Edward a perdu le compte. Il a cessé de compter les jours et les nuits qui ne faisaient que de se rallonger, indifférentes des précédentes. Tuer. Survivre. Dormir. Tour de garde. Manger, peut-être. La faim est devenue un concept abstrait pour Edward. Il faut dire que la violence de cet enfer l'empêche d'avoir une once d'appétit sans souffrir de nausées. Il ne cesse de repenser à ses cadavres qui s'empilent, à l'odeur nauséabonde. Non, rien qui ne pourrait réveiller sson estomact endormit.
Même au coin du feu, Edward grelotte. Le froid s'émacie entre les couches de ses vêtements sales qui, disons-le, on connu des jours meilleurs. Même sa mine était mauvaise, blafarde et balafrée par endroit. Il regarde au loin sans pour autant voir. Tout n'était qu'obscurité dans sa tête, une douce torpeur qui l'étreint et l'emmène loin de cette réalité brutale. Il s'évade le temps qu'il puisse, un moment de répit mérité, coupé du monde si bien qu'un instant, il ignore même où il se trouve.
— Tu devrais manger un bout de pain, ptit. Gringalet comme tu es, tu vas pas tenir longtemps.
Cette voix l'arrache de son cocon. Il observe un instant les alentours, puis l'homme dans son dos qui lui tenait compagnie pour ce soir. Percy, si ça mémoire ne lui faisait pas défaut. Edward avise le trognon pain que le soldat lui présente.
— Non merci, j'ai pas faim.Quitte à choisir, Edward aimerait surtout disparaître, pas seulement dans sa tête. Revenir à la maison, apprécier l'odeur du pain fraîchement cuit, embêter sa sœur, Fiona et apprendre ce qu'il savait à ses cadets. Le pourrait-il encore ? Il n'aime pas cette pensée, mais il doit se faire une raison : pas sûr qu'il revienne chez lui.
@Aidan Percy