Décompresser avec une pression [RP Libre low cast only]

Enfin, Valerian avait pu prendre deux jours de congés. Enfin, le majordome pouvait aller décompresser comme il le lui arrivait occasionnellement. Ce genre de soirée était pour lui un moyen de décrocher de toute l'étiquette et de toutes les conventions. N'ayant pas grandit dans cet univers, cela lui était parfois pénible et il avait la très nette impression de ne pas pouvoir être lui-même. Et puis aller à la brasserie était aussi l'occasion de pouvoir croiser des gens du bas peuple avec qui s'esclaffer et boire sans trop se soucier du qu'en dira-t-on. De toute façon, il partait du principe que ce qu'il se passait à East End, devait rester à East End, même pour les personnes plus riches.

La fin d'après-midi sonnait 7h et Valerian venait d'arriver dans l'établissement à l'odeur marquée de tabac et de houblon. C'était encore calme, l'endroit pas encore assaillit par les travailleurs du coin. Le majordome avait passé la journée à traîner dans l'écurie des Suttons puis après une bonne douche, il avait finalement décidé d'aller boire un coup. Avec un peu de chance, il pourrait rencontrer quelques ami.e.s et partager une table avec elleux. Lorsqu'il vint s'installer, c'était comme si le poids du monde venait de quitter soudainement ses épaules. Le chapeau à côté de lui, complètement avachi sur sa chaise, il leva le bras et annonça d'une voix claire mais fatiguée.

Un whiskey pur s'il-vous-plaît !

Si d'ordinaire Marlène travaillait toujours d'arrache pied, il y avait un soir qu'elle s'accordait de temps un autre. Une seule nuit qui lui permettait de quitter la boutique tôt et de se détendre pleinement.
Ce soir, elle avait convié sa grande amie Arya à la rejoindre. Ce fut avec une joie non dissimulée qu'elle la retrouva donc sur le pas de sa porte. Voilà que la couturière débauchait Arya pour un moment de perdition. Une idée qui l'amusait beaucoup. La rouquine ferma prestement la boutique puis saisit le bras de l'innocente demoiselle pour grimper dans une petite voiture un peu branlante. Toutes deux gagnèrent le quartier de l'East End, ou elles firent halte face à un établissement quelque peu bruyant. Un large sourire aux lèvres, Marlène quitta l'habitacle avant de lancer le paiement au cocher pour sa course. Les pieds sur les pavés usés et détrempés, elle pivota en direction de sa comparse.
"Bienvenue douce Arya ! Nous voilà dans une des plus grande brasserie de Londres, et peut-être, la meilleure. Vu comme ça, ça ne paye pas de mine, mais crois-moi que tu vas t'amuser."
Elle l'avait ensuite mené jusqu'à l'intérieur de l'établissement avec son aisance habituelle. Si Marlène ne montrait pas sa souffrance, elle compensait cela par une allure quelque peu surprenante. Tout en se tournant vers l'aubergiste, qu'elle connaissait depuis quelques temps déjà, elle commanda deux chopes.
"Hey Jack, deux chopes de blonde pour mon amie et moi s'il te plaît."
L'homme au visage rougeot répondit dans un petit rire étouffé. Bientôt Marlène se mit en quête d'une table, mais une silhouette voisine interpella son regard. Elle arqua un sourcil.
"Ne serait-ce pas notre chère majordome qui est là ce soir ?" Demanda la demoiselle en reconnaissant les traits d'un brin au visage émacié.
Elle s'approcha de lui, invitant Arya à la suivre.
"De repos Val ?"
Un air mutin avait maintenant investi ses traits. Elle se tourna vers la brune afin de faire les présentations.
"Arya, je te présente Valerian, le majordome de la maison Sutton. Plus dévoué que lui, il n'y a pas."
Un nouveau quart de tour et elle s'adressa de nouveau au domestique.
"Val, je te présente Ary, une amie très chère a mon coeur que j'ai ENFIN pu arracher à son office."
Avisant qu'il était seul, elle poursuivit.
"Peut-on se joindre à toi ? Je remarque que tu sembles dépourvu de compagnie ce soir." Nota la rouquine aux yeux pétillant.

Lorsque Marlène lui avait proposé cette soirée, Arya avait d'abord refusé dans un éclat de rire vif et presque indigné, comme si il était totalement ridicule d'oser l'imaginer faire une chose pareille. Elle dans une brasserie la soir après que la nuit soit tombée ? C'était juste inconcevable ! Jamais on ne l'avait autorisé à faire une chose pareille. La jeune femme avait beau être bâtarde et reléguée à l'office, il n'en demeurait pas moins que son père veillait au grain et qu'il était hors de question qu'elle quitte la demeure afin de se livrer à de telles activités une fois le soleil couché ! C'était absolument inconvenant pour une demoiselle ! Sujet sur lequel pour une fois, le Comte et la Comtesse s'accordaient à la différence que Madame aimait juste son pouvoir d'être capable de la priver de quelques amusements...

Arya était partie de chez Marlène le rose aux joues et le cœur battant à cette perspective mais la conviction au ventre que non, elle n'honorerait pas le rendez-vous fixée par son ami devant sa boutique afin qu'elle la conduise au lieu dit. Elle ne pouvait décemment pas s'imaginer accepter... bien qu'elle devait bien avouer l'idée tentant. Elle n'était jamais sortie de sa vie. Elle n'avait jamais mis les pieds dans une taverne. Hors la curiosité la dévorait au moins autant que son envie de prolonger ses retrouvailles avec la couturière qu'elle n'avait pas vu depuis trop longtemps.

A Conisburgh House, la demoiselle avait accompli ses tâches auprès de Lucinda puis comme chaque soir, une fois qu'on n'avait plus eu besoin d'elle, elle était à son tour montée se coucher. Pourtant à peine sa robe retirée... en avait-elle enfilé une autre avant de brosser rapidement ses cheveux et de les coiffer d'une lourde tresse sur le côté.
C'était de la folie ! Elle était totalement folle et pourtant elle ne parvenait pas à cesser de sourire, totalement galvanisée par son cœur qui cognait fort dans sa poitrine et y déchargeait son adrénaline ! Arya enroula sa cape sous son bras puis à pas de loup, s'éclipsa de la demeure familiale. Dans les rues du quartier de Kensinghton, elle rabattit sa capuche sur son visage, l'ombrant du tissu et se mit à courir jusqu'à la boutique de Marlène qui l'attendait déjà devant !

- Je n'arrive pas à croire que je suis en train de faire ça ! s'excita-t-elle autant qu'elle angoissa alors que son amie la prit bras dessus bras dessous afin de la faire monter dans une voiture.

La domestique regarda défiler le paysage, peinant à contenir ses émotions contradictoires mais sincèrement curieuse de la suite. Une fois arrivées dans East End, Arya suivit Marlène et tourna sur elle-même afin d'observer l'entièreté de la taverne dans laquelle l'ambiance et la musique battaient leur plein. C'était presque contagieux, au point de faire naître un sourire sur ses lèvres.

- Je n'ai jamais bu ce genre de chose, confia-t-elle à Marlène tout en regardant les occupants des tabourets vider des chopes plus grosses que tous les verres qu'elle avait pu voir dans sa vie. De l'eau m'ira très bien...

Mais la rouquine réclama deux bières. Arya reluqua l'aubergiste remplir à ras bord deux chopines et les leur tendre avec un sourire entendu. Bon sang... Incertaine, elle prit néanmoins le breuvage et suivit la couturière à travers la salle, dansant entre les tables.
Elle héla finalement un homme attablé seul et entraîna la brunette avec elle jusqu'à lui avant de faire les présentations :

- Enchantée Monsieur.

Les convenances, toujours les convenances. La demoiselle était très novice, pour ne pas dire totalement débutant dans l'art de lâcher prise et faire la fête. Ce soir serait à n'en pas douter témoin de bien des premières pour elle !
S'asseyant, elle prit la chope entre ses mots et l'étudiant d'un regard presque défiant. Ça sentait bon mais elle n'avait pas un très beau souvenir de la fois où son père lui avait fait tremper les lèvres dans son verre de bourbon qu'il appréciait tant, ni même de l'alcool qu'elle s'était efforcée de boire cul sec lorsqu'elle avait surpris malencontreusement le Duc et le Comte ensemble...
Mais là encore, sa curiosité naturelle fut la plus forte. Arya porta la chope à sa bouche et goûta, poussant un petit cri à la fois surpris et ravi.

- Mais... C'est délicieux !

Elle en reprit une franche gorgée qui lui piqua agréablement le gosier et passa sa langue gourmande sur ses lèvres afin d'en chasser la mousse.

A peine avait-il posé ses lèvres sur son verre qu'il entendit une voix familière. Marlène était des amies avec lesquelles il se sentait le plus à l'aise jusque là. Le genre de personne qui illuminait une pièce tel un rayon de soleil avec sa joie de vivre communicante. Alors qu'elle l'apostropha en remarquant sa présente, il se leva afin d'accueillir les deux jeunes femmes avec politesse, s'inclinant respectueusement.

Marlène, quel plaisir de te croiser. Comme tu le vois oui, je suis de repos aujourd'hui et demain. Lui répondit-il en souriant, l'air jovial.

Son amie lui présenta alors la jeune femme qui l'accompagnait. Valerian lui adressa un autre sourire, accueillant cette nouvelle venue avec un intérêt illuminant son regard. S'il s'agissait d'une si bonne amie de Marlène, il était presque certain que ce pourrait être quelqu'un de bien.

Evidemment, installez-vous ! Une si bonne compagnie ne se refuse jamais. Répondit-il à Marlène avant de se tourner vers Arya. Vous pouvez m'appeler Valérian, laissons tomber l'étiquette pour cette soirée. Je suis enchanté de faire votre connaissance.

Les deux jeunes femme s'installèrent à table et le majordome suivit le mouvement. C'était très exactement ce dont il avait besoin pour passer une excellente soirée. Tous prirent alors une gorgée de leur verre respectif, comme pour sceller le commencement de ce moment partagé. Ce soir, Valerian ne se donnait aucune limite, ayant besoin de lâcher prise un maximum de tout ce qu'il se passait en ce moment. C'est alors qu'Arya s'extasia sur la bière, ce qui tira un rire amusé au majordome.

Ah ! Serait-ce la première fois que vous goûtez à la bière, Arya ? Vous avez de la chance, votre amie vous fait découvrir la meilleure de Londres. Rit-il alors. Marlène, alors dites-moi, comment est-ce que cela se passe à la boutique ? Avez-vous quelques potins à nous raconter afin de bien commencer la soirée ?

Autour d'eux, la brasserie se remplissait petit à petit des travailleurs terminant leur journée par une beuverie bien méritée. Les rires et l'odeur de tabac et d'alcool emplissaient la pièce d'une ambiance festive typique de cette brasserie de renom. Il bu une autre gorgée, grimaçant encore lorsque la boisson lui brûla délicieusement la gorge en passant, gardant son verre en main pour en reprendre encore un peu, le dégustant avec plaisir.

Quel bonheur de pouvoir souffler un peu tout de même. Soupirait-il, se détendant.

En levant les yeux vers la devanture du Barclay Brew House, Joséphine se demanda ce qu’elle faisait là. C’était la première fois qu’elle y mettait les pieds, il faut dire qu’elle n’a pas l’habitude de traîner dans les bars. Pourtant elle se retrouvait là, devant une des brasseries les plus connues de Londres, du moins pour les gens du peuple. Elle avait reçu une lettre il y a quelques jours de cela de Syméon, son frère aîné, qui l’informait qu’il serait de passage à Londres prochainement et qui l’invitait à le rejoindre à cette adresse. Cela faisait bien 1 an qu’elle ne l’avait pas vu, elle ne pouvait donc sciemment refuser cette invitation.

Josie se redressa et après avoir pris une bonne inspiration ouvrit la porte, elle ne savait pas vraiment à quoi s’attendre en franchissant la porte mais la première chose qui vint lui piquer le nez est le mélange d’odeur de tabac et de houblon. Elle n’eut pas le temps de se familiariser à l’odeur, qu’un groupe d'hommes la pressa pour entrer et ne pas boucher l’entrée. Après l’odeur, c’est le bruit qui attira l’attention de la jeune femme, un joyeux brouhaha reignait dans la taverne.

Elle parcourut la pièce du regard cherchant le visage familier de son frère mais après plusieurs minutes de recherche elle dû se rendre à l’évidence, il n’était pas là. Légèrement mécontente et mal à l’aise de se retrouver seule dans ce lieu, elle se dirigea  vers le comptoir espérant que son frère ne lui fasse pas faux bond.

Sans attendre, la rouquine prit place sur un siège voisin du grand brun. Il venait de les inviter après tout et la modiste n'aimait pas s'embarrasser de mondanités inutiles dans ces instants ou il n'était question que de détente.
Un soupire s'envola dès qu'elle sentit son dos s'appuyé sur le dossier de la chaise. Enfin un peu de tranquillité ! Elle soupira tranquillement avant de jeter une oeillade en direction d'Arya qui goutait sa première boisson alcoolisé. Un rire lui échappa quand elle constata avec plaisir que l'anglaise était conquise.

"Ne te l'avais-je pas dit ?, insista la rousse en lui adressant un clin d'oeil complice."

Elle ne persista pourtant pas davantage et reporta son regard pétillant en direction de son ami majordome. Valerian était un de ces rares compagnons de beuverie avec qui elle conversait aisément et c'était un plaisir de siéger à cette table en sa compagnie désormais. La question qu'il venait de poser la fit grandement sourire, mais la couturière fit durer le suspense en buvant plusieurs gorgées de sa chope. La bière englouti, elle sourit en parlant à voix basse.

"Ma boutique se porte bien cher ami. Je n'ai pas à me plaindre, contrairement à certaines...Vous saviez que Lady Kensington m'a fait changer trois fois la taille de sa robe ? Et le tout en deux mois ? Je pense qu'elle est enceinte !"

Les ragôts étaient lancés et ce n'était que le début.
La française poursuivit sur le ton de la confidence. Elle affichait un sourire malicieux au possible, prenant plaisir à mentionner certaines rumeurs dont elle avait entendu parler dans la rue ou même dans sa propre demeure.

"Et comment oublier ce qu'a écrit Lady Whistledown dans son dernier papier ! Des princes qui manquent de courtoisie et des demoiselles qui sont prête à être déclassé ? J'ai déjà entendu plus d'une dame en parler et je ne pense pas que cela s'arrêtera là..."

Marlène but encore un peu puis soupira fortement. Si elle riait la majeure partie du temps des débutantes, elle partageait une profonde sympathie pour certaines. Cela ne devait pas être aisé d'être exemplaire chaque jour. Portant son verre à ses lèvres, elle poursuivit avec moins de joie.

"Je ne cesse de m'estimer heureuse concernant ma vie... J'ai au moins l'avantage d'être libre, contrairement à ces demoiselles. Elles me font de la peine, je l'admets."

Elle songea soudain à un évènement de poids qui s'approchait. Là aussi cela faisait la une chez les petits gens !

"Au fait, vous avez prévu de vous rendre à la fête du printemps ? Pour ma part, j'ai pris mon week-end de façon exceptionnel."

A mesure qu'elle parlait, la jeune femme nota l'agitation dans la brasserie. Elle laissa son regard vagabonder, non sans s'attarder sur une blonde qui venait de prendre place au comptoir. Elle, elle ne la connaissait pas. Son timbre devint fort. Il claqua dans les airs pour l'interpelle.

"Hey la nouvelle ! Ca te dit une bière ?"

L'aisance de Marlène contrastait de façon flagrante avec la timidité de Arya. La modiste était parfaitement dans son élément ici et son amie en était sincèrement ravie de voir qu'elle s'épanouissait si bien dans cette ville, mais pour la brunette tout cela était bien nouveau ! Elle n'était pas à Londres depuis bien longtemps et se trouvai déjà dans un tourbillon étourdissant de nouvelles émotions ! Elle avait déjà bien plus vécu et découvert qu'en 10 ans de vie à Longstowe Hall où il était d'usage qu'elle demeure discrète afin de ne pas importuner la Comtesse qui refusait de souffrir sa présence d'avantage que nécessaire. Arya n'était pas malheureuse pour autant là bas, après tout elle ne connaissait pas grand chose d'autres mais cette ville lui ouvrait de nouvelles perspectives. Des horizons qu'elle n'avait jamais imaginé. Tout ici semblait si effervescent ! C'était comme si chaque coin de rue, chaque porte, chaque mur dissimulait une nouvelle découverte à son regard innocent.

- Valérian, se corrigea-t-elle à sa demande d'un sourire. Moi également !

La taverne, était définitivement un des derniers endroits où la fille du Comte de Cambridge aurait cru mettre les pieds un jour ! C'était proprement inconvenant ! Mais à ressentir l'ambiance qui l'entourait, à voir les sourires sur les visages, la spontanéité des gens qui riaient aux éclats et trinquaient à en faire sauter les liquides de leurs verres, le goût des boissons... Arya retenait en elle une certaine euphorie grandissante, la magie du lieu paraissant vouloir l'emporter sans qu'elle ne s'y abandonne encore pleinement. Elle était heureuse d'être ici... Elle n'aurait pas du, elle aurait sans doute dû être mortifiée et outrée par tout ce qu'elle voyait mais... Elle appréciait être là et d'autant plus avec Marlène !
L'interdit qui planait au dessus de ce lieu le rendait encore plus attrayant pour la jeune fille qui continuait de boire sa bière avec un attrait incessant. Dieu que c'était bon !

Elle hocha la tête lorsque Valérian lui demanda si c'était la première fois qu'elle goûtait la bière. Elle espérait en tout cas que ce ne serait pas la dernière ! Arya en prit une nouvelle gorgée, puis regarda un peu autour d'elle, avisant une demoiselle blonde assise seule non loin de leur tablée ainsi que tous les autres groupes de personnes. Certains semblaient déjà fort éméchés et un homme lui vola un petit éclat de rire lorsqu'elle le vit monter sur une table afin d'exécuter un pas de danse qui s'acheva par une chute les quatre fers en l'air. Le domestique avait raison. Ici l'étiquette semblait être bien éloignée de toutes pensées et les inhibitions laissées à la porte ! C'était excitant !
Arya sentait son cœur s'emballer à mesure que tout ici l'empreignait. La taverne était la sirène chantant à son oreille et elle était le marin se laissant peu à peu entraîner. Elle avait dormi toutes ces années, c'était contenue à devoir rester discrète, mais sous sa peau sa véritable personnalité fourmillait et cherchait à sortir! A découvrir ! Portée par quelques cris de joies qui éclatèrent derrière eux et la surprirent, Arya adressa un sourire complice et ravi à Marlène, ses yeux pétillants d'une lueur nouvelle grisés par l'amusement alors qu'elle bu une nouvelle gorgée de son verre.

Elle écouta les potins énumérés par sa meilleure amie qui mentionna le bal des débutantes. La brunette toussota et se réfugia dans sa bière, ses joues légèrement rosies... Hum... Le visage d'Arthur s'imposa immédiatement à elle et l'émoi de leur moment tous les deux la saisit sur place. Ses pensées dévièrent et la ramenèrent à cet instant où elle aurait tant aimé que le défilement du temps ne sois plus qu'une distorsion à sa convenance. Une seconde pour une éternité lui aurait été tout à fait...

- Hhh ! sursauta-t-elle lorsque Marlène héla la nouvelle, la tirant de son petit rêve.

La domestique appuya l'invitation de son regard doux puis ramena son verre à sa bouche. Elle ne rencontra que le vide et baissa ses yeux sur le contenant pour n'en trouver que le fond.

- Oh je... je l'ai déjà terminé ! pouffa-t-elle bien qu'un peu gênée.

A quel moment avait-elle bu si vite ? Elle ne s'était même pas rendu compte ! Etait-elle la première à avoir fini ? Bon sang elle était mortifiée ! Une demoiselle n'était pas supposée boire de la sorte !

Valerian écoutait attentivement ce que lui disait Marlene, ricanant avant elle sur les potins qu'elle lançait déjà. Ah, les soirées entre gens d'en bas, il n'y avait rien de plus drôle que de lâcher des ragots et autres bruits de couloirs. Il fallait dire en plus que la modiste était littéralement au centre de toutes les histoires, dans l'intimité directe des dames. Si on souhaitait cancanner, c'était bien la personne à contacter.

Alors qu'elle parla de la liberté qu'elle avait contrairement aux autres demoiselles, le majordome comprenait à moitié. Lui-même n'avait pas le loisir de jouir de cette liberté, coincé en première ligne de l'étiquette comme vitrine de la bonne tenue de cette maison. Voilà qu'il levait alors son verre, souriant à Arya qui s'étouffa tout en terminant sa bière. Là, à son tour, il bu son whisky n'en laissant qu'une ultime goutte avant de claquer le verre.

Une rire s'echappa de ses lèvres à la remarque d'Arya. Le majordome leva alors la main, hélant le serveur. Ce dernier arriva rapidement, les bras encore chargés de verres bien remplis prêts à être posés sur d'autres tables. Malgré le monde, même le serveur de la taverne semblait partager l'émotion générale, il semblait vibrer au rythme des cris et des ordres lancés de par et d'autre de la pièce.

C'est ma tournée. Une pression pour ces dames, sauf si elle désirent autre chose, et un verre de whisky pur pour moi, s'il vous plaît. commandait il alors, demandant du regard à ses compagnes de beuveries si c'était bon pour elles.

À son tour, il souligna du regard cette nouvelle tête qui venait de se faire alpaguer par Marlene.

Puis-je aussi vous offrir quelque chose à boire ? Que prendrez vous ?

Enfin la journée est finie. Les demandes n’ont pas arrêté aujourd’hui et j’ai créé de nombreux bouquets pour les différents événements qui vont avoir lieu durant la saison. Je sens la fatigue pointer le bout de son nez, cependant ce soir je sors et je rejoins ma grande amie Theodora. Nous avons décidé de nous rendre dans le bar du coin afin de discuter de tout et de rien et de refaire le monde, comme nous avons souvent l’occasion de le faire quand elle vient me voir. Moi ça me convient, j’aime m’amuser et puis la boutique est fermée demain. Je peux donc prendre tout mon temps pour m’amuser jusque tard dans la nuit.

Je me change rapidement, enlevant mon tablier et laissant mes cheveux retomber sur mes épaules. Autant se mettre en valeur, on ne sait jamais qui on peut croiser ce soir. Je ferme donc la porte de la boutique et retrouve mon amie qui m’attend à la porte. Un sourire se glisse sur mon visage et je m’avance vers elle pour la prendre dans mes bras avant de lui demander comment elle se porte depuis que nous nous sommes vues la dernière fois.

Le chemin se fait rapidement quand on discute et nous poussons la porte du bar. Il y a déjà de nombreuses personnes installées et nous nous avançons au bar pour passer notre commande. En tournant la tête, je regarde au loin Valerian et Joséphine sur la même table. Je leur fais un signe de la main, et une fois que nos bières arrivent nous nous dirigeons vers leur table.

- Bonsoir tout le monde ! Josie comment vas-tu ? Val, ça fait longtemps. Pouvons-nous se joindre à vous ? Et je me présente, moi c’est Fiona. Je tiens la petite boutique de fleurs, un peu plus haut dans la rue.

Je souris avant qu’on s’installe à leur table. Je sens que ça va être une bonne soirée.

Joséphine était assise au comptoir cherchant le visage de son frère lorsqu’elle croisa le regard d’une femme, elle connaissait ce visage pour l’avoir déjà vu mais elle ne se rappelait plus d’où. Cela devait être pareil pour elle car elle ne tarda pas à l’inviter à boire une bière. Elle jeta un oeil à ses compagnons de tablée, il y avait un homme et une femme qu’elle ne connaissait pas non plus. Elle hésita un instant, lançant un dernier coup d’oeil pour voir si son frère était là, mais ça nétait pas le cas et le regard doux de la deuxième jeune femme fini par faire sauter son hésitation. Autant être accompagné dans ce genre d’endroit non ? Et puis si son frère arrivait, il l’a trouverait facilement. Elle quitta le comptoir pour s’approcher de la table et y prendre place.

- Bonsoir, merci pour l’invitation, votre visage m’est familier mais je crains ne plus me souvenir de votre nom

Dit-elle alors à la jeune femme qui l’avait alpagué en gardant une certaine retenue au départ, elle sourit et regarda les autres personnes avant de se présenter.

- Enchantée, je suis Joséphine Dwight, femme de chambre auprès de la famille Seymour. J’avais rendez-vous ici avec mon frère mais je crains qu’il m’ait fait faux bond.

Expliqua-t-elle avant que l’homme présent ne lui demande ce qu’elle souhaitait boire. Elle allait lui répondre quand une voix familière l’interpella. Elle sourit en reconnaissant Fiona, son amie de longue date qu’elle avait récemment retrouvé sur Londres. Elle était accompagnée d’une autre jeune femme, qui devait être Theodora dont elle lui avait déjà parlé. Toutes deux vinrent les rejoindre, la petite tablée commençait à prendre de l’ampleur et cela n’était pas pour déplaire à Josie qui aimait faire de nouvelle rencontre.

- Fiona quel plaisir de vous voir ici ! Comment allez-vous ?

Les accueilla-t-elle de manière enjouée, finalement cette soirée s’annonçait meilleure qu’elle ne elle aurait pu l’être avec juste son frère.

- Je vais prendre une bière svp

Finit-elle par répondre à Valérian avant de lancer un regard bienveillant sur cette tablée atypique où tout le monde ne se connaissait pas forcément mais connaissait au moins l’un d’entre eux.