Virginia Hastings a écrit:Gourmande, elle adore lorsque Harriet lui apporte les pâtisseries qu’elle ne peut plus s’offrir. ◊ Elle rêverait avoir les moyens d’aller à l’opéra ou au théâtre. Harriet lui a offert de l’accompagner mais Ginny ne voulait pas que sa réputation entache celle de son amie.
Virginia Hastings a écrit:Londres, c’est avant tout la seule opportunité qui leur restait à elle et ses sœurs après la mort de son père. Le cousin éloigné qui avait hérité du comté ne voulait pas entendre parler d’elle. Où aller pour survivre ? Si sa sœur aînée a fait le choix de fuir la capitale et les lieux fréquentés par la bonne société, Ginny s’est laissé convaincre de tenter sa chance dans la capitale. C’est le seul endroit où le projet de salon de thé qu’elle élaborée avec Harriet et Collin avait une chance de voir le jour.
Virginia Hastings a écrit:Elle chercha alors à tout prix à fuir ces murs dorés qui se transformaient petit à petit en une cage. Mais pour aller où ? Ses amies du pensionnat ne répondaient plus à ses lettres. Seul Harriet sembler se moquer scandale qui éclaboussait sa famille. Son père étant un simple marchand, elle connaissait parfaitement la méchanceté de la bonne société. Ses lettres, pleines d'ironie et de cynisme, étaient l’un des seuls réconforts de Ginny. À quoi bon rejoindre la bonne société, si c'était pour vendre son âme au diable ? Les mots de Harriet ne cessaient tourner dans son esprit. En quoi était-elle meilleur que ces Lord et Lady qu'elle critiquait ? Au fond, qu’avait fait Ginny ? Rien. Elle s'était contentée de son rôle de simple spectatrice.
Virginia Hastings a écrit:De toute façon, c'était une Hasting, n’avait-elle donc pas mérité ce qui lui était arrivé ? Victoria était déjà partie pour exercer comme gouvernante afin de rapporter un peu d'argent à la famille. Il ne restait à Ginny que Harriet. C'est auprès de sa meilleure amie qu'elle s'effondra, pleurant toutes les larmes de son corps et criant la haine qu’elle éprouvait envers ce monde. Ce fut le seul moment où Ginny accepta de s'effondrer. Le seul moment où elle arrêta de faire semblant d'être forte. Elle n'avait que 18 ans mais elle était épuisée. Cela faisait déjà 2 ans que Victoria était parti lui laissant la charge de son père et de ses deux petites sœurs.
Virginia Hastings a écrit:Dans son malheur, Ginny avait la chance de pouvoir compter sur Harriet. Certes, le père de cette dernière voyait d’un mauvais œil que sa fille côtoie une personne aussi méprisée de la bonne société mais en tant que voisines, elles arrivaient toujours à se voir. Combien d’après-midi Harriet avait passé à côté d’elle dans le jardin qu’elle entretenait avec acharnement ? Le frère d’Harriet, Collin, l’accompagnait parfois pour servir d’alibi. C’était lors de ces après-midi qu’ils réfléchissaient à leurs projets. Ginny avait toujours rêvé d’assister aux spectacles de la capitale. Harriet, quant à elle, adorait être entourée, voir les personnes s’amuser, s’entraider ou se dénigrer. Elle considérait les événements de la bonne société comme un bon terreau d’expérimentations sociales. Collin, lui, voulait monter une entreprise florissante et considérait que les nouveaux commerces comme les boutiques de glaces ou les jardins de Vauxhall. Alors si sa sœur et Ginny comptaient investir dans une sorte de salon de thé, Collin était d’accord pour s’associer à elles et s’occuper du côté financier de l’entreprise. Rapidement, Harriet et Ginny en vinrent à imaginer ce que serait leur affaire et à lui donner forme. Plus les années passaient, plus Ginny voyait ses possibilités d’avenir se réduire. Sans dots, ses petites sœurs n’avaient guère plus d’option qu’elle. Malgré leurs sang noble, elles ne pouvaient plus avoir le droit au titre de "Lady". Si seulement les journaux pouvaient arrêter de rapporter leur moindre faux pas, elles pouvaient peut-être espérer se marier avec un bourgeois qui pourrait leur permettre d’avoir une vie décente. Ginny et Harriet, à 26 ans, entraient désormais dans la catégorie des vieilles filles. Si Harriet, avec son héritage, pouvait espérer se trouver un mari. Malgré les pressions de son père, elle ne voulait pas en entendre parler. Assise sur un tissus, entre les arbres du bois qui séparait leurs propriétés. « Aux yeux des hommes, nous ne valons guère mieux que des enfants. Comme si le fait d’être des hommes leur conférait une intelligence supérieure ! » Ces propos, Harriet ne les tenait que à l’abris des regards. Ginny aurait pu ne pas être d’accord avec le ton ironique de son amie si son père n’avait pas fait preuve d’autant de lâcheté. Pourtant, depuis plus de 10 ans, il s’était contenté de sombrer en se laissant dominer par ses vices. Tout comme celui qui avait essayé de la violer. « Aux yeux de la société, nous ne sommes rien sans les hommes. Rien que pour cela, cela vaudrait peut-être le coup de se marier. » Son frère était mort d’une maladie deux ans auparavant. Il ne restait que son père. Son père ivre à longueur de journée. Combien de temps avant que son père ne succombe à sa mauvaise hygiène de vie ? « Mais le mariage exige la consommation… » Ginny frissonna aux paroles d’Harriet. « Une des raisons pour lesquelles je suis bien contente d’entrer dans la catégorie des vieilles filles… » Harriet lui adressa un regard bizarre avant de poser sa main sur la sienne. « Les hommes ne connaissent rien à nos désirs… même dans ce domaine, les femmes seraient bien meilleures que les hommes si on leur en laissait l’opportunité… » La main d’Harriet remonta pour caresser la joue de Ginny avant que ses lèvres se posent sur les siennes. Dans un frisson, la jeune fille répondit maladroitement au baiser de son amie. Avant de se reculer précipitamment. « Ce n’est pas bien… On ne devrait pas faire ça… » Sur ce murmure, elle fuit lâchement. Pendant quelques temps, elle vit moins Harriet.
Virginia Hastings a écrit:Dans l’année, son père mourut. Rapidement, le cousin éloigné qui venait d’hériter du titre lui envoya son régisseur avec quelques livres et la demande qu’elle et es petites sœurs quittent la demeure comtale. Une semaine plus tard, elles se retrouvaient à Londres. Harriet avait proposé de les héberger mais Ginny savait que le père de cette dernière ne l’accepterait pas. Elle trouva donc un petit appartement dans un quartier destiné à la classe moyenne. Et voilà ! Il ne restait rien de Lady Virginia... Elle n'était plus que Miss Hastings. Collin s’était porté garant et avait avancé l’argent pour payer deux mois de loyer. Harriet et lui arrivèrent également à trouver un local pas très loin de Mayfair pour donner le jour à leur idée de salon de thé. Un jour plus tard, Harriet montrait le local à Ginny. Il restait encore tellement à faire ! Ginny serait en coulisse. Sa mission serait de mettre en place les plannings, de trouver les partenaires à contacter, de réfléchir à la décoration. Ce serait Harriet qui s’occuperait de mettre en œuvre les idées de Ginny. Collin, quant à lui, gérerait l’argent. Les deux femmes étaient tellement excitées en visitant le local. Enfin ! Enfin, leur projet avait des chances de voir le jour ! Et dans son excitation, les lèvres d’Harriet se posèrent à nouveau sur celles de Ginny. Cette dernière avait depuis longtemps eu le temps de réfléchir à leur premier baiser. Ce qu’elle ressentait pour Harriet était si fort. Était-ce de l’amitié ou de l’amour ? Et ce baiser avait fait renaître les sensations que les attentions de Nicolas avaient tué. Les mains de Ginny se posèrent sur les joues d’Harriet alors qu’elle approfondissait ce baiser. Un baiser interdit qui avait le pouvoir de la faire tomber encore plus bas. Un baiser qui éveillait en elle tant de sensations qu’elle ne pouvait les définir. « Je ne sais pas si je suis prête à répondre à tes attentes… » Les lèvres de Ginny tremblèrent alors qu’elle murmurait ses doutes. Harriet posa son front contre le sien en signe de réconfort. « Je ne te demanderais jamais plus que ce que tu auras la bonté de m’offrir. » Voilà comment elles décidèrent de prendre leur vie en main.