Quelques coups de pinceaux et on redessine le monde [Fe]

Mars:

C'est un petit vent de printemps qui trouva Alfred ce matin-là alors qu'il se réveillait et qu'il allait mettre le bout de son nez à sa fenêtre pour respirer l'air pur matinal ce jour-là. Aujourd'hui, il avait un rendez-vous d'organisé au parc sans souci. Il allait souvent se promener dans ce parc seul ou accompagné. Il y allait très souvent en cheval le matin de bon heure histoire de dégourdir les jambes de son cheval mais aussi les siennes. Ce jour-là alors qu'il prenait son déjeuner dans le petit salon, il demanda à ce qu'on prépare son cheval car ayant passé une bonne partie de la matinée dans les dernières préparations de l'exposition en l'honneur des œuvres de Zelmira, par conséquent il n'avait pas le temps de préparer son cheval lui-même car dès le déjeuner avalé, il devrait se mettre en route.

Il était impatient de cette après-midi. Dessiner lui permettait toujours de laisser son crayon s'évader et depuis qu'il avait reprit le dessin un peu près un an auparavant, il était content voire fier de ses progrès. Il n'avait malheureusement pas trop eu le temps de dessiner ces dernières semaines et c'est pour cela qu'il se réjouissait encore plus de pouvoir le faire aujourd'hui. Qui plus est, en agréables compagnie espérait-il. Certes, ils étaient là pour dessiner, mais chaque rencontre ainsi était avant tout une occasion de rencontrer des gens et c'était ce qu'Alfred aimait le plus.

C'est ainsi qu'il trotta tout le long du chemin jusqu'au point de rendez-vous dans le parc où il descendit de monture et laissa son cheval paître sous un arbre avant de diriger en direction du lac, sa sacoche sous le bras. Il ne voyait encore personne. Il y avait des promeneurs isolés mais il ne semblait pas qu'ils avaient un rendez-vous car ils passaient sans s'arrêter là où venait de s'installer Alfred. Il décida de s'asseoir dans l'herbe et de commencer à sortir son carnet à dessins en attendant et à tenter une esquisse du paysage qu'il voyait. Les autres ne devraient pas tarder.

L'automne se faisait tous les matins plus frais et c'est le gris du ciel ennuagé qui remplaçait les coloris chatoyants de rouge et d'or des arbres perdent leurs feuilles. Bientôt l'hiver serait maître de tout le pays que ce soit dans les grandes villes où s'entassent les familles où dans les campagnes sans une maisonnée à la vue au kilomètre, recouvrant le tout d'une épaisse couche de neige blanche. Mais tant que survivrai les dernières couleurs de l'automne, Paul Villiers ferait en sorte d'en profiter au maximum et c'est pour cette raison qu'il avait décidé de prendre sa monture favorite et faire un tour dans les parcs de Londres pour prendre un peu d'air frais peu après le déjeuner.

Il trotta quelques minutes à travers le parc et laissa son cheval se dégourdir les jambes, allongeant le pas sur les chemins où la foule se faisait plus rare. Mais à l'approche d'un petit lac, il sentit que sa monture ralentissait le pas et se dirigeait lentement vers la source d'eau et se pencha au bord de cette dernière pour s'abreuver un instant. Paul Villiers prit aussi le temps de mettre pieds à terre, profitant de cet arrêt pour sortir un peu de tabac et se mettre à fumer.

Mais alors qu'il prenait le temps de fumer tranquillement, Paul Villiers observa au bord du lac qu'un jeune homme s'était installé et avait sorti quelques manières de dessiner et qu'il était rapidement rejoint par une autre jolie jeune femme. Quel genre de rendez-vous cela pouvait bien être? Il continua d'observer cette petite société au loin.

Cela fait un petit moment que je n’ai pas eu l’occasion de sortir pour dessiner quelques paysages. Mais aujourd’hui, je rejoins Lord Leland et sans doute d’autres personnes, qui pour le moment me sont inconnues.

Demandant de préparer la voiture, je monte dedans avec ma femme de chambre et mes affaires pour peindre et dessiner. Je dois avouer avoir hâte de rejoindre mon ami et rencontrer de nouvelles personnes. La saison va bientôt recommencer, les personnes qui sont parties, reviennent doucement afin que les débutantes soient prêtes pour le grand jour.

Je rejoins donc le parc sans souci après quelques minutes de route. Nous nous avançons dans le parc à la recherche de mon ami et je finis par le repérer quelques minutes après et je m’avance vers lui dans un sourire, avant de remarquer qu’il y a également une autre personne à ses côtés. Celle-ci me dit quelque chose mais je ne me souviens pas de son identité.
Arrivée à leurs côtés, j’offre une légère révérence avant de leur dire.

- Bien le bonjour Lord Leland. Miss ? Enchantée de vous rencontrer. Je m’appelle Lady Apolline Sutton.

Mars:

Alfred aimait beaucoup rencontrer de nouvelles personnes et se réjouissaient que ce soit encore le cas aujourd'hui – qui plus est une rencontre autour de l'art c'était encore mieux. Cela mixait les deux choses qu'il aimait le plus. Alors qu'il dessinait, il gardait quand même un œil aux éventuelles personnes qui se rapprocheraient de lui pour venir lui parler. Des personnes qui viendraient aujourd'hui, il n'en connaissait qu'une seule et il s'agissait d'Apolline. Il ne savait même pas qui seraient les autres personnes. Il ne les connaissaient que par les noms des personnes notées sur la réponse à son invitation qu'il avait reçu. Il était cependant très impatient de les rencontrer surtout qu'il y avait un homme dans le lot. Au moins il ne serait pas le seul homme parmi un groupe de femmes ! Non pas qu'il ait quoique ce soit contre l'idée d'être le seul homme au sein d'un groupe exclusivement féminin.

Le mois de novembre laisse encore traîner ses ombres sur la ville, ou alors est-ce que uniquement Alfred qu le remarquait ? L'annonce de la mort de la reine Charlotte en novembre l'a ébranlé bien évidemment au même titre que tous les citoyens de la noblesse Anglaise. Lorsqu'il avait appris la nouvelle, il était de retour dans son domaine du Lincolnshire. En lisant la missive qui lui annonçait la nouvelle, il avait cru à une blague de très mauvais goût puis il avait entendu d'autres personnes en parler et alors le choc s'était fait en lui. On se remettait difficilement de ce genre de choc. La reine, ce n'était pas notre famille, et pourtant... Pourtant  c'était le symbole de l'Angleterre. C'était la mère de tous donc en quelques sortes, c'était leur famille. Bon, il y avait aussi de plus en plus de gens qui pensait que la monarchie n'apportait plus rien au pays et qu'elle devrait arrêter. Surtout dans les bas quartiers. Mais Alfred était de ceux qui resterait toujours fidèle.

C'est ainsi qu'au début de la nouvelle saison Alfred avait décidé d'organiser cette sortie au parc afin de venir peindre avec quelques personnes. Cela leur ferait du bien à tous. Se changer un peu les idées pour oublier le drame qui s'était produit plusieurs mois auparavant. Il avait espéré que l'idée plaise à plusieurs personnes et qu'elles n'auraient aucun empêchement pour venir ce jour-là. Il fut donc ravie lorsqu'il vit la première personne arriver et la salua avec le sourire. Il s'agissait d'une jeune demoiselle qu'il ne connaissait pas.

« En avance, pas du tout voyons ! Il n'y a pas d'avance ni de retard, vous êtes pile à l'heure ! J'avais simplement envie de commencer à dessiner. Comment vous prénommez-vous ? » Il avait les noms des gens qui avaient répondu à son invitation positivement mais n'avait pu encore mettre de visage sur les noms. « Alfred Leland. Comment vous portez-vous ? » C'est alors que sa chère bonne amie Apolline Sutton arriva et il la salua tout aussi chaleureusement lorsqu'elle les eut rejoint et se fut présentée à l'autre demoiselle.

« Je suis enchanté que vous ayez pu venir Lady Sutton. » Puis, il aperçut plus loin un homme fumant auprès du lac et qui semblait observer par là mais sans être convaincu qu'il voulait se rapprocher. Peut-être était-il juste curieux de voir ce qu'était ce petit rassemblement. Ne sachant s'il était une des personnes ayant accepté l'invitation au parc pour peindre, il lança d'une voix clair et avenante :

« Bonjour Monsieur ! Voulez-vous vous joindre à nous peut-être ? Nous allons dessiner un peu ensemble. »

Et il n'en sera que plus des plus ravis que d'être rejoint par un autre homme, lui qui était pour le moment le seul homme du petit groupe ! Alfred aperçut alors quelqu'un d'autre se rapprocher d'eux. Il ne connaissait pas la jeune femme sauf de vue et de nom, mais il avait entendu parler de son récent mariage avec le marquis de Budehaven et également du scandale qui l'avait précédé. Alfred n'était pas trop homme à accorder son attention aux scandales mais cela avait le tour des journaux forcément donc il l'avait lu. En revanche, il ne connaissait pas plus que cela Georgiana Mountbatten.

« Lady Mountbatten, bonjour à vous. Les félicitations sont de mises je crois pour votre récent mariage. » Il n'était bien sûr pas que la jeune femme soit des plus heureuse de ce mariage mais elle n'avait pas vraiment eu le choix dans cette affaire. Cela ne le regardait pas, il ne faisait qu'adresser ses félicitations. Il n'était pas assez proche d'elle ou de sa famille pour avoir une opinion sur le sujet de toutes façons et il ne se permettrait pas de juger. « Prenez place je vous en prie. Je vois que vous préférez le fusain pour dessiner. » Avant qu'il n'explore d'autres moyens de dessiner, il utilisait toujours le fusain ! Il s'en souvenait.

Paul Villiers fut quelque peu surpris par cette étonnante proposition de la part d’un incendie, mais s’il était choqué ce n’était pas parce qu’il jugeait cette dernière comme indécente envers sa personne mais simplement que sa timidité naturelle et le mal—être étant souvent siens en conversation ne lui aurait jamais permis d’oser une telle proposition. Sa première pensée fut celle de poliment refuser la proposition de l’inconnu, car après tout il ne connaissait aucun des membres de la charmante compagnie s’étant formée devant ses yeux et surtout ses derniers semblant être sur le poing de peindre un paysage il ne s’y sentait absolument pas à sa place.

Lord Villiers savait apprécier l’art en effet, savait reconnaitre les plus talentueuses joueuses de clavecins, avait flâné dans quelques musées parisiens ou suivis des amis de l’université dans les cafés et les opéras mais en vérité nulle de ces choses ne le transcendait comme elles le faisaient pour d’autre. Comme l’élevait au-dessus de sa condition de mortel, la sensation de l’air froid cinglant ses joues et l’odeur de l’herbe au petit matin emplissant ses poumons. Car plus encore que sa reproduction par un pinceau ou un instrument, Lord Villiers appréciait la beauté de ce que leur seigneur leur avait offert.

Pour toutes ces raisons Paul Villiers aurait normalement fait demi-tour et remis pied à l’étrier, pourtant il ressentit l’envie de se joindre à cette petite société et faire la connaissance de ses membres, car n’était-il pas présent à Londres afin de se sortir de lui-même, de son habituel caractère de solitaire campagnard ?

« Pourquoi pas en effet. »

Il écrasa alors ce qui restait de son cigare sous la semelle de ses bottes de monte, et alla nouer les reines de sa monture à un arbre en abord. Il connaissait assez sa bête pour la savoir bien élevée et surtout gourmande, pas le genre à s’enfuir en courant lorsqu’on lui offre la possibilité de se régaler sans faire le moindre effort.

Ceci fini, il rejoignit enfin l’homme inconnu et lui serra chaleureusement, peut-être trop fermement cela on lui avait déjà reproché, la main. Enfin il se tourna vers les dames qui se trouvaient là aussi et retira son chapeau pour les saluer à leur tour, comme il lui semblait plus convenable.

« Lord Paul Villiers, enchanté. »

Puis il désigna tout le matériel de peinture autour d’eux.

« Il faudra m’excuser cependant, je n’ai jamais été un très bon artiste. »

Mes affaires dans mon panier, nous partons avec ma femme de chambre vers le parc sans soucis afin de passer un peu de temps en extérieur et discuter avec des personnes, chose qui me fera le plus grand bien.

La route se passe sans encombre et nous marchons dans le parc, qui est plutôt calme à cette heure-ci. Je remarque au loin Lord Leland et m’avance vers l’homme, déjà en charmante compagnie, et les saluts tous les deux, tout en me présentant à la demoiselle.

- Je suis ravie de vous revoir Lord Leland.

Je lui offre un sourire tandis qu’une nouvelle demoiselle finit par nous rejoindre. Une demoiselle qui ne m’est pas inconnu et je lui offre un grand sourire.

- Lady Mounbatten. Je vous remercie. C’est un plaisir de vous revoir et toutes mes félicitations pour votre mariage.

J’espère qu’elle est heureuse, elle le mérite car c’est une jeune femme très charmante et fort agréable. L’autre demoiselle finit alors par se présenter et je lui offre une légère révérence.

- Enchantée de vous rencontrer Miss Fitzroy. Effectivement, le soleil est magnifique, cela nous offrira de magnifiques paysages.

Lord Leland interpelle alors un homme au loin et lui demande s’il souhaite se joindre à nous. J’avoue que je n’aurais pas osé déranger l’homme, après tout on le connait pas et si cela l’intéressait, il serait venu de lui-même. Néanmoins l’homme finit par arriver et serre la main d’Alfred avant de se présenter rapidement.

- Enchantée Lord Villiers.

Ma femme de chambre m’aide à installer un petit tabouret et je me place près de Lady Mounbatten avant de sortir mon carnet de croquis et du fusain, prête à commencer le dessin.

- Ne vous en faites pas, nous faisons cela par passion, personne n’est là pour juger l’autre.

Profitant d'une rare après-midi de beau temps en cet automne, je décidais de me promener au parc. Accompagnée de ma chaperonne bien sûr, je profitais de la douce chaleur qu'offraient les rayons du soleil.

À Chatsworth, je pouvais m'adonner à loisir à faire de longues promenades. Avantage de la campagne, c'était très certainement ce qui me manquait le plus maintenant que nous étions à Londres. Profiter de tous ces beaux paysages, voir les changements opérés par le temps dans la nature de ses propres yeux. Croiser parfois quelques animaux sauvages inoffensifs...

Plus largement que la marche, je crois bien que c'était la nature que j'appréciais le plus. Sa luxuriante tranquillité m'apaisait. Comment pouvait-on être de mauvaise humeur ou être colère quand on pouvait être entourés d'aussi grandes beautés ? C'était tout simplement impossible.

Je profitais donc, accompagnée de ma chaperonne, d'un de ces moments de profonde tranquillité, me promenant le sourire aux lèvres dans le parc. Observant tout, je remarquais que tout un petit groupe de personnes commençait à grossir de plus en plus, certains accompagnés de domestiques portant du matériel. J'étais subitement intriguée... je m'approchais alors quelque peu mais pas trop de sorte que je ne souhaitais pas perturber cette visible rencontre entre personnes se connaissant. Plus proche, je pouvais remarquer certains visages familier, notamment ceux de débutantes que j'avais croisé à l'occasion de la chasse royale.

Mais à quoi pouvait bien rimer tout ceci ? Ma curiosité était bien piquée. Toutefois, timide, je n'osais m'approcher. Profitant d'un banc non loin, je m'y installais et observais ce joyeux groupe grossir à vue d’œil.

Toute la charmante compagnie qui se trouvait au bord de ce lac se mit soudainement en action, car une des jeunes filles qui venait de le saluer s’installa face au lac avec l’aide de sa femme de chambre et sortir immédiatement son carnet à dessin. Et cette charmante jeune femme eut alors la délicatesse de lui indiquer que personne ici ne jugerait son manque profond de talent pour le dessin, et les choses artistiques en général il devait l’avouer, mais il garda pour lui-même que ce n’était pour lui que quelques sornettes de politesses comme on aimait se faire en bonne société. Il ne pouvait reprocher à la jeune femme de faire ce qu’on lui avait enseigné pour se tenir en société mais il ne pouvait concevoir que cela soit honnête, voilà pourquoi il préférait tant le silence à ces inepties sociales…

C’est dans le silence que c’était toujours dis les plus grandes vérités.

Celle qui avait été désigné comme Lady Mounbatten lui assura d’autant plus son soutient, lui soutenant qu’elle n’avait elle non plus aucun talent à offrir à la vision. Il eut un rire léger. Les jeunes femmes pouvaient se montrer souvent si humble lorsqu’il s’agissait de discuter de leurs talents en musique ou dans un autre domaine. Pourtant, il lui semblait souvent que toute ces jeunes femmes étaient très talentueuses, au tant soit peu qu’elle ait reçu un minimum d’éducation.

« Vous êtes humble Lady Mounbatten, mais j’attends de voir votre œuvre pour juger de cela. »

A quelques pas de là où il se tenait, deux autres jeunes filles dont il n’avait pas saisi le nom s’était aussi installé avec leurs calepins et riaient de bon cœur avec toute la liberté qu’offre la jeunesse, il se demanda si ces dernières avaient même déjà fait leurs entrées dans le monde mais, se douta que ce n’était pas le cas à la légèreté dans leurs manières. N’avait-il pas observé de ses propres yeux la manière dont la présentation à la reine avait si profondément bouleversé les manières de ses sœurs, arrachée en elle ce qu’il restait encore de l’enfance.

« Vous m’excuserez, je n’ai pas de matériel. »

Mars:

Alfred accueillait avec le sourire les nouveaux venus qui arrivaient les après les autres pour une petite après-midi peinture au bord du lac. Alfred était gentil et accueillant envers tout le monde. Il aimait rencontrer de nouvelles personnes et il aimait parler et partager sa passion avec d'autres personnes.  

Alors qu'il dessinait près du lac il avait vu plusieurs personnes arriver et se présenter à lui. Il se redressa et salua tout d'abord Appoline avec le sourire, prenant de ses nouvelles aussitôt. Puis un homme s'était approché ainsi qu'une nouvelle jeune femme qu'il savait être la nouvelle Lady Mountbatten. Il félicita cette dernière pour son mariage avant de leur dire de prendre place. Il y avait cette jeune femme qu'il ne connaissait pas et qui se présenta comme la fille du Duc de Lennox.

« Enchanté de vous rencontrer Miss Fitzroy. C'est une chance que nous ayons du beau temps aujourd'hui. »

Il n'avait pas eu le temps de prolonger la conversations qu'il avait vu Lady Mountbatten venir et il s'était alors empressée de la saluer et de la féliciter pour son mariage, ne cherchant pas à savoir s'il s'agissait d'un mariage arrangé à la vite pour dissimuler un scandale ou un mariage d'amour. Les deux pouvaient être possible mais ce n'était pas à lui d'être juge sur le sujet. Il l'accueillit donc Georgiana avec le sourire bienveillant qu'il avait toujours en faisant de nouvelles connaissances. A sa réflexion sur le fusain, cette dernière lui répondit ensuite qu'elle adorait se salir les doigts.

« Alors n'hésitez pas à le faire aujourd'hui. Laissez l'art s'exprimer sous vos doigts. »

Il était quelque peu heureux qu'il y avait au moins un autre homme dans le groupe à part lui. Il ne connaissait pas mais cela ne serait tarder. Il attendait qu'il se rapproche pour le saluer. L'homme en question donnait l'impression d'ailleurs de ne pas être très à l'aise en la présente compagnie et Alfred crut qu'il allait refuser de s'approcher. Il ne lui aurait pas tenu rigueur et pourtant, il alla attacha sa monture à un arbre  avant de venir lui serrer la main. Alfred nota qu'il avait une poigne ferme et il apprit le nom de l'inconnu. « Enchanté lord Villiers. » Il ne le connaissait pas mais était enchanté de le rencontrer. Lord Villiers s'excusa cependant de ne pas avoir un très bon coup de pinceaux. Georgiana le rassura aussitôt par ses paroles et Alfred n'avait rien de plus à ajouter à cela.

« Le plus important est de se détendre. Ne vous préoccupez pas du reste. Je suis sûr que tout le monde saura y trouver son compte. »

Tout le monde s'étant présenté, ils commençèrent à s'installer sur les tabourets ou sur l'herbe pour peindre ou simplement admirer le paysage. On était pas obligés de dessiner forcément, c'était une journée pour faire de nouvelles connaissances auprès de l'art. Le dessin était une option pour ceux qui le désirait.  C'est alors qu'il remarqua une nouvelle jeune femme arriver en se promenant à proximité. Son regard semblait plusieurs fois attiré par le petit groupe qu'ils formaient mais n'osait pas vraiment s'approcher plus près et s'assit sur un banc non loin.q Alfred ne pouvait pas vraiment l'interpeller comme ça. Peut-être qu'elle serait tentée de se joindre à eux plus tard ?

C'est alors qu'il entendit Miss Fitzroy s'écrier à l'adresse de la jeune femme au loin alors qu'elle la reconnaissait. Ce fut elle qui se leva d'ailleurs et se rapprocha de la jeune femme, puis revint en sa compagnie avant de la présenter au groupe. Alfred s'approcha gaiement d'elle avant de la saluer poliment. « Miss Smith-Stanley, enchanté de faire votre connaissance. Dessinez-vous ? Prenez place je vous en prie » demanda t-il simplement pour commencer la conversation avec elle. Alfred reprit lui-même place et reprit le croquis du lac qu'il avait commencé à faire lorsque l'intervention de lady Fitzroy attira son attention.

« Heureusement pour nous tous, il n'est pas obligatoire d'être un dessinateur talentueux pour savoir trouver un époux ou une épouse. Il y a beaucoup d'autres qualités que nous ne saurions compter sur les doigts d'une main. » répondit-il positivement à ce que Miss Fitzroy venait de dire en montrant le croquis qu'elle avait fait de son cheval à Miss Sutton et Miss Smith-Stanley. Même si le dessin ou la peinture était une qualité très appréciable chez la femme pour la plupart de la société. « Nous sommes là pour nous entraîner, pour écouter les conseils des uns des autres, c'est ainsi que nous apprenons. Mes traits étaient moins affinés lorsque j'ai repris le dessin il y a deux ans. »

Alors que lord Villiers mentionnait le fait de ne pas avoir ce qu'il fallait pour dessiner en terme de matériel, Alfred se proposa aussitôt de partager certains de ses outils comme il prévoyait toujours et en apporter trois fois plus que ce qu'il avait besoin.

« Lord Villiers, je vous en prie vous pouvez emprunter ce que vous voulez dans mes affaires. »