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LA GARDEN PARTY DE PÂQUES-
Qui ne connaissent pas les fameuses Garden-Party de Pâques qu'organisait annuellement feu sa majesté la reine Charlotte ? En son honneur, la famille royale a décidé de perpétuer cette tradition ! Viendrez-vous nous rejoindre pour une chasse aux œufs ou une ballade en barque ? Venez Participer à la fête....
J’étouffe ! Arrêtez l’attelage ! dit-elle en tapant sur la paroie, le poingt serré.
Londres n’était plus qu’à quelques minutes d’elle et la frontière entre la campagne et cette ville en effervescence se dressait devant ses yeux. Elle fut aidée par son cocher à sortir de sa cage dans laquelle elle suffoquait et prit une immense inspiration, le coeur lourd. Elle n’avait pas dit un mot pendant tout le voyage et était remplie d’amertume à l'égard des ses parents qui l'envoyaient au bagne ! Elle se rememora ses dernières années, si paisibles, à la campagne et à l'abri des regards indiscrets et accusateurs. Comment pourrait-elle survivre ? Son esprit divaguait, elle aimait la liberté et rêvait d’une vie plus simple à laquelle elle n’avait pas le droit. Née Fitzroy, son destin était tracé par d’autres qu’elle-même et cette idée la répugnait au plus au point.
Les yeux rivés sur l’horizon, elle scrutait avec anxiété la ville dont tout le monde parlait. Arriverait-elle à être à la hauteur de ce qu’on attendait d’elle ? Rien n’était moins sûr. Emilia avait reçu une éducation digne des plus grandes familles, elle parlait plusieurs langues, jouait du piano, s’était entraînée de longues heures à la broderie mais jamais, oh non jamais, elle n’avait réussi à trouver sa place dans tout cela. Solitaire, audacieuse et intrépide, elle rêvait de voyage, de danses de village, de rire aux éclats sans retenue, elle rêvait de pouvoir dire ce qu’elle pense sans devenir la risée de l’assemblée. Elle rêvait d’une autre vie.
Après deux demandes en mariage refusées sans motifs valables et une réputation entachée par des rumeurs sournoises, Emilia se trouvait là, dans un nouveau piège, une nouvelle cage dorée dont elle serait prisonnière pour les mois à venir. Voilà des années qu’elle n’avait pas vu son cousin et parrain, Alistair Graham et les minces souvenirs qui lui restait en tête lui donnaient envie de s’enfuir de nouveau, de courir à perdre haleine pour éviter une nouvelle confrontation malaisante avec un membre de sa famille qui aurait tout le loisir de la juger.
Elle ruserait. Encore et toujours. La tâche s’annonçait des plus ardues face à un ancien officier de l’armée à la réputation immaculée, mais elle réussirait. Délicieuse créature aux yeux de biche, Emilia pouvait compter sur son minois attendrissant pour faire avaler bien des couleuvres… De nouveau assise sur son petit siège, son cou la brûlait de douleur après un si long trajet mais elle aurait aimé souffrir davantage et que ce trajet ne s’arrête jamais. Londres lui tendait les bras et elle devrait alors s’armer de son plus beau sourire pour se fondre dans la masse.
Le sol devint plus rude, recouvert de pavés en dur. Elle vit défiler les quartiers pauvres, où hommes et femmes s’affairaient à la tâche pour gagner leur vie. Son coeur se serra violemment tant elle aurait aimé aidé ces pauvres gens mais elle n’eut pas le temps d’y penser plus longtemps que déjà, le paysage changeait. Des appartements luxueux, des femmes vêtues avec goût et des jardins taillés aux ciseaux… Puis enfin, la délivrance ou la sentence ; au choix.
Le bruit des sabots fut plus doux, plus lent et elle comprit une fois le silence de retour.
La porte s’ouvrit de nouveau et une main tendue l’aida à s’extirper malgré les courbatures. Muette, elle prit quelques secondes pour observer son environnement, une boule nouée à l'intérieur de l’estomac.
Ses parents avaient réservé une résidence luxueuse pour quelques jours, jugeant préférable qu’Emilia puisse découvrir la ville en leur compagnie avant de rejoindre Alistair les semaines suivantes. A peine la grande porte de bois passée, toujours murée dans son silence, une ribambelle de femmes se tenaient là, à attendre sagement l’arrivée des Fitzroy. La jeune femme se tourna vers sa mère, les yeux remplis d’incompréhension.
Lorely Fitzroy, Duchesse de Lennox ~Emilia, nous savons à quelle point tu es attachée à Julia mais celle-ci ne t’accompagnera pas car nous avons besoin d’elle à Lennox. Nous avons jugé bon de faire la connaissance des dames ici présentes pour trouver quelqu’un qui veillera sur toi.
Son coeur se serra une nouvelle fois dans sa poitrine, si fort qu’elle crut faire un malaise. Julia était sa femme de chambre depuis plusieurs années et une très forte amitié s’était crée au fil du temps. Venir à Londres sans elle était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase, une énième entrave à son bonheur, elle qui allait se sentir déjà si seule dans sa future vie. Des domestiques prirent soin de monter les valises de la famille à l’étage tandis que le thé était déjà servi dans un immense salon décoré avec goût. C’était donc ça leur plan machiavélique ? La mettre dans le bain dès les premiers instants pour trouver une remplaçante à sa seule amie ? Son regard était vitreux, dévisageant une à une les silhouettes qui se tenaient devant elle, prêtes à réciter leurs discours tout préparés pour briller devant les Fitzroy et obtenir un poste généreusement payé. Car oui, elle n’était pas dupe, ses parents savaient à quelle point elle pouvait être difficile et seul un salaire au-dessus de la moyenne pourrait faire oublier ce point capital.
Elle prit place dans un canapé recouvert d’un tissu bleu, une tasse de thé chaud entre les mains et laissait le spectacle commencer. Des révérences à la chaîne, des compétences à rallonge, toutes ces femmes défilaient les unes après les autres, tentant de charmer la demoiselle ainsi que ses parents pour obtenir le saint graal. Il était convenu qu’Emilia aurait son mot à dire dans le choix de celle qui prendrait soin de sa longue chevelure, qui choisirait ses tenues et qui veillerait sur elle comme de l’huile sur le feu, mais elle n’en avait que faire. Après tout, elle ne l’aimerait pas. Personne ne pourrait égaler Julia, c’était une évidence.
Déclinant chaque candidature de la tête, sans donner son opinion oralement, Emilia était d’une humeur assassine et rêvait de rejoindre sa chambre pour hurler dans son oreiller mais son attention fut retenue par une fine silhouette à la coiffure oh combien divine. Emilia leva enfin le regard pour détailler chaque détail de la demoiselle qui allait être annoncée.
Mademoiselle Amalia Mason. Annonçait l’homme qui se chargeait de présenter les candidates, ce même homme qui avait été payé pour promouvoir l’offre d’emplois des Fitzroy dans tout Londres et réunir les postulantes pour ce grand jour. Au vu du nombre élevé de présentation, nul doute qu'il avait du travailler dur pour obtenir un tel résultat car les emplois ne manquaient pas dans cette ville !
Plus discrète et introvertie que ses concurrentes, la demoiselle entra dans la pièce avec grace et Emilia fit l’effort d’un bref sourire, le premier depuis des heures… Les deux femmes devaient être à peut prêt du même âge et ce détails n’échappa pas aux Duc et à la Duchesse de Lennox qui préféraient une dame plus âgée pour brider la fougue excessive de leur fille. Sans doute essaieraient-ils de passer à la candidate suivante le plus vite possible, mais c’était sans compter sur l’ambition de leur chère progéniture de les rendre fous jusqu’aux derniers instants passés ensemble…
Bonjour Mademoiselle Mason, je vous en prie, installez-vous.
Emilia sortit de son mutisme après des heures entières sans dire un mot, elle défiait le regard de ses parents qui n’auraient d’autres choix que d’écouter Mlle Mason malgré leurs apriori.
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() / Dim 1 Jan - 23:23
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Alliance et manigances Ft. Emilia Fitzroy
“Show me Eternity, and I will show you Memory — Amalia était arrivée très récemment à Londres. La jeune low cast provenait de Blackpool, une cité industrielle du Lancashire. Sa mère était gravement malade, son père était mort et son frère aîné, l'homme de la famille faisait un travail harassant pour essayer de joindre les deux bouts et rembourser les dettes auprès de leurs créanciers. Elle était à Londres pour travailler, de préférence en tant que domestique dans une maison, qu'importe les origines sociales de ses employeurs, qu'ils soient de la noblesse ou de la propriété terrienne. Elle espérait pouvoir gagner un peu d'argent, assez pour vivre, et pour envoyer à sa famille qui en avait besoin. Mais ses projets s'étaient avérés plus compliqués.
Elle avait griffonné des annonces dans des auberges, des pubs, sans succès. Elle avait la chance de savoir lire et écrire, ce qui aurait pu l'aider au détriment d'autres personnes. Et par la suite, elle avait été confrontée à la concurrence. Beaucoup de jeunes femmes postulaient pour un travail dans une maison et pour servir la famille qui y vivait. C'est ce qu'avait constaté Amalia en répondant à une annonce, se retrouvant à attendre avec d'autres femmes dans une luxueuse résidence de Londres. L'employeur était la famille Fitzroy et une seule demoiselle serait choisie. Amalia appréhendait l'entretien. Rien ne la distinguait des autres filles. Rien qu'elle ne sache faire de plus ou de moins, songea la jeune femme. Mais c'était trop tard pour y réfléchir. Elle avait la boule au ventre quand leurs hôtes pénétrèrent. Toutes les filles étaient debout et se rassirent juste avant le début des entretiens. L'une après l'autre, elles entraient dans la pièce, les minutes passaient et puis la porte s'ouvrait et une jeune femme quittait la pièce et la résidence sans dire un mot. Le nombre réduisait, alors que son appréhension augmentait, quand soudain on appela son nom. C'était son tour. Elle ne pouvait pas se défiler. Elle avait absolument besoin de ce travail. Et elle était prête à faire n'importe quelle tâche pour être prise et garder.
Elle entre dans la pièce et s'inclina respectueusement devant ses hôtes. Elle ne maîtrisait guère l'étiquette, mais s'incliner était d'une évidence. On l'invita à s'installer et elle pris place sur le siège, faisant face aux époux Fitzroy, ainsi qu'à leur fille. Elle ignorait comment cela se passait. Elle resta muette quelques secondes, ne sachant pas si elle devait se présenter ou répondre aux questions de ses potentiels employeurs.
“Merci Ma Dame. Je m'appelle Amalia Mason, je viens de Blackpool dans le Lancashire. Je suis travailleuse et je fais les choses bien”.
S'introduit-elle, essayant de sortir de sa réserve et de son introversion.
La Duchesse de Lennox avait mené avec agilité l’ensemble des entretiens précédents, en posant des questions pointues et dont Emilia n’avait que faire. Savoir coudre ne l'intéressait guère et les deux demoiselles Fitzroy n’avaient cessés de se jeter des regards foudroyants tant leurs attentes sur ce recrutement étaient différentes. Cette fois, les choses prenaient une tournure différente et la cadette comptait bien mener l’entrevue seule, sans l’intervention de ses parents. Ils avaient déjà l’audace de la congédier à Londres contre sa volonté, elle souhaitait au moins pouvoir donner son avis sur celle avec qui elle passerait le plus clair de son temps.
Elle devait être rusée ! Ses parents n’étaient pas dupes et ils savaient à quel point surveiller cette douce demoiselle serait une tâche complexe, bien plus qu’elle ne le paraissait. Il cherchait quelqu’un de stricte, à l’éducation parfaite alors qu’Emilia, elle, cherchait une alliée. Les questions à venir seraient décisives, elles ne devaient pas mettre Mlle Mason dans l’embarras et devaient également réussir à rassurer sa chère mère pour convaincre cette dernière. Pourquoi elle ? Sans doute car la demoiselle qui se tenait là était la seule femme à s’être présentée qui n’avait pas le double de son âge ! Pour le reste, elle s’adapterait et s’en contenterait.
Nous sommes enchantés Mlle Mason. Mes parents et moi-même sommes à la recherche d’une personne entièrement dévouée et disponible pour la saison à venir, est-ce votre cas ?
Intérieurement, Emilia priait pour qu’elle n’évoque ni enfants à charge, ni obligations pour les mois à venir. La bouche de la Duchesse commença à s’entrouvrir quand Emilia reprit la parole pour lui couper l’herbe sur le pied. La demoiselle en face d’eux semblait douce et plutôt réservée, il était hors de question que la dragonne de Lennox essaie de la déstabiliser.
J’aime beaucoup les balades en nature Mademoiselle, appréciez vous cela ? Il semblerait que cela soit une aptitude à avoir… Dit-elle en souriant à ses parents, provocatrice.
Cette question était d’une importance capitale car bon nombre des vieilles dames rencontrées ces dernières minutes n’avaient plus suffisamment la forme pour se permettre de grandes excursions sauvages, à pied ou à cheval et pourtant… Éternelle fugueuse Emilia savait que son cher cousin avait les moyens de son statut et par conséquent, qu’il possédait de nombreux chevaux. Aussi, c’était une évidence, limpide comme de l’eau de roche, qu’elle s’en irait de nouveau, avec les moyens du bord. Elle voulait respirer, chanter en plein air, se reposer au soleil dans l’herbe fraiche…
Emilia lui adressa un sourire sincère, souhaitant détendre au possible la demoiselle dans une situation peu agréable. Les entretiens aussi formels étaient rares et austères, elle l'encouragea du regard à charmer ses parents pour clore ce débat interminable sur qui serait apte ou non à résister aux frasques d’Emilia.
Mère, avez-vous vu la coiffure de Mlle Mason ? C’est à l’évidence la plus moderne que l’on ai vu aujourd’hui… N’est-ce pas ? Nous avons besoin de mains habiles pour les nombreuses réceptions qui se profilent. Dit-elle en ramenant son épaisse chevelure brune sur son épaule.
La duchesse hocha la tête, voyant clair dans le jeu de sa progéniture mais ne pouvant nier l’évidence ; Amalia était apprêtée, charmante, discrète. Que fallait-il de plus ?
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() / Ven 6 Jan - 23:46
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Alliance et manigances Ft. Emilia Fitzroy
“Show me Eternity, and I will show you Memory — Amalia appréhendait cet entretien. Elle n'avait qu'une seule chance de faire bonne impression devant le Duc et la Duchesse qui recevaient de nombreuses jeunes femmes postulant en quête de ce travail qui changerait considérablement leur vie. Si elle obtenait ce poste, elle serait rémunérée pour sa tâche et pourrait envoyer une partie à sa famille restée à Blackpool, c'était ça le plan. Si elle échouait, elle ne savait pas quand elle aurait d'autres opportunités pareilles. Elle était prête à répondre à toutes les questions qu'on pouvait lui poser et montrer qu'elle ferait une bonne domestique. Elle voulait montrer qu'elle n'avait pas peur de travailler dur. C'est ainsi qu'elle se présenta devant le Duc et la Duchesse de Lennox et leur fille.
La jeune femme ignorait ce qui se jouait derrière cet entretien, ignorant ce concours entre la mère et la fille. Tout ce qu'elle voulait, c'était ce travail et elle voulait apparaître compétente devant chaque membre de la famille.
“C'est le cas Ma Dame. Je suis entièrement disponible et ce serait un honneur que de pouvoir servir votre famille”.
Amalia ne voulait pas en faire trop, restant sincère et elle-même, sans se cacher d'avoir réellement besoin de ce travail comme domestique ou dame de compagnie. Elle n'avait aucune prétention, que ce soit au sujet des honoraires ou des conditions de travail. Elle s'attendait à une question de la Duchesse, ayant perçu un frémissement de ses lèvres. Néanmoins, la plus jeune lui posa une question qu'elle trouva curieuse, mais y répondit avec honnêteté, sans penser à ce que la cadette avait en tête.
“Et bien je suis habituée aux villes bruyantes, mais j'en apprécie d'autant plus la nature et les balades”.
Néanmoins, Amalia n'était jamais monter à cheval. C'était comme un privilège qui semblait réserver à la noblesse et à l'aristocratie. Elle ne connaissait personne, là d'où elle venait qui possédait des chevaux et qu'on montait. En général, c'était pour le travail, pour tirer des wagons.
La jeune femme était avenante et bienveillante à son attention, semblant chercher à la mettre à l'aise, à faire baisser son appréhension face au Duc et à la Duchesse qui en imposaient par leurs rangs.
“Merci beaucoup”.
Dit elle en rougissant, n'étant pas certaine que sa coiffure soit celle qu'on adopte le plus dans la haute société. Surtout qu'elle se contentait souvent d'un simple chignon, n'ayant pas de raisons de se faire une coiffure plus travaillée. Elle regardait ses hôtes, attendant leurs autres questions, s'attendant à ce qu'on puisse lui demander son expérience, ce qu'elle savait faire ou ce genre de chose.
Trois paires d’yeux étaient braqués sur la jeune femme qui tentait de faire bonne impression. Emilia ne cessait de lancer des regards sournois à sa mère pour la convaincre de saisir la bonne opportunité, pour elle du moins. Elle tâchait de se montrer charmante malgré une rancoeur silencieuse, elle qui aurait tant aimé que sa femme de chambre actuelle l’accompagne dans ce terrible avenir qui se dessinait à elle.
Bien que ses souvenirs de son parrain soient minces, elle s’était renseignée à son sujet. Un homme insondable, strict et au passé militaire glorieux. Des informations suffisantes pour comprendre que sa future vie à Londres serait une épreuve difficile et pleines de règles bien trop contraignantes à son goût. Ne pouvant faire taire les interrogations de la Duchesse au sujet d’Amalia plus longtemps, elle la laissait s’exprimer de nouveau.
Avez-vous des recommandations d’autres familles, Mademoiselle Mason ? Pour quelles raisons devrions nous vous choisir plutôt qu’une autre ?
La dragonne se réveillait, prête à saboter les plans de sa progéniture si les réponses de la dernière candidate n’étaient pas à la hauteur de ses attentes. Bien des jeunes femmes feraient leurs apparitions lors de la prochaine saison, impatientes et ravies d’être sous le feu des projecteurs. Emilia ne partageait pas cette euphorie générale et elle savait déjà que les rumeurs à son sujet traverserait la frontière d’ici peu. Deux demandes en mariage refusées, la dernière avec un Duc fortunée et bel homme. Une liaison douteuse avec un simple garde, des fugues en pagaille sur le dos de son cheval, allié de toujours. Elle rêvait d’apprendre l’escrime, d’adoucir le monde en devenant écrivaine… rien de tout cela ne lui serait permis et une rage folle grondait en elle. Si tous ses rêves pouvaient lui être volés sans états d’âmes, elle était déterminée à ne jamais laisser ses sentiments, l’amour particulièrement, dans les mains des autres.
Nous avons besoin d’une femme de chambre pour Emilia. Quelqu’un de solide qui devra la suivre en permanence et s’occuper du choix de ses tenues pour les futurs évènements à venir. Emilia sera logée durant toute la saison chez le Marquis de Graham et son employée devra se plier aux règles de celui-ci et apporter son aide dans la maison s’il le demande. La polyvalence est de rigueur, comprenez-vous pleinement l’ampleur des tâches qu’incombe ce poste ?
Tout était si formel, dénué d’émotions et de feeling. Lorely Fitzroy avait établi mentalement une liste de compétences et se contentait de cocher des cases, sans la moindre empathie. Était-ce donc cela, devenir une dame ? Se délester de ses sentiments au profit de règles douteuses ? Emilia leva les yeux au ciel, désemparée et souhaitant mettre un terme le plus rapidement possible à cet entretien qui trainait en longueur.
Les frasques de la jeune demoiselle n’étaient nullement évoquées, pour ne pas faire fuir les meilleurs CV mais Emilia savait que bon nombre des candidates écoutées précédemment, malgré des recommandations diverses et variées, n’avaient connue que les joies des Saisons, aux petits soins pour de douces créatures malléables à souhait. Il n’en serait rien avec elle. Elle cherchait davantage une amie, une alliée, une personne à qui poser les questions interdites auxquelles ont lui refusait des réponses. Qu’attendre d’un mariage ? Comment satisfaire son époux ? Comment réussir à ne pas tomber enceinte rapidement ? Quel alibi trouver pour s’échapper quelques heures sans attirer les regards sur sa personne ? Voilà ce dont elle avait besoin. Plus que jamais.
Attentive, elle priait intérieurement pour qu’Amalia Mason donne à la Duchesse les réponses attendues. Mentez, rusez, soyez parfaite, je vous en prie.., lui criait son regard fatigué.
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() / Mar 10 Jan - 17:24
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Alliance et manigances Ft. Emilia Fitzroy
“Show me Eternity, and I will show you Memory — Amalia, après avoir ressenti l'appréhension, sentait un stress la gagner. Elle était observée par les trois membres de la famille Fitzroy, craignant qu'on puisse lui refuser le travail parce que quelque chose n'allait pas dans sa tenue, dans sa posture. Elle avait l'impression d'être épiée de tous les points de vue. Elle essayait donc de rester sereine, parfaitement calme, et de donner la meilleure image d'elle même qu'elle pouvait, aussi bien au Duc et à la Duchesse, mais également à leur fille qu'elle servirait.
La jeune fille sentait venir cette question. Cela influencerait très certainement le choix du Duc et de la Duchesse, et elle ne pouvait pas leur mentir. Elle n'avait pas de recommandations. On ne l'avait pas laisser travailler avant son départ à Londres. Sa seule arme était sa motivation, n'ayant pas peur de se salir les mains, de travailler dur, à des horaires difficiles. C'était une opportunité de travailler pour une famille comme les Fitzroy.
“Non Ma Dame, je n'ai pas pu travailler avant d'arriver à Londres. Et parce que je suis prête à travailler dur, je ne rechigne pas à la tâche. Je n'ai pas de prétentions salariales”.
Ajouta la brune pour militer en son sens. Dans sa situation, elle ne pouvait pas se permettre d'être feignante. Elle écoutait la Duchesse et acquiesçait de la tête. Pour elle, c'était un principe de se plier aux règles et d'aider aux tâches, que ce fusse chez le Marquis de Graham ou chez quelqu'un d'autre. Cela allait de soit. Elle avait peut être grandie dans un milieu très modeste, mais elle avait été bien élevée et éduquée.
“Je comprend et c'est tout à fait normal de se plier aux règles et d'aider aux tâches. C'est pour ça que je suis là”.
Elle avait l'impression qu'on la pensait plus bête qu'elle ne l'était, comme si elle n'était pas capable de raisonner, ou de faire deux choses à la fois. Aider aux tâches était une chose, néanmoins ce n'était en rien un défi herculéen.
Elle espérait réussir à convaincre la Duchesse. Elle n'était presque pas étonnée que le Duc en revanche ne dise rien. Comme si la domesticité était une affaire de femmes.
L’entretien prit une tournure plutôt complexe, quant, avec franchise, la dernière candidate ne put citer un CV prodigieux comme la plupart des autres femmes reçues jusqu’à présent. Emilia sentit son souffle se couper et sa poitrine se presser en imaginant l’une de ces vieilles femmes la chaperonner sans cesse. Impossible. Elle ne pouvait pas se résigner à baisser les bras et accepter, une fois de plus, que l’on décide à sa place de ce qui serait mieux pour elle.
Nous vous remercions pour votre franchise. Votre honnêteté et votre détermination sont des qualités plus qu’appréciées.
Elle lança un ultime regard à la duchesse, un regard suppliant, désarmé, comme celui d’une enfant terrorisé que l’on jetait en pâture aux loups sans les armes nécessaires pour s’en sortir seule. Lorely Fitzroy, prise au piège par ses sentiments de Mère aimante, se leva avec grâce et bienveillance.
Bienvenue dans la famille Fitzroy, Mlle Mason. Vous commencez dès à présent et vous accompagnerez ma chère fille à la partie de chasse organisée prochainement par le Prince Octavian. Je compte sur vous pour que cette première apparition soit une réussite. Emilia, allez donc à l’étage avec cette jeune femme pour lui montrer vos appartements provisoire, votre garde robe est déjà installée. Sans doute pourrait-elle se charger de vos cheveux après ce long voyage ?
Si la situation avait été différente, si Emilia ne s'était pas sentit pas rongée par cette haine profonde contre ses parents qui l'écartait de la famille, sans doute l’aurait-elle embrassé chaleureusement d'accepter son choix. Elle se contenta d’un sourire timide, désormais devant le fait accompli. Nouer des liens, jauger le tempérament de sa nouvelle femme de chambre, voilà une tâche dont elle se serait volontiers passé.
Je vous en prie Mademoiselle Mason, montons à l’étage.
Avec élégance, pour satisfaire ses parents, elle s’extirpa du canapé dans lequel elle s’était enracinée depuis de longues heures pour rejoindre sa nouvelle chambre qu’elle utiliserait jusqu’à la prochaine Saison, avant de rejoindre la demeure Graham. L’endroit était somptueux, l’espace était vaste et deux grandes fenêtres illuminaient la pièce. La plupart des jeunes filles se seraient extasiée devant ce lit immense entouré d’un voile blanc délicat, devant cette penderie remplie de somptueuses robes mais elle, elle ne voyait qu’une chose ; une prison dorée, sans jardins, sans âme.
Sachez que je n’apprécie guère votre présence à mes côtés. Et que je n'ai nullement envie de participer à la prochaine Saison. Ma femme de chambre était formidable et je regrette qu’elle ne soit pas dans cette pièce.
Son ton était bien différent de celui employé jusqu’à présent à l’égard de la brunette assez timide. Elle était froide, pétrifiée par la peur de l’inconnu qui s'offrait à elle. Pourrait-elle, un jour, faire confiance à Amalia ? Elle le découvrirait rapidement !
Savez-vous monter à cheval Mlle Mason ? Vous devez absolument apprendre si ce n’est pas le cas. Les aimez vous, les chevaux ?
Éternelle vagabonde, la cadette appréciait par-dessus tout ses longues chevauchées, cette liberté volée sur le dos de cet animal qu’elle aimait tant.
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() / Sam 14 Jan - 0:38
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Alliance et manigances Ft. Emilia Fitzroy
“Show me Eternity, and I will show you Memory — Amalia avait ressentie un calme plat après sa réponse honnête, sur le fait qu'elle n'ait pas de recommandations, qu'elle n'ait travailler pour personne d'autre avant. Mais pour sa défense, il fallait bien commencer quelque part. Elle s'attendait donc à être remerciée et priée de quitter la pièce. La jeune femme s'adressa à elle, et Amalia inclina respectueusement son visage. Dans son esprit, elle se voyait déjà en train de se lever et de quitter la pièce, cherchant les mots qu'elle griffonnerait sur un papier pour dire à son frère qu'elle avait échouer.
“Je vous en prie”.
Commença t'elle avant que la Duchesse ne prenne la parole, Amalia s'attendant à recevoir le coup d'épée du destin.
“Merci infiniment. Je vous suis très reconnaissante et je me montrerais à la hauteur de vos attentes”.
Elle avait les joues roses, s'inclinant de nouveau, très heureuse d'avoir été choisie, envers et contre toute attente. Elle avait un travail, enfin. Elle pourrait faire quelque chose d'utile et aider sa famille. Une dernière fois, elle s'inclina respectueusement, avant de suivre la jeune Fitzroy qui l'enjoignait à monter à l'étage en sa compagnie.
En haut, le décor était splendide dans la chambre de la Fitzroy. Elle regardait autour d'elle. La jeune femme avait sembler la soutenir et en entendant ses mots, elle ne savait pas trop quoi en penser. Elle voulait simplement bien faire.
“J'en suis désolée, Ma Dame”.
Le ton était donné. La jeune femme ne l'appréciait guère. Probablement était-elle le choix le moins pire pour la dernière Fitzroy.
“Non, on ne monte pas à cheval d'où je viens, mais je n'ai rien contre eux.”.
Si Emilia avait un mal fou à se réjouir de cette nouvelle vie, de ce nouveau recrutement, elle sentit néanmoins les remords la gagner après ses paroles peu sympathiques à l’égard de celle qu’elle voyait comme une future alliée. Elle se leva délicatement avant de prendre place sur la chaise devant la coiffeuse, un endroit qu’elle devrait apprendre à tolérer tant elle devrait y passer du temps.
Il ne faudrait pas fâcher la Duchesse, c’est un redoutable dragon. Dit-elle, complice. Peut-être pourriez-vous arranger ma coiffure avant le dîner de ce soir ?
Face à elle-même, devant son propre reflet dans le miroir, Emilia sentit les larmes lui monter aux yeux. Qui était cette jeune femme qui se refletait à elle ? Son regard n’avait plus rien de charmant, bien trop résigné pour briller comme avant. Elle tourna la tête en direction de sa nouvelle femme de chambre, cherchant à se racheter de son odieux comportement car après-tout, elle n’y était pour rien.
Dites-m'en plus sur vous. Êtes vous mariée ? Comment êtes-vous arrivés à Londres ?
L’amitié ne pouvait pas se créer du jour au lendemain et pourtant, Emilia avait été immédiatement séduite par la douceur d’Amalia Mason, bien qu’elle ne souhaitait pas l’admettre, par respect pour Julia, son ancienne femme de chambre.
Puis-je vous poser une question ? Avez-vous entendu parler de moi, ici ? Soyez franche.
Inquiète, Emilia savait sa réputation ternie après ses rendez-vous secrets démasqués avec un simple garde. Plus que tout, elle redoutait d’avoir à affronter les regards accusateurs qui se dresseraient sur elle lors des prochains évènements mondains. Elle devait savoir. Savoir ce que l’on racontait à son sujet, pour s’armer de la meilleure des façons et ne pas tomber davantage en disgrâce. Car malgré tous ses efforts, sa vie était déjà écrite. Si elle ne parvenait pas à faire oublier les affreux commérages à son sujet qui laissaient planer un doute au sujet de sa pureté, elle devrait accepter d’épouser le premier venu. Qu’il soit vieux, bedonnant, ignorant, elle ne pourrait pas fuir indéfiniment ses responsabilités.
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() / Sam 21 Jan - 21:35
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Alliance et manigances Ft. Emilia Fitzroy
“Show me Eternity, and I will show you Memory — Amalia était dès à présent employée par les Fitzroy, en tant que domestique privilégiée de la jeune Emilia qui l'avait soutenue pendant l'entretien en présence du Duc et de la Duchesse. La jeune low cast fût donc assez décontenancée face au soudain changement d'attitude de la jeune femme à son égard. Elle venait tout juste de commencer à son service et ne savait pas encore comment réagir, autrement qu'en s'excusant de ne pas être la précédente femme de chambre de la jeune femme.
“Je ne puis me permettre de juger votre mère, la Duchesse, ma dame ! Je vais faire de mon mieux”.
Finit elle par annoncer en se plaçant juste derrière et en arrangeant sa coiffure, même si elle ne connaissait encore que très peu les coiffures à la mode au sein de l'aristocratie et de la noblesse londonienne. Dans le reflet du miroir, elle voyait son visage, ses yeux brillant, mais sans connaître ses tourments, elle ne pouvait guère être un soutien. Et puis, elles se connaissaient à peine. Amalia n'était pas sa confidente. Juste sa domestique. Amalia était plutôt réservée, alors elle ne voulait pas embêter la jeune femme avec sa vie.
“Non, je ne suis pas mariée. Je suis venue pour travailler parce que ma famille n'a pas beaucoup d'argent”.
Elle lui passait les détails. Amalia songeait que ça n'intéressait guère Emilia ses affaires de famille. Néanmoins, qu'elle lui demande ceci montrait qu'elle s'était radoucie avec la jeune domestique. Amalia acquiesce. Bien sûr, elle pouvait lui poser des questions.
“Non, Ma Dame. Je n'écoute pas les ragots et commérages, si c'était votre question”.
De toute façon, Amalia était une domestique. Et les nobles ne partageaient pas leurs secrets avec les domestiques, par peur qu'ils répandent ces rumeurs.
Sa nouvelle domestique était sur la réserve et Emilia peinait à briser sa carapace. Si la jeune Fitzroy n’accordait que peu d’importance aux titres, aux rangs et à toutes ces choses qui séparaient les gens dans des cases, les faits étaient pourtant là. Elle était assise sur une chaise en train de se faire coiffer alors que la jeune femme derrière elle n’était pas son égale, mais bien sa servante.
Sa rencontre avec sa dernière femme de chambre n’avait pas été bien différente. Des silences interminables, des phrases réfléchies pour ne pas s’attirer les foudres de la Duchesse de Lennox, des cases.. tout était si ressemblant. Et pourtant, avec le temps, elles avaient fini par être de véritables amies l’une pour l’autre. En serait-il de même avec Amalia ?
Elle semblait sincère et honnête, c’était déjà un bon point. A présent, il ne restait plus qu’à espérer que sa franchise ne passerait pas le pas de cette porte et qu’elle lui serait loyale plus qu’à sa mère pour couvrir ses bêtises à venir.
D’ici quelques semaines, nous allons quitter cet endroit pour rejoindre mon parrain, le futur Marquis de Graham. Lui et moi n’avons pas eu de vrais échanges depuis plusieurs années, mais je préfère vous avertir que c’est un homme strict et intransigeant. Puis-je espérer avoir votre soutien dans cette nouvelle épreuve ?
Le terme “épreuve” devait sembler bien fade pour la domestique qui avait sans doute dû avoir une vie bien plus rude que la sienne, mais Emilia redoutait cet instant, tout comme elle redoutait ceux à venir lors du premier bal de la Saison, sous le feu des projecteurs. Toutes ces mères carnassières qui ne manqueraient pas une si belle occasion de pouvoir colporter les ragots venus d’écosse avec elle, ces hommes sans intérêt qui complimenteraient le choix de sa tenue comme ceux de toutes les débutantes de la salle…
Avez-vous des rêves, Mademoiselle Mason ?
Une question osée pour une première discussion, mais qui tenait à coeur à la délicate Fitzroy.
Ps ; Je suis désolée, j'ai complétement loupé ta réponse ! N'hésite pas à me tagger sur la prochaine
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