la découvrir et puisque pour le moment la Comtesse leur interdisait ces entrevues, sa bouche alla plus vite qu'elle ne le désira lorsqu'elle osa questionner son père quant à son avenir.
La perspective de ce qui attendait Lucinda prit Arya de court. Ca en faisait des choses à accomplir ! Et elle n'avait que 8 ou 9 ans tout au plus ! Pourtant elle semblait déjà tellement consciente de tout cela du peu qu'avait constaté son aînée ! Luci était déjà une parfaite petite lady ! Elle avait déjà les manières, le port de tête, le phrasé - lorsqu'elle ne partait pas dans les aiguës qu'apparemment, elle avait... faciles... - et l'élégance. De plus, elle était jolie comme un cœur. Arya, déjà gonflée d'affection naissante et de prévenance pour la jolie blondinette, n'avait déjà aucun doute qu'elle saurait se montrer digne de tout ce que son père avait énuméré !

L'autre question en revanche, elle n'avait pas prévu de la poser ! Du moins pas de cette façon ! Et certainement pas aussi rapidement ! C'était sans doute insultant autant qu'inapproprié ! Mortifiée, elle chercha refuge dans la nourriture, voulant faire mine de n'avoir rien dit ! Mais elle se fit prendre par l'amertume du fruit qui la fit grimacer si fort que son père éclata d'un rire sonore qui emplit la bibliothèque. C'était la première fois qu'elle l'entendait rire ! C'était un son qu'elle aimait bien.
La jeune fille néanmoins toujours honteuse de son attitude, ne releva d'abord que timidement son regard clair vers Philéas qui la détendit rapidement lorsqu'elle compris qu'il n'y avait pas une once de colère ou de reproche dans ses yeux.
Elle eut la réaction la plus candide du monde alors qu'elle regardait le quartier de fruit toujours entre ses doigts. Elle n'aimait vraiment pas le pamplemousse mais son père lui avait bien dit qu'il ne convenait pas de laisser des choses dans son assiette... Du coup... elle le lui tendit avec un petit sourire aussi penaud qu'innocent ! Si c'était sur la table après tout, ça devait vouloir dire qu'il aimait ça lui ! Elle ignorait cela dit qu'échanger ses mets de la sorte ne se faisait pas vraiment plus. Une autre règle qu'elle devrait apprendre par la suite, en son temps.

- C'est pas grave, père. On était bien toutes les deux aussi ! Puis maman me parlait de vous souvent !

Elle ne voulait pas qu'il se blâme. Elle n'avait pas été malheureuse avec sa mère. Certes la vie n'avait pas été facile tous les jours et l'état de santé actuel de sa mère le prouvait bien, mais dans l'ensemble Arya n'avait pu manquer de ce qu'elle n'avait jamais connu. Puis d'une certaine façon comme elle le lui disait, son père n'avait jamais été vraiment absent de sa vie. Daphné ne lui avait jamais caché qui était Philéas et rares étaient les soirs où enfant, la jeune fille ne demandait pas à sa mère de lui raconter des histoires sur son père. Sa rencontre avec sa maman, comment il était, où il vivait... Elle s'était endormie de nombreuses nuits au son de la voix de Daphné qui lui contait les voyages du Comte. La beauté de la demeure où il vivait. L'immensité des jardins. L'altesse de son cheval ! Elle lui disait aussi combien il était séduisant, tendre et gentil avec elle et combien il aurait adoré sa fille.
Arya ne pouvait qu'espérer que ça serait vrai, à présent qu'il savait qu'elle existait...

- C'est moi qui doit vous promettre ça je crois plutôt...

Après tout elle avait grandi dans la campagne ! Daphné l'avait bien éduqué mais elle avait goûté à une liberté qui semblait bien plus guindée ici et qui la déstabilisait quelque peu. Tout semblait toujours si parfaitement exécuté par quiconque entre ces murs ! Si comme il faut !
Mais elle était déterminée à ne pas faire de faux pas ! La dernière chose qu'elle voulait, était d'embarrasser le Comte de par son manque d'éducation.
Arya reprit un peu de chocolat chaud. C'était visiblement devenu sa nouvelle boisson préférée ! Par pur gourmandise elle gouta également un croissant dont elle se régala, mais qui acheva d'arrondir son ventre déjà bien rempli. Dire qu'elle aurait le droit de manger ça tous les jours désormais ! Elle s'adossa au dossier de la chaise et essuya très précieusement sa bouche à la manière d'une grande dame, essayant de rentrer au plus vite dans ce rôle de fille du Comte !

- J'ai vu des tableaux tout à l'heure en venant ici. J'ai reconnu le votre mais il y en avait plein d'autres... Est-ce que on peut aller les voir ensemble pour que vous me disiez qui sont dessus...?

Elle était intelligente et se disait que forcément ces peintures devaient représenter des membres de la famille Conisburgh et pourquoi pas même les précédants Comtes et Comtesses de Cambridge. Arya était avide d'en savoir plus ! Il y avait sans doute son grand père et sa grand mère sur certains de ces murs !


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Message() / Dim 22 Aoû - 18:10
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Il était visible que dans tous ses gestes, ou du moins dans la plupart, la jeune fille essayait de faire bonne impression à Phileas. Il n'en avait pas besoin, ou du moins ne pensait pas en avoir besoin, mais il était malgré tout touché et attendrit de cette envie de bien faire, qui semblait confirmer autant que toutes ses confirmations qu'elle aussi avait envie que leur relation père-fille se développe au mieux. Cela rendait d'autant plus incongru ces moments où, par ignorance des codes ou par innocence enfantine, elle rompait totalement avec l'attitude qu'elle tentait d'imiter, comme lorsqu'elle lui tendit ce quartier de pamplemousse, provoquant un sourire à la fois amusé et attendrit du Comte, qui le pris doucement tout en lui faisant la remarque.

« Ce n'est pas un problème dans un cadre privé avec un membre de ta famille, mais évite ce genre de gestes quand tu mangeras en publique ou avec d'autres gens. Chacun est sensé manger ce qu'il y a dans son assiette et non dans celle de son voisin, après tout. Mais en l'occurrence, merci. »

Le ton du noble n'avait pas été sévère, lui apportant simplement une information que visiblement elle ignorait, tout en lui précisant que l'erreur n'était pas dommageable. Il ne souhaitait après tout pas la brusquer, mais, d'autant plus puisqu'elle semblait en manifester l'envie, autant l'aider à apprendre les codes sociaux qui lui manquaient dès maintenant, n'est-ce pas ? Le Comte n'en fini pas moins le morceau de pamplemousse, non sans l'avoir épluché, tout en écoutant sa fille le rassurer quant au fait qu'elle n'avait pas souffert de son absence. Il fut touché, une fois encore, de son soucis de ne pas l'inquiéter, mais il ne pourrait sans doute jamais totalement effacer ce pincement qu'il avait dans le cœur à l'idée d'avoir eut une fille et de l'avoir laissée se débrouiller seul, ce qui contrariait autant ses élans personnels que son sens du devoir.

« Je suis content que tu ais été heureuse même sans mon aide, mais j'aurais voulu malgré tout être à tes côtés, d'une façon ou d'une autre. Raison de plus pour rattraper le temps perdu, n'est-ce pas ? »

Phileas n'appréhendait pas totalement ce que la petite damoiselle voulait dire quand elle disait que sa mère lui avait beaucoup parlé de lui, n'imaginant pas le luxe de détails que son amante avait pu fournir à leur fille, mais de son côté en tous cas il n'en avait rien su, et le choc à absorber était donc d'autant plus grand. Il sourit de nouveau à la réponse suivante de la damoiselle, sur le fait que ce soit à elle de se montrer à la hauteur en tant que fille.

« On dirait que nous avons tous les deux à cœur de bien faire, n'est-ce pas ? Cela nous fait un point commun de plus, dirons-nous. En tous cas, ne te sens pas obligé de tout faire parfaitement tout de suite, Arya. Tu es encore une enfant, et tu découvres encore tout cela. Tu as le droit d'apprendre et de faire des erreurs, c'est ma responsabilité d'être là pour t'en protéger et t'aider à les rectifier. Et à présent, je la remplirai. »

Après tout s'il n'était pas très à l'aise pour gérer les émotions féminines, notamment, le Comte n'en restait pas moins un politique consommé, et il savait jauger les gens. La volonté de bien faire de la damoiselle était très visible, et il ne voulait pas qu'elle retombe sur ses épaules comme un joug insoutenable, d'autant que, vu qu'elle allait certainement rester un moment dans le strict cadre de la demeure familiale – quoiqu'il ne mesure pas encore à ce stade à quel point ce moment serait long – elle aurait l'occasion d'essayer et d'apprendre dans un cadre relativement protéger.

Quoiqu'il en soit, ils finirent tous les deux leur petit déjeuner, Phileas se laissant également tenter par une viennoiserie et prenant une nouvelle tasse de café, histoire d'avoir l'énergie de mener à bien ses tâches de la journée. Alors qu'ils finissaient leurs repas, toutefois, Arya fit une demande qui amena à nouveau un sourire sur le visage de son père, un sourire franc et visiblement ravis.

« Je suis content que tu t'y intéresse ! Ces portraits sont l'histoire de notre famille, ou du moins l'un de ses témoignages les plus vivants. Je serai heureux de t'en parler, oui, et cela t'aidera à mieux connaître les racines des Conisburgh. Après tout, ce sont aussi les tiennes. »

Finissant son café, Phileas remis ensuite soigneusement tout en place sur le plateau, et, après s'être essuyé les lèvres, y déposa également la serviette qu'il avait utilisé. Sans doute n'était-il pas tenu de le remettre si impeccablement en place, mais il y était tout simplement habitué, l'une des nombreuses petites choses qui pouvaient paraître aux autres de l'affectation mais qui, à force d'être répétées et intériorisées, faisaient partie intégrante de l'identité et de la tenue du Comte. Il se leva ensuite et invita d'un sourire sa fille à le suivre, sachant que son majordome ne tarderait pas à venir chercher le plateau, ou à envoyer quelqu'un le faire. Il avança avec lui jusqu'à la vaste galerie où s'étendait en effet une longue lignée de portraits, ainsi qu'un certain espace vide au-delà du premier qu'ils croisèrent, qui était un portrait un peu plus jeune de Phileas, en effet.

« Me voici, en effet, lors de mon accession au titre de Comte de Cambridge. À côté se trouve mon père et... si tu avais eut un frère il aurait été destiné à se trouver de l'autre côté. »

Un trouble passa dans le regard de Phileas, d'abord quand il évoqua son père, puis le fait qu'il n'avait pas engendré de fils. Il était très heureux de l'apparition de sa seconde fille – enfin, première fille techniquement – mais une petite part de lui avait eut un regret quand, apprenant qu'il avait engendré un bâtard, il s'était vu confirmé que c'était une fille. D'un côté cela créait certainement moins de complication, certes, mais de l'autre... secouant doucement la tête, le Comte se força à avancer et, arrivant à d'autres portraits, retrouva le sourire.

« Voici mon grand-père, et à côté de lui ma grand-mère... tu as ici tous les Comtes de Cambridge depuis que le fief est dans notre famille, avec parfois leurs épouses ou certains de leurs enfants, quand ils ont pesé particulièrement dans le destin de la famille. »

Il y avait une fierté particulière dans la voix de Phileas alors qu'il désignait d'un geste de la main la longue rangée de portraits, qui semblait un vivant témoignage de l'ancienneté de te la noblesse du nom des Conisburgh.

« C'est ton histoire à toi aussi, Arya. J'espère que comme moi tu apprendras à en être fière. Je trouve pour ma part dans cette histoire une partie de la motivation à me montrer digne de notre héritage. »
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Message() / Dim 3 Oct - 18:14
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PHILEAS & ARYA

LIKE FATHER, LIKE DAUGHTER



1808, Longstowe Hall, Cambridge

Daphné avait dit à Arya tout ce qu'elle pouvait sur son père à de nombreuses reprises, quitte à répéter les mêmes histoires encore et encore. La petite fille ne s'en lassait jamais et jusqu'à l'aube de adolescence, elle n'avait cessé d'être demandeuse même si avec le temps ses questions s'étaient faites de plus en plus matures.
Car à mesure du temps, Arya avait fini par commencer à se demander plus concrètement les choses. Elle avait compris que son papa était quelqu'un de bien et qu'il l'aurait aimé et se serait occupé d'elle si il avait su son existence, mais du coup pourquoi ne la connaissait-il pas justement ? Sa mère avait toujours fait en sorte de dépeindre le portrait le plus digne de lui car elle-même n'avait pas la moindre rancœur envers cet homme qu'elle avait aimé et aimait sans doute encore. Elle parlait après tout toujours de lui avec beaucoup de nostalgie et de tendresse. Arya lui voyait toujours ce sourire aimant lorsque Daphné lui parlait de ses moments partagés avec le Comte.  La lavandière s'était efforcée de ne jamais le mettre en porte à faux et de faire en sorte que sa fille ait bien conscience que il n'était pas fautif dans son choix de garder le secret de sa naissance envers Philéas.
Arya ne s'en était plus contentée. Car si petite elle avait grandi avec cette vision de lui d'un prince charmant parfait, à mesure qu'elle devenait une jeune fille elle avait commencé à nourrir l'envie de le rencontrer... Elle n'était pas de nature capricieuse, loin de là même, mais il y avait eu ce jour où elle avait ressenti le besoin incommensurable de le voir. De mettre un visage sur cet homme. Daphné avait cherché à la retenir, Arya à s'enfuir mais finalement, elle n'en avait rien fait car la lavandière s'était enfin résolue à lui conter le côté plus sombre de la vérité.
Philéas et elle, n'appartenaient pas au même monde. Il avait des devoirs. Des responsabilités. Un rang. Et surtout, un père qui ne le laissait pas réellement libre de ses choix. La lavandière avait craint pour sa fille, si le vieux Comte avait appris son existence. Arya était un secret et devait le rester. Elle n'était certes pas la seule enfant née hors mariage, mais le nom de Conisburgh était si illustre qu'elle n'avait pas voulu prendre le moindre risque car elle avait croisé le père de Philéas à de nombreuses reprise lorsqu'elle travaillait au domaine et ne savait que trop ô combien il n'aurait pas toléré la moindre esquisse d'entache à sa famille.

Le visage de son grand père fut donc le premier que Arya chercha sur toutes ces peintures qui ornaient les murs de la grande galerie des tableaux mais son père attira d'abord son attention sur une toile de lui-même, légèrement plus jeune bien qu'elle ne lui trouvait pas de grande différence avec son aspect d'aujourd'hui. La jeune fille sourit alors qu'elle le détaillait, se demandant quels étaient les traits qu'elle avait le plus hérité de lui. Sa maman lui avait toujours dit qu'elle ressemblait à son père et elle avait souvent espéré que c'était vrai afin de mieux le connaître d'une certaine façon. Mais elle se demandait si Philéas partageait cette opinion. Il n'avait absolument pas douté de son identité lorsque Daphné lui avait dit qu'elle était sa fille et qu'il s'était approché d'elle afin de la regarder...
Lorsqu'il lui désigna son propre père, Arya s'attarda un peu plus longuement sur lui. Il avait l'air... sévère. Tellement qu'il lui inspira un instant un peu de crainte, lui faisant comprendre instantanément tout ce que Daphné lui avait toujours expliqué. Tout prenait sens et si elle avait été dotée d'un quelconque doute quant à la véracité des propos de sa mère, ils étaient désormais effacé. Elle non plus n'aurait jamais voulu risquer contrarier cet homme là ! Arya esquissa un pas vers Philéas sans même sans rendre compte, comme si elle avait cherché refuge près de lui.
Dans son esprit idéaliste d'enfant, c'était de la faute de son grand père si son père et sa mère n'avaient pu être ensemble, mais elle ignorait que Philéas avait eu un autre amour que Daphné et que cette dernière n'avait finalement été un pansement sur sa peine de n'avoir pas pu réaliser le mariage qu'il aurait voulu. La lavandière n'avait pas jugé bon de lui conter ce détail, la trouvant trop jeune encore pour comprendre ce genre d'affres amoureux.

- J'aurai peut-être un frère plus tard ! dit-elle naturellement lorsque son regard se posa sur l'emplacement vide destiné au futur Comte de Cambridge.

Son père était encore jeune après tout et lady Julianna également ! Puis... elle était extrêmement belle ! En n'en pas douter ils auraient un fils dans les prochaines années !
Arya se laissa entraîner vers les autres portraits et prit spontanément la main de son papa alors que ses yeux clairs demeuraient rivés vers les hauteurs des murs ornés. Elle tenait souvent la main de sa mère lorsqu'elles marchaient toutes deux, alors elle se dit qu'il était naturel qu'elle le fasse avec son papa. D'autant qu'elle avait terriblement envie de se rapprocher de lui. Elle avait tellement imaginé ces moments à ses côtés sans espérer qu'ils se réaliseraient ! Alors à présent qu'elle était réunie avec lui, elle s'autorisait ce petit geste d'affection qui l'emplit d'une plénitude incroyable. Depuis son arrivée, ce fut le premier véritable geste qu'elle se permit vers lui.

- Je suis déjà fière. Je vous promets de faire de mon mieux pour vous faire honneur.

Daphné lui avait appris le prestige de la famille Conisburgh et bien qu'elle ne portait pas ce nom, elle était fière de ses gênes oui. Fière, mais à présent quelque peu effrayée car elle espérait être capable de s'en montrer digne ! Sa mère l'avait éduqué au mieux, mais ici c'était un nouveau monde ! De nouvelles règles auquel elle n'entendait encore pas grand chose... Mais elle voulait apprendre et elle avait à cœur de bien faire !
A travers le silence de la pièce qui portait sur ses murs l'histoire du Comté prestigieux, elle entraîna Philéas un peu plus loin jusqu'à un portrait de la Comtesse. Sa belle-mère. La femme n'avait pas l'air d'être ravie de son arrivée ici et bien qu'elle en comprendrait plus tard la raison, pour l'heure elle peinait à comprendre l'animosité qu'elle ressentait de cette femme à son encontre.

- La Comtesse est si jolie... commenta-t-elle avec sincérité.

Elle avait une beauté différente de Daphné. Arya avait toujours trouvé sa maman magnifique, mais elle avait une beauté beaucoup plus douce et éthérée. Julianna Conisburgh elle, était flamboyante ! Ses cheveux roux étaient hypnotique. Elle était remarquablement mise en valeur par le peintre et arborait une tenue incroyable dans une couleur qu'Arya n'avait encore jamais vue. Sa robe à elle avait l'air bien triste à côté et surtout, elle était trop petite pour elle. Daphné avait déjà défait deux fois l'ourlet du bas afin de la rallonger mais il n'y avait plus de tissu à rajouter depuis un moment tant elle grandissait vite. Les couleurs étaient passées et les coutures fragiles ici et là mais c'était ce qu'elle avait de mieux dans sa garde robe modeste. Rien à voir avec les merveilles qu'elle avait vu portées par Lucinda et sa mère le peu de fois où elle les avait croisé.

- Est-ce que on me peindra pour me mettre ici moi aussi ?

La question était très innocente, mais ne raisonna pas ainsi aux oreilles de la Comtesse de Cambridge qui en entendant cela interrompit son projet de se rendre à son petit boudoir pour pousser les portes de la galerie de tableaux d'un pas si franc qu'Arya en recula de trois pas.

- M...milady.

La révérence était maladroite, mais présente. La jeune fille s'efforça de lui sourire, mais Julianna darda sur elle un regard si dur que si Arya avait pu rentrer dans le sol et disparaître, elle l'aurait fait. La magnificence de la Comtesse la rendait d'une certaine façon encore plus intimidante.

- Que fait-elle ici ? Je croyais avoir été claire, je ne veux pas qu'elle quitte les quartiers des domestiques Philéas ! Je tolère sa présence sous mon toit et c'est déjà bien assez sans que je doive m'attendre à la croiser au détour d'un couloir ! Imaginez que Lucinda ait été là !

Arya se ratatina sur elle-même, réprimant de son mieux l'émoi qui lui montait malgré elle aux yeux. Elle déglutit et s'apprêta à tourner les talons afin de prendre congé. Après tout la dernière chose qu'elle voulait, était d’incommoder.



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Message() / Dim 3 Avr - 19:47
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Un fils... l'exclamation sincère et innocente de la douce jeune fille fit grimacer Phileas sans qu'il ne puisse s'en empêcher, même s'il la supposait trop absorbée par l'examen des tableaux pour l’apercevoir. Hélas, il savait bien, pour sa part, que la chose était extrêmement improbable, vu les rapports entre lui et son épouse, et compte tenu de la grande difficulté qu'ils avaient déjà eut à avoir leur premier enfant. De plus, l'arrivée d'Arya parmi eux n'allaient certainement pas aider à améliorer les chances de ce côté-là, sans parler de la présence de sa mère dans la demeure. Ce n'était certainement pas cette année qu'un fils naîtrait pour relever le nom des Conisburgh et assurer la continuité du titre des Comtes de Cambridge, malheureusement, mais il choisi délibérément de ne pas laisser ses pensées s'attarder plus que nécessaire dans cette direction.

Il y fut d'autant moins incité que la jeune fille vint doucement glisser sa main dans la sienne, un geste spontané, lui sembla-t-il, qui surpris Phileas, sans qu'il retire sa main pour autant, toutefois, un sourire passant cette fois fugitivement sur ses lèvres. Il était heureux que la petite damoiselle se sente assez en confiance avec lui pour oser, quoique ce fut sans doute sans y réfléchir, ce petit geste d'affection spontanée. Il serra doucement sa main à ses paroles suivantes, avec un léger sourire d'encouragement.

« Je suis certain que tu le fera, Arya. »

La réponse était sincère, car après tout Phileas n'avait aucune raison de douter que ce petit bout de femme déjà si résolue pour son âge soit en mesure, plus tard, de faire honneur à leur maison, d'autant qu'elle semblait pleine d'intelligence et d'envie d'apprendre et de comprendre tout ce qu'impliquait l'héritage des Conisburgh, ainsi que les nombreuses règles auxquelles étaient soumis les membres de leur rang social, qui allaient avec le fait de réclamer et d'honorer l'héritage de leurs ancêtres... c'était plutôt à lui de trouver comment ne pas lui dénier cet héritage, sans pour autant léser le reste de sa famille. À cette époque, d'ailleurs, il ne mesurait pas encore combien la chose pourrait être difficile par la suite, mais il aurait largement le temps de l'apprendre, de toute façon.

Pour l'heure, il se laissa entraîner dans le manoir, heureux de la voir assez en confiance pour explorer les lieux en sa compagnie. Ils arrivèrent ainsi devant un portrait de sa femme, réalisé avec grand soin – et à grand frais – par un peintre de talent, qui avait su capter toute la beauté de la Comtesse. Une beauté que la jeune Arya ne manqua pas de souligner, amenant un hochement de tête de son père, réel, quoique peut-être un peu réservé.

« C'est vrai, en effet. Elle est d'une grande beauté. »

La phrase, anodine, était pourtant dite sur un ton plus... froid, plus réservé ? C'était difficile à dire, mais on sentait en tous cas une forme de retenue, dans cette constatation pourtant objective, sans doute pas ce qu'on attendait de la part d'un époux épris de sa dame, mais plus comme si la réponse était un aveux arraché presque à son corps défendant, une confirmation que l'objectivité lui dictait de reconnaître, car Julianna était belle, en effet, bien que toutes ces nuances soient peut-être subtiles à saisir pour l'oreille d'une enfant.

Quoiqu'il en soit, comme si son évocation l'avait enchaînée à apparaître, et alors qu'Arya posait une question bien innocente, mais guère de nature à la mettre dans de bonnes dispositions, Julianna arriva d'un pas décidé, de cette démarche conquérante qu'elle savait si bien adoptée. La jeune fille, sans doute sans même s'en apercevoir, lui lâcha la main pour reculer de trois pas, cependant que Phileas accueillait son épouse d'un regard glacial et légèrement agacé. Toutefois, quand la petite damoiselle sembla sur le point de filer devant les paroles de la Comtesse, Phileas posa doucement une main sur son épaule, comme pour la soutenir, tout en la maintenant dans le même temps à ses côtés.

« Bonjour, Julianna. Tu as été très claire sur ce que tu voulais, mais que je sache je suis encore chez moi. Ce n'est pas à toi de décider à qui je peux faire visiter la demeure, et encore plus si l'envie me prend de la faire visiter à ma fille. »

Le ton de Phileas était calme et posé, même si on pouvait sentir que cela lui demandait un effort de rester sur ledit ton, qu'il s'efforçait généralement d'adopter quant il avait affaire à sa femme, surtout quand elle était dans ce genre d'état. Il savait bien qu'entrer dans son jeu, et jouer du registre de l'émotion, n'était pas une confrontation dont il pouvait sortir gagnant, sans compter que ce n'était tout simplement pas dans sa nature.

« Par ailleurs je te prierai, si tu as des griefs, de me les exposer quand nous serons en tête à tête. Arya n'est en rien responsable de ton... irritation. »

Le Comte pouvait comprendre, évidemment, le ressentiment de sa femme à propos de la situation présente, mais il aurait espéré qu'elle soit capable de faire la part des choses à propos de la jeune fille. Malheureusement, il était encore loin de mesuré à quel point ledit ressentiment serait fort et persistant envers la damoiselle...

« Quant à Lucinda si elle avait été là elle lui aurait dit bonjour, tout simplement. C'est après tout une jeune personne bien élevée. »
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Elea Leveson-Gower
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Message() / Mar 31 Mai - 22:55
Elea Leveson-Gower


PHILEAS & ARYA

LIKE FATHER, LIKE DAUGHTER



1808, Longstowe Hall, Cambridge

Dès son arrivée, la Comtesse n'avait pas réservé l'accueil le plus chaleureux au fruit de l'histoire entre son mari et la lavandière.
Arya avait vu entrer cette femme aussi magnifique qu'impressionnante au charisme si indéniable que la pièce lui avait paru rapetisser à son apparition. Elle était restée là à observer cette femme si belle à la toilette si élégante et au port de tête si altier presque bouche bée. Elle s'était dit que la Reine ne devait pas être moins époustouflante que Lady Conisburgh. Arya avait bien tenté de lui offrir un sourire timide comme elle venait de le faire à l'instant, mais Julianna lui avait accordé un regard dédaigneux comme jamais elle n'en avait subi par le passé. Elle l'avait regardé comme si Arya était un caillou gênant dans son soulier, ni plus ni moins et s'était détournée d'elle pour parler à son mari.

La jeune adolescente faisait de son mieux depuis son arrivée à Longstow Hall pour éviter la maîtresse de maison comme le lui avait conseillé sa mère afin de l'incommoder le moins possible et lui donner le temps nécessaire de se faire à l'idée de la présence de Arya sous son toit, mais visiblement ce dernier n'avait toujours pas fait son office.
La fille du Comte déglutit et fit mine de se retirer afin de ne pas incommoder d'avantage la Comtesse dont la colère la pétrifiait d'avantage encore que sa beauté. Ses mots la heurtèrent car elle ne voulait rien d'autre que s'intégrer au mieux dans cette famille où son père l'avait accueilli, mais Arya se raccrochait aux paroles de Daphné. Sa mère l'avait prévenu que son arrivée pourrait être difficile. Elle ne s'était simplement pas attendu à tant d'animosité. Ce n'était pas un sentiment avec lequel elle était très familière, elle qui avait grandie choyée et adorée par sa maman.

Lorsqu'elle se tourna pour partir, elle sentit néanmoins une chaleur douce mais ferme étreindre son épaule et la ramener au côté de son père. Surprise, Arya releva ses grands yeux bleus vers lui avant d'oser une œillade hésitante vers la Comtesse qui fulminait face à la réponse de son époux.
Arya mordilla sa lèvre comme elle le faisait souvent lorsqu'elle se sentait mal à l'aise ou en intense réflexion et baissa son visage. La dernière chose qu'elle souhaitait était d'être un sujet de discorde... Elle voulait dire à son père que ce n'était pas grave, qu'elle pouvait s'en aller car elle ne voulait pas gêner mais elle avait peur de lui paraître impolie si elle l'interrompait. Les usages et coutumes de la noblesse étaient encore très flous pour elle et elle ignorait ce qui était permis ou non. Convenable ou non.
Une petite part d'elle était cela dit touchée et heureuse que son père prenne sa défense de la sorte et l'appelle "sa fille". Elle aurait juste aimé que ce mot si précieux à ses oreilles comme à son cœur ne soulève pas une telle vague de mépris chez Lady Conisburgh...

- Je...

Comment devait-elle s'y prendre ? Elle essaya de se rappeler les quelques règles de bienséance que sa mère lui avait enseigné ou qu'elle avait grappillé ici et là à force d'aller de maison en maison livrer le linge propre.

- Si vous me le permettez pè...

Elle regarda la Comtesse qui se crispa et décida de changer de formulation.

- Si vous me le permettez monsieur le Comte, je vais retourner auprès de maman... Je vous remercie pour la visite de la galerie. Et pour la confiture, dit-elle plus bas juste pour eux.

Est-ce qu'elle avait le droit de dire ça ?
Elle s'inclina face à lui dans une révérence encore maladroite et lui offrit un petit sourire à l'aurore de la complicité. Le domaine de Longstow Hall était immense et elle espérait qu'il continuerait à le lui faire visiter plus tard. Peut-être même en compagnie de sa petite sœur ? Elle se languissait tellement de la connaître d'avantage !

- Madame la Comtesse... se tourna-t-elle à son tour vers Julianna.

Son cœur battant à tout rompre, elle exécuta une seconde révérence, plus raide et plus brève tant elle avait hâte de s'éclipser puis chose faite, elle partit en courant rejoindre la porte dérobée qui menait aux quartiers des domestiques. Elle n'avait pas idée qu'une demoiselle n'était pas supposée courir de la sorte à travers les salons ou les couloirs mais le geste allait avec la spontanéité de la vie qu'elle avait vécu jusqu'à présent et se voulait parfaitement innocent.

A l'abris des regards, Arya se surpris malgré tout à sourire. Elle remonta en trombe jusqu'à la chambre de sa mère, impatiente de lui raconter ce moment qu'elle venait de partager avec son père ! Le premier de nombreux autres, elle espérait car elle l'aimait déjà follement.




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