Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility
Les Chroniques de Londres
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal


 :: VISIT THE CITY OF LONDON :: Westminster Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Sleepless night (Ft. Elea)

Judith Leveson-Gower
Judith Leveson-Gower
Débutante
Rang sur le forum : Membre
Emploi : Débutante
Messages : 61
Date d'inscription : 26/09/2022


Message() / Mer 16 Aoû - 12:58
Judith Leveson-Gower
Sleepless Night ft.  @Elea Leveson-Gower

Sleepless night (Ft. Elea) Cc0b317e4d8269e4eaad8326471ebf147dbdaf86

Le cœur battant, Judith brava les regards des courtisans alors qu’elle s’avançait vers l’estrade sur laquelle trônait Son Altesse Royale, qui la regardait avec autant d’intérêt que si elle eut été une génisse dans une foire aux bestiaux. Combien de pas avait-elle fait ? Elle avait l’impression que l’estrade royale ne faisait que reculer à mesure qu’elle marchait, et le poids de sa traine semblait la tirer en arrière à chaque foulée. Au prix d’un effort surhumain, elle arriva, le souffle court, à hauteur du trône et s’empressa de s’incliner. Ce faisant, les plumes qui ornaient sa coiffure se détachèrent soudainement et vinrent se briser à ses pieds comme si elles eussent été en cristal. Décontenancée, elle releva la tête tandis que quelques rires moqueurs fusaient parmi l’assistance, espérant lire ne serait-ce qu’une pointe d’indulgence sur les traits de la Princesse.  
Et quand elle leva les yeux, ce fut le visage de son père qu’elle vit en lieu et place de celui de Son Altesse.

- Tu fais honte à notre famille, Judith, tonna-t-il alors que la foule rugissait de rire dans son dos. Ne pouvais-tu faire aussi bien que ta sœur ? Ta mère n’a-t-elle pas suffisamment de sujets d’affliction pour que tu viennes y ajouter cette prestation honteuse ? Tu me déçois ma fille, je suis extrêmement…

La voix de son père se perdit dans un feulement sonore qui la fit se redresser d’un bon. Haletante et désorientée, elle embrassa du regard le mobilier tendu de soie fleurie, les moulures aux tons pastel et les divers arrangements floraux qui décoraient la pièce plongée dans une semi-pénombre. Ce n’était qu’un rêve. Elle était dans son lit, emmêlée dans ses draps sens dessus dessous, au milieu desquels trônait un George qui agitait une queue courroucée. Le félin n’avait manifestement pas apprécié l’agitation dans laquelle l’avaient plongée ses divagations oniriques.

- Pardon mon chéri, s’excusa Judith en attrapant son chat pour le serrer contre elle. J’ai fait un très mauvais rêve …

Pour toute réponse, l’animal se contenta de ronronner tandis qu’elle caressait pensivement sa fourrure soyeuse. Ces derniers jours avaient été riches en émotions et le dénouement de toutes ces semaines de préparation n’avait pas été celui escompté. Les mots acerbes de la Princesse tournaient en boucle dans sa tête, et si Judith n’était pas rentrée si épuisée du bal, cette histoire l’aurait probablement empêchée de trouver le sommeil. Force était de constater qu’elle l’avait cependant rattrapée jusque dans ses songes. A présent, la jeune fille n’espérait plus se rendormir. Son cauchemar avait ravivé les appréhensions qu’elle nourrissait depuis l’incident de la veille et que la magie du bal n’était pas parvenue à effacer.

Il fallait qu’elle parle à quelqu’un. Et au vu des circonstances, ce quelqu’un ne pouvait être que sa sœur. Repoussant vivement ses couvertures, Judith se dirigea d’un pas martial vers la porte de l’infortunée, George sur les talons. Ouvrant les doubles battants d’un geste théâtral, elle aperçut la silhouette de sa sœur qui se détachait sur le lit, apparemment encore assoupie. Qu’à cela ne tienne. Elea avait peut-être besoin de dormir, mais elle n’avait pas une première saison à sauver, elle ! En quelques enjambées, elle arriva à hauteur du lit et se laissa choir lourdement sur le matelas.

- Elea, appela-t-elle doucement. Elea, est-ce que tu dors ?

Elle ponctua ses appels de petites secousses sur le bras de son ainée, auxquelles s’ajoutèrent bientôt les vocalises de George qui, maintenant que sa maitresse était levée, espérait bien être nourri avant l’heure. Si avec tout ce remue-ménage sa sœur n’était pas réveillée… et avec elle toute la maisonnée !

- Oh Elea j’ai fait un rêve affreux, geignit Judith. Je sais que j’ai déçu tout le monde, Papa doit être furieux contre moi, Maman va être tellement peinée quand elle apprendra ce qui s’est passé et… et Whistledown va faire de moi la risée de la saison, réalisa-t-elle soudain, sa voix montant brusquement dans les aigus.

Enroulant nerveusement une mèche dorée autour de son doigt, elle contempla, la lèvre tremblante, le désastre annoncé qu’allait assurément être sa première saison.
Revenir en haut Aller en bas
Elea Leveson-Gower
Elea Leveson-Gower
Débutante
Rang sur le forum : Administratrice
Emploi : Débutante
Messages : 623
Date d'inscription : 07/01/2021


Message() / Ven 9 Fév - 17:26
Elea Leveson-Gower


Sleepless night.



Dans le carrosse qui les avait ramené à Stafford House après le très prestigieux bal des débutantes, la tension était palpable. Si palpable qu'on entendait majoritairement le bruit des sabots ferrés des chevaux sur les pavés que celui de la conversation que s'évertuait à entretenir leur grand-mère. Judith était déçue et Elea pouvait le comprendre. La présentation à la Cour était l'événement pour lequel on préparait une jeune fille toute sa vie et sa cadette, habituée à la perfection, n'avait pas obtenu le plus haut des compliments de la Princesse ce soir...
Entre les tissus de leurs robes reposant sur la banquette richement capitonnée de l'abitacle de la voiture, Elea avait tenu la main de Judith. Elle avait eu beau toujours porter ses gants blancs, elle avait senti à travers le noble tissu combien les doigts de sa soeur étaient froid et cela lui avait serré le coeur. Elle aurait voulu la rassurer, lui dire que tout se passerait bien, mais ce n'était ni le lieu ni le moment. Leur père était là et Elea doutait qu'il apprécie qu'elle minimalise ce qui s'était passé ce soir lors de la présentation de Judith à la Princesse... Pourtant si Elea était objective, tout n'avait pas été si catastrophique. Judith n'avait peut-être pas su obtenir les faveurs espérées de la Princesse, toujours est-il qu'elle s'était démarquée de façon tout à fait admirable lors du bal ! Les messieurs l'avaient regardé. Son carnet de bal avait été rempli et Elea espérait qu'elle se rendait au moins compte de cela, bien qu'elle en doutait. Judith était si peu habituée à l'échec que cela avait déjà du prendre des proportions pas possible dans sa tête. Aussi Elea n'avaient-elle pas lâché sa main de tout le trajet.

Une fois a la maison, tout le monde était monté se coucher. La journée éprouvante et au dénouement mitigé pesait sur toutes les épaules. Une fois déshabillée et décoiffée, Elea fit un tour de tous ses animaux afin de s'assurer de leur bonne santé et qu'ils aient tous de l'eau, puis se glissa dans son lit et repensa à ses propres débuts.
Le bal des débutantes était un grand moment dans la vie d'une demoiselle. Le sien s'était passé aussi bien qu'elle avait pu l'espérer malgré la nervosité qui avait tout naturellement animé son cœur comme celui de toutes les autres jeune filles présentées ce jour là à Sa Majesté. Suivie par sa mère, Elea s'était avancée dans sa robe de soie et de mousseline avec la sensation de marcher sur une corde raide malgré la largeur de l'allée formée par la Cour toute entière. La Reine avait le pouvoir de déterminer l'avenir d'une débutante de par sa simple réaction mais plus que l'embarras de déplaire à la Souveraine, l'angoisse qui avait noué le cœur de la jeune fille avait d'avantage touché au soucis de décevoir son père et toutes ses attentes la concernant. Fort heureusement pour Elea, la Reine Charlotte lui avait adressé un sourire approbateur avant de la complimenter. Elle avait alors pu respirer enfin à nouveau et se lancer dans sa Saison avec une sérénité cependant toute timorée. En tant que fille de Lord Stafford, la pression ne quittait jamais vraiment les épaules d'Elea.
Elle regrettait cependant que Judith n'ait pas eu la même chance qu'elle. Mais elle ne doutait pas qu'elle s'en sortirait très bien. Elle s'en sortait toujours... Elle était si solaire et savait tant y faire pour charmer l'univers que mis à part leur père, tout le monde lui pardonnait toujours tout et le ferait probablement toujours.

Ereintée par la journée, Elea sombra rapidement dans le sommeil, sa main enroulée autour de la cassolette offerte par Alister et qui ne quittait jamais son cou. Sa présence concentrée dans cet objet si cher à son cœur se nicha avec chaleur dans sa paume avant de remonter le long de son bras, effleurant son visage de son réconfort, jusqu'à aller se glisser derrière ses paupières closes.
Un sourire tendre étira les lèvres d'Elea alors qu'elle retrouvait l'étreinte de son frère dans ses rêves. Ses doigts étaient chaud alors qu'il lui attachait son collier autour du cou tout en lui disant des mots aspirés par son songe. Il déposa un baiser sur sa joue rose, puis grimpa sur le marche pied de la voiture déjà en marche l'emmenant au port pour son voyage, le vent soufflant ses boucles brunes presque identiques aux siennes. Ils se tinrent la main aussi longtemps que possible des sourires plein de promesses de leurs futures retrouvailles, jusqu'à ce qu'ils ne se tiennent plus.
Le cœur d'Elea tomba alors dans sa poitrine tandis que les serres des cauchemars se plantèrent dans son derme jusqu'à le couvrir de frissons glacés. Son corps en proie à la strangulation opérée par les images tortueuses voulues par son subconscient tressaillit violemment.

- Alister... murmura-t-elle quand dans son rêve, elle hurlait.

Ses doigts accrochèrent ses draps. Sa tête roula sur l'oreiller. Alister était loin. Trop loin. Nulle part... Le monde était noir et il y était totalement inexistant. Evaporé. Comme si il n'avait jamais existé. Comme si il ne reviendrait jamais...

- Hhhhh !

Elea se redressa en sursaut dans son lit, hagarde, encore perdue entre les méandres de son rêve et la réalité. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine et il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'elle était dans sa chambre, au milieu de ses draps défaits par son agitation.
Mais son soulagement ne fut que de courte durée car contrairement à la majorité des cauchemars dont on se réveillait soulagés de constater que rien n'était vrai, le sien l'était tout autant dans sa réalité ; Alister avait disparu...

- Judith...? réalisa-t-elle alors que le visage de sa cadette se dessinait dans la pénombre du petit matin.

Le souffle toujours un peu court, Elea pressa sa main contre son bijou à son cou dans un geste destiné à la réconforter. Sa poitrine se soulevait toujours un peu trop vite dans sa chemise de nuit bordée de dentelle. Elle observa sa sœur dont le chat s'étirait paresseusement sur son édredon tout en miaulant toute la détresse de l'ampleur de sa faim... Celui-là quel comédien...
La jeune femme cligna plusieurs fois des yeux le temps pour elle de reprendre contenance. Son corps était toujours un peu tremblant et Judith fort intense pour un réveil ! Elea passa ses mains sur son visage dans le but d'en chasser le trouble qui pouvait encore y résider afin de se concentrer pleinement sur sa cadette. Elle devait se mettre de côté pour le moment et s'occuper d'elle. Judith en avait besoin. Elea se leva et alla écarter quelques rideaux afin de leur apporter un peu de lumière, puis elle revint s'asseoir sur son lit, la main de Judith dans les siennes, un sourire tendre et rassurant à ses lèvres.

- Tu n'as pas déçu tout le monde Judith, ce n'est pas vrai. Et papa n'est pas furieux.

Cela reviendrait à ce qu'il exprime une émotion, hors Phileas Leveson-Gower n'était pas de ce genre là. Il avait toujours une maîtrise parfaite de lui-même et de ses humeurs. Elea prit cependant soin de choisir ses mots avec précaution afin de consoler sa sœur car elle ne savait que trop combien elle était pouvait être prompt à surréagir.

- Il est peut-être un peu... contrarié, mais je suis certaine qu'il ne t'en tient pas rigueur. Papa est habitué à ce qu'est la Cour il sait très bien comment cela se passe.

C'était sans doute comme ça qu'il avait réussi à se hisser si vite si haut d'ailleurs. Parce qu'il en comprenait tous les rouages et subtilités.

- Maman sera fière de toi, tout comme moi. Tu t'en es très bien sortie. L'avis de la Princesse est suggestif Judith ne laisse pas son manque d'appréciation te gâcher ta Saison. Tu l'attendais tellement ! Et bien à présent ça y est tu y es !

Elea s'efforça d'employer un ton enjoué afin de faire disparaitre un peu les tensions. Judith rêvait de rentrer dans le monde depuis tellement de temps afin de pouvoir profiter des bals et fréquenter la Cour !

- Ton carnet de bal était plein, non ?

Elle savait que oui. Judith avait été admirée par bon nombre de messieurs et s'était vue réserver toutes ses danses.

- C'est cela l'important. Et probablement ce que retiendra également Whistledown. Qu'as-tu pensé de ton premier bal ? sourit-elle.

Elea cherchait à détourner légèrement la conversation. Pas l'occulter totalement, mais l'orienter vers quelque chose de moins dramatique et qui serait susceptible de rendre son sourire à Judith.



_________________________________


   
Can you hear me echoing ?
Here comes a wave meant to wash me away
A tide that is taking me under
Swallowing sand, left with nothing to say
My voice drowned out in the thunder
Revenir en haut Aller en bas
Judith Leveson-Gower
Judith Leveson-Gower
Débutante
Rang sur le forum : Membre
Emploi : Débutante
Messages : 61
Date d'inscription : 26/09/2022


Message() / Sam 9 Mar - 22:14
Judith Leveson-Gower
Sleepless Night ft.  @Elea Leveson-Gower

Sleepless night (Ft. Elea) Cc0b317e4d8269e4eaad8326471ebf147dbdaf86

Peu de gens pouvaient se targuer de savoir gérer les humeurs de Judith. Sa mère n'en faisait pour ainsi dire jamais les frais tant elle accédait à toutes les demandes de sa cadette. Son père, que les caprices de la jeune fille mettait à bout de patience, se renfermait dans une sévérité inflexible qui ne faisait qu'accroître la frustration de Judith. Elea était la seule à avoir la patience de raisonner, rassurer et calmer sa sœur... quelle que soit l'heure du jour, ou de la nuit. Restait à savoir comment son futur époux réagirait à la nature pour le moins énergique de Judith. Pour l'heure, la perspective de se trouver un mari lui paraissait désespérément éloignée, malgré les paroles rassurantes de son aînée.

Elea avait bien raison à propos de leur père. Il n'était sans doute pas fâché, à proprement parler. Il devait être déçu, ce qui, à la réflexion, était encore pire. Essuyer sa colère aurait été un mauvais moment à passer, mais au moins aurait il démontré l'importance que revêtait cet événement pour lui. Son ire aurait pu être dirigée contre la Princesse et ses jugements péremptoires, il aurait pu au fond compatir avec sa fille prise dans les rouages pernicieux de cette cour qu'il connaissait si bien, et elle si peu encore. Sa déception, elle le craignait, ne ferait que le rendre plus distant le temps que toute cette histoire s'estompe des mémoires. Mais ce qui était fait était fait, et personne n'y pouvait plus rien.

Tout comme les encouragements d'Elea ne parvinrent pas complètement à apaiser l'orgueil blessé de sa cadette. Judith n'aimait pas seulement briller, elle en avait besoin, et ayant passé toute sa vie à être adulée, se voir rembarrer par la personne la plus importante du royaume n'était pas chose aisée à digérer. Elle avait rêvé de sa première saison, de son premier bal presque autant que de son mariage, et maintenant...


- Ça pour y être, j'y suis... bougonna-t-elle.

Elle n'était pas naïve au point d'ignorer les aspects impitoyables de la vie de cour. Elle n'aurait simplement jamais imaginé en faire les frais. Mais avant qu'elle n'ait le loisir de ressasser plus longtemps sa mésaventure, Elea détourna habilement la conversation vers le bal qui, lui, avait effectivement été une franche réussite. Et bien que Judith n'en ait peut être pas profité autant qu'elle l'aurait voulu, l'esprit encore préoccupé par l'incident de sa présentation, elle devait bien avouer que l'expérience avait été digne de ses rêveries.

Quel plaisir elle avait eu à voir ces messieurs se presser autour d'elle, qui pour lui arracher la promesse d'une danse, qui pour lui apporter un rafraîchissement, qui pour lui glisser un compliment plus ou moins bien tourné. Le décor était féerique, les tenues somptueuses, la musique divine, et elle s'était laissée entraîner dans un tourbillon de valses, de quadrilles et de contredanses qui avait fait s'envoler ses inquiétudes pendant quelques heures.

La moue boudeuse de Judith s'étira en un sourire tandis que les souvenirs de la veille lui revenaient en mémoire. Sa sœur avait raison, le dédain de la Princesse ne semblait nullement avoir découragé les cavaliers potentiels, ni les familles influentes à qui elle avait été présentée au cours de la soirée.


- Eh bien... Oh c'était merveilleux Elea ! se remémora Judith en serrant la main de sa sœur d'excitation. Mon carnet de bal était plein, attend je vais te montrer.

Avant d'avoir fini sa phrase, elle avait déjà détalé en direction de sa chambre, pour attraper son carnet de bal qu'elle avant abandonné sur sa coiffeuse avant de se mettre au lit. Revenue dans la chambre de sa sœur, elle lui présenta fièrement la liste de noms qui s'étalaient sur le petit éventail de feuillets. Un, deux, trois, quatre...

- Quatorze ! f]color]annonça Judith comme si elle n'en revenait pas elle-même.
Avait-elle vraiment dansé avec quatorze gentlemen durant la soirée ? Tout semblait se mélanger dans son esprit dans un continuel manège de présentations, invitations et conversations volées entre deux pas de danse.


- Non, douze, rectifia-t-elle après avoir scruté la liste plus attentivement. Lord Feilding et Lord Lumley m'ont sollicitée pour deux danses chacun.

Elle leva un regard brillant vers Elea. Elle n'était pas peu fière d'avoir retenu l'attention des deux jeunes gens, qui seraient un jour à la tête de leur comté respectif. Certes, l'un était un danseur plus que médiocre quand l'autre n'avait à la bouche que son élevage de chevaux, mais peu lui importait en cet instant.

- Est-ce que tu avais eu autant de cavaliers lors de ton premier bal ?

Judith ne pouvait s'empêcher de se comparer à sa sœur. Sans malice aucune - bien qu'elle aimât faire mieux que tout le monde - simplement pour savoir comment elle se situait elle-même. Sa grande sœur demeurait un modèle pour elle, à égaler au moins, et à dépasser si possible.

- J'aime tant être l'objet de l'attention de tous ces messieurs, se confia-t-elle à son aînée en sentant ses joues rosir. J'en ai toujours rêvé et l'expérience est encore plus plaisante que je ne l'aurais imaginé. Je me demande juste comment je pourrais choisir un futur mari quand tous les messieurs rivalisent de galanterie à chaque instant. Comment savoir si un gentleman est tel qu'il en a l'air,  Elea?

Judith brûlait de trouver le meilleur parti qui soit depuis qu'elle était en âge de comprendre ce qu'impliquait le mariage. Et maintenant qu'elle était officiellement dans la course matrimoniale, l'idée de faire le mariage de la saison était certes alléchante mais avant d'en arriver là, ne voudrait-elle pas faire l'expérience de sentiments aussi puissants que dévastateurs, tels ceux décrits dans les romans qu'elle dévorait en secret? Car au-delà du titre et de la richesse, il y avait une vie plus ou moins commune qui l'attendait avec son futur époux. Il n'y aurait peut être pas d'amour, ni même de complicité particulière entre eux, alors cette période de célibat serait peut être sa seule chance de vivre une romance aussi passionnée et secrète que dans ses romans. Et maintenant qu'elle avait une parfaite idée de ce qui se passait dans l'intimité d'un homme et une femme... sa définition du parfait parti risquait de s'en trouver changée !
Revenir en haut Aller en bas
Elea Leveson-Gower
Elea Leveson-Gower
Débutante
Rang sur le forum : Administratrice
Emploi : Débutante
Messages : 623
Date d'inscription : 07/01/2021


Message() / Sam 6 Avr - 14:37
Elea Leveson-Gower


Sleepless night.



Après le cauchemar qui laissait sa peau encore légèrement luisante d'une fine pellicule de sueur, Elea aurait sans doute eu besoin d'un peu de réconfort elle aussi mais elle mettait ce besoin de côté pour s'occuper de sa sœur. Judith était bouleversée et son aînée se faisait donc un devoir de la réconforter, quitte une fois de plus à se mettre en retrait. D'un tempérament résiliant et doux, cela ne lui coûtait aucunement. Elea était habituée à s'oublier au profit des autres et en particulier de sa cadette qui était souvent dépassée par ses propres émotions. Judith était nombriliste mais elle ne le faisait pas cela par malice et sa soeur le savait. Elle était simplement faite ainsi. Leur mère l'avait tant couvée qu'elle était habituée à ce que le monde tourne autour d'elle et était donc généralement aveugle à la détresse des autres lorsque la sienne devait s'exprimer.  
Elea s'efforçait donc d'apaiser les humeurs de Judith avec calme et patience car elle ne savait que trop que le moindre mot mal choisi risquerait de déclencher tout une série de pensées rocambolesques chez Judith et d'aggraver les choses. Sa cadette avait le don pour tout dramatiser et surréagir hors ici elle était visiblement à fleur de peau.

Elea sourit avec indulgence, amusée par les bougonnements de sa sœur. Le bal des débutantes était ce pour quoi on préparait une jeune fille toute sa vie. Judith avait toujours tant toujours tout fait à la perfection et été abreuvée de compliments et de félicitations que le manque d'approbation de la Princesse devait pour elle être semblable à un ras de marée inattendu l'emportant dans son rouleau. Elle devait avoir l'impression de couler et de ne jamais réussir à sortir de cette vague, mais l'eau allait s'apaiser et la ramener vers la plage de perfection qu'elle était habituée à fouler. Il n'y avait aucun doute là dessus. Son tempérament très - trop - énergique et impulsif, souvent capricieux, était difficile à gérer certes, mais elle était magnifique et malgré le dédain de la Princesse, son bal avait été un succès elle devait s'en rappeler. Rien n'était aussi dramatique que ce qu'elle s'imaginait. Sa saison était loin d'être fichue. Comme elle le rappela à sa petite sœur, son carnet de bal avait été rempli et Elea ne doutait pas qu'aujourd'hui bon nombres de messieurs se presseraient chez elles afin de courtiser Judith. Restait à savoir si leur père les y autoriserait... Sa selection serait drastique, à n'en pas douter.

A la mention du carnet de bal, l'expression de Judith changea. En un claquement de doigt, elle venait de retrouver son euphorie et son sourire radieux. Elle sauta du lit d'Elea déterminée à aller chercher le précieux objet afin de lui en montrer les lignes noircies des noms des gentlemens lui ayant demandé une danse.
L'aînée des Leveson-Gower sourit en secouant la tête face à cet empressement et se leva à son tour de son lit afin d'aller se passer un peu d'eau sur son visage. Son regard s'attarda sur la cassolette qui pendait toujours le long de sa poitrine. Elle le serra un instant entre ses doigts, puis le glissa dans le creux de ses seins sous sa chemise de nuit avant de repousser ses boucles emmêlée par le sommeil par dessus son épaule. Les pieds nus de Judith raisonnait déjà à nouveau dans le couloir et se rapprochaient à grande vitesse. En un battement de cils à peine, Elea se retrouva avec le carnet de bal de sa cadette sous le nez. Judith le lui brandit si haut et si près qu'elle du reculer son visage et cligner des yeux afin de ne pas loucher. Elle rit doucement et le pris afin de l'abaisser et le regarder plus convenablement, Judith lourdement penchée sur elle comptant les noms inscrits.

- Eh bien tu vois ! Pas une danse sans cavalier. Toutes les débutantes n'ont pas cette chance tu sais.

Et elle éprouvait beaucoup de compassion pour ces jeunes filles, bien que cela fut malheureusement le jeu, si tant est que l'on pouvait appeler cela ainsi. Après tout c'était leur avenir à toutes qui se décidait lors de ces événements. Certains débutantes, comme Judith, avaient un grand succès et étaient assaillies de demandes et de sollicitations, quand d'autres devaient regarder tout en s'efforçant de rester dignes ces messieurs leur passer sous le nez afin d'aller inviter leurs semblables. La cadette du Marquis de Stafford à l'évidence n'avait pas été de celles-ci !

- Je... Je ne me souviens pas. Sans doute pas, sourit-elle.

En vérité oui, elle en avait un différent pour chaque danse. Mais elle préféra taire cette information afin de ne pas relancer Judith sur un chemin de réflexions qui la chagrinerait à nouveau ou déclencherait une nouvelle rivalité ou compétition dans son esprit. D'autant que Elea en était certaine, Judith et elle n'avaient pas été approchées pour les mêmes raisons lors de leur entrée dans le monde. Sa cadette rayonnait. Elle était belle. Intéressante. Elle avait cette aisance à rire comme si elle irradiait sans jamais que cela ne paraisse déplacé en société. Bien sûr qu'elle attirait.
Elle, elle n'était rien de tout cela. A côté de sa cadette, Elea se trouvait très quelconque. On pouvait la penser inintéressante de par le fait qu'elle était relativement effacée auprès de son père, malgré ce que certains chuchotaient elle était loin d'être idiote. Si lors de son premier bal les messieurs s'étaient pressés autour d'elle, c'était uniquement à cause de son nom et de la fortune qui s'y associait, elle en était persuadée. Phileas Leveson-Gower était le symbole de la réussite à la Cour. Son ascension sociale avait été fulgurante et ses biens pécuniers étaient les plus élevés de toute la Grande-Bretagne. Elle était sa première fille à être mise sur le marché du mariage alors bien sûr, que beaucoup s'étaient mis à graviter autour d'elle.

- J'avoue que je ne saurais comment répondre à cette question Ju'...

Elea a beau avoir déjà fait une saison, celle-ci a tant été régie par le Marquis qu'elle ne pense pas avoir tellement plus d'expérience que sa sœur en ce qui concerne ces messieurs... Preuve en est, hier soir elle avait trouvé Sir Elijah Willis des plus aimable avant que son père ne vienne tout à fait discrètement lui interdire toute autre interaction avec lui. Apparemment, cet homme au charme certain n'était qu'un coureur de dote...

- C'est une question que tu devrais probablement poser à maman.

Lady Leveson-Gower était dans un état de tristesse inquiétant depuis le décès de Francis mais c'est la disparition de Alister, pour le moment tenue secrète à tout le monde, qui lui pesait plus encore. Leur mère ne quittait plus que rarement sa chambre. Elle paraissait attendre sans fin des nouvelles de son fils qu'elle redoutait de perdre à son tour. Fort heureusement, la bonne société pensait qu'elle peinait à se remettre du décès de Francis et lui pardonnait donc sa réclusion, envoyant chaque jour des courriers l'assurant de sa sympathie.
Cependant, Elea ne doutait pas que la présence de Judith lui faisait toujours du bien. Après tout, elle était son rayon de soleil.

- Je pense que tu devras choisir celui avec lequel tu te sens la plus à l'aise et vers lequel te pousse ton instinct. Et je te le souhaite, ton cœur.

Après tout, il parait que ces choses là se sentent. C'est ce que n'a cessé de lui répéter Arielle après avoir rencontré Lord Percy avec lequel elle est désormais mariée. Que dès qu'elle l'avait vu, elle avait su. Tout cela paraissait très énigmatique à Elea mais son amie d'enfance parlait de façon si convaincue qu'elle avait choisi de la croire.
Pour elle, le mariage n'était point une affaire de cœur. C'était ce que son père lui avait enseigné et elle était en paix avec cela. Elle espérait que son futur époux et elle s'entendrait un minimum bien sûr, mais elle ne rêvait pas de romance comme sa sœur. C'était bien trop utopique.

- Mais n'oublie juste pas que ton futur prétendant devra être approuvé par père avant tout.

Quelque chose lui dit que ce détail d'importance première risque d'être le cadet des soucis de sa cadette si d'aventure elle venait à jeter son dévolu sur quelqu'un...

- Nous devrions nous habiller, dit-elle en allant tirer sur le cordon destiné à appeler les domestiques. Il nous faut aller prendre le petit déjeuner et ensuite, je suis certaine que des dizaines de messieurs se presseront à la porte de Stafford House pour venir te rencontrer. Peut-être en attends-tu déjà un ou deux en particulier...?

Elea rendit son carnet de bal à Judith avec un regard complice, puis se baissa afin de prendre dans ses bras son chien qui daignait enfin quitter son panier dans un bâillement dramatique sans même un regard d'attention pour le chat de Judith.

- Toi, tu as entendu le mot "petit déjeuner" !


_________________________________


   
Can you hear me echoing ?
Here comes a wave meant to wash me away
A tide that is taking me under
Swallowing sand, left with nothing to say
My voice drowned out in the thunder
Revenir en haut Aller en bas
Judith Leveson-Gower
Judith Leveson-Gower
Débutante
Rang sur le forum : Membre
Emploi : Débutante
Messages : 61
Date d'inscription : 26/09/2022


Message() / Mer 15 Mai - 22:25
Judith Leveson-Gower
Sleepless Night ft.  @Elea Leveson-Gower

Sleepless night (Ft. Elea) Cc0b317e4d8269e4eaad8326471ebf147dbdaf86

La panique et l'abattement passés, l'esprit de Judith était à présent en ébullition. Son aînée ne semblait pas plus avancée qu'elle sur la question du choix d'un futur mari et, bien qu'Elea ait déjà une saison à son actif,
Judith ne lui connaissait pas de prétendant officiel. Elle réalisa qu'elle ne connaissait rien des inclinations de sa sœur. Y avait-il un gentleman qui faisait secrètement battre son cœur ? Son imagination romanesque s'emballa. Sa grande sœur nourrirait-elle un amour impossible avec un homme qu'elle ne pouvait épouser ? Comme ce serait romantique !

Quoiqu'il en soit, la question de sa cadette la laissait visiblement perplexe. Un petit rire teinté d'amertume échappa à Judith à la suggestion de poser la question à leur mère. La Marquise était dans un état de mélancolie alarmant depuis quelques temps, et toute la joie de vivre que pouvait déployer Judith ne parvenait à la faire sourire qu'en surface.

- Je suppose qu'elle serait effectivement de bon conseil. Après tout, elle a épousé papa! Voilà ce qu'il me faudrait, un homme comme papa, s'enflamma-t-elle soudain.

Ayant toujours vécu dans le luxe et l'admiration, il lui paraissait naturel de désirer un époux qui ait une fortune et une influence conséquentes, à l'instar du Marquis.

- Oh mais, pas son caractère, rectifia-t-elle après réflexion. Papa peut être tellement... rigide, à ses heures! Non, je voudrais un mari à qui je puisse demander ce que je veux et qui me dira toujours oui.

Ou à défaut, qu'elle pourrait mener par le bout du nez pour obtenir ce qu'elle voudrait.

- Mais il serait agréable d'avoir quelqu'un aussi cultivé que papa, aussi habile en politique, influent à la cour, riche bien sûr... Oh, qui vivrait en ville toute l'année! Et bien fait de sa personne, ajouta-t-elle comme s'il s'agissait d'une évidence, comptant sur ses doigts les innombrables qualités du mari idéal qu'elle énonçait. Est-ce que j'oublie quelque chose ?

Voilà ce que lui dictait son instinct à cet instant. Mais sa sœur avait aussi évoqué son cœur... Les romans dont raffolait secrètement Judith étaient remplis d'unions improbables entre des personnes que tout semblait opposer. Et si l'élu de son cœur ne ressemblait en rien au portrait qu'elle venait de dresser ? Sans compter que, comme elle le savait depuis peu, son futur mari partagerait non seulement sa vie, mais également son lit. Et la chose avait beau être nommée devoir conjugal, Judith entendait bien avoir le luxe de joindre le devoir à l'envie. Décidément, tout cela soulevait plus de questions que de réponses!

- Mon dieu, qu'il est compliqué de choisir un mari, songa-t-elle à voix haute.

Elle avait beau savoir que mariage rimait rarement avec amour, une part d'elle ne pouvait s'empêcher d'envier une union romantique plutôt qu'un mariage de raison. Au moins dans sa position pouvait-elle espérer avoir le choix entre plusieurs partis potentiels, même si, comme venait de le rappeler Elea, sa décision serait suspendue à l'approbation de leur père.

- Oh mais papa veut notre bonheur n'est-ce pas ? Je suis sûre qu'il ne nous refusera pas l'homme de notre choix, à moins d'avoir une raison sérieuse de le faire, déclara-t-elle d'un ton confiant, balayant l'argument de sa sœur avec cet optimisme teinté de naïveté qui la caractérisait.

Elea mit finalement un terme au tourbillon d'interrogations de sa cadette en allant sonner leurs femmes de chambre pour les aider à s'habiller. Judith en avait presque oublié qu'en tant que débutante, elle devait désormais se préparer à recevoir autant qu'à être reçue.

Il fallait qu'elle soit parfaite ! Après tout, son futur mari se trouvait peut-être parmi les hypothétiques visiteurs du jour.
Elle imaginait déjà un défilé de jeunes et séduisants gentlemen se pressant à la porte de la demeure pour la voir. Lui apporteraient-ils des fleurs ? Elle avait toujours rêvé de se voir offrir des fleurs par un soupirant. Mais attendait-elle quelqu'un en particulier ? Difficile à dire, elle avait vu tellement de nouveaux visages et conversé avec tant de monde la veille que tout semblait se brouiller dans sa tête.

- Eh bien non, personne en particulier pour le moment. Tout est allé si vite, j'ai à peine eu le temps de parler à la même personne plus de cinq minutes. Oh, mais j'espère que Lord Harris m'épargnera sa présence... Cet homme est le plus assomant que je connaisse ! s'exclama-t-elle, feignant un évanouissement dramatique sur le matelas de sa sœur. Il n'a que ses chevaux à la bouche, et je ne sais toujours pas comment prendre la sorte de compliment qu'il m'a tourné en me comparant à sa plus belle jument.

Riant de bon cœur au souvenir de cette conversation incongrue, Judith se redressa pour observer sa sœur, dont l'attention était à présent focalisée sur son chien. Planté derrière ce dernier, George tendit une patte intriguée vers la queue frétillante du canidé, comme pour en tester le potentiel ludique.

- Et toi ? Est-ce que tu as rencontré quelqu'un que tu aimerais revoir ?

Elle guetta la réaction de sa sœur du coin de l'œil. Contrairement à elle, Elea était plutôt réservée, aussi scruta-t-elle le visage de son aînée en quête d'un sursaut ou d'un rougissement qui trahirait ses pensées.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Message() /
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas



Page 1 sur 1Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-



Sauter vers: