Valerian avait reçu un courrier de son frère, quelques jours plus tôt. L'état de leur mère avait été préoccupant à cause d'un virus passager. Il n'avait pu prendre de congé avant, mais Monsieur Sutton comprenant la situation, il avait laissé à son majordome trois jours pour aller s'occuper de sa mère, pas plus, le travail serait trop important à rattraper à son retour et son absence serait trop remarquable s'il partait plus longtemps. Mais trois jours, c'était bien. C'était assez pour prendre le relais sur sa fratrie, et en même temps... C'était assez peu pour pouvoir supporter la situation.
Il était là, planté un beau matin de fin de printemps, devant la maison dans laquelle il avait grandit. Alors qu'il était à l'extérieur de la pauvre bâtisse, n'osant pas continuer le chemin de terre qui menait à l'entrée, il pouvait entendre les hurlements de sa mère qui visiblement, traversait une phase de colère. Celle-ci précédait toujours un moment de fatigue intense qui la faisait dormir un moment, son frère lui en avait déjà parlé. Avec un peu de chance, il pourrait embarquer sa chère
@Anna Huntley pour un moment de répit. Ce ne fut qu'après une grande inspiration, son courage porté par des odeurs de champs et de crottin de cheval, qu'il releva les épaules et que, son sac à la main, il vint frapper à la porte.
Le majordome portait une de ses toilettes achetées par Lord Sutton. Fallait dire que sortir avec un souillon n'était pas forcément de la meilleure impression. Voilà comment ce fut un jeune homme d'une trentaine d'année, portant un bel ensemble trois pièces sombre, aux reflets verts, la tête ornée d'un chapeau haut de forme de belle manufacture, qui passa le pas de la porte juste apprès s'être annoncé de trois coup. Il posa son sac à l'entrée puis se rendit dans la cuisine où se trouvaient sa mère, complètement avachie sur la table visiblement assommée soit par sa crise soit par ses médicaments, ainsi que son frère et sa soeur qui, de toute évidence, ne s'attendaient pas à le voir.
Allez, c'est bon, je prends le relais. Leur sourit-il, protecteur, tout en s'approchant de sa soeur pour venir déposer un baiser sur son front.