Children see magic, because they look for it
Alistair Graham & Abigaïl Curzon.
Les premiers jours d’août. Chaud et ensoleillé. Des journées parfaites ou la ville de Londres, commence à devenir vivable, respirable, maintenant que la saison mondaine s'est terminée, que la cohorte des riches et des puissants à refait valises et bagages pour rentrer dans leurs domaines de campagne, se flattant de leur argent et de leur pouvoir, de la saison faite et espérant déjà voir venir la prochaine, car, pour avoir vécue cette situation, elle savait bien que la campagne pouvait être ennuyeuse. Du moins, sa campagne l'était, puisqu'elle n'avait pas la permission de recevoir ou de sortir à son gré, victime et prisonnière d'un geôlier qui ne cessait d'aspirer la vie de son corps et de son âme.
Pourtant, cela fait un peu plus d'une année et demi qu'elle était délivré. Surprise parmi les surprise. S'y était elle attendu ? Certainement pas et certains la voyait encore comme la baronne folle, qui avait éclaté de rire devant le cadavre de son époux étouffé d'un os de poulet en travers la gorge. On avait fait passer cela sur les nerfs, quoi de plus normal après tout, en un age si jeune que d'avoir les nerfs qui lâche devant le décès prématuré d'un époux soit disant aimé ? Néanmoins, elle s'était assez vite remise de ce deuil, du moins en intimité. Dans le monde, elle avait su être digne, elle le devait pour sa pérennité et celle de ses filles, mais à l'abri des regards, qu'elle avait pu fêter la disparition de cet homme, de ce démon.
Pourtant, aujourd'hui sonnait un tournant dans ce nouveau monde qui était le sien. Le Baron était mort, vive le nouveau baron. Mais si son frère Charles Crowley avait eu la bonté de la receuillir avec ses filles en sa demeure, sa belle sœur, Mme Crowley, n'appréciait que peu avoir de la famille à demeure pour si longtemps et il avait été convenu qu'il était temps pour elle de quitter le deuil, le demi deuil et d'entrer enfin dans la monde à nouveau, prête à se trouver un nouvel époux qui pourrait prendre soin d'elle et de ses filles. C'était ainsi qu'aller le monde. Après tout, les choses étaient assez clair. On lui laissait la saison à venir pour trouver un époux qui accepterait de prendre à charge une femme et deux enfants. Ce n'était pas impossible, certes, mais ce serait certainement difficile. Sans quoi ? Et bien on la destinée à un couvent ou elle ne couterait plus à la famille. Quant à ses filles, la générosité de son frère allait jusqu'à les placer dans une école pour une jeune fille puis de les aider à trouver époux le moment venu. Après tout, une chose était certaine, le baron avait veillé aux dots de ses filles dès leurs naissance et celles ci étaient bloqué sur un compte jusqu'à leur mariage effectif. Au moins une façon de se rassurer pour la jeune veuve qui, si elle pouvait accepter de finir ses jours cloîtrer dans une cellule de couvent, refusait catégoriquement que ses filles soient malheureuses.
Néanmoins, c'était la discussion et sujet d’inquiétude qu'elle pourrait avoir par la suite. Pour le moment- il était temps de profiter de l'été, de l'intersaison et surtout de ses filles. Ses merveilleuses petites filles aux longs cheveux roux et au rire haut perché qui la faisait se sentir si heureuse, si complète. Bien sur, elle ne voulait pas se remarier, mais, si c'était là, une condition pour qu'elle garde ses fille, elle épouserait celui qu'il faudrait, tant qu'il les traite correctement. Qu'importait son sort au final, seules ses filles comptait.
Alors, pour profiter de ces moments de calme et de quiétude, de répit avant la tempête qui s'annonçait pour les mois a venir, la dame décida de sortir avec les enfants. Bien sur, Nanny les accompagnerait afin de l'aider à veiller sur les enfants, mais aussi lui servir de chaperon. Il était drole de voir qu'une femme veuve et mère de famille, ayant donc, bien entendu, connu les affres de l'amour et de la passion, devait repartir dans cette stupide idée qu'il lui fallait avoir un chaperon pour éviter toute inconvenance. Quoiqu'au vue de ce qui était arrivé à cette pauvre Georgiana, cela pouvait être compréhensible. Aussi ne se fit elle pas plus de mourron que cela, s'habillant convenablement dans une jolie tenue bleu qui, si elle laissait comprendre qu'elle était une femme et non plus une débutante, montrait aussi que sa période de deuil était terminé. Ses filles vêtue de leurs manteaux aux couleurs pastel, les cheveux agrémentés de nœud et de chapeaux, elles partirent, toutes ensemble vers le parc, marchant tranquillement, observant les fleurs, les paysages, les écureuils courant sur les troncs d'arbre et bien sur les canard caquetant sur la surface de l'eau sillonant au travers le grand parc.
Hortense, la plus grande des filles de la jeune femme s eprit de passion pour elle, posant des questions sur leur plumage, leur famille, si la maman canard était gentille, ou était le papa canard. Des questions auxquels la veuve répondit avec patience et douceur, cherchant à ne pas raviver dans le cœur de l'enfant la perte de son père. Après tout, qu'importe comment il se comportait avec elle, il restait, en principe, le père de ses filles et elles l'avaient aimé, tel des enfants aiment leur père.
Finalement, la discussion vint sur les prénom que pouvaient porter les canards, ce qui était un peu infantile, car les canards n'ont pas de prénom et pourtant, elle laissa l'enfant les nommer. Il y eu ainsi Daisy, Donald, Andrew et le petit qui s'amusait à plonger en montrant son popotin fut nommé Neal. Des noms choisi par une enfant mais qui fit rire la mère. Du moins jusqu'à ce qu'elle demande à Rebecca si elle voulait nommer un canard et qu'elle ne la trouve pas.
Aussitot la panique la prit, la faisant appeler encore et encore le nom de son enfant, avant de la remarquer un peu plus loin semblant parler à un homme à la chevelure rousse accompagné, lui même de deux jeunes filles.
S'approchant avec autant de dignité et de rapidité que possible, elle arriva à temps pour entendre sa cadette de quatre ans demandé, innocemment à l'homme
« Pourquoi vous portez une jupe monsieur ? C'est pas pour les filles les jupes ? »
Grand dieu ! Il faudrait rapidement, lui expliquer l’existence des kilts mais pour l'instant, surtout présenter des excuses.
« Rebecca, ma chérie, n’importunait pas ce gentleman je vous prie. Veuillez accepter mes excuses mylord, ma fille est encore bien jeune et n'avait pas encore eu le plaisir de voir un écossais en kilt. »
Offrant un sourire d'excuse des plus doux à l'homme elle espérait qu'il ne lui en voudrait pas et n'aura pas pris ombrage de la question pour le moins saugrenue de sa fille. Rapidement rejointe par nanny et sa seconde fille, elle pris sur elle de les présenter à l'homme.
« Permettez moi de vous présenter mes filles. Lady Hortense Curzon et Miss Rebecca Curzon, fille de feu le baron de Scarsdale. Rebecca, présenteriez vous vos excuses à ce gentil lord je vous prie ? »
La petite s’exécuta dans une tentation de révérence plus ou moins...bancale.
«Pardon Mylord d'avoir dit que vous portiez une jupe.»
Tout resté à espérer qu'il n'en tienne point rigueur et qu'elles puissent continuer leur promenade estivale.