Words with passion - Ft Mark

Words with passion.

@Jacob Evans & @Mark Healey

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L’intersaison n’avait pas été aussi reposante pour Mark, qu’il ne l’avait escompté. Entre le retour sur les terres familiales, la partie de chasse royale, son séjour chez les Manners, le travail qui ne cessait jamais vraiment. Il avait dû composé avec trois autres évènements majeurs, à savoir : les soins du père  Howley, son entrevue avec le vicomte St. John et enfin, le décès de sa mère. De quoi le laisser sur les genoux avant même que la saison ne reprenne ; ne se relance la chasse au mariage. Et une fois n’était pas coutume, le voici de nouveau en charge de ses cadets pour cette même saison. Tout en s’étant ajouté du travail, avec la venue d’Isabelle.

Alors oui, il avait décidé que ce soir, il inviterait son meilleur ami, à la fois pour décompresser mais également – et c’était sans doute la partie la moins drôle -, avoir la discussion qu’il devait avoir avec lui depuis des mois au sujet de Léopold. Hors de question, qu’il soit encore amener à sauver le prêtre de la sorte, de façon inopinée ! Tout ça parce que son camarade ne se rendait pas compte de l’état dans lequel cela plongeait l’homme de Foi. Et bon sang, ça n’allait pas être facile. Bon sang, qu’il détestait cela par avance. Même s’il avait l’art, la manière et surtout le talent pour faire les remontrances – comme un père parfois -, il le faisait rarement de gaieté de cœur, qu’on se le dise. Il s’en passerait volontiers, mais ainsi allait les choses.

Ses cadets hors de la maison, le médecin aurait ainsi champs libre pour parler librement avec l’avocat. Et les domestiques restant étaient bien trop occupés pour vouloir se mêler de ses affaires, car après tout, ils n’étaient pas nombreux. Healey n’avait pas besoin de beaucoup de personnel. Après tout, il n’avait pas d’enfants à sa charge. Pour le reste, il suffirait de ne pas trop hausser le ton après tout. Lorsque Jacob fût ainsi arrivé chez lui, ils prirent place dans le petit salon attenant à son bureau où, parfois, il se délassait entre deux patients en fixant les moulures du plafond. « Partager, bien sûr. Comment vont Charlotte et les enfants ? » Répond-il à la politesse avant de sortir une bouteille de whisky. « Un verre ? » Lui ne dira pas non et s’il doit boire seul, eh bien soit.

« Voyons, Jacob, c’est le début de la saison. Je viens d’essuyer le bal de la reine et je suis fourbu jusqu’à la fin de celle-ci déjà. » Lance-t-il en réponse à son camarade tout en servant les verres généreusement. Ci-fait, il posa le tout sur la table devant eux et prit place dans son propre fauteuil. « Rien d’aussi formel, je te rassure. Je n’ai pas encore besoin de tes talents d’avocat et pourvu que ça dure. » Ironise-t-il, sous entendant que lui avait bien souvent besoin des siens. Surtout pour le dernier accouchement en date. Le médecin sortit son étui à cigarette pour s’en allumer une, tendant négligemment l’objet vers Jacob, des fois qu’il en voudrait une également. Tirant lentement sur son poison, il laisse la fumée s’échappé par sa bouche, en s’accoudant au fauteuil, observant son camarade en silence ; glissant son pouce sur sa lèvre inférieure. « Je veux qu’on parle de Léliana. » Dit-il platement en fixant ses yeux chocolats sur l’avocat, et le verre faisant son premier aller-retour vers ses lèvres.

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@Jacob Evans & @Mark Healey

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Il est des choses que Jacob ignore et bien entendu, cela ne lui fait aucun tort. Rare sont les gens qui savent réellement pourquoi Mark, à ce jour, n’est toujours pas marié. Ils sont même au nombre de trois, très exactement : Laszlo, Léopold et Isabelle. Ni plus, ni moins. Et c’était sans nul doute très bien comme cela. Il ajouterait bien Miss Gilderstone, car en dépit de tout, elle sait qu’ils partagent la même souffrance ; la même détresse. Pour autant, il ne s’est pas livré aussi franchement à elle, qu’il ne l’a fait avec les autres. Ainsi, ils sont trois et le resteront encore bien longtemps. Peut-être à jamais à vrai dire.

Pour les gens qui ont souffert, et qui souffre encore, comme lui, il n’est pas aisé de voir se profiler un avenir heureux. S’il envie quelque part, le bonheur simple de la paternité à Jacob, il n’envie certainement pas le reste. Devoir vivre dans un combat constant contre ce qu’il est en réalité est éprouvant. Et il le sait ; il le fait lui-même. L’anéantissement programmé de son être et de son esprit à travers tous les vices qui lui collent à la peau, le médecin ne le souhaite pour personne. Pas plus qu’il ne souhaite que son meilleur ami ne finisse à la potence. Pensant là plus avant encore qu’à la simple personne de l’avocat ; allant jusqu’à penser à ce qui adviendrait de sa famille désormais.

Lentement, l’homme de science acquiesce aux dernières nouvelles des Evans, tout en portant régulièrement sa cigarette à sa bouche et en expirant la fumée avec une lenteur quasiment calculée. De bonnes nouvelles, c’est toujours plaisant. « Oui… » Laisse-t-il sortir en pensant au fameux jeu qu’il devait apprendre à l’aîné des enfants. « Je ne l’oublie pas, mais le retour en saison est toujours un moment où, je n’ai le temps de rien… Si ce n’est d’essayer de tenir la tête hors de l’eau. Heureusement, mon frère m’aide cette année. » Que Neal soit gratifié pour son travail administratif qui permet enfin à l’aîné de s’arrêter de travailler avant qu’il ne fasse nuit noire. « Mais je te ferais savoir quand j’aurai un peu de temps et je viendrais le chercher. » Même s’il lui faut du temps, le docteur tient toujours ses promesses.

S’amuser, au bal ? Healey hausse les épaules et fait la moue. Il ne peut pas dire qu’il s’y soit ennuyer ou qu’il n’a pas apprécié l’instant, mais ça n’empêche que lui ayant danser toute la soirée, il en était bien fatigué. « Je n’ai jamais rechigner à danser au bal, contrairement à certains. » Laisse-t-il sous-entendre, quant au fait qu’on n’avait pas vu l’avocat beaucoup sur la piste. « Cela n’empêche que c’était éreintant. L’on peut s’amuser et en être fourbu tout de même. Ce genre d’évènement, bien qu’agréable, me laisse souvent aussi fatiguer psychologiquement, que physiquement. » Et en même temps, il court la journée après le temps, avant de devoir être parfait dans le rôle du gentleman héritier le soir. À ce rythme, il sera mort avant d’avoir cinquante ans. « La duchesse n’a qu’un fils. La demoiselle que tu sous-entends est sa pupille. Une jeune femme charmante venant d’Italie avec de grandes qualités en art. » Il replonge ses lèvres dans son verre, avant de regarder Jacob. « Ôte-toi cette idée de la tête tout de suite. » Qu’il dit en le pointant de son index. Non, il ne courtise pas Lady Visconti.

Arrive alors, le sujet brûlant et ce pourquoi spécifiquement – entre autres – il a fait venir son meilleur ami. Et Mark se tait. Il se tait et il observe l’avocat effectuer son travail d’homme de loi et tenter de noyer le poisson. Il continue de fumer jusqu’à ce que la cigarette ne soit plus qu’un mégot, qu’il écrase méthodiquement dans le cendrier. Et finalement, il rompt le silence. « Ne me ment surtout pas, Jacob. » Tranche-t-il avec une certaine acidité, mais non moins d’amertume dans la voix. « Surtout ne commet pas cette grossière erreur avec moi. Ne joue pas à l’avocat, c’est peine perdue. » Eh bien perdue oui… Le médecin se réinstalle dans son fauteuil, croisant ses jambes et un air sérieux – trop sérieux – sur le visage. « Lors de vos ébats, tu as déjà vu l’état de son dos ? Parce que moi, j’ai eu ce triste privilège… Encore un peu, ta Léliana passait l’arme à gauche entre mes doigts. Alors ne me ment pas. »

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@Jacob Evans & @Mark Healey

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Parfois, Mark aimerait simplement ne pas avoir à être dans le rôle de l’adulte moralisateur dans lequel on l’enferme toujours un peu plus. Privilège de médecin, sans nul doute. Parfois, il aimerait simplement s’asseoir avec un bon verre, une bonne compagnie et continuer à évoquer les souvenirs d’antan, l’absurdité de cette existence et penser à ce que pourrait-être le bonheur. Mais le temps joue contre lui et c’est là sa préoccupation principale. Du temps, il n’en a guère à gaspiller, car il sait que chaque minute est précieuse ; qu’à tout instant, on peut frapper à la porte et que la discussion n’arrive jamais à son terme. Voilà pourquoi, il attaque le sujet avec la précision d’une lame chirurgicale, sans réellement prendre le temps de tergiverser. Les mots tombent aussi durement que le verre de Jacob sur son tapis, dont il se fou éperdument d’ailleurs. Mark n’est pas homme à faire grand cas des biens matériels, préférant de loin les vies humaines, qui peuvent s’éteindre plus vite qu’on ne souffle une chandelle. Son tapis en aura vu d’autres et il sera peut-être encore là bien après lui et Jacob. Peut-être que des enfants joueront un jour sur ce même tapis, qui ne sauront même jamais qui ils étaient. Et la tache laisser suscitera peut-être leur imagination et ils inventeront des histoires à propos d’elle, sans jamais savoir qu’elle serait la relique d’un verre de whisky tombé sur le tapis dans un moment de détresse. « Laisse ce tapis, Jacob, de toute façon, il en a vu d’autre. Et rassied toi. » Dit-il finalement en reportant son verre à ses lèvres et le finissant d’un trait.

En silence, le médecin observe encore son meilleur ami, lisant toute l’incompréhension que les quelques mots énoncés précédemment ont eu comme impacte sur lui. En faisant cela, machinalement, Mark reprend une cigarette et l’allume avec des gestes méthodiques et précis. Alors que la première bouffée de fumer quitte à nouveau ses lèvres, il soupire dans le même temps. « Il semblerait que la capacité de certaine personne à dissimuler leur mal-être soit quelque chose qui te surprenne. » Commence-t-il par dire en faisant tourner son tabac entre son pouce, son index et son majeur. « Je suppose que c’est symptomatique des gens qui sont, comme toi, des livres bien plus ouverts. Ou des cœurs trop émotifs… je l’ignore à vrai dire. » Il haussa une épaule avant de reporter son poison à ses lèvres, tirant un peu plus de fumée âpre dans le fond de sa gorge. « Léliana… a disons du mal à accepter sa propre imperfection que toi. La punition qu’elle s’inflige a failli la conduire à sa perte. Oh, nous avons eu une très longue discussion sur le sujet. Mais ce genre de comportement autodestructeur ne se soigne pas en quelques jours et encore moins en quelques heures. Est-ce que tu comprends ce que je dis, au moins ? Je t’avais mis en garde, Jacob, sur la déraison de ce que tu faisais. Je t’ai dis que se faisant tu ne détruirais pas que toi, mais également ta famille, tes amis et aussi, malheureusement, la personne que tu aimes. La situation est tellement complexe, ne le vois-tu pas ? Elle prend sur elle toute la responsabilité de vos choix communs ! Oubliant parfois, que tu es tout aussi responsable qu’elle ne l’est. Et que l’univers me pardonne, elle connait désormais ma propre responsabilité dans l’affaire. Maintenant répond moi, Jacob… Alors que tu savais que Léliana était lié par le sang à Charlotte… Pourquoi avoir épouser Charlotte ? Pourquoi avoir choisi ainsi le chemin de la torture et de la damnation éternelle ? »

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@Jacob Evans & @Mark Healey

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Le médecin continua de fumer en silence, en écoutant le plaidoyer de l’avocat en face de lui. Sa main allait et venait à sa bouche avec une régularité millimétrée, alors qu’il tentait de lire entre les lignes et surtout, d’assimiler les nouveaux faits portés à sa connaissance. Il s’appuya un peu plus contre l’accoudoir gauche de son propre fauteuil, ses yeux se rétrécirent à mesure qu’il écoutait et qu’il réfléchissait dans le même temps. Il n’y avait pas de pitié dans ses yeux, même s’il concéderait aisément que la situation malheureuse de Jacob et de Léopold n’était pas sans lui rappeler ses propres peines à certains égards. Mais lui, il n’était pas amoureux d’un homme et qu’il ne risquerait jamais tout, même si ça avait été le cas.

Son pouce gauche traça la ligne de sa lèvre supérieure, tandis qu’il tenait éloigné de sa bouche le tabac rouler. Healey n’avait jamais été du genre à faire dans la dentelle et s’il avait une chose à dire, en général, il le faisait de façon claire et directe. Eh bien qu’il puisse comprendre les intentions sous-jacentes qui poussèrent Jacob à épouser Charlotte, il ne pouvait pas dire qu’il les cautionnait. Finalement, tous autant qu’ils sont, ils avaient fait pis que bien. « Tu n’aurais jamais dû aller jusque-là. » Finit-il par dire sur un ton plat en tirant une fois de plus sur sa cigarette. « Jacob, tu sais que je ne vais pas te ménager. Je n’ai pas ménagé Léliana non plus d’ailleurs. En vérité, je pense être incapable de ménager les gens. » Il soupira et écrasa ce qui restait du mégot dans le cendrier. « C’était stupide et tu aurais dû le voir, toi mieux que personne. Toi dont c’est le métier de sonder l’âme humaine pour au besoin défendre un client. Mais soit… On n’épouse pas la sœur de celle qu’on aime. » Il posa un regard clair et direct sur Jacob.

Il marqua volontairement une pause pour chercher les mots et une façon claire de s’exprimer. « Même s’il s’agit de sa demi-sœur, il y a des choses en elles qui te rappelait forcément Léliana. Tu t’es infliger une pénitence éternelle en faisant ça. Alors, j’entends bien que tu devais te marier et j’étais dans les premiers à t’en conjurer pour éviter que les divers courroux ne s’abattent sur toi. Mais ça… ça c’était déraisonnable. Et ton cœur n’a jamais appartenu à Charlotte, ne nous leurrons pas. Il était à Léliana depuis le début et tu vivais cet amour par procuration à travers sa sœur. Ne vois-tu pas finalement, toute l’horreur de la situation ?  Vous vous êtes tous les deux condamnés et vous avez amener les autres avec vous dans la fange. Je ne dis pas que tu aurais du rester seul, ô ça non, mais pas prendre Charlotte, qui même si elle a un caractère bien à elle, ne méritait pas d’être le faire-valoir silencieuse d’une relation licencieuse. Alors, bien que je compatisse à ton malheur et celui de Léliana… je ne peux m’empêcher de tenir le sermon. Parce que c’est ce que font les vrais amis, il ne tourne pas les choses dans le sens qui t’intéresse, mais te mette face à tes erreurs pour t’aider à avancer. Bien que j’avoue, ne pas savoir comment te sortir de là… »

L’aveu d’échec était quelque chose qui coûtait cher à Mark, surtout lorsqu’il s’agissait d’amitié ou de famille. Il reprit sa bouteille et resservit les deux verres. Le sien, il le vida cul-sec en laissant passé une légère grimace lorsque le feu de l’alcool caressa plus que de raison les parois de son œsophage.  « Je ferais ce que je peux… pour la tenir en vie. C’est la seule promesse que je peux faire. Quant à ce que tu viens de dire, je t’interdis de le faire encore. Tu n’as pas que Léliana dans ce monde, tu as tes enfants. Ne commets pas l’erreur de croire que tu serais perdu sans elle. Ne remise pas au second plan des êtres qui n’ont pas demander à venir au monde et pour qui tu es le centre de leur univers. Ne fait pas l’erreur de mon propre père, Jacob, car ça je ne pourrais pas te le pardonner. »

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