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Les Chroniques de Londres
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Je t'aime [Emil]

Elea Leveson-Gower
Elea Leveson-Gower
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Date d'inscription : 07/01/2021


Message() / Mer 3 Aoû - 14:35
Elea Leveson-Gower


JE T'AIME



I'm sitting all alone, crying on the floor,
Thinking about the same old lies you've told...
I can't bear my broken soul...
The sun is shinning bright and it's torning my insides.
I can hear the silent lightening strike.
Trying to get you off my mind...
I don't wanna think, I don't wanna feel a thing
'Cause you lies ripped my heart appart
Now I am bleeding
'Cause your lies broke my heart so hard
I've been defeted...

Son cœur s'accélérait dans sa poitrine. Il raisonnait dans tout son être tel une prière, une supplique pour rejoindre celui d'Emil. Le moindre de ses battements frappait la cage thoracique d'Arya comme si il cherchait à quitter son corps et se faire entendre de son double aimant. Emil était si près et à la fois si loin d'elle. Les yeux clairs de la jeune femme détaillèrent sa tenue si élégante et pourtant étrangement sombre. Jusqu'à présent, elle l'avait toujours vu porter du clair. Cela lui allait bien mais en même temps, elle peinait à imaginer la moindre chose qui ne le flatterait pas.
Dieu qu'il lui avait manqué... Soudain son monde redevenait un endroit parfait et se remettait à se mouvoir avec plus de grâce. Ses poumons parvenaient à inspirer de l'air sans qu'il ne lui brûle les entrailles. La terre tournait à nouveau à l'endroit. Arya tomberait presque à genoux d'être capable de respirer enfin à présent qu'elle était réunie avec lui. Emil état la palette qui venait rendre ses couleurs à cet univers de noir et blanc par lequel elle s'était laissée happée malgré elle. Le monochrome s'évanouissait alors qu'elle pouvait à nouveau se voir à travers ses yeux bleus teintés d'or.  

La jeune femme se sentit portée vers Emil. Une seconde elle oublia sa douleur et ses questions, poussée uniquement par cet élan, ce besoin, d'être juste avec lui. Elle lui offrit même un sourire timide mais la façon dont il demeura de marbre et s'adressa à elle lui fit l'effet d'une douche froide.
Arya suspendit son pas et demeura où elle était sans pouvoir réprimer la pointe de douleur qui lui transperça le cœur et fit écho jusqu'à son visage qui se déforma sous le choc, autant que la déception.
Elle ignorait à quoi elle s'était attendue en venant le voir, mais elle ne s'était pas préparée à autant de de... froideur. Jamais il ne lui avait parlé avec autant de distance. La fille du Comte de Cambridge mordilla sa lèvre visiblement heurtée.
Sa tête lui hurlait qu'elle n'aurait jamais du venir mais son cœur lui n'en démordait pas ; il voulait ses réponses. Elle réprima donc l'émoi qui bordait ses prunelles et accrochait déjà une perle saline à ses cils, puis acquiesça lorsqu'il lui demanda si elle était à l'initiative de ce détournement de fil. Est-ce qu'il en était fâché ? Est-ce qu'il aurait préféré se prêter au jeu et rencontrer une débutante ? Est-ce que Marlène avait eu raison depuis le début en lui disant qu'il n'était probablement pas digne de cette confiance et des ces sentiments qu'elle avait pour lui...? Est-ce que tous ces moments, tous ces mots échangés n'avaient été que de l'esbroufe ? Non elle ne pouvait pas croire ça. Elle ne pouvait pas s'être trompée à ce point sur lui... Quelque chose en elle lui hurlait d'avoir foi en lui, en eux, mais tout convergeait tant vers le contraire...

- Dangereux pour moi, ou pour toi...? souffle-t-elle.

Elle était incapable de le vouvoyer... Elle ne voulait pas parler au Duc ! Elle ne le connaissait pas cet homme là ! Elle n'était pas là pour lui. Non elle voulait parler à Arthur... A son Arthur...
Arya savait que sa question plus rhétorique qu'autre chose, n'avait pas vraiment lieu d'être car en vérité, que risquait-il lui quant à sa présence ici ? Rien. Il était un grand de ce monde. Il était le Duc de Norfolk, l'homme à la tête d'un des duchés les plus puissants et importants d'Angleterre... Le fait qu'elle soit là ne le mettrait jamais en porte à faux car il était de ceux qui faisaient les règles de cette Société quand elle, n'était qu'un grain de sable.
Non le danger, ne la concernait que elle. Si elle était prise ici dans la résidence privé du Roi et de la Reine, si on apprenait qu'elle avait détourné un jeu de Sa Majesté et qu'en plus elle importunait celui qui couronnerait le prochain monarque, elle risquait la prison et sans doute même un châtiment que son âme innocente était incapable d'imaginer.

A son pourquoi pourtant, Arya fut incapable de ne pas venir le chercher. Il lui volait sa question ! Elle combla le vide entre eux, prit ses mains dans les siennes et l’entraîna en reculant derrière les épaisses branches du saule pleureur sans le quitter des yeux.

- Pourquoi, c'est exactement ce que je veux savoir Emil... Et ne m'appelle pas Miss Harrington !

C'était presque une supplique tant ça lui tordait le ventre sur lequel elle referma ses bras de l'entendre s'adresser à elle de la sorte quand ils avaient passé des mois à se tutoyer dans la complicité la plus spontanée qui fut.

- Je sais que je n'ai pas le droit de te poser cette question de par ton rang et le mien. Tu es Duc, moi... rien et par conséquent tu es libre de faire ce que tu veux des gens de ma condition comme je suis supposée être à ta disposition quels que soient tes besoins...

C'était la règle n'est-ce pas ? Du moins c'était ainsi qu'Arya avait appris les choses. De toujours, elle vivait pour servir les nobles et leur apporter satisfaction. La Comtesse lui avait inculqué une fois sous son toit, que les Grands de ce monde n'étaient pas questionnables. Quels que soient leurs faits, leurs exigences, leurs dessins, dans la décence des choses elle devrait s'y plier.
Pour une raison qu'elle peinait à comprendre, Emil avait choisi d'exercer ses privilèges sur elle en lui mentant. Face à un jury, cela n'avait aucun poids. Ce n'était pas un crime répréhensible. Mais les conséquences pour Arya étaient lourdes. Car en ignorant qui il était, elle s'était laissée allée à tomber follement amoureuse de lui.
Aurait-elle pu s'en empêcher si elle avait su ? Elle réalisait alors qu'elle le regardait que rien n'était moins sûr... .

- Mais je te la pose quand même... Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas dit la vérité ? Si j'avais su j'aurais pu... J'aurais essayé de m'empêcher de...

De t'aimer.
Arya se battait bravement contre la boule d'émotions qui lui nouait la gorge. Sa voix tremblait, mais pas elle. Elle le regardait avec toute l'intensité de son urgence à entendre ses réponses, ses yeux brillants tout en réalisant qu'elle se fourvoyait.
Elle l'avait là, juste devant elle et elle savait que jamais elle n'aurait pu se défendre de l'aimer. Comment l'aurait-elle pu ?

- Dis-moi ce que je suis supposée faire maintenant parce que... parce que je ne sais plus comment être sans toi... lui avoua-t-elle en baissant son regard en proie à un réel désespoir.

Et qu'il ne lui dise pas que le temps ferait les choses ! Il ne faisait rien d'autre que rendre sa détresse de lui plus profonde jour après jour !




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Heathcliff Howard
Heathcliff Howard
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Message() / Mar 30 Aoû - 16:52
Heathcliff Howard

Je t'aime.








Rigide, Emil luttait avec la force du désespoir, pour ne pas fondre et retomber dans ses travers d’antan. Il devait écraser Arthur dans un coin de son être, le relégué à l’état de souvenir. Ce n’était pas tant qu’il voulait retourner dans le mensonge, mais Nicholas avait raison, son mensonge n’avait été qu’une façon pour lui d’échapper à la réalité qui était la sienne et qui l’insupportait ; une façon de s’éloigner de son devoir de duc et d’oublier ce dernier ; une distraction. Il était temps qu’il en prenne conscience et qu’il soit celui qu’on attendait qu’il soit et pas seulement, lorsque cela l’arrangeait. Une distraction certes, qui l’avait mené pourtant à s’éprendre sincèrement de la jeune femme en face de lui, au point de s’en meurtrir le cœur ; de s’en blessé l’âme. Une fois de plus, devrait-il dire. La présence d’Arya dans ces jardins n’était physiquement dangereux que pour elle, mais moralement, c’était dangereux pour lui. Bravement, sans jamais sortir de lui, il avait écouté lui demander de ne pas l’appeler par son nom, mais il n’en ferait rien. S’il le faisait, il sombrerait et il le savait pertinemment. Il ne pouvait pas le faire, pas maintenant ; pas ici.

Sous la voute protectrice du saule, il garda ses yeux polychromes fixés sur la jeune femme, sans décrocher un mot dans le premier temps. Être à ce point loin de ce qu’elle avait connu, c’était sa pénitence à lui. Malgré les bonnes paroles, pleines de sens de Phileas, Emil ne pouvait concevoir qu’elle soit encore aimable avec lui ou qu’elle puisse l’apprécié. Alors, pourquoi revenait-elle en ce lieu, si ce n’était pour le tourmenté plus. Tourments milles fois mérité cela dit. « Vous avez raison, peut-être devrais-je dis Mademoiselle Conishburgh… Même si cela ferait hurler votre belle-mère. » Oui, maintenant, il savait. Il savait depuis avant le bal masqué, mais c’était gardé de le faire savoir. « Votre père m’a mis au courant. Le secret devenait trop lourd pour lui et le mien, trop lourd pour moi. » Il se souvenait oui, comme si c’était hier de cette entrevue avec son ami et mentor. Mais il n’épiloguerait pas, car ce qu’elle venait de dire lui fit bouillir les sangs, le poussant dans un retranchement dont il ne sortait que rarement.

« TU N’ES PAS RIEN, ARYA ! » C’était sorti comme ça, comme d’un coup, sans crier gare, en lui arrachant la gorge et le cœur. Comment est-il dieu possible qu’on inculque ce genre de bêtise dans la tête des gens de moindre classe. « Et je te défends…non !... je t’interdis… de seulement encore le penser, tu entends ? Jamais plus. » Sa respiration était profonde, douloureuse, comme s’il venait de courir plusieurs kilomètres. Ses yeux le brulait atrocement, mais jusqu’ici, il conservait l’acide de ses larmes derrières ses paupières.  « Tu n’as à être à la disposition de personne, surtout pas pour des choses malveillantes. Tu n’as pas à être la victime des gens mal intentionnés ou qui te voudrait du tort. Tu n’as pas à être à ma disposition… Tu n’es pas une chose dont on se sert ! Tu n’es pas un objet ! Tu ne l’as jamais été et tu ne le sera jamais… » Toute sa carrière d’avocat, Emil l’avait passé en espérant changer un peu les choses. Jeune et utopique, il voulait que cesse les privilèges honteux des nobles et cette facilité avec laquelle ils se servaient des plus nécessiteux. Mais la désillusion avait été rapide. Le changement est quelque chose de lent, de parcimonieux. Et la société n’est jamais bâtie que pour rendre les riches plus riche ; les pauvres plus pauvres. Au final, il ne valait pas mieux que les autres, de cela il était tristement conscient.

« Je pense que tu sais déjà, pourquoi… » Il soupira alors, en détournant le regard, avant de lui tourner le dos pour regarder le château. « D’une façon ou d’une autre, tu fais partie de ce monde toi aussi. Tu sais qu’il est difficile, voire impossible pour quelqu’un comme moi, de s’assurer de la fiabilité, de la sincérité de quelqu’un. » Les lumières du bâtiments scintillaient à force des ombres dansantes passant devant les vitres. « Lorsque tu es arrivée sur mes terres, tu m’as traitée comme si j’étais n’importe quel être humain dans ce monde. Une sensation que je ne connaissais plus depuis tellement longtemps. Une simplicité que j’affectionnais lorsque mon frère était encore en vie et mes parents aussi. Je l’ai perdu si brutalement, que la retrouvé était une telle félicité. J’ai sauté à pied joint pour la retrouver et je me suis perdu. Malgré moi, je t’ai entraîné là-dedans. À vrai dire, je ne pensais même pas que je te reverrais après ce jour-là. » Il marqua une pause, pour faire à nouveau face à la jeune femme. « Mais tu es revenue… Encore et encore… et je me suis enfoncé dans le mensonge, parce que j’y étais bien. Parce que je pouvais oublier qui je suis devenu par la force d’un destin qui me dépasse. Mais ce n’était pas si grave que ça, parce que la saison arrivait et que je ne te reverrais pas… Tu oublierais un pauvre palefrenier sans importance, et moi, je pouvais vivre avec ce mensonge-là. Tout en me jurant, que si ce n'était pas le cas, je te dirais la vérité, la prochaine fois.»

Hélas, le reste de l’histoire lui avait donné tort, pauvre fou ! « Mais tu es réapparue ce soir-là, alors que je vivais l’un de mes pires cauchemars : voir ces hommes approchés ma sœur, ma si petite sœur… le diamant de mes jours… Et j’ai encore cédé au mensonge, parce que l’oxygène que tu m’amenais à cet instant, était plus salutaire qu’une confession après un crime. Chaque jour, je retardais l’échéance de te dire la vérité, comme un alcoolique qui promet de renoncer à la boisson. » Ses poings se serrèrent douloureusement, de colère contre lui-même et contre sa bêtise. « Dès le début, sans que j’en sois conscient, tu t’es insinué en moi et tu t’es méticuleusement appliqué à soigner un cœur trop blessé et blasé par la vie. Lorsque je m’en suis rendu compte, c’était trop tard. Et je retardais encore plus l’échéance, car cela signifiait que j’allais tout perdre, encore une fois. Je savais que je te perdrais et je ne voulais pas m’y résoudre. Je ne voulais pas… comme un enfant capricieux… comme ces hommes qui profitent des gens de ta condition… Je suis devenu, ce que je détestais ; ce que je déteste. Et je ne me le pardonnerais jamais… Encore moins, maintenant que je vois à quel point je t’ai fait du mal. Je ne te demanderais même pas de me pardonner, parce que moi, j’en serais incapable. » Plantant ses yeux polychromes dans les yeux azuréens de la jeune femme. « Tu n’es pas rien, Arya… Tu es tout. Tout ce que je voulais, ce que j’espérais, tout ce que j’aimerais jamais et ce que j’ai perdu par ma faute. Et je ne sais pas comment tu peux faire pour être sans moi, parce que je ne sais pas moi-même, comment être sans toi. La seule certitude que j’ai, c’est que je ne te mérite pas… » Solitaire, acide, douloureuse et mortelle, une larme roula sur sa joue. « Non, je ne te mérite pas. » Assure-t-il dans un souffle douloureux, si peu convaincant pour le monde, mais sûr de lui à l'intérieur.


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( Bad dreams in the night)
Out on the wily, windy moors. We'd roll and fall in green. You had a temper like my jealousy. Too hot, too greedy. How could you leave me when I needed to possess you? I hated you, I loved you, too


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Elea Leveson-Gower
Elea Leveson-Gower
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Message() / Mar 13 Sep - 16:42
Elea Leveson-Gower


JE T'AIME



Ce qui me touche  
C'est toi et le bruit de tes pas
Ce qui fait mal  
C'est toi quand tu es loin de moi
Ce qui me brûle
C'est ta peau quand d'autres en rêvent trop
Ce qui fait peur
C'est tes envies quand je n'en fais plus partie.

Elle ne l'avait pas vu depuis ce qui lui semblait être une éternité et son corps en tremblait comme s'il peinait à contenir cet apport de Emil dont il avait tant manqué ces dernières semaines. C'était comme remonter des fin fonds d'un océan abyssal après une trop longue apnée. L'air était aussi salutaire que douloureux. Aussi vivifiant que brûlant. Arya ressentait la proximité du Duc à même sa peau qui se couvrait d'un frisson. A croire que même son derme se tendait vers lui et cherchait à les rapprocher.

La fille du Comte de Cambridge était suspendue au regard de celui qu'elle surnommait son prince. Elle était pleine d'espoir et désespoir mêlés... Voyait-il le flot des tourments qui mettaient son être à la dérive dans une mer de larmes ? Elle avait tant pleuré à la nuit tombée dans l'intimité de sa chambre et le secret de son oreiller que parfois elle avait l'impression que les sillons salés marquaient encore ses joues. Après Emil, Arya ne s'était pas sentie seule. Elle s'était sentie sans lui. Il était partout depuis qu'il n'était plus là. Penser à lui, elle y revenait toujours. Parfois c'était une libération. Parfois une sentence. Emil la délivrait de tant de choses en l'emprisonnant... Un instant triste ? Il l'en sortait par espérance ; elle le retrouverait un jour. Un instant joyeux ? Il l'en sortait par insuffisance : si seulement il était là...

Elle l'avait face à elle. Et elle était bouleversée par cette distance qu'il mettait entre eux malgré leur proximité. Elle lui faisait si mal qu'elle en aurait reculer mais elle ne pouvait s'y résoudre. Même si il la blessait, même si il ne lui donnait pas les réponses qu'elle espérait, elle voulait tout ressentir de lui et de cet instant. Elle voulait s'en gorger... Elle n'avait que faire que ce soit douloureux. Cette douleur, elle l'aimait car elle lui prouvait qu'il était là. Avec elle. Et c'était tout ce qu'elle désirait...

Mais lorsqu'il l'appela Miss Harrington, ses entrailles se tordirent si violemment qu'elle fut incapable de s'empêcher de réagir. Lors de ses révélations, elle avait été si prise de court et choquée qu'elle avait été incapable de réagir autrement qu'en dressant entre eux l'étiquette. Ce soir, sous le sourire de la lune pleine qui caressait la cime du saule pleureur, elle ne put que le reprendre. Son ton était plus vif et sec qu'il aurait dû l'être mais les mots étaient sortis avec cette spontanéité qui la caractérisait tant. Elle détestait qu'il la vouvoie et l'appelle Miss Harrington !

- Vous avez raison, peut-être devrais-je dire Mademoiselle Conisburgh... Même si cela ferait hurler votre belle mère. Votre père m'a mus au courant. Le secret devenait trop lourd pour lui et le mien, trop lourd pour moi.

Arya déglutit et tenta tant bien que mal de dompter les battements de son cœur affolé dans sa poitrine. Son père lui avait révélé il y a quelques jours que Emil avait compris qui elle était réellement et à ce jour elle ne savait toujours pas quoi faire de cette information... Elle s'était demandé si il lui en avait voulu de ne pas lui avoir dit la vérité non plus. En particulier après que lui, lui ait tout révélé. Emil s'était mis en lumière quand elle était restée dans l'ombre de son identité...

- Je ne pouvais pas te le dire... Ce n'était pas mon secret...

Il appartenait à son père. A sa famille... Depuis près de dix ans elle vivait dans une telle résilience quant à son illégitimité que de toute façon, elle ne se considérait pas autrement. Pour la Société, son existence pouvait s'apparenter à un scandale. Mais pour elle, sa vie était juste une chance inouïe. Elle se moquait d'être légitime ou non.
Du moins jusqu'à Emil...
Mais Arya s'interdisait de songer à de telles choses. Elle refusait de se demander ce qu'il serait advenu d'eux, si elle avait été reconnue par son père. Elle aimait le Comte et à aucun moment elle ne voulait laisser la moindre rancœur venir entacher cela. Jamais. Il l'avait accepté, recueilli et éduqué. En plus de tout ça, il lui vouait une affection sans borne. Philéas Conisbrugh lui avait tout donné au prix seul qu'elle ne porterait pas son nom.
Elle ne s'était juste jamais imaginé qu'un jour elle pourrait désirer autre chose qu'être à ses côtés. Qu'un jour, un autre homme viendrait ravir sa place dans son cœur...

- TU N'ES PAS RIEN ARYA ! protesta-t-il lorsqu'elle reformula sa question.

La jeune femme entrouvrit ses lèvres charnues, surprise par la réaction d'Emil qui quittait enfin le bloc de pierre dont il semblait être fait jusqu'à présent. La force et presque la rage... passionnelle...? de ses mots la touchèrent si profondément qu'elle sentit ses yeux s'embuer.
Emil...
Comme toujours, il chamboulait son monde. Lui donnait un autre sens. Tout ce qu'il lui disait, c'était l'opposé de tout ce qu'on lui avait enseigné : les Petits de ce monde répondaient aux Grands... C'était ainsi depuis la nuit des temps... Mais une fois de plus il lui montrait un autre horizon. Un qui n'existait qu'auprès de lui...

Seigneur comme elle voulait le toucher... Comme elle en avait besoin ! Arya accrocha ses doigts à sa robe afin de se contraindre à ne pas aller se lover contre lui. Elle revivait cet instant où il l'avait attiré à lui et serré comme si elle était la chose la plus précieuse au monde à ses yeux lorsqu'elle était venue le trouver après son enlèvement... Leur dernière danse lorsqu'elle avait voulu demeurer un peu plus longtemps dans l'illusion qu'il était Arthur, son garçon d'écurie. Son corps n'avait rien oublié et se languissait de retrouver sa chaleur. La force de ses bras. Le réconfort du son de son palpitant à son oreille. La douceur brûlante de son souffle sur sa peau...

- Dis le moi quand même...

Arya regarda Emil lui tourner le dos et fit un pas vers lui par instinct. La lueur de la lune filtrait subtilement à travers les feuilles et peignaient d'irréels motifs à même le sol et leurs silhouettes. C'était comme s'ils s'étaient soudain trouvés dans un autre monde. Un autre espace-temps nimbé de magie. Au loin, les lueurs du palais scintillaient telles des lucioles à force des ombres virevoltante près des fenêtres. Arya s'en serait émerveillée, si l'instant n'avait pas été si important.
Elle s'avança à côté d'Emil mais plutôt que de suivre la direction de son regard, c'est sur lui qu'elle posa le sien. Sa main effleuré son bras, renouant avec la facilité avec laquelle ils pouvaient être ensemble dans le Norfolk.
Après avoir découvert qu'il était Duc, Arya avait comme souvent trouvé refuge dans la bibliothèque et passé plusieurs heures à étudier l'histoire de sa famille. Elle avait découvert à quel point son duché était important, pour ne pas dire puissant. Emil appartenait à l'Angleterre de par son rang auprès de la Couronne... Et elle avait également appris qu'il n'était initialement pas destiné à hériter...
Arya avait cru mourir de chagrin lorsqu'elle avait perdu sa mère. Lui avait perdu en plus de cela un père et un frère. Et s'était vu soudain charger d'un poids sur ses épaules si lourd qu'il ne devrait jamais être porté par un seul homme... En particulier un homme en deuil et à charge de l'avenir de sa cadette...

Elle sourit doucement, tant pour lui que pour elle. Bien sûr qu'elle était revenue... Encore et encore... Il ne se rendait pas compte que tout ce qu'il lui contait, elle l'avait ressenti elle-même. Lui aussi lui avait offert cet air nouveau. Cette échappatoire. Il avait ouvert à elle un tout autre monde. Un qui n'avait de sens qu'à travers ses yeux à lui.
Lui aussi, l'avait traité comme personne d'autre avant. Il l'avait vue. Réellement vue. Si lui avait sauté à pieds joints pour retrouver une sensation longtemps perdue, elle avait sauté à pieds joints pour courir après cette sensation inconnue. Il l'avait dit lui-même. D'une certaine façon, elle appartenait un peu à cet univers qui était le sien. Et en même temps, pas vraiment. Arya avait toujours eu un peu de mal à se trouver au milieu de cette existence auprès de son père. Sa sœur et la belle-mère la traitaient de façon inférieure car elle n'était pas assez noble. Les domestiques n'osaient trop interagir avec elle car elle l'était trop à leurs yeux.
Emil lui avait donné cette place qu'elle n'avait jamais su trouver. Elle lui appartenait à lui. Avait-il sincèrement cru qu'elle aurait été capable de l'oublier ?

Le Duc serra ses poings et Arya baissa son visage, y posant son attention. Elle enveloppa ses doigts serrés des siens avec une douceur tendre et prit place devant lui. Ses paupières semblèrent faites de papier de verre lorsqu'elle les souleva pour le regarder.
Il l'abreuvait de tous ces mots et elle avait envie d'en pleurer de bonheur. Pouvait-on avoir de la joie dans la douleur ? Pouvait-on aimer avoir un fléau dans la peau ?

- C'est drôle... dit-elle dans un petit rire ponctué d'une larme. Toutes ces choses que tu me dis, ces raisons que tu as qui font que tu nous tiens éloignés depuis des semaines, me font juste t'aimer encore plus...

Comment pouvaient-ils s'aimer et se faire autant de mal ? La perle saline qui roula sur le visage de Emil, cet homme si grand, si fort, si solide à ses yeux lui brisa le cœur. Arya combla le peu d'espace qui demeurait entre eux et essuya sa joue de son pouce. Elle garda sa main en coupe contre lui et posa l'autre sur son uniforme richement ornementé malgré sa simplicité. Elle détailla et caressa avec précaution son écharpe ducale, ses cordons d'or et médailles.

- Je sais pas comment j'ai pu manquer tout ça sous ta cape quand je t'ai revu.

Elle tentait de plaisanter et pourtant, elle était malgré tout, tout à fait sérieuse. A y repenser, elle avait été tellement hypnotisée par lui et tout à son excitation de le retrouver qu'elle n'avait prêté attention à rien d'autre. Elle n'avait eu d'yeux que pour lui.
Avait-il sincèrement cru qu'il pourrait la perdre...?

- Emil... Depuis que je t'ai rencontré je passe mes nuits et mes jours comme si il n'y avait aucune place au monde pour moi loin de toi... Je suis revenue jour après jour te voir car j'étais incapable de me passer de toi... De tout ce que tu me donnais et me montrais... Tu te compares à un alcoolique incapable de renoncer à sa boisson mais sans toi j'ai la sensation d'être en sevrage d'une chose à laquelle je ne veux pas renoncer et de me battre tous les jours contre ce qui prend de plus en plus de place en moi...

Elle l'avait confié au père Howley lorsqu'il lui avait demandé de lui parler de l'homme qu'elle avait dans le cœur. Emil était une maladie et son remède à la fois. Et elle s'abîmait dans ce mal délicieux... Cette fièvre voluptueuse.

- J'ai l'impression que ma vie a véritablement démarré le jour où je t'ai rencontré... Je suis arrivée chez mon père quand j'avais treize ans et je n'avais jamais quitté Longstowe Hall depuis... avec tout ce que cela sous entendait... Et toi tu étais là, à me sourire, me tendre ta main pour m'emmener à cheval avec Platon voir la mer... A me regarder comme si tu voulais engloutir le temps avant qu'il s'enfuît...

Elle en avait appris plus sur elle en quelques semaines à ses côtés qu'en presque toute une vie seule sans lui.

- Ma mère me disait toujours : l'amour est un don, jamais une question. Regarde-moi... Je n'ai rien à te pardonner car il faudrait alors que je te demande pardon à mon tour. Et je refuse. Je ne serai jamais désolée de notre rencontre. Je ne serai jamais désolée d'être ici avec toi. Je ne serai jamais désolée d'être tombée amoureuse de toi...

Elle n'avait pas la moindre idée de ce que l'avenir leur réservait mais elle pouvait vivre dans un monde où elle savait qu'il l'aimait autant qu'elle l'aimait. Là tout de suite, c'était la seule chose qui lui importait... Emil l'aimait.

- Je te donne la moindre once de moi...

Elle était beaucoup trop proche de lui et pourtant elle était exactement où elle désirait être... Ses grands yeux clairs levés vers lui, elle cherchait sa réponse dans ses yeux.
Et peut-être aussi sur ses lèvres...

Ce qui me touche  
C'est toi et le son de ta voix
Ce qui fait mal  
C'est tes bras s'ils s'ouvrent à d'autres que moi
Ce qui me tue  
C'est ton cœur quand ses battements me leurrent
Ce qui fait peur
C'est ton amour s'il devait mourir un jour



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Message() / Ven 23 Sep - 14:43
Heathcliff Howard

Je t'aime.








Depuis combien de temps était-il hors de la fête, lui, le Duc de Norfolk, premier pair héréditaire de ce pays, Comte-Maréchal… Oh, il entendrait parler de son absence là-bas. Personne ne saurait ne pas l’avoir remarqué et dès demain, l’entièreté de Londres le saurait. Mais Emil ne voulait être nulle part ailleurs, que là où il se trouvait actuellement. Parce qu’il était loin des tumultes ennuyeux de la cour ; parce qu’il était avec Arya, et que tout était plus simple, même si pourtant plus compliqué. Confesser son crime n’aurait-il pas du le soulager et lever ce poids sur son être ? Et néanmoins, malgré tout cela, rien ne semble se faciliter dans son esprit. Il est son propre avocat, juge et bourreau. De lui-même, il a fait plaidoyer, comme réquisitoire, pour son mensonge éhonté. Seul, il s’est condamné, avant de s’envoyer à l’échafaud. Il entend encore Phileas lui dire, face à sa promesse de ne plus approcher Arya, qu’il ne veut pas lui imposer cela ; ne veut pas le condamner. Mais c’est le poids de son éducation, de ses études, de son rang et même de sa famille perdue qui le pousse à cela, et il le sait. C’est tout ce qui fait sa personne qui l’empêche simplement d’agir comme le ferait n’importe lequel de ses pairs ; comme l’avait énoncé Mountbatten. 'Installe là dans un appartement et profitez.’ Oh Adrian… l’idée est tentante, mais cette affection pour Arya n’a rien d’une pulsion charnelle passagère. Faire ça, ce serait déshonorer la jeune femme et il s’y refuse. Même si l’idée venait d’elle, il s’y refuserait. Par amour pour elle ; par respect pour son mentor et ami. Alors, il se condamne sans doute à souffrir, mais c’est ainsi. La fatalité d’un destin trop grand et trop puissant pour qu’il ne puisse lutter contre lui. « Je nous tiens éloigné, parce que j’ai juré à ton père, de ne plus t’approcher, afin de ne plus te faire du tort. » Et il s’était amplement trompé, oui, il le reconnaissait sans mal et sans demi-mesure. C’était sans doute la pire de ses idées, la pire des promesses, mais c’était sa punition ; son pilori. « J’ai eu tort. Je ne peux pas vivre dans un monde où tu n’existes pas. »

Si proche de lui et pourtant, elle lui semble si loin. Ses yeux se posent sur toutes ses distinctions, héritée pour la plupart et nullement mérité par lui-même. Le poids d’un mariage arrangé, consommé et qui durera jusqu’à ce que la mort les sépare, avec l’Angleterre elle-même. Épouse et amante insatiable, qu’on ne peut repousser, ni raisonné, sans risquer le retour d’une flamme plus dévastatrice que la lave d’un volcan en colère. C’est son fardeau ; c’est sa vie et son existence qui sont liés à ce décorum. Lui-même ne savait pas comment elle avait fait, ce pourquoi BudeHaven avait réussi à mettre un instant le trouble dans son esprit, en lui assurant qu’elle se moquait de lui. Il ne l’avait pas cru, aveugler par l’amour aurait dit certains ; entièrement confiant envers elle, selon lui. Dans les mains d’Arya, il aurait déposé ses plus noirs secrets, sans méfiance, ni retenue, s’il n’avait pas justement un peu de jugeote et surtout de la décence. Et aussi, parce qu’il ne voulait pas évoquer les fantômes de son passer. Car c’est ainsi qu’on devient fou, en pensant à la nostalgie d’autrefois. Et les paroles de la fille du comte raisonnent à ses oreilles, comme la symphonie envoutante d’une promesse, qui pourtant est une utopie. Quand bien-même Conishburgh accepterait de mettre son plan à exécution, pourrait-il seulement espérer un avenir avec Arya ? Il n’en savait rien. Il s’interdisait de seulement y songer, afin de ne pas finir ivre fou.

Le touché d’Arya sur sa peau. Il ferme les yeux, alors que son sang se fait lave en fusion dans ses veines, rendant la conservation de la bienséance des plus difficile. Pourtant, si quelqu’un les attrapait… Si quelqu’un l’attrapait, elle. Que pourrait-il donc bien lui arriver à lui, de toute façon… Tout ceci est déraisonnable, absurde et douloureux. Chaque parole est magnifique, gorgée d’une véracité à en faire pâlir Dieu lui-même, et toutefois ce sont des pointes chauffées à blanc qu’elle enfonce dans son âme. Entre la joie de se savoir aimer pour qui il est réellement et l’horreur de cette situation impossible. Entre l’envie intestine et violente d’envoyer le monde se faire voir, et la raison qui tambourine à sa porte, qu’il ne peut en aucun cas faire cela. Dieu, Arya, sais-tu seulement ce que tu es en train de faire à ce pauvre homme ? Plus douce tortionnaire, tu ne pourrais être aux yeux d’Emil, qui lutte cependant pour conserver son libre-arbitre et sa conscience intacte. Mais comment le faire ? Comment encore respirer et vire, lorsqu’on est happé par ces yeux hypnotiques ? Comment avoir encore la moindre volonté, lorsque les paroles glissent en vous comme le miel d’une cuillère, pour vous envelopper les sens ? Sa chaleur, l’odeur de sa peau, la douceur de sa chevelure… En un instant, Arya devient le vice auquel il veut succomber et Emil martèle son âme pour ne pas sombrer ; tenir la barre et le cap. « Je n’ai plus rien à te donner Arya… » Sa voix est plus rauque qu’ordinaire, trahissant la lutte en lui. « Tu m’as déjà tout pris… et tu l’as emmené avec toi, le jour où tu as fui au bal. »

Ses yeux polychromes sont désormais fixés sur les lèvres de la jeune femme, qui semble l’appelé comme un fruit trop mûr, tente l’appétit de l’homme qui jeûne depuis trop longtemps. Elle est si proche, qu’il sent même son souffle sur la peau de son visage. Mais succomber, ce serait attenté à la moralité de la jeune femme. Il a juré qu’il ne l’avait pas fait devant son père. Il a juré qu’il ne le ferait pas. Ses mains se sont posées, sans qu’il ne s’en rende compte, sur les hanches de la demoiselle, l’enserrant avec une possessivité qu’il ne se connaissait pas, l’approchant encore plus de lui. S’enveloppant de sa présence, de son être, de sa chaleur, tout en s’enivrant de cela, comme un drogué en sevrage. L’envie est là, les sentiments se battent contre sa raison. Juste une fois ; rien qu’une seule fois. Et à mi-chemin entre la raison et les sentiments, ses lèvres effleurent chastement celle de la femme qui lui a volé son cœur. Et elle se pose là, au coin des lèvres et de sa joue. Pour ne pas réellement l’embrasser, pour ne pas lui ravir trop d’honneur par ce geste déplacé. Rester dans une chasteté relative, tout en trahissant l’urgence et la porter de son désir pour elle. Marqué au fer rouge dans son âme, à quel point il lui appartient, corps et âme.


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( Bad dreams in the night)
Out on the wily, windy moors. We'd roll and fall in green. You had a temper like my jealousy. Too hot, too greedy. How could you leave me when I needed to possess you? I hated you, I loved you, too


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Elea Leveson-Gower
Elea Leveson-Gower
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Message() / Ven 7 Oct - 17:32
Elea Leveson-Gower


JE T'AIME



You know I want you
It's not a secret I try to hide
I know you want me
So don't keep saying our hands are tied
You claim it's not in the cards
And fate is pulling you miles away
And out of a reach from me
But you're here in my heart
So who can stop me if I decide that you're my destiny?

C'était étrange et nouveau, ce qui émanait de son être. Non pas nouveau. Car cette attirance, cette envie d'être avec lui, de le toucher, le respirer, elle lui collait au corps depuis qu'elle l'avait rencontré. Depuis qu'il l'avait emmené à cheval sur la même monture voir la mer... Cette sensation n'avait fait que grandir jusqu'à prendre totalement possession d'elle au point que désormais elle ne pouvait plus s'en défendre. Ses sentiments pour Emil semblaient constituer son monde désormais, jusqu'à la définir elle-même...
Mais jamais, elle n'avait éprouvé avec autant d'intensité ce qu'elle éprouvait là face à lui. Tout semblait décuplé ! Plus fort et plus... urgent ? Elle pouvait mourir pour être à lui, elle le sentait jusque dans ses trippes comme si c'était soudain la seule vérité de l'univers ! Plus que l'air qu'elle respirait, elle voulait être dans ses bras. Elle était incapable de détacher son regard du sien. Elle regardait ses lèvres tel l'appel le plus hurlant qu'elle ait jamais entendu et la moindre parcelle de sa peau semblait le réclamer. Arya avait l'impression de la sentir littéralement se détacher d'elle pour la tirer vers lui. Elle touchait ses mains, mais sa poitrine elle réclamait le torse d'Emil. Cela faisait aussi mal que c'était attirant. Etait-ce cela ? Le désir dont elle avait entendu parler parfois...?

- Tu n'avais pas le droit de jurer cela à mon père...

Incapable de s'en empêcher face à la gravité du ton qu'il emploi qui traduit combien il semble torturé, la main d'Arya quitte un instant le visage d'Emil duquel elle a gommé cette larme et va repousser une mèche de ses cheveux.

- Et je suis presque certaine qu'il ne t'a pas engagé à ton serment.

Pas avec le discours qu'il lui avait tenu après lui avoir avoué que Emil s'était confié à lui quant à son mensonge. Philéas était un homme rigide, très à cheval sur les convenances et la bienséance, mais c'était également un homme droit et noble au sens le plus honorifique du terme.
Arya connaissait son père et elle doutait qu'il ait accepté une telle promesse de la part de Emil. Elle l'espérait de tout son cœur en tout cas... Elle détesterait l'idée que tous deux aient pu prendre cette décision là pour elle sans lui laisser voix au chapitre. Elle pouvait comprendre cette démarque de la part de Emil de par sa culpabilité sans doute, mais pas de la part de son père...
Il était le chef de famille et avait donc ce droit certes, mais Arya aimait à se dire qu'il l'aimait assez pour lui laisser son libre arbitre quant au choix de revoir ou non Emil suite à toutes ces révélations...

- C'est toi le monde dans lequel j'existe...

Elle ignorait ce qui se passait dans sa tête, mais elle voyait ce qui se passait dans ses yeux posés sur elle et plus il la regardait, plus elle voulait aller à lui... La jeune femme déglutit et se tendit inconsciemment d'avantage vers lui. Elle était désormais si proche qu'elle pouvait respirer à ses lèvres, suspendue à l'écho de leurs cœurs qui semblaient s'appeler l'un l'autre.

- C'est faux... souffla-t-elle d'avantage pour elle que pour lui.

Il y avait tant de choses qu'elle voulait encore qu'il lui donne ! Elle ne pouvait y mettre des mots mais c'était vaste comme le monde ! Une vie ne suffirait pas pour recevoir tout ce que Emil avait à lui offrir. Comment ne le voyait-il pas ? Elle voulait tout de lui. Ses nuits et ses jours. Ses sourires comme ses tourments. Ses rires comme ses larmes. En un éternel recommencement. Elle avait appris ses traits par cœur à mesure du temps passé avec lui et elle les avait si souvent dessiné qu'elle pouvait désormais le faire les yeux fermés et chaque fois il se gorgeait de ce renouveau. Il avait ses expressions familières oui, mais il y avait toujours quelque chose d'unique des autres fois dans ses réactions. Parfois ses yeux brillaient autrement. D'autres fois, c'étaient ses lèvres, qui esquissaient une moue légèrement différente. Ou la façon dont il haussait son sourcil...

- J'ai tout laissé de moi à tes pieds lorsque tu ne m'as pas rattrapé...

La porte s'était refermée sur eux et Arya s'y était adossée un instant afin d'encaisser le choc de ce qui s'était passé. L'air lui avait soudain paru plus épais, presque asphyxiant tant exister lui était soudain de venu pénible. Elle avait baissé son regard vers sa poitrine, persuadée qu'elle allait la trouver béante et vide de son cœur brisé laissé derrière elle. Elle s'était sentie telle une coquille vide, dépossédée de son âme qu'elle avait laissé auprès d'Emil, auquel elle appartenait.
Ce soir il la lui rendait...
Lorsqu'Emil agrippa ses hanches de ses mains, le sang d'Arya entra en ébullition et déchaina une vive chaleur en elle qui raisonna de ses tempes au creux de son ventre. Captive de cette ivresse voluptueuse qui l'étreignait, elle s'accrocha au col du vêtement d'Emil et se cambra vers lui sans le quitter des yeux, le souffle plus court qu'elle ne l'avait jamais eu. Il ne l'avait encore jamais regardé comme ça et elle en frémissait des pieds à la tête, emportée par ses propres émotions alors qu'il la rapprochait de lui autant qu'elle s'y avançait.

Arya avait déjà goûté à la chaleur des bras d'Emil autour d'elle à plusieurs reprises, mais rien n'était comparable avec... ça ! Quoique ce fut ! Touchaient-ils encore le sol ou s'était-il ouvert sous leurs pieds ? Coulaient-ils ou volaient-ils ? Elle aurait voulu être capable de figer le temps à cet instant où plus rien n'existait d'autre que la possessivité de ses doigts sur elle et l'incendie qui la dévorait à travers le bleu de ses yeux. Elle voulait brûler jusqu'à n'être plus que des cendres à ses pieds si ça lui permettait de ressentir ça pour l'éternité.
Elle le regardait s'approcher d'elle encore et encore et n'esquissa pas le moindre mouvement de recul alors qu'il vint poser ses lèvres à coin des siennes. Arya implosa et s'accrocha plus fort à lui alors qu'elle fermait ses yeux pour savourer ce moment où Emil s'appropriait le peu d'elle-même qu'elle possédait encore. Une larme chargée d'émoi roula sur la joue de la jeune femme pour aller rejoindre la bouche d'Emil et lui confier ses secrets. Elle portait en elle tout son amour pour lui.
Arya vivait l'expérience la plus intense de toute sa vie et pourtant tout en elle suppliait et aspirait à plus. Il semblait y avoir d'avantage bien qu'elle n'aurait su dire quoi et elle courrait après à en perdre haleine. A se perdre elle-même.

- Emil...

Arya tourna son visage à la recherche de lui, de ce baiser incomplet mais elle n'eut le temps que d'effleurer ses lèvres car une soudaine agitation brisa leur cocon. Elle rouvrit ses yeux et recula tout en oeillant vers les grilles du palais devant lesquelles les voitures commençaient à se presser.

- Je dois partir si je veux arriver avant la voiture de Comtesse à Conisburgh House !

Comme elle n'en avait pas envie ! Comme elle aurait préféré rester là avec lui ! Pour une minute ou même une seconde de plus ! Mais c'était impossible. Arya écarta doucement les branches du saule pleureur qui les abritait de ses feuilles et s'assura que la voie étant libre. Elle allait partir, mais elle revint sur ses pas pour se blottir contre Emil. Tant pis pour le retard ! Elle l'embrassa à son tour, presque à l'endroit exacte où il l'avait fait lui-même pour quelques secondes tendres qu'elle fit durer, puis elle lui offrit son sourire le plus rayonnant malgré le rose à ses joues.
Elle retint sa main aussi longtemps qu'elle le put, puis Arya rabattit sa capuche sur son visage et disparut à travers les jardins.

What if we rewrite the stars?
Say you were made to be mine
Nothing could keep us apart
You'll be the one I was meant to find
It's up to you, and it's up to me
No one could say what we get to be
So why don't we rewrite the stars?
Maybe the world could be ours, tonight


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Can you hear me echoing ?
Here comes a wave meant to wash me away
A tide that is taking me under
Swallowing sand, left with nothing to say
My voice drowned out in the thunder
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