You've got a friend in me [Pv Elea]

Alors qu'elle rentrait tout juste de chez l'orfèvre en compagnie de Judith et de son père, le majordome les accueillit un plateau d'argent à la main sur lequel reposait un billet cacheté à son intention. Ce ne fut cependant pas vers elle que le domestique s'avança, mais bel et bien vers son père qui décacheta le pli et l'ouvrit pour le lire.
Elea ne dit rien habituée à cet usage, attendant de voir si il estimait le courrier digne de son attention ou non. Elle décela à son expression que oui. Il le lui tendit et elle s'empressa de le prendre afin d'en prendre connaissance à son tour. Elle fut incapable de réprimer son sourire lorsqu'elle avisa le nom signé au bas de la lettre : Arielle. Sa meilleure amie et nouvelle Duchesse de Northumberland l'invitait pour le thé cet après-midi !

- Allez vous changer et ne rentrez pas trop tard.
- Oui père !

Elea esquissa une brève révérence et prit congé de son paternel et de sa sœur après un petit sourire affectueux afin d'aller troquer ses vêtements de sortie pour une tenue de salon plus convenable. Sous le toît du Marquis de Stafford, il y avait une tenue pour chaque occasion et pour chaque circonstance ! Il n'était pas rare que parfois elle doive se changer trois ou quatre fois dans une même journée selon le programme... Un rituel qu'elle trouvait parfois superflu, mais auquel elle s'était à force habituée.  
Prête, Elea veilla à ce que ses animaux aient tous de quoi boire et manger, leur accorda à tous ou presque une caresse, puis elle se hata de rejoindre le carrosse qui la conduirait à la nouvelle demeure de Arielle. Elle avait très hâte de la découvrir ! Cela lui faisait drôle de songer qu'elle se rendait à une autre adresse que d'habitude pour visiter son amie d'enfance ! Dire qu'elle avait désormais sa propre demeure, sa propre domesticité ! C'était excitant !
Arielle était une bouffée d'air frais pour Elea. Quelque part, elle avait également été son salut. Car déjà enfant, si Philéas était essentiellement concentré sur l'éducation d'Alister son fils ainé et héritier, Elea aussi avait été d'avantage à lui qu'à sa mère.
En bon stratège qu'il était, le Marquis ne savait que trop combien une fille pouvait être utile pour l'avenir aussi ne l'avait-il que peu laissée à sa maman pour son apprentissage. Il voyait bien plus loin que certains aristocrates s'alarmant de ne pas engendrer que des mâles. Lui, avait le choix du roi comme on disait et il avait entendu en tirer avantage.
Elea avait donc dès son plus jeune âge du être aux regrets à moitié tus de sa mère, cette petite fille déjà adulte, timorée et constamment dans la retenue. Tout cela avait commencé à changer dès lors que la mère d'Arielle avait offert qu'Elea vienne passer quelques jours avec sa mère durant l'été. Elea avait été déroutée par Arielle la fille aînée de son parain, cette petite tornade du même âge qu'elle si pleine de vie qui pouvait courir, sauter et rire à gorge déployée sans qu'on la reprenne lorsqu'elle jouait. Elle la revoyait encore tester les échos du grand hall d'entrée ! Elle s'y était essayée d'abord timidement, encouragée par le sourire tendre de sa maman, mais tout cela était si nouveau pour elle ! A Trentham Hall on ne lui autorisait pas de pareilles libertés ! Elle ne manquait de rien bien sûr. Elle avait des jouets à ne savoir qu'en faire et tous les domestiques qu'elle souhaitait pour s'amuser avec elle, mais tout devait toujours être fait "avec noblesse" comme le disait son père. Avec altesse et modération dans l'expressivité de ses émotions. Sa mère comme son frère dans l'intimité l'encourageaient malgré tout souvent à plus de laisser aller, la poussaient à avoir l'âge qu'elle avait, mais ce fut Arielle qui hors des murs de la résidence des Leveson-Gower, lui avait appris à lâcher prise et être véritablement une petite fille. Elle lui avait permi de respirer enfin, elle qui était toujours si droite et réservée et de se découvrir.

Ca n'avait jamais changé depuis. Si Elea devait redevenir l'image de perfection qui collait aux idéaux du marquis lorsqu'elle quittait la demeure de son parrain une fois l'été fini, dès lors qu'elle retrouvait sa meilleure amie tout redevenait aussi naturel que si elles s'étaient quittées la veille et cette fois ne ferait sûrement pas exception.
Lorsque la voiture s'arrête, Elea prend un instant pour observer la facade de le résidence des Percy, puis lisse sa robe et descend. A peine les marches du perron montées, un domestique lui ouvre la porte et la salue avec tous les égards dus à son rang auquel elle répond d'un hauchement de tête courtois. Elle retire ses gants, son chapeau ainsi que sa capeline dont on la débarrasse prestement avant de la guider à travers le hall jusqu'à un petit salon turquoise tout à fait charmant au milieu duquel siège Arielle.

- Vôtre Grâce, la salue-t-elle en accentuant l'espièglerie de son ton.

Loin d'elle l'idée de se moquer de son amie. Elle est fière de son accomplissement et la tendresse qui pétille dans ses yeux bruns appairée à son sourire le prouve sans mal à Arielle.

La tableau ne saurait être plus parfait que celui qui s'offre aux yeux d'Elea. Arielle semble parfaitement dans son élément ici dans cette demeure qui est désormais la sienne, chose à laquelle il va falloir qu'elle se fasse. Désormais lorsqu'elle voudra rendre visite à son amie ce n'est plus chez lord et lady Seymour qu'elle devra se rendre mais bel et bien chez lord et lady Percy ! L'idée est aussi amusante que plaisante à dire vrai ! Elles grandissent... Et Arielle a réalisé son souhait le plus cher ; se marier par amour. Une utopie que Elea le sait, ne lui sera pas permis mais elle est incapable d'éprouver le moindre ressentiment pour cela envers son amie d'enfance. On ne lui a pas appris à espérer cela du mariage. Tout ce qui lui tient à cœur est de faire une union réussie qui satisfera son père au mieux et qui elle l'espère, contentera également un minimum son futur époux pour lequel elle s'efforcera d'être la meilleure épouse possible.

Arielle elle, a déjà l'air de la duchesse qu'elle est. Sa toilette, sa coiffure, sa façon de se tenir, elle semble être passée de jeune fille à jeune femme dès lors que son alliance a trouvé sa place à son doigt. Elea rit face à la plaisanterie de la duchesse et se presse à sa rencontre afin de serrer ses mains avec la même ferveur Arielle ne serre les siennes. La Saison a commencé sur les chapeaux de roue et elles n'ont eu que peu de temps toutes les deux, ne se croisant que brièvement lors des mondanités. Ces retrouvailles sont donc plus que bienvenues !

- Je suis ravie de votre invitation ! J'avoue que je l'attendais avec grande impatience !

Elea suit Arielle jusqu'aux sofas et prend place élégamment sur l'un d'eux, son regard parcourant le charmant petit salon qui les entoure et en appréciant la décoration. Elle n'est absolument pas surprise de le découvrir rénové dans les nuances de couleurs favorites de l'ancienne miss Seymour !

- Je trouve que cela te va très bien ! affirme-t-elle en laissant tomber le vouvoiement comme elles sont désormais toutes seules.

Elles se connaissent depuis tant de temps et depuis un si jeune âge que le tutoiement est naturel entre elles mais en société, elles le mettent de côté pour le vouvoiement plus approprié. En particulier désormais que Arielle est duchesse !
Elea ne peut s'empêcher de pouffer de rire dans sa main afin d'étouffer le son hilare peu élégant qui la saisit sans prévenir alors que son amie lui avoue avoir pris pour amusement d'avoir fait enrager sa sœur cadette, ce qui lorsqu'on les connait, est de bonne guerre.

- Seigneur Dieu cela a du la mettre dans une rage folle !

Au même titre que Judith, Elizabeth a un caractère relativement capricieux mais à la différence d'Elea, Arielle prend en général un malin plaisir à la pousser dans ses retranchements. Devoir de sœur aînée, selon elle !

- Attention elle serait capable d'épouser un prince juste pour te rendre la monnaie de ta pièce...

Oh oui elle en serait bien capable ! Juste par esprit de contradiction ou de revanche ! La cadette des Seymour fait preuve d'une détermination à toutes épreuves lorsqu'il s'agit de gagner face à sa sœur. Elea en a souvent été témoin au fil des années !
Rapidement, le thé leur est apporté et posé sur une table juste entre elles avant que la servante n'exécute une révérence et ne les laisse seules à nouveau. Le service à thé est même assorti à la pièce ce qui est absolument charmant !

- Je trouve que tu as décoré cette pièce avec beaucoup de goût. Et cette porcelaine est absolument ravissante.

Elea peut aisément deviner les appréhensions d'une nouvelle épouse face au poids du jugement de la société. Car on pourrait croire que la pression s'arrête pour une débutante une fois qu'elle a trouvé un époux, mais la vérité est que tout ne s'arrête pas là.
Non une fois cette tâche déjà fort ardue accomplie, on la regardera ensuite pour savoir comment elle s'en sort en tant que nouvelle lady. Saura-t-elle recevoir ? Saura-t-elle gérer sa maison ? Puis en addition de tout cela, en combien de temps enfantera-t-elle un héritier...? Non les regards ne les quitte jamais tout à fait. Pas tant que tout devoir marital n'est accompli avec succès...
Les soucis d'Arielle seront, elle l'espère, un jour les siens, aussi n'est-il pas difficile pour Elea de se mettre à sa place. Elle trouve donc important de la complimenter quant à ce qu'elle a fait de cette pièce de sa nouvelle demeure et quant à son choix de vaisselle afin de la rassurer et lui assurer qu'elle fait les choses formidablement bien. Mais Elea n'en doutait pas un instant.

- Alors raconte-moi un peu ! Comment cela se passe avec ton époux depuis le mariage ?

Elea n'a que peu eu le loisir de croiser Aidan Percy, la dernière fois étant à la garden party. Autant dire que l'entretien fut fort bref, toutes pressées qu'elles étaient d'aller faire un tour de carrousel avant que Arielle n'introduise Elea auprès de Lord Howard.