Adrian Mounbatten, Marquis de BudeHaven

Que faites-vous à Londres ? C'est la Saison. Le moment où la ville s'active le plus. Il faut donc qu'il soit là ! Les clubs ne sont jamais plus vivants qu'en cette période et Londres fourmille. Quant aux femmes, il aime venir juger les "nouveautés" aux bals mondains et moquer ces mères totalement surexcitées ou encore prendre les pari sur quel idiot se laissera mettre la corde au cou... Son jeu préféré est de mettre le rouge aux joues à ces pucelles. Il est habile maître à ce jeu et manie les règles de sorte à ce qu'elles ne portent jamais préjudice. Du moins pas à lui... Votre place dans la société vous convient-elle, ou non ? Bien évidemment ! Il est en haut de l'échelle ! Il a désormais tout sans plus avoir le moindre effort à faire pour l'obtenir. Il faudrait être totalement sot pour ne pas apprécier sa position ! Il se trouve là où n'importe quel homme ambitieux voudrait être et il s'y est hissé lui-même ! Quelles sont vos idées et vos rêves pour l'avenir ? Voilà bien longtemps qu'il n'a plus de rêve. Tout ça s'est envolé lorsqu'on lui à arraché son innocence à coups de ceinturons pour qu'il "devienne un homme" comme aimait à le dire son père. Quant à l'avenir, il n'y songe pas. Il aime vivre au jour le jour et advienne que pourra. Qu'on lui foute la paix avec ça !

Adrian n'était pas destiné à reprendre le Comté de son père. Deux frères avant lui devaient l'en préserver et lui permettre de vivre sa vie d'aventure comme il en rêvait déjà enfant lorsqu'il jouait avec les bateaux de bois sur la fontaine du jardin de sa mère, s'imaginant voguer sur les plus vastes océans.
Il a été relativement délaissé par son père lorsqu'il était petit, ce dernier préférant s'occuper de son héritier et de son second fils au cas où il arriverait malheur au premier. Le Comte était un homme pragmatique... Sans doute un peu trop... Adrian ne l'intéressait pas. Il n'avait pas l'âme d'un Grand de ce monde et il n'était donc pas question de perdre son temps avec lui ! Il était un petit garçon bien trop sensible et fragile ! Toujours dans les jupes de sa mère au salon de musique ou à lui cueillir des fleurs dans le jardin du domaine ! Une offense pour cet homme de terrain ayant gagné l'élévation de son titre de Baronnet grâce à ses prouesses militaires ! Adrian aurait du comme ses frères aimer les armes ! Quémander sa première épée dès son plus jeune âge ! Au lieu de cela il préférait le piano et la lecture ! Une aberration ! Lui avait-on donc donné une fille dans le corps de ce fils ?!
Sa mère elle ne s'en plaint pas. Son mari lui ayant "volé" ses deux autres garçons, elle est ravie d'avoir Adrian tout à elle et le couvre d'amour, s'émerveillant chaque jour de la sensibilité de son petit garçon aux sourires enjôleurs .

Mais Adrian recherche l'affection de son père. Il voudrait qu'il parle de lui avec la même fierté avec laquelle il parle de ses aînés, Charles et Ackley. Alors un jour, alors que ces derniers se préparent pour la chasse, il décide de les suivre, déterminé à ramener un gibier !
Malheureusement pour lui, sa bonne intention causera une tragédie. N'ayant pas vraiment de notion de chasse lui qui préfère soigner les bêtes que de les tuer, il arrive dans le sens du vent, alertant le sanglier traqué par ses frères qui jaillit des fourrés et charge ! Pris de court, Ackley chute lorsque son cheval se cabre et se brise le cou sur l'instant. Charles quant à lui, saute à bas de sa monture et se précipite vers Adrian figé par la peur pour le protéger. Il a le temps de l'écarter du chemin de l'animal en furie, mais lui est grièvement blessé. Malgré son état critique, il essaie de rassurer son cadet et de lui dire que tout va bien. Qu'il est sauf... Des mots qui agitent encore ses nuits aujourd'hui et le font parfois s'éveiller en nage...
Après avoir hissé Ackley sur la croupe de son cheval, le petit garçon aide de son mieux Charles  à monter à son tour afin de le ramener au domaine. Face à l'horreur, Adrian est écarté, laissé seul avec sa peur de voir son frère mourir. Charles reste plusieurs jours dans un état critique avant d'être finalement emporté par sa fièvre. Adrian n'aura même pas le loisir revoir son frère afin de lui dire au revoir, son père lui ayant interdit l'accès à la chambre de son fils chéri... Le petit garçon se prendra la raclé de sa vie par le Comte qui ravagé par la colère autant que le chagrin le laissera avec un bras cassé et des contusions sur tout le corps. Seules les suppliques de sa mère le sauveront du même sort que sa fratrie.

Après quelques semaines, le patriarche décide enfin d'adresser à nouveau la parole à son fils. Puisqu'il ne lui reste que lui, il le ploiera à sa loi ! Adrian est arraché à son piano autant qu'à sa volière qu'il chérit tant et jeté dans la fausse aux lions. Il doit apprendre à être un Lord ! Il doit apprendre à être un soldat ! Il doit apprendre à être son père... Une chose qui lui est contre nature et à laquelle il a du mal à s'adapter mais on le lui inculque à coups de ceinturon répétés. Encore aujourd'hui, il en garde de profondes cicatrices qui lui zèbrent le dos de façon plus ou moins profonde. Une chose qu'il a du mal à montrer et à assumer. Il déteste qu'on lui pose des questions quant à ces marques et invente régulièrement une histoire différente. Personne ne connait la vérité derrière ces blessures à l'exception de sa mère qui en a été trop souvent témoin et son majordome qui lui a d'avantage servi de père que son géniteur.
Pour devenir celui que le Comte exigeait de lui, Adrian a du brimer son âme d'artiste autant que sa sensibilité, son père le mettant constamment à l'épreuve et prenant un plaisir qui lui semblait souvent presque sadique à l'endurcir. Il se rappelle notamment de cette fois où le Comte a brisé le cou de son faucon préféré en lui disant qu'il devait le dompter et non s'en faire aimer. Il n'aura jamais autant pleuré de sa vie...
Pourtant, le jeune garçon résiste et tient bon, se disant que c'est sa punition pour avoir causé la mort de deux frères qu'il adorait malgré leurs différences évidentes. Ackley avait beau l'embêter, il pensait toujours à lui donner des biscuits en rab faits par la cuisinière et quant à Charles, il était toujours bienveillant et protecteur envers lui.

Son adolescence sera rythmée par les coups et les remontrances jusqu'à ce qu'il ne parte enfin faire ses classes à l'armée. Il doit bien l'avouer, il a peur de partir à la guerre... On a beau l'avoir entraîné à être un soldat, il n'aspire pas au champs de bataille mais d'avantage au salon de musique et à la fauconnerie. Pourtant il part sans broncher et se trouve à son grand étonnement être un soldat de talent qui multiplie les faits d'armes sur le front. Ses stratégies qu'il cherche à faire entendre et appliquer auprès de ses escadrons leur vaudront bien des victoires ! Une ferveur qui remonte aux oreilles de ses supérieurs qui feront eux-mêmes remonter sa valeur à la Cour.
Lorsqu'Adrian revient en Angleterre et au domaine de Devon,  c'est avec la reconnaissance du Roi et le titre de Marquis de Bude Haven, ses faits d'armes prestigieux faisant de lui une célébrité dans les salons encore aujourd'hui. Il les vante à son paternel qui enfin le regarde avec de la fierté dans les yeux. Ce fils qu'il a tant méprisé a élevé le nom de Mountbatten ! Il s'est avéré un meilleur soldat et un meilleure stratège à la guerre qu'il ne l'avait jamais été et ne le serait jamais ! Enfin il l'accueille à bras ouverts.
Mais Adrian s'en détourne, lui assurant que plus jamais il ne le reverra. Il part instantanément pour son domaine, emmenant avec lui sa mère et son valet qui devient son intendant. Lorsqu'il visite ses terres pour la première fois, il est subjugué et en tombe littéralement amoureux, la Cornouailles lui volant son cœur.

Lorsqu'on lui annonce le mauvais état de santé de son père quelques mois plus tard, Adrian se refuse à se rendre à son chevet, têtu et borné qu'il est à vouloir tenir la promesse qu'il lui a faite de ne jamais revenir à Mamhead House... A l'abris de tout regard, il versera malgré tout quelques larmes pour cet homme qu'il a aimé dans son cœur d'enfant malgré sa rancœur d'adulte...
Si il est désormais Comte de Devon en plus d'être Marquis de Bude Haven, il ne garde pourtant pas le château extravagant qui l'a vu naître et vend le domaine où il ne veut plus jamais remettre les pieds, achetant à la place Northcote Manor qui sera son nouveau pied à terre dans le Devon où il mettra cependant peu les pieds, n'y venant que pour visiter sa mère qui souhaitait revenir sur ces terres.
Enfin libre de l'emprise du Comte, enfin libre de l'Armée, enfin libre d'être lui-même, Adrian réaménage sa nouvelle demeure située à 400 mètres de la plage comme il l'entend et l'imagine à son image. Il y fait construire une des volières les plus prestigieuses du pays et dresser un salon de musique doté des instruments les plus beaux, renouant avec ses premières amours artistiques. Il aime et excelle au piano bien qu'il ne s'en vante pas, gardant en lui les réprimandes de son père lui rappelant à quel point cela est peu viril.
Curieux du monde qui l'entoure, Adrian fait également affréter des navires et finance des expéditions à travers le monde, réalisant ainsi en partie son rêve d'exploration. Il est toujours le premier dans les cales de ses bateaux lorsque ces derniers reviennent au port afin de découvrir les curiosités qu'on lui rapporte.
Lui qui n'a jamais eu le droit d'avoir d'animaux contrairement aux autres membres de sa famille car "il ne les méritait pas...", possède aujourd'hui plusieurs chiens de toutes races. Il en a actuellement 8 et possède également 3 chats.
Un soir alors qu'il joue un sonnet à la lueur des chandelles, un bruit sourd cognant violemment à sa fenêtre le surprend. Lorsqu'il sort voir de quoi il retourne, il trouve un corbeau assommé au sol et l'aile brisé. Il la recueille et la soigne, puisqu'il s'agit d'une petite femelle. Il tentera de la relâcher une fois sa santé retrouvée, mais elle ne voudra jamais partir. Elle l'accompagne aujourd'hui dans son quotidien et il ne va jamais nulle part sans elle, ce qui en fait une belle attraction. Elle porte le nom de Haven, en l'honneur de son marquisat.

Lors de sa première saison à Londres, Adrian se sent aussi nerveux et innocent qu'une débutante, fort peu habitué à ce genre de mondanités, lui qui se sent bien plus à l'aise sur ses falaises adorées au bord des mers de Cornouailles. Malgré tout, il est charmant, avenant et se prête volontiers au jeu bien qu'il ne soit pas décidé à prendre femme pour l'instant.
C'était cela dit sans compter sur le charme d'une certaine Lady... Juliet est la plus belle demoiselle qu'il lui aie été donné de voir et il tombe fou amoureux d'elle à l'instant où il la voit. Il la courtise de toute sa ferveur et de toute sa sincérité, lui donnant son cœur tout entier. Les mois de fiançailles lui paraissent interminables d'autant qu'elle le presse de la laisser se perdre dans ses bras. Il hésite, songeant à son honneur mais après tout il n'est qu'un homme amoureux et elle est beaucoup trop désirable. Ils consomment donc leur union avant de la concrétiser, le marquis se disant que de toute façon dans quelques semaines, ils seront mari et femme. Quel mal peut-il y avoir ?
Bien plus qu'il n'y songeait...
Quelques jours à peine avant de la mener à l'autel, Adrian surprend Juliet dans les bras dans autre homme et sent son cœur se briser en mille morceaux. Elle a beau se confondre en excuses et lui servir des larmes de crocodile, il découvre qu'elle n'en avait après lui que pour son titre et sa fortune. Pire encore, qu'elle voulait lui faire endosser la paternité d'un autre ! Une trahison qui le changera radicalement, lui qui était si impatient de découvrir son enfant...

Le jeune homme doux, souriant, fidèle, devient un débauché dur et froid, nourrissant une rancœur extrême pour la gente féminine qu'il ne considère plus que comme des menteuses et des manipulatrices avares. Il les déteste de l'avoir fait se sentir comme il se sent aujourd'hui. Après 5 ans il n'est toujours pas remis de cet épisode et ne participe plus aux saisons mondaines que pour la présence des autres gentlemen dans les clubs avec qui il passe du bon temps à boire, fumer et parier, ou voir quel couillon va se faire prendre aux pièges de ces gourgandines déguisées en poupées innocentes qui battent des cils, appelées débutantes.
Adrian apparaît aujourd'hui d'une nature dure, cruelle même sur certains aspects car il n'est plus du genre à mâcher ses mots, mais il est en réalité un homme qui a été trahi et malmené toute sa vie et sous sa carapace qu'il a forgé épaisse, il est bien moins sombre qu'il ne veut le laisser croire, il faudrait juste le lui rappeler...
Il ne croit pas en la sincère affection en dehors de celle que lui donne sa mère. L'amour n'est qu'une chose inventée pour mieux leurrer le monde et il ne croit pas un seul instant que quiconque pourra lui prouver le contraire.

Voilà un homme torturé.... Peut-être que son cœur de pierre flancher a-t-il ? Bonne saison à lui.
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