[FB] Just married ✦ Jacob & Charlotte

May this marriage be full of laughter, our every day in paradise.


*Sagement assise dans le carrosse, je ne peux m’empêcher de jeter un regard vers la fenêtre en apercevant la sublime résidence Evans. Enfin, nous y étions ! Le trajet n’avait pas été de tout repos, plusieurs jours enfermé dans l’habitacle bien peu confortable. Mais nous n’étions pas à plaindre, bien d’autres n’auraient pas voyagé dans de si bonnes conditions, à l’abri de la pluie et du vent.*

« C’est magnifique ! »

*M’exclamais-je en contemplant sans vergogne le domaine qui serait le mien. Je me tourne alors vers Jacob, avec un grand sourire aux lèvres. Je sais que cela peut paraître enfantin, mais je suis si excitée que j’ai envie de sautiller sur place.

Mariée ! Mariée au prince charmant de mes rêves. Celui qui avait eut mon coeur et tout mon être dès le premier regard ! Je l’observe, un instant. Face à moi, dans cette cariole aussi luxueuse que celle de la maison Howley, Jacob est là, l’air calme. Cet air posé et doux qui avait su me séduire plus encore que ses beaux yeux bleus et ces cheveux dont les boucles brunes retombaient avec une élégance naturelle sur ses épaules.

Mes yeux sont attirés par les jardins, les forêts, la campagne qui entoure le domaine. Moi qui avait vécu toutes ces années en ville, vivre dans le bon air de la campagne ne saurait que me faire du bien. Et quel merveilleux endroit pour élever des enfants, songeais-je. Je n’avais aucun mal à imaginer d’adorable petite tête brune courir de ça de là à travers le domaine.

La voiture est arrêté et la portière en est ouverte. Jacob descend en premier pendant que je m’assure que ma coiffure est bien en place. Après tout, la première impression est importante, et j’étais désormais la maîtresse de maison. Je m’étais préparé toute ma vie à ce rôle, et il était hors de question de faire piteuse impression auprès de nos gens et domestiques. Lorsque Jacob me tend sa main, je la saisis avec délicatesse, et sors de la calèche avec autant de grâce qu’il m’en avait été donné.

Après de brève présentation auprès de l’intendant et de la gouvernante, je m’excusais auprès de mon époux : j’avais bien besoin de me rafraîchir après ce long trajet. Mais cela tombait bien, lui avait à discuter avec l’intendant.

Après une rapide toilette, la gouvernante me fit un tour de la sublime propriété, ne manquant pas de me faire part de nombreux détails que je m’efforçais de retenir en installant une bonne relation entre elle et moi. Ce fut une domestique qui nous interrompt, lors de notre visite de la dernière aile : le diner est prêt. Je suis alors guidée jusqu’à la salle à manger, où Jacob m’attend déjà. Je m’approche alors de mon mari, pour m’asseoir à côté de lui.*

« Pardonnez mon retard, Mrs Downey me présentait la demeure. Elle est si magnifique, immense et riche d’histoire que l’on ne sait par où commencer. Mais dites moi, j’espère que ce dont l’intendant voulait vous entretenir n’était point problématique, mon cher ? »

Un  mariage. Voilà à quoi Jacob Evans avait fini par céder. Certes, ce n’était pas son premier choix de vie, mais la société étant ainsi faite, il avait fallu qu’il se trouve épouse. Un moyen pour lui de tenter d’oublier l’horrible péché dont son coeur souffrait actuellement: aimer un être du même sexe que lui. Il aurait du refuser les sous-entendus de l’evêque. Il aurait du partir aux Indes comme son cousin ou tenter de marier ses jeunes soeurs en premier lieu. Cependant, Jacob avait le sens du devoir. Et Charlotte était belle, bienveillante…une future bonne maitresse de maison. Il pourrait l’aimer sincèrement un jour, il le savait. Bien que ses envies soient autre, elle était tout ce qui lui plaisait de base chez un être…Alors pourquoi devait-il éprouver des sentiments pour son frère ainé?

Le voyage avait été long jusqu’à la maison de campagne et il devait se l’avouer, la nuit de noces était un moment qu’il attendait avec peu d’impatience. Contrairement à un jeune marié, ce dernier aurait pu passer son tour. Cependant, Charlotte voulait des enfants, il le savait. Jacob en voulait aussi. Alors quand il fallait s’y mettre…Mais là n’était pas encore tant de batifoler. Les voilà arriver devant la demeure Evans. Charlotte semble excitée comme une puce, tandis que Jacob reste simplement calme. La maison de son enfance. Là où il avait passé du temps avec ses jeunes soeurs, où il avait appris à monter à cheval, où il avait découvert ses premières histoires…

Les présentations faites, Charlotte s’excusa et Evans se trouva seul avec son intendant qui le félicita pour ses noces. Chose tout à fait normal à leur époque. Jacob donna ses premières instructions, avant de monter à l’étage. Le bureau de son père qui était à présent le sien, se trouvait là, éclairé par la douceur des rayons du soleil d’été. L’avocat passa une main sur le bois verni, se mordant la lèvre en regardant la nature par la fenêtre. Il fallait se résoudre, cette vie était à présent la sienne. L’homme alla ensuite dans ses quartiers, se laver et enfiler quelque chose de plus confortable. La gouvernante devait être entrain de faire faire le tour du propriétaire à Charlotte, comme il lui avait demandé. Le jeune homme prit son temps, avant de se parer pour le diner.

À peine assis que voilà son épouse. Un léger sourire traversa ses lèvres à la question innocente de sa femme.

- Non, rien d’important, ma douce. Et que t’ai-je dit avec ce vouvoiement? Tu n’as plus à l’utiliser en ma présence. Je suis à toi et tu es à moi, loin de là la bienséance quand nous sommes seuls.

L’avocat prit doucement la main de sa femme, l’embrassant avec délicatesse, avant de la redéploser pour s’emparer de ses couverts. Dinant tranquillement, l’époux continua.

- Le domaine te plait-il?

May this marriage be full of laughter, our every day in paradise.


*La cérémonie de mariage avait été parfaite, à la hauteur de mes espérances. Il avait été parfait. De l’homme que j’avais rejoint jusqu’à l’autel à la réception qui en avait suivi, tout avait parfait. Cela dit, Jacob avait insisté pour ne pas terminer la réception tard et partir sur les routes pour venir jusqu’au domaine. Nous n’avions pas encore pu avoir notre nuit de noces…. Et il fallait l’admettre, Dieu me pardonne, j’étais plutôt curieuse.

Maman m’avait expliqué au matin de mes noces ce qui m’y attendait, et même si elle m’avait dit que cela pouvait être douloureux pour la première fois, et que je devais veiller à ne pas y prendre trop de plaisir car Dieu me regardait toujours, je ne pouvais pas m’empêcher d’être curieuse. Après tout, j’étais jeune, amoureuse, tout juste mariée… N’avais-je pas le droit de désirer mon mari, de vouloir lui appartenir toute entière ? Après le coeur, l’âme et la vie, il ne rester après tout plus que nos corps pour que notre union ne soit parfaite. Et j’en avais grande hâte.

Cependant, je reste calme et sage tout le long de la visite, cachant mes pensées impures derrière ma curiosité et mon attention sur ce que m’apprenait la gouvernante. Il faudrait après tout que nous soyons en bon terme pour nous occuper de cette maison comme il faut.

L’heure du diner arrive bien vite, tant est si bien que je suis un peu en retard. Jacob est déjà installé, mais depuis peu semble t-il. Ouf ! Je m’en voudrais de le faire attendre dès notre première soirée ensemble dans notre domaine.

Jacob me rassure sur ses devoirs et m’offre un sourire sous lequel je fonds littéralement d’amour. Il me répète alors que je n’ai pas à le vouvoyer en privée, m’arrachant à mon tour un immense sourire, les joues rosissant de plaisir.*

« Pardon, je n’arrive pas bien à réaliser tout cela… C’est comme un rêve qui devient réalité, Jacob. »

*Lui affirmais-je, en le regardant, toujours aussi amoureusement, baiser ma main, qu’il relâche pour entamer le diner. Et je l’imite, quand il me demande si le domaine me plait.*

« Ce serait un euphémisme que de le dire ! Il est si spacieux, et magnifique. Je n’ai pas encore eu le temps de tout visiter, et j’aimerais voir les jardins aussi… Cet endroit est parfait pour accueillir une famille ! »

*Et puis, en réalisant ce que je dis, et surtout ce que cela implique, je rougis un peu et redresse la tête.*

« Je ne disais pas cela pour te presser. Je ne suis pas pressée. Enfin, je… J’aimerais… Oui, j’aimerais porter tes enfants, Jacob. Mais tu dois avoir beaucoup à faire pour ton retour. Nous verrons cela plus tard. Nous avons tout le temps désormais. »

*Ajoutais-je en plongeant à nouveau le nez dans mon plat, la peau brûlante et les joues écarlates, honteuse de ne pas avoir su contenir mon excitation quant à l’idée de fonder ma famille et, accessoirement, de passer enfin notre nuit de noce ensemble.*

Les jeunes hommes avaient souvent le désir de faire pour la première fois l'amour à leur future épouse. Ils s'entrainaient des années auparavant pour être le parfait amant pour que leur femme n'aille voir ailleurs. Alors comment fallait-il faire quand on avait connu qu'une certaine pratique et parfois sans être de sexe féminin? Jacob était tourmenté, mais il voulait une famille...des enfants...que son père soit fier de lui. Lourd était le poids de la charge familiale. En tant qu'ainé, il n'était pas possible de sortir de la ligne tracée.

La douceur et l'air candide de Charlotte rassura quelque peu Jacob. Elle était d'une pureté inébranlable. Oui, il était sûr qu'un jour, il pourrait l'aimer à sa juste valeur. Après tout, ils étaient jeunes et l'amour ne venait il pas avec lek temps? Son père avait épousé sa mère sans amour dans un premier temps, mais à présent, ils ne pouvaient vivre l'un sans l'autre. En serait-il de même pour eux?

- Je me demande si j'étais bien dans tes rêves, avant notre rencontre pour que tu m'avoues cela.dit-il dans un rire.

La jeune femme continua en répondant à sa question sur le domaine. Enthousiaste, elle était. Pourtant, le domaine était bien plus petit que celui de son père. Etait-ce l'idée de le posséder qui la rendait comme cela? Soudain, elle rougit. Le mot famille avait été prononcé. L'avocat s'arrêta et posa sa fourchette. La jeune épouse se confut en excuses, mais son mari déposa à nouveau sa main sur la sienne.

- Charlotte...Moi aussi, j'ai hâte d'avoir une famille. Des enfants courants à travers les pièces, des rires, des fêtes...dit-il la voix calme et posée. Et j'ai hâte de t'exprimer ce désir enfoui que j'ai pour ta personne...

Joli mensonge ou douce vérité? Il s'était privé assez longtemps pour pouvoir lui offrir ce qu'elle rêvait; une nuit de douceur et de désir, d'amour...Il leva le regard sur ses serviteurs.

- Messieurs, faites préparez notre chambre...Madame Evans ne dormira pas dans ses quartiers ce soir.

Un petit sourire traversa ses lèvres, tandis qu'il terminait tranquillement son diner. Serait-ce une bonne nuit? Assurément.

May this marriage be full of laughter, our every day in paradise.
« Tu l’étais dès l’instant où je t’ai vu à ce bal. J’ai su que c’était toi. »

*Affirmais-je, avec un grand sourire. Oui, pour certaines mauvaises langues, je n’avais pas fait tant que ça un bon mariage. Cette résidence n’était pas aussi majestueuse que celle de mon père. Et alors ? Elle m’était largement suffisante pour vivre la vie de famille dont j’avais rêvé, à la campagne. Ce n’était pas non plus une ferme ou une petite résidence, c’était parfait pour une belle et grande famille.

Sans le faire exprès, me voilà évoquant déjà d’avoir une famille. Un rêve de petite fille, voilà ce qui se réalise à cet instant. Le rêve d’être une épouse, une mère, d’aimer plus que tout un homme, de lui offrir une famille, d’aimer nos enfants plus que ma propre vie.

Cela dit, nous n’étions mariés que depuis quelques jours, et je craignais que Jacob pense que je ne veuille trop le presser. Enfin, oui, j’avais hâte d’être sienne. Maman m’avait expliqué ce qui arriverait pour notre nuit de noce, et je devais l’admettre, je ressentais déjà ce désir pour lui. Désir que je réprimais, ce n’était pas bien digne d’une femme pieuse. Mais il fallait bien donner des enfants, si ce n’était que mon mari, alors je pouvais bien éprouver un peu de désir pour lui, non ?

Mais Jacob me rassure, posant sa main sur la mienne. Mes joues sont toujours rosées, en écoutant ses mots. Mais un grand sourire s’invite sur mes lippes qui s’étendent de part et d’autre de mon visage. Il me confie même le désir qu’il éprouve pour moi, et si cela me fait rougir d’autant plus, et sans douter une seconde de ses mots, j’en suis aussi flattée. Il ajoute pour les serviteurs que je ne passerais pas la nuit dans mes quartiers. Désormais, mon visage devait être écarlate et ma peau brûlante. Je viens prendre mon verre de vin que je termine pour me donner un peu de courage.

Le repas s’achève ainsi rapidement, je dois admettre que je n’ai plus très faim, mais surtout envie d’aller me coucher. Le repas se termine enfin, plutôt rapidement, et je m’éclipse pour une rapide toilette et me mettre en tenue de nuit. Mes longues boucles blondes glissent de ma coiffure et retombe en cascade sur mon dos, par dessus le peignoir en satin pâle qui recouvre une robe de nuit décorée de dentelle fine. Avant de quitter mes appartement, je lance un regard vers le miroir. Devrais-je me maquiller un peu ? Mes domestiques me rassurent, je suis « parfaite » d’après elle, et « monsieur ne pourra que tomber encore plus sous le charme ». Cette affirmation me donne un peu de courage, alors je me dirige vers la chambre de mon mari. On m’annonce, m’ouvre la porte, qui se referme derrière moi, alors que j’entre, timidement, dans la chambre de Jacob, les joues de nouveau roses, curieuse, observant autour de moi l’endroit de vie intime de l’homme que j’aimais tant.*

Dans ce monde, le mensonge était souvent de foi. Pour ne pas blesser, pour créer une parfaite harmonie. Et c’est dans quoi Jacob se plongeait à présent; un mensonge. La désirait-elle autant que l’homme qui lui l’avait présenté? Assurément pas, mais voilà comment était ce monde ou le mythe de Sodome et Gomorrhe perdurait. Alors il lui avait sourit, fait son devoir de mari pour qu’elle soit heureuse et excitée à l’idée de passer sa vie en sa compagnie. Au début, les premiers émois fleuriraient, mais une fois les enfants nés, il pourrait revenir à une vie normale. Après tout, c’est ce qu’on attendait de lui n’est-ce pas?

Le diner s’achève et Jacob laisse son épouse aller se préparer. Cette nuit sera importante pour le futur de leur mariage. Il le savait. Alors c’est dans une chemise légère qu’il l’attendit tranquillement. Pas besoin de faire de chichi de son coté, tout était simple et les vêtements risquaient de voler vite. Assis sur son lit, on finit par annoncer sa femme. L’homme se lève, l’accueille en prenant ses mains, l’admirant sous toutes les coutures.

- Tu es magnifique…

Son regard se plonge dans le sien, une de ses mains vient caresser doucement sa joue rosée, tandis que ses lèvres viennent embrasser son front.

- Je n’aurais jamais imaginée aussi belle femme à mes cotés, Charlotte. Tu es la reine que j’attendais….bien que je ne sois que simple avocat.

Leurs regards se croisent, s’intensifiant sans le vouloir…Elle attend un geste de son coté, il le sait. Et pourtant, son cerveau lui fait imaginer quelqu’un d’autre. Quelqu’un avec la même douceur…Son coeur se serre doucement. Peut-être que la soeur lui fera oublier le frère. Oui, elle lui fera oublier celui pour qui son coeur battait à ce moment-même. Il s’agenouille alors devant elle, tenant toujours ses mains entre les siennes.

- Je veux que cette nuit soit la plus magique pour toi. Sache-le. Alors nous prendrons tout le temps qu’il faut.