Under the tea. || ft. Cecelia Templeton

Under the tea.

@Cecelia Templeton &  @Luisa Hammond

Qui dit retour à la saison, dit également retour des invitations à divers évènements, sorties, mondanités... Que Luisa avait jusqu’ici été moins encline a honoré, mais désormais qu’elle avait fait sa présentation, qu’elle recevait des prétendants – pas tant que cela, je vous prie de le croire -, c’était beaucoup moins bien vu.  Et si vous vouliez en plus rejoindre les clubs de jeunes filles à marier les plus sélect, il fallait bien mettre de l’eau dans son vin... ou plutôt dans son thé, dans le cas présent.

Invité par l’une des débutantes les plus en vues du moment, mais qui n’était pas le diamant de la saison, cette dernière avait organisé une petite réunion de quelques demoiselles et Luisa se demandait encore comment elle avait pu avoir une invitation. En ayant grapiller quelques informations ci et là, elle s’était vite rendu compte que la mère de la dite enfant prodige, n’était autre qu’une bonne amie de la vicomtesse. Encore et toujours la protection de sa tutrice, mais pour une fois, elle s’en serait bien passé.

Parce qu’être invité à parler chiffon et fanfreluches avec d’autres jeunes demoiselles est une chose, qui peut au demeurant s’avérer agréable pour quelqu’un féru de mode, mais autour d’un thé pour quelqu’un qui supporte à peine la vue de ce breuvage, s’en est une autre ! Et que boire d’autre dans une boutique dédier à cette boisson ?

Très vite, Luisa comprit également qu’elle n’allait certainement pas faire partie du cercle très privé de la demoiselle, étant reléguée à une table voisine avec d’autres jeunes demoiselles plus âgée dirons-nous et sans doute moins bien côté par la présentation à la princesse, mais qui avait sans doute le mérite de leur pédigré ou des amitiés avec la mère de la débutante. Toutefois, loin de s’en offusquer, Luisa en bonne chrétienne qu’elle était faisait de son mieux pour faire la conversation à ses voisines de tables et avec son lumineux sourire. Sa seule consolation était d’être à la même table que Miss Templeton, dont elle partageait le sort d’expatriée.

Vient hélas le moment où furent servie les pâtisseries et... le thé. Les yeux verts de Luisa se posèrent sur sa tasse remplie de l’eau brunâtre et odorante, qui se voulait être un thé noir à la rose, mais qui n’avait de rose que la couleur des dessins sur la porcelaine. Seigneur Dieu Tout-Puissant. La mexicaine leva les yeux vers les autres demoiselles de la table, qui semblait fort accommodée par cela, sauf... Miss Templeton, avec qui elle échangea un regard rempli de sous-entendu : ‘doit-on vraiment boire ça ?’. « Qu’est-ce que vous buvez au Danemark, Miss Templeton ? » Demanda-t-elle discrètement à sa voisine tout en mélangeant dans son thé après y avoir mis une fameuse cuillère de sucre. Elle pourrait ensuite prendre l’excuse qu’elle l’avait trop sucré et qu’il était impossible à boire.

Under the tea.

@Cecelia Templeton &  @Luisa Hammond

Des invitations à prendre le thé. Le thé... sincèrement ?!  C'est quoi cette idée de boire de l'eau chaude dans laquelle on jette on ne sais quelle plante et autres fleurs avant de les boire. Cela n'avait pas de goût, c'était insipide et rajouter du lait ?! Du lait ? Mais c'était encore plus immonde que cela ne l'était. Pourquoi n'avaient ils rien de meilleur que cela ? Au Danemark ils avaient du thé, mais ils l'agrémentaient de fruits confit pour les sucrés et leur donner du goût, il le préparaient avec de la pâte de thé et non avec des feuilles séché dans le grenier d'elle ne savait quelle grand mère.

Pourtant, il n'y avait pas de possibilité de se défiler à tout cela. Quand on recevait une invitation à ce type d'événement, alors qu'on était une jeune femme venue d'une autre contrée qui avait du mal à se faire des connaissances, il n'y avait que fort peu de possibilité de se dédouaner.  Alors, elle avait fait contre mauvaise fortune bon cœur, passait une jolie toilette et s'était rendu à cette invitation à prendre le thé en compagnie d'autres demoiselles  pour parler de... choses. Choses auxquelles elle ne comprenait pas tout, mais elle est parvenue à se forger le plus beau des sourires stupide au monde. Celui signifiant clairement, qu'elle ne comprend pas, mais qu'elle est ravie d'être là. Car après tout, que pouvait elle faire de plus ?

Ainsi, observa t elle les demoiselles présente, tenta de saisir une ou deux bribe de conversation, de hocher la tête ou les sourcils, le tout en évitant fortement d'approcher sa tasse de thé de ses lèvres. Approchant plus facilement ses doigts des pâtisseries, après tout, sa réputation était faite et elle n'en était plus à tout cela, elle croisa le regard d'une autre demoiselle de sa tablée qui semblait tout aussi... ravie du thé, ce qui tira à la jeune fille un sourire amusé.

« Dou kafey Miss Hammound. Parfoua dou They zossi, may a la skandinave. Bieng plous a... mong goût... Y vouy ? Quoi vouy bouvez au Maxique ? »

Le sourire de la jeune fille se fit plus doux et délicat alors qu'elle tendait à la jeune mexicaine le plateau de patisserie.

« Oune douceur ? »

Under the tea.

@Cecelia Templeton &  @Luisa Hammond

À la simple mention du café, les yeux verts de Luisa se mirent à pétiller d’un intérêt grandissant et surtout compatissant. Cependant, elle dut faire redescendre promptement son enthousiasme, afin de ne pas s’attirer les foudres des jeunes anglaises de bonne famille, qui n’avait probablement jamais entendu parler du café et encore moins en avoir goûté. Sacrilège selon Luisa. Mais apparemment, le thé était un breuvage dont la fierté nationale était à l’image de l’étiquette. Incontournable. Qu’à cela ne tienne, la Mexicaine avait de quoi se préparer du café, caché dans sa chambre, et elle attendrait son retour au domaine de ses bienfaiteurs pour aller s’en préparer une pleine cafetière et le déguster à l'abri de la trop bonne société anglaise.

Miss Hammond sourit en retour à Miss Templeton et prit l’une des pâtisseries sur le plateau que cette dernière lui tendait. Elle posa l’objet de sa convoitise sur sa sous-tasse afin de répondre à Cecelia sans avoir la bouche pleine. Ce qui serait assurément un manque de savoir-vivre criant. « Je vous remercie. » Dit-elle alors, intriguée néanmoins par ce thé à la scandinave dont parlait la jeune danoise. « Du thé à la scandinave, dites-vous ? En quoi cela consiste-t-il au juste ? » Demanda-t-elle sur le ton de la curiosité polie, qui sous-entendait : ‘est-ce plus buvable que cette chose qu’on nous a servi ?’ Non, parce qu’elle en était toujours à mélanger son thé, alors que les jeunes femmes autour d’elles le dégustaient en devisant à propos de sa saveur et de la note exquise florale que la rose apportait.

Luisa regarda sa tasse, l’apporta à sa bouche pour le sentir plus qu’autre chose et retient de justesse un haut le cœur. Seigneur, non ! Elle ne pouvait pas. Elle fit néanmoins parfaitement semblant d’en prendre une gorgée avant de reposer la porcelaine pour répondre à la danoise. « Du café également, mais aussi et surtout du chocolat chaud. C’est délicieux avec des épices et des biscuits à la cannelle. » Elle prit une bouchée de sa pâtisserie, qu’elle trouva bien fade en comparaison à ce dont elle avait l’habitude dans son pays et même en comparaison à ce qu’elle avait déjà goûté dans le salon de la vicomtesse, sans parler des bals royaux. Décidément, c’était une journée pleine de contrariété. Elle retourna à nouveau son attention vers Cecelia. « Que diriez-vous de venir à l’occasion en boire une tasse avec moi ? »