Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility
Les Chroniques de Londres
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

-28%
Le deal à ne pas rater :
Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G Double Sim 128Go ...
389 € 539 €
Voir le deal


 :: VISIT THE CITY OF LONDON :: Westminster :: Beaux quartiers Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Conceal, don't feel, don't let them know [Phileas]

Elea Leveson-Gower
Elea Leveson-Gower
Débutante
Rang sur le forum : Administratrice
Emploi : Débutante
Messages : 623
Date d'inscription : 07/01/2021


Message() / Mer 10 Avr - 17:25
Elea Leveson-Gower


Conceal, don't feel, don't let them know.



Stafford House, située dans un écrin de verdure du quartier le plus huppé de la capitale était surnommée le Versailles de Londres par l'aristocratie. C'était dire quant à la somptuosité des lieux ! On pourrait croire qu'à force d'y vivre cette prouesse de beauté et d'architecture était devenu une habitude pour les yeux, indigne de d'avantage d'attention de la part de ses occupants et sans doute était-ce le cas pour la plupart d'entre eux, mais pas pour Elea. Elle ne se lassait jamais du spectacle. Les marbres, les dorures, les moulures, les voutes, la rotonde... Trentham House dans le Staffordshire restait sa demeure préférée, mais elle retrouvait toujours la résidence londonienne de sa famille avec un plaisir et un émerveillement renouvelé.

Ses bras chargés de fleurs fraîches tout juste cueillies au jardin, la fille aînée du marquis traversait les couloirs couverts de tapis rouges aux motifs dorés en direction du bureau de son père sous les regards de ses ancêtres qui ornaient les murs. Quelques domestiques affairés à leurs tâches diverses s'écartaient également tout naturellement afin de lui laisser le passage libre avant de reprendre leurs occupations. Elea frappa à la porte richement scuptée du bureau, attendit, mais comme Lord Stafford ne répondait pas elle en poussa le battant et entra.
Elle ne rentrait pas souvent ici à moins d'être invitée à le faire, ce qui était chose relativement rare. Lord Leveson-Gower ne traitait en cette pièce que les affaires de première importance. Tout sujet moins sérieux pouvait selon lui être abordé au dîner ou dans une pièce moins formelle, comme un des salons ou la bibliothèque.
En revanche, elle venait brièvement de temps en temps afin d'y laisser une de ses compositions florales dans le but d'agrémenter la pièce et l'espérait-elle, faire plaisir à son père. Il n'était pas un homme expensif et donc absolument pas du genre à exprimer ses sentiments quels qu'ils soient, mais il ne l'avait jamais reprise quant au fait d'entrer dans son bureau afin d'y laisser ses fleurs. Elle avait donc gardé cette habitude.
La jeune femme s'avança dans la pièce baignée de lumière en fredonnant et vida le vase Medicis de ses fleurs flêtries afin de les remplacer par sa composition. Un sourire doux à ses lèvres, elle l'arrangea avec soin puis recula d'un pas afin d'évaluer le résultat. Sa satisfaite, Elea récupéra le bouquet fané et alla le déposer derrière la porte dérobée destinée à dissimulée les couloirs réservés aux serviteurs. L'un d'eux le récupèrerait afin d'aller le jeter.

Elea ferma referma le panneau tapissé puis frotta ses mains contre sa robe avant d'admirer une dernière fois son bouquet frais qui ornait désormais la commode derrière le bureau de son père. Elle allait sortir, lorsque des voix se firent entendre. Son éducation l'aurait obligée à s'excuser et à quitter la pièce, mais le prénom d'Alister fit bondir son coeur dans sa poitrine et s'arrêter net.  
N'écoutant que son reflex insensé de l'instant alors que les pas se rapprochaient, Elea souleva légèrement sa robe et courrut s'engoufrer dans les quartiers des domestiques avant de coller son oeil à la fine ouverture pour d'observer la scène. C'était effroyablement impoli et indiscret mais... C'était plus fort qu'elle. Il s'agissait de son frère et c'était la première fois depuis des semaines qu'elle entendait son prénom sur les lèvres de son père...
Lord Leveson-Gower entra alors en compagnie d'un homme en tenue de voyage. Le regard chocolat de sa fille se fronça légèrement alors qu'elle observait l'homme en entrevue avec le marquis. Elle ne le connaissait pas mais elle retint son souffle face à sa mine grave.

- Oui Milord, j'en suis certain. La monture de votre fils a été retrouvée errant seule. Mes hommes ont remonté sa trace mais sur les lieux de sa disparition ils n'ont rien trouvé d'autre que du sang ainsi que ce médaillon.

Elea couvrit sa bouche d'horreur alors qu'un violent coup à la mettre à genoux lui percutait le ventre. Le médaillon...? Celui qu'elle lui avait offert avant son départ ? Celui qu'il lui avait promis de garder quoiqu'il arrive ? Ses yeux s'embuèrent instantanément alors que ses pires craintes semblaient se matérialiser. Voilà des mois qu'Alister, avait disparu et qu'elle était sans aucune nouvelle de lui. Elle avait espéré qu'il avait simplement eu quelques difficultés à poursuivre leurs échanges épistolaires du à quelques imprévus mais elle s'était refusée à croire qu'il pouvait avoir disparu à tout jamais malgré l'inquiétude qui la rongeait depuis sa dernière lettre. Elea se sentit si violemment fauchée par cette évidence qu'elle refusait qu'elle en tituba, se rattrapant de justesse à la rembarde près d'elle. Sa seconde main tremblante se plaqua sur ses lèvres glacées afin d'étouffer le sanglot qui menaçait de s'en échapper lorsque le médaillon quitta la poche du messager pour trouver les mains de son père. Il était là, devant elle... En possession de cet homme et non au cou de son frère... Elle le lui avait donné afin qu'il emporte un peu d'elle avec lui et il avait juré de ne pas le quitter alors que faisait-il là ?!

- Le sang était en quantité importante Monsieur le Marquis... Nous n'avons pas trouvé de corps mais...

Elle perdit le fil du reste de la conversation. Ses oreilles bourdonnaient à lui faire tourner la tête. Ses larmes redoublèrent et dévalèrent ses joues sans qu'elle ne puisse les en empêcher. Malgré les mots tranquillisants qu'on lui servait tous les jours afin de n'alarmer personne, Elea savait au plus profond d'elle qu'il était arrivé quelques chose à Alister, sans quoi il n'aurait jamais cessé leur correspondance. Mais tant qu'elle était dans l'ignorance des raisons, il n'y avait aucune certitude et donc toujours cet espoir auquel elle s'était raccrochée qu'il allait bien. Elle avait accepté tout ce qu'on avait pu lui dire. Qu'il était simplement très occupé... Ou même tout simplement en mer et donc dans l'incapacité de lui faire parvenir la moindre lettre ! Peut-être, allait-il même apparaitre à la porte de sa chambre d'une seconde à l'autre sans prévenir afin de lui faire la surprise après l'avoir laissé se faire un sang d'encre ! Elle le fustigerait, il rirait, puis ils s'étreindraient... Elea s'était réfugiée dans le déni le plus total quant à tout malheur qui aurait pu toucher son grand frère. Mais la vision de ce pendentif faisait tout voler en éclats...

Son front contre le bois, la jeune femme laissait ses pleurs  mourir à ses pieds, chaque perle saline contenant un morceau infime de son cœur à l'agonie. Le temps finit par se distorsionner. Elle ignore combien de temps s'écoula avant que l'homme de son père ne prenne son congé et ne quitte la pièce mais lorsque ce fut le cas, elle poussa doucement la porte et sortit de sa cachette.

- Père...?

Il allait probablement être furieux ou sans aucun doute outré qu'elle se soit cachée de la sorte afin d'écouter aux portes telle une vulgaire soubrette avide de commérages, mais elle était si bouleversée qu'elle était prête à prendre le blâme.
Elle ne pensait qu'à Alister en cet instant et lorsque son regard se posa sur son médaillon et qu'elle y devina le sang de son frère dessus, elle recula de trois pas comme pour échapper à la dévastatrice réalité.

- Oh mon dieu !

Cela ne pouvait pas être vrai. Il avait dit qu'il n'y avait pas de corps n'est-ce pas ? Alister allait bien. Il devait aller bien ! Elea savait qu'elle était supposée demeurer maîtresse de ses émotions et se contenir afin de ne pas se donner en spectacle comme on le lui avait appris depuis petite mais là, c'était trop pour elle...

_________________________________


   
Can you hear me echoing ?
Here comes a wave meant to wash me away
A tide that is taking me under
Swallowing sand, left with nothing to say
My voice drowned out in the thunder
Revenir en haut Aller en bas
Phileas Leveson-Gower
Phileas Leveson-Gower
Rang sur le forum : Membre
Messages : 7
Date d'inscription : 30/10/2023


Message() / Ven 3 Mai - 22:17
Phileas Leveson-Gower
Si noble et si puissant que puisse être un homme, si rigide puisse être l'armure d'honneur et de noblesse qu'il s'était construite à la face du monde, au plus profond, il était des choses sur lesquelles chaque homme restait semblable, du moins, aurait sans doute aimé se dire Phileas, tout homme digne de ce nom. Chez lui, l'une des choses les plus évidentes, mais également les plus profondes, était sa nature de père, et l'inquiétude que cela supposait pour ses enfants. Il avait beau, évidemment, avoir confiance en Alister, cela ne l'avait tout aussi évidemment pas empêché d'être plus qu'inquiet quand il avait cessé d'avoir de ses nouvelles, même s'il s'était efforcé de ne pas projeter cette inquiétude sur le reste de sa famille, à commencer par sa femme, évidemment, qui portait déjà assez de chagrin en ce moment, que sur ses filles. C'était donc avec une certaine discrétion qu'il avait lancé les recherches pour retrouver la trace de son fils, qui, il le savait, n'était pas du genre justement à ne pas donner de nouvelles.

Évidemment, ce n'était pas que s'il était arrivé quelque chose à Alister il comptait le cacher aux siens, mais plutôt qu'il préférait attendre d'avoir des certitudes plutôt que de renforcer leur inquiétude sans raisons... tout en espérant toujours, évidemment, que ses propres inquiétudes finiraient soit par se révéler sans fondement, soit par pouvoir être réglées sans problèmes. Après tout, il avait de nombreuses ressources à sa disposition et un nombre non négligeable de contacts, aussi n'était-il pas idiot de penser que, si on admettait que son fils ait des problèmes quelconque l'empêchant de donner des nouvelles, il soit en mesure de l'aider, fut-ce à distance. Mais pour cela, il fallait d'abord retrouver sa trace, et savoir où il se trouvait et pourquoi au juste il avait cessé de donner des nouvelles, évidemment...

Ce fut donc avec une certaine impatience qu'il avait vu arriver des nouvelles des hommes qu'il avait envoyé sur la trace de son fils... pour encaisser avec difficulté les nouvelles qui lui furent apportées. Il avait redouté le pire – même si en soit, un certaine cynisme sur le monde lui avait fait dire que sa mort aurait sans aucun doute été connue beaucoup plus vite, ce qui paradoxalement était un point positif – et espérer le meilleur, mais malgré tout, bien qu'il se pense prêt à encaisser le choc, il eut du mal à le faire en découvrant le médaillon ensanglanté de son fils et surtout le rapport qui l'accompagnait. L'homme qui lui faisait son rapport se garda bien de tirer des conclusions, sachant que ce n'était pas son rôle et que, même dans des affaires de moindre importance personnelle, le Marquis n'était guère homme à apprécier que l'on tire sur la comète des faits qui n'étaient pas prouvés, mais il n'était pas difficile, fut-ce pour un œil moins affûté que celui de Phileas, de comprendre ce qu'il avait imaginé en découvrant le cheval et les effets de son fils, ainsi, bien sûr, que le sang qui les accompagnaient...

Le noble Lord fut lui-même profondément affecté par ces révélations, mais n'en laissa évidemment rien paraître, habitué à maintenir en toutes circonstances, et même dans cette relative intimité, en présence d'un homme dévoué à son service et dont il n'avait aucune raison de douter de la loyauté, une façade qu'il ne pouvait laisser se lézarder, même devant un coup aussi terrible, d'autant que cela tenait également, chez lui, du mécanisme de défense. Le Marquis à la présence toujours digne pouvait tout encaisser aux yeux du monde, et même aux siens, quand bien même en son fort intérieur Phileas, lui, se sentait tanguer profondément. Il referma sa main sur le médaillon tendu, et ne laissa passer que quelques instants avant de répondre.

« Je vous remercie pour votre travail et pour ce rapport... après tout vous n'êtes guère responsable de sa teneur. Ceci dit... je refuse de considérer mon fils perdu sans preuve directe. Retournez sur le continent et continuez les recherches... tant que vous n'aurez pas retrouvé un corps ou une tombe à identifier, votre consigne est de continuer de le chercher vivant. »

Bien sûr, le sang était inquiétant, très inquiétant, mais on survivait parfois à une hémorragie sévère, et il se pouvait aussi que ce ne fut pas le sien. Qu'il ait été agressé et ait blessé ceux qui l'attaquaient en devant laisser derrière lui sa monture, et qui sait en se faisant arracher son médaillon... qu'il ait été enlevé, qu'il soit blessé, qu'importe ! Phileas refuserait de baisser les bras tant qu'il n'aurait pas de preuve de la mort d'Alister ! Il prit encore le temps de régler quelques détails avec son envoyé, sur les questions des moyens à déployer et de la discrétion à conserver, puis celui-ci s'éclipsa pour le laisser seul. Mais alors qu'il pensait enfin pouvoir baisser la garde et encaisser plus concrètement le choc, une voix dans son dos le fit brusquement se retourner sous la surprise, d'autant plus accentuée quand il vit confirmé ce que la voix lui avait déjà dit, à savoir qu'il s'agissait de son aînée.

« Que... Elea ?! »

Phileas resta quelques instants figés de surprise, ne s'attendant pas un instant à voir sa fille surgir de l'entrée des domestiques. Tout entier tendu par l'attente des nouvelles, puis absorbé par le choc de celles-ci, il n'avait pas noté les fleurs fraîches, et même dans ce cas il n'aurait pas imaginé qu'elle se soit cachée là après les avoir déposée... surpris, il relâcha la poing, laissant le médaillon s'échapper et pendre doucement, faisant naître une nouvelle réaction de son aînée, alors que le Marquis, de son côté, peinait toujours à intégrer sa présence et surtout le fait qu'elle avait entendu comme lui le rapport remis par son envoyé.

« Je... comment est-ce que tu es arrivée là ? Tu n'aurais pas dû... tu n'aurais pas dû entendre ça... ni voir ça. »

Il eut un soupir en baissant le regard sur le médaillon ensanglanté, se souvenant bien entendu que c'était elle qui l'avait offert à son frère avant le départ de celui-ci... Cela lui arrivait bien rarement mais pour une fois le noble Lord se trouvait déstabilisé, n'ayant certainement pas prévu que sa fille ait un accès aussi cru et direct à cela, ni dans de telles circonstances. Il n'était pas habitué ni à faire face aux larmes des femmes de sa famille directement, encore moins de ses filles, et n'avait eut le temps ni d'encaisser lui-même les nouvelles, ni de réfléchir à comment agir ensuite. Néanmoins, il n'était pas homme à fuir ses problèmes, ni père à dédaigner la détresse de ses enfants, même si sur ce dernier point il n'était peut être pas le plus compétent. Prenant une inspiration pour se recentrer, il reprit donc, sur un ton plus posé.

« Elea... comme je l'ai dis j'aurais préféré que tu n'apprennes pas les choses de manière si... brutes, et nous aurons à reparler de cette idée d'espionner mes réunions... ceci dit, même si ces nouvelles sont inquiétantes, nous n'avons non plus aucune preuve du décès d'Alister alors... tant que les choses sont ainsi, nous n'avons pas à perdre espoir, d'accord ? »

Phileas faisait de son mieux pour être rassurant, en dépit des doutes qui le tiraillait évidemment... mais c'était la ligne qu'il avait tenu dans ses actions, et il tentait de partager cette conviction à sa fille. Sans doute qu'une personne plus tactile et plus habituée à ce genre de choses se serait avancé pour prendre la jeune femme dans ses bras et la rassurer, mais ce n'était profondément pas dans la nature du Marquis de faire cela, ce qui faisait qu'il restait là, quelque peu rigide, sans savoir vraiment comment faire face à la situation, bien loin de celles, pourtant nombreuses, qu'il était habitué à gérer sans problèmes.

« Si quelqu'un avait prit le temps de l'enterrer, il aurait sans aucun doute récupéré ses affaires... et sans doute enterré le médaillon avec lui. Alors... tant que nous n'en saurons pas plus, ne tire pas de conclusions funestes. Je te promet que je ferai tout pour retrouver Alister saint et sauf, peu importe ce qui a pu lui arriver. »
Revenir en haut Aller en bas
Elea Leveson-Gower
Elea Leveson-Gower
Débutante
Rang sur le forum : Administratrice
Emploi : Débutante
Messages : 623
Date d'inscription : 07/01/2021


Message() / Ven 17 Mai - 13:04
Elea Leveson-Gower


Conceal, don't feel, don't let them know.



Contenir ses émotions. Ne pas faire démonstration de ces dernières. Toujours se maîtriser aux yeux du monde. C'était là une leçon apprise, retenue et appliquée depuis sa plus tendre enfance. Même petite, Elea semblait déjà être une adulte tant elle s'appliquait à respecter les enseignements de son père. Là où les enfants de son âge pouvaient se montrer turbulents et éparpillés Elea était déjà une très jeune lady aux manières impécables qui ne faisait jamais défaut au Marquis. Du moins l'espérait-elle. De nature résiliante et généreuse, tout ce que son père lui disait, tout ce qu'il exigeait d'elle, Elea s'efforçait de le lui donner et même d'avantage encore. Jamais elle ne voulait lire de déception dans son regard. Elle voulait être à la hauteur de ses attentes, toujours.
Hors ici, elle venait apparemment de le décevoir à en juger par l'expression désapprobatrice mais surtout surprise de la trouver ici dans son étude. La fille du Marquis s'en sentirait mortifiée si un autre sentiment bien plus dévastateur ne lui déchirait pas le coeur en cet instant.

Elea avait déjà senti le monde s'écrouler sous ses pieds une fois. Le décès de son petit frère Francis, encore si jeune, de cette effroyable maladie les avait tous saisi au vol et avait plongé l'aînée des filles Leveson-Gower dans une profonde détresse et un terrible chagrin. Elle avait porté ce deuil douloureusement et si elle était honnête, elle trouvait que un an était relativement court pour se remettre de cette perte. D'un côté elle s'était sentie rétiscente à revenir si vite à la Cour. Devoir sourire, danser, converser avec esprit et légèreté... Mais d'un autre côté, le tourbillon qu'était la Saison l'empêchait aussi de trop penser et d'avancer. Car quoiqu'on en dise, la vie continuait et Elea semblable à elle-même, se mettait en retraît quant à son ressenti le plus profond pour essayer d'apporter un peu de bonheur à son père qui elle le savait, intériorisait beaucoup. Phileas pouvait paraître insensible, Elea savait que ce n'était pas le cas. Il était maître dans l'art de masquer ses émotions certes, mais il demeurait son père. Elle le connaissait dans l'intimité et elle l'admirait pour sa force de caractère et sa capacité à savoir se montrer inébranlable. Pourtant elle l'avait vu, cette lueur fugace de tristesse derrière son masque de rigidité lorsqu'il avait vu Francis rendre son dernier souffle. Il s'était fait le rock de la famille comme toujours, l'immuable, le repère qui ne change jamais pour sa femme et ses enfants. L'éternel phare dans la tempête. S'interdisant donc probablement de se concentrer lui-même sur son deuil. En particulier avec l'état de sa mère qui demandait à ce qu'on prenne soin d'elle autant que faire se pouvait. Une tâche que là encore, le Marquis prenait sur ses épaules.
Elea se disait qu'un mariage avantageux apporterait à son père un peu de satisfaction au milieu de tout cela. C'était bien là tout ce qu'elle pouvait faire pour lui. Alors oui, elle enfouissait tout comme on le lui avait appris et plongeait dans cette nouvelle Saison.

Cependant, ce qu'elle portait en elle depuis la perte de Francis n'était pas comparable avec ce qu'elle éprouvait à présent face à celle d'Alister. Lorsque son frère cadet s'en était allé Elea avait eu le sentiment que le sol se dérobait sous ses pieds mais pour son aîné ? C'était soudain le monde entier qui tout autour d'elle se mettait à trembler. Car même si elle aimait Francis, elle n'était pas aussi proche de lui que d'Alister. Elle avait été élevée avec lui, quand leur petit frère lui avait d'avantage passé son temps avec Judith et leur mère. Alister avait toujours été son pillier. L'air qu'elle respirait. Sans lui, tout s'effondrait.

- Alister il... Il...!

Le mot refusa de franchir la barrière de ses lèvres. Il rendrait la situation trop réelle. Encore plus qu'elle ne l'était déjà... Elea pressa ses mains contre sa poitrine affolée tant la douleur qui y raisonnait était insoutenable. Respirer était supposé être la chose la plus naturelle et facile au monde et pourtant à cet instant précis, c'était comme si son corps avait oublié comment faire et se battait contre une brutale agonie. Les spasmes de ses sanglots étaient violents alors qu'Elea pouvait jurer sentir son coeur se briser un peu plus à chaque inspiration qu'elle essayait de prendre. Alister ne pouvait pas etre mort. elle ne saurait pas comment exister dans un monde où il n'était plus !

Phileas tenta de la tranquiliser tant bien que mal, lui promettant néanmoins qu'ils auraient à reparler de son comportement intrusif et indiscret. Pour le reste, le ton calme et posé de son père étant donné les circonstances était admirable mais également salutaire au milieu du chaos dans lequel se trouvait Elea. Le sang-froid dont il faisait preuve obligea la jeune femme à se calmer quelque peu, ses grands yeux bruns noyés de larmes se posant sur lui sans oser attraper l'espoir qui flottent autour d'elle.
Elea hocha la tête, voulant croire plus que tout aux paroles de son père malgré la peur qui lui glaçait le sang. Elle devait croire son père. Le Marquis avait toujours raison n'est-ce pas ? D'aussi loin qu'elle se souvienne elle ne l'avait jamais vu commettre la moindre erreur ni proférer le moindre mensonge... Son honnêteté était parfois brutale, n'en déplaise à certain, mais elle était constante. Si il disait qu'Alister était toujours en vie, alors il l'était. Il ne pouvait en être autrement... Il ne devait pas en être autrement...
De sa main fébrile, la débutante demoiselle effaça ses larmes et fit de son mieux pour reprendre contenance malgré combien cela lui était difficile. Elle aurait voulu pouvoir s'écrouler dans les bras de son père, sentir son étreinte réconfortante et sa force autour d'elle mais elle savait qu'il en était hors de question. Phileas était mal à l'aise face aux émotions, en particulier celles toutes féminintes, aussi légitimes soient-elles en ces circonstances.

- Puis-je... Puis-je garder le médaillon...? S'il vous plait...

Elle ne le montrerait ni à Judith ni à sa mère bien entendu. Elle le voulait pour elle. Pour avoir quelque chose à quoi se raccrocher ; le fait de le ouspiller ! Elle garderait le bijou et lorsqu'il reviendrait, elle lui reprocherait de s'en être séparé avant de le lui rendre.

- Père... Je ne voulais pas être indiscrète je vous l'assure... J'étais venu vous apporter des fleurs fraîches. J'allais sortir mais j'ai entendu le prénom d'Alister et je...

Qu'importe son chagrin et son envie de courir se jeter sur son lit y pleurer toutes les larmes de son corps une fois seule, elle refuse de quitter cette pièce sans s'expliquer avant. L'opinion de son père la concernant prédomine tout. Toujours...
La pulsion qui l'a prise en se cachant derrière la porte réservée à la domesticité a été plus forte qu'elle après tout ce temps sans nouvelles de son frère, mais elle n'en demeure pas moins tout à fait inconvenante.

- Je n'aurais pas du... Je vous prie de m'excuser... Cela ne se reproduira plus...




_________________________________


   
Can you hear me echoing ?
Here comes a wave meant to wash me away
A tide that is taking me under
Swallowing sand, left with nothing to say
My voice drowned out in the thunder
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Message() /
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas



Page 1 sur 1Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-



Sauter vers: