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Les Chroniques de Londres
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La femme sera toujours le danger de tous les paradis. [Terminé]

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Message() / Sam 20 Aoû - 16:46
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La femme sera toujours le danger de tous les paradis.



Quelques jours plus tôt... a écrit:Juliet Blooming, au bal « J’en tiendrais rigueur à ceux qui osent vous accaparer. Mais je prends note de votre invitation à vous retrouver plus tard dans la soirée, cela me laissera le temps d’étudier votre seconde invitation et de vous donner ma réponse. »

William était un homme de défi, un homme d’affaires parfois peu scrupuleux et hautain à ses heures perdues. Alors, lorsqu’il avait eu le plaisir de rencontrer une femme au caractère affirmé, repoussant de moitié ses avances, sa curiosité avait été piquée à vif. En effet, il n’avait pas l’habitude d’une telle hésitation, la plupart des demoiselles rencontrées lors de ces bals s’étaient montrées particulièrement collantes et intrusives et auraient sauté sur n’importe quelle invitation de ce genre.

Sans perdre de temps, il s’était rapidement rendu à la demeure des Blooming avec sa plus belle voiture et une tenue élégante, souhaitant arriver à son but de revoir la jolie blonde, sans ternir sa réputation en kidnappant cette dernière. Les protocoles, encore et toujours.

Bonjour. Je souhaiterais m’entretenir avec Mr Blooming. Serait-il disponible ? Je suis William Lightwood, Comte de Surrey.

Les minutes qui suivirent furent une formalité, un homme charmant se tenait en face de lui, ravi de constater que sa progéniture avait attiré l'œil d’un homme célibataire à la réputation appréciable. De son côté, William avait un don certain pour se faire aimer et masquer son véritable caractère en se faisant passer pour un vrai Gentleman

L’accord était passé, Juliet le rejoindrait le lendemain sur les bords de la Tamise, accompagnée de sa chaperonne, évidemment.

L’avait-il concerté avant de donner son accord ? Rien n’était moins sûr…

William s’était levé aux aurores ce matin-là, particulièrement anxieux de la matinée qui l’attendait. Que lui était-il passé par la tête ? Inviter une jeune femme à une balade en bateau ?! C’était très clairement le meilleur moyen de braquer tous les regards sur lui en un rien de temps. Lui qui tâchait de rester discret depuis son arrivée à Londres… Loupé !

Toujours très ponctuel, il avait réservé en avance l’embarcation qui lui semblait la plus jolie car toutes ne l’étaient pas. Le siège dans lequel la demoiselle aurait le plaisir de s’installer était recouvert d’un doux tissu bleu nuit, particulièrement confortable. Lui, se contenterait de pagayer sur une blanche de bois, avec l’espoir de ne faire couler personne.  Là encore, cette idée lui semblait folle. Tous deux seraient à la vue de tous, chaperon y compris, mais à l'abri des oreilles indiscrètes… et ça, c'était un vrai luxe dans la vie à Londres !

Allait-elle venir ? Avait-elle finalement bel et bien accepté l’invitation ? Avait-elle été contrainte ?

L’attente lui semblait interminable…

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Message() / Dim 21 Aoû - 18:48
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La femme sera toujours le danger de tous les paradis.



Au lendemain du bal de la Reine, Juliet avait retrouvé son père pour le petit déjeuner. Tous deux semblaient avoir retrouvé un peu de joie de vivre et ils firent ensemble le point sur ce bal plus que réussi et sur les célibataires avec qui la belle blonde avait dansé. Ils ne s’attardèrent pas sur l’affaire du Roi, car Juliet constata bien vite que ce sujet mettait son Père mal à l’aise et ravivait sa peine. Elle s’en était doutée le soir-même, déjà.
- Papa, je crois que tu vas avoir de la visite aujourd’hui.
- Et qui dois-je attendre, et que dois-je leur dire ? s’enquit Jonathan, en souriant, rassurée par l’attitude récente de sa fille qui semblait enfin prendre son avenir au sérieux. Le Marquis de Budehaven, quant à lui, avait accepté de ne pas ébruiter l’affaire qui pouvait plonger sa famille dans la disgrâce. Si cela continuait ainsi, Juliet serait mariée dans quelques mois et Jonathan pourrait enfin souffler et pardonner à sa fille ces quelques années à se faire du mauvais sang.
Même s’il souhaitait à son futur mari bien du courage : Juliet ne serait pas une femme facile, même si le jeu en valait certainement la chandelle. Son caractère avait les qualités de ses défauts, il fallait juste savoir le contenir et le guider dans la bonne direction.
Juliet lui donna quelques noms dont elle était certaine et poursuivit :
- Mais peut-être y-aura-t-il quelques surprises. Quoi qu'il en soit, accepte-les tous pour le moment ; je ne suis pas dans une situation où je peux me permettre de me montrer difficile.
- Juliet…
- Papa, s’il-te-plait.
- Juliet, ils doivent me convenir à moi aussi. Et dans ton état, il serait plus sage que tu aies du temps pour te reposer, plutôt que de courir à travers Londres, d’un rendez-vous à un autre.
- S’ils sont sans-le-sous ou de mauvaise réputation, cela va de soi, mais je t’en prie, Papa, ne perdons aucunes opportunités. Et au contraire, le médecin m'a préconisé des promenades et du grand air, sans compter que toute distraction me fait du bien, même si la compagnie n’est pas celle que je pourrais espérer.

Ainsi, Sir Blooming concéda, comme il finissait toujours par le faire lorsqu’il s’agissait de Juliet, et puis, comme prévu, quelques célibataires de différents horizons passèrent son perron pour venir demander l’autorisation de courtiser sa fille et l’inviter à quelques sorties, au parc, au salon de thé, ou sur la Tamise.

Parmi eux, le Comte de Surrey, Lord Lightwood, qui comptait déjà parmi les favoris, autant pour le père que pour la fille. Ainsi Jonathan n’émit aucune réserve face à celui qu’il voyait comme un véritable gentleman, même s’il se renseignerait ultérieurement sur sa réputation, bien évidemment. Et quelques jours plus tard, une voiture conduisit Juliet et sa femme de chambre jusque sur les bords de la Tamise. Une petite excursion en bateau qui enchantait la jeune femme. Parce que c’était charmant et propice à faire connaissance en toute tranquillité, mais aussi parce que Juliet voulait être vue. En ne refusant aucun rendez-vous, elle espérait bien attiser la jalousie et en motiver certains à se battre pour elle.
Pourvu que celui du jour en fasse partie, mais si ce n'était pas le cas, au moins serait-il utile d'une autre façon.

Le ciel était à l’image de son âme, bleu et seulement parsemé de quelques nuages, ainsi avait-elle pris soin d’emporter une ombrelle pour protéger son teint de lait. Elle arborait son plus délicat sourire pour aborder le comte et lui tendit sa main gantée.

« Lord Lightwood, merci pour votre invitation. »

Elle s’inclina légèrement, et puis, pendant qu’il l’aidait à monter sur l’embarcation, sa chaperonne s’installa sur un banc avec vue sur le fleuve. Elle serait plus inquiète si elle ne savait pas nager, l’avantage d’avoir grandi dans le Lake District. Et si elle devait tomber et jouer les demoiselles en détresse, elle saurait en tirer profit.

Une fois éloignée de la rive, sagement et bien assise sur son coussin pendant que monsieur ramait, et alors qu’elle essayait de se souvenir où s’était arrêtée leur discussion lors du bal, elle lança la conversation. Et pourvu qu’il soit paré, car elle ne manquait pas d’idée pour le piquer au vif. Car fini la prétendue douceur et la fausse naïveté, elle entendait bien faire comprendre à ses prétendants favoris sa véritable personne.

« Dites-moi, Lord Lightwood, comme se fait-il que je n’ai jamais entendu parlé de vous auparavant ? »

Beau, élégant, bien titré… Il ne pouvait passer inaperçu.
Et si c’était tout ce dont elle savait de lui pour l’instant, c’était largement suffisant pour lui donner envie de le côtoyer.

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Message() / Lun 22 Aoû - 19:01
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La femme sera toujours le danger de tous les paradis.



Un sourire discret s’étirait au bord des lèvres lorsque Juliet Blooming fit son apparition au point de rendez-vous. Était-ce son ego qui était rassuré de ne pas avoir pris un lapin, ou le signe d’une joie dissimulée ? Nul ne le savait, peut-être même pas le Comte lui-même.

Je suis ravi de vous revoir Miss Blooming. Permettez-moi de vous apporter mon aide, je ne voudrais pas être accusé de vous avoir laissé chuter à l’eau. Dit-il, d’un ton sympathique.

Avec assurance malgré une embarcation des plus instables, il prit la délicate main gantée de la jeune femme pour l’aider à s’installer en douceur. Voilà bien des années qu’il ne s’était pas retrouvées au milieu de l’eau à pagayer ! Et les dernières fois, cela avait été pendant ses études, à tenter de couler ses camarades, rien de comparable, évidemment. Plus ils prenaient de la distance, s’éloignant de toute cette agitation et de ces regards curieux, plus William appréciait l’idée d’une discussion au calme.

Sans perdre un instant, la demoiselle lançait la discussion, avec un tact très relatif. Son regard vif et pétillant annonçait des échanges haut en couleur, avec probablement des pièges à éviter. Le premier était posé. Que pouvait-il bien répondre à cela, lui qui avait manqué de justesse de faire la une des journaux à scandales après avoir ruiné la famille Bridgerton ? Que pouvait-il bien répondre à ça alors que sa propre cousine l’avait également reniée après ses excès de colère… ? Tentait t’elle de jauger sa franchise ou n’avait-elle pas eu écho de ces ragots ?

Vous m’en voyez ravi ! Ce n'est jamais bon signe d'être cité trop souvent. Dit-il dans un éclat de rire.

Rares sont ceux à qui mes erreurs du passé ont échappé ! Mais qui n’en fait pas, après tout ? J’ai été… Très occupé ces dernières années. Disons qu’avoir sa famille auprès de soi est une bénédiction, mais… ce n’est pas toujours de tout repos ! Avez-vous des frères, des sœurs ou peut-être des cousins proches ?

Avait-il raison de s’exprimer si franchement ? Lui qui pouvait si aisément adoucir son visage pour paraître aussi doux qu’un agneau s’affichait plutôt comme le grand méchant loup, sans masque. Une franchise assez rare de la part du Comte ! Le regard soutenu de Juliet ne mentait pas, c’était une femme de caractère, serait-elle effrayée ? Il en doutait bien !

C’est à votre tour de répondre, Mademoiselle Blooming. Comment se fait-il qu’une jeune femme aussi ravissante que vous n’ai pas encore trouvé chaussure à son pied ? Ne souhaitez-vous pas vous marier ?

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Message() / Sam 3 Sep - 15:29
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La femme sera toujours le danger de tous les paradis.



Des doigts enfilés dans des gants, posés entre ceux d’un homme à peine connu, ou parfois sur son bras… Voilà tout ce dont les jeunes femmes devaient se contenter au risque de commettre le pire impair qui puisse être, ruiner leur réputation et se voir obligée d’épouser le malandrin. Si Juliet n’était pas une actrice expérimentée, elle lèverait les yeux au ciel à chaque fois que sa paume gantée entrait en contact avec celle d’une personne du sexe opposée par exaspération de ces maudites règles.
Il se disait que certaines femmes parvenaient à se marier en piégeant ainsi un gentilhomme - qui n’avait de gentil que le nom - chose tout à fait compréhensible et envisageable si on était laide ou pauvre… Absolument impensable pour Juliet qui “valait mieux que ça”, bien sûr.

Néanmoins, ce simple contact adoucis par le tissu pouvait en dire long sur la personne, selon qu’il était fait avec plus ou moins de fermeté, de douceur ou au contraire de mollesse. Juliet détestait le dernier, cela ne lui inspirait guère confiance, surtout quand il fallait, par exemple, passer de la terre ferme à une embarcation légère et peu stable. En cela William Lightwood su ne pas la décevoir.

Le Comte de Surrey était un homme intrigant et qui savait la faire rire - à la manière d’une lady bien sûr. Une remarque pertinente qui l'amusait elle aussi autant qu’elle sonnait bien trop vrai : elle-même avait bien trop à cacher pour vouloir figurer dans les ragots. Il fallait y être, à petite dose, mais guère plus et jamais en détail au risque de perdre complètement sa réputation. Le mieux pour cela étant de donner un peu de matière à la mystérieuse chroniqueuse, comme ici, afin de rassasier l’appétit des curieux.

« Effectivement, Lord Lightwood, qui n’en fait pas ? » Etait-ce une façon subtile de dire : si tu ne cherches pas les miennes, je n’irais pas fouiller dans ton passé ? Certainement. Et pour sceller cet accord tacite, Juliet ne poserait pas plus de question. « J’ai deux jeunes sœurs et quelques cousins en Norvège. Ophelia devrait faire ses débuts la saison prochaine. Mais je me dois de protester, vous ne m’avez rien dit sur votre famille. Vous devez être proches, j’imagine ? »

Elle faisait tournoyer le fin manche en bois de l’ombrelle entre ses doigts, la broderie tournant alors dans son dos. Un geste machinal alors qu’elle le regardait pagayer, ou que ses yeux bleus se perdaient sur la rive et ses arbres majestueux. La chaperonne paraissait de plus en plus lointaine et la jeune femme se sentait plutôt bien, comme libéré d’un certain poids. Elle souriait d’ailleurs régulièrement, sans avoir besoin de se forcer.

Et puis sa dernière question lui arracha un éclat de rire sincère, et un peu jaune. Mais après tout, c’était elle qui avait commencé, alors elle ne pouvait l’accuser de mesquinerie.

« Je note avant tout que vous me trouvez ravissante. » Ou avez-vous compris que je le sais fort bien ? Et possiblement trop âgée... « Même si la beauté n’est certainement pas le seul facteur, sinon bien des jeunes femmes et des gentilshommes n’en trouveraient jamais. » Voilà qui était osé. Elle aurait été avec feu son amie Maggie, elles auraient passé leur après-midi à les citer et à se moquer de leur nez de cochon ou de leurs yeux de merlans… Pour le reste, qu’avait-elle envie de dire ou de ne pas dire sur ce vaste sujet ? Elle avait été fiancée deux fois, avait officiellement rompu les deux de son propre chef ; ce n’était pas vraiment un fait qu’il fallait clamer haut et fort… Juliet était tentée de se montrer un peu plus franche, notamment parce qu’ils semblaient seuls au monde dans cette barque mais à trop hésiter - ce qui commençait à se voir - elle décida finalement d’esquiver le sujet aussi habilement que possible.

« Que ferais-je à tous ces bals, tous ces jeux abracadabrants ou même ici avec vous, si ce n’était pour trouver un époux, Lord Lightwood ? Je n’ai jamais été aussi décidée à trouver chaussure à mon pied, en réalité, car il n'y a rien à envier au statut de débutante...
Et vous, est-ce la raison de votre présence à Londres ? Trouver une ravissante femme pour vous faire une ravissante progéniture ? Il doit certainement y avoir d'autres qualités que vous recherchez, non ?
» Taquine ? A peine.

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Message() / Sam 3 Sep - 16:29
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La femme sera toujours le danger de tous les paradis.



Un sourire provocateur s’affichait sur le visage du Comte, tantôt froid, tantôt rieur. S’il aimait jouer de ses charmes, pour les affaires comme auprès des femmes, il était tombé sur une adversaire à sa hauteur. Il ne mit pas longtemps à comprendre que la jolie blonde au regard envoûtant pour qui il pagayait savait elle aussi se servir de son joli minois pour arriver à ses fins. Si au premier abord on pourrait imaginer avoir à faire à une douce demoiselle, avenante et paisible, il n’en était rien. Avec un aplomb déconcertant, elle maniait l’art de retourner la conversation en sa faveur.

Conscient qu’il n’était pas souhaitable de rentrer dans certains détails de sa vie, Juliet piquait sa curiosité à vif. Bien que personne ne soit dupe sur la vraie nature des gentlemans de la Saison, tous fidèles aux mêmes bars luxueux et à certains lieux de débauches, il était en revanche plus rare pour les demoiselles de traîner quelques boulets derrière elles. A quoi pouvait-elle faire allusion ? Qu’avait-elle à se reprocher ? Bien que torturé à l’idée de ne pas en savoir plus à ce sujet, il se contentait de hocher la tête, les lèvres rieuses, pris à son propre piège. Tel est pris qui croyait prendre.

Serais-je jeté à l’eau sur le champ si je venais à affirmer le contraire ? La famille est un sujet bien vaste, vous savez. Disons que nos relations ces dernières années ont été quelque peu troublées par divers évènements. Mais cela ne saurait durer, je l’espère. J’ai un jeune frère, que je protègerais corps et âme. C’est déjà un bon début, vous ne trouvez pas ?

Ses doigts se serraient sur le manche en bois qui lui servait à avancer, si ces mots étaient sincères à l’égard de son frère, cela n’avait pas toujours été le cas. Plus jeunes, alors qu’ils se faisaient battre sans vergogne, il l’avait souvent regardé étouffer les coups et la douleur sans lever le petit doigt. Il n’était qu’un enfant, mais c’était son devoir de le protéger et il n’avait rien su faire, pétrifier lui aussi par la peur d’une nouvelle punition. Aujourd'hui les choses avaient changé, si le cadet de la famille était resté un jeune homme introverti et peureux, lui ne l’était plus. Il en voulait au monde entier, en voulait à ses parents de n’avoir rien vu, il en voulait à sa cousine Jane, d’avoir bafouée son autorité, mais en réalité, il s’en voulait à lui plus qu’à quiconque.

« Même si la beauté n’est certainement pas le seul facteur, sinon bien des jeunes femmes et des gentilshommes n’en trouveraient jamais. »

Avait-elle osé ? Dieu du ciel. William manquait de s’étouffer devant une réplique si cinglante. Il avait pensé si fort à cela tellement de fois sans jamais en rire à voix haute qu’il ne put s’empêcher de s’esclaffer. Une vérité moqueuse mais fondée, il fallait l’admettre. En bien des points Juliet et William se ressemblaient,  tous deux conscients des atouts que la nature leur avait offerts. Si elle se savait séduisante, lui se savait être un bon parti, sur le papier. Un point partout.


Vous n’avez pas peur de dire tout haut ce que beaucoup pense tout bas, Miss Blooming. J’espère que vous n’avez pas été trop dur à mon sujet.


Voulait-il sa part de gloire lui aussi ? La faire admettre qu’elle le trouvait à son goût ? Il avait espoir de ne pas être dans la mauvaise catégorie, ni d’avoir jamais remarqué un strabisme dérangeant. Évidemment, il connaissait la réponse. Une demoiselle comme elle n’aurait jamais accepté un rendez-vous avec un laideron, même avec le plus gentil de tous. Elle méritait mieux et en avait pleinement conscience.

Nous sommes d'accord sur ce point, voilà une tâche bien rude que de faire partie des débutantes. Que cachez-vous alors ? J’imagine que vous avez été courtisé par de nombreux hommes durant la Saison. N’y en a t’il pas un seul qui ait trouvé grâce à vos yeux ? Ou dissimulez-vous un vilain défaut derrière votre sourire ?

Une nouvelle tentative ? C’en était bien une. Percer à jour la véritable nature de Juliet Blooming, un défi fort plaisant qui plaisait à William, éternel challenger dans l’âme.  

Pardonnez-moi, je n’ai pas pris ma liste de toutes mes exigences avec moi. Je ne saurais toutes les énumérer. Dit-il, amusé.

Cette sortie en bateau était une idée divine car, loin de tout, leur provocation mutuelle n'avait pas d’entraves. C’était une drôle de façon de cerner l’autre, mais cela avait du bon et rendait la conversation captivante. Dans un salon, à proximité d’une chaperonne, nul doute que les échanges se seraient avérés plus formels et ennuyants.

Plus sérieusement, je devrais vous avouer qu’il est difficile de savoir quoi chercher, ou qui chercher ? Devons-nous nous contenter d’un mariage entre deux familles, profitant à faire perdurer une réputation et une génération ? Ou faut-il trouver le grand amour, si tant est qu’il existe réellement ? Je n’ai pas encore trouvé de réponse. Un avis ?

Enfin un peu d'honnêteté ! Si William se dévoilait un peu plus, offrant ses réflexions personnelles à la jeune femme, il n’en attendait pas moins d’elle pour mieux la comprendre. Elle était mystérieuse.

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Message() / Dim 4 Sep - 11:27
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La femme sera toujours le danger de tous les paradis.



« Je ne vous jetterais pas à l’eau, sinon je me verrais contrainte de pagayer. Ce qui serait, malheureusement, inapproprié. Je ne crois pas qu’il y ait de bonnes ou de mauvaises réponses, Lord Lightwood, même si c’est tout à votre honneur. Si notre propre famille ne nous protège pas, sur qui pouvons-nous compter ?  »

Juliet entendait qu’on ne choisissait pas sa famille et la proximité à celle-ci ne lui apparaissait pas comme un avantage car si elle savait charmer les hommes, elle avait plus de mal à convaincre leur mère. Elle n’était après tout que la fille d’un petit baronnet sans grande richesse, et sa grande beauté attirait davantage méfiance qu’assentiment. Elle savait que la mère du Marquis de Budehaven avait joué un grand rôle dans leur rupture, alors elle préférait les hommes qui savaient se défaire de l’emprise parentale. Néanmoins, soutenir sa famille était une qualité non négligeable, elle-même aurait été perdue sans le soutien indéfectible de sa mère et de son père. Ils l’avaient caché lors de sa grossesse et avaient trouvé une famille à son enfant. Par contre, elle ne pouvait se vanter d’être une grande sœur formidable.

La conversation passait d’un sujet à l’autre et Juliet se révélait, étrangement, sans son masque et avec un naturel plutôt plaisant et déconcertant. Sans doute parce qu'il n'y avait personne d'autres qu'eux et que le Comte lui avait laissé entendre qu’il était capable d’avoir ce genre de propos.

« Soyez sans crainte, les temps n’ont pas été tendres avec moi et j’ai perdu ma chère amie et confidente il y a quelques mois de cela. Et puis, j’essaye de donner une chance à la beauté intérieure. » Sourire espiègle, sourire divin et son regard envoûtant ne quittait pas le sien. S’il croyait la faire avouer si aisément, il la sous estimait. Néanmoins, il pouvait trouver du réconfort dans le fait qu’elle ne le quittait pas des yeux, et alors qu’elle lui permettait, d'un battement de cil, d’entrevoir que ce qu’elle voyait n’était pas pour lui déplaire.
S’il n’avait pas envie de lui sauter dessus et de l’embrasser en cet instant, alors elle ne comprenait plus les hommes.

Si seulement…
Elle le quitta des yeux avec un air plus neutre en songeant qu’elle avait accepté des rendez-vous avec un homme bien laid et avec un homme bien vieux et qu’il faudrait qu’elle dise à son père de les annuler. Elle avait tout accepté pour lui montrer sa bonne volonté et c’était peut-être suffisant, car maintenant qu’elle y songeait, elle pourrait paraître désespérée en se baladant au bras de tels hommes et ce n’était pas une bonne chose.

Et puis la discussion prit une direction déplaisante. Elle en avait trop dit, ou pas assez. Elle prit une mine outrée face à sa question sur ce qu’elle pouvait bien cacher… Un enfant, pas moins que ça, et un péché de luxure bien pratiqué. Mais elle prétendit prendre tout ça à la rigolade et concéda à lui donner quelques détails, même s’il lui semblait impensable qu’il n’ait pas entendu parler de ses fiançailles avec Adrian Mountbatten.

« N'avez vous donc aucune pitié ?! J’ai été fiancée deux fois, Lord Lightwood, et je vais exceptionnellement accepté de satisfaire votre vilaine curiosité : J’ai rompu les premières… Erreur de jeunesse certainement… Il m’aimait. Mais dans son regard, ce n’était pas moi que je voyais, même si je ne peux guère l’en blâmer. Comme il doit être difficile de choisir parmi une ribambelle de jeunes femmes contraintes de paraître parfaites… Le second était un lord norvégien, j’ai découvert à temps que c’était un homme violent. Je suis rentrée à Londres alors que la saison était déjà bien avancée, et vous connaissez la suite… »

Elle n’allait pas revenir sur le douloureux incendie, jusque là ils passaient un bon moment et il s’agissait de continuer. En tout cas, elle avait été plutôt franche et hormis une grosse omission, on pouvait même dire qu’elle avait été honnête.

« Je suis une femme exigeante en effet, pour autant il y a bien quelques célibataires qui trouvent grâce à mes yeux, et peut-être que si les choses se poursuivent ainsi, je pourrais souhaiter que l’un d’eux fasse sa proposition avant la fin de la saison. »

Et si pour le moment le Comte faisait parti de ses favoris avec le Marquis de Berkeley, ainsi qu'un certain vicomte, elle était bien incapable de dire lequel des trois avait sa préférence. Pour le moment, elle ne les connaissait pas assez et elle espérait en réalité passer du temps avec eux après la saison, dans d’autres lieux que Londres et se fiancer cet hiver pour un mariage au printemps. Et puis qui sait, elle pourrait toujours prendre comme amant celui qu’elle n’avait pas choisi.

Sa remarque sur une liste d'exigences la fit rire avec élégance. Nulle doute que si elle ne trouvait pas un époux en la personne du Comte de Surrey, ni un amant, ils étaient au moins en train de nouer une amitié qui pourrait perdurer, car elle commençait à réellement l’apprécier et apprécier discuter de ces sujets avec lui.

« J’imagine fort bien à quel point il est difficile de s’y retrouver au milieu de cette gigantesque mascarade. Et vous me demandez cela alors que vous êtes Comte et moi, fille d’un simple baronnet. Avez-vous besoin de l’aval de votre famille dans le choix de votre épouse, Lord Lightwood ? Car je ne puis répondre à leur place. Quant au grand amour, je n’ai pas plus de réponse, je le crains, même si je sais qu’il existe : mes parents s’aimaient profondément et je dois avouer que c’était une belle chose à voir. » Elle arborait un air songeur en disant cela, et complètement faux, car elle n’y avait jamais cru pour elle-même jusqu’à très récemment. Maintenant elle se disait qu’elle ne serait pas contre, mais comment ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Faut-il le provoquer d’une façon ou d’une autre, ou vient-il vous prendre par surprise quand on ne s’y attend pas ?

« Vous ne m’avez pas paru touché par l’amour que la Reine semblait porter au Roi, cependant, alors est-ce que cela vous intéresse-t-il vraiment ?
La question, est, qui veut-on avoir à ses côtés pour le reste de sa vie ? Quelqu’un avec qui l’on s’entend bien ? Avec qui il y a une alchimie évidente ? Ou peut-être, une femme sublime qu’on emmènera fièrement en société ? Ou une héritière au titre encore plus flatteur que le vôtre ? Ou encore pour compléter son domaine d’une riche fortune ? Tout dépend ce que vous souhaitez trouver, monsieur le Comte.
»

Et dans quelle catégorie la considérait-il ? Car s’il cherchait un meilleur titre ou plus de richesse, Juliet Blooming ne correspondait certainement pas, aussi elle attendait la réponse avec le plus grand intérêt.

Mais, parce qu’elle commençait à le cerner et aussi parce qu’ils s’ouvraient l’un à l’autre et qu'elle voulait que cela continue, elle ajouta :

« Pour ma part, j’aimerais un époux qui ne laisserait jamais ma beauté se faner, que cela soit en société ou à ses yeux. » Toujours choyée, toujours richement vêtue pour le monde mais qui sache aussi l’accepter comme elle est et ne jamais la trouver laide. Et, d’une façon ou d’une autre, composer avec son… appétit. Son besoin d'être au centre de tout. Sa phrase semblait soulever une question cachée : ainsi peut-être était-ce l'amour qu'elle cherchait ?

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Message() / Lun 5 Sep - 15:48
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La femme sera toujours le danger de tous les paradis.



Le temps s’était arrêté. La Tamise était calme, reposante et la météo était idéale. William, concentré sur chacun des mots prononcés par Juliet (dans le but de trouver la répartie idéale, bien sûr), avait oublié tout ce qui l’entourait. La chaperonne de la demoiselle lui semblait à présent particulièrement petite et il l’imaginait sans mal pester contre les deux jeunes qui s’éloignaient un peu trop.

La réponse formulée par la jeune femme n’était pas celle attendue, pour autant, il n’était pas surpris. Il voyait désormais clair dans son jeu puisqu’il pratiquait le même, s’ils s’amusaient beaucoup à prendre part à cette joute verbale, l’un comme l’autre avaient compris qu’en bien des points, ils se ressemblaient.

Alors, il la fixait lui aussi, imperturbable. Il n’avait pas besoin de mots pour comprendre qu’elle partageait le même ressenti à son égard. Il s’attardait sur les détails de son visage, ses yeux perçants, sa peau lisse, ses lèvres pulpeuses. Elle était belle, espiègle et mystérieuse. Si le comte aimait les femmes, s’il en avait côtoyé à de nombreuses reprises dans les bordels chics qui bordaient la ville, il s’était promis de n’être désormais plus qu’un gentleman. Quel challenge audacieux dans de pareilles situations ! Ou la tentation était si grande…
Les révélations faites par la demoiselle à ses côtés le laissèrent sans voix quelques instants. Était-ce donc ça, les erreurs du passé dont elle faisait allusion plus tôt dans la conversation ?

Étrangement, il ne s’offusquait pas de la situation, conscient désormais que trouver chaussure à son pied n’était pas si facile. Pourtant, quelques années plus tôt, il avait souhaité envoyer sa cousine Jane Gilderstone après l’avoir retrouvé en fâcheuse posture avec son professeur de piano. Il s’était alors mis dans une colère noire, se sentant trahi, lui qui assurait la prospérité et la réputation du domaine ! Il avait longtemps jugé son attitude comme honteuse et impardonnable. De l’eau avait coulé sous les ponts depuis tout ce temps et encore plus depuis le début de la Saison. Il n’avait jamais vraiment eu conscience de la pression qui régnait sur les épaules des jeunes femmes à marier, alors que les hommes eux, profitaient de la vie sans remords…

Oh, je vois. Je vous remercie pour votre franchise. Un homme violent ? Vous a-t-il fait du mal un jour ? C’était un lâche de toute évidence, vous avez eu raison de partir.

Et la violence, il la connaissait bien. De larges cicatrices sur son dos pouvaient d’ailleurs en témoigner. C'était un sujet très contrariant pour le jeune homme qui ne put cacher sa colère. Alors, même s’il avait du mal à accepter l’idée de n’être que, ou déjà, le troisième s’il venait à s'intéresser davantage à Miss Blooming, il se rappelait avoir dit plus tôt “Qui ne fait pas d’erreur ?”. S’il avait un bagage derrière lui, des moments de joie et de peur, Juliet avait le droit aussi. Que de progrès !

La demoiselle se mit à rire aux éclats à sa remarque et il ne put qu’être satisfait de voir que son humour pouvait être à son goût. Rire de la sorte en bonne compagnie lui faisait du bien, il se sentait revivre. Pendant des années, il ne s’était occupé que de ses finances, passant à côté des plaisirs simples de la vie. Comme cet instant.

Vous avez eu de la chance d'avoir eu des parents aussi proches, et je vous souhaite de vivre le même bonheur qu’eux. J’imagine que de toutes les options, le choix du cœur est sans doute le meilleur. Je vous l’accorde, ce n’est pas une tâche aisée de cerner le monde qui nous entoure, y compris les jeunes femmes. Ici, chacun se cache derrière son plus beau masque, mais la réalité est souvent bien différente… Je ne compte plus le nombre de demoiselles, à priori passionnées de chant qui m’ont brisé les tympans… Il faut rester prudent, même lorsqu’il est question de musique. Dit-il, provocateur comme toujours, en souvenir de leurs échanges au bal.

Le visage de Juliet se refermait, l’esprit songeur. S’il tentait de garder la face, il savait à l'intérieur que leurs échanges ne le laissaient pas indifférent. S’il avait souvent considéré un mariage comme une tâche supplémentaire, comme remplir les registres ou payer le personnel, au fil des pensées échangées avec Juliet, il comprit qu'il faisait fausse route dans sa quête d'une épouse. Pour une fois, son coeur ne devrait-il pas être le leader de ce choix ? Pour un homme avide de contrôle et de pouvoir, voilà une mission des plus ardues.

Mes parents, comme tout parent, aimeraient un mariage à faire pâlir les grands noms de cette ville. Mais ils n’ont pas eu la chance de  pouvoir se choisir, et même s’ils ont appris à vivre ensemble, je n’ai jamais vu une once d’amour dans leurs yeux. Alors, j’ose espérer qu’ils n’imposeront pas cela à leurs fils.

Il marquait une courte pause, cherchant dans ses souvenirs la trace d’une marque d'affection entre les deux. Aussi loin qu’il s’en souvienne, cela n’avait jamais été autre chose que de la colocation et un amas de faux sourires en communauté. La vie chez les Lightwood, avant l’ascension de William après le décès de son Oncle, avait été fade et insipide. Tout le monde vivait sous le même toit, mais personne ne se voyait vraiment.


Ai-je le droit de vouloir tout cela à la fois ? C’est une liste plaisante que vous dressez là.

L’argent et le titre m’importe peu, j'imagine que vous avez dû vous renseigner sur le sujet, mais notre famille n'a pas de dettes, et une situation des plus confortables. Je... je dirais que je cherche une alliée, une femme instruite et au soutien sans failles et qui se chargera de maintenir la réputation des Lightwood à flot car, je déteste ces maudites soirées.
Dit-il, amusé.
Seriez-vous une femme de confiance, Miss Blooming ? Vous êtes si difficile à cerner...


S'il était fier comme tous les hommes de son rang de posséder une fortune honorable et de l'exhiber si nécessaire, il restait toutefois très discret sur la manière dont il avait sauvé les comptes familiaux, faiblards à une époque. Aussi, ses récentes retrouvailles avec Adelina Bridgerton bien loin des robes en soie lui avaient rappelé à quel point il pouvait être sans scrupule. Ruiner une famille entière en les regardant droit dans les yeux, c'était accepter la souffrance des uns pour le bonheur des autres, en l'occurrence, son petit bonheur personnel. Cela étant dit, il dormait sur ses deux oreilles et surveillait Mademoiselle Bridgerton afin qu'elle ne fasse pas de vague à son sujet. William se posait la question, comment une demoiselle comme Juliet Blooming réagirait à cela ? Serait-elle suffisamment égoïste pour se réjouir du confort que procurait tout l'argent amassé sans remords ? Ou hurlerait-elle au scandale, outrée d'un tel comportement ?

Vous n'avez pas de craintes à vous faire sur ce point Miss Blooming… Bien des femmes doivent vous envier et bien des hommes vous contempler.
Une beauté comme la votre ne peut se faner si facilement.


Ses bras étaient tétanisés par les mouvements répétitifs. Il marquait une courte pause, laissant leur embarcation se balader sur l'eau librement. Ils étaient déjà sur le chemin du retour, se rapprochant de la rive trop rapidement à son goût. Cette petite halte servirait à gagner du temps avant que les langues, sur la terre ferme, ne commencent à jacter à leur sujet. Un rendez-vous qui s'éternisait avait le don d'attirer les regards et les commérages. Quelle drôle d'occupation...

Vous aimez les enfants ? En désirez-vous ?

Une question simple mais pleine de sens lorsque l'on savait que toute cette agitation pendant la Saison avait pour principal but de faire naître des héritiers et perdurer des héritages.


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Message() / Sam 10 Sep - 22:29
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La femme sera toujours le danger de tous les paradis.



La jeune femme avait rassuré le Comte en lui disant que l’homme en question ne l’avait jamais touché mais n’avait pas donné plus de détails sur le sujet. Il n’y avait pas grand-chose à en dire de toute façon puisque, si ce n’était pas un mensonge, elle exagérait largement la situation pour se faire plaindre. Et puis Juliet ne laisserait jamais personne toucher à son divin visage.

Et puis, la discussion se détourne vers des sujets plus heureux, dont celui étrange de l’amour auquel Juliet n’a jamais accordé d’importance jusqu’à ce qu’elle voit la peine ressentie par son père, sa propre peine et celles de ses sœurs. Mais à quoi bon aimer si c’est pour souffrir autant ? Juliet n’est pas en ce monde pour souffrir, et elle a d’ailleurs bien assez souffert pour toute une vie, même si… Certes, elle l’a bien cherché, mais c’est un détail.

Quoique proches ne veuillent pas dire amoureux, et alors qu’elle dévisage William Lightwood, elle se dit soudain, que, peut-être, il existe un homme riche et titré qui partagerait la même passion qu’elle pour le vice et l’amour de sa personne. Un genre de partenaire de crime. Mais comment le trouver sans dévoiler son total déshonneur ? Quand ils cherchent tous une sainte vierge et qu’elle est l’absolue opposée ?
Et se pourrait-il que cet homme soit devant son nez ?

Elle rit doucement à sa délicieuse blague sur le chant. S’attend-il à ce qu’elle réponde à sa provocation par une petite démonstration ? Il se pourrait qu’elle soit tentée.

La discussion se poursuit, et elle ne s’en plaint guère : elle aime s’écouter parler, et ne semble pas barber par les réponses du Comte, ce qui est un bon point pour lui. Mais encore une fois, son cœur manque un battement alors qu’elle cache son effarement par un cillement parfait. Oh, Lord Lightwood, combien de fois allez-vous insinuer que vous cherchez une femme avec un titre et une fortune, ce que vous savez parfaitement que je n’ai pas ? Fort heureusement, il se rattrape immédiatement et alors la discussion peut suivre son cours.

« Moi ? Difficile à cerner ? Il me semble pourtant que je suis un véritable livre offert. » Joue donc à l’innocente, Juliet. Mais, cette fois, elle n’affiche pas un sourire d’ange, elle se montre telle qu’elle est : sourire en coin, narquois, provocant. « C’est une vision intéressante que vous avez Lord Lightwood, et je crois que c’est ce que je souhaiterais également : plutôt que l’amour, simplement un mari qui puisse comprendre tous les aspects de ma personne et les accepter. Si bien que je voudrais le soutenir de la même façon qu’importe la situation. »

S’ils savaient qu’ils avaient tous deux une piètre moralité, tout ceci irait bien plus vite, mais prudence oblige… Ils tâtonnent chacun sur la pente de leurs erreurs passées. Feraient-ils de bons partenaires ou se tireraient-ils vers le bas ? Ils ne le sauraient probablement pas avant qu’ils ne soient trop tard.

Ils ont fait le tour du mariage, il est donc logique qu’ils poursuivent sur les enfants. Aaah, s’il savait à quel point Juliet a envie de faire des enfants ! Trois mois d’abstinence et elle est au bout du rouleau. De peur qu’Adrian la surveille, elle n’ose même pas s'encanailler avec d’autres femmes. Déjà qu’elle avait dû apprendre comment se faire plaisir avec un homme sans risquer de retomber enceinte, ce qui est franchement frustrant. Alors oui, si elle a hâte d’être mariée c’était surtout pour cette partie là : essayer de faire des enfants.

De préférence : essayer beaucoup, réussir peu.


Elle réprime son envie de soupirer, alors qu’il a posé la rame, ce qui la fait sourire sincèrement. Elle doit bien s’avouer qu’elle passe un excellent moment et le fait qu'il le prolonge en arrêtant de pagayer est un très bon signe, même si la fin de la balade approche. Elle en profite pour se replacer un peu, se décalant d’un côté, ce qui déséquilibre légèrement la barque mais pas assez pour la faire basculer bien sûr. Ce qu’elle veut c’est juste caresser l’eau du bout du doigt… Alors elle se permet d’enlever son gant et de toucher la surface de l’eau, créer des ondulations au gré de ses mouvements gracieux. Et enfin, de soupirer… Et puis de tousser, à contrecœur.

« Bien sûr, il ne saurait en être autrement. » Il faut bien y passer pour profiter du reste, c’est le marché qu’elle est prête à passer. Car non, elle n’aime pas plus que ça les enfants, ces petites choses insupportables et criardes. Elle ne pensait pas avoir le moindre instinct maternel jusqu’à ce qu’elle perde sa mère et que sa fille s’invite sans cesse dans ses pensées. Peut-être que c’est une question de maturité aussi… Et d’ailleurs son regard se perd au loin, étrange et gris. Quoiqu’il en soit, elle ne supporterait pas d’avoir une fille qui l’éclipserait. « Je me vois assez avec une ribambelle de garçons, enfin une ribambelle… deux, trois me suffiraient. Je plains les mères de famille nombreuse... Et vous Lord Lightwood ? Vous rêvez de votre futur héritier, j'imagine ? » En disant cela, elle est revenue vers lui avec son sourire charmeur qui rendrait fou n’importe qui. Et pour cause qu’elle plaint les mères, elle sait ce que sait. Heureusement qu’elle avait, dixit la sage-femme, des hanches à enfanter. Elle espère donc qu’elle ne sera pas trop féconde… Après tout elle a profité de ses amants pendant des mois avant de tomber enceinte, elle a donc bon espoir sur sa future vie.

Et puis, portée par la bise légère et le calme de la tamise, ainsi que par la compagnie plaisante, elle pousse un bout de chansonnette. De son doigt, elle tape le rythme sur l’eau  et, d’abord faussement timide, elle laisse son timbre suave et légèrement rauque envahir leurs flots. Sa voix finit par porter assez pour que quelques personnes sur la rive se retournent et les regardent, mais Juliet s’en moque et ne les considère même pas. La chanson fait de toute façon partie des classiques que toutes les débutantes apprennent et hors de question de dévier du répertoire en public. Son ton chaud est bien trop sensuel, mais elle n’y peut rien, car quoi qu’elle chante et qu’importe la manière, elle est alors pleinement Juliet, soleil brûlant avide de rejoindre les ténèbres...
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Message() / Dim 11 Sep - 13:12
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La femme sera toujours le danger de tous les paradis.



William était un homme à la réputation parfaite malgré les multiples scandales qui auraient pu venir ternir le tableau. C’était un véritable caméléon capable de se montrer sous un angle différent chaque jour, en fonction de ce que l’on attendait de lui. Tantôt dur négociateur et homme d'affaires, tantôt rieur et charmeur. Mais s’il y avait bien une faiblesse à noter dans son exhaustive liste de compétences c’était…les femmes.

De divines créatures aux formes envoutantes pour lesquelles il se damnerait. Ce n’était un secret pour personne, lui comme tant d’autres hommes, fréquentait les salons luxueux qu’avait à offrir cette ville, dégustant un agréable verre entouré de ravissantes plantes en tenue légère. Jamais il n’avait songé à résister à leurs charmes envoûtants, toujours pris au piège par des pulsions presque animales qu’il ne contrôlait que trop peu. Ses amis l’avaient régulièrement mis en garde sur cette tâche, ô combien difficile, de rester un homme chaste pendant la Saison. Jusqu’à présent, il s’était félicité de son comportement irréprochable, mais les choses pouvaient se compliquer si vite, sans prévenir garde…

Les réponses que lui fournissait Juliet Blooming à son interrogatoire étaient toutes assez satisfaisantes même s’il lui eût été difficile de cerner le vrai du faux tant son attitude était changeante. Elle avait l’art de contourner avec subtilité tous les pièges tendus par le jeune homme. S’il ne pouvait pas se targuer de lire en elle comme dans un livre ouvert comme elle le prétendait, il pouvait toutefois avouer apprécier ses talents d’oratrice, sournoise… tout comme lui. Était-ce là le signe évident d’une compatibilité entre les deux célibataires ? Un point commun qui pourrait faire d’eux des alliés de taille au quotidien ? Ou serait-ce à l’inverse, un obstacle à leur entente, car parfois, à trop jouer avec le feu, on risquait de se brûler.
De nombreux sujets plutôt conventionnels avaient été abordés sur la première partie de cette balade, balayant les questions importantes qui leurs avaient été inculquées depuis leur plus jeune âge. Désormais, leur rencontre pris une tournure nouvelle et inattendue.

A quoi bon chercher à grimper tous ces échelons si cela s’arrête après nous ? J’ose espérer avoir d’ici peu un héritier qui saura prendre en main les affaires familiales, le moment venu.

Les titres et la richesse étaient les deux piliers fondamentaux de la vie de toutes les familles Noble. Un monde matérialiste où l'on souhaitait des enfants pour conserver des acquis en premier lieu, avant même de réfléchir au bonheur que pouvait procurer ces derniers dans un foyer. Le Comte, bien que conscient qu’une partie de sa vie était toute tracée d’avance, malgré lui, appréhendait beaucoup cette étape-là. Inconsciemment, il était rongé par la peur de ne pas être un bon père ou de reproduire les mêmes erreurs que le sien.  

Le visage de Juliet se transformait de nouveau, ses yeux animés par une chaleur redoutable. Lorsqu’elle posait de nouveau son regard bleu ciel dans le sien, une vague de chaud s’emparait de lui. Afin de caresser l’eau fraîche, elle retirait délicatement son gant et posait le bout de ses doigts fin sur la Tamise. William fut pris de court, étonné par un tel geste qu’il aurait pu trouver déplacé. Au lieu de cela, il détournait son attention un peu plus loin pour apaiser tout son être.
Les jeunes débutantes n’étaient-elles pas censées être d’une pudeur excessive ?
Son esprit tourbillonnait sur lui-même en quête d’un nouveau sujet qui lui servirait d'échappatoire mais il n’eut point le temps de s’exprimer. La voix mielleuse de Miss Blooming se mit à résonner à ses oreilles, interprétant une musique connue de tous avec des sonorités à faire pâlir les plus grandes chanteuses.

Il se tut, captivé par le spectacle qui s’offrait à lui, dans son ensemble. Pris d’assaut par une bouffée de chaleur, il retirait son veston qu’il déposait sur le côté pour ne pas se liquéfier sur place. Elle était là, caressant l’eau et chantonnant dans sa bulle. Mystérieuse, sulfureuse, à la fois bien éduquée et  totalement désinvolte. Elle était l’ange, puis le démon.
Pour la première fois depuis le début de la Saison, William eut bien du mal à contenir les pulsions qui le dévoraient de l'intérieur. Les regards s’étaient tournés sur eux et il se devait de garder son calme, se mordant légèrement les lèvres lorsqu’elle fermait les yeux. Dieu seul savait toutes les pensées qui lui traversaient l’esprit à ce moment précis. Une place en enfer lui était sans doute déjà réservée. Lentement, la petite barque se laissait dériver en direction de la terre ferme…

Votre voix… Il eut du mal à terminer sa phrase, son esprit étant quelque peu embrumé.

Vous avez une voix splendide. Me voilà pris au dépourvu, moi qui prenais un malin plaisir à vous charrier sur le sujet. Vous ne m’y reprendrez plus, c’est certain.

Elle se jouait de lui avec finesse et il le savait. Il ne comptait pas riposter, pour une fois. Bien qu’aux yeux de tous, à plusieurs mètres de distance, cela devait ressembler à une démonstration innocente de chant, eux deux savaient qu’il était question là d’un jeu bien plus dangereux..

Il semblerait que nous soyons presque arrivés. Serons-nous amenés à nous revoir, Miss Blooming ? Il voulait l’entendre dire. Il ne voulait pas simplement lui proposer un nouveau rendez-vous. Il voulait qu’elle désire un nouveau rendez-vous. Il se fit plus froid et ténébreux, remballant sa casquette d’homme souriant et plein d’humour, souhaitant ainsi faire perdurer la tension qui régnait dans l’air. Ses yeux sombres la fixant intensément dans l’attente d’une réponse…


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Message() / Mer 5 Oct - 17:37
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La femme sera toujours le danger de tous les paradis.



Je vous souhaite de vous y mettre rapidement, avait dit l’insolente en réponse à ses envies d’héritiers. Allusion subtile, ayant le mérite d’exister. Elle n’avait pas fini de le torturer, la brûlante Juliet.

Qu’il souffre de ne pouvoir la toucher comme elle-même n’a le droit de toucher personne. Elle a bien vu son regard lorsqu’elle a enlevé son gant… Ah, ces mâles ! Il leur en faut si peu ! Heureusement qu’elle-même ne s’émeut pas à chaque fois qu’elle voit un ongle, sinon elle ne tiendrait jamais sa ligne de conduite. D’ailleurs, il vaudrait mieux qu’elle arrête de penser à ce qu’il peut s’imaginer en voyant sa main dénudée, parce qu’elle pourrait se prendre à son propre jeu…

Sa voix n’a pas manqué de faire son petit effet, elle non plus. Et Juliet en termine, ravie et fière d’avoir emmené le comte vers des contrées qu’il ne pensait pas approcher lors de ce rendez-vous innocent. Aussitôt, puisqu’ils se rapprochent du bord, elle remet son gant sur ses doigts toujours humides. Il commente alors sa petite démonstration avec le plus grand sérieux - dès qu’il eut repris ses esprits, mais la jeune femme ne peut s’empêcher de tenter de ramener un peu de légèreté.

« Vous pourrez toujours vous moquer de mes talents à la broderie, si vous y tenez tant, Lord Lightwood. »

En vain, car lorsqu’elle revient sur le comte, la légèreté ne fait pas partie de son expression. Bien au contraire. Et c’est à Juliet cette fois de se retrouver quelque peu déstabilisée. Pas longtemps, mais juste assez pour qu’il ne le remarque. Un léger blocage, elle déglutit, puis se reprend. Il doit lui vouloir du mal pour la regarder ainsi, mais il est certain qu’il a gagné le droit d’occuper ses pensées pour la nuit à venir, et peut-être plus.

Bon sang, combien de temps doivent-ils me courtiser avant de faire leur demande ? A ce rythme, je ne tiendrais guère longtemps avant de craquer, et cet homme risque de m’emmener dans son lit avant de me passer la bague au doigt.
Non, Juliet, tu n’as pas le droit de ne serait-ce qu’évoquer cette possibilité.


Quant à sa question, elle ne trouve aucune façon pour y répondre sans vraiment y répondre. Alors pour cette fois, elle s’avoue vaincue.

« Je l’espère. » Elle a bien envie d’apprendre à le connaître, mais n’en dit pas plus, cela serait lui faire trop d’honneur et elle lui offre d’ailleurs un sourire totalement faux comme pour brouiller les pistes.

La barque vient s’amarrer au bord du fleuve et elle se lève, prenant sa main pour quitter l’embarcation.

« J’ai passé un très bon moment, Lord Lightwood, et vous souhaite une excellente fin de journée. »

Elle n’a pas besoin de l’entendre dire que lui aussi, elle le sait pertinemment et n’aime pas quémander. Mais elle ne s’en plaindra pas s’il a envie de le lui dire.

Dès qu'elle est hors de vue, elle soupire et s'évente. Elle a eu chaud, et la chaleur estivale n'est pas à blâmer.

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