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« En effet votre altesse. Je dépose un bouquet chaque mois à la date de son départ. Je vous prie de m'excuser si ce geste à pu gêner ou offenser la famille royale, je tenais simplement à honorer notre reine. Elle m'a apporté beaucoup de courage et de force dans ma vie, je tenais donc à la remercier du peu que je pouvais. »

Nicholas laisse un sourire prendre doucement place sur son visage, et ses yeux prendre la forme d'une mince ligne en regardant la jeune femme devant lui. Comment peut-il exister des gens d'une telle gentillesse et qui pourtant ne le reconnaissent pas? Cette jeune femme semble penser que ce simple geste qu'elle a une fois par mois peut offenser, ou bien déranger? Si on lui avait dit un jour qu'il verra ce genre de personne, il ne l'aurait sans doute pas cru.

« Nous n'y avons aucune vu offense ma dame. Soyez sûr que ce geste a été apprécié et largement commenté au sein de la famille royale. »

Quand elle se présente, Nicholas ne peut qu'écouter, trop habitué à cette présentation obligatoire de la part de toute personne qu'il a en face de lui.

« C'est un plaisir de faire votre connaissance, Lady Curzon. »

Il sait qu'elle l'a reconnu, de par l'attelage qui s'est posté devant les grilles, mais aussi parce que son visage n'est sans aucun doute pas inconnu à toute personne qui fréquente ne serait-ce qu'un peu les saisons mondaines. Et cette jeune Lady Curzon étant veuve de baron, nul doute qu'elle y a déjà mis les pieds.

« Dites.... Avez-vous du temps libre devant vous? Peut-être voudriez-vous déposer ces jolies fleurs sur un tombe et non aux pieds d'une grille pour une fois? »

Pando

« Je suppose qu’il provient de l’excellent élevage des Ducs de Norfolk ? »

Alors que le prince hoche de la tête pour approuver les dires de la demoiselle à ses côtés, il lance une oeillade à son cheval alors qu'elle lui entame la présentation. Un petite rire au fond de son coeur le surprend quand à l'entente de ce prénom. Lancelot.... Eurydice.... A croire que les Dévereux ont un rapport à l'histoire qui dépasse tout ce qu'il a connu. C'est un fait, et le chemin de ce cheval était destiné à croiser celui de sa cavalière.

« J’en étais si éprise, que lorsqu’il fut décidé qu’il prendrait sa retraite d’athlète, mon père me l’a offert. Le plus beau cadeau  qu’il pouvait me faire. »
« Je vous le concède, c'est le genre de cadeau qui reste gravé au fer rouge au plus profond de notre coeur. »

Une petite pensée pour sa grand-mère a qui il doit cette relation forte qu'il entretient avec Flame. Ce cheval fait partie de lui, il partage ses jours depuis tant d'années qu'il ne s'imagine pas un seul moment qu'il pourrait s'en séparer.
Lorsqu'elle lui annonce préférer aussi une balade en forêt, Nicholas reconnait bien là le côté espiègle de la demoiselle.

« J’ai bien l’intention de laisser ma monture galopée et la ville, bien que magnifique, est des plus inappropriée pour cela. »

Ce regard planté dans le siens, ces yeux rieux et malicieux, son coeur rate un battement à cet instant. Est-ce que toutes les demoiselles de Londres sont comme elle? Douce et polie quand il faut, et autant pleines de surprises à l'ombre des regards? Peut-être... ou peut-être pas. Cela fait quelques bals auxquels il participe, quelques dansent qu'il partage, et pourtant, jamais encore il n'avait vu pareille demoiselle. Cela le réjouit, car il sait que c'est ce qui la rend spéciale. Il sait qu'il va passer une excellente journée, un moment qui ne ressemblera à rien de ce qu'il a vécu.
Il saisit très bien ce que veut dire ce regard, il sait ce qu'elle a en tête. Oh ce n'est pas uniquement le bonheur de ce cheval....  Alors il ne peut s'empêcher de sourire, d'un sourire qui s'ouvre jusqu'aux oreilles. Parfait.

« Aussi compétiteur que vous... A croire que vous étiez faits pour être ensemble! Je suis sûr que Lancelot est encore au plus haut de sa forme malgré la retraite! »

Ils bifurquent rapidement pour rejoindre les bois, et Nicholas se retourne tout de même pour vérifier que le chaperon de Mademoiselle Eurydice est toujours là. Au moins, on sait où ils vont s'ils en viennent à s'enfoncer trop rapidement dans les bois, pris dans une course folle.

Son coeur bat de plus en plus vite, et corps se tend quelque peu car il sait que bientôt, ils vont pouvoir se sentir libres, se sentir complètement épanouis.

« Etes-vous prête à perdre Miss Eurydice ? »

Pando

La famille Dévereux s'en vient rapidement le salue, quelques minutes seulement après qu'il se soit présentés. A croire qu'ils étaient soit sur le quivive, prêts à le saluer, ou qu'ils ne voulaient pas risquer de faire attendre un prince. Dans les deux cas, Nicholas n'a pas a attendre très longtemps et ne peut donc pas inspecter avec loisir l'environnement de Miss Eurydice pour en apprendre plus sur elle. Il n'a pas réellement d'appréhension quant à cette sortie, et ne se demande pas s'ils auront matière à discuter, mais il est parfois bon de prendre les devants et trouver des petites anecdotes à raconter.

Le père de famille le salue, et Nicholas remarque Miss Eurydice à ses côtés, dans une tenue d'équitation des plus rafinées, qui ne peut qu'embellir la jeune demoiselle déjà très jolie.

« Votre Altesse, c’est une immense joie pour moi de vous revoir et de pouvoir partager cette promenade en votre compagnie. »

« Le plaisir est partagé Miss Dévereux. Etes-vous prête? Le temps est en notre faveur, nous devrions en profiter. »

Nicholas n'a jamais été du genre à parler de la pluie et du beau temps, mais il sait qu'à cheval, un temps changeant peut vite devenir problématique. Si pour une fois ils ont un temps clair, autant en profiter pour partager ce moment.
Quand ils rejoignent les chevaux dehors, Nicholas regarde celui de sa partenaire, et ne peut s'empêcher de lâcher un petit sifflement. Quelle bête! Il est magnifique! Il a toujours aimé les chevaux noirs, il les trouve mystérieux et indomptables. Dans un sens, cela va parfaitement à Miss Eurydice. La demoiselle monte sur son cheval et bientôt le Prince fait pareil après avoir salué son père et lui donner tous les détails. Bien évidemment, Miss Eurydice est chaperonnée, mais il en va du bon sens que le père de la demoiselle soit au courant. Celui-ci se tracassera sans doute moins de ne pas savoir où est la prunelle de ses yeux. Une fois fait, Nicholas monte sur Flame, et jette un regard à Miss Eurydice pour vérifier que tout est bon.

« Votre cheval est magnifique, votre Altesse. Une splendide musculature et une robe splendide. »

Nicholas ne peut empêcher un sourire de naitre sur son visage. La demoiselle aime les chevaux, cela se voit sur l'aisance avec laquelle elle se tient dessus, mais aussi par les compliments qu'elle lance à son cheval. D'autant que ce cheval est un cadeau de sa grand-mère et qu'il y tient énormément même si les années commencent à s'accumuler pour lui. Heureusement, il est encore en forme et l'accompagne dans toutes ses balades.

« Je vous remercie ma chère. Je vous présente Flame, c'est un cadeau de ma grand-mère. »

Nicholas fait un dernier signe à la famille et commence à avancer, en gardant toute fois un rythme qui ne lui fasse pas perdre sa partenaire.

« Comment s'appelle votre cheval? Il n'a pas à envier Flame soyez en sûre. »

Rapidement, Nicholas tourne vers un petit bois qui leur permettra d'être bien moins à la merci des regards indiscrets et rageux. Il espère néanmoins que Miss Eurydice se sentira à l'aise s'ils s'écartent de la ville.

« Que pensez-vous d'aller un peu dans les bois? Cela sera plus agréable que la ville. Sauf s'il y a un endroit qu'il vous ferait plaisir d'aller visiter. »

Pando

A l'attention de Lord Dévereux,
Hereford House, Londres.

My Lord,

Le bal organisé pour feu sa majesté m'a permis de rencontrer votre fille Miss Eurydice Dévereux, et de partager une danse avec elle. Cette danse ayant été très  appréciée, et cette rencontre très agréable, je souhaiterai vous demander l'autorisation pour l'emmener lors d'une balade à cheval, afin de faire plus ample connaissances avec elle.

Je me tiens évidemment à l'autorisation que vous obtiendrez néanmoins ou non de Miss Eurydice. Sachez que votre fille a été parfaitement agréable durant ce moment et que vous pouvez être fiers de son éducation et sa tenue parfaite.

Si pour mon plus grand bonheur, vous veniez à accéder à ma demande, je me tiendrai au matin du 24 Mars sur votre perron pour venir chercher votre fille.

Avec mon plus grand respect,

Prince Nicholas de Hanovre,
Fils de Edouard-Auguste, Duc de Kent.

Le plaisir avait submergé le coeur du Prince qui avait reçu une lettre cachetée de la famille dévereux, et une sourire s'était tout de même posé sur les lèvres quand à la lecture, il avait eu l'accord du patriarche. Pouvait-il se réjouir d'un si petit détail? Mais était-il réellement si petit? Le père de Nicholas comptant énormément à ses yeux, il a toujours été très important pour lui d'avoir son approbation quand il avait des choix à faire. Malheureusement pour lui, le Prince Edouard-Auguste était un homme très occupé, et Nicholas grandi seul, depuis le décès de sa mère. Enfin, longtemps, au moins jusqu'à ce qu'un déclic s'empare du Prince et fasse renaitre une petite flamme éteinte dans le coeur de son père. Depuis, Nicholas entretient le plus grand des respects pour l'homme qui lui a permi d'être qui il est aujourd'hui.

Nicholas finit de boutonner sa chemise d'équitation tout en se comtemplant dans le miroir. Il a eu un instant l'impression de se préparer pour un bal, d'avoir une tenue impeccable, une coiffure impeccable. Pour une sortie à cheval? Cela aurait pu paraitre futile aux yeux des autres, mais pour Nicholas, à cheval ou non, il se doit de paraitre irréprochable. De plus, il s'en va visiter Miss Eurydice et l'emmener en balade à cheval pour faire plus ample connaissance. Il se doit de lui faire bonne impression.

La jeune fille lui a laissé un sentiment d'inachevé lors de leur danse, elle a semé quelques graines de curiosité en lui, et voilà une semaine que le Prince s'imagine tout un tas de choses quant à la demoiselle. Est-elle curieuse? Est-elle intrépide? A-t-elle peur? Il aimerait le savoir. A ce qu'elle lui a dit, elle a ce petit côté enfantin qu'il a lui-même et qu'il refoule au fond de lui car il doit assumer le rôle du Prince, les responsabilités. Alors il a envie, et n'attend que ça. Il faut qu'il sache qui se cache derrière le masque du diamant de la saison.

Une fois prêt, il s'empresse d'aller chercher son cheval, qu'on lui avait préparé tant il avait fait savoir à tout son personnel qu'il ne pouvait en aucun cas être en retard, et se rend dans le quartier de Westminster, à Hereford House. Arrivé sur place, il confie les rennes de son cheval à un domestique des Dévereux et s'avance vers la porte. Il inspire calmement, et sourit de voir qu'il se sent nerveux de cette journée. Quelques coups à la porte et on le laisse entrer. Il demande alors à ce qu'on annonce sa présence au maître des lieux, et patiente poliment, droit comme on en attend d'un Prince.

Pando

Les rayons du soleil avaient percé sa peau, ses yeux s'étaient ouverts bien avant que la chaleur n'atteigne ses joues et le tic-tac de l'horloge de ses appartements lui avaient permis de savoir que le temps passé dans son lit à réfléchir avait été très long. Nicholas n'a pas bien dormi, non, et ce, comme toute veille de chose importante. Aujourd'hui ne dérogeait pas à la règle. Aujourd'hui était un grand jour, un très grand jour qu'il attendait avec impatience depuis des mois. La saison recommençait, et pour rendre hommage à sa grand mère, il avait été décidé de faire la présentation à la princesse le 17 Mars, jour sacré du dix-sept où la reine Charlotte avait rendu son dernier souffle. Dans un sens, Nicholas sait que c'est un très bon choix, car Charlotte aurait apprécié ce geste, mais d'un autre côté, cela fait cinq mois qu'il vient chaque dix-sept pour se rendre sur la tombe de sa grand mère. Est-ce un bon jour pour assister à cette présentation et en même temps se recueillir?

Profitant du fait qu'il était réveillé aux aurores, Nicholas a fait venir la voiture pour l'emmener au palais pour profiter de la matinée calme et douce du dix-sept Mars pour se retrouver seul et rendre visite à sa bien aimée Reine Charlotte. La voiture avance à allure lente et douce, car nul besoin de se presser un jour pareil, et Nicholas laisse ses yeux balayer les rues encore calmes. Au fur et à mesure qu'il se rapproche du palais, il lui semble apercevoir une silhouette non loin des grilles. Son regard se bloque, son coeur s'accélère et alors il s'avance légèrement de sa fenêtre. Il veut voir, il veut savoir. A chaque fois qu'il s'est rendu sur la tombe de sa grand mère, un bouquet de fleurs trônait toujours au pieds des grilles sans que personne n'ait pu voir qui l'avait déposé là. Il a bien des mois ordonné à des gardes de surveiller les environs, mais jamais l'identité de cette personne ne lui est parvenue. Peut-être est-ce cette femme? Après tout, elle se trouve non loin des grilles ce jour précisément.

« Arrêtez la voiture.  »

En quelques secondes les secousses ralentissent et la voiture finit par s'arrêter non loin des grilles. Nicholas descend sans attendre et se rapproche de la jeune femme rousse qui regarde le château sans même lui prêter attention. Son regard dévie doucement et se pose sur l'immense grille et à ses pieds, le petit bouquet habituel.

« Ce bouquet aurait sans doute été un de ses préférés. »

Nicholas se place alors face à le jeune femme et lui offre une petite révérence. Ce n'est certe pas à lui de le faire, mais si cette femme est bien celle qu'il pense, alors il se doit de la saluer avec tout le respect du monde.

« Etes-vous celle qui dépose chaque mois un bouquet aux pieds de cette grille? »

Pando

A peine descendu de son cheval et les rennes de Flame dans les mains de son valet, le Prince Wilhelm s’empresse de regagner ses appartements en remerciant les nobles hommes qui ont partagé ce moment de chasse avec lui, et son cousin pour avoir organisé un si bon moment. Evidemment que les péripéties qu’ils ont du affronter lui resteront en mémoire, mais personne n’est à blâmer, après tout, la chasse est un sport dangereux que personne ne peut contrôler tant la nature réserve toujours des surprises, bonnes ou mauvaises. Heureusement pour eux, certains ont pu avoir de belles prises, qui permettra aux tables du banquet de ce soir de ne pas être vides. Le temps étant court, Wilhelm rêve d’un bon bain pour se détendre avant la soirée et reprendre meilleure contenance. Un Prince couvert de boue ne saurait être apprécié à un bal. Il se faufile donc d’un pas rapide jusqu’aux appartements prêtés par son cousin et sourit de voir que son bain est presque prêt. Les domestiques royaux ont toujours sur être très réactifs, ce qu’il apprécie grandement à cet instant. Il patiente donc gentiment jusqu’à ce que le bain soit prêt et en profite pour écrire une lettre qu’il fera partir à son père le Roi de Prusse au plus vite. Il lui annonce son prochain départ car il sait que son père s’impatiente de savoir s’il a trouvé épouse ou non. Il s’attend déjà à sa colère et sa déception. Mais il se morfondra plus tard, quand on ne l’attendra pas. Il file donc prendre son bain dans lequel il manque cruellement de sombrer dans le sommeil tant ça lui fait du bien, et se préparer pour la belle et dernière soirée à venir sur le sol Anglais.

Il décide de mettre un veston bleu marine, et un pantalon noir, une tenue simple mais élégante dans laquelle il se sent à l’aise. Après la journée qu’ils ont eu, il a envie de passer un bon moment, et de ne pas se sentir engoncé. Une fois prêt, il descend rejoindre le jardin où sont installées les tables de victuailles, et la grande piste de danse préparée spécialement pour l’occasion. Howard Castle n’a jamais été un lieu de bal de prédilection, plutôt centré sur la Chasse, mais ce soir, il trouve que cela devrait se faire plus souvent. Les membres de la famille royale s’approchent ensemble et Wilhelm félicite son cousin de cette soirée qui semble se dérouler parfaitement. Les sourires prennent place sur les visages, ce qui est bon signe. Octavian décide alors de se rapprocher de la jeune Elinore, qui a offert son gage au Prince peu avant leur chasse et l’invite à danser. Quel charmeur….. Peut-être devrait-il faire pareil… Ou peut-être devrait-il aller prendre un verre de champagne…. Oui, il préfère pour l’heure. Il s’approche d’un des buffets et attrape une coupe, qu’il porte à ses lèvres tout en regardant la piste de danse qui se remplit.

Résumé:

Pando

Le tireur semble se réveiller lorsque Wilhelm lui parle, et le prince prend conscience que lui aussi semblait tourmenté. Il l’entend murmurer, ressasser et le voit secouer la tête et alors il comprend. Qu’ont-ils vécu ? Où sont-ils allés ? Son père le Roi lui a conté tant de fois les récits de la guerre qu’il sait désormais que ces deux hommes n’en sont sortis indemnes que physiquement. Alors il leur laisse le temps, et reste silencieux et calme. Il regarde l’homme se diriger vers son domestique et le secouer gentiment, malgré une poigne ferme. Et quand celui-ci commence à reprendre un peu ses esprits, il est soulagé.
Mais à ce moment-là, les chevaux s’emballent, et le prince jette un œil à son propre domestique à qui il avait confié les rennes de son cheval. Celui-ci ne semble pas très à l’aise, et surtout, il ne semble pas savoir quoi faire. Flame s’agite un peu trop et bouge d’un côté et de l’autre sans rester en place. Wil connait son cheval, il a grandi avec lui et il sait qu’il a besoin de lui. Il est son repaire. Il vérifie donc que l’homme à ses côtés va bien et se rapproche de son cheval pour reprendre les rennes.

« Hey, tout doux….. tout doux. Qu’est-ce qu’il t’arrive mon beau ? »

Et là il les entend, tout comme le premier homme qui a semblé se réveiller un peu avant lui, des grognements de sangliers et des cris. Oh…. Cela ne présage rien de bon. Il espère qu’ils ne vont pas en rencontrer, car s’ils font autant de grabuge, c’est qu’ils doivent être en horde. Flame se calme peu à peu sous les caresses de son maitre, mais le Prince ne semble pas être dans la même situation. Il regarde de tous les côtés, à l’affut. Une fois son cheval calme, il décide de tenir son fusil près de lui, et après avoir redonné les rennes à son domestique, se rapproche de ses camarades pour qu’à eux trois, ils soient en sécurité si une menace se profile.

« Messieurs, peut-être devrions-nous nous éloigner sans tarder et rejoindre les autres. En espérant qu’il n’y a pas de blessés. »

Le regard mobile, il balaye les bois en espérant ne pas se faire surprendre par le danger.

Pando

Le Prince le sait, aujourd’hui le dernier jour où son image doit être impeccable, où il n’a pas le droit de faire un seul faux pas, et où il doit se montrer à la hauteur de l’activité d’aujourd’hui. Son père ne manquera pas de le savoir si tel en est autrement. Mais c’est aussi le dernier jour où il a l’impression de pouvoir être un peu lui-même, et non le prince fier et droit, coincé et guindé qu’il est quand il est en présence du roi. L’Angleterre a toujours eu cet effet libérateur sur lui, même si dans un sens, on ne fabrique jamais réellement une image. S’il est droit et loyal dans son pays, ce n’est pas parce qu’il cherche à l’être, mais c’est dans sa nature. Il est comme ça. Alors pour ne pas entacher cette journée d’une morosité sans nom, il décide de faire passer son cheval par un autre chemin, afin d’éviter le bosquet qui lui a fait perdre sa proie. Il ne se doute pas qu’il finira par le retrouver, ou bien en trouver un autre, car la forêt est assez grande pour regorger d’animaux pour le repas de ce soir.

Il évite donc quelques branches, cheval au pas, à l’affut du moindre bruit ou de la moindre petite ombre ressemblant à un cerf. Quelques minutes sont suffisantes pour qu’il entende un coup de feu, non loin de lui. Finalement, il ne s’était pas éloigné que ça. Il décide de se rapprocher, n’entendant plus d’autres coups, et aperçoit un corps sur le sol. Un cerf. Sans doute celui qu’il a vu un peu plus tôt. C’est de bonne guerre et c’est le jeu. Il ne peut en vouloir à son tireur d’avoir réussi là où il a échoué.
Alors qu’il se rapproche encore un peu plus pour discuter avec un des invités de la chasse qu’il lui semble ne pas connaitre, il remarque qu’à ses côtés, son domestique semble en difficulté. Est-ce le bruit d’une arme à feu qui a eu cet effet sur lui ? Ou bien la vision d’un animal mort ? Sans attendre, le prince descend de son cheval et en confie les rennes à son domestique avant de se rapprocher.

« Bonjour Messieurs. C’est une bien belle prise que vous avez là. »

Puis il regarde le domestique, tremblant, sa poitrine se soulevant trop vite pour son petit corps, comme si la peur ou bien plus encore le terrassait.

« Allez-vous bien ? Avez-vous besoin d’eau ou de manger ? »

Il n’a jamais réellement eu à aider quelqu’un en proie à la peur, et ne sait pas réellement quoi faire, mais il sait qu’il ne peut rester les bras croisés.

Pando

Inspirer. Voilà une chose que je n’avais fait avec autant de ferveur depuis bien longtemps, ou du moins, quand cela était la faute d’une femme. Cela fait bien longtemps que je n’ai pas partagé mon lit, cela fait bien longtemps qu’aucune femme n’a vu mes mains se poser sur son corps, bien que l’envie ne soit pas là au fond de ma tête. La maladie qui a pris possession de mon corps durant des semaines a laissé quelques traces, et même si aujourd’hui je vais mieux, cela n’était pas le cas quelques semaines auparavant. Comment aurai-je pu trouver la force d’aller assouvir des pulsions masculines ? Ou même l’envie ? Ce qui m’importait le plus, c’était de passer du temps avec mon frère, et ma famille, comme si la peur de ne plus jamais pouvoir le faire s’était emparée de moi.

Avoir Lyana qui s’efforce à tout faire pour que je craque, pour que j’accède à ses désirs, pour que je cède à ses caprices, et bien cela est bien plus dur que cette foutue maladie qui m’a bloqué au lit. Comment peut-elle agir de la sorte ? Comment peut-elle essayer de d’avoir le dernier mot ? Elle sait que je serai prêt à tout pour elle, elle le sait et elle en joue. Et elle doit se douter qu’en tant qu’homme, je serai tout aussi gagnant qu’elle. Mais je ne dois pas, il ne faut pas. Il s’agit de Lyana, ce n’est pas n’importe quelle demoiselle trouvée dans une rue, c’est la pupille de la reine, c’est Lyana, mon amie d’enfance qui est censée être comme une sœur pour moi. Enfin, je sais que je n’aurai pas de telles pensées si elle était réellement ma sœur, et bien heureusement. Mais elle est trop chère à mon cœur pour que je cède. Pas ici, et pas comme ça. Déjà parce qu’il est hors de question que je la dénature, et surtout parce que les murs ont des oreilles. Et puis, franchement, une loge d’opéra ? Bien que la chose soit excitante, cela est réellement inconvenant pour une personne comme elle, et comme moi. Je suis un Prince, que dirait-on si on m’entendait ? Ce serait là un moyen pour mon père de me renvoyer directement en Prusse pour épouser la première princesse qu’il me trouverait.

Je vois qu’elle s’évertue à essayer de se déshabiller, puisque je refuse de le faire, et je sais qu’elle me fera payer au centuple ce que je m’apprête à faire, la repousser. Ses lèvres qui se posent sur les miennes sont une vraie torture, non pas par leur touché, mais par le simple fait qu’il est difficile de ne pas les dévorer. Mon cœur bat tellement vite que j’ai l’impression que je vais m’effondrer dans le capharnaüm qu’il fait, et sous les mains de Lyana. C’est un supplice, je n’arrive pas à ôter la sensation de sa bouche contre la mienne, de son cou qui s’offrait à moi, et de son parfum envoutant quand nos corps étaient collés l’un contre l’autre. Mais il le faut.

Je la repousse doucement, le regard planté dans le siens pour qu’elle comprenne que ce n’est pas de gaité de cœur que je fais ça, mais je suis frappé par le feu qui l’anime. Elle semble en colère, autant qu’elle est déterminée, et je sais que je vais le payer. Elle me regarde tout en remontant ses jupons, dévoilant à quiconque passerait par là, jambes et dessous. Fort heureusement, il n’y a que moi, malheureusement, il y a moi. Et je reste un homme tout ce qu’il y a de plus normal, cette simple vue étant beaucoup trop appréciable. Je secoue la tête en inspirant une nouvelle fois. Ma patience commence à s’amenuiser, et j’essaie de reprendre bonne contenance. Je frotte mon visage puis ma nuque, et je m’approche doucement. Elle va me détester, elle va vouloir me tuer, mais je sais au fond de moi que c’est ce qu’il y a à faire. Une fois devant elle, je colle presque mon corps au siens, parce que j’en ai besoin à cet instant, et parce que cela aidera sans doute à ce qu’elle accepte de m’écouter. J’attrape doucement ses mains que je cale dans ma main gauche et je redescend ses vêtements de la main droite.

« Lyana… Je sais ce que tu essayes de faire. Et je comprends. »

Je me penche doucement pour poser mes lèvres une dernière fois sur sa bouche, délicieuse et rougie par nos échanges.

« Mais je ne ferai pas ce que tu attends de moi. Je n’en ai pas le droit. Je mentirai si je te disais que je n’en ai pas envie, mais tu es la pupille de ma tante, et je suis un prince héritier. Nous ne pouvons pas faire ça. Et puis… »

Je sais qu’elle va vouloir m’étrangler de lui rappeler ce point, mais je sais que c’est la cause de tout ce qu’il se passe ce soir, de son audace et de nos désirs.

« Ton mariage ne doit pas être une excuse pour te déshonorer. Je sais que tu as peur de ce que tu vas vivre, mais je ne veux pas être celui qui rende cela encore plus difficile. Si ton mari vient à apprendre ce que nous avons fait, je ne pourrais jamais me pardonner l’enfer que tu vivrais. Et être un Prince ne me donnerait pas tous les droits quant à ce que je ferai s’il venait à te faire du mal par la colère. »

Si je dois m’en retourner dans mon pays, je ne serai pas là pour la protéger, je ne serai pas là si elle a besoin de moi, et je ne pourrais pas éviter qu’il lui arrive quelque chose. Et si cela vient d’une pulsion que je n’ai pas pu réfréner ce soir, alors ce sera la perte d’une deuxième femme bien trop chère à mon cœur que j’aurai sur la conscience. Et je ne peux revivre ça. Il en est hors de question.

« Est-ce que tu comprends ? »

Pando

La course folle qu’il vient de vivre sur Flame lui a fait le plus grand bien, l’a ressourcé et lui a fait oublié les mois qu’il a passé dans un l’enfer de la maladie. De nouveau capable de se tenir debout, de vivre, et de monter a cheval le fait sourire, car à cet instant, il est heureux. Son cousin semble jouer le jeu et leurs chevaux entament une guerre de dépassement à chaque foulée. Néanmoins, leur rang leur rappelle souvent de ne pas en faire trop, de ne pas oublier qu’ils se doivent de se tenir correctement et de ne pas faire d’impair. Et Wilhelm ne l’oublie jamais, car son père ne le lui pardonnerait jamais. Le nom des Hohenzollern ne doit jamais être sali.

Arrivant à l’orée de la fôret, le prince ralentit sa monture pour s’adapter à la vitesse des chiens qui le précèdent. Il jette un œil à ses voisins et décide de ne pas forcément prendre la même route que les autres. Après tout, s’ils s’en vont tous dans la même direction, ils risquent de passer à côté de certaines proies qui seraient alertées par le bruit des chiens et des chevaux. Il regarde le domestique que lui a attitré son cousin et lui fait signe de le suivre. Il fait passer son cheval au pas et regarde attentivement le comportement d’un chien non loin de lui. Celui-ci semble avoir pisté quelque chose, alors Wilhelm s’élance à sa suite. Il évite quelques branches qu’il trouve un peu basses sur son passage, mais plus le chemin est escarpé, plus il a de chances d’avoir une belle prise, il le sait. C’est quelques secondes plus tard, et une branche évitée de justesse qu’il aperçoit une croupe sauter à quelques mètres de lui. Un cerf. Voilà qu’il a trouvé un cerf ! Pour une première, il est plutôt fier. Mais on lui a toujours appris à ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, donc il se concentre pour le suivre comme il peut. L’animal fait des zig-zags, il saute dans tous les sens et évitent les arbres à une vitesse que le prince ne peut suivre, la taille de son cheval étant bien différente de l’animal qu’il traque. Un cerf n’est pas la proie la plus facile à avoir dès lors qu’il a commencé à s’enfuir, il aurait fallu qu’il le trouve posé, calme et insouciant. Là, il sait que cela va s’avérer compliqué. Et il a bien raison. L’animal finit par le semer dans un bosquet où son cheval ne peut passer, trop grand et trop imposant.

«Merde !»

Oui le prince jure, car il a loupé ce qui aurait été une magnifique prise, et qui aurait pu en boucher un coin à son cousin. Il décide donc de se rapprocher des autres chasseurs afin de voir si certains on été plus chanceux qu’eux, et pour rejoindre la fête. Personne ne saura qu’il a loupé son coup, mais il se jure de retrouver ce cerf.

Pando

Je regarde Adrian se relever péniblement, comme si son corps lui faisait ressentir le supplice qu'il subit à l'heure actuelle pour lui rappeler que non, il ne va forcément bien. Mais bon Adrian n'en tient pas compte, comme à son habitude, il ne veut pas d'aide et me le fait bien comprendre quand d'un regard, il me dit de ne pas bouger. Son corps a chancelé ne serait-ce qu'un instant, mais il s'est vite repris pour ne plus tanguer montrant qu'il est encore maitre de ce qu'il fait. Je le suis donc du regard quand il s'empresse d'aller vider sa tasse de thé dans une plante. Il n'a jamais aimé ça, d'aussi loin que je me souvienne, quand il venait nous voir, il a toujours préféré le lait.

« Le simple fait que tu puisses me penser capable d'une telle chose me fend le coeur! » dis-je en mettant ma main sur mon coeur pour accentuer mes paroles.

Certe j'ai eu une éducation relativement stricte avec des codes royaux que même moi j'ai du mal à comprendre parfois et qui m'obligent à faire passer mon devoir avant ceux que j'aime, mais si je peux, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour ne trahir personnes, et surtout pas ceux qui me sont chers.

Alors qu'il se replace dans le canapé, c'est comme s'il avait pressenti que sa mère reviendrait vérifier qu'il avait bu son thé car elle se présenta à nous rapidement, soulignant le fait qu'elle était parfaitement fière de lui et de son thé avalé. Un sourire s'affiche alors sur mes lèvres, il ne faut surtout pas que je me mette à rire car alors, Adrian finirait dans de beaux draps, et un scandale éclaterait dans la demeure. Et loin de moi l'idée de déclencher une nouvelle guerre en Angleterre.

- Wil reste manger. N'est-ce pas Wil ?
« Et bien oui, c'était la condition pour que ce thé soit avalé. Et un prince tient toujours parole! »

Je regarde Lady Mounbatten et lui sort mon plus beau sourire. Dieu sait à quel point cela marche sur elle. Loin de moi l'idée de me moquer d'elle, et ce n'est pas réellement un mensonge.

« De plus, j'ai souvenir avoir toujours été très bien accueilli dans cette maison, votre chef a toujours fait des merveilles. »

Mon père m'a toujours appris à charmer au maximum, d'user de mon eloquence pour arriver à mes fins. Et peut-être qu'en complimentant le chef cuisinier, il sera amené à faire un bon plat pour moi, ainsi que pour Adrian. Si je peux me rendre utile pour mon ami.....

Pando

Qui diable avait eu l’idée de faire naître pareille tradition dans le cœur des femmes ? Wilhelm savait très bien que depuis des siècles, les femmes se pressaient autour des cavaliers pour voler leur cœur et laisser une empreinte sur les hommes encore en lice dans la course à l’amour, ou plutôt au mariage. Par contre, rarement il ne l’avait vécu de telle manière. A peine avait-il eu le temps de remercier son cousin pour son précieux cadeau et se mettre en selle que les demoiselles se pressaient autour d’eux pour venir leur souhaiter leur bonne grâce pour la chasse à venir. Un regard vers Lyana qui n’avait pas manqué de se rapprocher des chiens, après tout elle aimait ces bêtes là comme s’il s’agissait de ses propres enfants, qu’elle les connaisse ou non. Ducs et autres nobles se rapprochèrent d’eux, chevaux impatients de partir et piétinant le sol tant l’attente et la pression devenait trop forte pour eux. Wilhelm regarda le Duc de Norfolk, grand ami de son cousin qui s’entendait sur un cadeau pour Lyana, cadeau que Wilhelm aurait beaucoup aimé connaitre, mais qu’il préférait se garder la surprise pour plus tard. Elle était terriblement belle quand elle était surprise.
Son cœur rata un battement quand il senti sa main toucher un gant de soie, et qu’un mouchoir soyeux y prit place. Il tourna la tête pour apercevoir Miss Emma, qu’il avait rencontrée un peu plus tôt, détourner le regard après lui avoir souhaité bonne chance. Il ne put retenir un sourire, après tout, peu de demoiselles avaient l’audace de le toucher de la sorte.

« Nul doute qu’il me portera bonheur dans cette chasse Miss Smith-Stanley. Je vous remercie. »

La jeune fille s’écarta de lui non sans un autre regard, mais il devina qu’elle devait sans doute être aussi rouge qu’une tomate. Les princes de Prusse faisaient souvent cet effet.
Lyana arriva très vite à leurs côtés, et son visage trahissait la jalousie qu’elle rencontrait contre la jeune fille qui venait de le quitter. Après tout, ils avaient une relation forte tous les deux, et ils avaient vécu beaucoup de choses qui rendaient leur lien…. Indescriptible. Lyana lui donna elle aussi son mouchoir, et Wilhelm s’empressa de la remercier avec un sourire. Il décida de les accrocher aux rennes de son cheval pour les avoir au plus près de lui et regarda Lyana qui ne manqua pas l’occasion de rappeler à quel point elle faisait partie de la famille royale. Elle attrapa le cor que le domestique s’apprêtait à faire crier, et souffla dedans de toute ses forces, gonflant ses joues. Wilhelm ne put s’empêcher de rire de ce spectacle. Elle ne finirait jamais de l’étonner. Flame était intenable, il voulait y aller autant que Wilhelm et les invités de son cousin, de bons hommes qu’il lui tardait d’apprendre à connaitre. Cette chasse serait le dernier évènement qu’il vivrait en Angleterre cette année, alors il en profiterait au maximum.

Pando

Les cloches résonnant, les deux princes quittent sans tarder la salle de réception, suivis de près par quelques convives qui semblent autant pressés qu’eux de partie en chasse. Alors qu’ils se dirigent vers les chevaux, Octavian demande à Wilhelm de le suivre vers des domestiques, qui s’empressent de retirer le tissu d’un objet dont on voulait garder le secret. Secret qui, selon les dires de son cousin, a été fabriqué spécialement pour lui.

Wilhelm scrute le fusil qu’on lui a mis dans les mains, il laisse ses yeux en observer chaque détail, chaque courbe, chaque dessin. Il est habitué à ce qu’on lui fasse des cadeaux, souvent de la part de commerçants qui cherchent à faire connaitre leur nom, leur art. Mais là…. Il ne sait pas quoi dire. Ses yeux se perdent et sa langue se bloque, faisant barrière à sa voix qui ne demande qu’à sortir. Il tourne le fusil dans tous les sens, ne lâchant pas son regard, tout simplement car il ne le peut pas.

« Tu as toujours été un homme de gout Octavian, mais là….. Tu m’offres une pure merveille ! »

Il attrape le fusil d’une main, le pointe vers le ciel pour ne pas viser quelqu’un qui passerait par là à ce moment, et pour voir si à cheval, cette arme serait viable. En temps normal, il apprécie de chasser à pieds, mais il sait qu’à cheval, une bonne arme est toujours plus appréciable.

« L’équilibre est parfait! Mais tu dois le savoir, je sais que tu aimes à ce que les choses soient parfaites ! »

Il repose un instant le fusil pour s’approcher de son cousin et le prendre dans ses bras afin de le remercier. C’est un magnifique cadeau, dont il prendra le plus grand soin. Les armoiries de sa famille étant gravées dessus, il le gardera pour le transmettre un jour à son ainé, qui devra faire de même à son tour.
Ils se rapprochent tous deux vers les chevaux, alors que Lyana apparait au loin. Elle est aussi belle qu’orageuse, et il ne sait pas encore si elle acceptera de lui parler. Alors il ne dit rien, et se rapproche de son cheval. Flame l’attend, et semble mourir d’impatience de vouloir aller se balader. Le cheval offert par la reine Charlotte il y a cinq ans pour son anniversaire, pure race anglaise, est l’un de ses meilleurs amis. Il n’attend pas plus et se hisse lui aussi sur son cheval, attrapant le fusil que lui tend le domestique. Il jette un coup d’œil aux invités de son cousin qui se pressent à l’extérieur, leurs yeux sur ceux déjà à cheval, et sur les chiens qui aboient tels des enfants pressés d’aller jouer dans le jardin. Il sait que ce n’est pas tout le monde qui peut venir à la chasse, et il savoure la chance qu’il a de pouvoir partager ce moment avec ceux qui lui sont chers.

Pando

Mon coeur s'accélère, comme s'il allait sortir de ma poitrine je le sens tambouriner de plus en plus fort. Si nous n'en n'étions pas là, je pourrais presque dire que c'en est douloureux. Mais c'est bien tout l'inverse. La sensation de tamtam sous mon torse me fait tourner la tête, me fait perdre complètement pieds et je ne sais plus où je suis. Est-ce réel? Suis-je à nouveau le petit garçon qui voulait croire qu'il était comme n'importe qui, qui pouvait aimer n'importe qui? Ou suis-je ce prince qui sait qu'il ne peut choisir un mariage parce qu'il sent son coeur s'emballer à la simple vue d'une femme, mais parce qu'il se doit de le faire pour les bienfaits de son pays?
Je sais à cet instant, au fond de moi, je le sens. Je ne devrais pas. Je suis un gosse qui ne veut pas contrôler ses pulsions, ses envies, je suis un homme qui veut être aveugle, au même titre que Lyana est muette.
Ses mains qui s'accrochent à ma veste et la font glisser si vite que je n'ai pas le temps de la retenir font monter la chaleur en moi, si bien que je n'ai pas eu l'occasion de sentir un changement de température sur mon corps dûe à l'absence du veston. En quelques secondes, je sens par contre quelques frissons arriver dans mon dos, non pas de froid, mais de la présence de cette femme.

Ses lèvres m'appellent, mais je m'en écarte, essoufflé, assoiffé. Doucement, je descend ma bouche dans son cou, humant son parfum si enivrant. Son odeur a toujours été une de ces choses qui font son charme, qui font qu'elle est Lyana, qui font que j'ai pensé autrefois à l'épouser. Mais je ne pouvais tout simplement pas. Mon père ne l'a jamais accepté. Et pourquoi? Car elle est pupille de la reine, parce qu'elle n'est pas une vraie princesse, bien qu'à mes yeux elle en soit une.

« Lya.... »

Je ne devrais pas, je le sais. Partager mon lit avec une femme ne me fait en rien peur, et depuis le décès de ma femme, c'est chose qui arrive plus souvent que je ne le voudrais, la solitude n'étant pas chose qui me plait. Mais est-ce réellement une bonne idée que de faire cela avec elle? Après tout, c'est Lyana, et elle mérite le respect qui lui est du.

« Lya.... Une loge à l'opéra n'est pas le bon endroit pour ces choses là. » dis-je en m'écartant doucement et en plongeant mon regard dans le siens.

Le confort d'un lit, et l'intimité d'une chambre est bien mieux que cette loge pour une femme comme elle. Et quand bien-même, est-ce que je suis celui qui mérite de partager ce moment avec elle? Elle va se marier, quoi qu'elle en dise et quoi qu'elle en pense. Que penserait son époux s'il découvrait qu'elle avait été dénaturée par quelqu'un d'autre? Lui ferait-il du mal? Je ne peux me résoudre à lui faire subir ça. Je ne me le pardonnerai pas. Il faut que j'arrête vite avant qu'il ne soit trop tard.

Pando

Alors que le temps défile, les derniers arrivants prennent place à table, se pressant pour ne pas être plus en retard que ce qu’ils ne sont déjà. Wilhelm les regarde et les salue, un sourire aux lèvres qui veut dire tout et n’importe quoi à la fois. Il se doit d’être courtois et droit, il se doit de montrer une bonne image de sa famille, mais au fond de lui, il a une envie folle de rire. Il sait que si Octavian voit des retardataires il ne se gênera pas pour les laisser avec les femmes pour le reste de la journée, et sans doute qu’eux le savent aussi puisqu’ils se pressent de la sorte. Ce qui est très drôle.

Un visage connu se rapproche de lui, et un sourire poli et une révérence plus tard il se souvient. Cet homme est une connaissance de sa famille, depuis bien des années la Prusse entretient de bonnes relations commerciales avec les Smith-Stanley, et lui-même compte bien garder cette bonne entente à l’avenir. Il tente de ne pas paraitre surpris qu’il soit au courant de sa maladie, car très peu de gens à Londres le sont. Mais aux vues des relations qu’il entretient avec les Smith-Stanley, son frère a dû lâcher le morceau au court d’une conversation. Il lui présente alors sa jeune sœur Emma, qu’il n’a encore jamais vue. Très peu de femmes faisaient partie des conversations commerciales du temps de son père.
- Et pour cause, on me garde précieusement sous clé jusqu'à mon entrée dans le monde à la saison prochaine. Je suis enchantée de faire votre connaissance votre Altesse.

« Je vous remercie de votre sollicitude mon ami. »

La demoiselle semble faire un trait d’humour à son frère qui semble plutôt gêné de voir qu’elle ait pu parler de cette façon devant le prince. Wilhelm pose alors son regard sur la demoiselle, une lueur espiègle dans le regard.

« Il en va du devoir de tout grand-frère que de veiller sur ses frères et sœurs. C’est un plaisir de voir que les Smith-Stanley savent garder l’humour comme traits de famille. »

Octavian ne tarde pas à revenir et se réinstalle à côté de lui. Wilhelm finit sa tasse de thé et se tourne vers son cousin. Il semble impatient d’aller chasser, tout autant que lui. Néanmoins, Wilhelm se demande comment s’est passée l’entrevue avec Lyana.

« J’ai pris assez de force pour aller débusquer la fôret entière ! As-tu réussi à calmer la petite brise que nous aimons tant ? »

Il avale une dernière bouchée de sa tartine, et se redresse en s’excusant aux invités d’Octavian qui étaient venus le saluer. Effectivement, dehors certains sont déjà prêts et impatients de partir. Et il sait que plus ils partent tard, et ils auront du mal à trouver de belles bêtes.

« Bien ! La chasse sourit à ceux qui se lèvent tôt !»




 

Pando

« Douteriez-vous, mon cher cousin, de l’affection de ma maison à la vôtre ? »

Douter de son cousin ? Jamais il n’oserait ! De tout façon, même si cela venait à lui arriver, il sait qu’Octavian se serait immédiatement chargé de le lui rappeler. Il est l’une des personnes les plus chères à son cœur, l’un de ceux pour qui il remuerait ciel et terre, l’un de ceux pour qui il traverserait l’Angleterre sans hésiter. Le fait qu’il organise en plus un évènement comme celui-ci avant son départ lui ravit le cœur, au moins il peut profiter de les avoir tous avec lui une dernière fois. Il regrette néanmoins qu’Adrian n’ait pas pu être là, mais il sait que ce n’est en rien sa faute… enfin… S’il avait pu, il sait qu’Adrian serait venu profiter de sa présence encore un peu.
Enfin, de toute façon, il lui a promis qu’ils s’écriraient, comme chaque intersaison, comme chaque fois qu’ils ne peuvent se voir et passer du temps ensemble. Et puis Adrian aura bien trop de choses à lui raconter.
Les familles défilent et les deux princes se doivent de saluer chaque invité présent. C’est lorsqu’un domestique vient interrompre leur conversation que Wilhelm jette un regard à son cousin, intrigué. Il lui fait comprendre qu’il y a une urgence qu’il doit gérer, une urgence du nom de Lyana….. Oups. Sur ce coup là, Wilhelm hésite, il ne sait pas s’il doit prêter main forte à son cousin, ou s’il doit le laisser gérer, en bon hôte qu’il est et chef de maison.

« Oh. Je vais te laisser gérer de ce côté-là, je pense qu’elle me déteste déjà assez, et ma présence risque d’alimenter le feu qui semble déjà brasier.»

Oui s’ils y vont tous les deux, il y a des chances que Lyana se sente encerclée et prise au piège. Et quiconque la connait sait que c’est le contraire de ce qu’il faut faire. Cette femme peut être une véritable boule d’amour, tout comme elle peut être un véritable dragon. Et aujourd’hui, Wilhelm sait que par sa faute, le dragon a été réveillé. Il laisse donc son cousin s’éloigner tout en gardant son calme pour ne pas inquiéter les invités et reprend son petit déjeuner. Après tout, il a une longue journée qui l’attend et se doit donc de prendre des forces. Il se lève alors pour aller se prendre à manger et lorsqu’il se réinstalle à sa table, il croise le regard de quelques convives. Une demoiselle semble bloquer son regard, et finit par lui sourire poliment. Il lui rend la pareille, lève sa tasse de thé et la pointe légèrement dans sa direction pour la saluer, avant d’en boire une gorgée. Ayant été absent une grande partie de la saison à cause de sa santé, il sait qu’il ne connait pas toute la bonne société, ainsi que les familles présentes, mais quand on lui sourit, il n’a aucune raison de ne pas faire de même.

Pando

Quelle nuit! Mais quelle nuit a-t-il eu? Wilhelm soupire quand on vient tirer doucement les rideaux de ses appartements. S'il avait pu, pour une fois, rester encore couché, il ne s'en serait pas privé. Son entrevue, ou plutôt sa dispute avec Lyana la veille lui a retourné le cerveau toute la nuit, l'empêchant de dormir et d'être donc en forme pour la journée qui l'attend. Comment-a-t-elle pu venir lui demander une chose pareille? En tant que Prince, il a certe des privilèges, mais il ne se permettrait jamais de prendre une telle décision à la place de son cousin, qui plus est, son hote et organisateur pour cet évènement. Et puis, quand bien même il lui aurait été possible de l'emmener avec lui à la chasse, aurait-il pu se concentrer en la sachant dans un endroit si.... hostile? Non, certainement pas. Cela reste tout de même Lyana.
Il s'étire un instant et finit par se lever pour se préparer. Quelques coups à la porte ne se font pas attendre, et il s'attend à voir la tornade brune revenir à l'assaut. Heureusement pour lui, il s'agit de son cousin qui lui fait savoir qu'il descend prendre le petit déjeuner car il souhaite partir promptement. Malheureusement pour lui, Lyana doit encore lui en vouloir, et cela promet pour la suite. Elle va lui en faire voir de toutes les couleurs.

Il s'empresse de finir de se préparer, tenue de chasse oblige, et il s'en va rejoindre son cousin. Il croise pas mal d'invités en chemin, et répond à leurs salutations, avant d'entrer dans la grande salle prévue pour l'occasion. Et bien, quel buffet! Comme à son habitude, Octavian ne lésigne pas et sait recevoir ses invités. Il l'aperçoit d'ailleurs discutant, et décide de se rapprocher alors qu'il demande une tasse de thé..

« Bien le bonjour! Je prendrai moi aussi du thé s'il vous plait. »

Il adresse un sourire à la famille présente aux côtés de son cousin et les salue poliment.

« Je vois que nous sommes toujours aussi bien reçus à Howard Castle. »

Pando

Cela faisait à peine quelques heures que Wilhelm était arrivé dans le domaine de chasse de son cousin, désireux de profiter une dernière fois de sa famille anglaise avant de repartir passer l'hiver au chateau de Hohenzollern. Non pas que les voyages diplomatiques que prévoient chaque hiver le Roi de Prusse l'incommodent, mais il a depuis quelques années préféré la période estivale et chaude que l'on peut trouver à Londres. Alors quand son cousin lui a fait parvenir l'invitation, il ne pouvait évidemment pas refuser. Le voyage a été long, et pas des moins reposant, mais le voilà enfin là.
Alors qu'il s'occupe de ranger ses affaires dans ses appartements, puisqu'il a tenu à le faire lui-même pour ne pas avoir de domestiques dans les pattes, pour une fois, la solitude lui fait du bien, quelques coups se font entendre à la porte.
Le prince s'empresse donc de déposer sur le petit bureau les quelques livres sortis de sa malle et après avoir vérifié son veston sans pli, s'en va ouvrir la porte où il y découvre Lyana. La pupille de la reine, amie de toujours se tient devant lui, les traits du visage tirés. Il sait qu'elle est arrivée plus tôt que lui, lui ayant quelques impératifs royaux à finaliser avant de prendre la route, et cela fait plusieurs jours qu'ils ne se sont pas vus.

« Lya?  »

Il s'écarte naturellement pour la laisser entrer, après tout, ils n'ont jamais trop discuté en faisant le pilier de porte. Il la fait donc entrer et après avoir refermé la porte, il se rapproche de sa malle pour continuer ce qu'il faisait. Après tout, il n'a aucun secret pour elle, alors elle peut bien le voir ranger ses livres et affaires de dessin.

« Je pensais que tu serais en grande visite du domaine. Après tout, il est encore très fleuri. Qu'est-ce que je peux faire pour toi? »

Pando

- Tu es toujours le bienvenu. Ici comme à Highleeds Castle. J'ai essayé de venir à ton chevet Wil.
J'ai été très touché quand on m'a annoncé qu'Adrian avait essayé de venir me voir lorsque j'étais malade, de savoir qu'il était prêt à tout pour venir, pour être là pour moi, pour rester à mon chevet. Mais j'ai aussi été très triste d'apprendre qu'il n'avait pas eu le droit de venir. Mon père, le roi, avait ordonné à ce que personne ne puisse venir, afin de garder au mieux le secret de ma maladie, ne sachant pas comment j'allais réussi à m'en tirer. Après tout, c'est passé réellement pas loin à ce qu'on m'a dit. Mais j'ai été en colère contre mon père, même si je ne peux rien lui dire, avec tout le respect que j'ai pou lui, car Adrian fait partie de la famille, il est là pour moi depuis tant d'années que je ne conçois pas qu'il puisse être mis à l'écart de cette manière.

« Mouais..... Navré que tu n'ais pas eu le droit de venir... Le roi en fait toujours trop. »

Voilà des faits que nous pouvons ajouter à la liste des raisons pour lesquelles nous trinquons aujourd'hui. Nous ne pouvons pas toujours choisir que nous avons, mais nous pouvons choisir la façon dont nous la menons. Je choisis de chérir les moments comme celui-ci, les gens qui me sont chers, et les choix que je veux faire, car ils sont une partie de moi, ils sont la preuve que je ne suis pas qu'un prince héritier, obligé de suivre les ordres de son roi. Quand je suis seul, j'aime être moi, j'aime qu'on me voit comme celui que je veux être, et j'aime qu'on m'apprécie pour autre chose que mon rang ou mon nom. Alors maintenant que le roi est rentré, je sais que je peux être ce que je veux.

- Je n'ai rien fait...  Je l'ai trouvé dans l'incendie mais il y a eu un mouvement de foule et je l'ai perdu... Karl est sorti tout seul...

Ce n'est pas ce qu'on m'a dit, et je sais qu'Adrian est tout de même quelqu'un de très modeste. Enfin, il lui arrive parfois de me narguer quand il gagne à la baston, et surtout quand il gagne contre moi, mais quand il sait qu'il n'a pas pu faire tout ce qu'il avait en son pouvoir, alors il a du mal à accepter les compliments. Mon frère m'a expliqué ce qu'il s'est passé, et malheureusement pour moi, j'ai si bien imaginé les choses que c'est comme si j'y étais. Et de ce fait, je peux tout à fait entrevoir ce qu'il a vécu là-bas et ce qu'il a fait pour mon frère. Je l'imagine en panique à la recherche de Karl, je l'imagine à terre avec son épaule transpercée.

« Je sais en tout cas que si tu ne l'avais pas aidé à un moment donné, il n'aurait pas réussi à sortir! »

- Tu ne me dois rien. Quant à me botter le cul tu pourrais essayer mais on sait tous les deux que je suis meilleur que toi à la box. Même à une main !

Je ris de voir qu'il ne change pas, bien que rassuré car le Adrian dépressif que j'ai vu il y a quelques minutes ne me plaisait pas. Comme je l'avais dit, il sait se vanter des combats que nous menons.

« Puisqu'il faut que l'un de nous deux soit résonnable, je vais jouer ce rôle et te dire que non, nous ne testerons pas cette théorie aujourd'hui. Tu dois prendre soin de toi mon ami! Qu'est ce que je ferais sans toi? »

Pando

Etre un Prince n'est pas chose facile, quand bien même on a toujours vécu de cette manière comme mon frère et moi. Nous nous devons de faire bonne impression, de ne pas commettre d'impair, de respecter la société et les règles..... Il est parfois difficile de ne pas céder à ses envies, à ses pulsions, de laisser son libre arbitre prendre possession de son corps. Je ne connais que très peu le regret, les mauvais choix et l'impulsivité, car j'ai toujours tout calculé. J'ai toujours réfléchi à l'incidence de mes actes, et ce, même avec mes proches. Que ce soit avec Lyana, ou bien Adrian, j'ai souvent laissé parlé mon coeur, agit en homme plus qu'en Prince, mais j'ai toujours gardé un certains recul en moi, afin de ne jamais faire d'erreur. Car je n'ai pas le droit à l'erreur. Je sais qu'ils me pardonneraient, mais, moi je n'y arriverai pas. J'aurai sans cesse en tête que j'ai failli à mon rôle, que j'aurai pu faire mieux.... C'est de cette manière que j'ai été élevé, que j'ai grandi, et que je me suis batti ma réputation. Le fils modèle, le Prince héritier. Je me dois d'avoir ce rôle et de le tenir à la perfection, car mon père ne me le pardonnerait jamais.

Mais là, j'avoue avoir un instant eu des pensées qui me dépassent, des pensées que j'ai eu par le passé et qui m'ont permis d'oublier un temps la douleur qu'avait laissé ma femme en  m'abandonnant à ce monde. Lyana est une femme, bien que mon amie d'enfance, elle est belle et le temps semble passer bien trop vite quand je suis à ses côtés. Et elle a le don de faire tomber la barrière de la royauté.

Le bruit derrière les rideaux semble s'évaporer quand elle se relève subitement, et pourtant, je sais que l'effervescence d'avant spectacle règle de l'autre côté. Mais quand je sens ses mains qui se pose sur mon torse, leur chaleur s'insinuant en moi tant le simple tissu de ma chemise est fin, je crois que j'oublie tout. C'est rapide, voir même instantané, mais mon coeur bat plus vite. Nous nous retrouvons en un instant vers le fond de notre loge, nous cachant un peu plus, des yeux indiscrets ou de nous mêmes.... Est-ce que je fait d'être dans la pénombre rend le moment plus..... officieux? irréel?

Les lèvres de Lyana se posent finalement sur les miennes, et un hoquet de surprise s'échappe de ma bouche. Ce geste, nous l'avions souvent imaginé plus jeunes, nous l'avions souvent évoqué, et pourtant, aujourd'hui, je le vis comme si je le découvrai. Je redécouvre Lyana, je redécouvre cette femme qui a autrefois pris mon coeur. Mais c'est justement cette femme, mon amie, qui va se marier. Je sais qu'elle ne souhaite pas se mariage, mais, ai-je réellement le droit de faire ce que je fais? Peut-être que je profite de l'instant, mais est-ce réellement en profiter si c'est elle qui le décide?

« Lya attends.... »

Je me recule doucement d'elle, sans pour autant m'éloigner de trop. Je chuchote, pour ne pas que certains oreilles ne volent quelques miettes de cet instant, et aussi peut-être parce que je ne veux pas m'éloigner d'elle. Je dépose mes mains doucement sur ses joues et la regarde, j'ai envie de comprendre, ce qui lui a pris, d'où vient cet élan? En a-t-elle réellement envie?

« Qu'est-ce que tu fais? Tu vas te marier... Je ne peux pas faire ça. »

En plongeant dans son regard, je peux voir la détresse qui l'habite, les questions qui la rongent. Qui est cet homme que je vais épouser? Est-il si cruel et repoussant qu'on le dit? Vais-je être heureuse? Va-t-il m'aimer? Et je sais ce qu'elle attend comme réponse. Je sais qu'elle veut savoir ce qu'est l'amour, comme celui qu'elle avait eu avec Axel. Je sais qu'elle veut savoir ce que ça fait d'être touchée affectueusement, qu'elle veut avoir une dernière fois de la tendresse, pour ne pas regretter de ne plus jamais en avoir. Et je sais que je suis le seul à qui elle pourrait demander ça. Lyana et moi avons toujours eu ce lien indéfinissable, celui qui nous pousse l'un vers l'autre dans le plus grand des respects, celui dans lequel chacun sait ce que l'autre à vécu et a perdu.

Je dépose mon front contre le siens, alors que la pièce semble avoir commencé. Avec tout ça, je n'en ai rien vu venir, le temps semblait s'être arrêté. Doucement, je m'écarte du mur avant de retourner la situation et d'y plaquer doucement Lyana. Je ne dois pas faire ça, je le sais bien, mais c'est plus fort que moi. Quand elle me regarde de cette façon, je ne peux rien lui refuser. En quelques secondes, je prend possession de ses lèvres à mon tour, mes mains glissant doucement de son coup jusque sur ses bras.

Pando

« Est-ce que tu as une jolie infirmière qui vient changer tes pansements?  »

Evidemment, je sais de source sure qu'Adrian n'est pas du genre à se laisser faire, à se laisser dicter ce qu'il doit ou plutôt ne peux pas faire, et encore moins à se laisser ne serait-ce que toucher du bout du doigt s'il a mal quelque part.... Enfin, en temps normal aussi. Beaucoup le penseraient insupportable, mesquin et très caractériel, mais quand on le connait bien, il est loin d'être aussi insupportable qu'on ne le croit.
- Ferme-la !
Un petit sourire se place au coin de ma bouche pour ne pas qu'un rire s'échappe de celle-ci, mais disparait bien vite quand je le vois grimacer, signe que sa plaie lui fait affreusement mal. Je ne comprendrai jamais cet homme. Pourquoi ne pas aller se faire soigner pour de bon? L'automédication n'a jamais donné rien de bon, et si je n'avais pas été entouré de médecins cers derniers mois, je ne serai peut-être plus là aujourd'hui.
Mais bon, Adrian est une bourrique, et même si je me sers de mon rang de Prince, ou bien que j'use de notre relation fraternelle si forte, rien ne le poussera devant un médecin, ça non.

- Mes "jolies" infirmières comme tu dis sont ma mère et Philip... Crois moi que c'est foutrement bien assez comme ça !

Je peux concevoir qu'avoir les deux sur le dos est compliqué, surtout quand on connait leurs caractères respectifs. Faut dire, si Adrian tient quelque chose de sa mère, c'est bien son caractère. Et quand ils se chamaillent, mieux vaux ne pas être au milieu.

Je sursaute un peu quand il dit, sans doute un peu trop fort dans le but que sa mère l'entende, qu'il souhaite un bourbon, et je laisse échapper un petit rire. Je pense qu'il peut bien en avoir un aujourd'hui, cela fait si longtemps que nous n'avons pas pu discuter tous les deux autour d'un verre, et je crois savoir qu'il ne prend pas de médicaments donc, pas de mauvais mélange en vue.
Un bruit sourd résonne d'un coup dans la pièce, et un sourire prend place sur le visage d'Adrian. Heaven demande à rentrer, comme à son habitude, elle sait toujours dans quelle pièce se trouve son maitre, et cela m'impressionne toujours autant.

- Est-ce que tu peux lui ouvrir ?
« Ton épaule doit sacrément te faire mal si tu ne te lèves même pas pour elle.... Mademoiselle... »

Je salue Heaven à travers le carreau et à peine ai-je ouvert la fenêtre qu'elle se précipite à l'intérieur. Ce corbeau me fascine depuis bien longtemps, et plus le temps passe, plus je me dis que c'est un animal trop intelligent pour Adrian. Elle devrait lui donner des cours de bon sens, et lui montrer le chemin de l'hôpital.

- J'ai vraiment cru que tu allais y rester tu sais...? ne peut-il s'empêcher de lui demander. Qu'est-ce qui t'amène Wil ?

Je me dirige vers la petite table où sont rangées les bouteilles d'Adrian, celle qu'il regardait comme un enfant devant un gateau au chocolat, et je prend deux verres. Adrian dans mon dos, il ne voit pas si je sers un ou deux verres, alors je prend bien mon temps. J'attrape la bouteille de bourbon et débouche le petit bouchon de verre.

« Je n'allais pas te laisser seul...... Avec qui partagerais tu tes si bons bourbons?  »

J'apporte la bouteille à mon nez et en hume le contenu qui me donne réellement envie. Cet homme là a toujours eu du gout en matière d'alcool. Je n'attends pas plus et sers deux petits verres, le but étant de savourer, et ce, même pour Adrian, et je retourne vers lui avant de m'assoir à nouveau sur mon fauteuil et de lui tendre un verre.

« Ai-je réellement besoin d'une raison pour venir te voir mon frère? Après tout ce temps?  »

Je trinque avec lui et j'apporte mon verre à ma bouche, où je trempe un peu les lèvres afin de gouter ce précieux liquide. Quel délice! Cela fait en plus bien longtemps que je n'ai pas touché à l'alcool, ou du moins, un simple petit verre de vin avec Karl. Mais les médecins m'avaient dit de laisser passer quelques jours. Et puis, le bourbon c'est réservé à mes moments avec Adrian.

« J'ai appris ce que tu as fait pour Karl au marché.... Une partie de moi t'en sera toujours redevable.... Et une partie de moi a envie de te botter les fesses pour avoir pris autant de risques! »

Pando

Quelle plaie! J'oublies parfois que je suis un Prince quand je suis avec des personnes qui me sont chères, et qui me font me sentir tout à fait normal tant ils n'usent pas de termes ou de révérence dont je n'ai pas envie. De ce fait, j'oublie aussi que certains peuvent parler, et imaginer tout et n'importe quoi de chacun de mes faits et gestes. Heureusement que Lyana a remarque ces vieilles folles avant moi, et qu'elle a décidé de nous cacher un peu plus pour nous apporter tranquillité et intimité. Bien que dit comme ça, et aux yeux de ces femmes, cela est sans doute encore plus matière à discussion. Grand bien leur en fasse, de toute façon, ce n'est pas la première fois que l'on nous voit en tête à tête.

Lyana revient et après avoir attrapé le petit bout de papier sur une table, l'ouvre devant nous, dévoilant le programme de la soirée à mes yeux. La flute enchantée n'est pas forcément la pièce que j'ai eu le plus l'occasion de voir, mais cela reste un classique, et nous ne risquons pas d'être déçus. Quoi que, il y a bien écrit qu'il y avait de la nouveauté et de la surprise...

Lyana s'empresse de se lever, et je la vois qui sert deux coupes de champagne. J'ai failli à ma tache, la galanterie aurait voulu que ce soit moi qui me lève et qui serve une coupe à mon amie, au lieu de ça, je me fais servir comme le prince que je suis. Mais je ne peux rien dire devant son attitude, son envie de passer un bon moment avec moi, d'oublier, de décompresser, et j'attrape la coupe qu'elle me tend avant de trinquer. J'approche le verre de mes lèvres, jetant un coup d'oeil à Lyana. Mes yeux s'ouvrent de stupeur quand je la vois descendre son verre d'une traite, comme si le liquide n'était qu'un vulgaire verre d'eau. Et bien.....

Peut-être avait-elle besoin de ça.... Elle repose finalement sa coupe sur le côté, et je prend une nouvelle gorgée de la mienne avant de faire de même. Quand je me retourne vers elle, je la vois au bord de crise de nerfs, ou bien de la crise de larmes. Elle cherche à s'arracher le doigts ou quoi? Pourquoi tire-t-elle de cette manière, elle va se faire mal... Et puis j'aperçois un petit anneau brillant, une bague, signe qu'elle va bientôt se marier, et renoncer à cette vie.... Et qu'elle ne souhaite sans doute pas que cela arrive. Je décide alors de l'arrêter, de peur qu'elle ne se blesse ou ne se coince encore plus. Je me relève alors et me place à genoux devant elle, attrapant ses mains pour l'arrêter.

« hé hé hé.... Doucement.... »

Je dépose nos mains sur ses genoux pour plonger mes yeux dans les siens. Elle a besoin de l'enlever, et bien nous allons l'enlever, mais ce ne sera pas en tirant de la sorte dessus. Cela ne le fera pas plus venir.

« Je vais t'aider, arrête de tirer. »

J'attrape un peu mieux sa main pour analyser la situation, et de ma main droite, je dépose deux doigts sur l'anneau et essaye de le faire glisser doucement. Malheureusement, celui-ci semble bien logé là où il est, sans doute du fait que le stresse de Lyana a fait gonfler ses doigts, emprisonnant le bijoux. Que pourrai-je faire pour le faire sortir? Une idée me vient à l'esprit, mais cela serait très mal venu de ma part de faire ça.... Cela serait réellement inconvenant et.... mon dieu, je secoue la tête devant des passées qui me dépassent, bien que partant d'une bonne intention, et je détourne les yeux de la femme en face de moi. Après tout, Lyana est une belle femme, qui plus est, avec un coeur en or, et la proximité que nous avons à ce moment, pourrait me faire perdre la tête.

J'attrape finalement ma coupe de champagne et en verse un peu sur sa main, faisant attention à ne pas tacher sa jolie robe. La moquette présente au sol a vu bien des verres, ce ne serait pas la première fois qu'il serait taché.... Une fois mouillé, l'anneau glisse tout seul et je m'empresse de le déposer sur la table, sans toutefois le perdre.

« Voilà, nous avons sauvé ce joli doigt... cela aurait été dommage de devoir le couper parce que tu t'es coincé avec un anneau.... » dis-je en portant sa main à ma bouche avant de déposer un baiser sur sa peau blanche.

Pando

Assis sur le canapé à ses côtés, je le regarde quelques instants comme si je voulais voir si l'image que j'avais gravée au fond de ma tête, ce souvenir auquel je me raccrochais depuis que j'avais sombré dans la fièvre avait changé. C'est comme si rien n'avait changé, rien n'avait bougé et pourtant, le temps s'est écoulé et des drames sont arrivés.
Je me penche un peu vers lui et je le sers dans mes bras comme je peux. J'ai envie de serrer tant ses bras m'ont manqué, mais je sais que je ne dois pas, qu'il n'est pas en état, et je ne veux pas risquer de le blesser encore plus.
- C'est bon de te retrouver mon frère.

Oui, c'est une des choses que je ne pensais plus faire, des choses si simples, qu'on oublie parfois qu'elles ne sont jamais immortelles, et qu'il faut chérir l'instant présent. Je sais que j'ai failli mourir, on me le répète assez souvent, mais je sais aussi que lui a failli mourir, et ce, d'une manière bien pire à la mienne.

- Ne me refais pas un truc pareil Wil. Plus jamais.
« J'y penserai oui... » dis-je avec un sourire.

Comme si je l'avais choisi.... Celui là alors... Mais je comprend le message, je le sais, je le connais assez pour ça. Adrian n'est pas le mec le plus communicatif, mais avec Karl ou moi, il a toujours été un livre ouvert. C'est incompréhensible pour certains, mais notre amitié est devenue aussi forte que fraternelle, que fusionnelle.

« Je te retourne la pareille. » Alors que je l'entend légèrement siffler de douleur alors que sa blessure semble le rappeler à l'ordre. « Comment va ta blessure? »

Le marché et l'incendie a failli me faire perdre mon frère et mon frère de coeur, et a laissé des traces indélébiles. Je m'en veux de ne pas avoir été là pour leur venir en aide, en tant qu'ainé je me devais de sauver Karl....

« Est-ce que tu as une jolie infirmière qui vient changer tes pansements?  »

Pando

- Votre Altesse, Milady...
Un domestique nous ouvre la porte de la loge royale et nous nous y engouffrons tous deux après un sourire de remerciement. La faible luminosité du lieu mêlé à la décoration du théâtre en a toujours fait un endroit où j'apprécie de venir quand j'ai besoin de me ressourcer, de passer un bon moment et de me sentir à l'aise. Les spectacles que l'on peut voir d'ici sont fabuleux tant la vue est imprenable et l'ambiance semble sacrée. Personne ne parle fort, personne ne s'agite, on vient ici pour être en petit comité, et être en privé. Etre avec Lyana dans cette loge n'a rien de choquant pour moi, elle a toujours eu une place particulière dans ma vie et pour ma famille et je suis bien content de passer un peu plus de temps avec elle. Il est vrai qu'au décès de mon épouse, les temps ont été difficiles pour moi, et j'ai sans doute un peu délaissée Lyana, il est temps que je me rachète.
Alors qu'elle retire ses gants, je jette un oeil à ses mains, comme si mes yeux ne pouvaient s'en empêcher. J'avais oublié comme ses doigts étaient fins et sa peau si blanche. Les gants font tellement partie du quotidien de la gente féminine, que voir les mains d'une demoiselle en devient très.... personnel. Je décide de détourner mon regard en avalant quelque peu ma salive et je retire ma veste pour la déposer moi aussi sur un siège vide. Non pas que des pensées obscènes me viennent en tête, après tout, il s'agit de Lyana, mais je reste un homme.
Lorsqu'elle dépose sa main sur la mienne, je comprend tout à fait ce qu'elle veut dire, tant ses yeux et ses gestes si doux et gracieux dégagent d'émotion. Je sais qu'elle avait besoin de sortir, qu'elle avait besoin de décompresser et de s'éloigner du château durant un temps. Sa vie est sur le point de changer, et cela peut en effrayer plus d'un.

« Je suis désolé de ne pas avoir pris le temps pour toi plus tôt ma chère Lyana, et je te suis très reconnaissant de m'avoir écrit cette lettre. Cela m'a permit de me bouger les fesses. »

Je me penche légèrement et je dépose un léger baiser sur sa joue, ni trop proche de sa bouche pour ne pas la déstabiliser, ni trop loin pour qu'elle en ressente le message. Je suis désolé. J'ai failli à ma tâche. Heureusement que tu es plus forte que moi. Je suis parfois encore un enfant.

« Sais-tu ce que nous avons ce soir? J'avoue ne pas avoir cherché à le savoir, car ce n'est pas la réelle raison de ma venue ici. J'espère que nous n'aurons pas de drame, dernièrement, nous avons besoin d'autre chose.  »

Pando

Cette maison n'a jamais été calme, ou du moins, je ne l'ai jamais connue calme. Adrian a toujours été un peu turbulent, et cela ne s'est pas arrangé avec le temps tant son caractère renfrogné et sa manie de toujours dire ce qu'il pense en font de lui un personnage plus vivant qu'on ne le pense. Aussitôt à l'intérieur, je retiens le petit sourire qui se place peu à peu sur mon visage quand les éclats de voix me parviennent au loin. A ce qu'il me semble, Adrian semble avoir besoin de moi car le ton familier qu'il vient d'employer est sans doute pour moi. Dans cette maison, il est la seule personne à me tutoyer, ce que je préfère en soit. Les domestiques m'accueillent avec beaucoup de politesse et de rigueur, signe que la maison Mountbatten est très respectable, et on me dirige finalement vers le petit salon proche de l'entrée. Quand je rentre, je vois très vite la position dans laquelle se trouve mon meilleur ami, encerclé et sous les jougs de sa mère qui tente désespérément de lui faire avaler ce qu'il me semble être une tasse de .. .thé? Ah, je dois arriver à point nommé.

« Lady Mountbatten, quel plaisir de vous revoir. »

Je me rapproche d'elle pour lui faire une petite révérence en attrapant sa main et en laisse un simple baise main.

« Que diable a-t-il encore fait? »

Je lance une simple regard amusé à Adrian avant qu'elle ne m'explique les faits et son désir de lui faire boire ce thé au plantes pour l'aider à se rétablir. Quel enfant! Bon après, je peux le comprendre, ces boissons aux plantes sont tout bonnement infectes, ce n'est pas fautes d'y avoir gouté durant ma convalescence. Même en y mettant du miens j'ai trouvé ça horriblement odieux. Je me retiens de rire et me tourne une fois de plus vers Adrian.

« Mon ami, il faut que tu boives ce remède, car j'ai besoin de toi. Merci Lady Mountbatten, je m'en charges si vous voulez bien, je lui ferai boire ce thé de grè ou de force. »

Loin de moi l'idée de la congédier, mais la mère d'Adrian a toujours été très agréable avec mon frère et moi, nous laissant très facilement seuls de peur de gêner quand nous étions de pauvres idiots turbulents et incroyablement immatures. Je pense qu'elle a pris l'habitude désormais et après m'avoir remercié et tendue la tasse, elle s'éloigne avant de refermer la porte derrière elle. Je sais qu'Adrian va avoir envie de me sauter dessus et de me tuer si je m'avance ne serait-ce que d'un centimètre avec cette boisson, alors je m'empresse de la poser sur la petite table du salon et de me rapprocher de lui. J'ai besoin de le sentir dans mes bras, trop de temps a passé!

Pando

Assis à mon bureau, je rédige les dernières lettres avant de signer de mon nom et titre, et d'apposer la cire pour en verrouiller le contenu. Rien de bien confidentiel dans ce papier, simplement une coutume et une habitude que ma famille a pris quand il s'agissait de faire parvenir une lettre. Est-ce là un moyen seulement de se montrer grâce aux armoiries? Peut-être bien. Je regarde le tampon entre mes mains, et je repense à la lettre de Lyana que j'ai reçue il y a quelques jours. Cette demoiselle avec qui j'ai grandi, que j'ai aimé, que j'ai adoré, qui m'a fait rire et m'a fait me sentir vivant. Lyana a toujours été très importante pour moi, quand bien même elle n'est que pupille et pas de noble lignée, elle en reste à mes yeux une personne formidable et je volerai toujours en sa direction si elle me le demandait. Elle est ma famille. Elle avait l'air tellement bouleversée dans sa lettre, me racontant ses déboires avec son futur mariage. Malheureusement, dans notre société, nous sommes beaucoup à faire des mariages arrangés, et à faire des efforts pour que cela marche, mais dans le cas de Lyana, cela doit être compliqué de s'imaginer avec un homme que l'on décrit comme odieux et méprisant. Je sais que cela doit la retourner et qu'elle a besoin de passer ses derniers instants de femme libre avec ceux qu'elle aime. C'est donc tout naturellement que je lui ai dit que nous nous retrouverions au théâtre, je sais que c'est un endroit qu'elle aime et la loge royale est très intimiste pour qu'elle puisse se sentir tranquille et coupée du monde.

La pendule de mon bureau sonne et je sursaute, voyant que je vais être en retard si je traine une seconde de plus. Etant déjà prêt pour l'occasion, je me redresse et file hors de la maison pour monter dans la voiture qui m'attend déjà. L'avantage d'être un prince, c'est que les employés sont toujours là à l'heure, eux. Nous arrivons vite au théâtre qui semble déjà bien rempli et je descend de la voiture en redonnant les salutations que l'on m'adresse. Je jette un oeil voir si Lyana est arrivée pour ne pas la laisser attendre seule mais ne la voyant pas, je m'attèle à commencer à monter. Le hall est plus calme que les rues de la ville, et je me rapproche de certains Lords afin de les saluer. Même si je suis là pour Lyana, je n'en oublie pas ma condition et mon devoir, et faire bonne figure et connaitre tout le monde en fait partie. Soudain, une robe rouge attire mon attention, et je relève les yeux sans pouvoir me contrôler pour voir Lyana arriver.

« Messieurs, ce fut un plaisir, mais le devoir m'appelle. »

Elle se rapproche de nous, et les Lords la saluent tour en tour avec une révérence et un baisemain avant de s'en aller et nous laissant que tous les deux.

« Ma chère Lyana, cette robe est... Tu es éblouissante! »

Je me penche moi aussi pour la saluer d'une petite révérence et attrape sa main pour y déposer mes lèvres. Il n'y a rien de si formel entre nous quand nous nous voyons au palais, mais les quelques regards qui se jettent sur nous m'oblige à me conduire en prince et non en ami pour le moment.

« Prête? »

Je lui tends mon bras pour qu'elle s'y accroche et que nous retrouvions la loge. Je sais que la pièce est loin de commencer, mais nous serons plus tranquilles à étant entre nous.

Pando

Je suis ravi de voir que mon frère est de mon avis et qu'il nous a suivi avec Adrian. Il est vrai que cela peut parfois faire peur de se jeter de la sorte dans les jeux de la Reine, qui en général, transforme les jolies jeunes filles de Londres en lionnes affamées.
Nous prenons tous les trois place tandis que les demoiselles se sont rassemblées et commencent à espérer tomber sur le jeune homme qu'elles désirent. Nous nous retournons tous pour ne pas voir qui lance quel foulard, et j'en profite pour donner un petit coup d'oeil à Adrian avant de rire avec mon frère.

- Un commentaire et je vous fais bouffer vos cravates.

Loin de moi cette idée, nos regards suffisent bien assez pour le mettre mal à l'aise. Evidemment, cette petite animation lui sera rappelée en permanence, nous serions de très mauvais amis si nous le laissions l'oublier rien qu'un seul instant.
Alors que les filles gloussent un peu, je me demande sur qui je vais tomber. Contrairement à mes deux frères, je ne connais pas les demoiselles de Londres, étant donné que je suis resté longtemps dans mes quartiers terrassé par une forte fièvre qui a ôté la force de mon corps. Ce sera une première pour moi cette année.

Le départ est donné et je me retourne pour regarder les différents foulards étalés sur le sol. Sans attendre, je me dirige vers un endroit où il y en a trois regroupés, hésitant encore sur la couleur de ce que je vais choisir. Finalement, j'en attrape un couleur un peu bordeaux, couleur que je trouve attirante et peu commune, et quand je me redresse, je cherche du regard celle à qui il appartient. Je ne tarde pas à la voir, son poignet n'étant pas très loin de moi, et je me dirige lentement vers elle.

« Bonsoir Miss. Prince Wilhelm de Hohenzollern, je suis à vous pour cette danse aux vues de nos foulards.  »

C'est une jolie demoiselle, sa peau blanche qui contraste avec sa chevelure ébène est fascinante et je suis surpris que les garçons ne m'en aient pas parlé. A croire qu'ils ne pensent qu'à celles qui les rebutent.

Pando

Les yeux lourds, je sors de mon lit encore groguis de mon sommeil un peu trop long. Voilà bien longtemps que je reste dans cette chambre, couché dans ce lit qui est devenu un gouffre plus qu'une délivrance. Les médecins ont été clairs, c'est un miracle que je sois encore en vie puisque bien souvent, une fièvre aussi forte et aussi longue que la mienne est dévastatrice. Evidemment, Dieu n'est en rien seul tributaire dans cette histoire car mon frère ainsi que la Reine ont cherché les meilleurs médecins du pays, voir même du monde il me semble pour que je sois soigné au mieux. Je ne les en remercierai jamais assez, puisque depuis une semaine, je peux enfin sortir de ce lit.
Marcher est une épreuve, mes jambes ayant cessé de fonctionner durant quelques temps, mais avec quelques appuis et aides de meubles, je me sens de descendre prendre un petit déjeuner. J'enfile quelques vêtements décents et une fois prêt, débarbouillé et réveillé, je descend. Mon frère est là et je m'empresse de m'assoir avec lui après lui avoir tapé légèrement sur l'épaule.
« Je suis ravi de vous voir en meilleure forme Monsieur. » me dit alors notre majordome.
« C'est grâce à vous que je le dois, je ne vous en remercierai jamais assez. »
Je lui répond en lui souriant, après tout, en tant que majordome, lui aussi a été à mon chevet durant tout ce temps, il est normal qu'il le sache.
Pendant qu'on me sert le thé et qu'on dépose une montagne de tartines devant moi, je regarde mon frère qui a l'air plus heureux que jamais. Nous avons été séparés trop longtemps, et je sais que ça a du être un calvaire pour lui. Si ç'avait été lui, je crois que je ne m'en serai pas remis, la simple idée de le perdre m'est insupportable.
« Karl, tu as quelque chose de prévu aujourd'hui? Je vais aller voir Adrian, tu veux venir avec moi? »
Mon frère m'a raconté l'incendie qu'il y a eu au marché couvert, et ce qu'a fait Adrian pour le sauver. Quelle horreur, je n'imagine pas ce qu'ils ont du traversés, tous les deux et tous ces gens qui étaient prisonniers du feu. Adrian n'étant pas en forme en ce moment, et n'ayant pu profiter de sa présence lors de ma maladie, j'ai besoin d'aller le voir. J'ai besoin de lui dire qu'il est un héro à mes yeux, mais aussi un sombre crétin, et qu'il faut qu'il fasse attention car il est comme Karl à mes yeux, sang ou pas, je ne pourrais me résoudre à le perdre.
Mon frère ayant quelques rendez-vous aujourd'hui ne peut se joindre à moi, et je ne peux lui en vouloir. La saison mondaine n'a eu qu'un seul prince au lieu de deux, alors il a du assurer tout seul de faire acte de présence un peu partout. Ce n'est que partie remise, et cela me permettra de parler avec Adrian de ce qu'il a fait.
Je finis mon petit déjeuner, et une fois la voiture devant la maison, je m'empresse de dire au cochet que nous allons chez Adrian. A force, ils connaissent le chemin par coeur, nous y allons tellement de fois avec mon frère depuis des années, sans compter les fois où Adrian s'est fait raccompagner après avoir un peu trop bu lors de nos parties de cartes.

Pando

Les acclamations des invités du bal ont porté un coup au coeur de notre reine, c'est un fait indéniable mais elle ne souhaite rien en montrer, comme la bonne souveraine qu'elle est depuis la mort de sa fille. Elle l'était déjà bien avant cela, mais les évènements qui ont fait perdre la tête et la prestance de son époux n'ont pas eu raison d'elle. Elle est restée forte et présente pour son peuple, et c'est ce qui a fait que je l'ai toujours admirée. Sans doute aussi qu'elle me rappelle mes propres démons et ce passé que j'ai cherché à oublier en me plongeant dans mon rôle d'héritier.
Je regarde mon frère qui est arrivé avec à son bras une demoiselle, car monsieur a bien voulu se plier au jeu de notre belle tante et je suis surpris de ne le voir arriver que maintenant. Je remarque ensuite que la jeune fille a l'air de boiter et que c'est sans doute cela la raison qui a fait qu'ils ne soient pas encore sur la piste de danse. Si seulement il était arrivé plus tard pour ne pas voir ce spectacle. Adrian s'étant occupé de notre roi, je suis resté avec la reine afin de garder un oeil sur elle et sur la foule qui ne manque pas d'analyser la moindre de ses réactions. Mais le calme semble vite revenir une fois le roi hors de leur champ de vision.
Lorsqu'Adrian revient, il échange un simple regard avec elle, afin de lui faire comprendre que tout est sous contrôle et me voilà soulagé. Heureusement qu'il a ce caractère impulsif et réactif que je n'ai pas, je n'ai pas été capable de m'y prendre rapidement et d'agir pour mon roi.
« Merci d’avoir aidé mon oncle mon frère. »
Il échange quelques sourires avec nous et finit par s'en aller sur la piste avant même que la reine ne puisse le lui ordonner, ou même mon frère. Car il le sait, cela serait arrivé à un moment donné. Je me tourne alors vers Karl un sourire aux lèvres.
« Est-ce qu'il va vraiment faire ce jeu?  »
Je regarde les jeunes filles s'avancer, certaines semblent attendre que quelques gentlemen aux vues des regards qu'elles leur lancent. J'avoue n'avoir encore participé à aucune festivités, ma santé s'étant tout juste remise de cette longue période que je ma famille a traversée, et la peur d'un corps qui ne pourrait soutenir son propre poids devant le peuple anglais. Aujourd'hui heureusement cela va mieux, et j'hésite moi aussi à aller sur cette piste pour rejoindre Adrian. Peut-être même que nous pourrions y aller tous les trois, cela ferait le plus grand bien à ma tante après ce qu'il vient de se passer.
« Il a sans doute raison, si nous y allons, la reine n'en sera que ravie et cela lui fera oublier les évènements qui viennent de se passer. Tu viens?  »
Un dernier regard à mon frère et je me dirige vers la piste moi aussi.

Pando