Maisie contempla longuement les boutons de la veste de l'un des Lord qui conversait avec son père, les dernières nouvelles de la bourse de Londres échappant totalement à son attention. La reine lui avait sourit. Elle avait même eu droit à un hochement de tête. Après tant d'indifférence dans son aventure mondaine, elle parvenait à peine à réaliser ce qui venait de se produire.
"–Lady Rose? Vous allez bien?" La voix de l'un d'entre eux l'arracha à ses songes, et elle parcourut leurs visages d'un regard rond, avant de s'excuser.
"Excusez-moi, Père." Elle s'inclina avec une grâce que le travail avait rendue machinale, se réfugiant derrière la tente qui abritait la réception sous le regard étonnés des gentlemen qui ne tardèrent pas à se relancer dans leur analyse du cours de la livre sterling. Seule, elle retira l'épingle inconfortable qui maintenant son chapeau, maudissant Liz qui n'avait pas la moindre délicatesse. Sa main retenant sa coiffe contre son buste, elle se laissa enfin aller à sourire. Elle aurait aimé que ses frères soient là. L'approbation de sa Majesté aurait ravi William, en particulier. Mais à cet instant, le vent se leva. Venant l'étreindre toute entière.
Maisie était secrètement persuadée que sa mère se cachait dans les caprices du vent. Elle aimait sa caresse, son chant et sa force. Oui, c'était certain. Sa mère aurait été fière. Elle ferma les yeux pour lui adresser une prière silencieuse, lorsque la bourrasque vint lui ravir son chapeau. Son cœur se souleva. Si elle devait reparaître devant toutes ces bonnes gens la tête nue, elle pouvait s'asseoir sur le peu d'estime qu'elle venait de gagner auprès de sa Majesté. Elle eût à peine le temps de le chasser, qu'un autre avait arrêté sa course effrénée. Prise sur le fait, embarrassée, elle s'approcha d'un pas léger.
"Mile fois merci Monsieur." Dit-elle, visiblement soulagée, récupérant sa coiffe pour se hâter de couvrir sa tête, enfilant l'épingle avec dextérité pour le fixer sur son chignon. Son regard marron encadré de taches de rousseur réapparut sous le rebord de son chapeau tandis qu'il la complimentait. Elle lui adressa un sourire, creusant une fossette contre sa joue.
"Vous me flattez. Mais que serais-je sans ma coiffe, incapable de dissimuler mon embarras?" Sur ces mots, une simple inclinaison de la tête lui permis de dérober au regard de l'étranger la teinte rosée que prenaient ses jolies joues.