slow blue dream ― ft. Amelia

Participer à la saison en solitaire, sans les présentes rassurantes des membres de sa famille, est déstabilisant. Même chose pour la garden party pascale au cœur des jardins de Vauxhall, moment de détente suivant celui de piété. Evan déambule parmi les convives, salue ça et là quelques connaissances, non sans se remémorer des souvenirs pas si lointains. Dans ceux-ci, il peut imaginer une autre scène, où tous les Fairfax seraient présents.

Veronica serait déjà en train de sauter à pieds joints dans son sac à patates, sous le regard sérieux d’une Gabrielle occupée à discuter autour d’une tasse de thé. Et lui… Sans doute occupé à goûter la barbe à papa aérienne, ou concentré sur une activité plus calme. La peinture sur oeufs, par exemple. Une partie du jardin est justement dédiée à cette activité, dans un assemblage de draps, tables et petits tabourets afin de permettre aux plus petits et plus grands d’exprimer leur âme d’artiste. Tout un bataillon de gouvernantes et nounous s’agitent autour d’enfants à la motricité fine variable et à la patience encore plus incertaine.

Evan s’arrête devant eux, un léger sourire aux lèvres ― une mimique attendrie, mais aussi mélancolique. Un moment qui suffit à fournir l’impulsion nécessaire pour qu’il se rapproche d’une des tables, là où est assis un garçonnet veillé par une gouvernante. Il n’a pas de chaperons, ni d’obligations précises pour la journée outre celles des discussions à mener : il peut bien profiter d’un moment de légèreté ! « Puis-je prendre place auprès de monsieur ? », demande-t-il poliment à la domestique, après avoir brièvement retiré son chapeau afin de la saluer. Celle-ci accepte et il prend place à côté du bambin, ce dernier si concentré à manipuler un pinceau entre ses doigts qu’il remarque à peine son nouveau voisin.

Il y a sans doute quelque chose d’un brin comique à voir le noble si bien vêtu s’asseoir sur un tabouret destiné au mieux pour un enfant de sept ans, les genoux appuyés contre son torse. Evan ne s’en formalise que peu et attrape un œuf pour lui-même. Il le fait tourner entre ses doigts, avant de le placer sur le petit support fourni et de choisir son pinceau. Il relève un peu le rebord de son chapeau afin de mieux voir la table et surtout, l'œuf. Le lord demande à son petit voisin, dont l’attention s’est reportée sur lui au fil de ses gestes : « Veux-tu le peindre avec moi ? » Le gamin pépie un assentiment timide, sans doute pas très différent des siens au même tendre âge devant le moindre inconnu. Il n’a pas lâché son pinceau aux poils désormais un peu abîmés. « Aimes-tu le bleu ? » Le petit a un second assentiment, plus enthousiaste cette fois-ci. La peinture bleue est mise entre eux. Le garçon l’imite, un peu maladroitement, lorsqu’il trempe son pinceau dans la peinture bien pigmentée, et s’applique à très très très doucement effleurer l'œuf pour y mettre un peu du pigment. « C’est ma couleur préférée. » Ça a l’allure d’une confidence, d’un secret que pour eux deux, alors qu’ils peignent petit à petit un joli ciel d’été.

Amelia venait de prendre congé de son amie et son époux les laissant vaguer à leurs occupations. La brune se mit à la recherche de son fils et commença à marcher dans Vauxhall scrutant le moindre recoin à la recherche de sa petite tête blonde. La comtesse aperçu d’abord Mary sa gouvernante au loin et pressa donc le pas pour la rejoindre.

"Mary! Alors comment ça s’est passé de votre côté?" avait-elle lancé une fois arrivée à sa hauteur "Ou est Nat-" continua-t-elle en regardant partout tout d’elle en cherchant son fils du regard. Amélia s’arrêta net lorsque son regard trouva Nathaniel. Le petit garçon était assis à une table décorant son œuf en compagnie d’un homme. Lorsqu’elle réalisa qui cet homme était la jeune femme fut rassurée. Elle avait rencontré Evan quelques années auparavant via sa sœur cadette avec qui elle avait sympathisé lors de leur saison. Les deux filles du même âge s’étaient pris d’amitié avec Gabrielle. C’est elle qui les avais introduis tout naturellement. Un homme tout à fait charmant et d’agréable compagnie dans ses souvenirs. Durant les années qui avaient suivies leurs chemins ne s’étaient croisés qu’en de rares occasions. Amélia ayant d’abord ete absente du à sa grossesse puis suite au décès de son mari.

"Je suis désolé, j’espère que ce n’est pas un problème? Nathaniel voulait peindre et cet homme c’est proposé de l’aider. Nathaniel avait l’air de l’apprécier alors je les ai laissés " avait répondu Mary en regardant Amelia observer la scène d’un sourire triste. "Non ne t’en fais pas tout va bien." avait-elle simplement ajouté en se stoppant pour ne pas céder à l’émotion. Mary acquiesça simplement d’un sourire compatissant.

La comtesse décida de laisser un peu de temps libre à sa gouvernante pour qu’elle puisse profiter de son côté également. La brune resta sans bouger à observer Lord Fairfax et son fils pendant de longues minutes qui lui avaient parue durer des heures. Amélia n’osait pas bouger et en oublia presque de respirer. Comme si un geste brusque ou une respiration trop forte viendrait gâcher ce moment. Aucuns des deux hommes ne remarqua qu’on les observait bien trop occupés par la peinture. C’était si cruel pour Amélia de se dire que son fils ne connaîtrait jamais ça avec son père. Un homme qui l’avait tant aimé et qui lui avait été arraché bien trop tôt. Doucement Amélia s’approcha de la table."Lord Fairfax! Je suis ravie de vous revoir. Comment vous portez vous depuis notre dernière rencontre?" avait-elle dit en effectuant une courte reverence lorsqu’elle vue l’homme tourner le regard vers elle, sûrement pour voir qui s’adressait à lui. "Je vois que vous avez déjà rencontrer mon fils, Nathaniel" avait-elle continuer sans même lui laisser le temps de répondre.

Après le bleu du ciel, le vert de l’herbe tendre. Les pinceaux tracent des traits parfois délicats, parfois grossiers, sans jamais qu’Evan ne gronde le petit sur sa maîtrise de l’objet. Il le devine pas très âgé, probablement pas plus de trois ans s'il est généreux, et il fait déjà preuve de beaucoup de patience. L’activité leur demande une grande concentration à tous les deux et il en oublie les gens qui vont et viennent autour d’eux pendant les précieuses minutes passées à peindre. « Tu peux faire comme moi ? » Il dépose son pinceau sur l'œuf et y fait un point violet. Le bambin l’imite et l’herbe verte de l'œuf se couvre de points violacés, ainsi que l’extrémité des manches d’Evan, lorsque le pinceau du petit dérape. Bleu, vert, violet, jaune, les taches colorées s’étirent sur l’étoffe blanche, sur le bout des doigts des deux peintres en herbe.

Une voix féminine, aussi connue qu’espérée et inespérée à la fois, se fait entendre près d’eux. Lorsqu’il tourne la tête et constate que la voix appartient bien à Lady Montagu, qu’il n’a pas rêvé son nom prononcé de sa bouche, il se dit, un bref instant, qu’il est dans un rêve. Une fabrication fantaisiste de son imagination ― a-t-il trop chaud déjà ? a-t-il bu suffisamment d’eau ? mangé assez de sucre ? voit-il flou ? « Lady Montagu. » Il manque soudain de souffle.

Le violet de sa toilette semble le trouble ― la couleur est si semblable à celle des pétales des primevères d’Écosse peintes sur l'œuf qu’il pourrait croire à une mauvaise blague. Il se lève de son petit siège avec prudence, afin de ne rien accrocher, retire son chapeau et s’incline devant la comtesse de Kilmartin, en tentant de ne rien révéler de son empressement quasi adolescent. Son teint clair, lui, affiche déjà les couleurs typiques de sa gêne, taches roses qui donnent à son visage un air de santé. « Le plaisir de vous revoir est partagé, ainsi que de la rencontre de votre fils », assure-t-il en se tournant un peu vers Nathaniel, toujours assis. Il n’a même pas pris la peine de demander son prénom au garçonnet. Comment aurait-il pu deviner, de toute manière, qui est la mère de cet enfant ? En cent ans, il n’aurait pas osé parier. « Je n’aurais pas pu espérer un meilleur collègue que Nathaniel pour cette activité. Vous verrez certainement nos prochaines collaborations exposées au palais. » Le trait d’humour est léger, souriant, et il l’espère un peu plus maîtrisé que sa salutation essoufflée.

Un second petit tabouret libre est disposé près du bambin. Evan a un geste de la main pour le désigner et invite : « Désirez-vous vous joindre à nous, Lady Montagu ? Une touche féminine saura assurément achever notre œuvre. »

En observant la scène tendre qui se déroulait devant ses yeux Amélia le savait: ce soir elle ne dormirait pas. Elle ressasserait cette scène en boucle dans sa tête sans réussir à l’enlever. Voir son fils en compagnie d’un homme qui aurait pu être son père lui faisait l’effet d’un poignard dans le coeur. Ce sentiment était partagé avec la joie de voir son enfant partager ce beau moment et n’aurait voulu l’en priver pour rien au monde. La brune décida malgré tout de se joindre à eux. Après tout c’était son enfant et Evan avait beau être le frère de Gabrielle et un homme des plus respectable il n’en était pas moins le parent. Bien qu’il avait l’air de plutôt bien s’en sortir et Nathaniel semblait l’apprécier et tout faire pour rendre fier cet inconnu.

Les deux prodiges de la peinture semblaient surpris lorsque Amélia venu les saluer. Il était évident qu’Evan avait été prit de court mais se reprit bien vite pour saluer la comtesse dans les convenances habituelles. Le chérubin lui ne semblait bizarrement le plus à l’aise de la situation des trois et ne décrocha pas de sa peinture un seul instant. "J’ose espérer qu’il s’est bien comporté et ne vous a pas trop importuné?" Avait-elle demandé en mère concernée mais se doutant de la réponse connaissant son fils. À sa remarque Amélia ne pu s’empêcher d’élargir un large sourire. Il était évident que cette pièce ne trouverait jamais place au palais mais elle trouverait certainement place chez Amélia en souvenir de cette journée et elle le chérirait. "Je n’en doute pas et ce seront sûrement les œuvres avec le plus de valeur dans tout le royaume" avait-elle répondu sur le même ton d’humour.

La comtesse observa Evan l’inviter à se joindre à eux. Si Amélia appréciait l’art elle n’était pas une grande peintre elle-même. "Avec plaisir mais ne suis pas sûre que mes talents soient à la hauteur des votre." Avait-elle lancé avec un sourire en direction d’Evan avant de s’installer sur le tabouret à la droite de Nathaniel. Lord Fairfax les rejoignit en s’installant lui à la gauche du garçonnet. "mama `gardes" lanca-t-il d’un air fier à sa mère pour lui montrer ce qu’ils avaient déjà peint. "C’est magnifique ! Ça me rappelle la maison" Avait-elle dit faisant référence à l’ecosse. "Qu’est-ce que nous pourrions ajouter? Oh je sais!" Sans même dire un autre mot la comtesse commença à ajouter des paillons au paysage. Certains volaient, d’autres posés sur les fleurs et variant les couleurs à chaque fois. Amélia profita d’un moment de concentration de Lord Fairfax pour poser son pinceau et resta à l’observer. Elle secoua sa tête quand elle remarqua l’état de la chemise du comte. "Lord Fairfax! Votre… Votre chemise… Elle est complètement ruinée. Je suis désolé si Nathaniel est responsable de ça" Il était évident qu’il l’était mais elle attendait confirmation de sa part.

« J’ai plutôt craint d’être l’importun, tant il a été sage », rassure Evan lorsqu’il est question du comportement de Nathaniel. Sage, mais surtout appliqué, curieux et patient (ce qui, il s'en doute, ne doit pas être le cas tous les jours, alors il faut profiter des bons moments). La gouvernante aurait très bien pu refuser que le Fairfax s’installe près de l’enfant, mais il est bien heureux qu’elle n’en ait rien fait.

L’invitation à se joindre à eux et que leur duo artistique devienne un trio est gracieusement acceptée, à son grand plaisir. « Considérez-moi sceptique », glisse-t-il avec un brin de malice, peu convaincu du manque de talent de Lady Montagu, tout en reprenant place sur son siège. Le ridicule de son allure n’est pas amoindri, mais il s’en soucie encore moins que précédemment, si c’est seulement possible. Pas quand le sourire de la dame est si joli (peut-être a-t-il vraiment trop chaud). La fierté de Nathaniel le gonfle lui-même de fierté, comme s’ils travaillaient bel et bien sur la prochaine œuvre exposée au palais royal. La seule idée du prince Octavian couvrant leur œuf peint de commentaires dithyrambiques suffit à le faire sourire pour lui-même, mais le noble chérira le souvenir de ce moment tout à l’identique.

Les délicats papillons ajoutent un air tout printanier à l'œil peint et Nathaniel regarde sa mère peindre avec fascination. Evan, quant à lui, doit se retenir de faire de même, trop conscient de l’impolitesse de dévisager la dame comme s’il n’avait jamais vu de femme de sa sainte vie. Il se concentre plutôt à ajouter les derniers points jaunes au coeur des primevères, afin d’achever sa part de la scène. Un morceau d’Écosse : Lady Montagu a eu l'œil juste. Il aurait pu lui faire ce compliment : pourquoi n’y a-t-il pas pensé ?

Il en est à se flageller pour son manque d’esprit lorsque Lady Montagu lui fait remarquer que sa chemise est ruinée. Ruinée ?? L’alarme de sa voix lui fait chercher le problème, anticipant une déchirure inconvenante. Un : « Oh » étonné est toute sa réaction lorsqu’il constate l’état des poignets de ses manches. Les rebords tachés ont l’allure d’une broderie vestimentaire nouveau genre. Le très jeune coupable n’est pas bien difficile à deviner, mais il ne viendrait pas à l’esprit de l’homme d’être fâché, ou même de porter des accusations. Au contraire ! Et fils de lady Montagu ou pas ! « Il n’y a aucun mal, je vous assure, s’empresse-t-il plutôt d’opposer, je suis le seul responsable de ma maladresse, Lady Montagu. » Oui oui, il s’est taché lui-même, vous avez bien entendu. Certes, il suffit d’un très bref examen de la chemise pour constater que vu la position desdites taches et leur allure, ce n’est pas possible, mais laissez-le nier.

Il ajoute, philosophe : « Puis, quelques taches en échange d’un bon moment, cela me semble plutôt juste. »

Aux mots du comte Amélia se sentit soulagée. Nathaniel était en général  facile à vivre mais il n’en restait pas moins un enfant. Evan semblait même enchanté de ce moment partagé avec le petit Lord. D’ailleurs à l’occasion elle ne manquerait pas de remercier Mary pour ce moment. "Il faut croire que sa mère a réussi son éducation alors" avait-elle répondu sur un ton humoristique. "Vous devez posséder un don. Il est plutôt timide auprès des inconnus en général mais il semble vous apprécier" avait-elle simplement partager avec le comte.

La jeune femme ne pouvait qu’accepter l’invitation de Lord Fairfax à rejoindre leur duo artistique. Amélia préféra tout de même le prévenir que ses talents de peintres étaient très  et ruineraient sûrement leur œuvre. Elle repondit à sa remarque par un simple sourire peut-être bien plus expressif que ce qu’elle aurait voulue. La comtesse s’installa sur son siège et le ton fier de son fils qui lui présentait l’œuvre la remplissait elle-même de fierté. Le voir grandir, évoluer et s’épanouir était une des plus grandes source de joie dans sa vie actuellement.

Il ne fallut que quelques minutes à Amélia pour ajouter sa pierre à l’édifice. Elle devait avouer qu’elle se surprenait elle-même de son talent malgré la banalité des dessins. Il est vrai que ce paysage lui rappelait fortement la maison. À Evan aussi sûrement puisqu’il n’était pas étranger à l’Ecosse également et c’est sûrement pourquoi il avait choisit ces fleurs qui étrangement étaient de la même couleur que sa robe. Ce fut au tour d’Evan d’ajouter la touche final sous l’œil attentif de Nathaniel. Amélia profita de ce moment de concentration pour l’observer ou presque l’admirer. Elle en oublia même le monde autour et le concours. Elle en venait à espérer que le prince ne puisse voir leur œuvre et la juger. Qu’elle reste entre eux trois, comme un petit jardin secret de ce moment duquel elle pourrait garder un souvenir matériel pour se le remémorer.

La brune fut sortie de ses pensées quand lors de son observation ses yeux furent attirés par les taches de peinture. Il ne lui fut pas plus de quelques secondes pour deviner que Lord Fairfax ne s’était pas taché seul. Honteuse et confuse que son fils puisse avoir ruiné la chemise d’une personne si importante qui allait maintenant devoir s’afficher comme ça pour le reste de la journée. Son ton avait certes peut-être été trop alarmant face à la situation mais elle se devait de s’excuser pour son fils qui de toute évidence ne pouvait pas le faire. "Vous êtes trop bon Lord Fairfax. Même si je dois admettre que ce moment est particulièrement agréable, je me dois de rattraper cet affront d’une manière." Lui avait-elle répondu sur un ton doux mais lui faisant comprendre qu’il n’aurait pas le choix.

Le compliment donne au rose de ses joues une vigueur renouvelée. Il baisse brièvement le regard, touché, avant d’accorder un sourire au bambin et à sa mère. « Alors, nous avons ça en commun, lui et moi. » À propos de la timidité avec les étrangers. Evan a fait bien du chemin, a grandi en maturité et en compréhension du nécessaire à accomplir afin de bien représenter sa maison, son comté, en société. Il n’empêche que le naturel n’est jamais bien loin et qu’il suffit parfois de peu pour qu’il revienne au galop. Trop d’étrangers, de trop grandes festivités… ou, puisque l’occasion est celle présente, une dame dont la présence le ramène dans le passé.

Occupé qu’il est à ne pas regarder Lady Montagu et à porter toute son attention sur l'œuf peint, il ne remarque pas son regard sur sa propre figure. Encore heureux ! Ce serait le clou dans le cercueil de ses moyens et nous ne voudrions pas gâcher leur création. Il a déjà suffisamment de taches de peinture sur lui, inutile d’en rajouter !

L’affaire de ces taches, d’ailleurs, ne se règle pas avec sa tentative de reporter la faute sur sa propre tête, ou de détourner l’attention. « Un affront ! », s’exclame l’homme avec emphase. Il porte la main à son cœur, comme réellement touché par la pointe d’une épée, ou la balle d’un fusil. Le ton employé par Lady Montagu est semblable à celui utilisé par, voilà, sa propre mère, ou ses sœurs, lorsqu’il est question de discipliner leurs enfants. Doux, mais ferme, sans laisser de place au rouspétage. Et parce qu’Evan a aussi été très bien élevé par madame sa mère, il ne rouspétera pas… mais ça ne l’empêche pas de taquiner : « Dois-je proposer un duel à l’aube, Lady Montagu ? » Le sourire est celui d’un garnement, un sourcil tout juste haussé sur son front, avant qu’il offre, conciliant : « Je suis toute ouïe à vos idées afin de rattraper ma ruine vestimentaire, un affront !!, bien qu’en toute honnêteté, ces taches ajoutent un peu de caractère à ma tenue. » Le bleu se marie à celui de son habit, et loin de lui l’envie de faire disparaître les taches violettes assorties à la toilette de Lady Montagu !

Violet. Non pas noir, ni gris. Violet, comme un indice discret de la fin d’un deuil, d’une aube qui colore tout juste le ciel.

Lorsqu’elle avait été introduite à Evan par Gabrielle, Amélia se souvenait de sa timidité en sa présence et lors des événements. De toute évidence des années après elle avait toujours le même effet sur lui et ça avait quelque chose de… plaisant. Voir que malgré les années certaines choses restent pareilles. Retrouver un peu de normale après les derniers mois qu’avait endurée faisait du bien à la comtesse et la compagnie de Lord Fairfax était des plus agréables. Il n’attendait rien d’elle. La jeune femme pouvait juste exister réellement sans être jugée. Amélia offrit simplement un sourire à la remarque d’Evan.

Un sourire qui l’aidait à cacher sa peine. Nathaniel avait beaucoup hérité de sa mère mais il tenait sa timidité de son père. Entendre Evan dire qu’ils avaient ça en commun était quelque peu troublant. Très troublant même. Sur le coup elle avait l’impression d’être dans un mauvais rêve.

Durant son observation discrète du peintre, Amélia n’avait pas pu s’empêcher de remarquer ses taches. Lady Montagu n’avait pas pu s’empêcher également de le faire remarquer à Evan et lui demander d’où elles venaient même si elle connaissait la réponse: Nathaniel. Le côté théâtral du comte face à sa réaction manqua de la faire éclater de rire et elle se mordit les lèvres pour se retenir. La brune ne pu s’empêcher de lancer un air agacé tout en souriant lorsqu’il proposa même un duel à l’aube. "Je ne crois pas qu’un duel soit nécessaire ici Lord Fairfax" avait-elle répondu avec un sourire. "Je-je n’en sais rien." Avait-elle lancé comme prise de courte face à sa question "Mais je trouverais bien quelque chose pour réparer la maladresse de mon fils, ne vous en faites pas. Et j’y tiens." Avait ajouté d’une voix plus confiante. "Et vous pourrez toujours garder cette chemise en souvenir."

Et elle avait trouvée! La manière la plus simple avait été de lui commander une nouvelle chemise. Quelques jours plus tard il reçu un paquet blanc orné d’un ruban violet, rappelant celui des primevères, avec la dites chemise à l’intérieur. Un note qui lisait "Cher Lord Fairfax, je vous avais dis que je trouverais un moyen de racheter la ruine de votre chemise. Bien à vous. Lady Amélia Montagu"

Son sourire se mâtine de fierté en constatant que Lady Montagu se retient de rire, qu’importe le regard agacé qu’elle lui retourne à sa bêtise ― Evan se demande s’il saurait l’amuser au point qu’elle ne puisse pas contenir un éclat de rire, que mordre ses lèvres soit vain. Questionnement fugace qui lui semble presque indécent, alors que les circonstances proposant cette liberté de s’esclaffer relèvent d’une intimité dont il peut seulement rêver.

L’offrande réparatrice est mise en suspens. Le comte espère autant qu’elle oubliera, qu’elle ne paiera pas ce qu’il considère une dette inexistante entre eux, qu’elle l’honorera. Sa vie rangée et son besoin d’ordre lui font préférer les choses plus prévisibles, mais qui est-il pour renâcler devant un peu de surprises ? d’inattendu ? « J’ai pleine confiance en vous, Lady Montagu », assure l’homme sans perdre son sourire léger, qui creuse à peine les fossettes de ses joues. Le futur lui donnera raison de cette confiance : le paquet reçu le ravira, autant que la brièveté de la note qui l’accompagnera. Qu’il sauvera jusqu’au ruban violet, souvenir de la robe portée par la comtesse de Kilmartin, comme il insistera auprès de la lingère pour qu’elle ne fasse pas disparaître les taches de peinture de ses manches.

On dit que le vert est la couleur de l’espoir, mais pour Evan, il a la couleur des fleurs typiques de sa région natale.

Autour des tables, quelques domestiques portant la livrée aux couleurs et au blason de la famille royale s’activent et offrent des linges à main aux petits et grands aux doigts tachés. Le jeune comte a un discret signe de main à l’un d’entre eux, qui s’empresse de venir près du trio. Les linges humides joliment pliés et encore tièdes sont déposés devant chacun des artistes. « Je vous remercie », adresse-t-il au serviteur, avant de prendre sa propre serviette. Evan a pris la peine de retirer ses gants avant de peindre et il a bien fait : lui-même n’est pas en reste de taches qui risqueraient de mettre à mal son habillement. Et ce serait définitivement moins charmant que si c'est le garçonnet le responsable ! « Nous avons bien travaillé, Nathaniel », félicite-t-il son partenaire, qui déjà étend son petit bras pour attraper le morceau de tissu devant lui. Un jeune d’imitation tout naturel, encouragé par le Fairfax. Un petit vraiment très bien élevé par sa tendre mère. « Êtes-vous à Londres pour toute la saison, ou êtes-vous uniquement de passage, Nathaniel et vous ? » Demande d'information tout à fait anodine, n'en doutez point.

Il la faisait rire. Lord Fairfax avait réussit à faire rire la comtesse de Kilmartin. Un rire qu’elle s’était efforcée de contenir en se pinçant les lèvres mais tout de même. Elle détestait le fait qu’il réussisse à la faire rire. La seule personne qui savait la faire rire comme ça était son mari. Elle avait l’impression de trahir le fantôme d’Oliver. Une partie d’elle ne pouvait cependant s’empêcher d’aimer qu’il arrive à la faire rire. Comme une bouffée d’air qui la sauverait alors qu’elle se noyait.

"J’ai pleine confiance en vous Lady Montagu" et il pouvait. Amélia était du genre à tenir ses paroles et des que l’idée de la chemise de remplacement avait germée alors elle avait préparé le paquet pour Evan. Elle avait mit pleins d’attention dedans pensant à matcher la couleur du ruban avec celle des fleurs pintent sur l’œuf et… de sa robe également par coïncidence. Ce n’était pas grand-chose mais la comtesse de Kilmartin espérait qu’Evan apprécierait ce présent. La jeune femme en venue même à espérer de le recroiser au plus vite vêtu de ce nouveau vêtement pour voir si il lui allait bien.

Leur œuvre d’art maintenant terminée, Evan fut demander des linges humides à un serviteur pour que chacun se nettoie. Par chance Amélia n’avait que quelques taches au bout des doigts et il ne lui fallut pas longtemps avant de les effacer. Elle déposa son propre linge avant d’observer son fils qui imitait les deux adultes. Son instinct de mère prit le dessus et sans même s’en rendre compte attrapa le linge et termina d’essuyer les mains du petit peintre en herbe. On ne pouvait pas compter sur un enfant si jeune pour aller jusqu’au bout de la tâche pas vrai ? "Je suis bien d’accord, vous avez fait du beau travail messieurs. C’est définitivement le plus bel œuf peint qu’il m’ait été donné de voir" avait-elle répondu avec un sourire.

C’est tout naturellement qu’Evan la questionna sur sa saison à venir. Faire des allers-retours en Ecosse ? Très peu pour Amélia. Le voyage était long et fatiguant et une fois installée à Londres elle aimait y rester. "Oh non, nous nous sommes établis pour la saison. Les voyages seraient bien trop épuisants. Puis il faut dire qu’après autant de temps sans avoir mis les pieds dans la capitale je suis ravie d’être de retour et je compte bien en profiter. Et ce sera l’occasion pour Nathaniel de découvrir cette ville. Et nous pouvons passer du temps avec ma mère et mes frères également. Je retournerai à Kilmartin que pour l’intersaison maintenant." Avait-elle simplement répondu. "Et quand est-il pour vous Lord Fairfax ? J’ai entendu dire que la santé de votre père se dégradait, je suis désolé. J’imagine donc que vous allez le représenter lors de cette saison ? " avait-elle dit avec un sourire compatissant.

Les petites mains de Nathaniel sont convenablement nettoyées par la mère attentive, qui s’occupe de faire disparaître les dernières traces de peinture. Une tache violette s’attarde sous un de ses propres ongles et Evan décide de la laisser faire, plutôt que de pauvrement s’acharner. Puis, son attention est de toute manière toute consacrée à Lady Montagu, qui lui confirme qu’elle sera à Londres toute la saison. Ah ! Ma foi ! Quelle nouvelle heureuse ! « La distance a en effet le don de raviver les charmes de Londres », abonde-t-il en son sens pour masquer à quel point il est proprement ravi de l’affaire.
Un brin égoïste, encore une fois, mais il se l’autorise volontiers, dans le secret de ses pensées.

Le sujet dévie à peine lorsque la question est retournée. « Vos informateurs ont dit la vérité, confirme-t-il, la mine un instant chagrine à la pensée de son père à la vue déclinante, à la santé fragile. Il est toujours aussi vif d’esprit, mais les longs déplacements sont irréalistes. » Et quant à sa mère, elle aussi vieillissante… de toute façon, il est hors de question qu’elle laisse monsieur son père seul en Écosse. « Je serai ici toute la saison. J’ai plusieurs rendez-vous de prévus afin de prendre la main sur les affaires de Cassilis, et de convenablement représenter mon père. Il se penche à peine un peu plus vers elle et ajoute, le ton proche de celui de la confidence : J’en suis aussi nerveux qu’excité, je vous l’avoue. » Il a l’âge pour prendre la suite de Cassian Fairfax et cela fait même déjà un certain temps que c’est effectif, mais c’est différent de le faire seul. D’aller de l’avant (et l’esprit d’initiative n’est pas sa qualité première, à ce garçon), de parler en son nom, de faire le mieux pour sa famille et les gens de son comté. Il a été préparé à prendre ces responsabilités sur ses épaules, mais cela n’empêche pas leur soudaine lourdeur.

Il se redresse et prend sur lui de renfiler ses gants. « Notre maison au cœur de Londres est bien silencieuse, cela dit. C’est étrange d’y être seul. » Il envie Lady Montagu de pouvoir côtoyer sa mère et ses frères pendant ces mois fourmillant d'activités et de rencontres, et non pas d’en être éloignée comme lui à cet instant. Que voulez-vous : il est attaché à sa famille ! Il suppose qu’il y a pire défaut ! Evan ajoute, le brin de malice chassant la précédente mélancolie de son visage : « J’ai confiance de réussir à convaincre Gabrielle de me rejoindre pour l’été. Votre présence sera sans aucun doute un argument en ma faveur. »

Et puisqu’il a été dit que l’esprit d’initiative n’est pas sa qualité première, il est temps de faire mentir un peu l’affaire avec une question tout aussi (peu) anodine que les précédentes : « Puis-je espérer vous revoir, Lady Montagu ? » Espérer. Il se trahit.

Nos trois artistes ayant accompli leur tâche et propres c’est naturellement que la discussion continua entre les deux adultes. Les oreilles du jeune enfant trônant entre eux bien attentives assurément. Evan s’intéressait aux intentions d’Amelia pour la saison. Naturellement la comtesse répondu par la vérité: Elle allait passer la saison à Londres et ne rêverait l’Ecosse que dans quelques mois. Et son planning se remplissait déjà petit à petit."Je suis bien d’accord my Lord" Avait-elle simplement répondu, sachant bien que le temps venu c’est l’Ecosse qui lui manquerait.

Naturellement la comtesse prit sa casquette d‘interrogatrice à son tour. Elle avait eut vent de la situation de la famille Fairfax et ayant elle-même perdu un père elle se retrouvait désolé pour Evan. Étant dernière et de toute évidence une femme, c’était le genre de choses dont elle ne pouvait simplement imaginer le fardeau, "Je ne peux qu’imaginer votre peine et le poids de marcher dans les pas de votre père Lord Fairfax. Je me souviens que mon propre frère, Nicholas, a eut beaucoup de mal au début après le décès de notre propre père. Mais il s’en ait admirablement bien sorti et il m’aide beaucoup dans la gestion de Kilmartin." Des mots qui elle espérait le rassurerait. Éventuellement chacun trouvait toujours sa place pas vrai? Evan était un homme bon et elle n’avait aucuns doutes quand a sa capacité de gérer Cassilis. "Je suis sûre que vous serez à la hauteur de votre cher père." Avait-elle dit agrandissant un peu plus son sourire pour le rassurer.

"Comme vous pouvez l’imaginer avec celui-ci le silence n’est pas toujours d’actualité dans la maison." Compara-t-elle les situations. "Mais c’est un bruit des plus plaisant et que j’ai appris a aimer. Et ça me rappelle la maison dans laquelle j'ai grandis." Elle lança un regard plein d’amour en direction du petit Lord qui le rendait bien à sa mère. Son regard se reconcentra sur le comte lorsqu’il mentionna sa sœur Gabrielle. "Oh oui votre sœur! J’espère qu’elle va bien. Je me dois de lui écrire au plus vite si cela pourrait la convaincre. Et il me semble que nos enfants sont du même âge, nous pourrions les faire se rencontrer." Invita-t-elle heureuse à l’idée de repasser du temps avec son amie.

Si il avait été possible Amélia serait tombée de sa chaise en entendant les mots de Lord Fairfax. Il espérait la revoir? Elle? La brune devait bien avouer que sa présence n’était absolument pas déplaisante."Oh… Et bien j’imagine que nos chemins sont amenés à se croiser lors de cette saison." Tout à fait innocente."Et si vous aviez quelque chose de plus intime en tête je serai honorée d'accepter votre invitation." Venait-elle de dire cela? La maladie se serait-elle emparée de son corps? Peut-être bien...

Si Lady Montagu a été épargnée des affres de la gestion d’un domaine au décès de son père, elle a été en première ligne de celles-ci lors du décès de feu son époux. Une situation terrible, surtout si jeune !, qui a bien chagriné sa jeune sœur lorsque les nouvelles sont arrivées depuis Kilmartin. Et si Evan entretient depuis des années quelques sentiments pour Lady Montagu, cela ne l’a pas empêché d’être attristé pour elle et son enfant. Très loin de lui de souhaiter le moindre malheur à quiconque. Apprendre que son frère aîné l’accompagne dans ce qui est parfois (souvent) un exigeant casse-tête est plus que positif et le ramène à ceux qui sont tout aussi prêts à le soutenir, lui, dans l’épreuve. « Vous me rassurez, Lady Montagu. » Une certaine douceur, dans son ton.
Il dit vrai.

Sa mimique est entendue lorsque la dame évoque sa propre maison un poil moins paisible, sans que ce soit un mal. Ses propres rêveries domestiques sont en accord avec la vie de la comtesse de Kilmartin, et bien que celles-ci tranchent avec les ambitions d’autres confrères,elles conviennent à l’homme qu’il est. Celui qui envie le bruit de la demeure de Lady Montagu. Une maison bruyante en est une joyeuse, n’est-ce pas ? L’enthousiasme de la comtesse à voir sa douce Gabrielle lui fait d’ailleurs bien plaisir. « Alors, unissons nos efforts, et la réussite sera nôtre. » Entre l’agitation joyeuse de la saison, la promesse d’un petit camarade pour son propre enfant, la compagnie de Lady Montagu et, Evan l’espère, la sienne, de compagnie, leurs arguments devraient vaincre ses réticences au voyage avec un petit !

Cette assurance prend un peu de plomb dans l’aile dans l’attente de la réponse de Lady Montagu à son invitation ouverte. Craint-il qu’elle refuse ? Tout à fait. Evan voudrait presque reprendre ses mots, autant qu’il ne regrette pas de les avoir prononcés, dans le bref instant de silence qui suit sa question. La réponse de la dame est polie d’abord, aussi ouverte que sa demande ― la suite, cela dit… lui aussi en tomberait bien en bas de sa chaise ! Difficile de retenir son sourire, impossible d’empêcher la couleur de revenir sur ses pommettes. « Je n’y manquerai pas. »
De l’inviter. À quelque chose de plus. Intime.
Evan ne sait même pas par où commencer à ordonner ses pensées à ce sujet, et il vaut définitivement mieux qu’il pense à tout ça à un moment où le soleil ne lui tapera pas sur la tête.

Le bambin s’agite sur son siège, indifférent aux bêtises qui ont lieu au-dessus de sa tête, et le retour de sa gouvernante est une promesse de nouvelles activités. « Je crois que votre cavalier s’impatiente, Lady Montagu, dit Evan, toujours sans perdre le sourire. Je ne voudrais pas trop m’accaparer votre compagnie, aussi agréable soit-elle. »

"Vous me rassurez Lady Montagu" politesse ou vérité? Elle ne savait pas. Il était évident que de simples mots n’arriveraient pas à le rassurer entièrement face aux responsabilités qui se présentaient à lui. Amélia appréciait cependant ce geste et lui répondit par un simple sourire. Bien entouré Evan serait très certainement un très bon successeur à son père elle n’en doutait pas.
La discussion dérivée sur la cadette de Lord Fairfax, Amélia ne pouvait que lui proposer son aide. Les deux femmes étaient de bonnes amies et si elle pouvait aider Evan à faire venir Gabrielle alors elle ferait ce qu’elle pourrait. La compagnie devait terriblement manquée au comte de Cassilis à contrario de la comtesse qui était rarement sans son fils, la famille de son défunt mari ou sa propre famille. Un point qu’ils avaient en commun visiblement et Amélia respectait ça, un homme proche de sa famille. "Je suis persuadée que nous arriverons à la convaincre."

L’invitation d’Evan à revoir Amélia lui tomba comme une masse sur la tête. Pour le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle ne s’y attendait pas. Ce qu’elle ne s’attendait pas c’était d’être flattée par cette demande et de vouloir y répondre positivement. Après tout il n’y avait rien de mal à passer du temps en compagnie d’un ami pas vrai? Il était évident qu’un homme comme lui ne pouvait y voir qu’une amitié bien sûr.

L’arrivée de Mary sortit Amélia de sa bulle. Tout à coup les gens et les bruits autour qui semblaient avoir disparus jusqu’à présents redevenaient clairs à la comtesse. "Je suis désolé de vous interrompre. Je venais voir si vous aviez besoin de moi Lady Montagu." Dit la gouvernante un peu honteuse de déranger dans un moment pareil. Amélia lui lança un sourire pour la rassurer avant de se tourner vers Evan. "Je crois que vous avez raison Lord Fairfax il serait temps de libérer notre artiste." Il était vrai que la concentration d’un enfant si jeune était telle qu’on ne pouvait lui demander de rester la plus longtemps maintenant que l’activité était terminée. "Que dirais-tu d’aller chercher quelques œufs avec Mary?" Le petit garçon ne se fit pas prier et rejoignit immédiatement le côté de sa gouvernante. "Partez devant je vous rejoins au plus vite." ajouta-t-elle à Mary. "Tres bien Madame. Lord Fairfax" le salua-t-elle avec une courte révérence. De sa main libre (l’autre étant dans la main de sa gouvernante) Nathaniel salua Evan également. Amélia et Evan se levèrent à leur tour. "Merci pour votre compagnie Lord Fairfax, j’ai passé un moment très agréable et Nathaniel aussi j’en suis sûre." Tout à coup elle se remémora sa conversation avec Georgiana. "J’espère ne pas me montrer trop avenante, mais j’ai entendu dire que des hommes se lançaient dans une compétition de course en sac. Pensez-vous y participer? Nathaniel et moi serrions ravis de venir vous encourager si c’est le cas." Amélia regarda dans la direction qu’avait pris Mary et son fils. "Je devrais y aller. A bientôt Lord Fairfax" Un léger salut, un sourire et elle disparut dans la foule.