Bram Blakewell

Que faites-vous à Londres ? Je suis à la recherche de quelqu'un de mon passé. Je ne sais pas encore pourquoi, ni comment ça se passera, mais j'ai besoin de le faire. En plus, j'ai besoin de trouver un mari pour Bess, ma plus jeune sœur.

Lorsque vous n'êtes pas à Londres, où êtes vous ?  
Dans le domaine de mon père, à Buckingham. Un grand palais rempli de domestique et plein de vie. Mon père y est rarement et ma mère nous a quittées il y a plusieurs années, alors c'est à moi de m'assurer que tout s'y passe bien. J'y gère à la fois le côté logistique et financier, aidé par des employés de mon père.

Votre place dans la société londonienne actuelle vous convient-elle ?   Pas spécialement. Je rêve de voyager. Loin, très loin, dans des terres inconnues et jamais inexplorées. Le monde que je connais m'ennuie profondément. Je pense de plus en plus à un mariage, mais combien de temps avant que cette perspective d'avenir m'ennuie elle aussi ? J'ai l'impression de ne pas être à ma place, alors je brûle les deux bouts, profitant, autant que possible, à tous les plaisirs que Londres a à offrir.

Quelles sont vos attentes concernant la saison ? J'aimerais trouver un mari pour ma sœur. Elle est timide et elle commence à être âgée alors je sais que c'est maintenant ou jamais. J'espère trouvé quelqu'un de convenable pour elle. Le plus difficile sera de convaincre mon père, qui se fou pas mal de l'homme que ma sœur mari tant qu'il a quelque chose à apporter à la famille. Argent, terre, titre. Des futilités à mes yeux, alors que je cherche plutôt trouvé quelqu'un qui plaira à ma sœur et qui la traitera proprement. Je suis bien placé pour savoir que les hommes sont des porcs. Je ne me fais pas trop d'illusion et je sais que je vais devoir prendre des risques. De mon côté, je compte butiner à droite et à gauche, essayer de voir si je trouve une lady qui je pourrais éventuellement épouser.   

C’est bien connu, la famille Blakewell et Hastings sont rivaux depuis la nuit des temps. C’est ce qui se dit en tout cas dans les comtés de Buckinghamshire et de Berkshire. Pour quelle raison ? Je suis bien incapable de le dire et même mon père dans toute sa sagesse n’a jamais su me donner une raison claire. Il était catégorique sur un point, cette rivalité n’avait pas lieu d’être et il était grand temps d'enterrer la hache de guerre entre nos deux familles. Mon père, Lord Alexander Blakewell, Marquis de Buckingham, était l’homme le plus honorable que je connaissais. Il suivait les règles à la lettre, il aidait toujours ceux dans le besoin et essayait à sa façon, de rendre le monde meilleur. Quitte à sacrifier le bien-être de sa propre famille. Jamais malicieusement, mais quand un homme essaye d’aider toutes les familles de son Marquisat, en plus de gérer ses fonctions de Marquis, il ne lui reste pas beaucoup de temps pour le reste de sa famille. Je lui en ai toujours silencieusement voulu pour ça. Spécialement au vu de l’état de santé de ma mère, Ophélie Blakewell, qui depuis la naissance de ma plus jeune sœur tombe fréquemment dans les pommes et subit beaucoup de difficultés respiratoires. Mon père avait offert une chambre au palais à un docteur pour qu’il puisse constamment suivre l’état de santé de ma mère, mais je sentais bien que ce qu’aurait eu le plus besoin Ophélie durant ses années, était la présence du Marquis.

Je suis Bram Blakewell, fils aîné du Marquis de Buckingham, Comte de Temple de Stowe. Et j’ai toujours essayé de devenir l’homme que n’était pas mon père. J’ai très vite mis l’honneur de côté, et je me suis concentré sur le plus important, la famille. J’ai toujours essayé d’aider ma mère et mes sœurs, du mieux que je pouvais. Ma plus grande sœur Béatrice ressemblait beaucoup à notre père. Si elle avait hérité de la sensibilité et de la fragilité d’Ophélie, elle le cachait toujours derrière une dignité impressionnante, elle était toujours souriante et parfaite. Ma petite sœur Bess me ressemblait un peu plus, discrète et toujours la tête dans les étoiles. J’ai eu une enfance heureuse et je n’ai vraiment pas de raison de me plaindre, ni de bonne justification pour l’homme que je suis devenu aujourd’hui. J'ai passé beaucoup d’après-midi avec la famille Hastings, plus précisément avec Robert, le fils aîné du Comte de Huntingdon. Un moyen pour mon père de forger les liens entre ces deux familles rivales. Robert a été comme une sorte de grand-frère pour moi, peut-être même une figure paternelle. Il avait quelques années de plus que moi et c’est de lui que me vient en grandissant le goût pour l’alcool et les femmes. Il me taquinait souvent en me disant que j’allais finir par épouser sa sœur Victoria et devenir son petit-frère. La vérité, c’était que l’un comme l’autre, nous n’avions aucune envie de nous marier, les femmes les plus intéressantes à nos yeux étaient celle qui ouvrait leurs cuisses et rien ne me faisait plus plaisir que de décevoir mon père chaque année où il ne me voyait pas faire le premier pas vers une lady. J’étais son seul fils et me voir toujours célibataire était une grande honte à ses yeux, pour mon plus grand bonheur. Moi, j’étais toujours la tête vers le ciel, j’imaginais être sur une différente planète, j’étais un grand passionné d’astronomie et cela me permettait de m’évader de ce monde qui souvent m'ennuie profondément.

Les années passèrent, Victoria devint une femme ravissante, ses sourires discrets à mon égard ne me laissaient pas de marbre, et pour la première fois de ma vie, l’idée d’un mariage ne me dégoûtait plus. Sauf que le destin a pris une drôle de tournure, un mariage fut arrangé entre Béatrice et Robert. Mon meilleur ami et ma grande sœur unis par les liens du mariage ? Une idée à la fois saugrenue, mais terriblement logique, si j’ai passé autant de temps avec les Hastings, c’était forcément parce que mon père voulait unir nos deux familles et vu que je n’avais pas fait le premier pas, il a trouvé un autre moyen d’obtenir ce qu’il voulait. Seulement voilà. Je connaissais Robert et je me doutais bien que la décision ne vînt pas non plus de lui. La réaction de Béatrice à cette nouvelle fut suffisante pour me convaincre. Elle était rayonnante, vraiment, ce n’était pas un sourire de façade cette fois-ci, pour la première fois depuis très longtemps j’avais l’impression de la voir heureuse. Ma mère aussi, malgré son état physique de plus en plus déplorable, incapable de marcher toute seule, je pouvais voir la fierté dans ses yeux. Si tout faire pour rendre mon père misérable était une de mes priorités, le bonheur des femmes de ma vie en était une bien plus important. Alors, j’ai supporté Béatrice, j’ai loué ses louanges aux oreilles de Robert et j’étais moi aussi excité par l’idée de ce mariage. C’est à cette époque que je suis tombé sur un bout de parchemin qui à l’époque ne me paraissait pas très important, j’étais chez Robert, pour l’aider à préparer son costume pour le grand jour. Le parchemin était une fiction, qui racontait le voyage d’un petit garçon dans les étoiles. Les jolies lettres sur le papier étaient rondes et délicieuses à regarder et la fiction était signée G. Nightingal. Je demandais à Robert de quoi s’agissait-il et il m’indiqua que c’était une lubie de sa sœur. Je lui offrais un sourire amer, peut-être bien que Victoria aurait fait une femme parfaite après tout.

Ce fantasme ne vivra pas longtemps. Quelques semaines plus tard, Robert avait fui, abandonnant Béatrice pour vivre avec une femme dont je ne connaissais même pas l’existence. Un acte incroyablement prévisible de la part de Robert. Un acte que j’aurais moi-même pu commettre. Mais un acte qui changea à jamais ma vision sur la famille Hastings. Voyez-vous, la famille Blakewell et Hastings sont rivaux depuis la nuit des temps… Et il y a peut-être une bonne raison pour ça. Béatrice fut bouleversée par la nouvelle, c’est la première fois de ma vie que je la voyais pleurer, elle qui était toujours capable de cacher son chagrin derrière un sourire de façade. Bien entendu, j’étais en partie responsable, j’aurais dû prévoir ce bouleversement. Robert était un homme vil et sans honneur, on était fait du même bois, lui et moi. Est-ce que cet événement entraîna la mort de ma mère ? Impossible à dire, le fait est que son corps abandonne finalement le combat contre la maladie quelques semaines après cet incident, me donnant une bonne raison de plus de me venger. Le pire dans tout ça, c’était mon père, à peine touché par les événements, faisant de son mieux pour trouver un autre parti pour Béatrice, ignorant son chagrin et la forçant à épouser un autre homme quelques mois plus tard. S'il était incapable de défendre l’honneur de ma famille, je m’en chargerais moi-même. Heureusement, j’avais des armes, je connaissais tous les secrets de la famille Hastings. Je savais que le père de Robert était un ivrogne, je savais qu’il était stupide et pas très doué avec son argent. Tant de confession de la part de mon ancien meilleure ami que j’allais utiliser pour ruiner sa famille. Les scandales étaient si vite arrivés, surtout quand les journaux étaient nourris par un lecteur anonyme, qui semblait avoir des preuves dans chacune des lettres qu’il envoyait. Les Blakewell détesteront toujours les Hastings, c’était dans notre sang et à ce moment-là, c'était la seule chose à laquelle je pouvais penser.

Les mois passèrent et la destruction de la famille Hastings fut bien plus puissante que je pouvais imaginer. J’avais sous-estimé cette famille, bien plus horrible que je ne l’avais encore cru, elle se détruisait elle-même à petit feu et je n’avais même plus besoin de nourrir les journaux pour qu’ils s’acharnent sur eux. Cette période de ma vie fut particulièrement sombre, je me disputais sans arrêt avec mon père et j’étais trop obsédé par ma vengeance pour me rendre compte que Bess avait besoin de moi, elle était encore très jeune, elle avait perdu sa mère et elle se renferma encore plus sur elle-même. Je me noyais dans l’alcool et abandonna complètement l’idée de me marier un jour.

On dit que le temps soigne toutes les plaies. Et c’est peut-être vrai. Voir la famille Hastings complètement anéantie ne me procura pas le bonheur que j’avais imaginé. La mort de Robert ne me rendit ni triste, ni heureux. J’étais devenu plus sage dans les dernières années de ma vie, moins émotif. Ma haine profonde pour mon père diminua quand je remarquai enfin le coup de vieux qu’il avait pris après la mort de ma mère, peut-être qu’elle comptait pour lui après tout. Béatrice est mariée et heureuse, maman de deux merveilleux petits anges qui font la fierté de mon père. Pour Bess, c’est plus compliqué, elle n’a toujours pas trouvé de mari et elle est presque dans la case des vieilles filles. Cette saison sera probablement sa dernière chance. Et je comptais bien tout faire en mon pouvoir pour l’aider à trouver un homme qui la traitera bien. De mon côté, les choses n’ont pas changé tant que ça, l’idée d’un mariage ne me dégoûte plus autant qu’avant, je suis devenu un peu plus romantique même si j’ai conscience de ne pas être quelqu’un de bien et que d’une façon ou d’une autre, je ferais souffrir ma future femme, j’ai envie aujourd’hui d’en avoir une. J’échange des lettres avec un certain G. Nightingal. Nous parlons principalement d’astronomie. Douce ironie du sort, la personne qui écrit ses lettres, dont les lettres sont parfaitement arrondies, ne se doute pas que c'est moi qui ai détruit sa famille. Si pendant les premiers mois, j’ai pensé que je partageais ces correspondances avec Victoria, je me suis vite rendu compte que quelque chose clochait. Non, il ne s’agissait pas de la jeune femme qui me lançait des sourires discrets, ce n’était pas celle que j’avais, un jour, imaginé épousé. Il s’agissait de sa petite sœur, celle que tout le monde appelait Ginny. Je ne l’avais jamais vraiment remarqué, m'intéressant seulement aux filles de mon âge et plus âgées, mais je sens une connexion dans ces lettres que je n’ai jamais ressentie. Après tout, peut-être que la famille Blakewell et Hastings sont rivaux depuis la nuit des temps, parce qu’ils ne peuvent pas s'empêcher de s’aimer et de se détruire.
 

      Petit commentaire :
      Bienvenue officielle sur le fofo ! Nous avons beaucoup apprécié la lecture et avons hâte de voir ce que tout cela va donner en rp !
Par simple soucis de précision, Buckingham House (aujourd'hui Buckingham Palace) n'appartient plus au titre de Buckingham depuis déjà pas mal de temps, mais à la famille royale qui y réside aujourd'hui.

      Bravo ! Tes efforts sont récompensés, tu es validé(e)! Bienvenue sur Les Chroniques ! Tu rejoins, donc, le groupe NOBILITY.

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