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LA GARDEN PARTY DE PÂQUES-
Qui ne connaissent pas les fameuses Garden-Party de Pâques qu'organisait annuellement feu sa majesté la reine Charlotte ? En son honneur, la famille royale a décidé de perpétuer cette tradition ! Viendrez-vous nous rejoindre pour une chasse aux œufs ou une ballade en barque ? Venez Participer à la fête....
Je m'habitue de plus en plus à cette nouvelle façon de vivre. J'apprends cette nouvelle façon d'exister et découvre au fil des jours que ce qui m'avait paru insurmontable au début devenait une habitude presque aisée aujourd'hui. Il avait fallu tout recommencer... Tout redécouvrir. Le changement de vie a été brutal et rude. A tel point que j'ai eu la sensation que le temps d'un battement de cils s'était écoulé entre l'instant où j'étais dans notre hôtel particulier de Mayfair et celui où je me suis retrouvée au cœur de ce minuscule appartement de deux pièces au dessus de la brasserie Barclay... J'ai du troquer mes jolies robes de satin contre d'autres confectionnées dans des étoffes bien moins délicates. Renoncer à mes bijoux. Mes parfums. Ma harpe... Tout ce qu'on m'a toujours appris à porter et à aimer depuis mon plus jeune âge en somme... Ce fut dur et douloureux de voir tout ça m'être retiré sans sommation mais désormais je me rends compte à quel point tout cela était futile. Inutile. Car je m'en passe bien aujourd'hui... Je ne dirais pas que ça ne me manque pas ou que je n'ai pas parfois quelques moments de nostalgie et de mélancolie car après tout, c'est avec tout cela que j'ai grandi. Mais je parviens à vivre sans. J'ai eu la sensation qu'on m'enlevait mon identité sur le coup, qu'on me volait ma personnalité mais je me rends compte à quel point j'ai eu tort. Je me redécouvre, en vivant dans la roture. Mes goûts ne font pas qui je suis et j'apprends énormément sur moi.
Si on m'avait dit ce qui m'attendait alors que je me préparais dans l'insouciance la plus totale à ce que je croyais être ma vie toute tracée de débutante, jamais je n'aurais imaginé être capable d'y survivre alors protégée par le luxe et la profusion des salons élégants de la Capitale. Mais la force des choses a fait que et à ma grande surprise, je me rends compte que je suis bien plus débrouillarde que ce que l'on m'a appris à être toutes ces années. Derrière ma délicatesse se cache une témérité que je n'aurais jamais deviné si crépitante ! Derrière mon raffinement un courage brûlant entrelacé à cette détermination qui ne me lâche plus. J'ai la sensation que jusqu'à présent je sommeillais en quelque sorte. Ou que la bienséance du milieu auquel j'appartenais "brimais" ce que j'étais réellement... Ici, dans la pauvreté, tout ressort et je crois que j'apprécie celle que je suis devenue. Je ne suis pas fière de mentir à mes parents ou même à Hermès et sa famille quant à mes activités ou mon identité mais je choisis le moindre mal. Je fais tout cela pour les miens. Pour Luke...
Mon nouveau quartier, East End, est aux antipodes de Westminster et la ruelle où je vis désormais l'opposé drastique de la riche et élégante Mayfair Street où je vivais il y quelques mois encore. J'ai parfois ce pincement au cœur qui m'étreint lorsque chez Hermès je suis confrontée à la beauté et au faste de sa demeure qui me rappelle mon passé pas si éloigné que cela, mais il y a des choses ici que j'aime et apprécie. L'échoppe de fleurs à l'autre bout de la rue par exemple... Elle est toujours si jolie ! J'ai toujours très envie d'y entrer sans oser y mettre les pieds. Il y a la simplicité des gens aussi. Ce quartier a la réputation d'être un véritable coupe gorge et sans doute est-ce vrai selon où l'on se rend mais la précarité je trouve, rapproche également les gens. Tout simple plus... vrai ici. Plus authentique si j'ose dire. J'ai d'ailleurs été surprise de découvrir que tous les pauvres gens, n'envient pas forcément les grands de ce monde ! Beaucoup d'ailleurs, ne nous envient pas ! Enfin "nous"... je ne peux plus vraiment me compter parmi ces personnes. J'ai peut-être toujours le titre de ma famille, sans fortune il n'y a aucun apparat ou pouvoir et sans cela, on n'a aucune place dans les hautes sphères... Pourtant c'est la réalité. Je me souviendrai toujours de ces deux filles à la brasserie qui parlaient en singeant les débutantes et donc indirectement, moi. Je n'avais toujours aspiré qu'à cela ! Faire mes parfaits débuts dans le monde ! Paraître devant la Reine, faire une Saison incroyable avec l'espoir au cœur qu'elle se solderait pas une demande en mariage qui rendrait ma famille fière et qui me permettrait à moi de prendre ma place dans la Société ! Quelle ne fut pas ma surprise alors en les entendant se moquer de ce qu'elles avaient appelé "des frivolités". Elles avaient même plaint les filles telles que moi, nous comparant à quelques poupées ignorantes de tout, soulevant bien des questions dans mon fort intérieur. Etais-je vraiment à plaindre de la façon dont j'avais grandi ? Etait-ce vraiment un monde d'illusion que celui auquel j'avais appartenu si longtemps ? Etait-ce vraiment une fausse vie que celle que j'avais mené jusqu'à lors ? Etait-ce là où je me trouvais maintenant, la réalité vraie ?
Je commence à le croire de plus en plus. Je suis néanmoins contente quelque part que ce qui nous arrive m'ait fait ouvrir les yeux sur des choses que je n'aurais même pas songer regarder avant. Être riche apporte des privilèges et facilite considérablement la vie mais en effet, je sais désormais que j'ai été bercée d'un doux rêve durant trop longtemps et mes priorités ne sont plus aux mêmes endroits... J'espère cela dit que mon père qui travaille d'arrache pied dans ce sens, parviendra à arranger notre situation et qu'un beau jour on retrouvera notre rang et nos biens, car si je me fais à cette vie, ça ne veut pas dire que je l'accepte ou la vie particulièrement bien. Elle est tellement dure... Bien sûr que je voudrais retrouver ce que nous avions. Bien sûr que je préférerais une demeure chaude et confortable. Que j'aimerais remettre de jolies choses et qu'on ait les moyens de soigner Luke convenablement ! Puis mes anciens amis me manquent... Personne n'a conscience ou même connaissance de ce que je traverse réellement et c'est peut-être là le plus difficile dans tout cela ; être toute seule... Tous et toutes me croient partie à la campagne avec ma famille afin de nous mettre quelque peu au vert le temps que les affaires de papa s'arrange, mais personne ne sait à quel point la situation est précaire pour nous... J'essaie de me montrer forte et de me persuader que tout va bien mais tout ne va pas si bien que ça... Il y a des jours comme ça où parfois, c'est plus difficile que d'autres et celui ci en est un. Je me sens soudains prise d'une puissante vague de tristesse et éprouve une larme qui roule sur ma joue. Je l'essuie immédiatement et continue mon chemin.
Le dessin de Hermès roulé dans ma poche afin de ne pas l'abimer pour que l'imprimeur puisse le reproduire le plus fidèlement possible pour le prochain article d'Hermine, je marche perdue dans mes pensées lorsque mon ventre se met à gargouiller. Je pose ma main dessus et le regarde par réflexe alors que je cherche déjà d'où vient la délicieuse odeur qui embaume l'air et m'allèche si fort. J'avise alors l'échoppe du boulanger à quelques mètres à peine et me mordille la lèvre à défaut de pouvoir croquer dans la délicieuse brioche qu'il vient de sortir de son four. Je sors les quelques pièces que j'ai dans ma poche et les compte mais je sais déjà que je n'ai pas assez. Tant pis... Je me détourne, bien déterminée à presser le pas histoire de ne pas tenter d'avantage mon estomac, lorsqu'à travers la foule je distingue un visage familier, pour ne pas dire des traits que je connais par cœur. Mon sang ne fait qu'un tour alors que je cligne des yeux, parvenant à peine à y croire.
- Neal !
Qu'est-ce qu'il fait ici ?! POURQUOI serait-il ici ? Pourtant il n'y a aucun doute possible c'est bel et bien lui sauf que rien ne concorde ! Il n'y a aucune logique à ce que Neal Healey traîne de ce côté là de la ville ! Des souvenirs - pas si éloignés que cela - fusent alors dans ma tête. Un instant je suis à nouveau parée de soie et cours dans les couloirs de la maison vers le salon parme qui fait la fierté de maman où Luke se trouve avec son ami rencontré au collège, fraîchement rentrés pour les fêtes de fin d'année. Neal bon sang ! Il ne faut pas qu'il me voit ! Il ne faut pas que... Crénom de nom il m'a vu ! Horrifiée je rebrousse chemin et me précipite dans la première ruelle en retrait de la grande rue principale mais dans ma panique je ne me rends pas compte qu'il s'agit d'un cul de sac...
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Romeo, save me, They're trying to tell me how to feel. This love is difficult, but it's real...
Il arrive parfois qu’on ne se sente pas à sa place dans cette société. C’est ce que je ressens en tout cas. L’impression d’être comme le vilain petit canard, que ma place est ailleurs et non dans cette « catégorie ». Car oui, on catégorise les gens pour qu’ils se trouvent dans une case et il faut qu’ils la respectent. Sauf qu’on choisit pour nous et nous n’avons pas toujours notre mot à dire sur cela. Cependant, j’ai la chance, enfin si on peut dire que ça l’est, d’être le petit dernier de la famille et donc d’avoir moins de pression sur les épaules quant au choix de ma future épouse comparé à mon frère et ma sœur. Dans un sens c’est peut-être mieux ainsi car après tout, qui voudrait d’un homme marchant avec une canne à mon âge ? Je ne suis sans doute pas le meilleur parti de Londres, c’est une garantie.
Profitant de ce statut, je décide d’aller me balader dans le quartier le moins apprécié de la ville, qui pour le coup m’inspire davantage et je me sens davantage plus à l’aise à déambuler dans ces rues, pouvant être moi-même. Néanmoins, je ne m’attendais pas à croiser un visage familier dans ces rues. Adélina ?! Je la pensais à la campagne car c’était compliqué pour sa famille. - Adélina ?
Je remarque alors que son regard croise le mien et qu’elle semble elle aussi surprise de me voir dans cet endroit, tout comme moi surpris de la voir ici. Je m’avance vers elle afin de la saluer, mais je la vois m’éviter et partir de l’autre sens. Oh ?! Que se passe-t-il ? - Adélina ! Adélina, attend reviens.
J’avance du mieux que je peux et le plus rapidement possible avec ma canne afin de rattraper la sœur de mon ami. Je remarque alors qu’elle tourne dans un cul de sac et j’en profite pour m’avancer à cet endroit afin de la saluer.
- Adélina. C’est Neal. Je m’excuse je ne voulais pas te faire peur.
Lorsque je vivais à Westminster, East End me paraissait être l'autre bout du monde. C'était un lieu presque mystérieux n'existant que dans mon imagination. On ne me parlait jamais de ce quartier autrement que pour me dire qu'il ne fallait surtout pas y aller, que ce n'était qu'un lieu de débauche, de perdition et de racaille où je n'avais pas ma place. Force est de constater pourtant que si au début l'adaptation a été très compliquée car le changement drastique, je m'y trouve plutôt... bien. J'apprécie la simplicité des choses ici. J'aime voir comment les gens travaillent. Être surprise par leur brutal franc parlé qui change tant de la façon dont les gens s'adressaient les uns aux autres dans les salons mondains. D'une certaine façon ici, tout parait plus... "vrai". Je ne saurais l'expliquer. Mais à mesure que je regarde autour de moi et vis parmi ces gens, je ne vois pas tous ces faux semblants et usages exigés par l'étiquette de la Cour qui rythment la haute société. Evidemment tout était plus simple avant dans ma grande maison de Mayfair où nous avions fortune et employés et où nous vivions dans un décors de roman, mais pour autant, c'est quelque chose que j'apprécie ici et qui à mon goût désormais, manque dans les hautes sphères. Dans mon ancien monde, on ne savait jamais si quelqu'un était sincère ou non dans ses propos ! Tout était toujours dit avec élégance et raffinement, mais avec quelle profondeur ? C'était presque impossible à déterminer. Je ne m'étais jamais rendue compte de cela avant d'atterrir dans les quartiers pauvres.
Revoir Neal me ramène des mois plus tôt lorsque j'étais encore de son monde. Je refuse qu'il me voit ! Je refuse qu'il sache ! Personne ne doit savoir ! Bon sang qu'est ce qu'il fiche ici ?! Je suis plutôt certaine que rien de fâcheux n'est arrivé à sa famille pour qu'il se retrouve dans la même situation que moi ! L'avantage de travailler dans une grande maison telle que celle des Wellington, c'est que j'arrive à me tenir plus ou moins au courant de la continuité de la Saison et de la vie mondaine. Quand Luke me disait que les domestiques savaient tout, je n'avais pas idée d'à quel point ! En devenir une moi-même m'a montré combien ces gens sont bien informés et pour cause, ils sont toujours partout et personne ne prête jamais grande attention à eux. Ils vaquent dans les beaux quartiers autant que les couloirs des grandes maison afin de faire leur travaille alors évidemment, ils entendent tout et il n'est pas rare que le soir à la table du dîner, quelques histoires ressortent. Je n'y prends jamais part de peur que certaines de mes réactions puissent trahir le fait que je connaisse de près ou de loin certains sujets de leurs conversations, mais j'écoute. Rien ne m'est jamais parvenu de la famille de Neal !
Je cours aussi vite que mes jambes - et surtout mes chaussures abîmées - me le permettent, voulant fuir le plus loin possible de lui et particulièrement lorsque je l'entends m'appeler. Une plainte désespérée m'échappe alors que j'accélère ma course, les larmes me montant aux yeux tant je me sens acculée à cette situation impossible. Neal ne peut pas me voir ici ! Pas comme ça ! Malheureusement dans mon émoi, je prends la mauvaise rue et me rends vite compte que je suis dans une voie sans issue. Je me retourne, haletante, cherchant de mes yeux hagards un moyen de trouver une échappatoire mais déjà j'aperçois l'ombre de Neal qui s'approche. Je recule contre le mur et me replie sur moi-même, me laissant tomber accroupie au sol en nichant mon visage entre mes bras. Je secoue négativement la tête lorsqu'il s'adresse à moi, sa voix me réconfortant autant qu'elle me fait mal. Neal a beau être avant tout l'ami de mon frère, je l'ai vu si souvent à la maison qu'il est aussi un peu devenu le mien et il m'a manqué. Il me fait réaliser d'ailleurs combien ma vie d'avant toute entière me manque bien plus que je ne veux bien me l'avouer. Sans doute que je m'empêche de trop y penser pour me protéger et ne pas trop la regretter...
- Vas-t-en s'il te plait... Me regarde pas, vas-t-en ! je lui dis, totalement vulnérable.
Je continue de me cacher entre mes bras, lui refusant mon visage mais lui exposant ma détresse. Je me sens trembler mais ce n'est pas à cause du froid. Le temps est plutôt doux aujourd'hui. J'essaie de réprimer mes larmes de mon mieux mais elles se rebellent et roulent sur mes joues quelque peu noircies par la poussière de ma vie dans East End. L'air est différent de Westminster par ici. Plus opaque selon les quartiers. Plus salissant selon d'autres... Les perles salines y creusent leurs sillons.
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Je ne m’attendais pas à retrouver la demoiselle dans cet endroit. Sauf si elle a la même passion que la mienne, ce que je doute fort, je me demande ce qu’elle fait ici. Et surtout cela fait si longtemps, je ne savais pas qu’ils étaient revenus à Londres. Mon ami ne m’a pas contacté, peut-être ne souhaite-t-il pas me voir. Néanmoins je suis assez surpris de sa réaction et je la regarde avec de grands yeux en la voyant partir comme-ci elle ne m’avait pas vu alors que je sais que c’est faux. Je l’appelle comme je peux, attirant le regard de quelques personnes autour de moi, mais qu’importe. J’essaye de la suivre tant bien que mal avec ma canne à mes côtés. Et dire qu’à l’époque j’étais capable de courir bien vite et maintenant me voilà limiter.
Elle finit par se coincer dans un cul de sac et je m’avance tout en me présentant, au cas où elle ne remettrait pas mon visage. Je ne pense pas avoir autant changé mais sait-on jamais. Néanmoins je ne m’attendais pas à cette réaction. Elle cache son visage, se mettant presque en boule dans un coin du mur comme si j’allais lui faire du mal. Elle me demande alors de partir et de ne pas la regarder. Que s’est-il donc passé pendant ces quelques mois d’absence pour qu’elle agisse ainsi ? - Adélina ?! Que se passe-t-il ? Je ne vais pas te faire de mal voyons, laisse-moi t’aider.
Je m’avance lentement vers elle, un petit sourire triste sur le visage pour essayer de lui montrer qu’elle peut me faire confiance. Je lui tends la main afin qu’elle puisse se relever du sol. Cela me fait mal de la voir agir de la sorte car je la considère un peu comme ma petite sœur et je n’aime pas quand les personnes que j’apprécie souffrent ainsi.
La démarche singulière de Neal qui se rapproche de moi est une torture autant qu'un réconfort. Dans d'autres circonstances, j'aurais laissé éclater ma joie de le voir après tout ce temps et je lui aurais sauté au cou trop heureuse de le retrouver, envoyant au diable les convenances. Mais là, la sonorité de son claudiquement et de sa canne sur le pavé me lacère le cœur autant que l'âme. Il ne peut pas me voir ainsi ! Il ne peut pas savoir dans quelle condition je vis depuis tous ces mois que nous ne nous sommes pas vus ! Il doit continuer de croire que nous sommes partis à la compagne ! Il ne doit pas savoir ce qu'on est devenu ! Personne ne le doit ! Bon sang qu'est-ce que j'ai fait ?! Si papa et maman venaient à savoir que j'ai brisé le secret par mon manque d'attention, je ne donnerai pas cher de ma peau. Si notre situation s'évente, tout est fichu... Le tout Londres en parlera dès demain et il ne faudra pas longtemps au Whistledown pour publier le scandale. Les efforts de mon père afin de réparer son erreur et nous ramener dans le haut de la société seront alors vains... Qu'importe que nous retrouvions notre place, tout le monde ne retiendrait que ce que nous sommes en train de traverser et ce serait la disgrâce publique assurée... Le nom de Bridgerton serait pour toujours entaché...
- Vas-t- en, je lui répète en sanglots. Pars !
Qu'il fasse comme si il ne m'avait pas vu ! Peut-être qu'il pensera même qu'il s'est trompé et que je ne suis pas Adélina. C'est pour ça que je m'évertue à ne pas prononcer son prénom. L'espoir est mince et ridicule mais je m'en berce néanmoins. Avec un peu de chance, il se dira qu'il m'a confondu avec une souillon des rues et rebroussera chemin en s'amusant de sa méprise. Mon visage caché entre mes bras, recroquevillée sur moi-même, j'attends qu'il parte. Je tremble tant je me sens en danger. Non pas que je le considère comme une menace, mais tout ce qui risque découlé si il réalise que c'est bel et bien moi l'est et je ne peux me résoudre à y faire face. Les larmes roules inlassablement sur mes joues et redoublent lorsque je l'entends s'avancer vers moi. Je resserre ma prise autour de mes genoux et laisse mes cheveux défaits faire barrière entre nous.
Il prononce mon nom est c'est comme un coup de lame chauffée à blanc dans ma chair. Il sait que c'est moi...Evidemment. Comment ne le saurait-il pas...? Clignant de mes grands yeux larmoyants, je relève finalement mon regard vers lui. Ses traits sont toujours aussi doux et prévenants lorsqu'il me regarde. J'ai cela dit l'impression d'être une souris face à un chat prêt à la dévorer. Je regarde sa main qu'il me tend sans pour autant oser la saisir. Elle est si blanche comparée aux miennes... Et ses vêtements... Je ne suis pas habituée à voir Neal habillé de la sorte, mais le tissu de ses habits - bien que non nobles - demeurent d'une bien meilleure facture que les miens aujourd'hui qui sont tout élimés et rapiécés.
- Pourquoi t'es là...?
Que fait-il dans East End ? Ce n'est clairement pas un quartier fréquenté par les aristocrates ! Ici il n'y a que des ouvriers, quelques gangs de rue et le bas du panier de la société... Je ne comprends pas pourquoi lui, traînerait par ici ! Pourquoi voudrait-il être là de son plein gré ? Car si je ne m'abuse, je serais presque prête à parier qu'il était juste... eh bien en train de se promener !
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Je n’arrive pas comprendre ce qui se passe en face de moi. Adélina, une amie que je connais depuis un petit moment déjà se trouve en boule contre un mur. Elle est en pleurs et cache son visage dans ses bras, se mettant en boule comme-ci j’allais lui faire du mal. Je la pensais partie à la campagne comme son frère m’avait dit et pourtant elle est bien là, en face de moi, en train de pleurer et me demandant de partir. Que s’est-il passé pour que d’un coup elle me considère comme un étranger alors que nous nous entendions bien auparavant. Certes j’étais ami avec son frère et donc passait davantage de temps avec lui, mais je la côtoyais tout de même. M’a-t-elle donc si vite oublié ? Je ne suis pas si sûr… Devrais-je donc partir et la laisser ainsi ? Non je ne pourrais pas. Je sens qu’il y a quelque chose car elle ne pleurait pas comme ça. Je m’avance donc en lui demandant ce qui se passe. Car oui il se passe quelque chose c’est certain.
- Je faisais un petit tour dans le coin. Et toi alors ? Vous êtes rentrés de la campagne finalement ? Mais il se passe quelque chose ? Tu sais que tu peux tout me raconter.
Je ne peux me baisser près d’elle à cause de ma jambe, mais en échange je sors mon mouchoir afin qu’elle puisse essuyer ses larmes qui coulent le long de ses joues. Puis je lui tends la main afin qu’elle puisse se relever. Ce n’est pas tellement un endroit pour une jeune demoiselle de son rang et je suis assez surpris de voir qu’elle est toute seule et qu’elle n’a personne pour l’accompagner durant sa sortie. - Tu es sortie toute seule dans ce quartier ?
Je ne comprends pas ce qu'il fait ici... East End est à l'opposé des quartiers qu'il est supposé fréquenter, surtout pendant la Saison. Si je fais toujours attention à ne pas être reconnue et donc à être discrète lorsque je me rends à Aspley House pour aller travailler, ici je me promène toujours dans l'insouciance la plus totale quant au risque de croiser une de mes anciennes connaissances. Parce que aucune d'elle ne viendrait sciemment par ici ! Il n'y a rien pour l'aristocratie dans cette partie de la ville !
Mes joues poussiéreuses ruisselantes de larmes, je regarde Neal presque avec crainte. D'une certaine façon, j'ai peur de lui. De ce qu'il va dire, de ce qu'il va faire. De ce qui va se passer pour moi ensuite... Personne ne devait savoir que ma famille et moi étions toujours à Londres mais le cadet des Healey va bien se rendre compte que quelque chose cloche. C'est déjà le cas, aux vues des questions qu'il se met à me pauser... J'essaie de contenir ma détresse au mieux mais je n'y parviens plus. Je sens mes pleurs qui continuent de couler le long de mon visage pour aller mourir sur le sol entre mon ami et moi, autant que mon menton qui tremble.
Neal, faisait un petit tour dans le coin, me dit-il et me laissant perplexe. Pourquoi ?! C'était bien ma chance ! Pourquoi spécifiquement ici ? Il y a tant de beaux endroits où se promener au cœur de Londres ! Pourquoi est-il venu dans East End ? Je ne comprends pas... Ca n'a aucun sens... Je donnerais tout moi pour retourner à Westminster... Pourquoi lui veut-il venir ici...?
- Je... Je...
Je ne sais pas quoi lui dire et plus il me pose des questions, plus je me sens vulnérable et acculée. Misérable, je baisse mon visage et regarde ma tenue, me demandant comment il n'a pas remarqué sa pauvreté... Le tissu est grossier, rêche, rien à voir avec les nobles étoffes qui constituaient ma garde robe du temps où il nous visitait à la maison. Mes cheveux sont à peine coiffés d'une tresse retombant sur mon épaule et... je suis crasseuse... East End a cette opacité dans son air. Cette suie des zones ouvrières qui volette et noircit la peau. Les rues sont bien moins entretenues que dans les quartiers riches, ce qui fait que mes chaussures autant que mon bas de robe sont tous crottés et ce d'autant plus qu'il a plu cette nuit...
Je regarde le mouchoir incroyablement blanc qu'il me tend et m'en saisis afin de sécher mes larmes. Le tissu est si doux... Je ne suis plus habituée à ce genre de luxe, même aussi infime. Être avec Neal, plus que jamais me rappelle tout ce que j'ai perdu et à quoi je m'efforce de ne pas penser tous les jours... Je vois quotidiennement ma mère plongée dans cette espèce de mélancolie tant elle peine à se faire à notre nouvelle vie et je ne veux pas faire comme elle... J'essaie de mon mieux de vivre les choses au jour le jour et de les prendre comme elles viennent. Mais Neal ouvre ce tiroir scellé de ma mémoire et y contempler mes souvenirs autant que tout ce que j'ai laissé derrière moi me chamboule fortement... Je sanglote lorsque tendant ma main pour saisir enfin la sienne qu'il me donne pour la seconde fois, je vois le contraste entre nous. J'ai la sensation d'être plus que jamais une souillon face à lui et ça me fait si mal que je ne suis même pas capable de lui parler... Je voudrais tant pouvoir lui dire que nous sommes toujours à la campagne et que je suis simplement en visite à Londres, mais me croira-t-il seulement ?
- Non... Enfin euh... ou...oui...
Je devrais être accompagnée de ma femme de chambre. Ou tout du moins, d'un chaperon. Quel qu'il soit mais il est évident que je suis toute seule... Je relève un regard craintif et gêné vers Neal puis finalement n'en pouvant plus, je comble le vide entre nous et me laisse aller contre lui, pleurant à chaudes larmes. Le ciel décide de m'accompagner et commence à faire pleuvoir sur nous quelques gouttes de pluie. Si au début je m'en moque, l'averse commence à se faire de plus en plus intense, m'obligeant à me détacher de Neal pour regarder vers le ciel capricieux. Il est tellement sombre que quelque chose me dit que tout ça ne va pas s'arrêter tout de suite.
Prenant Neal par la main, je l’entraîne hors de la ruelle où nous nous trouvons pour traverser la rue et trouver refuge sous un porche à plusieurs mètres de là, le temps au moins que ce gros nuage passe. A nouveau seule avec lui, je me laisse choir sur un banc en bois. Nous nous sommes abrités juste à temps avant le déluge ! Me rendant compte que je tiens toujours son mouchoir, j'essuie une nouvelle fois mes yeux puis le lui rend timidement.
- Je ne m'attendais pas à te voir ici... j'ose finalement lui dire de ma petite voix. Tu te promènes souvent dans ce coin de la ville...?
Si je lui parle de lui... peut-être oubliera-t-il de parler de moi...
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Tant de questions me viennent à l’esprit quand je vois Adélina, effondrer au sol, recroqueviller sur elle-même en train de pleurer. Que se passe-t-il donc dans sa vie pour qu’elle soit rendue ici, à pleurer sans pouvoir s’arrêter ? Et elle ne me donne aucune réponse à mes questions, ce qui me laisse penser qu’il y a eu quelque chose de grave. Un mort dans sa famille et elle est à la rue ? La ruine dans sa famille et elle doit vivre ici ? Une chose dont elle a honte apparemment car elle ne répond pas. Pourtant elle devrait le savoir depuis le temps qu’elle peut compter sur moi en cas de besoin. Je suis certes plus proche de son frère que d’elle, mais si elle a besoin, je serais tout de même là. Je ne laisse jamais les gens que j’apprécie dans le besoin, surtout si je peux faire quelque chose.
Elle finit par prendre ma main que je lui tends pour l’aider à se relever et je remarque alors sa tenue qui n’a plus rien des belles robes en soie qu’elle portait avant. J’essaye de ne pas paraître trop surpris, ne souhaitant pas qu’elle se referme à nouveau. Cependant, la voir porter des haillons me laisse presque sans voix. Je finis tout de même par lui demander si elle se promène seule dans le quartier et elle me répond après hésitation qu’effectivement elle est seule. Je ne préfère pas lui faire la morale, cela ne servirait à rien. Je sens bien que quelque chose ne va pas, cela ne sert à rien de lui dire quoi que ce soit maintenant. Elle vient alors se blottir contre moi et je la regarde, surpris, avant de l’entourer de mon bras pour la réconforter comme je peux. Nous disons rien tous les deux, la laissant aller contre moi. C’est la pluie qui en décide autrement et nous partons nous mettre à l’abri, le plus vite possible, du moins pour moi.
Elle s’assoit sur un banc et j’en fais de même tout en observant le déluge tomber. Nous avons eu de la chance. Elle me tend alors mon mouchoir et je souris avant de le lui redonner. J’en ai d’autres des mouchoirs, elle peut bien garder celui-là. - Il m’arrive oui. Cela change des beaux quartiers de la ville, mais dans un sens, j’aime bien me balader par ici. Et toi, que fais-tu ici ? Quelque chose de grave s’est produit c’est ça ?
Neal a toujours été quelqu'un de spécial. D'à part. Au début, je ne comprenais pas vraiment pourquoi mon frère était ami avec un garçon tel que lui. Luke était tellement plein d'assurance et Neal... tellement plus timoré ! Mais j'avais appris à le connaître à force. A travers mes yeux, mais aussi ceux de mon aîné. Il était en général un fort bon juge de la nature humaine et ce don ne l'avais pas trompé quant au cadet de la famille Healey. C'était souvent un jeu entre nous lorsque maman et papa recevaient à la maison de nouvelles têtes que nous ne connaissions pas ! Du haut de l'ancienne salle d'étude où nous faisions ne leçons petits, depuis la lucarne donnant sur la cour de la maison, je faisais mon diagnostique rien qu'en les regardant descendre de leurs voitures ! Luke lui, préférant faire ça depuis le haut de l'escalier, cachés derrière la rambarde. En général, quelques mots échangés entre nos parents et leurs convives suffisaient à lui faire dire si telle ou telle personne nous serait agréable ou non ! Au grand dame de mon esprit de compétition, il ne se trompait jamais ! Neal était le garçon le plus aimable qui m'avait été donné de rencontrer du temps où nous vivions encore sur Mayfair. N'ayant pas pu faire ma Saison, je n'avais pas été amenée à côtoyer autant de personnes que j'aurais du, mais je n'avais pas besoin de comparaison pour être capable de dire que ce garçon là était une des meilleures personnes au monde malgré son côté quelque peu renfermé. Je me fiais à ce que me faisait ressentir Neal à l'époque et à ce qu'il continue de me faire ressentir aujourd'hui alors que je viens de le retrouver après tous ces mois sans le voir ; du confort. L'avoir près de moi me terrorise autant que cela me fait me sentir réconfortée, ce qui est très contradictoire...
Je remercie Neal d'un petit sourire gêné lorsqu'il me fait signe de garder son mouchoir. Il est adorable... Touchée, je le garde entre mes doigts après avoir essuyé une larme rebelle. Un mouchoir... C'était une chose si banale, dérisoire et normal à posséder autrefois alors qu'aujourd'hui je me trouve chanceuse de pouvoir garder celui-ci... Bon sang ma vie a tellement changé ! La valeur des choses est toute autre ici à East End comparé à ce qu'elle était à Westminster... Je réalise une fois de plus combien alors, j'avais une vie privilégiée. Tout ce qui me paraissait légitime d'avoir comme à manger à volonté, chaud l'hiver, frais l'été, avoir de quoi dessiner, lire, un mouchoir brodé... je me rends compte à quel point je me fourvoyais. J'étais insouciante autant qu'inconsciente de ma chance. Rien de mon train de vie n'était normal ! Tout n'était que privilèges... J'ai été éduquée telle une Bridgerton et avec la conscience d'être bien née, d'avoir plus de chance que les personnes nées dans le peuple mais je ne me suis jamais rendue compte ou ni même posée la question sur à quel point justement. Pour moi il était normal que je sois où j'étais, comme il était normal que j'ai des domestiques et qu'il y ait des gens pauvres dans la rue car le monde était ainsi.
- Pourquoi tu fais ça...? je lui demande lorsqu'il reconnait se balader souvent ici.
Bon sang si je m'attendais à ça ! Jamais je n'aurais pu imaginer que Neal passait son temps libre à venir flâner dans ces rues pauvres et malfamées !
- Moi...? Euh... je...
Lorsqu'il me demande si quelque chose de grave s'est passé, je pince mes lèvres et réprime de nouvelles larmes alors que je ramène mon visage vers lui. Ma gorge nouée, je secoue la tête, impossible de lui répondre pour le moment, trop en proie à mon émoi. A quoi servirait de nier...? Il m'a vu ici. Toute seule sans chaperon et habillée dans mes guenilles... Il est loin d'être bête. Et je n'ai pas envie de lui mentir... Tout ça me pèse tellement au quotidien ! Je fais comme si ce n'était pas le cas afin de ne pas accabler ma famille qui se bat assez comme ça mais au fond de moi, bien que j'essaie de mon mieux de m'accommoder de tout ça, je ne vis pas bien tout ce qui nous arrive. Mayfair me manque. Mon ancienne vie me manque. Mes amis... Mon rêve de faire mon entrée dans le monde car c'était un évènement que j'attendais avec impatience. Je voulais voir la Cour ! La Reine ! Aller à des bals ! Porter de jolies robes... Ça peut paraître frivole de ma part mais c'est néanmoins en moi...
- On n'est pas parti à la campagne... Les huissiers sont venus à la maison un matin et ils ont... ils ont tout pris... Papa et maman ont dit qu'on allait à la campagne afin d'éviter le scandale et nous laisser une chance de pouvoir revenir lorsque les choses iront mieux mais...
Je m'interromps, réprimant un sanglot. Bon sang ce que ça me fait du bien d'en parler ! Tout ça pesait si lourd sur ma poitrine !
- Mon père s'y efforce tous les jours de son mieux. Maman... a du mal à accepter ce qui se passe mais je l'aide de mon mieux.
Ma mère était celle qui était la plus dans le déni. Elle si amoureuse de la vie mondaine avait sombré dans une sorte de mélancolie, sans doute pour maintenir un peu l'illusion de son ancienne vie en y restant quelque peu plongée, même si ce n'était qu'une illusion.
- Luke est... Luke...
Je me brise à nouveau, incapable d'en dire plus alors que l'état inquiétant de mon frère me saisit à la gorge. En pleurs, je plonge mon visage entre mes mains. J'ai tellement peur pour lui ! Il n'y a pas un jour où je ne suis pas terrorisée à l'idée de rentrer chez moi et voir mes parents la mine déconfites attendant de m'annoncer l'horrible nouvelle.
- Il est très malade Neal... Depuis qu'on vit dans cet appartement il... L'appartement est très humide et il a tellement de mal à respirer je ne sais pas quoi faire pour l'aider ! je sanglote. Tu... tu dois rien dire à personne Neal ! Promets moi que tu ne diras rien !
Le mensonge devait perdurer afin de nous permettre de nous sauver. Papa était déterminer à nous rendre notre rang et j'avais confiance en lui. Il y arriverait. Même si ça prendrait du temps... Mais pour que cela marche, la Société devait continuer de croire que tout allait bien pour nous ! Que le nom de Bridgerton n'était pas entaché !
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Romeo, save me, They're trying to tell me how to feel. This love is difficult, but it's real...
Pourquoi je fais ça ? J’ai toujours aimé découvrir Londres et tous ses quartiers, les luxueux comme les plus pauvres. Cela m’apporte toujours quelques idées pour écrire des histoires, et puis j’avoue que je suis fasciné par toutes ces petites mains qui s’activent pour qu’on ne manque de rien dans notre quotidien.
- Pourquoi je ne le pourrais pas ? J’aime juste me balader et visiter les différents coins de Londres.
Je lui retourne alors sa question, car elle ne vit pas dans ce quartier en temps normal. Mais j’ai l’impression que les choses ne sont plus comme elles sont dans sa famille. Je la vois se mettre à pleurer à nouveau et la prend dans mes bras afin de la consoler tandis que la pluie continue de tomber sans s’arrêter. Est-ce si grave que cela pour que ça la mette dans un tel état ? Elle finit par reprendre la parole et je l’écoute alors me dire que les huissiers sont venus prendre sa maison. Ils ont fini par dire qu’ils partaient à la campagne pour éviter les scandales. Elle me parle alors de mon ami et j’apprends alors qu’il est tombé malade à cause de l’endroit où il vit. Cela me fait de la peine d’entendre tout cela. Comment cela est-il arrivé ?
- Je… je suis vraiment désolé pour tout ce qui s’est passé… Je ne dirais rien je te le promets. Est-ce que je peux t'aider pour quelque chose ? Je peux voir pour payer le médecin pour Luke. As-tu besoin de vêtements ? Judith peut sans doute se passer d’une ou deux robes. Et pour manger, est-ce que c’est bon pour toi ?
Si seulement c’était ma demeure, je l’aurais hébergé sans difficulté, mais c’est celle de mon grand-frère et je ne souhaite pas lui imposer quoi que ce soit. Cependant, si je peux lui venir en aide d’une autre façon, je le ferais avec plaisir.
Il se balade par ici parce qu'il... parce qu'il aime ça ? Je continue de le regarder sans vraiment comprendre. Pourquoi ? Pourquoi si il a le choix, vient-il ici ? Il a accès à tous les plus beaux quartiers de Londres alors pourquoi de tous, choisit-il East End qui est le plus... pauvre ? Que peut-il aimer voir ici et trouver de mieux qu'à travers le reste de Londres ? Je ne dis pas qu'il y a que du mal en ces lieux. Moi même avec le temps j'ai appris à dépasser mes préjuger et à apprécier certains aspect de cet endroit autant que de ses gens mais je mentirais si je disais que je ne rêvais pas secrètement de retrouver ma vie d'avant... Tout était si simple alors ! Luke allait bien ! Maman souriait tout le temps et papa n'avait pas cette ride de soucis constante entre ses deux yeux... Il faisait chaud l'hiver dans la maison. Frais l'été. Il y avait à manger à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit pour un peu que nous sonnions une petite clochette. Je m'efforce à me dire que je ne suis pas malheureuse à travers cette nouvelle existence afin de me donner le courage de continuer de me battre chaque jour pour avancer mais je ne peux pas me qualifier d'heureuse non plus...Cette insouciance là, je ne l'ai plus depuis que ma famille a déchu... Les seuls moments de répit que je m'octroie, qui éclaire toute cette nouvelle obscurité de pauvreté, ce sont les instants passés auprès de Hermès... Ce n'est pas facile de servir quand on a été servie toute sa vie, mais je fais de mon mieux et au moins ça me permet d'être avec lui. Lui qui aurait du être mien si tout s'était déroulé comme prévu, mais qui m'était désormais interdit...
Neal me retournant ma question me prend de court. Je pourrais lui mentir. Je veux lui mentir même. Partagée entre la honte que j'éprouve et la peur que la nouvelle soit colportée mais je me ravise. C'est Neal dont il s'agit. Pas n'importe qui. A lui je peux parler. Il est l'ami de Luke avant d'être le mien mais il a toujours été bienveillant envers moi. Il est un peu comme un second grand frère, d'une certaine façon et l'avoir là si près de moi me donne juste envie de me jeter entre ses bras et pleurer tout mon saoul. Je croule sous le poids de tout ce que je porte seule et me craquèle sous la charge. Peut-être qu'il peut m'aider à la porter...? Oui. Peut-être. Alors avant même de le réaliser, je me mets à tout lui raconter. Je lui épargne les détails sordides de comment tout cela est arrivé puisque je ne le sais pas vraiment moi-même. Je sais juste que mon père a fait un mauvais placement qui lui a coûté bien trop cher... Mais je lui conte tout le reste. A l'exception de la partie où je me travestis dans le but de travailler aux côtés de mon ex fiancée dont je suis tombée amoureuse, bien sûr...
Mon visage plongé entre mes mains, je pleure toutes les larmes de mon corps à présent que tout est sorti. Je me sens mieux d'avoir pu me confier, mais aussi terriblement mal. C'est la première fois que j'évoque tout cela à voix haute et le dire ne fait que tout rendre plus réel encore et en particulier la maladie de mon frère. J'aime mes parents, j'aime même ma sœur aînée qui nous a tourné le dos en apprenant ce qui nous était arrivé histoire que le scandale ne risque pas l'éclabousser dans sa nouvelle situation de femme mariée, mais Luke est tout pour moi et j'ignore ce que je ferai si je venais à le perdre...
Lorsque Neal me propose son aide à peu près dans tous les domaines possibles et imaginables, je sanglote avant de relever mon visage ruisselant de larmes vers lui. J'essuie mes joues de ma manche élimée et hausse mes épaules. J'ai désespérément besoin d'aide oui ! Toute seule je ne peux pas tout gérer mais puis-je pour autant accepter tout ce qu'il m'offre...? Ai-je le droit d'accepter ?
- Tu pourrais vraiment faire ça...? J'ai essayé de lui acheter quelques médicaments mais rien ne semble marcher et le médecin coûte trop cher pour nous... Je ne sais pas ce qu'il a Neal ! m'alarmai-je encore. Il a tellement de mal à respirer !
Je baisse mon regard sur ma robe aux couleurs passées et raccommodée d'un peu partout. Une nouvelle ne serait pas du luxe et j'aurais sans doute pu m'en racheter une autre avec les gages que me payent les Wellington, mais je préfère dépenser ça en nourriture, plantes ou même bois pour la cheminée afin que Luke regagne des forces...
- Je... J'ai un travail... On m'offre le couvert et même le gite mais je préfère rentrer auprès de ma famille le soir... Et je donne ce que je gagne à maman pour que eux aussi puissent manger.
Quelque peu calmée, j'essuie une nouvelle fois mes yeux avant d'oser regarder Neal. J'essaie de lui sourire à travers mes pleurs versés. Jusqu'à présent je ne lui ai offert que mes larmes de crocodiles et il mérite quand même mieux que ça...
- Parle moi un peu de la Cour ! Judith a fait ses débuts cette année je crois ? Comment se débrouille-t-elle ?
Je ne connaissais la sœur de Neal personnellement. Je ne savais d'elle que ce qu'il m'en avait dit mais pour l'avoir aperçu à quelques reprises, je me souviens m'être dit qu'elle était incroyablement jolie et qu'elle attirerait sans doute l'attention lorsqu'elle ferait son entrée dans le monde. J'aurais du faire mes débuts cette année également... Ce rêve avait été cassé dans l'œuf mais je n'en demeurais pas moins curieuse de tout ce que je ratais à la Cour de Sa Majesté.
- Et toi ? Est-ce que tu l'accompagnes ? Tu as du rencontrer du monde ! Peut-être... Hermès de Wellington ?
Ouh sur quel terrain glissant suis-je donc en train de m'aventurer là ? Trop tard. La question est posée.
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J’écoute attentivement Adélina quand elle se met à me raconter l’histoire de sa famille et ce qui s’est passée pour qu’elle en soit arrivée là. J’avoue que cela me fait beaucoup de peine car c’est une famille dont j’ai été très proche, en particulier de Luke qui était un très bon ami. Alors savoir qu’aujourd’hui c’est compliqué pour eux, ça me fait de la peine. Je lui propose alors mon aide si elle souhaite que je paye le médecin pour son frère et si elle souhaite quelques robes et à manger.
- Je verrais pour que le médecin passe chez toi alors. Il faudra que tu me dises où vous habitiez à présent s’il ne peut pas bouger. Je suis sûr qu’il va trouver ce qu’il a et le soigner.
Enfin j’en ai aucune certitude à vrai dire, mais ça me fait mal de la voir ainsi et j’aimerais beaucoup lui donner de l’espoir pour que ça change un peu sa vie. Je l’écoute alors me dire qu’elle a un travail et ce qu’elle gagne elle le rapporte chez elle pour sa famille.
- Je vois. Le travail se passe bien ? Si tu as besoin, n’hésite pas à me le dire tout de même.
Je devrais bien trouver de quoi manger dans les placards de notre maison. Je souris quand je vois un semblant de sourire derrière ses larmes et elle change alors de sujet en me demandant comment se passe la saison pour Judith.
- Non elle a déjà fait deux ou trois saisons à présent. Mais bon, c’est une sacrée demoiselle et je souhaite d’ailleurs pour courage à celui qui l’épousera.
Elle a un sacré caractère, mais c’est ce qui peut faire son charme comme diraient certains. Moi je dis qu’il faut la supporter, mais je l’aime quand même.
- J’essaye de l’accompagner le plus possible effectivement. C’est ma première année je découvre un peu ce monde. Non ce nom ne me dit rien. Qui est-ce ?
Lorsqu'il me dit qu'il enverrait un médecin pour voir Luke, j'eus envie de pleurer à nouveau, mais de soulagement cette fois. J'avais proposé l'idée un soir à mes parents alors que mon frère toussait à en suffoquer, à m'en faire suffoquer moi-même tant j'avais mal de le voir ainsi, qu'on fasse appel à des amis afin qu'ils nous aident mais ils avaient refusé catégoriquement. PERSONNE ne devait savoir la précarité de notre situation. Je le comprenais, j'en connaissais les enjeux mais sur le coup ça m'avait tant révoltée que pour la première fois de ma vie j'avais haussé le ton fasse à mon père et ma mère. Je savais très bien que nos anciennes relations ne devaient sous aucun prétexte avoir vent des nos difficultés, de nos nouvelles conditions de vie, mais je ne comprenais pas comment ils pouvaient préférer garder ce secret au fait de soigner Luke par tous les moyens ! J'avais tant enragé que pour une fois, maman était sortie de son espèce de mélancolie pour me gifler et me rappeler le respect que je leur devait, tout comme mon rang. Mon rang qui n'existait plus... Mais que je ne devais pas oublier pour le jour où tout irait mieux et où nous pourrions réapparaître dans le Monde... Si on le pouvait un jour, avais-je baragouiné en allant m'enfermer dans la minuscule pièce qui me servait de chambre et que je partageais avec mon frère. J'avais pleuré contre lui ce soir là et il m'avait apaisé malgré son mal qui le rongeait.
Que Neal propose son aide sans que j'ai à la lui demandé, j'aurais pu l'embrasser ! Un instant le poids qui pesait sur mes épaules à me faire tomber à genoux certains jours sembla disparaitre. Il m'en libérait pour s'en charger lui et me permettre de respirer.
- Je... commentai-je en baissant la tête, penaude
C'était délicat de lui dire où nous vivions... Neal avait connu notre bel hôtel particulier si élégamment et richement meublé et décoré. Nous avions beau ne pas faire partie de la haute noblesse, les Bridgerton n'en était pas moins fort fortunés et ce n'était un secret pour personne à Londres. Ça avait bien changé... Je me demandais d'un coup, ce qu'était devenu notre maison. Est-ce que quelqu'un d'autre l'avait acheté et y vivait désormais...? L'idée me fit mal au cœur à l'imaginer.
- On vit au dessus d'une brasserie de East End... Dans un petit appartement...
Et le mot "petit" n'était pas exagéré. Seules deux pièces constituaient les lieux. La pièce à vivre qui était la plus spacieuse si on pouvait appeler ça ainsi et faisait office de salon, salle à manger, cuisine, bureau et chambre parentale et la seconde, que je partageais avec Luke mais qui avait tout juste la place pour nos deux lots et une petite table de chevet.
- C'était un peu dur au début... je reconnus.
Forcément, je n'avais jamais travaillé de ma vie ! J'avais été élevée pour devenir une dame du monde. Une future Lady. Les domestiques étaient là pour tout faire pour moi sans que j'ai à lever le petit doigt pour autre chose que ce qu'une débutante devait accomplir. Je fus reconnaissante à Neal de ne pas me juger ou s'horrifier en entendant que je travaillais. Bon il ne savait pas ce que je faisais non plus ! Si je lui disais que je me travestissais en garçon pour travailler au service et donc dans l'intimité d'un homme, pas sûre qu'il l'accueillerait de la même façon ! A raison... Ce que je faisais était inconscient, au delà de l'inconvenance mais...
- Mais oui. D'une certaine façon j'y ai même pris goût.
Je n'avais jamais autant ressenti mon jeune âge qu'à cet instant. A la seconde où le nom d'Hermès franchit mes lèvres, je me sentis rosir jusqu'à la racine de mes cheveux et serrai mes mains autour du mouchoir de Neal que je sentais humide de mes larmes versées capturées dans ses fibres cotonneuses.
- C'est personne !
Crédibilité, zéro pointé ! J'avais répondu bien trop vite et complètement sur la défensive et voilà qu'à présent, j'étais écarlate avec mon cœur prêt à jaillir de ma poitrine. Je fus surprise cela dit que Neal n'ait jamais entendu parler d'Hermès. Après tout la famille de Wellington était un des duchés les plus célèbres du royaume d'Angleterre suite aux faits d'armes du Duc face à Napoléon ! Je relevai mes yeux hésitants vers lui et compris qu'il n'était clairement pas dupe. Pinçant mes lèvres, j'hésitai un instant puis me dis qu'au point où j'en étais... Puis encore une fois, c'était de Neal dont il s'agissait. Je savais que je pouvais lui faire confiance. Je voulais lui parler... J'étais tellement toute seule face à tout ce que je vivais... Être capable de pouvoir me confier à nouveau et me reposer sur quelqu'un était aussi libérateur que soulageant.
- Le frère du Duc de Wellington... J'aurais du... enfin si j'avais fait mes débuts comme prévu je pense que euh... qu'il aurait pu... enfin que lui et moi...
Rolala que c'était difficile à exprimer ! Je ne pouvais pas trop lui en dire et pourtant je le voulais tellement !
- Je l'ai croisé à plusieurs occasions. Il ne sait pas que j'existe ou qui je suis mais nos pères s'étaient dit qu'on aurait pu se plaire... J'aurais tant aimé faire cette Saison rien que pour pouvoir l'approcher Neal... Mais c'est sans espoir maintenant...
Je ne mentais pas finalement. Il connaissait Luke qui était son valet. Mais Adélina n'était personne pour Hermès. A mon grand désespoir...
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Cela me fait de la peine de savoir que sa famille a tout perdu et qu’en plus son frère et mon ami ne va pas bien. Je lui propose alors de faire venir un médecin dans sa famille, et je me dis alors que je peux peut-être demander à Daegan de passer, après tout il fait des études de médecine, peut-être qu’il pourra l’aider. Je lui demande alors de me donner son adresse afin de savoir où elle vit à présent. Je vois bien que c’est dur pour elle de me le dire, sans doute par honte, mais je pose ma main sur la sienne pour lui montrer que je la soutiens et qu’elle peut me faire confiance, je ne la trahirais pas. - Bien. Je viendrais avec le médecin, si cela ne te dérange pas bien sûr. Je demanderais peut-être à mon frère. Il lui reste une année de médecine, peut-être qu’il peut vous aider.
Sinon on demandera à un de ses collègues. Je lui demande alors comment le travail se passe, car elle n’avait jamais travaillé à l’époque, ayant été élevé afin de devenir une épouse et mère par la suite. Elle me répond alors que ça a été dur mais qu’elle a fini par y prendre goût.
- C’est une bonne chose alors. Que fais-tu comme travail ?
En tout cas si elle a besoin de quoi que ce soit, nourriture, vêtements ou autres, qu’elle n’hésite pas à me le demander, je l’aiderais avec grand plaisir.
Elle me parle alors d’une personne et je la regarde, surpris, me demandant qui cela peut-il être. A mon avis, ce garçon n’est pas « personne » comme elle me le dit au vu du rouge sur ses joues, ce qui me fait légèrement sourire, amusé de la situation.
- Ce « personne » arrive tout de même à te mettre le rouge au visage.
Néanmoins, je cherche si le nom de Wellington me dit quelque chose, mais j’avoue que j’ai beaucoup de mal à retenir les noms, étant plus physionomiste. Je l’écoute alors me répondre que c’est le frère du Duc et effectivement, cela me dit quelque chose. Elle bafouille dans ses explications et je finis par comprendre qu’elle semble éprise de lui et qu’ils avaient peut-être des chances de se plaire si elle avait participé à la saison cette année.
- Je comprends mieux. Le nom Wellington me revient à présent. J’ai dû le croisé mais nous n’avons jamais eu l’occasion de discuter. Et ne dis pas cela. J’ai peut-être une idée. Il y a un bal masqué dans quelques jours. J’imagine qu’il sera invité. Tu peux peut-être t’y rendre aussi, après tout, personne ne sait qui tu seras car tu auras un masque. Je peux voir ce que je trouve dans la chambre de Judith et je te donne tout cela. Enfin si tu en as envie bien sûr.
- Non ! Pas ton frère ! Tu as juré ! Tu ne dois en parler à personne Neal ! Promets ! je le supplie, presque paniquée.
Il ne peut pas faire ça ! Déjà l'idée de lui venant chez nous... J'ignore comment Luke le prendrait... En tout cas il faudrait à coup sur que mes parents ne soient pas chez nous. Si ils découvraient que j'ai parlé de notre situation à une de nos anciennes connaissances... Je pense que je passerais un sale quart d'heure. Papa et maman sont déterminés à ce que tout ça reste secret afin qu'en temps et en heure, on puisse revenir dans la Société comme si rien ne s'était passé... Je prends déjà un risque énorme à en parler à Neal mais c'est comment ne pas le faire, alors qu'il est là avec moi...?
Je ne réalisais pas à quel point je me sentais seule et démunie avant de tomber sur Neal. Je ne me rendais pas compte d'à quel point j'avais besoin de parler ! De me reposer sur quelqu'un. J'ai la sensation qu'un poids énorme vient de m'être retiré de la poitrine et qu'il est bien plus facile de respirer même si je me sens quelque peu penaude face à lui... Je me demande de quelle façon il me voit désormais... Il m'a connu tellement différente... Tellement... apprêtée. Alors qu'aujourd'hui je n'ai même plus le luxe de me payer des rubans à accrocher dans mes cheveux. Je mettais toujours des rubans. J'en avais un tiroir plein et de toutes les couleurs... Même ça je n'avais pas pu le garder...
Parler de Hermès à Neal, c'est comme déposer mon cœur incertain entre ses mains. J'ai peur de ce que j'éprouve pour le marquis de Wellington et pourtant, je l'assume tellement... J'ai peur parce que je sais combien désormais il m'est hors d'atteinte. Interdit. Et en même temps je l'assume parce que je ne peux pas faire autrement. Je l'aime tous les jours un peu plus à force de le voir. D'être avec lui même si c'est en tant que garçon et qu'il ne pourra jamais me voir ou me considérer comme je rêverais qu'il le fasse... Il est gentil et prévenant avec moi, toujours, mais il ne l'aimera jamais. Comment le pourrait-il quand il ne voit que Luke dans son quotidien et non Adélina...? Mes parents ignorent ce que je fais. Ils ignorent que je me travestis en garçon afin d'aller servir un autre homme... Ils feraient une attaque et m'interdirait catégoriquement de retourner à Aspley House si ils venaient à en avoir connaissance ! Ils pensent que j'aide une dame dans son salon de thé mais je reste toujours très vague sur le sujet et ils me posent rarement des questions. C'est la santé fragile de Luke qui accapare toutes les pensées... Luke, qui lui est courant de mes agissements étant donné que j'usurpe sa place. Il déteste l'idée que je prenne sa place, mais il ne peut pas y faire grand chose. Si il me dénonce, il sait qu'il risque de nous exposer et d'empirer notre situation déjà plus que précaire. Il ignore cela dit mes sentiments pour celui que je sers.
Mon amour pour Hermès, c'est mon secret. Il n'appartient qu'à moi mais je me vends malgré moi à Neal qui comprend bien que le Marquis de Wellington est loin d'être "personne" pour moi. Je le vois à son expression amusée et à sa taquinerie qui me fait m'empourprer d'avantage et rentrer ma tête entre mes épaules. Bon sang... Mon cœur cogne si fort dans ma poitrine que je suis sure qu'il peut l'entendre d'où il est... A croire qu'il se révolte de m'entendre mentir de façon aussi éhontée quant à ce que j'éprouve pour Hermès et cherche à le faire raisonner aux oreilles du monde entier. Son tambour est si fort qu'un instant, je presse ma main contre ma poitrine avant de m'expliquer face à Neal d'une voix quelque peu timide. Je n'ai jamais parlé de ce genre de chose avec qui que ce soit avant...
Je me sens ridicule de lui confier cela... Je sais que tout espoir est mort et que Hermès n'est plus qu'un rêve impossible... Il est si loin de moi désormais, bien que je sois si près de lui...
- Une idée ? Une idée pour quoi ? je lui demande, mes yeux légèrement brillants des vestiges de mes larmes. - Il y a un bal masqué dans quelques jours. J'imagine qu'il sera invité.
Je ne peux pas dire à Neal que oui en effet Hermès est invité et que je le sais parce que je l'ai aidé à choisir son costume. Mais je ne vois cela dit absolument pas où il veut en venir avec ça.
- Tu peux peut-être t'y rendre aussi, après tout, personne ne saura qui tu es car tu auras un masque.
Un instant, je reste là à dévisager Neal comme si il venait d'une autre planète. L'idée me percute et me donne instantanément envie de m'y rendre. Des images déferlent dans mon imagination, esquissent cet événement grandiose qui serait ma première véritable entrée dans le monde et tout en moi frémit à l'idée d'y aller ! De pouvoir être moi à nouveau et surtout, de pouvoir y croiser Hermès ! J'entends déjà la musique ! Visualise les costumes ! Le champagne que coule dans les verres et les robes qui virevoltent sur la piste de danse ! Mais la réalité me rattrape et mon regard s'éteint, contrit et triste.
- Je... Je ne peux pas Neal...
Il est difficile de lui dire combien c'est impossible. Il a visiblement compris que nous étions pauvres désormais ma famille et moi, mais sans doute ne sait-il pas à quel point. Même pas robe du dimanche que je garde pour l'église est loin d'être belle... Elle est juste moins élimée que les autres... J'aurais honte de me présenter ainsi à un tel événement. Devinant sans doute mes pensées, il me propose d'aller fouiller dans les placards de sa sœur afin de me donner une de ses toilettes de bal. Si j'en ai envie ? Bon sang bien sûr que j'en ai envie mais... Est-ce que je peux faire ça...?
- Tu crois que je pourrais...? J'en ai envie oui mais...
Non ! C'est pas bien je ne dois pas faire ça ! Je ne dois pas me laisser tenter ! C'est trop risqué ! Je ne peux pas mettre en danger les miens juste parce que au moins une fois dans ma vie, je voudrais que Hermès voit Adélina... Parce que moi, je voudrais voir comment ça aurait pu se passer, si il m'avait connu en tant que demoiselle et non en tant que valet. Je ne peux pas faire ça et pourtant, tout en moi me pousse vers cette envie irrépressible de le faire.
- Tu ferais ça pour moi...? Ta sœur ne dirait rien si tu lui prenais un robe...?
Judith, je l'avais déjà aperçu. Elle n'était pas très grande et moi non plus du coup je pense que la hauteur pourrait convenir mais elle était bien plus... formée que moi. Honteuse, je regarde mes mains quelque peu encrassées. Mais je vois surtout mes articulations quelque peu saillantes. J'ai perdu du poids depuis que je vis à East End.
- Je ne sais même pas si des robes comme ça pourraient encore m'aller... Regarde moi Neal...
J'ignore comment il me perçoit mais mon propre regard est dur avec moi-même lorsque je me contemple dans un miroir. Je me vois plus frêle. Mes joues plus creusées. Ma taille est si fine ! Tellement fine que j'ignore à quoi me sert un corset désormais... J'ai l'impression que mes cheveux bien que je les protège de mon mieux, ont perdu de leur brillance. J'ai peur de dénoter au milieux de toutes les belles débutantes qui seront présentes. Qu'on me démasque tout de suite, comme si il était écrit sur mon front que désormais, je fais partie du bas peuple de Londres et non plus de son élite.
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Je la regarde, surpris, quand elle me répond que je ne dois en aucun cas en parler à mon frère. - Bien dans ce cas j’irais chercher le médecin. Je ne dirais rien promis.
En aucun cas je souhaite la mettre dans une mauvaise posture et je suis un homme qui tient ses promesses alors je n’en parlerais à personne.
Nous discutons un peu et j’apprends alors qu’il semble y avoir « personne » dans sa vie qui la chamboule beaucoup quand on en parle car le rouge lui monte au visage. Une idée me vient alors. Un bal masqué à lieu dans quelques jours, peut-être qu’elle pourrait se présenter à celui-ci avec une des toilettes de ma sœur. Enfin si elle a envie bien entendu, je ne veux pas la forcer à quoi que ce soit. Je vois qu’elle a envie, mais elle semble tout de même hésiter beaucoup. - Bien sûr que tu peux, pourquoi tu ne pourrais pas ? Et ma sœur ne verrait pas si je lui prends une de ses robes, elle en possède beaucoup dans sa penderie. Tu peux venir avec moi si tu le souhaites, ça te permettra de voir « personne » et de discuter avec lui sans qu’il sache qui tu es.
On peut venir accompagner d’après l’annonce, donc elle peut être ma partenaire pour la soirée si elle a besoin. Elle pourra ainsi entrer par la grande porte. - Oui je te regarde, et … ? Certes, il faut que tu fasses une toilette, mais je suis sûr que tu seras radieuse. Tu es une très jolie femme Adélina et je suis sûr qu’il ne verra que toi durant la soirée. As-tu besoin que je rapporte d’autres choses pour t’apprêter davantage ?
Je ne m’y connais pas assez, mais si elle a besoin, je peux voir pour rapporter quelques produits de beauté, sauf si elle connaît quelqu’un qui peut lui en prêter pour la soirée.
Je veux y aller. Je veux tellement y aller ! Tout en moi vibre à l'idée de me rendre à ce bal. Les images fusent dans mon imagination. Je visualise cette salle de bal grandiose. La musique. Les costumes. Les pyramides de coupes de champagne. Hermès dans son beau costume dont il a terminé les essayages ce matin... Il y a encore une minute, tout ça me paraissait tellement hors d'attente étant donné ma nouvelle condition mais là grâce à Neal, j'ai une chance. Une chance que je peux presque saisir dans la paume de ma main mais que pourtant, j'hésite à toucher. Et si on me reconnaissait...? Non il y a peu de chances, étant donné que je n'ai pas eu l'opportunité de faire mon entrée dans le monde cette Saison. Mais et si on se rendait compte que je ne suis pas une débutante...? Que la robe est trop grande pour moi ? Que je ne suis pas assez bien apprêtée ? Parce que si j'y vais, je vais devoir me préparer toute seule. Je ne pourrai en parler à personne et surtout pas à ma mère. Elle m'empêcherait d'y aller, jugeant le risque d'être démasquée trop grand et elle aurait raison... Car si la Société ne me connait pas officiellement, elle m'a déjà aperçue à quelques reprises dans la rue puisque nous vivions à Londres en permanence contrairement à certaines familles n'y venait que pour la Saison. Elle connait mes parents et je leur ressemble. Tout comme mon frère et surtout, ma sœur qui elle, vit sa vie de femme mariée depuis quelques années déjà... Chez les Bridgerton, on ne peut pas se renier tant nos traits sont similaires... Non je ne peux pas faire ça... Je ne peux pas tout risquer juste parce que je veux poursuivre un rêve qui est mort avant d'avoir existé... J'aurais pu être avec Hermès, mais le sort en a décidé autrement et je dois l'accepter, aussi difficile que ce soit... Je ne peux pas mettre toute ma famille en danger pour une nuit d'illusion de ce qu'aurait pu être ma vie. Puis au fond... C'est sans doute mieux que je n'y aille pas... Le retour à la réalité n'en serait que plus difficile non ? Mieux vaut que je n'y aille pas. Même pour Neal ! Je ne veux pas le mettre en porte à faux... Mais quand même... Ce serait si merveilleux de pouvoir y aller...
Il semble comprendre que je doute énormément car il m'assure que je peux tout à fait me rendre à ce bal, que sa sœur ne se rendra même pas compte qu'il manque ou non une robe dans sa penderie et que je peux même y aller avec lui.
- T'es adorable Neal. Vraiment mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée...
Ma famille subit la disgrâce bien que Londres ne soit pas au courant et je refuse que ça touche Neal et les siens d'une quelconque façon. Officiellement nous sommes à la campagne et non exclus de la Cour donc techniquement, même si je suis démasquée je pourrai toujours prétexter être à Londres pour quelques jours mais ce sera considéré comme déplacé que je me rende au bal le plus prisé de la Saison alors que je n'en fais même pas partie... On n'apparait pas au monde avant d'avoir paru devant la Reine.
- Arrête ! je m'empourpre en le poussant lorsqu'il mentionne "personne" aka Hermès.
Parler avec Hermès au bal... Danser avec Hermès au bal... Mais Neal m'a-t-il bien regardé ? Je n'ai plus vraiment l'allure d'une jeune lady et je m'en sens énormément complexée. Je les vois toutes ces demoiselles qui arpentent les rues lorsque dans la peau de Luke, je suis Hermès à travers la ville. Elles ont les joues si roses, les cheveux si soyeux et la peau si blanche ! Leurs corsets rehaussent leurs jolies formes quand le mien ne me tient presque plus...
- Et bien euh...
Je ne sais trop quoi lui répondre lorsqu'il affirme me regarder et ne pas voir où est le problème. Je serre un peu plus mes mains l'une contre l'autre contre mes cuisses, les cachant dans le tissu de ma robe. Elles sont noircies par la vie dans East End... Dans certaines rues, la suie volette et se dépose sur les visages des passants. Le mien n'a pas fait exception et j'en ai un peu honte...
- Neal...
Mon cœur bat plus fort alors qu'il me complimente. Les larmes chatouillent à nouveau mais yeux mais je fais de mon mieux pour les retenir. Ce qu'il me dit me touche. J'ai tellement envie de le croire ! De me raccrocher à ses mots. Neal me donne une lueur d'espoir dans cette obscurité qui berce mon quotidien depuis quelques temps. Est-ce qu'il a raison ? Est-ce que je suis vraiment assez jolie pour que Hermès ne voit que moi malgré ce que la pauvreté a fait de moi...? J'ai presque peur de le découvrir ! C'est plus facile de m'imaginer des choses et d'y rêver que de découvrir si oui ou non elles s'avéreront vrai. Dans mon monde à moi, Hermès me regarde et me sourit lorsque je m'avance vers lui dans ma jolie robe mais dans la réalité et si il se détournait de moi...?
- Tu penses vraiment que je peux lui plaire...? Je l'espère tant tu sais... Je...
L'ami de mon frère qui est aussi le mien ne semble pas prendre non pour réponse puisqu'il ignore mes excuses autant que mes doutes qui me retiennent de me rendre à ce bal et propose même de m'apporter d'avantage de choses afin que je puisse me préparer convenablement.
- Je n'ai pas de masque... Peut-être que si tu pouvais me trouver des épingles à cheveux et quelques rubans...? Je n'ai pas de maquillage non plus... Mais vraiment si tu le peux Neal ! Je ne veux pas t'attirer le moindre ennui ! Ce sera déjà merveilleux pour moi d'y être.
Je ne me suis jamais coiffée ou maquillée toute seule mais j'ai souvent vu ma femme de chambre faire. Je pense que je pourrai réussir à me débrouiller. Est-ce que je viens de décider d'y aller du coup ? Il semblerait que oui et j'ai peur autant que je suis impatiente. Je prends ses mains et lui sourit chaleureusement, mes yeux brillants d'émoi.
- Merci Neal ! Si tu croises Hermès d'ici le bal... S'il te plait ne lui dit rien. Il n'a pas la moindre idée que j'existe.
Du moins je le crois. Moi j'ai découvert par hasard que j'aurais du lui être fiancée. J'imagine donc qu'à lui aussi on a du taire la chose ? J'essuie une perle saline de reconnaissance qui roule sur ma joue puis inspire profondément. Je n'arrive pas à croire ce qui est en train de se passer ! Je vais aller au bal ! Je vais aller rejoindre Hermès au bal le plus attendu de la Saison ! Lorsque j'aurai terminé de préparer mon marquis pour cet événement, je courrai en faire de même pour moi et j'irai le retrouver derrière mon masque !
- Parle moi de toi un peu. Comment se passe ta Saison ? Est-ce que tu as quelques débutantes qui ont su te plaire ?
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Romeo, save me, They're trying to tell me how to feel. This love is difficult, but it's real...
Je vois bien que mon amie hésite à aller au bal, qu’elle aimerait mais qu’elle n’ose pas. Je lui dis qu’elle ne craint rien, qu’on ne la reconnaîtra pas et que je lui apporterais une robe et de quoi s’apprêter et je lui propose également de m’accompagner afin qu’elle puisse rentrer par la grande porte.
- C’est toi qui vois… Mais sache que je serais ravi de t’aider au besoin.
Je lui offre un sourire avant de la taquiner sur le fameux « personne » qu’elle souhaite tant voir au bal. Je ris légèrement quand elle me pousse doucement et que ses joues s’empourprent en pensant à lui. Mais je la comprends tellement, moi aussi je suis sûr que mes joues deviennent légèrement rosies quand je pense à Lady Zelmira. En tout cas, elle sait faire battre mon cœur à tout rompre.
Adélina me demande alors si je l’ai bien regardé et je lui affirme que oui. Elle a besoin d’un brin de toilettes, de brosser ses cheveux et de s’apprêter davantage, mais c’est une jolie femme et elle le sera encore plus dans une robe de bal.
- Je suis sûr que tu peux lui plaire. Autant par ton physique que ta personnalité. Je serais plus qu’heureux de t’aider et que tu puisses rencontrer ton prince charmant.
Je lui offre un sourire. J’ai vraiment envie de lui apporter un coup de main et qu’elle puisse vivre un moment magique dans sa vie, en espérant que ça découle sur bien plus par la suite.
- Je verrais ce que je trouve dans ce cas et je t’apporterais tout cela.
Je chercherais dans les penderies de ma sœur, je pense que je devrais trouver de quoi faire son bonheur pour la soirée. Je sens alors les mains de mon amie serrer les miennes et je lui souris, avant de rire légèrement.
- C’est promis, je ne lui en parlerais pas. Je ne suis même pas sûr de le croiser à vrai dire.
Nous nous ne sommes jamais rencontrés auparavant, je ne suis pas sûr que cela va changer avant le bal. Elle me demande alors comment je me porte et si j’ai des débutantes qui ont su attirer mon attention.
- Je me porte bien ne t’en fais pas. La Saison se déroule doucement et il se pourrait qu’effectivement il y ait une demoiselle qui me plaise, mais malheureusement, je pense que cela n’est pas réciproque…
Ça me fait tellement du bien de pouvoir m'ouvrir. De pouvoir me confier un peu à quelqu'un... Je me sens seule ici à East End. Mes amis me manquent mais me sont hors d'atteinte désormais alors je me mure dans le silence. Je refuse de me plaindre quant à ce qui m'arrive, qu'importe combien cela me pèse. Je ne veux pas risquer de culpabiliser papa qui s'en veut déjà assez comme ça et fait tout ce qu'il peut pour régler cette situation. Je ne veux pas plonger maman dans d'avantage de tourments car de nous tous, c'est sans doute elle qui s'adapte le moins à cette nouvelle vie. Quant à Luke, il est malade et je ne veux pas empoisonner son esprit avec ma détresse. Je veux juste qu'il se préoccupe d'aller mieux. Alors je me tais. Je prends sur moi tous les jours. J'affiche mon sourire pour ma famille et j'anime la maison d'une nonchalance que j'essaie de faire la plus sincère possible quand en réalité, même si je me suis faite à certains aspects de cette nouvelle vie, j'en souffre comme eux. Peut-être même d'avantage encore car je suis confrontée tous les jours à ce passé qui aurait du être mon futur à vivre aux côtés de Hermès. J'ignore le pincement qui me serre constamment le cœur lorsque je quitte East End pour rejoindre Westminster et la demeure des Wellington. Je détourne mon visage quand à l'occasion de mes quelques sorties avec mon marquis, je croise des visages que je connais. Je réprime mon envie et mes regrets en entendant les débutantes parler de telle ou telle soirée.
Mais d'ici quelques jours, grâce à Neal, moi aussi je vais pouvoir enfin goûter à tout ça et je lui suis tellement reconnaissante ! Je suis aussi nerveuse qu'impatiente d'y être et mon imagination part déjà à tous vas ! Je pense à la musique ! Au champagne qui coulera sur une tour de verres ! Aux toilettes toutes plus somptueuses les unes que les autres qui virevoltent sur la piste de danse ! Je demande malgré tout à Neal la plus grande discrétion car je ne veux risquer aucun faux pas. Je suis cela dit surprise à nouveau que lui et Hermès ne se soient pas déjà côtoyés d'avantage. Ils doivent après tout se rendre aux mêmes mondanités non ? Je préfère cela dit ne pas insister et lui faire confiance. Neal a toujours été quelqu'un de bien et je suis soulagée que ce soit lui qui ai découvert la vérité sur ma nouvelle condition. Avec lui je sais que je ne risque rien.
Passé l'émoi de nos retrouvailles, c'est à mon tour de m'intéresser à ce qu'il devient. Après tout ça fait plusieurs mois qu'on ne s'est pas vus et je suis sincèrement curieuse d'avoir de ses nouvelles. Et comme lui sait que mon cœur bat pour "personne", je ne peux m'empêcher de vouloir savoir si il en va de même pour lui ! La Saison est après tout faite pour cela et je crois me souvenir que Luke m'avait dit une fois que les parents de Neal étaient relativement impatients de voir leurs enfants convoler. Surtout depuis que Lady Healy est tombée malade...
- Ah ?
Je me tourne d'avantage vers lui d'abord intriguée mais mon sourire espiègle disparaît lorsqu'il m'avoue penser que ses sentiments à l'égard de la jeune fille ayant capté son attention ne sont pas réciproques. La tristesse de son expression me fait de la peine. Je m'autorise à lui prendre la main et à la serrer entre mes doigts légèrement noircis. Je sais beaucoup trop ce qu'il ressent pour ne pas compatir à sa douleur, d'autant que moi je SAIS que les sentiments d'Hermès pour moi ne pourront jamais être ceux que j'ai pour lui. A ses yeux je suis un garçon après tout... Et comme Neal, il participe à la Saison pour éventuellement convoler...
- Si elle ne voit pas le garçon exceptionnel que tu es, c'est qu'elle ne te mérite pas voilà.
Je lui souris avec tendresse alors que l'orage commence doucement à se calmer. Au loin dans le ciel j'aperçois même une lueur poindre à travers les épais nuages gris au dessus des toits du quartier. Le spectacle est joli. Surprenamment... L'odeur de fin de la pluie s'élève dans l'atmosphère et me gorge d'une sensation de bien être. J'ai toujours adoré cette odeur si particulière. Le clocher qui se nimbe de couleurs ocres raisonne de l'annonce de son heure et me fait tiquer.
- Je vais devoir rentrer chez moi... Mes parents vont s'inquiéter...
Je lui mens mais je ne peux faire autrement. Ce secret là, il ne peut le connaitre. Je voudrais bien rester plus longtemps avec Neal à discuter mais si je n'y vais pas tout de suite, je n'aurai pas le temps de passer à l'imprimerie afin de donner le dernier dessin d'Hermine à publier. L'excuse de mes parents est la première qui me vient à l'esprit.
- Pour le bal... Je vis au dessus de la brasserie à quelques rues d'ici. Tu pourras laisser le paquet à la tenancière j'irai le chercher pour plus de discrétion. Merci encore pour tout Neal...
Ça ne se fait pas, mais je m'en moque. Je l'étreins. Parce que j'en ai envie, mais aussi parce que j'en ai besoin. J'ai besoin de ce petit moment afin de me recharger en courage et en force pour avancer à travers tout ça et Neal est la parfaite source. Il ne saura jamais quel poids il m'a ôté de la poitrine en me surprenant ici dans ma nouvelle vie.
- On se voit au bal !
Je lui adresse un dernier sourire puis je disparais à travers les ruelles de East End auxquelles j'appartiens désormais.
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Romeo, save me, They're trying to tell me how to feel. This love is difficult, but it's real...
Je suis content de pouvoir aider mon amie et qu’elle puisse se rendre au bal masqué de la Comtesse. Cela lui changera les idées car j’imagine que son quotidien doit être bien différent à présent. Mais si grâce à cela elle peut voir ce fameux « personne » je serais heureux d’avoir pu contribuer à son bonheur. Je lui promets donc la plus grande discrétion et que je lui apporterais toutes les affaires qu’elle m’a demandé afin d’être la plus belle pour aller danser.
Nous parlons ensuite de mon début de saison et je lui explique alors qu’il y a bien une demoiselle qui me plaît mais je pense que malheureusement pour moi, les sentiments ne sont pas réciproques. Cela me fait de la peine et je sens mon cœur se serrer en y pensant. Les doigts de mon amie viennent retrouver les miens et un faible sourire se glisse sur mon visage en guise de remerciements. C’est ma première saison, j’ai encore le temps de trouver une demoiselle pour être à mes côtés, mais j’ai eu un véritable coup de cœur pour elle en la voyant, avec ses cheveux noirs et son doux parfum enivrant.
- Je te remercie. On verra bien, la saison n’est pas encore terminée.
Peut-être qu’il y aura un retournement de situation en ma faveur, même si je n’ai guère espoir. La cloche annonçant le début de soirée sonne, me faisant sortir de ma rêverie. Je remarque alors que le ciel s’est éclaircit, laissant apparaître un peu de luminosité. Adelina me dit alors qu’elle va devoir rentrer chez elle car sinon ses parents vont s’inquiéter et j’acquiesce avant de prendre appui sur ma canne pour me lever.
- C’est noté. De rien avec grand…
Mais je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’elle vient me prendre dans ses bras. Surpris par son geste sur le moment, je le lui rends avec un sourire.
- J’espère obtenir une danse de ta part. Fait attention à toi.
Je la regarde s’éclipser dans la rue plus loin et reprend la route vers chez moi, un sourire aux lèvres, heureux d’avoir revu une ancienne amie.
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