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Les Chroniques de Londres
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Contre vents et marées. rhéa

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Message() / Lun 19 Déc - 23:22
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Après avoir vogué contre vents et marées pour rejoindre sa terre natale, Aidoneus posa le pied à Belfast à la suite de longues semaines sur un bateau de la compagnie des Indes. Un voyage long, difficile, éprouvant. Cela faisait plusieurs années que l'homme n'avait pas entreprit un tel voyage. Un mode vie adopté loin de la noblesse londonienne, sans prise de tête, les conventions balayées d'un revers de main, une tenue vestimentaire souvent décontractée, aucune manière. Et Adès l'avait apprécié, très largement apprécié. Il avait besoin d'oublier le passé, d'oublier les gens, les déceptions, les mensonges... Il avait essayé du moins. Tromper sa mémoire en consommant divers breuvages et autres opiacés. Tromper le temps qui s'écoule en travaillant d’arrache-pied pour faire fructifier son investissement. Couvert d'or et d'honneur l'homme était enfin prêt pour revenir affronter le passé. Son frère malade avait, dans ne longue lettre, quémander sa présence à ses côtés pour l'aider à gérer le domaine. La saison londonienne touchant à sa fin, il fallait préparer ce qu'il y avait à préparer pour passer l'hiver. Dans une seconde lettre sa jeune sœur et sa belle-mère renouvelèrent des inquiétudes appuyées.

Sans réfléchir, Adès prit les flots, prit la mer, sans penser à ce qu'il allait retrouver là bas... A qui il allait trouver. Un feu nourrit au creux de ses entrailles le guida dans le port de Belfast. La terre ferme enfin. Enfin... Un sol stable, un horizon qui ne se balance pas dans tout les sens, la nausée qui se dissipe à mesure que ses pas le guide à travers la foule irlandaise. Avançant prudemment il retrouva le majordome accompagné du cocher de son ainé qui a fait le chemin jusqu'à lui pour venir le cueillir au port. Un sourire mince, mais aussi furtif que discret, s'afficha sur son visage blafard.

- Monsieur Campbell. Le salua poliment Aidoneus en arrivant à son niveau. L'homme s'inclina légèrement et ouvrit la porte de la voiture hippomobile qui le conduirait jusqu'à Baron's Court, le château familial.
il fallait encore quelques longues heures de voiture avant d'atteindre la demeure. Ils atteignirent finalement le domaine, en tout début de soirée, le soleil embrassant lentement l'horizon.

Aidoneus s'échappa rapidement de la voiture les derrière engourdi par des heures passées à attendre son arrivée. Il redécouvrit après de longues années sa maison, celle de sa famille du moins... celle de son père surtout. Pas un sourire à cette vue. Adès afficha une mine fermée mais déterminée.

- Monsieur Campbell, faites porter mes affaires dans la dépendance, c'est là bas que je logerai.

- Très bien monsieur, je vais demander aux femmes de chambre de vous allumer un feu et de préparer la chambre.

- Bien.

La dépendance n'était pas forcément le lieu le plus hospitalier de la résidence Baron, mais elle avait le mérite de le tenir quelques peut éloigné du batiment principal qui était devenue la résidence de son frère, et donc il n'avait nullement le désir de prendre la place. Il savait de surcroit qu'il n'y logeait pas seul. Son ainé avait prit épouse peu après son départ pour les Indes orientales, et ce choix avait quelque peu... heurté Adès.

D'un pas hésitant mais finalement décidé l'homme gravit les quelques marches qui le menaient à la porte d'entrée qui s'ouvrit devant lui. Il ne savait pas qui il allait trouver derrière mais il était déterminé à surtout quérir l'état de santé de son frère.


@Rhéa Hamilton  
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Message() / Mer 21 Déc - 0:12
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L’intersaison. Sonne le glas de ses vacances, sonne le glas de sa liberté. Quand tout le monde rentre chez soi. Qu’est ce que ton chez toi, Rhéa ? Des ruines, assurément. Elle marche sur des ruines. Déchue, déçue, la Duchesse n’est presque plus. Ne reste que les ombres et les ténèbres. Ces murs pèsent. Barons Court L’idéal, comme gigantesque. L’idéal presque grotesque. C’était trop beau, c’était trop gros. Les relents sont violents quand ils arriment en dedans, quand ils accrochent la gorge. Cette amertume tenace gisant dans le creux de son ventre, de ses entrailles sans jamais s’en aller. Les pensées tergiversent bien trop longuement avec des “Et si…”. Plongée dans les regrets, Rhéa se noie. Elle se laisse emporter vers l'incertain et l’inquiétant, les chaînes la lestant dans les fonds sans fin. Elle semble s'étouffer dans ses eaux impitoyables sans pouvoir reprendre un souffle ou une bouffée d’air.

Et si…

Et si cela avait été toi et moi plutôt que lui. Peut-être ne viendrait-elle pas de se prendre se revers de main maladroit et faiblard. Son retour de Londres n’avait pas été des plus serein et encore moins son arrivée à Barons. Dressant le menton face à l’adversité, elle se cache sous de faux airs lorsque vient la femme de chambre s’enquêrir de son état avec une inquiétude sincère. La joue légèrement rougie, les larmes au bord des yeux, Rhéa ne plie pas et laisse la rage gagner son être au côté de cette résilience qui ne lui plaît guère mais qui, comme toute cette vie, est devenue son double, sa complémentarité.

Lorsque la pièce se vide cependant, les genoux tremblent et les jambes s’affaissent, fléchissent sous le poids de ces derniers événements. La gorge expire un râle de cette rage bien trop invasive. La paume rencontre le front, et les pieds foulent le sol avec cet entrain porté par les nerfs. Le mâle n’est qu’un animal perdu, tentant de se redresser avec le peu de fierté et de dignité qu’il lui reste, mordant dans la moindre occasion, dans la moindre folie et complaisance pour se sentir encore un peu puissant. La rousse porte finalement la main sur son ventre, se calmant. Inspiration, expiration. La Duchesse se doit de tenir, tenir avec ce qu’il reste, tenir avec les restes. Tremblante, elle échoue sur son lit désespérément vide depuis plusieurs mois si ce n’est quelques années.

Et si ça avait été toi… Les étreintes oubliées la veille, retrouvées le lendemain. Chaleur vivifiante, les tremblements des sanglots remplacés par les tremblements de cette passion dévorante. Mais tu ne m’étais pas destiné, tu l’étais pour cette liberté dont tu étais le prêtre dévoué. Ce n’est pas toi et cela ne le sera jamais. Jamais toi. Jamais nous. Les mers et les années bouffées par les regrets séparent les âmes. L’abandon. Tu as préféré une autre voie que la nôtre. J’ignore si je t’en veux encore.

Après tout… Au point, où nous en sommes ?


Et puis, les employés annoncent finalement que l’état du Duc devient de plus en plus alarmant. Monsieur Campbell en vient à quérir les demandes du Duc. Et lorsqu’il réclame la présence express de son frère cadet arrivé au port, Rhéa s’efface de l’antre du mâle s’éloignant de la porte, se dirigeant vers la cuisine après plusieurs minutes d’une perdition sans nom.

Le corps monte l’escalier avec cet automatisme fébrile. Le Duc bavarde, se perd, grogne, ça tangue entre idioties et inepties. Hésitante, le dos puis la tête de la rousse rencontrent le mur. Un soupir puis cette éternelle tension qui lui tord son estomac. Prenant son courage, et ce qui lui reste sous le bras dont ce verre d’eau entre ses doigts, elle s’immisce dans la chambre.

L’erreur fut d’apercevoir l’amante dans le coin de la pièce, couvant le Duc d’un regard faussement inquiet, presque absent. Les bras croisés, la main agite un éventail, chasse la chaleur ou la brasse, comme les diverses effluves de cette chambre si longtemps fermée. Une grimace anime le visage de la rousse qui porte finalement sa main vers ses narines. L’odeur n’est pas forte au point d’en vomir, mais cela soulève suffisamment le cœur de la Duchesse en perdition et en proie à ses monstres.

”- Que venez vous faire ici ?” s’insurge le Duc. La main de l’autre s’abat sur la main de Rhéa, la faisant lâcher le verre sous le poids de l’acte. ”- Vous n’avez pas été là ces deux dernières semaines et vous osez vous présenter dans cette chambre où vous n’êtes plus la bienvenue ?” Il dresse le menton et tousse finalement. Les bris de verre scintillent sur le sol ”- Je voulais être bienveillante mais je vois que votre nouvelle conquête s’en charge très bien”

”- Taisez vous !” ça claque dans les airs, ça tranche. ”- Au moins est elle à même de me procurer un fils, et de me satisfaire. Contrairement à vous !” C’est alors que les souvenirs bouillonnent, cette haine, ce vide qui la prend et l’emporte. Cet enfant qu’elle n’aura jamais, qu’on lui refuse, que son corps ne lui permet pas. ”- Vous n’y connaissez rien à la satisfaction, votre grâce

Elle se détourne alors, s’éloignant du lit qu’elle partageait jadis avec cet époux qui lui hurle à présent dessus de sortir immédiatement de cette chambre maudite. Maudite. Tu l’es Descendant désormais les marches de la demeure, Rhéa ne peut desserrer ses poings, ses phalanges blanchissent. Mais elle n’en a que faire, elle veut juste sortir de ce domaine gonflé par une fierté mal placée portée par une dignité ridicule.

“-Votre Grâce ? Monsieur le fr…” tente de prévenir Monsieur Campbell alors qu’elle ouvre la porte trop franchement pour être honnête, percutant doucement la personne sur le seuil. ”- Pardon… excusez-m…” Elle relève la tête rencontrant des iris jadis adorés. Elle recule vivement. ”- Aidoneus…? ” murmure t’elle. Une question, un pincement pour se rappeler que ce n’est point un rêve. Car ô combien j’ai rêvé que tu repasses cette fichue porte. C’est révolu tout ça, c’est mort avec tous les rêves et les désillusions. ”- Bienvenue à Barons Court, Monsieur, puisse les retrouvailles avec votre frère vous apporter apaisement et réconfort. Joie et tout ce qui s'en suit” Elle lui assène une révérence avant de se frayer un chemin entre le géant et la porte. Le bout des doigts se glisse dans sa chevelure pour en défaire les attaches, libérant les cheveux, les abandonnant au gré du vent. Par ce tic, elle les rattachera quand le calme la bercera, ou bien s’endormira t’elle dans le creux rassurant d’un boxe bien plus accueillant que cette maison.

Elle détale vers les écuries d’un pas pressé, ayant un grand besoin d’expirer cette frustration, cette rage nourrie par tant d’années de rêves cramés par les flammes des promesses puériles et fausses.



@Aidoneus Hamilton  
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Message() / Mer 21 Déc - 11:48
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Brusquement la porte s'ouvrir et apparemment ce n'était point pour accueillir Adès. Les deux corps, avec légèreté se percutèrent, avant de finalement se deviner et rapidement se toiser. Un frisson parcouru l'homme qui ne s'attendait pas à entrer en collision aussi rapidement avec Rhéa. Son nom effleura rapidement les lippes de la jeune femme, avant que leurs regards ne se croisent, Adès préférant la dévisager plutôt que de lui répondre. Un pas en arrière et la jeune femme lui présenta de façon très conventionnelle ses amabilités avant de lui faire une rapide référence et le contourner pour s'enfuir dans les bois. Le silence ne quitta point le sir qui se contenta seulement de la suivre du regard. Irréelle. Elle a tellement changé... L'homme ne saurait dire à cet instant si ces retrouvailles soudaines et particulièrement brèves étaient plaisantes... ou pas. Son esprit ne savait guère où se situer dans cette incartade maladroite, cet échange, qui n'en était finalement pas un. Pas un mot. Pas un souffle. Juste le regard d'un homme fatigué et déjà las des conventions anglaises.

La silhouette frêle de la jeune s'éloigna vers les écuries. Quelque chose n'allait probablement pas. Rhéa avait tellement changé, Adès la trouvait bien différente, moins rayonnantes... Pas quelle manquait de beauté, mais de lumière. Comme si la flamme qu'il avait vu s'épanouir des années plus tôt avait finit par vaciller et petit à petit s'éteindre sur le perron du château.

Un pincement de lèvre plus tard, Adès tourna les talons et pénétra l'entrée majestueuse du château. L'ambiance de cette maison n'avait finalement pas particulièrement évolué après cinq ans d'absence. Au contraire la baraque était clairement dans son jus, Adès, s'il avait été duc, aurait foutu un sacré coup de neuf à cette demeure qui n'était pourtant pas bien vieille.

Une seconde fois la porte s'ouvrit derrière lui et le majordome pénétra la maison pour faire savoir à Adès que ses affaires avaient été portées dans la dépendance. Il demanda alors :

- Voulez-vous que je prévienne monsieur le duc de votre arrivé ?

- Non merci, je vais m'en charger moi-même. Je suppose que sa grace est immobilisée dans sa chambre ?

- Oui monsieur.

Sourire piqué au bord des lippes, mince mais furtif, Adès prépara ses mots avant de gravir le grand escalier. Il se débarrassa avant de son manteau que Mr Campbell récupéra, et monta tranquillement l'escalier de pierre qui le mena jusqu'à l'étage. Toujours les mêmes tapisseries, les mêmes boiseries, les mêmes tableaux de famille, où étonnement il ne figurait sur aucun d'eux. Les mêmes odeurs, le même éclairage qui ne permettaient déjà plus à cette heure-ci, de se balader en-dehors de la pénombre. Quelques pas prudent et l'homme s'arrêta au niveau de la chambre de son père, la chambre du duc, devenant par conséquent celle de son frère. Quelques secondes d'arrêt avant d'y entrer sans ménagement.

- Votre grâce... jamais il avait encore eu l'occasion d'appeler son frère ainsi de vive voix.  Je suis revenu quérir votre état de santé... Mais dans le lit deux silhouettes semblaient fricoter l'une avec l'autre. Je constate en tout état de cause que votre santé ne semble pas si mal se porter.

- Comment osez vous entrez ici sans vous faire annoncer par le majordome ?

- Monsieur Campbell est occupé à installer mes appartements, excusez le de ce faux pas, mais je crois pouvoir au moins l'épargner de vos fricoteries dégoutantes. Adès garda un ton calme, des paroles mesurées et particulièrement polies, ce qui semblait rudement étonner son ainé.

- Allez vous en ! dit-il à sa maitresse qui se rhabilla fissa avant de déguerpir.

- Je comprends un peu mieux la mine déconfite de la duchesse... cela ne faisait plus aucun doute pour Adès, qui jugeait amèrement son frère sur ses basses manières en présence même de son épouse. L'ainé étouffa un rire malotru.

- Avez-vous fait bon voyage Aidoneus ? s'enquit-il comme si de rien n'était revêtant sa robe de chambre en sortant de son lit. Mais très vite l'homme fut freiné et prit d'une quinte de toux incontrôlable. Péniblement il marcha jusqu'à une vasque posée sur la commode et cracha du sang.

- Je vois... répondit Adès devant ce spectacle avilissant pour monsieur le Duc. Il semblerait plus convenable que nous terminions cette conversation demain. Aidoneus fit un pas en arrière prêt à refermer cette porte.

- Faisons comme cela alors. Je vais me reposer... conclu le duc en s'essuyant la bouche avec un linge blanc.

- Je veillerai de mon coté à ce que les putains de Belfast gardent les cuisses serrées jusque là... ajouta le cadet en claquant la porte.

Mâchoire serrée, Adès repartit d'un air décidé de cette chambre, de cet étage, de ce batiment qui devenait bien trop étouffant. Ca te fait mal... T'as du mal à le reconnaitre, t'as le souffle qui s'coupe, ta la gorge qui s'noue, et ça te bouffe de savoir que ce connard a pu se marier avec elle... elle... Ta rancune est puissante et pourtant tu n'as jamais souhaité qu'elle souffre ainsi. Embrassant à nouveau l'air frais, Adès prit une grande inspiration, une goulée d'oxygène inondant ses poumons, décomprimant un instant sa cage thoracique.

Il dénoua le nœud serrant son cou, déboutonnant quelque peu le haut de sa chemise.  Passé à l'arrière de la maison l'homme alla poser ses deux mains sur la balustrade qui enserrait une magnifique terrasse de pierre blanche et faisait face aux jardins du château. Quelques flammes éclairaient les bâtiments des domestiques qui s’afféraient pour préparer le repas pour le duc. de l'autre coté se trouvaient la dépendance accolée aux écuries. Un silence de mort régnait, Adès choisit alors de s'y rendre discrètement...

Il croisa d'ailleurs le palefrenier sur le retour qui venait de nourrir les bêtes, celui-ci se targua d'une révérence lorsqu'il arriva au niveau de l'homme, il semblait avoir quelque chose à lui dire.

- Sir Hamilton, madame la duchesse est allée dans les écuries, elle ne semble pas aller très bien... partageant ses inquiétudes avec Adès, le palefrenier semblait quelque peu bouleversé, et impuissant.

- Ne vous en faites pas, je vais aller voir sa grâce...

Et une petite révérence plus tard, le garçon d'écurie reprit son chemin laissant Adès reprendre le sien en direction es écuries. La rancœur accroché à l'âme, il n'oublia pas à quel point il avait pu souffrir du choix de cette femme, mais il ne résista pas à aller la retrouver, même si c'était pour la piquer au vif, lui rappeler qu'il n'avait pas oublié.

Le foin crissant légèrement sous ses pas feutrés, l'odeur des chevaux accrochant ses narines, la pénombre absorbant se silhouette à l'intérieur d'un box. Le corps de la duchesse se devina partiellement dans la pâle obscurité de l'endroit. Silencieux Adès l'observa un instant jusqu'à ce qu'elle réalise sa présence.

- Votre attitude inquiète le palefrenier... Vous devriez faire plus attention votre grâce, prévient Adès sur un ton cassant. Il n’ignore pas la peine que pouvait ressentir la jeune femme, mais il ne pouvait pas s'empêcher de manquer égoïstement de compassion envers elle.



@Rhéa Hamilton  
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Message() / Jeu 22 Déc - 0:09
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Qu’est ce au loin ? Ce grondement ? Est ce l’orage qui attend ? Est ce le coeur qui fait bourdonner les tympans ? La Duchesse s’échoue contre un mur de l’écurie, posant un regard sur la dépendance qui trouve chaleur et vie. Son corset la serre, ça la démange d’en délasser les lacets. Comme une cage de plus dans la prison. Ses yeux hagards oscillent entre les boxes, les montures et l’allée centrale. Elle angoisse, Rhéa, elle commence à paniquer, à réaliser. Réaliser qu’Aidoneus est bien rentré, et qu’il est là. Là pour son frère assurément, mais il est là. Le corps de la Dame, qui passe une nouvelle fois sa main dans sa chevelure, se tend et se décolle des pierres avant de tanguer vers l’avant.

Soudain, une voix inquiète perce le silence et ce calme retrouvé. Le palefrenier. “- Votre grâce… ? Vous allez bien … ?” Les mires luisent et glissent sur les traits de l’épouse en ruine. ”- Je…” Elle prend une profonde inspiration. ”Je vais bien, je vous remercie Ambrose… Je vous remercie pour votre inquiétude et votre attention. Je vais aller voir Xanthe.” Il la salue alors avec ce profond respect qui lui donne du baume au cœur, elle voudrait l’enlacer. Pourquoi ? Parce qu’elle a besoin d’un fichu contact chaleureux dans ce froid hostile et décadent. Le garçon s’éloigne, s’arrête cependant et se retourne. ”- Dommage qu’il ne soit pas doué de paroles ?”

Rhéa se fige et se retourne intriguée par cette connaissance du cheval d’Achille. Le sourire de l’employé est timide puis gêné, enfin moins assuré. Les lippes de la rousse s’étirent, le minois s’éclaircit. ”- En effet, dommage qu’il ne soit pas doué de parole. Remarquez cela n’est pas plus mal. Nous passerions notre temps à converser, vous seriez lassé.” L’homme attrape son béret, le faisant glisser de sa tête. ”- Loin de là, votre Grâce. Je serais intrigué d’en connaître les récits.” Froissant l’accessoire entre ses mains, il lui accorde une révérence poli. ”- Merci” La voix tremble mais gonflée de sincérité. Elle acquiesce d’un signe de tête avant de se retirer elle-même, séchant ses yeux d’un revers de main.

Les chaussures claquent au sol alors que Rhéa s’approche de son cheval. Elle le surprend la bouche pendante, tête vers le bas, plein repos. La cheville du postérieur arrière droit légèrement pliée, il semble être détendu. La tête de l’animal se redresse avec nonchalance lorsqu’il voit sa propriétaire entrer. Les oreilles s’agitent et se dressent, à l’écoute. La main offre une friandise, carotte choppée à la volée au détour d’une boîte. ”- Ne dis rien, je ne devrais pas.” La monture grignote avec appétit l’offrande puis renifle les mains puis les hanches de la Duchesse pour en trouver d’autres, guidé par cette gourmandise. ”- Je suis une idiote, Xan.” dit elle en posant une main sur la tête de l’intéressé puis son front.

La rousse soupire et ferme les yeux profitant de cette accalmie. La démarche trahit le silence qui change. La carcasse se redresse. Elle se doute, elle le sent. Elle reconnaît ses pas, elle les a entendus maintes fois sans jamais se lasser. A présent, elle les redoute. De quoi n'as tu pas peur, Rhéa ? Une ombre dans son dos, des paroles acérées. Tous crocs dehors. Elle sent les picotements parcourir son échine pour la bouffer d’un frisson, qu’elle tente de camoufler. Encore, les phalanges se serrent avec force. Les fibres de son corps entier se crispent. ”- Laissez moi donc.” assène t’elle, la petite chose blessée. ”- Vous savez le faire cela.” ajoute t’elle en un murmure adresser presque à son cheval. ”- Vous savez tous le faire… Me laisser”

Rhéa se détourne de son cheval pour sortir du boxe ”- Et gardez vos votre grâce et vos mots pour votre frère, lui ça fonctionne.” Le nez se dresse et ose. Les lignes se tendent vers l’homme. Un affront vain pour cette femme de petite taille face au géant. Mais elle ose parce que c’est lui, parce que c’est eux. La Déchue s’éloigne cependant, le froid la prend. La nuit tombe bien vite en ce soir d’été. Les flammes ondulent avec aisance, fendent l’obscurité et tentent d’éclairer les âmes damnées. Est ce un succès ? Ils n’allaient certainement pas tarder à venir les quérir pour passer à table. Mais Rhéa aurait plus envie de vomir plutôt que de remplir ce ventre qui se refuse de l’être. L’image de l’amant, du Duc et des actes fous. Ce coup. Par pensée soudaine, la main de la rouquine rejoint sa joue, pour en contrôler l’état, pour frotter, comme pour en effacer les traces qui sont certainement effacées depuis.

Elle rejoint le local à grain et ouvre une des boîtes pour y plonger une petite pelle en bois et remplir un seau. Le geste est assuré. Il ne devrait pas. Non. Ce n’est pas son travail. Mais quand on est délaissé, on s’occupe comme on peut. Les livres d’abord et quand cela ne suffit plus de se perdre dans la bibliothèque, les pas mènent aux jardins, aux écuries et près des enfants. Là où on l’attend, où on veut bien d’elle, où elle ne dérange personne. Là où elle n’empiète pas sur l’espace plus très vital de son époux qui trouve bien réconfort et satisfaction ailleurs. ”- Un odieux personnage…” se répète-t-elle en raclant nerveusement le grain, tout en posant une main sur le bord.

Soudain, ses pieds la lancent. Rhéa ronchonne, soupire et retire finalement ses chaussures, les balançant sans vergogne dans l’allée de l’écurie. ”- Une superbe invention ça aussi” Déambulant désormais pieds nus, elle tangue entre les étagères, dressées sur la pointe de ses peutons pour attraper une boîte contenant quelques herbes médicinales. Échec, elle recommence cependant la manœuvre bien décidée à obtenir ce qu’elle est venue chercher.

Spoiler:

@Aidoneus Hamilton  
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Message() / Jeu 22 Déc - 1:15
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Adès regarda sans ménagement la silhouette de la duchesse près du cheval. Les cheveux lâchés, les reflets mordorés soulignés par les quelques lanternes qui éclairaient le box. Son amour pour les chevaux ne s’était pas tari après tout ce temps, elle avait un contact vraiment simple avec eux, et ils le lui rendaient bien. Adès admirait cela, il aimait les chevaux, mais depuis son accident il s’en méfiait amèrement. Il sait pourtant que les affres de la guerre blessaient les animaux tout autant que les hommes, et qu’ils étaient des victimes collatérales inacceptables. Il avait du respect pour ces équidés qui restaient fidèles à leur maitre malgré ce qu’on leur faisait subir. Alors un peu de douceur, des friandises, une caresse, ces bêtes méritaient amplement l’amour de cette femme. Un amour qu’il n’aura jamais, un amour dont il a été défait, un amour qu’il ne méritera jamais. Pincé au cœur par ces pensées brutes, Adès croisa les bras et s’adossa au mur de bois derrière lui. La mine renfrognée, il n'oubliait pas (il en était d’ailleurs incapable) ce que la jeune femme avait pu lui faire subir. Et il ne se remettait pas complètement de cette trahison, cinq ans après… Il pensait avoir fait le tour de sa rancune, mais s’éloigner à des millions de kilomètres d’elle n’avait fait taire qu’un temps ses sentiments et son amertume. Il n’arrivait pas à oublier, non ça jamais. Et le fait de revenir ici, de l’affronter à nouveau le rappelle un peu trop violemment à ce qui le touche au plus profond. Lui qui a toujours prit l’habitude de se foutre d’à peu près tout. Finalement la seule chose qui ait un tant soit peu compté pour lui, c’était bien elle.

Il avait l’impression que leur historie s’était terminée hier, et se dit qu’en revenant ici il ferait probablement le deuil de cette relation passée. La voir évoluer comme épouse du duc lui suffirait peut-être à passer à autre chose… Mais ce n’était pas gagné. Comment peut-il faire venir cette putain dans la demeure de sa famille ? Mâchoire contractée à cette idée, Adès est perclus d’incompréhension… Il n’avait rien contre les filles de joie, il aimait profiter de la vie, et le mariage était clairement cette limite infranchissable pour lui car cela signifiait être fidèle. Bêtement ce concept raisonnait clairement à son esprit, car il sait qu’au fond de lui, marié, il ne pourrait se soustraire à cette promesse. C’est pour cela que le mariage à ses yeux était une option vaine…

La jeune femme piquée au vif ne tarda pas à lui répliquer de dégager de là avec toute la politesse qu’il se doit. Ce à quoi Adès sourit, elle n’allait certainement pas lui sauter dans les bras ou lui demander comment son voyage s’était passé ? Elle murmura des secrets à l’animal, des mots que l’homme n’arriva pas à deviner. – Je crains fort d’avoir fait une promesse à votre palefrenier votre grâce, répond-il en faisant mention du fait qu’il ne détournerait pas les talons avant de s’être assuré qu’elle allait bien… à sa manière.

Finalement la duchesse tourna les talons et sortit du box lui faisant face et le toisant de tout son long. Elle lui rétorqua amèrement de garder ses politesses débiles pour son frère, n’y étant pas elle-même particulièrement sensible, surtout si elles venaient de lui. Il répondit aussi sec : « Très bien… Votre grâce… » Un sourire machiavélique s’emparant de ses lippes.

Il la retrouvait bien là sa Rhéa : franche et directe, comme ils avaient toujours pris l’habitude de l’être l’un avec l’autre et en toutes circonstances. Même si les circonstances avaient bien changé. Il y avait un coté libérateur dans ces retrouvailles, car quelque part Adès la laissait toujours être elle-même sans la juger. Mais bien vite l’attitude de la belle changea, elle mouva un peu plus loin comme pour s’éloigner de lui, portant une main à sa joue. Joues qu’il devinait rosies dans la pénombre, l’homme ne se doutait pas que c’était bien plus qu’un chagrin lié à une simple tromperie. Bien qu’il ne cautionnât pas la chose, il ne se doutait pas que toute cette relation était totalement dysfonctionnelle. S’agitant finalement dans tous les sens, Aidoneus l’observa brasser le grain à donner aux chevaux. « Dites-moi… vous ne voudriez pas voler le travail de ce pauvre palefrenier si ? Une dame de votre rang ne devrait-elle pas… bouquiner ? » interrogea-t-il dans le but de la déstabiliser un peu plus. Mais elle ne lui accorda pas un regard elle préféra au contraire se débarrasser de ses pantoufles qu’Aidoneus vit voler devant lui, manquant de s’en prendre une dans la tronche. Spontanée… mais terriblement insaisissable. Elle restait elle… elle était toujours elle. Aidoneus sourit en repensant à sa Rhéa et se persuada que ce n’était pas la femme qui évoluait devant ses yeux.

Montée sur ses frêles pieds nus, elle essaya d’atteindre la boite pour les herbes médicinales. Boite placée bien trop haut pour elle. Accumulant les échecs d’atteindre ledit objet, Adès hésita. Il pourrait faire quelques pas prendre simplement la boite dans ses mains et la lui donner. Il pourrait. En théorie. Mais bien décidé à ne pas sortir de sa zone de confort et d’entrer dans la sienne, ce qui amènerait à une confusion insupportable pour lui, il ne bougea pas d’un iota. « Laisse le palefrenier faire son boulot… t’es pas à la hauteur, » balança-t-il sans une once de gentillesse, simplement bouffé par l’amertume.  Le regard franc mais fermé, l’homme ne s’aperçut même pas qu’il l’avait tutoyé, balayant d’un revers de main les conventions si solidement établies pourtant. Mais ainsi dites les paroles étaient encore plus incisives et il voulait en quelque sorte peiner la partie adverse. La rancœur collée au cœur, accrochée au corps, attachée à l’âme, il ne pouvait retenir ses maux, ses mots.

L’homme déglutit, mais maintint son regard ferme vers Rhéa. Il attendait, une réaction, un geste, une insulte, une claque quelque chose… n’importe quoi. Elle qui l’avait laissé partir sans un mot, elle qui n’avait jamais cherché à le retenir, elle qui en avait choisit un autre sans se soucier de ce que leur relation signifiait pour lui. Elle qui était tout, alors qu’il n’était rien. Bouffé par le ressentiment, Aidoneus préfère finalement tourner les talons et sortir des écuries, échapper à nouveau à cette atmosphère devenue trop étouffante pour lui. Ses mains posées de part et d’autre de l’entrebâillement de la porte, il respira à sans briser les poumons. Finalement il fit demi-tour et attrapa cette fichue boite. Posée fermement sur une étagère à sa hauteur, Adès se retient de lui accorder un seul regard. Mais l’inévitable se provoqua et les iris se transpercèrent…


@Rhéa Hamilton  
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Message() / Ven 23 Déc - 0:31
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Les paroles dans la tête, Rhéa marmonne, l’homme répond, l’homme insiste. Elle n’en attendait pas moins, non. S’attaquer, se piquer dans le vif. Trop de douleur, d’incompréhension, et ce cœur qui ne cesse de battre avec cette douleur lancinante. Dans sa poitrine, la Duchesse sent le palpitant s’agiter de manière folle. ça la secoue de soubresaut. Elle voudrait hurler, pleurer. L’orage va t’il tonner une bonne fois pour toute ? La patience se meurt avec ses rêves et ses chimères, la Dame ne peut refouler tant d’émotions. Et pourtant… Pourtant elle le fait, encouragée par la présence d’Aidoneus. C’est paradoxal mais réel. Elle ne peut craquer devant, non. Ce serait le galvaniser. Alors… Alors elle se contentera de piquer elle aussi, d’attiser les flammes de son tisonnier, et d’espérer que cela brûle ou que cela fasse mal. Il ne reste plus que ça. Le mal. La douleur et la solitude. Un trio d’exception pour une femme qui n’a de renom que son nom.

”- Une promesse … ? demande-t-elle en haussant un de ses sourcils. ”- Laissez tomber… Vous ne savez pas les tenir.” S’en allant donc dans son local. ”- Je vais donc vous faciliter la tâche. Je vous accorde ma bénédiction pour ne point vous inquiéter à mon sujet puisque de toute façon, il est clair que cela ne marchera pas” Elle crache sa vérité, sa rancune. Parce que c’est ainsi. C’est si froid, si hostile. ça fait si mal. Comme arracher des bandages par centaine sur une peau qui s’effrite. C’est tenace, c’est chargé. Car à chaque fois qu’elle pense à lui, ou qu’elle voit le Duc son époux… Elle réalise à quel point, elle s’est fourvoyée, ou s’est faite piéger. Elle ne sait plus vraiment. Rhéa est perdue et s’étale dans cette perdition sans fin qui est la sienne. Sa vie. Sa vie qui lui semblait si belle et qui ne ressemble à rien. Rien

Et quand la Duchesse s’affaire pour le grain, elle ignore et se contente de faire ce qu’elle a prévu d’accomplir et quand bien même ce qu’il lui dira. Les chaussures volent, pour toute réponse. Bien suffisant après tout. A quoi bon ? Cela ne mènera à rien… Rien… Encore et toujours rien… La vie est faite de grand rien dans le cas de Rhéa. Rien dans son cœur, rien dans son ventre, rien dans ce château, rien qui ne la maintient en vie ici. Enchainant les soupirs et les grognements, elle poursuit ce qu’elle était venue faire, comme un objectif à effectuer en ligne droite, sans jamais se déconcentrer, sans jamais se détourner. Et pourtant… Pourtant.

Cela suffit, ce fut trop pour l’homme, peut-être. Et alors que Rhéa tente d’attraper cette boite, s’obstine, n’abandonne point. Le mâle s’insinue dans son esprit comme une cravache claquerait sur la croupe d’un cheval bien trop réticent. Cela commence par le tutoiement. Sévère… Déstabilisant… Nous y voilà Le corps se fige dans une position inconfortable. Mais comme un choc, la rousse s’arrête et tourne finalement la tête, arrime son regard aux iris bleutées, acerbes, assassines presque. Les épaules se secouent d’un spasme, d’un soubresaut, d’un frisson et finalement se baissent. Pas à la hauteur… Même pour ça… Secouée, elle ne peut bouger, elle se contente de soutenir ces prunelles qui la jaugent, la pressent et la tuent. Il tourne les talons, s’éloigne. Encore.

Les jambes de Rhéa cèdent alors, cette sensation du sol se dérober sous ses pieds, c’est d’une idiotie. Tu ne devrais plus être touchée à force. Elle a chaud, elle a froid, elle inspire, expire comme si le souffle allait lui traverser les poumons. Les tensions grandissantes, explosives sont démoniaques, maléfiques, la rongeant de l’intérieur. Trop retenues, trop bafouées, trop cachées. Mais au fond, avait il tort ? A part le mariage, qu’avait elle accompli en 5 ans ? si ce n’est la distanciation avec son époux qui la renie comme la peste au profit de gourgandines ou de prétendantes opportunistes, guettant la place d’amante, de maîtresse. Était- ce allé trop loin ? Non… Les tremblements s’effacent un peu, alors Rhéa profite de ce calme à la fois soudain et mortel pour commencer à monter sur la table.

Les pas froissent encore le sol. La chevelure rousse ondule en tournant la tête. La Duchesse le voit alors se dessiner à nouveau. "- Aidoneus…” Murmure si faible. Elle tait ce nom pourtant, elle en serait presque soulagée. Soulagée qu’il revienne plus vite qu’il y a 5 ans. La carcasse se tend à ses côtés avec une facilité déconcertante, qui n’étonne point la déchue. La boîte rejoint son commun des mortels, elle acquiesce légèrement. Politesse oblige. L’erreur, accrocher les prunelles de son autre. L’horreur, s’y perdre un instant. L’ardeur, détruire ce moment. ”- A quoi bon être à la hauteur si les autres pensent, voire sont persuadés de l’être à ma place.” Elle contourne l’homme, retournant à son seau. Sous ses phalanges, la boîte s’ouvre et la main échoue dans les herbes pour en prendre une poignée et l’y déposer sur les grains. "- C'est sûr, tu es beaucoup mieux."

L’anse du seau entre les doigts, la Duchesse rejoint le boxe pour déverser le contenu dans l’auge de Xanthe. L’animal ne fait pas mine et se jette dessus avec allégresse. Le corps danse un peu, accorde une caresse à la bête. Et dans l’air chargé d’électricité, le ciel s’en charge à son tour, explose à l’unisson des âmes ou davantage. L’orage finit par sortir de ses gonds. C’est cela alors. Le sursaut fait tomber le saut. Et bien que les périodes de pluie sont parfois ses préférées, Rhéa s’est laissée surprendre. La tête se redresse, les narines inspirent. Les nerfs expirent. Les yeux finissent par se perdre, là-bas vers la forêt. Les lumières dansent, les éclairs illuminent, strillent l’horizon de ses parures argentées et blanches. Force brute, il n’y a que ça ici. Sans se rendre réellement compte, la Duchesse s’est avancée. Mais qu’espère t’elle ? Qu’une tempête l’emmène, que la pluie de déchaine ?

Les petons arrimés dans la terre, elle attend. Et alors que les premières gouttes atteignent sa main désormais paume vers les cieux, les paupières papillonnent. La tête se penche en arrière, les bras s’abaissent contre son corps et s’écarte un peu pour accueillir la rédemption ? non. La raison. Elle ignore alors tout, le brouhaha, et peut-être espérer ne pas entendre le reste. Les appels des autres pour rejoindre la demeure maudite, hantée par un mal, par un mâle voir deux.

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Message() / Ven 23 Déc - 22:13
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Une promesse… s’est-on déjà promis quelque chose Rhéa ? Pris par le doute, l’homme ne répondit pas aux accusations, aux insinuations de la jeune femme concernant sa loyauté. Il est vrai que leur passé était trouble, mais cela l’était bien au-delà d’eux. L’un comme l’autre ils étaient absolument loin de se douter de la vérité, de ce qui avait compromit leur relation, et contrairement à ce qu’ils imaginaient l’autre n’y était pour rien… Tant que la vérité n’éclatera pas, l’un comme l’autre restera dans le déni, à se détester de s’être sentis abandonnés. Le ressentiment berçant leurs mots était particulièrement puissant, très prégnant et inondait totalement cette conversation, cet échange qui ne voulait rien dire. Il n’y avait aucun but à cette rencontre, il n’y avait que le vide de leur myocarde qui se déversait tel le néant dans leurs âmes brisées. Aidoneus étouffa, ragea et fini par exploser.

Il revint à son niveau et posa cette fichue boite devant elle avant de se perdre dans un échange de regards intense, mais bref ponctué par la complainte de son autre. Il l’avait piquée au vif et elle répliqua avec la même intransigeance. Soulignant avec justesse la réalité des femmes de son rang, ce par quoi Adès ne passerait jamais : le doute. Personne ne doutait réellement de ses capacités en tant qu’homme, d’être incompris, de ne pas être à la hauteur. Et dans le cas de Rhéa les mots dépassèrent largement sa pensée. Jamais il ne l’a perçu comme quelqu’un qui n’était pas à la hauteur. Elle a d’ailleurs, et à jamais, été la seule qui fut à sa hauteur, voire même plus. Mais ça, l’homme se garda bien de le lui dire, préférant la faire se sentir mal pour ce qu’il avait subit par le passé.

Puis elle rajouta, qu’il était beaucoup mieux qu’elle. Mince sourire étirant les lippes masculines à l’écoute de ce compliment déguisé. A la hauteur ? Lui ? A la hauteur de quoi ? de qui ? sûrement pas elle… jamais il n’a été à la hauteur pour elle, et visiblement cela n’était pas prêt d’arrivé. Et ce n’était pas l’envie qui lui brulerait les lèvres, les membres… Les âmes se séparèrent à nouveau et la jeune femme se retira dans un box pour nourri l’animal. Encore une fois Aidoneus l’observa. La regarda faire sans rien dire, sans savoir quoi faire de plus. Comme une odeur dans l’air modifia l’ambiance. Le tonnerre se mit finalement à gronder, et le ciel s’assombrir plus que de mesure. Il avait quitté les pluies tropicales de Hong Kong pour retrouver les pluies automnales de l’Irlande, la seconde allant finalement à sa préférence. Un petit pincement au cœur lorsqu’il sentit les premières gouttes s’échouer sur le sol, percuter délicatement le toit en bois de l’écurie. Son pays lui avait particulièrement manqué. Cette ambiance, cette saison qui était sans conteste sa préférée.

Ne préférant pas insister l’homme se retira sans un mot et mit un pied hors du bâtiment abritant les chevaux. Mais il hésita entre rejoindre sa dépendance ou faire un saut vers les cuisines pour piquer deux trois choses à grignoter. Il ne voulait pas insister une seconde de plus de sa lourde présence auprès de celle qui était désormais son hôte. Il renonça à se montrer désagréable une seconde de plus, se doutant qu’ils n’en resteraient pas là tous les deux. Main dans les poches il observa les éclairs strier le ciel avec cette force brute qui n’appartient qu’aux terres d’Irlande, la forêt en toile de fond. C’est alors que sans prévenir, à pas de louve, la duchesse sortit des écuries et marcha pieds nus dans l’herbe fraiche et humide. Accueillant avec une certaine dévotion la pluie qui s’abattit de plus en plus fort sur elle, Adès la dévisagea, interloqué, encore un peu abrité. La pluie noya petit à petit le visage de Rhéa, trempa ses longs cheveux roux, et détrempa ses vêtements qui se collèrent petit à petit à sa peau d’albâtre. Il pouvait deviner les courbes de son corps, celui qu’il aurait aimé parcourir de ses caresses et de ses baisers, celui qu’il a tant aimé enlacer, posséder...

C’est alors que le palefrenier ainsi que certaines domestiques commencèrent à observer la scène de loin tentant de convaincre la duchesse totalement sourde à leurs appels de rentrer au chaud. Adès sortit de sa rêverie, cessant d’observer Rhéa comme une créature désirante, mais comme un petit chiot trempé par la pluie. Il alla vers elle et sans prévenir la souleva de terre l’emportant au plus proche à l’intérieur de la dépendance, faisant signe au passage aux éberlués qu’il allait s’occuper d’elle. Doucement, avec même trop de délicatesse pour un homme de sa stature, il déposa la douce au sol près de la cheminée qui avait été allumée pour lui. La dépendance était vétuste, accueillait un grand lit, des vieux tableaux, des bibliothèques remplies de livres poussiéreux et un bureau qui paraissait bien neuf pour cette pièce sans intérêt. Après l’avoir déposée devant la cheminée, l’homme s’éloigna d’elle. Il s’imaginait déjà tous les domestiques jaser à la vue de son geste, mais elle était une femme mariée, et il n’était que son beau-frère, rien de plus… Il préféra ainsi garder ses distances et ne pas se perdre dans un geste maladroit à son encontre.

« Tu ne devrais pas te montrer en spectacle comme ça devant tout le monde… »  prévint-il de façon froide et presque autoritaire. Mais il ajouta : « Ce n’est pas que cela me déplait de te voir ruminer sous la pluie… mais tu vas finir par tomber malade. »  Le tutoiement toujours, dans cet échange qui se privait de toute bonne manière et se parait tout autant de faux conseils. Il l’observa de dos, son corps commençant doucement à frissonner, elle observait les flammes danser dans la cheminée, silencieuse. Il attrapa alors une épaisse couverture pour venir la déposer sur ses frêles épaules, et l’enlacer de ses bras vigoureux pour venir la plaquer contre lui et faire taire les tremblements qui commençaient à déstabiliser ses membres.  Avec elle il observa les flammes, son menton posé sur sa tête. « Tu m’fais de la peine Hiddleston… »  la piqua-t-il comme au bon vieux temps…



@Rhéa Hamilton  
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Message() / Ven 30 Déc - 0:58
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La chaleur du sol s’évapore à mesure que la pluie s’écrase sur la terre irlandaise. Cela agit comme un seau d’eau froide sur sa carne trop étouffée par les mœurs, les manières incessantes, les parures de faux semblants, les douleurs insoutenables. Les frissons parcourent son échine sans vergogne, rongeant la chair. La chevelure rousse de Rhéa se fonce au contact de l’eau qui ne semble point se tarir. Et la Duchesse ne peut se résoudre à s’en cacher. Guettant les cieux, elle espère trouver un signe, une voie, une voix quelconque. Mais rien ne semble répondre à l’appel, rien de bien différent depuis ces cinq dernières années, si ce n’est l’arrivée d’Aidoneus. ça… ça c’était nouveau.

La tête s’incline, les paupières papillonnent sous la chute des gouttes. La toilette s’efface, elle sera la honte de son époux, comme habituellement, une fois de plus. Là au bras de leur invité de marque, pour l’accompagner à cette table qu’elle ne partage même plus avec le Duc, préférant ignorer sa présence jusqu’au bout, optant pour des repas partagés dans le creux de son lit avec une énième paire de cuisses. Tu réalises que tu es de ces paires, celles qui se couchent, qui s’écartent et qui ondulent, mais la seule chose qui te différencie des catins, c’est cette alliance que tu arbores à ton doigt.

La paume se lève devant son regard paumé dans ce ciel d’été. L’anneau ne luit point comme son âme et ses prunelles éteintes de cette fougue qu’elle détenait jadis. La bague orne sa main mais il n’y a pas de brillance, pas d’ardeur, pas d’envie. Plus d’envie d’être possédée par cet homme. Elle déglutit. Mourra-t-elle avec ce Duc qui ne veut pas d’elle infiniment ? Mourra-t-elle avec cette solitude dans le cœur et dans l’âme ? Mourra-t-elle ? Se défera-t-elle de cette union atroce ? Serait-ce demain ? Après-demain ? Dans un an ou deux ? Tu es si défraîchie et il est mieux sans toi, à quoi bon ? La société veut des femmes la capacité de perpétuer les Hommes, et laisse plein droit aux mâles. Que fais-je ici ?

Il est idiot de penser à la mort, mais la vie semble lui en vouloir et Rhéa se sent tellement coincée. Coincée dans cette torpeur dans laquelle elle s’est empêtrée, acceptant un destin qu’elle ne voulait faire sien, les pensées et le myocarde ailleurs. Avait-elle eu le choix ? L'aurait-elle eu ?

Les souvenirs la font tanguer. Au loin, le sourire d’une jeune rousse éprise d’un homme, d’un géant. Elle fait part de ses rêveries à ses parents. Les prétentions semblent correctes, et convenables pour une jeune lady qui ignore l’amour encore mais elle est certaine, l’homme si mystérieux, la rend fébrile. Il devient son centre d’attention, d’intérêts. L’esprit et le cœur portés vers lui, elle pense le connaître sans que ce soit le cas. Cela lui semble bien évident, ce serait lui. Au loin, le sourire d’un mâle, incomparable, indéniable, la fait chavirer, car il est presque rare. Rare par sa sincérité, cette vérité. Il y a des barrières qui ont cédé, des barrages qui se sont ouverts. Au loin, il y a eux. Il y a ceux. Et il y a mieux. Toi et moi

Mais nous nous sommes fourvoyés. Tu as préféré partir et on m’a promise à un autre. L’intérêt familial passant avant, je m'unirai à ton frère. Ce Duc bercé dans le faux, criant aux horreurs d’une vie que je n’ai point voulu. Et je le confesse, je pensais que la guérison et la rédemption passeraient par lui. Mais que l’on me condamne, que l’on me damne autant que l’on me maudisse encore… Je me suis davantage fourvoyée.

Soudain, ses pieds quittent le sol. Il n’y a pas d’attaches, plus d'amarrage, juste cette envolée. Ce corps en apesanteur, porté. Levant les yeux hagards, Rhéa le sait, le sent. Aidoneus. L'avait-on appelé avant que cela ne se produise ? Mh. La Duchesse se tait, ne dit mot quant à cette situation embarrassante, pour lui comme pour elle. La sensation est différente, elle porte, elle ramène une chaleur, mais une certaine nervosité… Nervosité ? Non, un soulagement coupable. Une culpabilité d’apprécier le contact, cette sorte de sauvetage. Elle fixe le chemin emprunté. L’homme les conduit à la dépendance, l’antre des invités. Toujours plus animée que sa chambre à coucher, elle flamboie et la réchauffe.

Adès la dépose doucement sur ses deux pieds nus et sales. Les paumes de la rousse quittent les bras en une caresse inconsciente. Elles glissent, accompagnant l’acte doux qu’il lui accorde. Geste qu’elle n’a point eu depuis un moment. La dernière fois fut avec Georgie et leur soirée beuverie, il y a bien une semaine. La Duchesse en a cruellement besoin et si cela était légitime, elle aurait insisté. Mais les monstres guettent, les ombres aussi, autant que les âmes qui ne veulent pas de mal mais qui n’auront pas le choix si on leur demande. L’amertume, la frustration à nouveau arriment son myocarde. C’est dur à accepter encore.

Les mirettes accrochées aux flammes, Rhéa ne semble pouvoir s’en retirer. Piège fatidique. La déchue ramène ses mains à son visage, balaie les gouttes d'eau qui perlent de ses cheveux. Les lippes s'entrouvrent, inspirent, expirent, puis finalement tremblottent. Encore, elle ne dit mot, ne confie ses maux. Il n’y a rien à dire, rien à penser, rien qui ne traduise la déchéance dans laquelle elle est. Le tutoiement de l’homme vient caresser ses oreilles. Le ton oscille désormais entre prévention, inquiétude et humour dosé. Danser sous la pluie pour te plaire, je l’aurai fait 100 fois fut un temps. Il ne s’agissait pas de plaire, mais de se complaire, se complaire dans cette agonie. C’est idiot, c’est enfantin de se comporter ainsi. Mais la désillusion autant que la frustration est un venin qui se répand comme une trainée de poudre, ou comme une traînée dans le lit de son époux. Elle ne répond, ni ne renchérit. Elle se contente du silence, ami délicat et souvent présent. Des tremblements incontrôlables viennent à la secouer. Une brise s’est infiltrée dans la bâtisse pour en atteindre le derme et les vêtements détrempés de la duchesse.

Sa prise se resserre sur ses bras, son corps se crispe, et tente de contenir le froid. La tentative semble vaine, jusqu’à ce qu’Aidoneus pose sur ses épaules une couverture bien épaisse. Le contact avec la brise se perd autant que la tête lorsque le frère du Duc se poste dans son dos, l’enlace et la garde contre lui. Menton sur le haut de son crâne, la jeune femme tangue sur ses jambes et ferme les yeux. L’instant est doux, presque trop. Dénotant avec les autres, dénotant avec ces autres, dénotant avec ceux de l’autre. C’est presque irréel. Si tu savais, Adès… Si tu savais combien je rêvais de cette étreinte, aussi petite soit elle. Elle est si salvatrice. Se raccrochant à la vie, à la réalité, Rhéa bouge avec légèreté la tête et son petit corps pour se caler un peu plus contre l’homme. Elle soupire, expire. ”Tu ne devrais pas…” Elle n’est pas convaincue elle-même. Mais personne ne s’était trop inquiété pour elle, hormis sa sœur et Georgie, les autres ne s'inquiètent que pour cet héritier qui tarde. ”Tu ne devrais pas te soucier… Là… ça peut te causer du tort… je ne serais pas un fardeaux” Et je ne saurais le supporter… Elle pense à cette étreinte, à ce que cela leur apporterait, elle pense à son époux qui pourrait entrer dans une certaine colère. Alors qu'au fond, il s'en contrefout. Non ? Non. Pourtant, elle est bien là, maintenant, elle n’insiste point, en désire des heures comme ce moment suspendu dans le temps. Elle tait ce souhait, tel un secret, tel une gène, une honte. C'était si simple et tout est devenue si compliqué. Nous étions nous, l'un pour l'autre, les vrais, sans artifices, sans rien, aucun. Nous transpirions la sincérité, une alchimie presque naturelle. Une... Une évidence.

Un instant qu’elle imagine une scène différente. Ils se sont courru après sous la pluie suite à un pari idiot. Les rires percent les flots, traversent les orages. Les mains attaquent, les baisers furtifs parcourent les joues. Cette course enfantine, ce serait terminée ici, autour d’un thé ou autre boisson, à grelotter sous les vêtements trempés, à rire encore, à échanger. Elle éternuerait, essuierait des “Je t’avais prévenue.” de son époux qui aurait été toi.

Sortant de son mutisme et de cette fantaisie, cette rêverie,  elle relève la tête en arrière, tente de se raccrocher au regard d'Adès et dit ”et puis je me soigne tu sais ?” Elle sourit avec légèreté, prête à faire cet aveux. ”Au prix de quelques bouteilles de la demeure Hamilton à Londres.” Rhéa repense à ces bouteilles vidées chez le Duc avec sa grande amie. Aucun regret, aucune culpabilité cette fois-ci. Elle déglutit, reprenant un sérieux bancale mais plus cohérent que ce regain de douceur et de convenances passées. ”Ne fais pas attention à moi… Tu as bien d’autres choses à te préoccuper, comme certainement d’autres aventures ?” Ce pour quoi tu es parti. Elle hausse les épaules. ”C’est comment le monde dehors ?” s’enquit elle, brisant un peu la glace, tentant un moment de répit. Répit qui pourrait la faire voyager. Répit qui la ramène vers ce sentiment d’abandon, de frustration et d’envie de l’autre inassouvie, mais irrattrapable. Un abandon de l’autre, comme répulsif. Un abandon de l’autre presque abrasif. Serions-nous à jamais perdu ? Livrés à ce que nous sommes devenus, face à nos démons, nos ombres, nos choix, nos obligations. Serions-nous à jamais dépourvu de ces sensations qui jadis nous menaient ? Allons-nous perdre tout ce que nous sommes jusqu’à ce que la mort nous prenne ?


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@Aidoneus Hamilton  
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Message() / Sam 21 Jan - 16:08
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Les flammes dansant dans leurs prunelles, les deux anciens amoureux admirent le feu de cheminée dans un silence léger. Rien entre eux n'aurait pu donner l'impression qu'ils possédaient un passif lourd imprimé de colère et de ressentiment. Des émotions à peine atténuées par le temps qui avait coulé sous les ponts. Finalement la rousse brisa le silence, les rappelant brutalement à leur vie morne loin de ce qu'ils auraient chacun désiré. La douce chercha à réprimer en Adès l'envie e se soucier d'elle. Refusant d'être un fardeau pour lui, elle le rappela simplement à la réalité celle d'un gentleman célibataire en posture compromettante. Non il ne devrait pas se soucier... Il devrait la laisser s'abandonner à une infinie dépression, celle qui creuse un peu plus en elle les sillons d'un désespoir inéluctable.

Il savait qu'il devait se détacher d'elle, bien qu'il la sente se presser contre sa poitrine. S'arracher à elle, à eux, s'oublier pour mieux se reconstruire ? Impossible... En lui s'éveillait l'impression de revivre un souvenir disparu. De sentir mourir, au creux de ses tripes, la passion d'un  amour oublié, de se perdre dans ses filets, dans les méandres de sa mémoire.

A jamais il s'était donné, il s'était doté de l'intime conviction, et ce dès leur première rencontre, qu'il l'épouserai. Elle. Seulement elle et aucune autre. Des l'instant où leurs regards se sont croisés il s'était fait la promesse qu'elle était la seule qu'il épouserai. Et à défaut, à jamais, il embrasserai la solitude qu'elle laisserait derrière elle, et à jamais il l'attendrai si cela pouvait être encore possible. Et jusqu'à ce jour, là devant cette cheminée, cette promesse fut tenue.

Rhéa était si proche mais à la fois tellement éloignée de lui. Il l'avait rien que pour lui, mais comme le fruit défendu il se retenait avec tant de force de succomber à son aura. Il était perdu. Las. Elle ne lui appartenait pas et probablement ne serait jamais sienne. Mais en lui se nourrissait un espoir, infime, mais étrange que tout n'était pas finit entre eux. Et que s'ils se retrouvaient aujourd'hui, c'était que quelque chose devait arriver... Perdu, à jamais perdu.. Pourquoi chercher toujours à nourrir plus d'espoir impossible ? Pourquoi son âme quémandait la sienne, avec une ardeur insoutenable, qu'il était quasiment impossible pour lui de renoncer ? Pourquoi le mettait-elle au défi, à peine eut-il posé le pied dans sa demeure ?

Il la haïssait presque autant qu'il pouvait se haïr lui-même de ressentir à son égard un amour inconditionnel. Ressentiment puissamment ancré en lui. Il la haïssait de l'avoir éconduit, pensant n'être jamais capable de lui accorder un seul pardon, et pourtant... Pourtant il pourrait tout pour elle, et il le savait.

« Tu n'es pas un fardeau. » Répondit-il sans plus d'artifice, le visage neutre, le regard absent. Et quiconque penserait le contraire ne te mérite pas. Pensa-t-il sans pouvoir lui exprimer de vive voix. Le silence berçait à nouveau l'instant suspendu dans le temps, et Adès se retenait encore et plus fort de ne pas lui succomber de lui avouer tout ce qu'il avait sur le cœur. Se mordant l'intérieur des joues il retenait en lui sa spontanéité sa soif de bouffer l'instant à pleines dents.

Finalement le moment se brisa, faisant s'échouer la tornade qui s'éveillait en lui, Rhéa tourna la tête essayant d'agripper son regard, de détendre l'atmosphère par un trait d'humour. Un rictus déforma à peine les lippes d'Aidoneus. Préférant relâcher sa prise, s'éloigner de quelques pas il laissa Rhéa face à la cheminée. Visiblement la jeune femme avait trouvé du réconfort dans la boisson, cela aurait pu faire sourire l'homme, l'amuser même. Dans d'autres circonstances ils en auraient même rit. C'était même certain, car ils y a toujours eu entre eux une certaine complicité...

S'attardant à la fenêtre, maitrisant ses ardeurs insoutenable, Adès observa la pluie tomber, battre le sol avec vigueur. Il ne répliqua pas à Rhéa quant à son attrait pour les vieilles bouteilles de son père. Elle lui demanda encore de ne pas faire attention à elle, ce par quoi il répondit simplement par son évitement, son éloignement. Rhéa s'interrogea sur ses aventures, sur le monde et sa teneur.

Il aurait pu lui répondre que sans elle il n'avait pas la moindre saveur, il se contenta de grommeler simplement :
« Les aventures ne sont pas aussi plaisantes qu'elles semblent être. »

La froideur extrême qui parcouru la pièce, aurait même pu geler le feu qui animait l'âtre. Aidoneus redevenait Aidoneus, tout du moins l'homme exaspérant qu'il se forçait d'être en sa présence.
« Je n'ai pas l'intention de repartir pour l'instant. J'espère que Abercorn ne souffrira pas de ma présence, mais ma sœur m'a écrit et le duc ne semble pas être en bonne santé. »

Balayant sèchement d'un revers de main l'instant suspendu qui venait de bercer leurs âmes esseulées, Aidoneus reprit les amabilités comme si de rien n'était, ne lui accordant plus aucun regard. L’œil fixé sur le domaine assombrit par les nuages et la pluie, il affichait une physionomie sévère. Sans prévenir il fit volte face et attrapa une veste plus épaisse pour se protéger de la pluie.

« Je vais aller chercher la femme de chambre, ma présence ici est clairement inconvenante et je crois devoir m'éviter d'attenter à votre réputation. » Regard froid mais particulièrement perçant, il s'égara un instant dans celui de Rhéa, plongeant dans ses abimes hurlant de désespoir...


@Rhéa Hamilton  
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Message() / Mer 1 Fév - 23:25
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La pluie se fait entendre à l’extérieur. Les gouttes s’éclatent au sol sans s’arrêter, violent torrent, tempétueuse nuée d’eaux tentant de laver les maux terrestres. Il est vain l’espoir, vain l’espoir que tout redevienne comme avant. Vain l’espoir de goûter à un bonheur lointain. Vain l’espoir de se faire bercer par l’amour dans la plus pure de ses formes. Pourtant, lorsque Rhéa se retrouve lovée contre Adès, elle pense que tout est finalement possible, tout est palpable, tangible. Les battements du cœur du frère du Duc l’anime, l’apaise. C’est comme une berceuse au creux de son oreille. L’homme fut son double, son âme sœur, cette idylle, cette pensée invasive. Il y a cinq ans, Aidoneus occupait son encéphale, là bien au centre, là, bien à sa place. Sa place. Parce qu’elle est certaine, Rhéa. Elle est certaine que si cela avait été quelqu’un, cela aurait été lui et non son actuel époux.

Mais le destin est vil, le destin jubile des jeux qu’il assène aux âmes tourmentées. Il n’aime point l’évidence et préfère l’éloigner. La Duchesse en dérive, elle n’est presque plus que l’ombre d'elle-même, accusant le coup et les assauts du mâle en perdition. Elle ignore si en cet instant, elle pleure ou bien est-ce la pluie qui lui coule encore sur le visage. Ce qu’elle sait, c’est que sa carne détrempée semble de réchauffer contre Aidoneus. Les frissons s’effacent de son derme. La rousse soupire d’aise un instant, c’est discret, presque inaudible. Mais cela se ressent dans sa posture qui se relâche et se détend.

Il lui faisait cet effet là, Adès… Il lui faisait cet effet là, lorsqu’elle n’était pas rongée par la frustration et la colère. Il lui faisait cet effet là, lorsque les sentiments les animent, les font vibrer. Dans un moment d’évasion, elle s’imagine redresser la tête, tendre ses phalanges pour attraper les pans de sa chemise et de tirer l’homme vers elle. Elle s’imagine les lippes soudainement posées sur les siennes. Son coeur bat la chamade, juste à cette idée. A l’idée de vivre un moment sincère et de fougue. Son palpitant s’évade juste à cette idée. A l’idée de vivre un moment intense et véritable. Son échine se tend alors, se fige face à ses pensées vagabondes et d’une chaleur sans nom.

Elle les tait, alors. Elle les tait avec ses utopies idiotes. Les joues s’empourprent. Elle est comme une jeune débutante songeant à des échanges inconvenants avec le genre opposé. Les paroles tuent les songes, les confessions, les dires effacent les rêves et ancrent à la réalité. Réalité qui est toute autre. Fardeau. Si tu savais, Aidoneus. Tu ne te doutes que d’un soupçon de ce qu’il se passe dans le cœur défoncé de ce foyer immonde.

Cependant, il répond à sa question sans en apporter de détail, il ne semble pas vouloir s’étaler. Tu n’es plus cette confidente, peut-être es tu cette petite chose brisée sans plus d’intérêt.

La saveur de l’instant tourne. Le froid parcourt de nouveau la ligne de son dos. Rhéa ressent le contact de sa robe trempée contre sa peau. Son esprit se retrouve baigné de ses peurs, de ses angoisses et de cet univers qu’est désormais le sien. Les yeux s’arondissent. Non… Non… S’il te plait… Ne pars pas. N’enlève pas cette chaleur de tes paroles, de cet instant. La carcasse se fige autant que le cœur. Le myocarde s’agite d’une autre manière à présent. Le stress emporte soudainement Rhéa qui hésite entre resserrer sa prise ou tout relâcher dans une abandon défaitiste. Elle ne dit rien, jusqu’à ce qu’Adès s’écarte.

La Duchesse se sent perdue, seule. La fraîcheur ambiante l’enveloppe et les dires de l’homme l’achève. Les lippes tremblent, les prunelles s’amorcent et se bouffent. Les phalanges se serrent et blanchissent. Les flots des maux roulent sous la peau de la rousse dont l’orage gronde en son sein. Je n’en peux plus… ”- Ma réputation ?” Elle ne comprend plus, elle arque les sourcils, le regard se vide. Son âme semble avoir quitté l’antre. ”- Mon dieu… Mais… Aidoneus…” La couverture tombe au sol en un bruit sourd. ”- Tu es un idiot !” Elle dresse le museau. Ce sont des larmes qu’elle sent, elle en est certaine. ”- Que crois tu qu’il me reste, Adès ?” Ne lui laissant aucun instant, elle retorque ”- Hein ?” Elle s’avance alors le toisant d’en bas. ”- Que crois qu’il reste à une épouse rejetée et incapable d’enfanter ?” Elle prend le temps d’une inspiration. ”- Tu as profité d’une liberté, fuis pour l’aventure.” Il n’y a plus rien de reconnaissable sur son visage bouffé par toutes les noirceurs de ces dernières années. ”- Si tu veux fuir là, fais le comme tu le fais d’habitude. Ne prends pas pour excuse, la convenance, et ma soit-disante réputation pour te retirer. Fais-le c’est tout !  Je n’ai plus rien à perdre.”

Les paumes finissent par rencontrer le corps du mâle avec force, et violence fatiguée. Les poings frappent finalement le thorax. Petite puissance pour une petite Duchesse. ”- Laisse moi, vraiment ! Ne me sauve pas de la pluie, ne m’emmène pas ici. Ne joue avec avec mon cœur, car venant de toi c’est trop pour moi. La dernière poussée la fait reculer. ”- C’en est assez…” Les pieds s’ancrent difficilement au sol avant de prendre la direction de la porte.



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Message() / Ven 3 Fév - 22:10
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L'échine se tendit, les muscles se crispèrent, la situation devint instantanément épineuse. Il ne put s'empêcher de tout balayer d'un revers d'une main, voir même des deux, tout exploser tout envoyer valser. Car c'était trop dur, trop violent de la prendre à nouveau dans ses bras. C'était trop ardu, trop effrayant de la sentir aussi près de lui et de vouloir sans lui demander son avis, lui arracher un baiser des plus torride. T'as beau retourner le problème dans tous les sens, il n'y a pas d'issue viable. Tu le sens, et ça t'obsède cette attirance que t'as pour elle. Mais tu sais que c'est impossible, pour vous. A jamais ça le saura, car tu as renoncé à tout lorsque t'as appris pour eux. Tu t'es jamais battu, et tu le sais. C'est trop tard, alors accepte, et fuis le plus loin possible...

Ça bouillonnait dans son esprit, ça lui bouffait les tripes. Aidonéus évitait d'y repenser, il éloignait toutes les pensées qui lui était associées, et parfois lorsque cela devenait insoutenable il prenait ce qu'il fallait pour le faire oublier... Lui tournant le dos, observant ses gouttes qui battaient le sol à une allure folle, Aidoneus fuyait désespérément le problème. Elle. Elle. Rhéa n'était plus la solution mais un problème, son problème, quelque chose dont il n'arrivait pas à se défaire, et qui le gangrénait jusqu'à la moelle. Ce caillou coincé dans sa chaussure et qui faisait brutalement surface dans sa vie. Sauf que tu es plutôt celui qui vient bouleverser la sienne...

Après avoir tourné les talons, il s'était saisi d'une veste et fut prêt à quitter la pièce, sans oublier au passage de lui notifier qu'il allait rapidement chercher quelqu'un pour ne pas rester une seconde de plus seul avec elle. Mais Rhéa s'était retournée, et dangereusement leurs regards, à nouveaux se sont croisés. Dans ses iris se devinaient la tristesse, mais surtout une colère grandissante. Il avait le don de la faire sortir de ses gonds. Il avait ce don incroyable de faire ressortir chez les gens tout ce qu'ils enfouissaient inconsciemment.

La belle implosa, explosa. Dans une noirceur, qu'il ne lui connaissait pas, la jeune femme, lasse, lui assèna ses quatre vérités. Menteur... tu n'es qu'un menteur. Tu lui mens autant que tu te mens à toi même. Rhéa fulminait, et après avoir délié sa langue, d'avoir craché en elle tout le ressentiment que son âme pouvait contenir envers lui, les poings se serrèrent et frappèrent le torse brute du mâle. La couverture délaissée sur le sol, la jeune femme avait si froid, mais sa colère lui fit rapidement oublier ce détail.

Et dans un silence absolu, Aidoneus la regarda. De marbre, froid comme la glace, il ne réagit pas. Ni à ses mots, ni à ses larmes, ni à ses poings. Il affichait une physionomie tout à fait stoïque, absolument implacable. C'est ce qu'il était, et ce qu'il sera toujours : un homme froid et fermé. Ce que tu te forçait d'être, surtout en sa présence, une promesse que tu as si peur de briser... Le rappelant à leur passé, l'incriminant de toujours fuir, il se mordit l'intérieur des joues, réprimant sa propre colère. La fuite est ta seconde nature, et tu le sais. La vérité t’assomme comme un coup de massue... La mâchoire était serrée, les pensées verrouillées, le cœur armé de son bouclier. Dans les pupilles se devinaient la terreur de voir en elle, de comprendre sa peur, sa douleur. Tout ce qu'il se refusait à affronter abattit sur lui avec une vigueur. Accompagnée du grondement de l'orage, la rancœur de Rhéa se déversa sur lui comme un torrent incontrôlable. Et subitement le silence, s'installa. Adès n'osa bouger, la dévisageant d'un regard inquiet. Mais aucun mot ne sortit. Aucune parole, aucun geste. Rien. Le néant le plus total, le plus sourd, le plus froid.

Rien. Il ne fit absolument plus rien, jusqu'à ce qu'elle se dirigea elle même vers la porte, l'homme tiqua. Se bouffant de plus belle l'intérieur des joues, il ne pu réprimer une seule seconde sa colère et sa noirceur. Et à son tour... dérapa.

L'attrapant par la main il l'attira avec lui à l'extérieur de la dépendance sous la pluie torrentielle. Les deux corps martelés par la pluie orageuse qui s'abattait sur le domaine, se firent face sous l'impulsion de l'homme qui se débarrassa au sol de la veste qu'il avait à peine revêtue, car trop serrée pour lui.

« C'est ce que tu veux ? C'est ça que tu veux ? » aboya-t-il en regardant son corps, son visage se noyer sous les torrents d'eau.

« T'as raison, je me contrefout pas mal de ta réputation ! » soulagea-t-il enfin sa conscience. Bravant la pluie, son corps se noyant autant que le sien sous la pluie battante.

Rhéa et Aidoneus se toisaient avec autant de force qu'ils pouvaient réprimer leurs envies inavouées... Pas un ne courba l'échine.

« Tu as fait un choix... Souviens-t-en... » dit-il, le cœur au bord des lèvres. Il n'aurait cru ce sentiment aussi puissamment ancré en lui. Il lui en voulait ! Si fort, si brutalement qu'il en devenait carrément odieux avec elle. Il l'avait ramenée dehors la sachant frigorifiée, il la malmenait d'autant plus qu'elle lui dévoilait toutes ses fragilités. Mais il ne pouvait s'en empêcher... C'était plus fort que lui, plus fort que tout... Il savait qu'elle souffrait, il savait qu'il l'enfonçait...

« Fais ce que tu veux ! T'as jamais eu besoin de moi... » un dernier regard, un dernier souffle et l'homme tourna les talons pour expier le plus loin d'elle, sa colère. Étouffant un cri de rage, ravalant les larmes qui lui bouffaient les yeux, il partit à grandes enjambées sans se retourner, sans réfléchir où il allait.


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Message() / Sam 4 Mar - 0:25
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Les semonces et les remords volent dans les airs lourds. La colère plane et s’engouffre dans le moindre interstice de la pièce rendant la situation étouffante. La gorge lui brûle et les yeux lui piquent. Les joues mordues par le froid se parent d’un rouge pigmenté par le blanc de sa peau. C'est insoutenable autant que c'est salvateur, libérateur. La frustration explose de tous ses pores, sur les murs, les sols et toutes les pièces. Elle s'accroche aux flammes que la Duchesse aurait aimé accueillir autrement. Elle a si froid, si froid. J'ai si froid si tu savais… Un instant elle pourrait capituler. Elle y songe, elle y pense. Mais elle renonce, elle renonce à tout encore et encore. Le coeur se serre. J’ai envie. J’ai envie si fort. Si fort de revenir en arrière. Au tout début. Là, lorsque nos myocardes transis et amoureux battaient à l’unisson. J’ai envie. J’ai envie si fort. Si fort que ta main enserre la mienne. Que ton sourire caresse mon âme, que tes lèvres bouleversent mes larmes. J’ai envie. J’ai envie si fort. Si fort que jadis soit présent, que le passé soit maintenant. Avant les déceptions et les désillusions.

Elle renonce. Elle renonce à ce rêve irréaliste, irréalisable. Perdu, tout est perdu. Pour toujours et à jamais. Les poings rencontrent les tissus du mâle qui ne bronche pas, qui ne dit mot, qui réprime ses maux. Cela ne sert à rien, tout est vain. Alors Rhéa s’en va. Elle se retire car là est son objectif, là est son chemin. Recrachée par les hommes de sa vie, réprimée jusqu’au coin le plus reculé. Ainsi, Rhéa est condamnée à errer seule dans ces murs, ses contrées avec l’allure égale à un fantôme. L’âme désemparée accrochée au
derme, elle est destinée à n’être que l’ombre d’elle-même.

Soit. Soit. Ainsi soit il Acceptant son destin bien scellé, elle n’attend plus, se détache et se dirige vers la porte. Posant la main sur la poignée, Rhéa inspire. Inspiration soudainement coupée par la prise qui se referme autour de son poignet. Ce sont désormais des prunelles surprises et inquiètes qui se posent sur l’homme qui l’entraîne à l’extérieur. Alors qu’ils passent la porte, alors qu’il braille aux quatre vents, la Duchesse le fixe, se fige. Elle a dû oublier de respirer. Une réaction de lui, mais une réaction qui en rappelle d’autres. Il la lâche et la voilà désarçonnée. Les phalanges enserrent l’avant bras comme une protection. Le regard est vague et vide. La rousse se sent idiote. Mais le sentiment ne dure qu’un temps, l’encéphale reprend le peu de contrôle qu’il lui reste pour redresser ce museau en berne.

Rhéa renforce cet accrochage. Il s’en contrefout. Bang, bang, Rhéa. Il fustige, l’homme, déverse son ressentiment. Mais au moins combien est il clair à ses yeux… Elle est belle et bien seule. Et à défaut d’être belle, elle est surtout seule. Les bras tombent contre son corps et les phalanges serrent en forme de poings ses petites mains. Blessée… Rhéa est blessée, et elle le sait, elle le sent, cela fait encore plus mal quand c’est Ades. Mais au moins… au moins… Les rêves et les cendres s’éteignent sans plus laisser de traces. Choix.

Ah les choix… elle murmure et assène “Sache que j’ai fait mes choix car tu m’as effacée avec les tiens” Aidoneus, d’un revers de main, a éradiqué les projets, les prémices d’un amour brûlant, fusionnel. Ô combien elle l’avait trouvé prévenant, ce charme naïf, inconscient. Il n’était pas dans les favoris, mais cela importait peu à Rhéa puisqu’il se trouvait dans les siens. Le sien. Dans son esprit, l’homme libre serait celui qui partagerait sa vie. Mais que nenni. Quelle douce ironie, quelle naïveté encore, d’avoir bien pu penser qu’il s’intéresserait à elle au-delà de ce désir de liberté qui l’a consumé dès lors et jusque ce jour. Il assène encore, ne s'éteint pas, Ades. Le frère du Baron fourmille, fulmine, expire une vérité autant qu’un mensonge avant de lâcher prise et de fuir.

Le myocarde en poussière, la cage thoracique au bord de l’extinction, Rhéa s’époumone et crie. Elle pousse un cri de rage. Le corps tourne sur lui-même avant d’exploser à son tour. “Ades !” elle s’apprête à renchérir “Ades… Je t’en prie ! … J’ai toujours eu…” On l’interrompt, la couvrant d’un gros manteau et d’une couverture. La Duchesse cesse et s’éteint, telle une bougie sur laquelle on souffle. J’ai toujours eu besoin de toi. Toujours, tout le temps. “Allons… cessez cette folie, votre grâce… Rentrez au chaud, vous allez tomber malade… Je vous en prie.” Lucy s’agite, agrippe avec plus de légèreté sa maîtresse. Rhéa quant à elle, regarde la silhouette d’Aidoneus s’éloigner et cette envie instantanée de le rejoindre. “Lucy… J’ai toujours eu besoin de lui. J’ai besoin de lui…” Les larmes se confondent avec les gouttes d’eau. C’est trop. Beaucoup trop. C’est idiot, c’est bête, c’est beaucoup trop bête. “Je sais, votre grâce.” répond la servante en posant son front contre la tête de la rousse et en la serrant contre elle. “J’ai mal…” confesse t’elle. Et c’est un regard inquiet qui se pose sur la Duchesse. “Où ça ? Il vous a blessé ?” Sur cette question, Rhéa secoue la tête et ne sait que répondre. “J’étouffe…” L’angoisse la prend alors, s'immisçant dans tout son être  comme une maladie. “J’étouffe !” Les sanglots envahissent le minois de la rousse, les phalanges agrippent les tissus mais Lucy enserre sa maîtresse pour la couvrir plus fortement et l’entraîner vers la bâtisse. “On va vous changer et vous libérer un peu.” Elle marque une pause. “Ne donnons pas plus de spectacle au Duc” dit elle en regardant vers la fenêtre à l’étage.

Rhéa se débat légèrement, puis capitule. Les nerfs lâchent et Monsieur Campbell vient à la supporter. “Votre Grâce, venez, nous allons vous mettre dans la bibliothèque. Un feu vous a été allumé et vous serez au calme jusqu’au dîner”. Il les guide vers l’antre privative.

“Remettez-la présentable… C’est d’un ridicule !” Thaumas s’agite en haut de l’escalier, sa catin ondulante et dans son dos. La cigarette entre les doigts, l'homme balance les cendres aux quatres vents “Et on s’étonne qu’elle soit infertile, une inconsciente comme ça. Dieu a dû jeter son courroux sur elle, sur moi.” La prise de Monsieur Campbell se resserre sur Rhéa avant de la pousser avec délicatesse, encourageant les dames à s’éloigner. “Votre Grâce, se faire surprendre par la pluie est chose courante ici” Le rire moqueur du Duc résonne dans le hall “Oh Campbell, ne cherchez pas à la défendre. C’est peine perdue. Que Lucy la réarrange, qu’elle soit présentable pour accompagner mon frère à notre table ce soir, parce que c’est un peu la coutume” soupire-t- il finalement avant de remonter à l’étage. “Je vous la laisse.” Les phalanges du majordome blanchissent dans son dos alors qu’il ploie pour acquiescer les ordres d’un maître qu’il déteste de plus en plus chaque jour.


L’homme apporte une boisson chaude à la Duchesse qui, l’esprit divaguant, fixe les flammes. Lucy prend le temps de détacher sa chevelure trempée pour les éponger dans un linge propre. Les prunelles se posent sur les mains de la servante qui caressent les ondulations rousses avec bienveillance. Tous les gestes sont millimétrés, pour ne pas brusquer le fantôme qui gît avec peine sur ses deux pieds nus et terreux. Campbell soupire et dépose le plateau sur une petite table. On les informe que la baignoire est prête à accueillir la rousse dans la pièce adjacente. Le majordome se retire alors laissant la maîtresse de maison se changer avant de retourner apporter du linge supplémentaire à leur invité.

Sans vraiment s’en apercevoir, Rhéa se rend dans la salle de bain avec une nonchalance fatiguée. Les servantes lui lavent les pieds puis l'aident à se déshabiller. Dehors, la pluie oppresse le paysage si verdoyant du domaine. On l’interpelle avec douceur afin de l’inviter à se plonger dans ce bain. La chaleur l'électrise, prend possession de son derme frigorifié. On fait glisser les éponges sur son corps puis finalement on la laisse prendre du temps, et surtout… On la laisse seule. Ses phalanges enserrent la tasse chaude qui lui fut apportée. Une gorgée puis deux avant qu’elle la repose délicatement sur la petite table.

Rassemblant ses jambes contre elle, Rhéa pose son menton sur ses genoux et se prête un instant à frôler la surface de l’eau du bout des doigts. L’eau. Si fluide, si imprévisible. Elle peut être calme. Elle peut être torrent, filer comme le temps, emporter comme le vent. Elle peut engloutir, recouvrir, recouvrir de ses flots les carnes offertes. Elle inonde les pores de la peau sans demander son reste. La pluie s’écrase contre la fenêtre une dernière fois, sortant la Duchesse de son songe. Les prunelles se posent sur la vitre puis sur la porte. Des petits pas caressent le sol et annoncent la fin de cet instant de repos, de répit. On toque alors, ce à quoi elle acquiesce par un bref “oui”. Les servantes s’affairent à nouveau pour rhabiller leur maîtresse de maison. L’ombre pèse encore un peu sur ses épaules mais s’efface petit à petit, laissant place à un certain apaisement.

Le corps échoue sur une méridienne, vêtu d’une robe simple, d’un bleu roi aux motifs dentelés argentés, sans artifice extravagant. Rhéa perd ses yeux dans les flammes alors que Lucy lui brosse les cheveux avec douceur. “C’est mieux ?” lui demande-t-elle. “Oui, mieux, merci Lucy.” La femme de chambre attrape une nouvelle mèche, la démêle et ainsi de suite. “Bien votre grâce, je suis ravie de l’entendre.” Un soupire s’échappe cependant des lippes de l’épouse Hamilton, ce qui intrigue l’employée. “Qu’y a t’il votre grâce ?” L’intéressée tourne la tête vers la jeune femme “J’aimerai changer… Voulez vous bien laisser la longueur et les tresser en couronne, s’il vous plaît ? Personne n’en tiendra rigueur, ni ne notera de toute façon ” Les mirettes se recentrent alors sur le point de chaleur, le feu, qui la réchauffe avec vivacité. “Bien sûr votre grâce. Et nul doute que vous serez tout à fait ravissante.” Un spasme léger vient secouer la carcasse de la Duchesse “Je serais belle pour quelqu’un au moins.”

Les minutes s’égrainent et la rousse se retrouve avec une chevelure sans nœud et séchant doucement au gré de la chaleur s’échappant de l'âtre de la cheminée. Les flammes ondulent avec une certaine virtuosité, c’est beau, c’est rassurant. Après les torrents, l’apaisement, comme une sécurité. Feuilletant, lisant son livre, Rhéa se laisse bien volontiers envelopper dans cette douceur inespérée, inopinée. Dans son dos, dans tout le foyer, se met alors à s’égosiller le Duc, imitant grossièrement le brame d’un cerf, puis des rires féminins. La maîtresse quitte certainement la demeure pour ne point paraître lors du repas. Les nouveaux cris et bruits loufoques résonnent dans la maisonnée et font faire rouler les yeux de la Duchesse, blasée par ces niaiseries immondes. Les doigts viennent pincer l'arête du nez puis le frotter. Désabusée, elle secoue finalement la tête pour se consacrer pleinement à cette lecture, traitant d’un conte, dont les aventures l’emportent finalement dans un léger sommeil. Elle ignore l’heure. Dans les bruits de fond se mêlent rires et imitations de hurlement à la lune, et peut-être des acclamations de contentement. Elle reste encore reliée à cette réalité avant de se laisser encercler par les bras de Morphée. Les pas qui approchent ne la réveillent guère, la laissant encore profiter un peu de ce sommeil sans rêves

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Message() / Dim 12 Mar - 17:39
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Sans se retourner il s'éloigna, sans un regard en arrière il marcha de longues minutes durant. Frappé par les eaux démentielles, l'orage qui déchirait le ciel, Aidoneus fonça droit devant lui. En l'espace de quelques minutes seulement, sous une pluie commençant à faiblir il avait atteint les rivages d'un lac. Il avait oublié cet endroit qui réveillait en lui de nombreux souvenirs. Chaque pensée fut accueillie avec soulagement tant qu'elle balayait celui de Rhéa sous la pluie. Ce lac était celui où il avait appris à nager avec Thaumas. Ce dernier était toujours meilleur que lui et n'hésitait pas à lui enfoncer la tête dans l'eau pour assoir un peu plus sa supériorité fraternel. Adès n'aurait su dire si leurs relations étaient bonnes, mais il aimait son frère malgré tout. En fait c'est ce dont il s'était toujours persuadé, c'est ce qu'il croyait au plus profond de lui. L'ancre à laquelle il s'était toujours raccroché c'était lui, jusqu'à ce qu'il fuit vers d'autres contrées. Thaumas n'a pas toujours été tendre avec Aidoneus même si au final il fut bien moins pire que son père, et cela avait suffit au cadet.

Les pensées emmêlées, mélangées, la regard totalement perdu dans le vide, Aidoneus essayait de se dépêtrer de ce qui venait de se passer. Avec le recul il ne comprit pas bien pourquoi il s'était autant emporté contre elle. Des années qu'ils ne s'étaient pas revu et le voilà à la maltraiter comme il ne l'avait jamais fait. C'était avec un respect profond et sans borne qu'il traitait la jeune femme. A aucun moment ils ne s'étaient disputés, n'avaient vociféré un mot plus haut que l'autre. Mais ce soir l'amertume avait pris le pas. Aidoneus s'était cru armé contre cela, il avait cru bêtement avoir laissé cette amertume de coté durant son voyage, avoir pansé ses plaies avec tant de soin, qu'il était revenu au pays en homme nouveau. FAUX.

Sa conscience avait été seulement anesthésié, si bien que son cœur ne battait que pour le maintenir en vie, en évitant bien de ressentir quelque chose. Ses sentiments étaient demeurés en Angleterre. Sa vie également. Soudainement, sans en comprendre le sens caché, Adès avait eut l'impression de se réveiller au moment où il avait croisé son regard. Le sentiment que la vie s'emprait à nouveau de lui quand elle était dans les parages. Bien que la situation ne fut pas des plus heureuses, bien qu'une dispute  éclata contre toute attente - et à son plus regret - Adès avait l'impression d'être à nouveau vivant. Plus vivant que jamais. Inhalant une grand bouffée d'air frais, l'âme de l'homme s'apaisa doucement. Cette sensation était si incroyable, son myocarde se mit à faire des bonds dans sa poitrine, tous les sens en émoi.

Inspirant, expirant de toute la force de ses poumons, Aidoneus prit la décision éclairée de rebrousser le chemin vers le château. Il se promit secrètement de revenir piqué une tête dans le lac à l'occasion... l'été n'était pas complètement terminé.

[...]

Après une nuit apaisé, Aidoneus se leva tard dans la matinée. La ponctualité n'était son fort, il avait déjà probablement loupé le petit déjeuner, et le valet n'avait probablement pas osé le réveiller. Il ne logeait même pas dans le batiment principal, il s'était relégué à une dépendance où auraient pu très bien loger les domestiques. Mais Adès ne supportait pas la maison telle quelle était : dans son jus. Tout était encore empreint de l'âme du paternel, la décoration, les meubles, rien n'avait changé. De plus elle reflétait le manque de moyen du duc, qui ne parvenait pas à la faire entretenir correctement...

Vers onze heures Aidoneus prit donc la peine de se lever de son lit et de s'habiller. Il ne quit l'aide d'aucun valet. En Indes l'homme se débrouillait cela et cela lui allait très bien. Impeccablement habillé dans un costume neuf qu'il avait acheté sur Londres à son retour, Adès quitta sa chambre et se rendit dans le batiment principal. Il était presque midi et Campbell se rendit jusqu'à lui :

« Sir, le déjeuner sera bientôt servit dans la salle à manger, si vous voulez bien me suivre. » Aidoneus le salua et le suivit d'un pas prompt jusqu'à la salle à manger. En bout de table, à la place du chef Thaumas siégeait, près de lui Rhéa, son épouse. Rhéa. Tandis que le duc lisait le journal, le regard du cadet s’attarda sur la délicieuse Rhéa. Il ne fit même pas attention qu'il s'était perdu de longues minutes dans ses pensées, mais bien vite il en fut tiré lorsque Campbell lui désigna le siège en face de la jeune femme.

« Votre grâce... » s'inclina poliment Adès sans s'adresser à personne en particulier, avant de rejoindre sa chaise.

« Aidoneus quel plaisir de vous voir vous joindre à nous ! Avez vous bien dormi ? Est que diable faites vous à séjourner dans la dépendance !? » enchaina-t-il à l'intention du cadet donc le regard faisait l'aller retour entre Rhéa et Thaumas.

« Très bien merci, je ne compte pas y séjourner longtemps, je vais chercher un cottage où m'établir. » précisa-t-il sans plus de politesse.

« Et vous ? Votre toux s'est-elle calmée ? » demanda-t-il à son tour, n'ignorant pas les problèmes de santé que trainait le duc.


@Rhéa Hamilton  
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Message() / Mer 22 Mar - 22:52
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Le parquet craque sous les petons feutrés de Lucy qui vient recouvrir sa maîtresse d’une couverture. Dans son sommeil, Rhéa ressent la douceur du geste et dans une somnolence perdue entre conscience et inconscience, elle entend le doux ronronnement de Karma qui vient se nicher difficilement au creux de son ventre. La chaleur du petit être envahit la rousse. C’est bien la seule fois où quelque chose bouge en son sein. Elle qui pensait ne pas y avoir le droit, c’est un autre décor qui se dessine. Un rêve. Rhéa reconnaît les plaines verdoyantes du domaine. Le soleil baigne la prairie et inonde la forêt. La Duchesse cache son visage de sa main. Les rayons sont chauds et le vent est frais. Mais pas trop. Il souffle les fourrées et… Soudain… Des rires et des cris. ça chante aux oreilles de Rhéa qui, intriguée, sourit à pleine bouche en tournant la tête.

Un bambin court, mèches de cheveux blondes cuivrées au vent, il fuit, fuit en rigolant aux éclats. Cela fait vriller le coeur de la jeune femme, et le renverse lorsque l’enfant hurle, à son attention, le mot “Maman”. Ecartant les bras pour accueillir son sang, elle se baisse à sa hauteur. Les corps tombent en arrière et la joie contamine la rouquine. La brise balaie les silhouettes cachées désormais dans les hautes herbes. “Cachééés” indique l’âme dans ses bras. “oui nous sommes cachés” répond elle en passant ses mains sur ce visage poupon qui rit encore puis “qu’est c’tu fais, maman ?” demande l’être dans ses bras. “Je te regarde mon coeur” Des rires encore alors que le bout des doigts de Rhéa s’enfonce dans les côtes du garnement pour le chatouiller. “Qui fuyais tu ainsi ? Un dragon ?” enquête t’elle. “Pas un gragon, mamaaaan. C’était papa qui dit qu’il a lâché le fauve.”La Duchesse émet un soupir de surprise et de frayeur feint.

Quand soudain, sortie de nulle part, pattes grandes ouvertes et tête en arrière, pelage noir luisant, Karma, chat désormais plus adulte que maintenant, saute sur ses propriétaires sans pitié. Bondissant, échine courbé, excité par le jeu, il agite ses pattounes, brassant l’air non loin des visages avant de s’enfuir un peu plus loin. Le coeur palpitant, les éclats de rire vont bon train. Un rire plus vieux, plus masculin vient à se joindre à eux. Il est familier et ancien… Un rire qu’elle n’a pas entendu depuis bien longtemps car le temps a fait fâner la joie et la distance a bouffé le bonheur. Rhéa lève les yeux, voit les chaussures, le pantalon, la chemise puis, le soleil. Rien que le soleil. “Maman ?”…. “Ma…”“Madame ?”“Votre grâce ?”


Une main ferme et douce secoue avec légèreté la carcasse de l’épouse Hamilton. Lucy sourit doucement. Il fait nuit, désormais et la pendule sonne au loin. Vingt heures. Le chaton s’étire, courbe l’échine avant de se secouer et de descendre à terre en miaulant. “Il est l’heure que vous mangiez, votre grâce” annonce la servante en se reculant. Oh le dîner. “Monsieur Hamilton ne viendra pas…” Oh… “Le voyage a dû le fatiguer. Des pas lourds se font entendre. Une voix désagréable et rauque vient agresser les oreilles encore ensommeillées de Rhéa. “Il n’y aurait pas eu que le voyage pour le fatiguer. Votre attitude arrogante le ferait également.” Thaumas balance sans vergogne, la haine de fin de journée. Elle n’y échappait guère à celle-ci. Comme celle du matin et tout autre moment où ils étaient amenés à se croiser. “Dînons à présent, j’ai faim et ne me donnez pas de raison d’avoir congédier ma jolie demoiselle pour un repas rien qu’en votre présence et privé de mon frère.” Le Duc tousse, presque à vomir ses poumons avant de se diriger vers la salle.

Un regard se pose sur la Duchesse qui encaisse et qui relève le menton. “Je regrette qu’il ne me haïsse point suffisamment pour me mettre à la porte…” Elle marque une pause avant de reprendre “Cela serait moins douloureux à supporter. Cette famille piétine des cendres de bonheur révolu.” Lucy baisse la tête et se tait. Elles se dirigent alors vers la grande tablée, pour deux âmes qui ne s’aiment plus depuis des années. Le dîner à la hauteur des désespoirs de la Duchesse, elle ne dit mot, étalant les silences et les jugements silencieux sur ses maux. Les lumières s’éteignent sur ce couple faisant désormais chambre à part. Le rêve ne revint pas, au grand damne de cette rêveuse qui souhaitait ardemment retrouver cet enfant qu’elle n’a jamais eu.

La lumière la sort de son sommeil, mais Rhéa ne réalise pas. C’est encore lunaire. Elle avait craché sa frustration au nez d’Aidoneus… Mais surtout… Surtout… Il est rentré. Il est rentré au domaine, du moins ce qu’il en reste. Les ruines d’une fortune au bord du gouffre. Que reste t’il à part des âmes défoncées, des cœurs en miettes ? Que reste t’il ? Soupirant, la rousse se lève enfin. Elle fait sa toilette, on l’aide à se vêtir. Un regard vers le miroir, elle toise sa silhouette. Non, tu n’as rien autant dehors que dedans. Les paumes passent sur le tissu de sa robe. La chevelure tombante aujourd’hui balance sur son épaule. La poitrine se gonfle malgré le corset. Un sourire s’étire sur les lippes, mais s’efface aussi vite. Rhéa est bercé entre joie et amertume. Il sera là et il sera là. C’est dur, très dur.

Des rires s’échappent de la chambre du Duc. Il n’aura pas attendu longtemps. La déception quand elle descend et qu’elle se retrouve seule… Seule à manger, sous les yeux fuyants du personnel de maison. On lui a dit que Thaumas mangerait dans ses appartements et qu’Aidoneus dormait encore. Elle peut comprendre la fatigue de l’homme endormi dans la dépendance. La fourchette se porte à sa bouche. Un instant, elle imagine un réveil au côté d’Adès avant de chasser cette idée, les joues rougies. La Duchesse racle avec légèreté sa gorge, pose sa fourchette et essuie sa bouche regardant autour d’elle si sa soudaine gène avait été remarquée. Mais rien. Rien. Un silence sans nom. Lucy se penche vers sa maîtresse avec un sourire. “Si cela peut vous intéresser, votre grâce, il y a une fête au village cette après-midi. Je pense que les gens seraient ravis de vous y revoir.” Elle marque une pause avant de reprendre “De plus, il fête une naissance, Lilibeth a accouché d’une petite fille.” Malgré l’impact de la nouvelle, Rhéa ne se débine pas longtemps. “Oh c’est une bonne nouvelle, j’irais donc offrir une bénédiction, même s’ils ont besoin d’autre chose…” Elle lève les yeux vers monsieur Campbell avant de renchérir “Arrivent ils encore à manger à leur faim, monsieur ?” L’homme s’avance et répond alors “Oui pour le moment, les finances permettent encore de conserver un revenu décent pour se nourrir, cependant, je doute que d’ici l’hiver, la situation soit la même…” Rhéa acquiesce et finit par se lever de sa chaise pour quitter la table et réfléchir à tout cela. De quoi s’occuper jusqu’à la prochaine entrevue.

Ses pas la mènent à l’extérieur. La Duchesse arpente le domaine pensive, un livre à la main. Les mirettes se posent sur la porte de la dépendance qu’elle hésite à tapoter. Elle s’y refuse, cependant, laissant Adès à son repos et retourne à sa balade. Les heures s’égrainent et il est l’heure de déjeuner. Les affaires de l’après-midi sont prêtes, des vivres en surplus et périssables trop rapidement pour être mangés seulement par quelques personnes dans cette maison. Les mains accompagnent l’assise de la Duchesse. “Rhéa, bonjour” Thaumas semble de bonne humeur, ou bien est ce le calme avant la tempête ? Nul doute qu’Adès avait ce petit effet. Peut-être est il sincèrement ravi. “Bonjour.” Le journal se défroisse alors que le Duc prend place. La première page défile sous ses yeux fatigués. Des fois, elle le plaint, elle a de la peine. Et d’autres fois, non. Elle se dit que c’est un retour des choses. Lucy apporte un plateau de petits pains tout fraîchement sortis des fours. La fumée ondule  dans les rayons du soleil. C’est alors que Monsieur Campbell fait son entrée avec Aidoneus.

La salutation de ce dernier la tire de sa légère transe. Elle répond simplement par un sourire cordial et un signe de tête. Les échanges commencent, Thaumas s’élance alors que le personnel sert le vin. La conversation débute en fanfare, déjà une question lancée à la volée, réceptionnée par Adès avec un calme absolu et une intrigue. Rhéa relève sa tête et regarde le frère du duc. Le verre rejoint la main de la jeune femme, dans l’attente d’un éventuel toast. Mais le Duc est bercé entre le contentement et une autre émotion. Son épouse n’arrive pas à identifier laquelle “Oh quelle nouvelle ! Vous avez arrêté de bouder le pays ?” taquine t’il avant de reprendre “Après un grog chargé en miel, elle s’est apaisée, je vous remercie.” Il racle sa gorge avant de se lever, verre à la main. “A vous, mon frère et votre retour à la maison” Il relève son verre à l’attention de son cadet, Rhéa le suivant “A vous Aidoneus” Le tutoiement est effacé, l’intimité remise en place. Elle laisse un peu de temps s’écouler avant de demander. “Avez vous une idée de l’endroit où vous souhaiteriez vous installer ?” Thaumas lève les yeux vers son épouse puis son frère avant de renchérir “Et surtout, pourquoi décidez vous de vous perdre ici ?”


Rhéa se fige un instant et se décide de laisser un peu la conversation aux hommes. Le verre s’approche de ses lèvres pour boire une gorgée. Trottinant du salon vers la salle à manger, un petit félin noir s’avance, et fait lui même son entrée. La queue bien droite, le pelage hirsute. Un sourire sincère et enjoué trône désormais sur les lippes de la Duchesse qui se penche alors pour accorder à Karma une caresse, une gratouille sur sa petite tête duveteuse. L’animal ondule sous la main, ronronnant avec force.


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Message() / Dim 30 Avr - 23:00
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En tous points la situation était inédite pour lui : se retrouver en Irlande attablé avec son frère le duc et son épouse Rhéa. Jamais il ne s'était imaginé vivre pareille situation, il se serait plutôt vu à la table du duc certes, mais Rhéa serait son épouse. Cette mélodie sonnait faux, le tableau qui se peignait devant ses yeux  était d'une réalité foudroyante, aussi accablante que son départ pour les Indes. Aidoneus ne saurait dire s'il regrettait ce qu'il s'était passé tant il était incapable de poser des mots sur le dit passé. Rien ne semblait être cohérent dans cette symphonie cacophonique. Mais bizarrement, droit sur son siège il l'accepta. Il accepta de regarder Rhéa comme la femme de son frère, comme sa belle sœur désormais. Il y avairt bien un regret qui subsistait malgré tout : c'était la conversation très houleuse qu'ils avaient entretenus la veille. Il se promit secrètement que dès l'instant propice il s'excuserait auprès d'elle, car après tout c'était la moindre des choses. Il en profiterait pour mettre fin à quelconque malaise entre eux, à ne laisser subsister le moindre doute quant à ses intentions envers elle : il n'en avait aucune. Mais tout cela devait impérativement se faire loin des yeux de Thaumas. Étrangement sa confiance en lui avait été rompue. Sa relation avec son frère avait pris un sacré coup dans l'aile quand celui-ci prit Rhéa pour épouse. De plus ils n'avaient entretenus que peu de correspondance. Et son attitude générale ne l'inspirait pas vraiment, ni même la façon dont Rhéa se comportait. Elle semblait prisonnière, et cela irritait quelque peu Adès...

Poliment Aidoneus et son frère entretenaient une conversation polie, même si le cadet cherchait à quérir quelques informations sur la santé de son frère. Ce dernier tentait avec une pirouette élégante de minimiser les faits. Adès ignorait ce que tout cela voulait dire, il pensait notamment aux lettres alarmantes de sa belle mère sur l'état de santé du duc. Il n'en resterait pas là, il était certain qu'il s'attarderait probablement à Barons Court pour en apprendre un peu plus...

Puis soudain Thaumas quitta son siège et se mit debout, levant son verre à son honneur. Adès l'imita par pure convention nobiliaire et leva également son verre. Il inclina la tête lorsque sa grâce se félicita de son retour en terres anglaises. Le cadet bu à se toast inattendu, jetant une œil passif à la duchesse qui lâcha un bref : A vous, Aidoneus. Ce vouvoiement soudain, mais pas si incongru au vu de la situation, déclencha un rapide frisson sur l'échine d'Adès... Puis brisant ce moment, la jeune femme le questionna sur ses projets. L'home n'eut guère le temps de formuler une réponse que le duc renchérit en lui demandant ce qu'il faisait ici...

Se rasseyant lentement, Adès prit le temps de boire une gorgée de vin, avant de formuler une réponse pour le moins concise...

«  Je suis venu quérir votre santé, et revoir la maison de mon enfance... »

« Fadaises ! Vous détestiez cette maison ! Et ma santé se porte à merveille, alors dites nous ce que vous préparez ? » relance -t-il en balayant à nouveau la question de sa santé. Il commençait à engloutir son repas en écoutant Adès d'une oreille.

« Eh bien... je pensais prendre une paisible retraite dans la campagne irlandaise, il y a de charmants cottages par ici qui me siéraient parfaitement. » entreprit l'homme qui n'avait guère d'appétit ce matin...

« Et pourquoi pas Londres ? Je vous rappelle que vous êtes encore célibataire... » glissa le duc en lui jetant un regard taquin. « La saison redémarre dans quelques mois, vous devez trouver une charmante épouse avant de vous établir ! »

Les sourcils se relevant brusquement à la réplique de son frère, Adès ne pu retenir un regard vers la jolie rousse qui siégeait de l'autre coté de la table. Il déglutit. Préférant enfouir profondément les émotions qui bouillonnaient dans son estomac il ne renchérit pas aux élucubrations de son ainé. Ce dernier reprit :

« La saison prochaine allons tous à Londres, je dois chaperonner notre jeune sœur qui fera son entrée dans la société, et vous nous accompagnerez ! » décida-t-il d'une réplique sans appel.

« Eh bien... » dit-il en cherchant ses mots. « Comme se porte-t-elle ? J'ai cru comprendre qu'elle passait l'hiver dans le Lancashire dans la famille de la duchesse douairière... » ajouta-t-il pour lancer la conversation dans une autre directement, tandis que son regard cherchait désespérément à accrocher les prunelles de Rhéa. C'était plus fort que lui, il ignorait de quoi il s'inquiétait vraiment, mais il ne supporterait pas que le repas traine en longueur. Alors que Thaumas s’apprêtait à lui répondre, il fut prit d'une toux fulgurante.

@Rhéa Hamilton  
Contre vents et marées. rhéa 2511703264   
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Message() / Lun 1 Mai - 0:24
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Mon amour,
Mon coeur défaille à mesure que vos pas vous rapprochent de moi.
Le paysage est beau, mais en votre présence, il est radieux.
Il n'est plus sincère sourire que le mien lorsque je vous vois.
Et je ne peux pleurer car en vous voyant, le jour ne peut être que mieux.
Et si nos chemins viennent à se séparer, vous m'aurez apportés bien plus d'attention, d'affection que je n'aurais pu espérer.
Mais au plus profond de moi, mon plus grand désir, c'est que jamais cela ne s'arrête.

Il n'est plus d'amour, et ça. ça, Rhéa le sait. Ici et maintenant, plus que jamais. Bercée dans des illusions, dans les cendres des relations. Adès, Thaumas. Tout n'est que cendres. Tout n'est que ruines et vestiges. Il n'y a rien de beau dans tout ça, rien de vrai. Que du faux. Les auras vibrent avec les Ténèbres. Cela l'étouffe. Cela la rappelle à Londres... et Géorgiana. Ses larmes l'ont remplie d'une tristesse inimaginable. Elle n'était pas heureuse, Géorgie. Elle aurait pu l'être. Se remarier. Ce renouveau, sans son ancien époux. Elle aurait pu être heureuse. Mais ce n'était point le cas. Et ce qui en était ressortie de leur conversation ne lui avait inspiré que de la peine et cette envie de s'enfuir loin.

Elles s'en seraient sorties, d'une manière ou d'une autre. Et dans sa tête l'image est risible. Deux paumées dans une ville où personne ne les connaissait. Parfait. Et seules alors qu'elles n'ont peu de connaissance pour prendre soin d'elle. L'école de la vie n'avait pas été jusque là, non. Non. Mais, si la guerre, la mort, la maladie et autres événements leur apprenaient que la vie est courte, Rhéa se demande bien si elle devait pas commencer dès à présent à apprendre. Apprendre à prendre soin d'elle même, à défaut qu'on le fasse à sa place. Bien sûr, Lucy le faisait divinement. Mais la Duchesse a ce besoin pressant de se sentir bien quelque part, et ce même dans le plus petit ou le plus incongrus des endroits qui soient.

La solitude commence à lui sied au teint. La Duchesse Douairière ne se privait point de le lui rappeler. Et de vanter la fraîcheur de la demi-soeur des fils Hamilton. Oh, elle s'entendait bien avec cette dernière. Elle est d'une fraîcheur et c'est certains. Le peu de fois qu'elle l'avait vu, cela lui avait procurer un certains apaisement. Les propos de sa belle mère ne l'atteignaient plus, plus vraiment. Plus depuis que son incapacité à enfanter se révélait vrai et que Thaumas avait trouvé du réconfort avec une autre. Point d'héritier cependant, chose qui faisait doucement rire Rhéa, criant au karma.

Elle laisse les hommes échanger un peu. Lorsque vient la question du célibat d'Adès et le début de la prochaine saison, le corps de Rhéa se fige, un regard sur l'intéressé. Tout cela aurait pu ne pas arriver... N'est ce pas ? N'est ce pas.... Le myocarde dérate et explose. Les prunelles ont frôlé le sillage de ses jumelles. Et déjà, elles dévient vers le chaton aux pieds de la Duchesse. "- Mon cher, ne le brusquer pas alors qu'il vient de rentrer." Il n'y a rien de possessif, ni de cher dans ce semblant de marque d'affection. Mais il poursuit, insistant pour qu'il les accompagne à Londres.

Le frère du Duc semble déstabiliser. "- Voyons il a déjà bien suffisamment profité et voyagé pour ne pas s'installer définitivement. Il ne faut pas trop attendre. Elle secoue la tête, notant l'incompréhension de son époux. "- Je vois ce que vous dites mais..." Elle voulait renchérir sur le fait qu'il aurait fallu patienter avant de lui en parler, afin d'arrondir les angles et de calmer cette échéance encore trop proche et douloureuse. Elles auraient cette place qu'elle avait tant voulu, et qu'elle n'aura jamais. Jamais. Un deuil qu'elle a de toute évidence du mal à faire. Mais elle n'a pas le temps, pas le temps qu'il lève un doigt avant de répondre à son frère en souriant. "- Elle se révèle de jour en jour, vous seriez étonné...."

Une quinte de toux le prend alors, emportant son corps dans une série de spasme. Le corps se cripse et s'agite. Il subit les secousses que provoque cette maladie bien étrange. Branle bas de combat dans la salle à manger. La Duchesse se lève, retire le journal des mains de son époux et lui glisse un linge entre ses mains pour qu'il y comprime ses lippes. "- Allez quérir le docteur. Monsieur Campbell, menez le Duc dans sa chambre et ouvrez ces fichues fenêtres." Depuis combien de temps n'avait il pas pris l'air frais. Sa chambre était constamment fermée. "Non ! Vous ne me ferez pas le coup une seconde fois !!" Il fustige et s'étouffe. Elle se doute qu'il parle de le priver de son frère. "- Porte malheur" lui assène t'il en un murmure fracassant qui la fige brutallement. On lui retire l'homme de la vue. Un regard brouillé vers Adès, la gestuelle bégaie, elle hésite pour finalement s'élancer. "- Veuillez m'excuser" Elle s'incline avec maladresse, déstabilisée avant de se retirer, espérant que la fête de l'après midi lui sera plus profitable, si elle n'est pas condamnée à rester auprès de cet époux, pour faire bonne figure.

Terminé

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