Agigaïl - première étape toujours être belle

You're never fully dress, without a smile

Une visite chez la modiste. Etais ce réellement une belle idée ? La dame n'en était pas sur, elle n'avait après tout que fort peu de moyen, son époux ne lui ayant rien laissé, pas même une rente et le cousin de celui ci avait édicté que, puisqu'elle était de retour dans sa famille, ce serait à eux, de la prendre en charge. Alors elle survivait avec ce qu'elle avait. Des tenues datant de sa saison feraient l'affaire, la mode n'avait pas tant changée en dix ans n'est ce pas ? Puis elle avait quelques tenues qu'elle portait avant le décès de son époux qui étaient un peu plus actuel, cela pourrait faire l'affaire non ? Elle n'avait jamais été une grande dépensière, ni la plus coquette de toutes. Elle avait appris rapidement au couvent la simplicité et l'humilité ce qui en soit, avait toujours plu à son époux. Ne pas avoir une femme dépensière était une chose, bien qu'elle ai eu quelques bijoux en son nom, ceux de la famille ayant été rendu à son départ du Derbyshire, Pour les autres, elle avait vendu une partie de ceux ci. Ne gardant que quelques bijoux hérités de sa mère et qui étaient pour elle, bien que sa belle sœur insiste souvent sur le fait que ceux ci soient des bijoux de famille et qu'en tant qu'épouse du chevalier en titre, elle devrait avoir certains de ceux ci. Mais elle avait bon espoir, car si il y avait une chose qu'elle défendait avec ardeur en plus de ses filles, c'était bien les quelques maigres souvenirs de ses parents qu'elle avait pu conserver pour elle.

Pourtant, quand Effie, une veuve tout comme elle lui avait proposée cette sortie, elle n'avait pas su dire non. Il fallait dire qu'Effie n'était pas du même caractère qu'elle. Plus vivante, exubérante, belle, elle avait ce je ne sais quoi, des femmes libres et heureuse qui avait toujours manqué à la rouquine. Leurs situations étaient bien sur, assez différente. La brune n'avait pas à se remarier au plus vite et n'avait pas d'enfants à charge, mais tout de même, elle aurai aimée, lui ressemblait un peu plus, avoir ce coté assurée et fort qu'elle présentée si souvent. C'était pour cela, après tout, qu'elles étaient devenu amies si rapidement. Parce qu'elles étaient différentes, mais se complétée du fait. Aussi, au jour et à l'heure dite, elle était vêtue convenablement et pour économiser sur le fiacre à louer, avait marché, tranquillement jusqu'au lieu de rendez vous. Elle était veuve ce qui lui permettez de ne pas être accompagnée sur l'instant d'un chaperon, elle n'étais point sur le marché du mariage. Pour l'instant. Aussi, fut elle ravie, de retrouver son ami prêt de la boutique de la modiste, lui souriant déjà de loin, alors qu'elle attendait d'etre prêt d'elle pour la saluer.

« Effie, merci pour ton invitation, cela me fait tant plaisir de te voir. Sommes nous là pour un de tes essayage ? Une nouvelle toilette sur laquelle tu aurai besoin d'un avis ? »

Car oui, a aucun moment l'idée, de s'offrir une tenue n'était venue à l'esprit de la dame. Elle pourrait les rêver, les souhaiter, mais tout ce qui viendrait de la modiste pour les temps à venir seraient des tenues pour ses filles. Elles étaient et seraient toujours, prioritaires sur elle.

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Mains gantées, épaules couvertes, tête coiffée d'un chapeau, elle donnait le change. Femme drapée de sa dignité, ne souhaitant montrer à personne dans quel triste sort elle se trouvait. Si l'on se penchait sur elle, avec insistance, on remarquerais le bas de ses jupes qui fatigues, les manches légèrement élimées et le manque de bijou flagrant qu'une dame se devait pourtant d'exposer tel une ode à sa famille. C'était un gage de bonne santé financière, de respect et si la dame était de par sa nature peu friande des bijoux, un souvenir d'une bague lui coupant la peau lors d'une rencontre fort malheureuse avec son époux après une nuit de beuverie l'ayant définitivement guérie de son intérêt léger pour ces choses, elle se devait de donner le change avec une simple et unique broche rappelant une libellule.
Son amie à côté d'elle, semblait resplendir la santé et l'assurance dans sa tenue, son port de tête, son sourire. Cette femme était une énigme. Comment la bonne société avait elle pu accoucher d'une personne qui, sous les codes de la noblesse était parvenu à se libérer autant du joug des hommes et de la pression sociale ? Elle n'en avait aucune idée, mais l'appréciait pour cela, la jalousait un peu pour cela, elle la chenille qui avait tenté de devenir papillon et à qui on avait arraché les ailes bien rapidement pour la garder prisonnière à jamais. A moins qu'on ne l'ai simplement empalée dans une vitrine comme tant d'autres petits insectes colorés et délicats qui n'avaient demandé qu'a vivre ?

Peu importait en soit, car le moment était à la détente et aux sourires. La modiste était toujours une sortie agréable pour les dames qui avaient les moyens de s'offrir ses services.Certes, ce n'était pas le cas de la jeune veuve, mais elle pourrait en profiter par procuration en observant la jolie brune essayer différentes tenues. Ce fut d'ailleurs l'une de ses première question après l'avoir saluée. Le pourquoi de leur venue en ce lieu, la tenue qu'elle cherchait, l'occasion qui s'y prêterait. La réponse la surpris un instant, lui faisant écarquiller les yeux. Car si l'idée de donner un conseil sur une robe pour un événement lui plaisait, l'idée de devoir prendre des toilettes pour elle même n'était pas possible. Elle n'avait pas les moyens, ni l'envie véritable. Elle avait déjà dépensé le peu d'argent qu'elle avait pour quelques nouvelles tenues pour ses filles qui ne devaient en aucun cas pâtir de la situation de leur indigne de mère. Bien évidemment Effie pris la fuite en entrant dans la boutique, mais Abigaïl n'était pas du genre à se laisser faire sur ce genre de sujets. Pourtant, la jeune brune continua sa conversation, expliquant a voix haute ce qui se déroulait dans l'esprit de son amie à la chevelure de feu. Elle ne changerai pas d'avis ? Fort bien, elle n'essaierai pas de tenue pour autant. Si elle avait la tête forte, la baronne avait le cœur robuste. Elle avait subit assez pour savoir s'en tenir à un choix, une nécessité. Ainsi aux mots de son amie, son sourcil se haussa au plus haut, son air prenant celui de la mère de famille plus qu'autre chose.

« Effie, je suis mère de deux jeunes enfants et j'ai eu bien plus que mon lot d'obligations ces dix dernières années. Pense tu réellement que je vais céder ?  J'ai déjà pris quelques toilettes à mes filles pour l'intersaison. Quant aux miennes, elles pourront survivre à un hiver de plus. Mais je te remercie, ta gentillesse me touche profondément. »

Elle lui fit un sourire des plus doux, bien qu'il soit toujours hanté par cette tristesse qui l'habite depuis bien longtemps à croire qu'il s'est incrusté en elle et n'en sortira plus jamais. Ainsi, lorsque la modiste arriva, posant cette question de savoir par qui l'on allait commencé, la femme prit la parole en première.

« Mon amie est venue pour se trouver une toilette pour un diner. Je ne suis là que pour lui donner un avis amical. »

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Ce n'étais pas de la vanité ou de la fierté mal placée qui amenait la jeune veuve à refuser l'aide de son amie. En d'autres circonstances et sur d'autres aspects, elle n'aurait aucun mal à dire oui. Si elle était à la rue, si ses filles avaient faim, si elle avait besoin d'aide pour un médecin ou pour toute chose réellement importante, elle demanderait cette aide, l'accepterait avec reconnaissance. Mais des toilettes? Ses robes étaient peut être passé de mode, mais la mode changeait et évoluée à chaque saison. Passant des broderies aux dorures, des manches longues aux courtes, bouffantes à volantes. Il fallait une vraie fortune pour rester à la pointe de la mode et en toute sincérité, cela n'avait jamais été d'un grand intérêt pour la baronne de Scarsdale.

Pourtant, elle saluait sincèrement la proposition de son amie, elle savait parfaitement qu'elle le faisait de bon cœur, pour l'aider, la soutenir, lui donner un peu de cet élan qu'elle même avait. Ne disait on pas qu'une jolie toilette pouvait offrir toute la confiance du monde ? Mais à quoi cela servirait il ? Elle savait que son frère chercherait un arrangement rapide avec un quelconque monsieur d'un âge avancé et d'une fortune correct. Peu importait ses toilettes, son apparence, son attirance. Elle serait de nouveau vendu, oiseau en cage à un homme qui ne la verrait que comme un ventre et un poids.

Refusant ainsi aussi respectueusement et gentiment que possible, l'offre, informant de suite la modiste qu'elle ne souhaitait en rien faire commande d'une toilette, elle se mit à observer les accessoires, broderies, rubans et dentelles. Rêver était encore gratuit. Pourtant, comme elle s'en doutais, son amie ne lâcherait pas l'affaire de si tôt et elle l'écouta avec patience, bien que le fait qu'elle sous entende qu'elle ne fasse le mieux pour aider ses filles lui fasse serrer la mâchoire, elle ne dit rien, la laissant finir. Certes, sa réflexion pouvait se tenir, néanmoins elle n'avait qu'une partie de l'histoire et du monde dans lequel vivait la veuve. Si elles avaient cette position en commun, c'était certainement tout ce qu'il en était. Elle ne savait d'ailleurs pas ce qu'il était de sa situation. Devait elle se remarier ? Était elle une Suo jure ?  En soit, cela lui importait peu, mais elle savait simplement que leur situation était différente.

« Je te remercie sincèrement pour ton attention et suis touchée que tu souhaite m'aider. Néanmoins, je ne suis pas de ton avis. Une nouvelle toilette pourrait certes me mettre en valeur, mais à quel but ? Ma seule inquiétude est l'avenir de mes filles. Que je sois dans une nouvelle toilette ou une de celle que je fais retoucher ne changera pas l'avenir qui m'attends. Mon frère fera un arrangement avec je ne sais quel monsieur un peu fortuné et titré en quête d'une dame apte à lui offrir un héritier avant son trépas et mes toilettes ne changerons rien à cela.  Sans compter que si ce n'est rien de bien fou pour ta bourse, pour la mienne c'est une extravagance que je ne pourrais me permettre et je tends à l'économie. »

Son sourire était doux, résigné. Elle savait ce qui l'attendait et si elle ne l'acceptait pas, elle savait qu'elle ne pouvait pas forcément aller à son encontre. Son frère était bien trop pressé de la voir quitter la demeure familiale pour ne pas chercher quelque arrangement rapide pour un mariage durant la saison. Néanmoins, la demande de son amie n'était pas non plus des plus folle. Elle souhaitait simplement qu'elle regarde, ce qu'elle avait déjà commencé à faire. Néanmoins, elle comprenait qu'Effie n'était pas du genre à se laisser entendre dire non et qu'il fallait donc être plus fine qu'elle. Elle acquiesça donc doucement à sa demande.

« Je regarderais. »

C'était tout ce qu'elle pouvait promettre. Néanmoins, elle gloussa à la remarque de son amie sur le nombre de ses visites chez la modiste, bien qu'elle ne soit pas étonnée au vue de la beauté de sa garde robe. Néanmoins sa dernière remarque lui fit perdre son sourire.

« Je ne suis point sur de prendre amusement à voir une personne être martyrisée Effie. Je pense que la douceur et le sourire font bien plus que tout autre chose. Mais montre moi donc ces toilettes que tu apprécie tant, tu es toujours superbe, même vêtu d'un sac de toile je suis sur que tu saurai surpasser toutes les dames de la haute noblesse.»

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Effie était une femme qui, malgré ses quelques travers étaient douce et aimable. Elle savait que derrière ce masque de taquinerie et de provocation se cachait un cœur d’or. Après tout, elle avait cette chance d’être ce qu’elle n’était pas. Une veuve qui n’avait pas à se battre bec et ongle pour sa survie ou celle de sa famille. Elles avaient des points de vue différents, des pensées différentes et bien qu’elle comprenne dans les grandes lignes ce que souhaitait lui dire son amie, elle ne pouvait totalement s’y résoudre. Penser à soit été une chose qu’elle avait arrêté de faire le jour où Hortense avait poussé son premier cri. Elle avait oublié tout ce qu’elle pouvait être, une femme, une épouse, un être humain, pour devenir ce qu’elle était ce jour. Une mère, ni plus, ni moins. C’était ce qui l’avait aidé à tenir dans les temps sombres de son existence et aujourd’hui que les ténèbres qui s’étaient éclaircis sans jamais disparaitre revenaient en force, elle s’y accrochait plus que tout au monde.

Aussi écouta t elle la tirade de son amie, cette façon qu’elle avait de chercher à la protéger, à lui montrer qu’il y avait plus que ce rôle de mère, que protéger ses filles passait aussi par prendre soin de soi. Mais rien n’y fit. Elle n’entendait pas. Ou ne voulait pas entendre, la question se posait. Elle continuait de sourire, de cet air doux, de cet air d’une femme qui avait abandonné tout espoir pour elle-même, qui avait remisé l’idée même du bonheur loin, très loin dans les tréfonds de son esprit. Aussi, quand Effie termina sa tirade, lui sourit elle avec autant d’affection que possible.

« Tes mots me touchent plus que tu ne le pense Effie. Mais, je ne suis malheureusement pas comme toi. J’ai été la pupille d’un homme qui m’a offerte en mariage à un autre par appât du gain. Je suis désormais sous l’égide d’un homme qui malgré nos liens de sang cherche à faire de même. Peu lui importe mes toilettes ou mes envies. Il choisira mon époux et je devrais m’y plier. En ce sens, quel intérêt de m’apprêter pour l’échafaud quand je sais qu’il n’y aucun moyen d’y échapper ? Mon espoir va dans mes enfants et dans l’idée d’avoir une amie aussi précieuse que toi. »

Elle comprenait ce besoin qu’avait la comtesse de l’aider, cette envie d’être utile, de ne pas simplement regarder le monde brûler, d’essayer d’agir à son échelle, mais il y avait des choses qui ne méritaient plus d’être sauvé et la baronne pensait faire partie de celles-ci. Lui promettant malgré tout de regarder quelque peu aux toilettes proposées, aux tissus et aux dentelles, elle espéra apaiser son amie, parvenir à un consensus qui permettra de ne point partir fachées ou déçue, car elle serait des plus attristé d’avoir une querelle avec celle-ci. La laissant ainsi se préparer à l’essayage, la remarque qu’elle fit la piqua et son retour sembla être tout aussi piquant pour la brune.

« Voyons Effie, je ne sous entendrais jamais que tu es une mauvaise personne. Je dis juste qu’il faut rester bienveillant. Je pense qu’elle fait de son mieux pour te contenter sans quoi tu ne reviendrais pas si souvent. Quant à l’idée du sac, je serai curieuse de te voir dans un magnifique sac de patate, je suis sûr que tu seras de toute beauté. »

Un gloussement amusé, une étincelle de joie dans les yeux tandis qu’elle la laisse essayer cette toilette qu’elle était venue voir et que se faisant, ayant l’impression que son attention serait moindre sur ses faits et gestes, elle prit place dans une petite causeuse de laquelle elle pouvait observer son amie et prendre le thé en patientant.

« Tu as toujours eu des goûts très sur en matière de mode, que ce soit dans les coupes ou les coloris. J’avoue ne jamais avoir eu cela. Je ne me souviens pas même avoir choisi une toilette moi-même de mon existence. »

Une triste vérité qui restait un frein pour elle en plus du reste. Jamais de son enfance à cet instant elle n’avait choisi une toilette. Elle s’était contentée de porter ce qu’on lui donnait, ce qu’on lui demandait de porter. Certes elle avait un petit choix dans sa garde-robe, mais pour ce qui est des nouveautés…

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Il y avait quelque chose dans cette femme qui ne cessait de rendre la jeune veuve admirative. Une liberté, une sauvagerie qu'elle rêvait de voir en elle même, mais qui ne parvenait à prendre. Comme un feu que l'on tente de faire sur du bois trop humide. Au final leur amitié était une chose surprenante, comme si le feu et la glace se liait, s'aider, se protégeait. Mais alors que les mots de son amie la touchait bien plus qu'elle ne voudrait bien l'admettre ou le montrait, laissant ce fameux masque de protection sur son visage, son cœur se serra. Elle était consciente des mots de son amie et de la vérité qu'ils révélaient. Elle savait bien qu'elle n'était qu'une coquille vivant au travers de ses enfants, comme si, en les expulsant de sa chair elle leur avait donné toute l'énergie et la joie de vivre qui avait un jour pu résidait au fond de son cœur, à croire qu'elle avait offert à ses enfants, cette partie d'elle qu'elle avait longuement protégée, cachée, dissimulait à cet homme qui avait cherché à la briser et qui en un sens y était parvenu.
Avec les mots de son amie, une blessure se rouvrit, ravivant la douleur des mots et des coups, des menaces et des tortures. Son regard se voilà une seconde de la douleur de ces instants et alors qu'elle s'installait sur la causeuse, lissant ses jupes, elle fit attention à ce que la modiste soit trop occupée pour les entendre.

« Sais tu comment l'on dresse un animal Effie ? On l'enferme et on le bat. On le brise tout entier pour le remodeler à sa volonté, pour le dresser à sa façon, pour lui faire comprendre que seul le comportement que l'on attends de lui est le bon. C'est ainsi que j'ai été traitée. Mais comme il ne parvenait à faire de moi ce qu'il souhaitait il utilisa une chose plus dure que tout. L'amour pour mes enfants. Et je suis à ce moment devenu cet animal de cirque, prêt à tout pour épargner ses petits. Il est facile de dire que je dois apprendre à vivre pour moi. Mais c'est quelque chose que je n'ai jamais réellement fait et que mon instinct...me défend. Car ma question n'est pas tant ce que mes filles aimeraient le plus, mais ce qui les gardera le mieux en sécurité. »

La gorge serré, le regard dur, l'ancienne baronne, continuait de lisser ses jupons, d'un pli qui n'était pas là, se rappelant les coups et les viols, les insultes et les menaces de monter à la nurserie pour apprendre à ses filles l'obéissance. On avait été jusqu'à la menacer de les préparer à être des femmes … Combien de plans avait elle fomenté alors pour assassiner son époux et son beau père ? Pour les éradiquer de ce monde, même si cela signifiait finir sa vie au bout d'une corde, abandonner ses filles à un couvent ou elles seraient au moins en sécurité. Il lui fallut un effort incroyable pour se sortir de cette torpeur, de ces souvenirs, discutant de la modiste, de ses relations avec elle et de sa dureté apparente. Un fin sourire fini par teinter les lèvres de la jeune rousse alors qu'elle écoutait son amie et son avis sur le sac.

« Comme si cela t'avais déjà importé que l'on parle de toi. Tu es plutôt du genre à t'en délecter et leur montrer qu'ils ne sont pas au bout de leurs peines. »

Un sourire un peu plus franc ourla ses lèvres alors que la comtesse donnait ses instructions tel un général sur un champ de bataille et qu'on leur servit du thé, qu'elle prit avec la plus grande des gratitudes. Il n'y avait rien de mieux que le thé pour se calmer les nerfs. La discussion dériva sur les choix de toilettes, la mode actuelle et encore une fois, le fait que simplement reprendre ses vieilles toilettes ne seraient pas suffisant. Un aveu se fit et une proposition suivi. Elle savait qu'elle ne pourrait pas refuser d'essayer quelques toilettes bien qu'elle ferait de son mieux pour refuser tout achat, bien que connaissant son amie, elle serait apte à revenir sans elle pour prendre la toilette qui lui aurai été le mieux, mais c'était un risque à prendre.

Ainsi quand la modiste revint chargée de deux toilettes, Abigaïl les détailla, faisant attention au décolleté, à l'échancrure du dos et aux manches. Elle finit par porter son attention sur une robe d'un jaune doré  couvert de fine broderie qui iraient bien à son teint et à sa position de veuve. Ce n'était pas forcément la plus belle ou sa favorite, mais elle était la mieux adaptée à ce qu'elle souhaitait. Se levant ainsi du fauteuil, elle accepta l'aide de la modiste pour se défaire de sa toilette actuelle, rougissante alors que, de la où elle était, elle n'avait aucun doute que son amie pouvait apercevoir sous son corset court, les traces des cicatrices de coups sur son dos  et ses épaules. Ce fut ainsi avec rapidité et empressement que la veuve enfila la toilette, cherchant à offrir aux yeux du monde le moins possible des preuves de sa douleur, de ses tortures. Il fallut néanmoins quelques minutes avant qu'elle ne s'avance et ne monte sur le piédestal lui permettant de se voir en son intégralité, la couleur rehaussant son teint et sa chevelure, des manches couvrant ses bras quasiment jusqu'au coude et remontant haut dans son dos. Elle était une femme et non plus une jeune fille. Une mère qui connaissait les secrets de la vie maritale et cette tenue ne ferait, si elle venait à l'accepter l'effet désiré. Pourtant, en se voyant ainsi dans le miroir, un léger tremblement la pris... à cette simple idée que...

« Il aurai detesté cette toilette... »

Et de ce que cela aurai amené...en coups et hurlement sur cette catin qui cherchait à se mettre en valeur pour attirer le regards d'autres hommes sur elle...

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La honte n'avait plus sa place en ce lieu, ni en cette vie. Elle avait déjà eu assez honte pour toute une existence, pour tout une éternité de ce qu'on lui avait fait subir et si elle ne le crierais pas sur les toit, elle ne le cacherais plus néanmoins. Elle avait été une femme battue, une femme violenté, une femme a qui ont avait volé chaque parcelle d'humanité pour ne plus être qu'un objet, une coquille vide, un fantôme habitant un corps au bord de la folie, se demandant chaque jour ce que la mort pourrait avoir de plus doux que la vie. Mais elle avait surmonté cela, elle avait survécus, elle avait été libérée du joug des démons qui l'avaient opprimée et qui avaient cherchaient à la réduire à néant. Alors elle n'avait plus honte de parler, de dire ce qu'il en était de sa vie, de sa condition de ce qui faisait battre son cœur qui n'avait plus rien d'humain, de féminin, de libre. Non, elle n'avait plus que le cœur d'une mère, que le cœur d'une protectrice qui ne pouvait affronter le monde et la vie que parce qu'elle possédait cette chose précieuse qu'était l'amour de ses enfants, l'amour inconditionnelle de deux petites filles qui l'aidaient chaque jour à avoir envie de respirer et d'admirer le soleil. Alors oui, elle s'était ouverte à son amie, lui avait exprimé combien elle avait souffert autant physiquement que mentalement et elle comprenait ce que disait son amie, elle le comprenait. Mais elle, comprenait elle ? Lui offrant ce petit sourire las et résigné, la rousse posa une main sur celle de son amie.

« Je ne sais ce que j'ai fait pour mériter une aussi bonne amie que toi. Mais rappelle Effie, que ce qui a pris des années à se faire, peut prendre bien plus longtemps à se défaire. J'entends tes mots, mais entends tu les miens ? Nous ne parlons pas de changer une coupe de cheveux ou une garde robe. Nous parlons d'apprendre à un vieux singe à faire la grimace, de changer des années d'habitudes. Cela ne se fera pas en un claquement de doigt et je doute même de sortir un jour pleinement des habitudes qui m'ont été dictée. Alors s'il te plait, ne soit pas trop dure avec moi. Laisse moi le temps, et célébrons les pas que je saurais faire, aussi ténu et petit soient ils. Quant à mon futur époux, tu sais aussi bien que moi que je n'aurai pas mon mot à dire, je ne peux qu’espérer attirer l'attention d'un homme bon qui saura m'apprécier moi et mes filles et le persuader de m'épouser malgré...le bagage que j'amène et le peu de dot que j'aurai.»

Elle le savait bien qu'elle était vu comme une marchandise abimée, qu'elle amenée ses enfants né d'un premier lit, que sa dot était dérisoire car son frère n'avait pas les moyens et qu'il n'avait mis que le strict minimum. Fort heureusement pour elle, les dots de ses filles étaient cadenassée auprès des banques et personne ne pourrait y toucher avant leur entrée dans le monde. Et si la tache reviendrait à celui qui deviendrait leur beau père, elle ferait tout pour assurer leur avenir du mieux qu'elle pourrait. Souriant ainsi toujours à son amie qui, elle le savait, avait un caractère de feu toujours prêt à s'enflammer contre l'injustice. Elle lui pars d'ailleurs de ces propos, de son tempérament et la réponse de son amie ne put que la faire sourire et l'amuser.

« Nous portons toutes des armures, nous les femmes, nous le sexe faible qui endurons bien plus que les hommes. Tu sais que tu as mon admiration pour la force dont tu fais preuve, mais il faut parfois être comme l'eau et se laisser sinuer jusqu'à une rive plus chaleureuse que faire feu de tout bois. »

Un peu de sagesse et de philosophie, voilà qui ne ressemblait pas tant à la veuve qui cherchait plus souvent à se montrer humble et discrète, une habitude prise dont elle avait une certaine difficultés à se débarrasser, si elle s'en débarrasse un jour. Finissant par céder aux suppliques de son amie pour essayer, une toilette, elle vint a en passer une grâce à l'aide de la modiste, quelque chose de jolie, de chatoyant avec ce qu'il fallait pour cacher ce qu'elle ne souhaiterais jamais dévoiler à un autre que son futur époux et encore...le souhaiterait elle ? Oui, si elle pouvait trouver une personne a qui elle tenait, en qui elle avait confiance. S'admirant dans la glace, elle lissa les jupes, s'observa comme elle l'avait rarement fait, elle qui était habituée aux couleurs tristes et ternes, à la simplicité, la voilà qui se transformée en princesse le temps d'un instant. Pourtant, sa réfléxion première, bien qu'empli de tristesse fut de penser à ce que son dégunt époux aurait dit, cet homme d'outre tombe qui semblait encore avoir de l'emprise sur elle. Alors oui, Effie repris la parole, eu des mots et des arguments qui s'entendaient, qui se validaient, mais... le pouvait elle vraiment ? Continuant de s'admirer la veuve finis par fermer les yeux, respirant lentement.

« Ce n'est pas si simple...je ne peux pas juste faire fit de tout cela, j'ai beau trouver cette robe splendide, je ne sais pas si elle est pour moi, si c'est un genre que j'aime vraiment, parce que le peu de jolies robes que j'avais ont été déchirée et arrachée, que je me suis cantonnée aux robes ternes et simple pour ne point être dépensière et que même comme cela il trouvait encore à redire...aujourd'hui j'ai un frère qui me fait sentir que je suis un fardeau, que je lui coute cher et que se passera t il si je rentre avec une nouvelle toilette ? Bien sur que je me trouve jolie dans cette toilette mais est ce que ça vaux la peine de subir les regards et les remarques ? Est ce que réellement cette tenue saura attirer l'attention de quelques messieurs qui pourrons m'offrir l'espoir de ne pas finir auprès d'un vieil homme qui me verra comme sa génice ? »

Sa voix avait pris un accent douloureux, comme si elle était prete à se briser sous l'émotion. Car c'était là toute la question. Quelqu'un la sauverait elle ? Quelqu'un ferait il attention à elle ? Après avoir vécu l'enfer pouvait on rêver d'un mieux ou s'attendre simplement au même sort ?

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Ecouter l'histoire d'Effie l'avait en quelque sorte touchée. Comment deux femmes si différentes pouvaient être aujourd'hui amie ? Comment une femme sortie de son couvent pour être mariée à un homme uqi avait été choisie pour elle, pouvait elle apprécier et être appréciée par celle qui avait été élevée pour devenir le joyau de sa saison ? Elle avaiet des caractères diamétralement opposé, il n'y avait absolument aucun doute à ce sujet et pourtant, elles se comprenaient, comme si la douceur de la baronne parvenait à affecter la comtesse qui lui offrait en retour un peu de sa force et de sa détermination. Ce fut donc avec un certain sourire que la veuve au corps encore marqué par les souvenirs accueilli les mots de son amie qui semblait comprendre, sans pour autant abandonner. Elle ne pouvait pas en attendre moins de celle ci et aurait même pu en rire si le sujet n'était pas si important et difficile pour elle.

« Je tente de faire des efforts Effie. Et je te remercie de prendre si bon soin de moi, je n'en ai point l'habitude. Malheureusement... il est difficile de faire des efforts pour une chose qui te répugne. J'aimerais tant avoir le choix de ne pas avoir à me remarier, à subir la présence d'un époux et le rôle qui sera le mien. L'idée même de cela me donne la nausée et pourtant, je sais que ce sera le seul moyen de mettre mes enfants à l'abri. En me sacrifiant, car si je n'étais pas mère, j'aurai choisi le couvent et les ordres plutot que cet ultimatum. Alors y mettre du mien pour participer à cette masquarade...c'est bien plus difficile que tu ne le pense. Mais je ferais un effort. Parce que tu es bien plus gentille et douce que tu ne veux le faire voir. Madame cœur d'artichaut ! »

Elle lui fit un sourire taquin, continuant d'observer la tenue qu'elle portait à présent, réfléchissant à ce qu'elle aimait ou non en celle ci, de sa forme à sa couleur en passant par la texture du tissus ou la façon dont il la faisait paraître. Elle n'avait plus rien d'une jeune débutante avec ses hanches élargit par les grossesses et sa poitrine qui avait également pris quelques mesures. Nous ne parlerons bien sur pas des vergetures sur différentes parties de son corps qu'il faudra bien un jour montrer à son futur époux et qui risquent fort de le dégouter. Qui voudrait d'une telle marchandise abimée. Pourtant elle fut surpris par ses mots sur le sexe faible et sur les requins. Elle comprenait parfaitement le sous entendu. Si Effie était un requin, Abigaïl elle, n'était rien de plus qu'une carpe, voire une crevette !

« Le sexe faible. Qu'ils subissent nos douleurs mensuel et les douleurs de l'accouchement et nous parlerons du sexe faible ! Néanmoins je comprends ce que tu cherche a dire. Mais une crevette déguisée en requin n'en restera pas moins une crevette. Surtout quand tout autour d'elle cherche à lui rappeller sa position. Car je ne sais si je parviendrais à trouver un parti interessant avant que mon frère ne valide un contrat en mon nom. »

Car là était la triste réalité. Avec un frère tel que le sien et une belle-soeur qui la trouvait bien trop envahissante avec ses enfants, elle n'était pas à l'abri de se faire marier de force au premier venu, que son frère dans sa gentillesse lui ai laissé la saison ou non. Ainsi, l'espoir était en un sens un poison. Celui de croire que les choses s'améliorerons jusqu'à ce que le destin prouve que ce ne sera pas le cas et qu'elle soit encore plus détruite par cet espoir envolé. Aussi préféra t elle porter ses inquiétudes sur la robe disant qu'elle n'était pas sur alors qu'en soit, la robe était très bien, toute robe était très bien selon elle si on allait en ce sens. Néanmoins, elle accepta la demande de son amie, quittant le petit piédestal pour retirer la toilette et en enfiler une seconde d'un bleu violet, plus clair que ceux qu'elle avait porté pour sa sortie de deuil. Celle ci parsemée de broderie plus clair rappelée des papillons semblant prendre leurs envol.

« Je ne suis pas sur que cette robe soit pour quelqu'un comme moi... elle fait bien trop jeune, on dirait une dame qui se prend pour une débutante tu ne trouve pas ? »

You're never fully dress, without a smile

Effie n'avait pas vécue ce qu'elle avait elle même vécue et c'était tant mieux. Elle ne souhaiterais à personne de vivre ce qui fut son enfer. De se faire battre à en pleurer pour des bêtises, d'avoir la voûte plantaire rougis par les coups, les poignets tuméfié par les liens qui la retenait au lit alors que son époux et son beau père ravageaient son corps et son âme. Ces actes éveillaient encore en elle des cauchemars pour le moins vivants et atroces. Le ferait ils toujours ? Elle ne saurait le dire mais l'oubli n'était pas une option, pas plus que l'abandon car cela signifierait abandonné ses deux filles. Néanmoins cela amené autre chose. Le fait qu'elle ai des blessures qui ne soient pas physique, des craintes, des automatismes qui l'avaient toujours aidé à survivre, à se protéger comme elle pouvait, à faire en sorte qu'il y ai un lendemain. Elle avait vouée son existence non plus à être une femme ou une épouse, à être un humaine, mais simplement à être une mère, cela se comprenait parfaitement en sa situation, mais aujourd'hui on lui demandait d'être à nouveau cette femme, cette jeune fille qui fut mariée contre son gré à un homme qui avait tout du prince et se trouvait être le démon. Elle avait perdue ses illusions et ses espoirs, elle avait perdu la confiance en autrui, en l'homme et c'était une chose qui ne se rattraperait que fort difficilement. Pourtant un sourire timide se fit sur ses lèvres aux mots de son amie.

« Il faut bien un cœur de pierre pour supporter tous ces médisant n'est il pas ? Quant au reste... je te remercie. Je sais que je ne suis pas la plus aisée à comprendre. »

après tout, la folie et la persécution était elle compréhensible ? En ce cas comment comprendre réellement les mécanismes de défense qui s'étaient instauré en son âme ? Elle était au final une femme brisée qui tentait de se reconstruire et qu'on tentait de gardée brisée, brimée, car bien plus facile à gérer et manipuler. Le sexe faible, mais qui est le faible si ce n'est celui qui a besoin de briser l'autre pour parvenir à le dominer ? La discussion glissa donc vers ces contrées et amener une vive discussion entre dames sur leur place et ce qu'elles étaient. A savoir un requin et... un fruit de mer. Bien que la conversation l'amena à rire.

« Je ne serai pas contre te voir l'effrayer quelque peu si je n'avais pas peur des conséquences. Avec un peu de chance cette saison aménera quelques personnes à s'intéresser à ma personne et je pourrais l'impressionner. Je voudrais juste...qu'il ne me marie pas de force à je ne sais quel lord... »

car des lords en mal de femme et d'enfants il y en avait et si certains étaient gentil et d'un âge correct à peine la quarantaine, bien d'autres étaient plutôt vers le double de cet âge et l'idée même de les laisser la souiller lui donnait la nausée. Mais vite, vidons nous l'esprit, oublions cette image et profitons plutôt des toilettes. La seconde lui plaisant sans plus, elle écouta son amie, allant enfiler une dernière toilette d'une couleur vert recouvert d'une dentelle sombre rappelant à tous qu'elle était une veuve bien qu'elle de retour sur le marché du mariage. Elle était élégante mais...semblait fort sévère, austère presque ce qui n'allait pas du tout à sa personnalité...

« La robe est jolie mais...on dirait que je suis une veuve à la recherche d'un époux à tuer pour lui voler son argenterie avant de passer au prochain ! »