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Les Chroniques de Londres
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I feel the night is on your side [Jacob]

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Message() / Dim 3 Avr - 20:55
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I feel the night is on your side
Jacob

I feel the night is on your side
And I don't recognise this road
We sleep all day and walk all night
You're leading me too far from home

And he says pour another drink
And take a good look around
One more mile is all we have
Until the lost become the found


En arrivant dans la Perfide Albion, qui avait causé tant de souffrances aux siens et régnait désormais sans partage, à ce qu'il semblait, sur l'Europe et sur le monde, Victor s'était trouvé quelque peu  démuni. Non pas qu'il ait eu honte de son choix de destination ; il était heureux de découvrir un nouveau monde qui avait des allures de fourmilière et où il se savait capable de s'élever vers les sommets. Cependant, il lui avait fallu de l'aide, et c'était une chose qu'il n'était jamais embarrassé d'admettre. Son bon caractère s'exprimait en cette matière par une humilité toute à son honneur.

Il s'était donc tout naturellement tourné, car ses questionnements avaient pour la plupart une notion administrative ou juridique, vers un cabinet d'avocats qui l'avait orienté et rassuré sur de nombreux points. Puis, il était parvenu à voler de ses propres ailes, en s'entourant d'une équipe efficace, ce qui lui avait permis de se concentrer sur l'aspect créatif. Trois bonnes années plus tard, il pensait qu'il n'aurait plus jamais besoin de prendre rendez-vous en ces lieux, quand il avait réalisé un détail. Il était fiancé, et son statut allait changer. Vis à vis de la justice, des impôts, des voisins, de sa façon de saluer les nouvelles connaissances, toutes sortes de choses.

Il était toujours perplexe vis à vis de certains points de l'étiquette anglaise. La distance à observer envers les employés, en particulier. Il avait appartenu à un atelier familial, et il avait tendance à reproduire cette relation à l'égard de ceux qui partageaient sa vie professionnelle à présent. C'est que certains lui étaient de plus en plus chers au fil des années, et il avait envie de leur témoigner de la tendresse. Oh, rien de bien scandaleux, une main sur l'épaule en lisant ensemble un contrat... une étreinte platonique pour partager un peu de chaleur par un matin glacial... un baiser sur la joue en apprenant un drame personnel, ce genre de chose.

On lui passait tout ça, c'était un bricoleur étranger un peu excentrique, mais plus le temps avançait et plus il se rapprochait du bourgeois anglais respectable ; et bientôt, marié et sans doute père de famille... Il faudrait qu'il évolue. Or, il ne souhaitait aucunement devenir froid et distant pour faire plaisir à son illustre clientèle. Il tenait à rester celui qu'il était. Son inspiration créatrice serait morte avec ses sourires et ses larmes.

C'est ainsi qu'il arriva à son rendez-vous, à peine mouillé de pluie, par ce beau matin d'été aussi clément qu'un été londonien peut l'être, et retira sa redingote jaune poussin pour la replier sur son bras avec désinvolture, ôtant au passage son chapeau haut-de-forme assorti, en faisant annoncer : Monsieur Victor Nitot, joaillier.

On ne se rappelait peut-être plus de lui, ici. D'ailleurs il avait changé. Pas vraiment physiquement, mais on l'avait sans doute remisé dans les dossiers classés, et il avait fallu ressortir quelques papiers poussiéreux pour préparer cette nouvelle entrevue. Il espérait bien qu'il ne leur causait pas trop de tracas avec ses questions existentielles. Mais il avait toujours été reçu avec patience, et en payant rubis sur l'ongle une fois de plus tous les honoraires demandés, il était bien certain que ce serait encore le cas... même si le nom sur la porte, lui, avait changé. Le prénom, en tout cas.

Jacob... qui lutta avec l'ange. Jacob, qui monta à l'échelle magique menant jusqu'aux cieux. Quel excellent présage que ce prénom-là. Bien sûr, David ou Jonathan aurait été meilleur présage encore, mais il ne fallait pas trop en demander, songea-t-il avec malice en entrant, la main tendue, dans le bureau où l'employé l'introduisait.

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Jacob Evans
Jacob Evans
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Message() / Lun 11 Avr - 8:53
Jacob Evans
I feel the night is on your side
ou une bonne journée de travail


Si il y avait bien une chose que Jacob faisait souvent depuis la reprise du cabinet, c’était ressortir les vieux dossiers. Il n’était pas rare que les clients reviennent après avoir fait fleurir leur commerce pour faire amende honorable sur le mariage. Pareil pour les nobles. Bien que la plupart des futurs maris soient formés dès le plus jeune âge à la paperasse, certains avaient parfois besoin d’une aide supplémentaire. Et quoi de mieux qu’un avocat qu’on paye pour faire le travail à sa place? Malgré que ceux-ci appartiennent à la gentry, le travail n’était pas moindre que celui d’un majordome ou d’un bijoutier. Et en parlant de bijoutier…


Ce matin, Evans avait quitté sa chambre pour son bureau comme d’habitude. Il n’avait point envie d’entendre sa femme lui rabâcher l’arrivée du marché couvert de la reine où il fallait absolument se rendre pour trouver plus de clients. Après tout, l’ancienne génération dépendait du père, la nouvelle dépendrait du fils. Mais il fallait savoir se montrer en conséquences. Bien qu’on soit un simple Monsieur. Cependant, Jacob n’aimait pas trop ce genre de coquetterie. Le travail et la famille, voila les éléments les plus importants pour ce jeune bougon.

Parcourant les contrats et les actes de propriété, Le Brun attendait patiemment son premier client de la journée. Il ne tarda pas puisqu’on lui annonça son arrivée. Jacob se leva alors et tendit sa main à l’interlocuteur.

- Mr Nitot, enchanté. Jacob Evans.

L’invitant à prendre place, il aligna correctement les dossiers qui lui correspondaient.

- Je vous prie de m’excuser de l’absence de mon père, il est souffrant et ne pourra plus s’occuper de votre cas. Je reprends tout ses dossiers un par un et serais dorénavant la personne qui répondra à vos demandes. Que puis-je faire pour vous?

Assis dans son fauteuil de cuir, Jacob appuyait ses deux mains l’une contre l’autre ,en offrant un sourire qui se voulait rassurant pour son futur client. Avec l’arrivée de la fin de la saison, il était clairement évident que le jeune homme devait venir pour conclure un contrat de mariage. Cependant, Jacob préférait laisser le monsieur lui expliquer la situation pour éviter les non-dits. Si on lui avait bien appris quelque chose à l’école d’avocat, c’était bien d’établir une confiance avec le client.


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Message() / Lun 11 Avr - 11:55
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I feel the night is on your side
Jacob

Mais c’est qu’il n’avait pas du tout l’air d’un avocat ni d’un notaire, ce charmant monsieur. Il avait l’air… involontairement, Victor se mordilla la lèvre en réprimant un sourire qui aurait pu apparaître un peu trop appréciateur, même de la part d’un extraverti de la Méditerranée, comme ses nouveaux concitoyens le considéraient parfois ; et quand ils apprenaient ses origines créoles, c’était fini, il devenait impossible de prendre ses humeurs au sérieux. C’était infiniment pratique. Bref. Il se reprit rapidement en rangeant dans un coin de sa tête l’idée, parfaitement inconvenante, que son interlocuteur privilégié avait l’air d’un de ces jeunes soldats que sa maisonnée avait accueillis et soignés jadis, durant les guerres napoléoniennes.

“J’ai des tas de questions. Vous allez me trouver horripilant. Appelez-moi Victor,” offrit-il en croisant ses mains devant lui tandis qu’il s’installait confortablement dans son fauteuil. "Et vous transmettrez à monsieur votre père tous mes bons voeux de prompt rétablissement." Décidément, ici, on était toujours bien reçu. Il se rappelait des entretiens où, l’heure s’y prêtant, on lui avait proposé le thé.

Non, il avait l’air d’un bijou. Ses yeux surtout. Diable, que les yeux d’ange étaient parfois des instruments de damnation, et dire que c’était le Seigneur lui-même, selon la tradition, qui avait créé cet organe-là ; et puis, tous les autres. Victor avait ses théories quant à l’existence de certains points particulièrement plaisants, cachés à des endroits de l’anatomie dont la morale réprouve l’exploration. Dieu avait l’esprit taquin, quand il avait formé ces parts du corps humain.
C’était très vilain de penser à ça alors qu’il s’apprêtait à parler de celle qui allait devenir sa femme. On était censé aborder ces questions comme si l’on dépeignait la Vierge Marie en personne, dans la bonne société. Il le savait, mais c’était si difficile.

“Voilà. Il y a une jeune personne de bonne famille – enfin, Ecossaise, je ne sais pas quelle est votre opinion sur le sujet, nous autres allions volontiers notre sang au leur depuis des siècles – une Catriona Jameson qui m’a fait l’honneur d’accepter ma demande, et...”

Il s’interrompit, détourna le regard, soupira légèrement, et s’efforça de résumer en quelques phrases ces sujets épineux qui, au fond, lui étaient diantrement indifférents. Cela se voyait un peu trop. Un mauvais élève à la récitation n’aurait pas eu une autre expression.

“Vous comprenez. Etant étranger, non titré, assez aisé, mais pas une fortune immense… et elle, quelque peu noble mais sans le sou, comme on l’est parfois dans son pays ; des espérances d’héritage assez complexes auxquelles je ne comprends rien… Oh, et je comptais aussi parler avec vous de questions plus privées. Si cela ne vous dérange pas.”

Son sourire revint aussitôt, lumineux, comme s’il cherchait à se faire pardonner d’avance. Allons, comment allait-il aborder cela ? Les conversations qu’il avait tenues avec cette “jeune personne”, qui tenait davantage du garçon manqué que de la grande dame réussie, quand on lui lâchait la bride dans des lieux absolument confidentiels, ou pire, quand elle sortait costumée en ce sens, n’étaient absolument pas des conversations de nature à mettre à l’aise un avocat londonien. Il s’en voulait à moitié de lui imposer ces gênes, mais d’un autre côté, il y prenait d’avance un plaisir malicieux.

Au fond, s’il aimait sa future femme, ce serait pour sa fantaisie, sa force de caractère, et ces tendances inconvenantes qui, dans un sens, les rapprocheraient. Pouvait-il le dire ? Et comment ? Devait-il l’admettre ? Ou devait-il le vivre, mais le nier ? Quelle partie de leur réputation, de leur vie, serait mise en danger si on la surprenait dans un club ou une rue équivoque, et si on la démasquait ? Bref, des questions qu’il aurait voulu n’avoir pas à se poser, mais qui étaient là, entre lui et ce mariage.

“Elle a ses habitudes, j’ai les miennes. Je ne sais pas ce qui est convenable, voilà mon problème, mon intuition s’y trompe parfois. Ma priorité est l’harmonie de notre ménage, mais j’ai bien conscience que pour être convenable, je ne peux tout accepter. C’est très délicat… si vous préférez vous en tenir à l’administratif, je comprendrai parfaitement.”


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Jacob Evans
Jacob Evans
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Message() / Lun 18 Avr - 19:10
Jacob Evans
I feel the night is on your side
ou une bonne journée de travail



Jacob ne remarqua pas le mouvement de lèvres de son interlocuteur, bien plus concentré sur le sérieux qu’il devait contenir. Si il y avait bien une chose qu’il oubliait dans le cadre de son travail, c’était la déviance. Evidemment, il trouvait certains hommes surtout les jeunes, plutôt charmants. Cependant, son coeur semblait bien attaché à celui qui hantait ses pensées depuis son retour à Londres. Et il le serait encore plus dans quelques jours.

- Si vous saviez le nombre de clients qui me disent ce genre de choses. J’ai plutôt l’habitude, répondit-il en riant.

Il le laissa s’installer et hocha la tête à sa demande. Jacob prenait souvent le temps de transmettre les salutations à son père qui était à présent sur le départ. Prenant une feuille et une plume, l’avocat se tint prêt à résumer leur entrevue.

- Sans le sou? Il y a déjà quelque soucis pour votre personne. Mais continuez.

Jacob prit quelques notes, avant de comprendre que la société anglaise était quelque peu….inconnue à ce jeune premier. Il lui faisait penser à sa personne bien torturée entre ses désirs et la réalité. L’avocat prit une grande respiration et posa sa plume.

- Avez-vous de la famille ici, Victor? Parce qu’il est vrai que dans notre société, bien que je ne connaisse que peu la France, il y a des règles. Tout d’abord, il faut savoir que votre mariage ne pourra être prononcer avant trois semaines après votre demande. De ce que je vois dans vos dossiers, votre boutique fonctionne bien donc aucun soucis à se donner pour le moment. Vous êtes assez riche pour épouser cette demoiselle. En revanche, vérifiez bien que vous ne soyez pas embobiner. Cela pourrait nuire à votre réputation.

Jacob s’arrêta quelques peu avant de reprendre.

- Et qu’entendez vous par habitudes? Encore une fois, sachez que tout cela restera privé. Je ne suis là que pour vous aider à ne pas couler dans cette société.

Père lui avait déjà parlé de quelques rumeurs au sujet du français, mais qu’en était-il vraiment?


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Message() / Lun 18 Avr - 20:43
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I feel the night is on your side
Jacob

"Alors... il ne s'agit pas précisément d'une demoiselle. Pas au sens où vous l'imaginez."

Victor rougit un peu. Par ce climat qui le faisait pâlir, il rougissait facilement. Sa main passa derrière sa nuque, comme s'il était pris en faute. Il se rapprochait de très près d'un certain aveu, mais pour le moment il n'allait pas y toucher. Une seule chose à la fois. Et pour le moment, Catriona était prioritaire.

"Officiellement oui. Mais... Emotionnellement, non. Quand nous sommes entre nous, je lui parle comme à un jeune monsieur, sur sa requête. Son comportement, sa voix, ses réflexes y sont si bien adaptés, et sa tenue lorsque je lui prête mes affaires, qu'il me serait difficile d'en faire autrement même si je le voulais. Oh, et lorsque nous nous divertissons à des simulacres de luttes, je me fais proprement rosser. Ce qui est très amusant. J'ai rendu visite à sa famille dans les landes du Nord, et nos promenades dans ces landes ont été particulièrement... pittoresques."

Ce petit récit l'avait tiré hors de son embarras, et ne lui avait laissé que l'expression heureuse de quelqu'un qui éprouve une sincère affection, et qui parle de la personne qui lui tient à coeur. Son regard, qui s'était perdu sur la gauche tandis qu'il évoquait ses souvenirs, revint s'ancrer droit dans celui du beau brun aux yeux bleus, déjà parce qu'il était plaisant à dévisager, et aussi parce qu'il s'exprimait presque sur un ton de défi. Presque, pas vraiment. Il était réellement nul au jeu des affrontements physiques. Mais verbalement, il était prêt à défendre son futur mariage – d'autant qu'il venait ici quêter la voix de la raison, qui aurait sans doute beaucoup à y redire. Monsieur Evans père aurait sans doute été particulièrement sévère. Quant à son fils, il faudrait voir. Il aurait peut-être plus d'humour, ou un esprit un peu plus aventureux ?

"J'aime beaucoup Catriona, je suis touché de sa confiance, et nous sommes d'accord pour produire quelques rejetons auxquels nous cacherons peut-être ce secret, ou le révélerons, nous ne savons pas encore. Ou peut-être seulement à partir d'un certain âge. En attendant, nous aimons tous deux sortir le soir et faire des rencontres, et nous aimerions continuer sur cette voie après notre union officielle. Chacun de nous deux couvrira l'autre, pour ainsi dire."

Il était sûr de lui, mais pas tant que ça. Après un léger silence qui semblait clore une plaidoirie pleine de passion, il reprit plus doucement, en adoptant une posture plus docile :

"Je crois comprendre que nous nous engageons dans un mode de vie qui voisine au criminel... mais nous sommes devenus amis, à défaut d'autre chose, et en amitié je ne sais pas abandonner quelqu'un face au danger. Plus vous me dépeindrez le danger élevé, plus je me sentirai engagé à ses côtés. D'un autre côté, si je devais être victime d'une arrestation, ma famille en souffrirait... Me voilà face à un terrible dilemme."

C'était surtout ce qui le tourmentait. Pas la réprobation de sa clientèle, le dédain de la Cour – qui lui briserait tout de même le coeur, mais pas au point de lui faire abandonner un engagement d'amitié – ou même les crocs de la justice, quoique cette pensée lui donne des frissons. Mais détruire ce que sa famille avait bâti sous tous les régimes imaginables et à travers l'Europe... il en aurait été meurtri à jamais. Et Catriona lui avait recommandé de ne pas prendre de risques à ce sujet, puisque cela lui tenait tant à coeur. Son bonheur ou sa liberté ne devaient pas coûter trop cher au gentil bijoutier.


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Jacob Evans
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Message() / Lun 23 Mai - 19:41
Jacob Evans
I feel the night is on your side
ou une bonne journée de travail



La discussion prit la direction de la confidence. Si on m’avait appris une chose à l’école d’avocat, c’était toujours d’écouter attentivement le client et de ne pas faillir. Même face aux diverses déviances.

"Alors... il ne s'agit pas précisément d'une demoiselle. Pas au sens où vous l'imaginez."

Je soulève un sourcil face à son rougissement. Que voulait-il exprimer par là?

"Officiellement oui. Mais... Emotionnellement, non. Quand nous sommes entre nous, je lui parle comme à un jeune monsieur, sur sa requête. Son comportement, sa voix, ses réflexes y sont si bien adaptés, et sa tenue lorsque je lui prête mes affaires, qu'il me serait difficile d'en faire autrement même si je le voulais. Oh, et lorsque nous nous divertissons à des simulacres de luttes, je me fais proprement rosser. Ce qui est très amusant. J'ai rendu visite à sa famille dans les landes du Nord, et nos promenades dans ces landes ont été particulièrement... pittoresques."

Le regard posé et l’oreille attentive à mon client, je ne faisais mouche le laissant parler.

"J'aime beaucoup Catriona, je suis touché de sa confiance, et nous sommes d'accord pour produire quelques rejetons auxquels nous cacherons peut-être ce secret, ou le révélerons, nous ne savons pas encore. Ou peut-être seulement à partir d'un certain âge. En attendant, nous aimons tous deux sortir le soir et faire des rencontres, et nous aimerions continuer sur cette voie après notre union officielle. Chacun de nous deux couvrira l'autre, pour ainsi dire."

- Je vois, une union libre donc…

- Je crois comprendre que nous nous engageons dans un mode de vie qui voisine au criminel... mais nous sommes devenus amis, à défaut d'autre chose, et en amitié je ne sais pas abandonner quelqu'un face au danger. Plus vous me dépeindrez le danger élevé, plus je me sentirai engagé à ses côtés. D'un autre côté, si je devais être victime d'une arrestation, ma famille en souffrirait... Me voilà face à un terrible dilemme.

Je déposais alors ma plume pour me lever et faire quelques pas. Cette situation était délicate surtout aux yeux de la société actuelle. Mais que pouvais-je en dire? J’étais moi-même victime de ce genre de vice. Si quelqu’un avait su que je rêvais de mon beau-frère au lieu de ma douce et charmante femme quand je m’en occupais…charnellement. Je serais fini. Le regard vers la fenêtre, je finis par articuler quelques mots.

- Effectivement, c’est un dilemme. Je ne peux vous le nier. Cependant, à part vous dire que vous cacher serait la meilleure des solutions, je ne peux faire autrement. Mais si vous appréciez véritablement cette jeune femme, acceptez cette union. Elle vous sera réellement bénéfique.


Je marque un temps, avant de me retourner vers Nittot.

- Votre secret sera en sécurité avec moi, je vous le promets. Aider mes clients à être heureux est ma priorité. Qu’importe les conséquences.


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Message() / Mar 24 Mai - 9:47
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I feel the night is on your side
Jacob

L’amabilité compréhensive et, somme toute, neutre comme un livre de comptes, que présentait le jeune homme brun, rassurait profondément Victor. Il avait redouté cet entretien et les conseils moralisateurs qui risquaient de s’y attacher, de la part du vieux monsieur sage qu’il avait croisé la dernière fois. Mais il ne ressentait plus du tout cette crainte. En plus d’être charmant à regarder, ce nouvel interlocuteur lui prêtait une attention tout à fait bienveillante.

« Bénéfique… Pour moi, elle serait très bénéfique. Un bon mariage d’amitié vaut mieux que cent mariages d’amour qui n’ont aucune chance d’arriver. Je suis heureux que vous puissiez entendre ce genre de choses, Maître. »

Une autre question lui brûlait maintenant les lèvres. On en était à penser cadeaux de mariage, et il avait réfléchi qu’il y avait une chose qui plairait davantage à Catriona que tous les cadeaux possibles, une chose qui, accessoirement, rendrait le mariage caduc, mais… l’amour ne consistait-il pas à tout abandonner pour l’autre si c’était nécessaire ? Il se leva à son tour, et se mit à arpenter le bureau de long en large. Il était très agité de parler de cela avec un professionnel de la loi, car cela revenait à y faire une petite entorse. Cependant, il ne doutait pas que les cas déjà survenus étaient connus de ce jeune homme qui semblait assez modernes, et que si quelqu’un pouvait l’orienter, c’était lui.

« Cela dit, il n’y a pas que moi dans l’équation. J’ai peur de faire le malheur de Catriona. Ou peut-être devrais-je dès à présent lui demander par quel autre nom il me faudrait l’appeler. Nous avons testé Ionathan dernièrement, et cela semblait lui convenir... »

Victor se tut, se mordilla la lèvre. Tout cela pouvait rester au titre de jeu indécent entre un mari trop conciliant et une épouse trop amazone. Mais là était la difficulté : à quel point cette partie était-elle un jeu, et le reste, la réalité ? Ou à quel point était-ce l’inverse ? Il prit son courage à deux mains, et se porta face à Jacob pour le regarder en face. Il voulait pouvoir lire dans son regard s’il était en train de devenir fou, ou si son propos avait une chance d’être reçu.

« La rumeur dit que ces changements sont parfois possibles, en grand secret, ou sur autorisation royale. Feu Louis XIV en avait pratiqué. Lorsque les signes des deux sexes étaient trop évidents, le choix était laissé à la personne, à condition qu'elle s'y tienne définitivement. Vous comprenez de quoi je parle, Maître Evans. M’épouser et lier sa vie à la mienne l’empêcherait d’envisager cette voie, et je m’en voudrais terriblement de l’enchaîner ainsi. Je ne suis pas quelqu’un d’opportuniste. Ambitieux, oui, mais pas mercenaire. Si je dois être heureux dans cette vie, je ne le serai aux dépens de personne. »

La passion qui l’animait était évidente, même si ce n’était pas une passion amoureuse, mais plutôt celle qui l’animait pour ses principes. Elle disparut entièrement lorsqu’il reprit, morne et presque désespéré par cette perspective :

« Ou pensez-vous qu’il y ait une chance pour que nous soyons transformés par le mariage ? Ou par le fait d’avoir des enfants ? Que cela nous ramènerait dans le rang, pour ainsi dire ? »


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Jacob Evans
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Message() / Dim 29 Mai - 17:36
Jacob Evans
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Il est vrai que j'avais de nombreux clients hors des normes, dirions-nous. Certains étaient attachés aux jeux d'argents et perdaient tout. D'autres avaient une tendance à aimer un peu trop le bon vin. Cependant, je n'avais jamais rencontré de telle personne m'avouant vouloir aider une jeune femme à devenir...homme. Mon client m'avouait en partie sa bougrerie et je ne pouvais pas faire comme mon père dans ces cas-ci. Pourquoi? Tout simplement parce que mon coeur ne battait que pour une personne et cette personne était entre les mains de dieu.

- Je ne peux vous contredire, mon cher. Dans notre société, c'est parfois le mieux à faire. dis-je en passant nerveusement ma main dans ma barbe. Je ne pouvais mentir, j'avais fait partie de cette catégorie moi-même, même si ma femme m'aimait du plus profond de son coeur. Je le savais malgré moi. Ses yeux qui pétillaient à ma vue, ils étaient les mêmes que ceux que j'avais pour une tierce personne.

Le bougre s'avança de façon à ce que nos regards soient proches. Je ne pus m'empêcher de rester sérieux. Il ne fallait pas que je tombe dans de telles folies. Il était clair cependant, après ses dires, qu'il aimait tendrement cette jeune femme et voulait son bonheur; soit la laisser devenir qui elle était vraiment. Je finis par revenir à mon bureau, afin de m'échapper à son regard beaucoup trop insistant.

- Je comprends votre doute et votre désespoir. Je vais vous faire une confidence, mais cela est principalement pour vous aider.

M'affalant légèrement en arrière, je m'apprêtais à présenter mon histoire, bien que ce dernier ne devait en aucun cas le comprendre.

Il y a quelques années, un homme s'est présenté dans ce bureau, tout comme vous. Mon père était encore sur ce fauteuil de cuir rouge à trier ces papiers. Ce jeune homme, à peine âgé 25 ans, se retrouvait dans une situation presque pareille à la votre: quelqu'un lui avait présenté une jeune femme douce et prête à marier. Avec les mois, son affection pour elle était grandissante, mais il y avait un manque. Ce manque était du au fait que son coeur appartenait aux fils d'Adam et cela depuis toujours. D'ailleurs, la personne qui lui avait présenté cette jeune femme...avait reçu un baiser de sa part quelques jours auparavant et l'avait apprécié.

Je posais mes poignets sur mon bureau.

Aujourd'hui, cela fait quatre ans que cet homme a épousé la jeune femme et est père de trois beaux enfants. Mon père lui avait conseillé de renier la luxure et le péché que lui offrait cette vie de bougre. Il a suivi ses conseils et depuis, l'amour qu'il éprouvait pour cet homme s'est transformé et s'est reporté sur son épouse.

Cela était totalement faux. Je ne pouvais m'empêcher de penser nuit et jour aux lèvres de Leopold. Mais, je ne voulais pas que cet homme souffre de la même manière.

- Je ne sais pas quel était le cas en France, mais ici, en Angleterre, ce genre de processus est impossible. Notre société est surveillée par tout le monde et cela ferait la perte de votre bijouterie et de la famille de la jeune femme. Si vous pouvez la soutenir dans cette douleur, épousez-là, faites un beau mariage et rendez-la heureuse avec de beaux enfants. L'instinct maternel viendra tout seul. Faites-moi confiance.




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Message() / Lun 30 Mai - 12:08
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I feel the night is on your side
Jacob

Plus Jacob Evans s'exprimait, et plus son client se décomposait intérieurement jusqu'à ce qu'un chagrin glacé s'empare intégralement de son être, le laissant paralysé, inexpressif, comme s'il assistait à une terrible catastrophe sans pouvoir intervenir. Tous les signaux de son empathie assez développée s'étaient mis en marche mais il ne pouvait pas comprendre ce dont ils l'avertissaient, n'ayant aucune idée de la proximité entre l'homme du récit et celui qui lui parlait.

Il sentait juste que quelque chose n'allait pas du tout, que les conseils qui lui étaient donnés l'entraînaient vers une sorte de gouffre où il risquait de disparaître, et pourtant, il sentait aussi que ces conseils lui étaient donnés en toute bonne foi. Jacob se souciait de lui, tout autant que la réciproque était vraie. C'était un paradoxe qui lui serrait le coeur.

"Je vous fais confiance, je vous assure. Vous connaissez ce pays mieux que moi. Mais alors, comment se fait-il que ma conscience me reproche cette trajectoire ?"

Trop mal à l'aise pour continuer à se promener dans la pièce, conscient que son approche avait en quelque sorte fait reculer son interlocuteur et incertain de ce qui avait causé cette mise à distance, Victor se sentait presque comme un enfant puni. Il baissa les yeux et regarda résolument le bout de ses pieds. Il fallait s'y attendre. De quoi parlait-il en ce moment ? D'un crime qu'il commettait en connaissance de cause envers les lois de son pays d'adoption. Et d'un autre crime dont il souhaitait se rendre complice, et où il entraînait un brave garçon qui se faisait le garant de la dite loi. Il aurait pu être mis à la porte pour moins que ça, et le jeune monsieur Evans était déjà bien aimable de l'avoir écouté sans sourciller.

"Je ne crois pas être un mauvais homme, pourtant. Je me soucie des autres et porte de l'intérêt à leurs destins. Lorsque je me dévoue à les soutenir, mon coeur m'en félicite et se sent plus léger. En ce moment, concernant cette affaire, il me regarde avec désapprobation, si cette image a quelque sens à vos yeux."

C'est qu'il avait réellement connaissance de fraudes semblables commises sur le sol d'Angleterre, il en avait reçu l'écho en confidence de la part d'anciens prisonniers des conflits napoléoniens qui avaient été eux-mêmes soignés par un médecin partageant ce destin contrarié, lequel avait si bien fait admettre sa nature profonde qu'il officiait auprès de l'armée. Mais il comprenait maintenant qu'en ces terres, personne n'en parlait. Pas de gazettes scandaleuses pour divulguer ces aventures et en faire quelque chose de charmant, exciter les passions et encenser le spectacle. Tout se déroulait sous une chape de silence. Et c'était la mort pour quiconque s'exposait en pleine lumière. Les êtres tels que lui, Catriona, ou ce médecin qu'il n'avait jamais rencontré, n'étaient jamais que des vampires. Tôt ou tard, leurs actes éclairés, le soleil les détruirait.

Ce que Jacob Evans lui expliquait en ce moment, ce qu'il lui communiquait, c'était la nécessité de se soumettre à la peur. Et cela, en revanche, n'avait jamais fait partie des pratiques que Victor trouvait émoustillantes... Il ne recherchait que la douceur et l'harmonie. Allons, mieux valait sans doute sauver sa tête, et quant au reste, il verrait ce qu'il en saisirait, s'il avait de la chance... Mais une telle perspective lui pesait réellement. C'était tellement moins chevaleresque, tellement moins héroïque, que ce qu'il avait imaginé du mariage et de ses voeux absolus...

"A vrai dire, à l'idée de me résigner et d'entraîner Catriona dans ma résignation, j'ai juste envie de boire beaucoup d'alcool et de ne plus penser à rien. Cet homme dont vous parlez, a-t-il traversé pareille période de doute ? Est-ce là un simple mauvais moment à passer ?" demanda-t-il finalement, d'un ton quelque peu lamentable, vidé qu'il se sentait  de toute velléité d'atteindre jamais au bonheur.
Au mariage, oui. A la paternité, sans doute. A la fortune, certes. Mais au bonheur... C'était bon pour la Constitution Américaine, ça. Il fallait être raisonnable, dans l'Ancien Monde.

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Jacob Evans
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Message() / Mar 21 Juin - 19:08
Jacob Evans
I feel the night is on your side
ou une bonne journée de travail


Je savais que dans tout les cas, le bougre allait être déçu de ma ténacité et de mon traditionalisme. Mais il fallait parfois s'y atteler dans ce monde où la royauté dirigeait chacun de nos faits et gestes. Un écart et vous étiez fichu. Je savais que si j'avais été aussi fugace et rebelle que je l'avais toujours été, le cabinet aurait coulé et ma famille serait à la rue. Certes, j'aurais été heureux. Mais je l'étais déjà en voyant mes enfants grandir et être certain que leur destin n'était pas compromis.

"Je vous fais confiance, je vous assure. Vous connaissez ce pays mieux que moi. Mais alors, comment se fait-il que ma conscience me reproche cette trajectoire ?"

- Vous êtes un honnête homme du peu que je vous connais. Il est normal de se sentir comme cela. Mais il faut faire des sacrifices en ce monde malheureusement.

Je lui racontais mon vécu sans me l'attribuer. Le jeune homme en semblait perturbé. Cela était évident quand on connaissait les conséquences de ces actes.

"Je ne crois pas être un mauvais homme, pourtant. Je me soucie des autres et porte de l'intérêt à leurs destins. Lorsque je me dévoue à les soutenir, mon coeur m'en félicite et se sent plus léger. En ce moment, concernant cette affaire, il me regarde avec désapprobation, si cette image a quelque sens à vos yeux."


- Je vois tout à fait ce que vous voulez dire.

Je tentais alors de le raisonner petit à petit. Brique par brique. Il le valait mieux. Pour lui. Pour son épouse. Pour leur intégration dans cette société si religieuse et respectueuse de ses moeurs.

"A vrai dire, à l'idée de me résigner et d'entraîner Catriona dans ma résignation, j'ai juste envie de boire beaucoup d'alcool et de ne plus penser à rien. Cet homme dont vous parlez, a-t-il traversé pareille période de doute ? Est-ce là un simple mauvais moment à passer ?"

J'hésitais un instant. Si j'avais voulu m'oublier? Bien évidemment. Pour moi, cela avait été dans le travail et la gérance du domaine. J'ai même hésité à aller voir les filles de joie pour me convaincre que j'aimais les femmes. Cependant, cela s'était arrêté à la naissance de mon fils.

- Ecoutez. Si je peux être des plus honnêtes, le doute vous traversera. Encore et encore. Mais quand vous serez bien établi de part chez nous et que votre premier enfant viendra à naitre, vous oublierez tout vos soucis. Il n'y aura plus que cet enfant qui comptera à vos yeux et adieu la tristesse. Je suis père moi même depuis peu et je vous l'affirme. Les problèmes s'en vont dès que notre attention se concentre sur autrui.

Je finis par noter quelques informations sur son dossier, avant de relever les yeux.

- Ce que je peux vous proposer, c'est de venir me revoir quand vous vous serez décidé. Ce genre de décision demande beaucoup de réflexions.

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Message() / Mer 22 Juin - 0:33
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I feel the night is on your side
Jacob

L'avocat avait convaincu son client de la nécessité de se plier à la règle, mais certainement pas du bien-fondé de celle-ci. Victor avait le coeur au bord des lèvres. Etait-ce vraiment cela, le succès ? Cet homme en face de lui était réellement en train de lui proposer de tout risquer, dans l'espoir de produire une future génération avec laquelle il établirait une relation satisfaisante. Victor aurait pu douter, mais c'était visiblement une expérience que Jacob Evans partageait. Il se mordilla la lèvre et acquiesça rapidement, signifiant qu'il se rangeait à la voix de la raison. A quoi bon se débattre ? Il ne pouvait pas négocier avec Evans, ce n'était que l'intermédiaire, non l'auteur de cet ordre naturel auquel il fallait maintenant se ranger... et ranger les autres.

"C'est dit. Je vous remercie d'avoir été si ouvert et sincère face à des sujets aussi inconvenants."

Victor était lugubre. Sa voix était vidée des étincelles qui l'avaient parcourue. Ses poings se serrèrent, et une dernière étincelle se manifesta, celle de la colère, qui pouvait encore l'animer au-delà du renoncement. Mais il avait l'impression qu'un habile chirurgien venait de pratiquer à une amputation sur sa personne, précise et réussie, mais une amputation tout de même, et qu'il lui manquerait désormais un morceau de sa conscience. Ce n'était pas si grave après tout, puisqu'il n'avait pas le choix, c'est ce qu'il avait vu certains soldats réellement amputés, physiquement pour leur part, au retour de la campagne de Russie, répéter à voix haute ; et c'est ce qu'il se répétait silencieusement à présent, mais ça n'empêchait pas ses poings de se serrer, alors qu'il ajoutait :

"Un point demeure. Il est absolument contraire à ma philosophie de sacrifier une éventuelle épouse à la descendance qu'elle pourrait m'apporter. J'ai un cousin très traditionnaliste à cet égard et il est hors de question que je me conduise comme cet-"

Il s'interrompit, conscient qu'il haussait un peu trop le ton, un peu trop loin géographiquement du principal concerné. Mais il se promit d'écrire une lettre à son cousin dès qu'il rentrerait chez lui. Il ne le ferait sans doute pas, ça ne servirait à rien. Au pire, le mettre en rogne et attirer des ennuis à l'épouse en question, voire la placer en position de devoir rassurer son tyran domestique sur la légitimité de ses agissements. Cette pensée lui laissa une grimace sur le visage, qu'il tâcha de transformer en sourire.

"Bien sûr, il n'est pas question de cela dans notre conversation. Excusez-moi. Encore une fois, je vous remercie du temps que vous avez accordé à mes sornettes. Nous allons discuter de ces projets d'enfantement et il est certain que nous arriverons à une forme d'arrangement. Après tout, nous sommes deux adultes raisonnables."

Il était temps de quitter ce bureau. Victor rajusta son vêtement et s'éclaircit la gorge, tâchant de reprendre contenance et d'effacer toute émotion de son expression. C'était une autre de ces requêtes de la bonne société britannique, après tout. Il commençait à se dire qu'à ce rythme, il ne resterait bientôt plus grand-chose de lui.

"J'ai l'impression que je viens de vendre mon âme," avoua-t-il en rejoignant l'avocat pour lui serrer la main. Il était livide comme s'il portait une blessure. De toute évidence, il ne regagnerait pas son domicile à pied, quelle que soit la distance. "Félicitations pour votre petite famille, en tout cas. Je vous souhaite bien des moments de bonheur en leur compagnie."

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