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Les Chroniques de Londres
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Hapiness is a butterfly - Ft Abelia L (Terminé)

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Message() / Dim 4 Déc - 10:16
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William & Abelia
Hapiness is a~
Butterfly ..
.
Partie 1

L'intersaison venait d’être annoncée. Un moment de répit dont le Comte espérait bien profiter. Il avait prévu bien des activités pour se ressourcer et s’éloigner du tumulte Londonien, des activités solitaires la plupart du temps à l’exception d’un bref séjour chez les Smith, amis de longue date.
Pourtant, si un boulevard d’opportunités délicieuses semblaient s’offrir à lui, ce n’était sans compter sur la détermination de la famille Lightwood d'exhiber le célibataire à leurs côtés ici et là, comme un trophé. Symbole de réussite, il se pliait quotidiennement aux exigences de sa Mère pour ne pas la froisser et priait intérieurement pour qu’elle daigne enfin le laisser respirer. Bientôt, il rentrerait chez lui, dans le Comté de Surrey pour faire le tour annuel des terres et prendre note des doléances des habitants. Un moment privilégié avec les petites mains qu’il appréciait particulièrement. Étrange pour un bourreau tel que lui ! Depuis toujours, il était extrêmement bienveillant envers le monde d’en bas, reconnaissant et admiratif. Ses parents eux, profiteraient d’un séjour dans l’une de leurs résidences, à des heures à cheval de lui. Que de bonheur. Enfin, sur le papier.

William, tu tombes bien ! Ton Père et moi avons oublié de t’informer d’une splendide nouvelle ! La famille Lewes, tu te souviens de la famille Lewes n’est-ce pas ?

Mère, ne tournez pas autour du pot. Dit-il, agacé.

Ils ont fait l’acquisition d’une splendide maison tout proche des falaises. Ils nous ont invités à passer une journée en leur compagnie pour profiter de l’air marin. Nous ferons donc un détour sur le chemin qui mène à Surrey pour leur rendre visite.

Dois-je vous signaler que les falaises ne sont absolument pas sur notre route ! Je devais être sur place dans quelques jours à peine Mère. Ce n’était absolument pas ce que nous avions convenu.

Te voilà bien pressé ! La Mer te fera le plus grand bien ! Regarde comme tu es tendu…

Il soupirait et levait les yeux au ciel. Avait-il le choix ? Certainement pas. D’ailleurs, ses valises étaient déjà prêtes, comme par magie et ce soit disant "oublié" n’était qu’une omission parfaitement volontaire de la part de la sournoise dame. Elle connaissait son fils et n’avait pas jugé nécessaire de l’informer trop tôt de ses projets, de peur -et à raison- qu’il ne se défile.

Le trajet fut long, très long. Entre les plaintes de sa Mère, le silence de son Père et son cher frère absent et déjà rentré au Comté, le veinard. Il avait dû sentir l’arnaque et s’était échappé comme un voleur quelques jours plus tôt. Lord Lightwood n’avait aucun souvenir de la famille Lewes, il les connaissait de noms plus qu’autre chose et se sentait comme un cheveux sur la soupe.
L’attelage finit enfin par ralentir, les chevaux à bout de force et le dos des passagers engourdis par les tumultes de la route qui les avait menés jusque là. Il posait le pied à terre, dévorant du regard le splendide paysage qui s’offrait à lui. Des somptueuses falaises qui dominaient une mer plutôt calme, apaisante. Le vent était léger et la température générale, assez douce.

Les présentations furent brèves et William, toujours autant agacé, profita d’un instant de diversion pour se faire la belle (après quelques faux sourires charmeurs), une sacoche de cuir sur l’épaule droite contenant quelques affaires. Son seul but : se baigner. Beaucoup le traiterait de fou, l’eau était froide en cette saison mais cela l’aiderait sans doute à retrouver un semblant de paix intérieure.
Sans attendre, il empruntait le chemin qui le menait au pied des falaises, là où une splendide plage de sable fin n’attendait que lui. La plupart des familles rentraient à domicile pendant cette délicieuse trêve et, par chance, il était seul, devant tant de beauté et de grandeur. Il retirait en hâte ses affaires, jetées à même le sable sans précaution et se jetait corps et âme dans l’eau fraîche.
Très bon nageur, il n’hésita pas une seconde. La froideur de la mer vint le gifler férocement avant de l’emporter dans ses bras pour une nage des plus appréciables. Il était si bien, si paisible, bravant les petites vagues avec un crawl énergique.

Rafraîchit, il était temps pour lui de retourner sur ses pas muni de son plus beau masque. Sourire et politesse, se répétait-il intérieurement.
S’il comptait sortir de l’eau en toute impunité, les choses s’annonçaient plus compliquées que prévu…

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Message() / Dim 4 Déc - 10:32
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A l'horizon, - piquant mélange de fable et de réalité, -paraît un vaisseau qui dérange.
     @William Lightwood  
   

   
   

   Le nouvellement anobli Lord Lewes avait profité de la vente de sa demeure londonienne pour investir dans une de ces petites villes côtières très en vogue : Mablethorpe dans le Lincolnshire. La saison londonienne s’était terminée et Abélia avait pu voir revenir un certain nombre de nobles dans leur campagne, ou simplement les voir passer dans leur carrosse au sein du village le plus proche de Grimsthorpe. Ses parents aussi n’avaient pas tarder à faire leur retour, brisant le calme et la monotonie apaisante de sa vie à la campagne.

Mais au moins l’heure était venue pour elle de faire une pause dans toutes ces leçons et ces mondanités, ou du moins c’est ce qu’elle crut. La famille prit la route de Mablethorpe, laissant la douairière et ses leçons derrière eux, et puis Horace conta à sa fille toutes les personnes qu’il avait invitées à les rejoindre dans ce magnifique manoir qui faisait face à la mer. La jeune femme sourit à son père, mais n’en pensa pas moins que sa tranquillité ne serait finalement que toute relative. Au moins, sans doute, ne viendraient-ils pas tous, et pensant cela, elle ne fit pas le moindre effort pour retenir le moindre nom. Elle avait la tête trop pleine de toute façon.

La première semaine fut d’ailleurs très paisible, laissant la famille s’installer dans sa nouvelle demeure et y mettre sa touche personnelle. La fille avait, elle, ressorti sa garde robe la plus simple, des robes unies dans des tons naturels et dans des tissus mates, surmontées de spencer indispensables mais tout aussi sobres. Elle avait très vite compris que la plage était un lieu de promenade particulier et avait fait faire un ourlet à ses robes pour les remonter au niveau des chevilles pour ne pas les mouiller et les accompagnait de bottines montantes en cuir, qui lui permettaient d'affronter sable et rochers. En prime, elle osait sortir sans coiffe, qui ne tenait de toute façon pas avec le vent et comme elle détestait ressembler à un œuf de pâques, toute enfermée dans un ruban… Et puis elle aimait se faire décoiffer par la bise. Et aujourd’hui, comme tous les jours, elle était partie dans sa robe brune faire une longue marche en solitaire, ignorant l’agitation soudaine de la maisonnée.

Elle marchait dans les dunes et dans la campagne salée, puis rentrait à travers les différentes plages, faisant une bonne promenade de plusieurs heures qui entretenait sa santé. Quant à son teint, ma foi, il semblait faire toujours gris par ici. Chaque jour, elle s’approchait de la mer et osait braver un peu plus sa barrière d’écume. Un doigt, une main, la semelle de ses chaussures…

Elle aimait lui faire face et caresser le miroir d'eau trouble tout en se récitant l'un de ces poèmes qui parlait d'elle.

Aujourd’hui, elle s’assit même sur un rocher dénuder ses pieds, puis elle releva sa robe et avança doucement sur le sable humide, laissant les vagues venir à elle, piquée au vif par la fraîcheur de l’eau puis rentrant dans la mer jusqu’aux chevilles. Alors elle reprit sa marche, éclaboussant sa robe et sa culotte, mais tant pis. Comme c’était inconvenant… Mais ici elle était loin de tout, et loin de tout le monde. Seule, ou du moins, c'est ce qu'elle croyait. Car il y avait quelqu'un qu’elle n’avait pas encore vu...

Ce furent ses habits qu’elle remarqua en premier, alors que les vagues s’en approchaient dangereusement. Le temps qu’elle arrive elle-même à leur niveau, la mer avait emporté une écharpe qu’elle attrapa, puis, sortant de l’eau, elle relâcha sa robe au vent salé et se saisit du reste, éparpillé d'une étrange façon et d'une sacoche en cuir, pour, enfin, chercher leur propriétaire du regard. Les habits disaient qu’il s’agissait d’un homme, quoique seul un homme puisse se permettre une telle folie de toute façon. Les tissus disaient de lui qu’il n’était pas issu des basses couches de la population. Bien sûr la jeune femme se doutait qu’il se trouvât dans l’étendue marine, mais elle ignorait tout des courants. Elle chercha en face, et c’est un peu plus loin qu’elle vit émerger un torse entre les vagues.

Une vision inhabituelle et choquante pour la jeune femme encore bien innocente… Son pouls s’accéléra, ses joues rosirent et elle tourna le dos à la mer. Plantée comme un piquet en attendant qu’ils ne viennent chercher ses habits, qu’elle lui tendrait le plus loin possible dans son dos. Et c’est ce qu’elle fit, après avoir compter jusqu’à dix, puisqu’il était hors de question de se retourner pour voir s’il approchait ou non.

Elle finit par sentir sa présence, et se vit obligée de se justifier quant au fait qu'elle tenait ses affaires :

« Vos habits, Sir. La mer montant... Votre écharpe avait déjà été emportée. » Sa voix était claire, son ton plutôt ferme et affirmé.

Sir, c'était toujours la version la plus universelle et la plus prudente lorsqu'on ne savait à qui l'on s'adresse.
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Message() / Dim 4 Déc - 13:04
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William & Abelia
Hapiness is a~
Butterfly ..
.
Partie 1

William daignait enfin sortir de l’eau fraîche pour honorer de sa présence ses hôtes du jour. Si sa chère Mère lui avait dit ne faire ici qu’une simple halte avant de retourner chez eux, il n’était pas dupe et savait pertinemment qu’il était impossible de poursuivre leur route sur cette même journée, les chevaux n’en seraient pas capables. Il glissa sa main dans les cheveux pour ôter l'excédent d’eau et quittait l’étreinte revigorante de son amie la mer. Pieds nu sur le sable mouillé, son corps bien trop blanc pour une fin d’été témoignait du peu de temps qu’il avait eut à lui pour prendre le soleil, néanmoins, ses sorties secrètes à la salle de boxe avait suffit à entretenir sa stature, athlétique et musclée.

Lorsqu’il releva les yeux en direction de ses affaires, quelle ne fut pas sa surprise de les trouver à sa hauteur, dans les mains tendues d’une demoiselle à l’évidence plus que gênée par la situation. Comme bien des hommes de vingt-huit ans, il avait déjà eu l’occasion de dévoiler son corps à de nombreuses femmes, par plaisir et divertissement, mais l’inconnue du jour était trop bien habillée pour faire partie du doux monde de la luxure qu’il côtoyait et il ne put s’empêcher de rire, le bougre. Paré de sa magnifique tenue d’Adam, il ne se jeta pas sur ses vêtements, oh non, il prit un plaisir sournois à prendre tout son temps pour récupérer ses biens. Dans la sacoche tendue, il déroulait un long tissu pour sécher son corps mouillé.

Merci d’avoir sauvé mes habits, Mademoiselle. Cela aurait été plutôt osé de ma part de rentrer au village vêtu de la sorte… Dit-il, rieur.

La gêne était palpable et tous les gentlemans de ce monde se seraient confondus en excuses, de se promener, torse nu et plus encore devant une jeune femme innocente. William aussi avait sans doute entendu cela lors d’une des nombreuses leçons de bonne conduite auxquelles y avait participé mais comme toujours, il n’en fit qu’à sa tête, cachant sa honte derrière un humour vif.

La vue est splendide, vous ne trouvez pas ?

Osait-il rire de la sorte ? Evidemment, il faisait allusion à la mer. Somptueux paysage qu’il n’avait pas vu depuis tant d’années. Enfin, il consentit à se vêtir, glissant son corps encore humide dans ses vêtements sableux mais sains et sauf grâce à la demoiselle. Sa chemise lui collait à la peau, laissant malgré tout son torse apparaître. Il mit par dessus son veston, son grand manteau noir aux écussons dorés, un pantalon et ses bottes de cuir pour retrouver un peu de chaleur. Pour l’écharpe.. il devrait s’en passer, elle était pleine d’eau et, rapidement essorée il la glissait dans sa besace de cuir pour cacher la misère.

Pardonnez mon imprudence, je pensais être seul. Je suis prêt ! Dit-il, fier et amusé.

Après s’être bien amusé de la situation, il était temps pour lui de se racheter. Un rapide coup d’oeil aux alentours lui confirmait que l’endroit était désertique et que personne n’avait pu le voir. Les voir.

Mademoiselle, puis-je vous demander votre nom ?

Bien que son dos et ses cheveux blonds soient charmants, il conviait la jeune femme à oser lui faire face, conservant évidemment un sourire provocateur pour entretenir le malaise, juste par plaisir….


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Message() / Dim 4 Déc - 16:12
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Elles luisent, d'azur lavées,
Sous l'or de leurs longs cheveux.

     @William Lightwood  
   

   
   

   Abélia eut un petit rire nerveux qu’elle étouffa au plus vite. Elle avait rapidement tendance à mettre des images sur des mots, ce qui n’était pas à son avantage dans ce genre de situation… Situation qu’elle n’était pas censée connaître d’ailleurs. Ce qui ne l’aidait pas à se sentir moins nerveuse.

Était-ce parce que le temps lui parut extraordinairement long soudainement, ou bien était-il particulièrement lent pour se rhabiller ? La jeune femme trépignait, impatiente et gênée, les doigts de sa main libre tapotant sur sa jupe marron. En tous les cas, lui, semblait prendre grandement bien la chose, pour ne pas s’excuser et pour faire, elle ne savait trop quoi hors de son angle de vue. Elle avait beau ne pas le voir, elle l’entendait bouger et sentait l’air brasser autour d’eux alors qu’il se dandinait. Et cela l'agaçait... Et la perturbait.

« Faites vous expr… » Il avait parlé en même tant qu’elle, la coupant dans son élan de mauvaise humeur, même si elle se rattrapa bien vite en corrigeant sa phrase : « Etait. »

Non, la demoiselle n’était pas amusée le moins du monde, ni réputée pour être amusante, mais cela il ne pouvait pas le savoir. Elle sentit enfin son bras se libérer du poids de la sacoche et de l’humidité des habits, puis se retourna lorsqu’il lui indiqua avoir retrouvé une tenue décente, ou du moins le sous-entendit. Cette fois, il s’était excusé et dès lors, Abélia s’adoucit un peu, se montrant un peu plus magnanime et compréhensive vis-à-vis de la situation.

Elle l’observa de ses grands yeux inquisiteurs, puisque cela lui était désormais permis. Il était bel homme, et certainement trop fier d’après le sourire qu’il lui offrait à présent. Elle ne manqua de remarquer le tissu qui collait à sa peau encore humide, et l’effet que cela produisait. Heureusement qu’il avait un veston et un manteau pour recouvrir la quasi-totalité de cette chemise, sinon elle n’aurait jamais pu le regarder à nouveau, et serait peut-être déjà morte de gène et de pudeur bafouée. Était-ce exactement le genre d’homme dont on lui avait demandé de se méfier ? Elle faisait ce tour tous les jours, il n’était pas difficile d’imaginer que quelqu’un ait pu en profiter pour lui tendre un piège, et notamment un inconnu habillé comme un prince et au sourire charmeur. Elle devrait donc se montrer d’autant plus prudente en cherchant à rejoindre au plus vite la protection des siens.

Elle commença à marcher à ses côtés, à bonne distance, les bras noués devant elle. Et pieds nus… Avec tout ça, elle en avait oublié ses bottines près du rocher où elle s’était assise pour les enlever. Ses doigts de pieds glissaient avec tant de facilité et de naturel dans le sable qu’elle ne se rendit même pas compte qu’elle n’était pas chaussée. Et puis elle avait toujours aimé marcher pieds nus et sentir sous ses pieds de nouvelles textures. Il lui demanda de se présenter et elle en fut on ne peut plus perplexe. Elle se souvenait très clairement d’une leçon disant qu’il n’était pas convenable de se présenter soi-même, qu’il fallait toujours être présentée par une connaissance mutuelle. Et puis, n’aurait-il pas été plus élégant de sa part que de commencer ?

« Ce n’est pas ce qu’il convient de faire, mais vous le pouvez, je suppose. A moins que vous ne trouviez une mouette capable de nous introduire. »

En présence d’un ami, cela aurait été un de ses traits d’humour rares et percutants, alors que la bête qui venait de lui donner l’idée planait et criait au-dessus d'eux. Mais dans ce cas précis, elle était seulement sèche et fermée, déterminée à montrer que malgré ses airs de sainte nitouche, elle ne se laisserait pas faire. Elle n’avait pas décoché un seul sourire, ses lèvres restaient pincées, et repensant aux leçons qu’elle avait reçues, elle se tenait bien droite. Histoire que Lady Pelham-Clinton soit au moins à moitié fière d’elle.

L’idée lui vint de mentir. Et puis elle songea que même s’il était réellement un chasseur de dot lui tendant un piège, comme elle le pensait, il devait bien savoir qui elle était. Un visage fier et fin comme le sien était facile à décrire et à reconnaître. Elle préférait donc se faire avoir que d’avoir l’air idiote plus tard.

« Abélia Lewes. Et vous, Monsieur ? »

Elle posa la question, tout en sachant très bien que quelle qu’en soit la réponse, elle ne le croirait pas.

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Message() / Dim 4 Déc - 16:59
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William & Abelia
Hapiness is a~
Butterfly ..
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Partie 1

Lord Lightwood avait un don ;  le don de se retrouver sans cesse face à des jeunes femmes à la répartie cinglante. Il le méritait bien et appréciait plus qu’autre chose qu’on lui tienne tête. L’espace d’un instant il eut une pensée pour sa Mère, non loin de là. Nul doute qu’elle aurait été horrifiée par l’attitude de son fils aîné après tant d’années à tenter de lui inculquer une éducation parfaite. Son père quant à lui aurait eu bien du mal à dissimuler un sourire amusé.

La jeune inconnue reprit sa marche sur le flanc de mer, la mine renfermée et les bras noués de désapprobation. Il était peut-être allé trop loin dans ses propos mais ne semblait pas résolu pour autant à se montrer plus civilisé. La Saison était terminée, il n’avait aucune intention de continuer à se perdre dans mille et une manière surfaite et comptait bien se laisser porter par les évènements avec le minimum syndicale de convenances.

« Ce n’est pas ce qu’il convient de faire, mais vous le pouvez, je suppose. A moins que vous ne trouviez une mouette capable de nous introduire. »

Il sourit en silence, accusant le coup avec dignité. Elle marquait un point et savait de quoi elle parlait. Sa tenue, sa voix, ses bonnes manières, William n’était à l’évidence pas en train de marcher au bord de l’eau avec la commerçante du coin encore que, il ne put s’empêcher de tenir un regard appuyé sur le sol, découvrant avec stupeur que la demoiselle était encore pieds nus. Bien qu’il ne prit pas la peine de soulever à haute voix ce point, oh combien important, ses yeux rieurs parlaient à sa place sur le sujet.

Je ne vois personne capable de le faire, et je pense que cela est préférable pour vous comme pour moi, finalement.

Il ne comptait plus les affronts qui auraient pu causer sa perte ces derniers mois. Ses manigances avec Adelina Bridgerton, ses rendez-vous secrets avec Juliet Blooming, ses propos particulièrement déplacés envers la haute société aux côtés de Luisa Hammond. Et le voilà encore dans une situation risible, à sortir de l’eau découvert, devant une demoiselle.

Il laissait donc la tâche à la jeune femme de faire le premier pas en matière de présentation, inversant les rôles avec maladresse, soyons francs. Lorsque cette dernière prononça son nom, ses pupilles s’écarquillèrent de stupéfaction.

Lewes… évidemment..

Le voilà particulièrement embarrassé et de nouveau renfrogné. Si par malheur, Abélia Lewes venait à faire écho de son attitude hautaine, il était cuit. La matriarche Lightwood ne ferait qu’une bouchée de lui. Il avait beau l’aimer de tout son coeur, cette femme était un démon à ses heures perdues.
Il se raclait la gorge, pertubé.

Wil.. William Lightwood. Comte de Surrey.
Il semblerait que nos deux familles soient, au moment où nous parlons, réunies sous votre toit pour prendre le thé.


Il sourit, en proie à la nervosité. Évidemment, il avait fallu que la seule personne présente sur cette plage soit une fille Lewes, la fille de son hôte du jour. Que l’on jette le Comte en pâture, qu’il brûle en enfer de son audace.

Ne sachant pas vraiment comment s’y prendre pour montrer patte blanche (et car le faire dès le début aurait été plus judicieux !), William tournait le visage pour laisser son anxiété s’envoler au son des vagues qui s'échouaient à quelques pas de lui. Jamais il n’avait été mentionné la présence d’une jeune femme lors de ce séjour, Diana Ligtwood avait pourtant eu la langue bien pendu tout au long du voyage ! Était-ce un nouveau piège ? La prudence était de mise et le Comte avait retrouvé son visage froid, si caractéristique de sa personne.


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Message() / Dim 4 Déc - 22:42
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Sur l'écume blanche qui frange, le manteau glauque de la mer.  
     @William Lightwood  
   

   
   

   Que voulait-il dire par elle et lui ? Elle ne le sut pas et n’avait pas vraiment envie de demander. Elle avait préféré le regarder le moins possible et avait donc manqué son regard appuyé, et avait encore moins compris ses yeux moqueurs. Quoiqu’elle conclut qu’il s’agissait juste du fait qu’elle était seule avec lui. Même si ça ne collait pas complètement…

Elle se présenta donc, et la réaction de l’homme la laissa coi. Il était… surpris ? Mettant ainsi à mal sa théorie. Et puis, il changea complètement d’attitude, la perdant complètement par la même occasion. Il était passé de charmeur et rieur à… Déçu ? Gêné ? Il n’avait pas l’air très heureux de l’entendre dire cela en tout cas, et si elle ne savait comment le prendre, cela ne lui semblait pas être particulièrement sympathique à son égard.

« Évidemment ? » Elle avait cette fâcheuse tendance à jouer les perroquets lorsque la situation lui échappait. Elle n’eut pas plus le temps de se faire des idées cependant qu’il se présenta à son tour, la laissant d’autant plus perplexe.

« Lord Lightwood, hmm ? » C’était à la fois une question sur le préfixe, qu’une interrogation pour elle-même. En espérant que le fait qu’elle l’ait appelé “Sir” ou encore “Monsieur” ne lui soient pas reprochés. Elle n’était pas sûre de savoir comment elle était censée faire lorsqu’elle ne savait pas qui elle avait en face car ce cas n’était pas supposé se présenter. Personne n’avait donc pris le temps de lui enseigner le second manuel de bienséance, celui qui sort du cadre classique, mais qui se produit quand même, avec une certaine tolérance. Pour le second cas, elle fouillait sa mémoire, et hélas, ce nom ne lui disait rien du tout. « Jamais entendu parler. » Finit-elle par dire avec dédain, puisqu’il se montrait maintenant si froid et qu’elle le prenait personnellement. Même si ce n’était que la stricte vérité, car encore une fois, elle avait été plus occupée à lire un livre qu’à écouter son père. Et de ce fait, elle n’était pas certaine de le croire.

Elle était très loin du scénario qu’elle s’était imaginée, à l’opposée même, puisqu’il ne savait qui elle était, et depuis qu’il le savait, il paraissait ne pas apprécier la nouvelle. C’était blessant. Abélia avait été prévenue que ce genre de réaction pourrait arriver, cependant c’était la première fois qu’elle y était confrontée aussi directement.

« Si je résume : nos parents sont présentement en train de prendre le thé, pendant que vous avez préféré allez vous jeter dans l’eau salée alors que je me promène seule sur la plage… - C’est aussi grotesque qu’un mauvais roman à l’eau de rose. - Suis-je censée croire que ce n’est que pur hasard et que vous n’aviez pas la moindre idée de qui j’étais ? »

Elle haussa les épaules, la mine maussade et blasée, comme pour dire qu’elle acceptait de le croire, mais non sans regrets. Aussi elle ajouta :

« J’imagine que même les plus grands acteurs ne savent pas aussi bien exprimer leur déception. »

Elle passa devant lui en le regardant, son orgueil blessé le défiant, puis croisa les bras sous sa poitrine. Son regard de la couleur du ciel se perdit vers l’horizon, retrouvant sa mélancolie habituelle.

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Message() / Mar 6 Déc - 18:24
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William & Abelia
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.
Partie 1

Le visage enfermé dans la contrariété, William n’avait pas prêté attention à ses mots et à la portée de ces derniers. Trop franc, trop direct, trop peu réfléchi, il venait de contrarier à son tour la jeune femme Lewes. Evidemment, il ne s’excusait pas, fidèle à lui-même. Il parvint même la prouesse suivante : s’offusquer davantage des répliques assassines de la demoiselle. Un comble !
Son égo était touché et il marchait en silence ignorant presque les accusations portées à son sujet pour ne pas employer des mots trop audacieux à l’égard d’une demoiselle.

Pensez-vous donc que je tente de vous tendre un piège ? Les choses auraient été bien différentes si tel avait été le cas, Mademoiselle. Quel profit aurais-je donc à me conduire de la sorte ?

S’attirer les foudres de sa mère ? Se faire virer à la hâte par ses hôtes ? Gâcher en quelques heures à peine son séjour à la mer ? Non… S’il avait su être en compagnie d’une fille Lewes, il se serait tenu à carreau et n’aurait certainement pas mit autant de temps à enfiler ses vêtements. Il avait été imprudent et son comportement pouvait lui coûter cher si elle venait à parler.

J’imagine que même les plus grands acteurs ne savent pas aussi bien exprimer leur déception.

Voilà un compliment qui me va droit au cœur. Répondit-il sèchement.

Tel deux enfants contrariés à la mou boudeuse, Lord Lightwood et Miss Lewes marchaient en silence, le regard plongé vers l’horizon comme si la mer pouvait leur venir en aide d’une façon ou d’une autre. Comme si les vagues qui s’échouaient à leurs pieds pouvaient effacer les dernières minutes passées.
Un élan de maturité -rare, notons-le- s’empara du Comte qui décidait de faire des excuses plutôt sincères pour apaiser la tension qui régnait dans l’air. Il s’arrêta, fixant les yeux clairs de la demoiselle avec insistance pour ne pas qu’elle se dérobe.

A l’évidence, nous ne sommes pas partis du bon pied vous et moi. Je tiens à vous présenter mes excuses si mes mots ont pu vous offenser, je suis souvent maladroit.

Des excuses de la part de William Lightwood ? La pluie ne devrait plus tarder ! Il inspirait profondément pour reprendre son calme, déterminé à prouver à la demoiselle qu’il n’était pas un mauvais bougre.

Je suis enchanté de vous rencontrer Mademoiselle Lewes. Pardonnez ma stupéfaction à l’annonce de votre nom, je n’ai pu m’empêcher de penser à un énième piège tendu par cette créature diabolique qui n’est autre que.. Ma mère, Diana Lightwood. Dit-il, sourire en coin en imaginant cette dernière en pleine manigance.
Je suggère que nous reprenions depuis le début, sur de meilleures bases.



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Message() / Mer 7 Déc - 19:43
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La vague nous jette au ciel en courroux,
Le ciel nous renvoie au flot en démence :  

     @William Lightwood  
   

   
   

« Je ne saurais le dire, je ne suis pas dans votre tête. »

Elle était d’autant plus méfiante qu’elle avait bien reçu une leçon sur les célibataires annoncés à la prochaine saison, leur titre, comment s’adresser à eux et l’essentiel à connaître, et elle ne se souvenait pas que le sien fut cité par la douairière. Avec son beau visage et ses airs charmeurs, comment ne pas croire à un piège ? Elle était presque encore plus outrée qu’il soit outré de son accusation, sans compter que d’ignorer ce qu’il avait à y gagner n’était pas pour lui donner plus de crédibilité.

Maintenant ils étaient bien tous les deux, à s’être fâchés alors que s’ils rejoignaient la maison ils devraient se montrer courtois, au risque de devoir s’expliquer. Comme si la situation n’était pas assez embarrassante comme ça. Il fallait donc que l’un des deux se montrent plus mature que l’autre, d’un autre elle se sentait plus justement offensée que lui, alors elle se dit qu’elle lui laisserait jusqu’au prochain rocher pour le faire, avant de s’y forcer. Elle n’eut pas à atteindre jusque là. Il s’arrêta et elle se tourna vers lui.

« Excuses acceptées. J’espère ne pas vous avoir offensé non plus. » Elle n’était pas extrêmement convaincue mais suivait les valeurs chrétiennes qu’on lui avait inculquées et s’efforcerait donc de lui pardonner. Et puis il s’expliqua un peu plus, regagnant de sa confiance, même si elle ne fut pas sûre de quel genre de piège sa mère pouvait bien lui tendre la concernant. Si bien que son sourire poli se mua rapidement en incompréhension, le sourcil levé, la bouche pincée. Il poursuivit, et elle laissa cela de côté pour le moment.

Il avait raison, ils étaient partis du mauvais pied et devaient recommencer depuis le début.

« Lord Lightwood. » Elle lui sourit à nouveau, et le salua comme s’il venait de se croiser, dans une élégante révérence. Etait-ce parce qu’elle venait de penser au mot pied, ou parce qu’elle croisait les jambes ? Son air changea subitement. Interdite, elle se figea complètement alors qu’elle réalisait qu’elle n’avait pas remis ses chaussures. C’était extrêmement gênant, presque plus que de l’avoir vu torse nu. Avait-il vu ses pieds ? Elle n’osait l’imaginer. Et si c’était le cas, il n’avait rien dit… Mais en même temps, ils se disputaient alors comment lui en vouloir. En plus sa robe avait un ourlet et on voyait donc aussi ses chevilles…
Doux jésus.

Ses joues étaient devenues roses et son air en disait long. Clairement, Abélia n'était pas une bonne comédienne ni une grande menteuse.
Mais il fallait bien qu’elle fasse quelque chose, elle ne pouvait de toute façon pas rentrer chez elle comme ça...

« Je… J’ai oublié… Des affaires… Je dois rebrousser chemin. » Elle déglutit puis fit demi-tour et s’éloigna d’un pas rapide, avec ou sans lui, peu lui importait. La main derrière la nuque, elle se grattait. Pourvu que cela n’arrive pas aux oreilles de la douairière.

C'était une catastrophe. Elle ne survivrait jamais à une saison entière. Pas même une seule soirée sans doute.
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Invité


Message() / Jeu 8 Déc - 21:42
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William & Abelia
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Partie 1

Les tensions s’étaient apaisées avec un peu de bonne volonté de part et d’autre. Non sans mal car les excuses prononcées par le William et Abélia étaient teintées d’une légère amertume malgré tout. Enterrer la hache de guerre et cesser ces pics récurrents, c’était l’objectif du jour ! La tâche ne serait pas aisé quand on sait à quel point ce petit jeu du chat et de la souris plaisait à William.

Il s’inclinait à son tour après la révérence de la demoiselle, une main derrière le dos et un regard sincère dénué de vice -alleluia ! -. Aussi, il remarqua sans mal la mou crispée de la jeune femme une fois redréssée. Son corps s’était raidi et son sourire s’était envolé en une fraction de seconde comme si elle venait de voir un démon tout proche. Plus rapide que l’éclair, elle prit le chemin à contresens sans informer le jeune homme de ses projets.
Pour quelqu’un souhaitant acter un trêve, s’enfuir à toute vitesse était une drôle de manière de sceller leur accord.

Son égo, toujours très sensible lui criait de poursuivre sa route et de ne pas accorder plus d’attention à cette audacieuse qui venait de le laisser sur place sans un mot mais la curiosité est un bien vilain défaut et William ne put s’empêcher de la suivre, roulant les yeux au ciel.
Qu’avait-elle bien oublié pour marcher si vite !?
A quelques mètres d’elle, il tentait de lui emboîter le pas sans toutefois se mettre à courir, ne sachant pas vraiment pourquoi il s’entêtait à la suivre plutôt que de rentrer se mettre au chaud pour sécher ses vêtements. L’idée d’un thé en famille, à se compter des souvenirs d’enfance et à se concentrer afin de ne pas faire tinter de trop sa petite cuillère lui fit prendre conscience qu’Abelia était de loin plus divertissante que ce vaste projet familial…

En retrait derrière elle, il ne put s’empêcher de sourire. Voilà une drôle de créature ! Une jolie blonde au teint de poupée qui courait pieds nus dans le sable, les cheveux emmêlés par le vent. Un paysage rare et si naturel qu’il trouva cet instant parfait. Authentique. Loin des dentelles, des chignons à rallonge, des règles ennuyantes. Abelia était la parfaite contradiction d'elle-même. Elle qui tentait de lui inculquer des valeurs morales depuis plusieurs minutes… n’avait pas de chaussure. Evidemment, il l’avait remarqué depuis bien longtemps et fut surpris qu’elle ne s’en soit pas rendu compte plus vite.

Lorsqu’elle retrouva ses précieuses bottines, il ne put s’empêcher de rire.

Vous voyagez léger Miss Lewes..


Son rire se mêlait au bruit des vagues, bien que toujours armé de petits tacles inoffensifs, l’attitude du comte était détendue et bienveillante. Il riait de la situation, de cette rencontre inattendue et pleine de rebondissement. Il fut prit dans un fou rire dénué de moquerie, le genre de rire profond qu’il était impossible de maîtriser et qu’il n’avait pas eu depuis bien longtemps.
Dans son excès de folie et car rien ne l’arrêtait quand il avait une idée en tête, il plongea ses yeux malicieux dans ceux anxieux de la jeune femme et se mit à retirer ses chaussures lui aussi. C’était parfaitement inapproprié, oui, en effet.

Venez ! Suivez-moi !

Déterminé à poursuivre ses jeux d’enfants et avec assez peu de conviction de pouvoir détendre Mlle Lewes de tous les protocoles qu’elle avait si durement appris, William s’empressa de rejoindre le bord de mer, pantalon retroussé, pour profiter de l’eau une nouvelle fois. Les vagues s’échouhaient à ses pieds et le temps s’arrêtait de nouveau.
Qui était Abelia Lewes ? La gentille demoiselle à l’éducation si parfaite qu’elle ne pourrait sortir de son moule, ou une jeune femme qui s’était promener pieds nus sans s’en rendre compte et arriverais à en rire après coup…




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Message() / Ven 9 Déc - 12:55
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La jeune fille ! — elle est un souvenir des cieux,
Au tissu de la vie une fleur d'or brodée,
Un rayon de soleil qui sourit dans l'ondée ! 

     @William Lightwood  
   

   
   

Fort heureusement, ses bottines étaient exactement là où elle les avait laissées, près du rocher sur lequel elle s’était assise pour les enlever. En même temps qui aurait pu les emporter ? La mer ? Ce n'était pas comme l’océan dont elle rêvait de voir les impressionnantes marées. Les oiseaux ? Cela aurait été bien curieux, les mouettes sont rieuses mais peut-être pas voleuses comme les pies. Elle reprit donc appuie sur le rocher, pas certaine de comment elle allait s’y prendre alors que le sable collait à ses pieds mouillés. Et lui était toujours là, alors elle comptait bien lui demander de regarder ailleurs…

Et puis son regard curieux fut attiré par sa remarque dont elle n’était pas certaine de saisir le sens. Etait-ce bien ou mal ? Elle l’ignorait, mais ne le prit pas mal, pas plus que son rire, car son attitude avait changé. Elle ne put ignorer l’écho étrange à la scène qu’ils avaient vécu un peu plus tôt, presque au même endroit, similaire et pourtant si différente. Il était là debout devant elle qui ne bougeait pas, ne mettait toujours pas ses chaussures, à rire avec une telle sincérité qu’elle n’arrivait à regarder ailleurs : la vision était belle et touchante et petit à petit, il lui communiquait sa joie.

« Il est pourtant rare que je n’ai pas un carnet et du fusain sur moi. »

Une réponse un peu trop pragmatique qui témoignait, si cela était encore nécessaire, que ses doutes restaient présents. Et comme si elle n’assumait pas son sourire naissant, fleur à peine sortie de son bourgeon, elle repoussa derrière son oreille une mèche rebelle. Tout le monde ne cessait de lui inculquer de se méfier, mais pour le moment, toutes les rencontres qu’elle avait faites avec la haute société n’avaient été que positives. Même celle-ci qui était pourtant si mal partie. Et Abélia se dit que peut-être que de ne pas avoir grandi dans leur carcan lui donnait d’autres avantages dont elle pourrait tirer partie une fois qu’elle les comprendrait mieux. Qu’à trop se méfier et à trop vouloir rentrer dans leur moule, elle se perdait elle-même.

Ses yeux ronds le regardaient enlever ses chaussures à son tour, alors que ses lèvres s’étiraient toujours de façon incontrôlable. Elle ne pouvait pas prétendre comprendre quoique ce soit à ce qui était en train de se passer, mais c’était peut-être ce qui rendait tout cela si beau. Il l’invita à le suivre et elle décida d’arrêter de se poser des questions ; elle reposa la chaussure qu’elle avait toujours entre les mains puis se leva et vint le rejoindre, la jupe relevée presque jusqu’aux genoux. Elle commença à jouer avec l’eau ou avec le sable du bout des pieds, dessinant des petits ronds ou éclaboussant légèrement autour d’elle, ou encore en laissant les vagues lui chatouiller la plante des pieds, souvent en équilibre sur l’autre, malgré le risque que cela présentait. Elle faisait ça sans réfléchir, et avec tant de naturel qu’elle commença à rire à son tour. Ce n’était pas un fou-rire comme lui, ce n’était toujours totalement franc, ni totalement libéré, mais cela avait le mérite d’exister. Quant à son visage, il était rayonnant et ouvert, exprimant la joie dans chaque ridule… Voilà très longtemps qu’elle n’avait pas senti son visage rendre justice à son monde intérieur.

« Etes-vous toujours aussi fou, Lord Lightwood ? »

Elle riait toujours. Elle avait bien envie de l’éclabousser, mais avait conscience que ce serait un jeu dangereux. Alors elle continua de dessiner des ronds dans le sable avec sa pointe de pieds, tout en regardant l’horizon avec envie, puis lui parfois, avec cette complicité d’inconnus qui partagent un instant de grâce, pourtant totalement inapproprié. Son rire s’apaisa, mais son sourire perdura.

« En réalité, je vous envie. J’aimerais me baigner comme vous l’avez fait… Si je n’étais pas aussi effrayée par les profondeurs… »

Et en même temps, apprendre à nager ne faisait pas partie de l’apprentissage traditionnel des jeunes filles, et ce même si Abélia avait déjà voyagé en bateau. Alors comment lui en vouloir d'avoir peur ? Au moins n’était-elle pas totalement inconsciente.

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Message() / Sam 10 Déc - 11:31
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Les tourments de la Saison qui venait de s’achever semblaient bien loin. Comme isolé du monde dans une bulle paisible et joyeuse, William laissait entrevoir une facette de lui que peu avait la chance de connaître. Sa carapace se brisait au rythme des vagues et l’air marin avait adoucit l’étrange personnage. Abelia Lewes n’y était pas pour rien, sa fraîcheur et son naturel avait fait du vilain méchant loup, un docile petit agneau au rire angélique.


J’ai bien peur d’être un piètre modèle Mademoiselle Lewes. Mais je suis ravi d’apprendre que vous êtes une amatrice de dessin. J’espère avoir l’opportunité de découvrir vos œuvres durant ce bref séjour.


Il avait été excédé par l’idée folle de sa Mère de faire un si grand détour pour rejoindre le domaine familiale à Surrey, mais il devait bien admettre que se priver d’une parenthèse si délicate aurait été un véritable gachis.
L’eau lui arrivait à mi mollet et son état était déplorable, il était trempé, couvert de sable mais le visage lumineux. Une lumière qui ne fit que s’accentuer quand la demoiselle daigna le rejoindre dans son excès de folie.

Etes vous toujours aussi sérieuse Miss Lewes ? Dit-il taquin.
Navré de vous décevoir, je suis généralement tout l’inverse, voilà bien des années que je ne me suis pas amusé de la sorte. Je compte sur votre discrétion, je ne voudrais pas que l’on pense de moi que je suis un homme sympathique.

Difficile de démêler le vrai du faux dans ses paroles tant il usait et abusait d’un humour étrange. Sans crier garde et car les yeux malicieux de la jolie blonde trahissait son self contrôle, il se penchait pour balayer l’eau fraîche de sa main et l’arroser tel un enfant de cinq ans. Un large sourire s’étirait sur son visage avant qu’il ne recule pour éviter toute riposte. Il recommençait d’un peu plus loin, fier de ses bêtises. Le vent se fit plus frais et leurs vêtements humides commençaient à lui procurer des frissons, il reprit son sérieux malgré lui.

Je ne souhaiterais pas être à l’origine d’un vilain rhume ! Peut-être devrions nous rentrer nous secher. J’aimerais beaucoup longer les falaises que nous apercevons ainsi que me rendre au village pour découvrir les lieux. Me feriez-vous l’honneur de m’y accompagner ? Avec une chaperonne cela va de soi. Et des vêtements secs. Ainsi que.. des chaussures, peut-être ? Je vous laisse juger de ce dernier point.

Mais où était donc passé Lord Lightwood ? Quel gentleman, n’est-ce pas ?

Il quittait à contre-cœur la mer salée, ne souhaitant pas attirer d’ennuis à la demoiselle avec qui il riait aux éclats car si des regards mal intentionnés venaient à les apercevoir dans une telle posture, tous deux connaissaient les représailles. Il n'avait cesser de se mettre en danger ces dernières semaines et devait se ressaisir sur ce point, il avait une réputation à conserver, pour le bien de Surrey et de sa famille.


M’accompagnez-vous ou dois-je faire le chemin seul ?


William baissait les revers de son pantalon pour enfiler de nouveau ses chaussures bien que cela soit très inconfortable avec le sable et l’eau. Il comptait bien se faire discret et rentrer dans la chambre qui lui avait été réservée sans passer par les communs aux risques de devoir répondre à milles et une questions embarrassantes.


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Message() / Sam 10 Déc - 18:45
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Plus bas, leur blancheur sous l'eau bleue
Se glace d'un visqueux frisson. 

     @William Lightwood  
   

   
   

Qu’il soit un piètre modèle, elle en doutait, avec des traits comme les siens, nettes et d’une beauté évidente, il serait facile à dessiner. A moins qu’il ne doute de sa capacité à poser, auquel cas, il n’avait pas à s’en faire. Abélia ne demandait jamais une telle chose, en général, elle se mettait dans un coin du salon, se faisait oublier et dessinait ce qu’elle voyait. Quand bien même, son sujet de prédilection restait les plantes et elle lui montrerait avec plaisir, aussi elle positivement hocha de son si fin menton. Ses œuvres étaient tout à fois à son image : précises et parfaites reproductions d’une réalité terriblement ennuyeuse, c’est du moins ce qu’un artiste lui avait dit, même si elle s’en moquait. Elle s’efforçait inconsciemment de chasser tout grain de folie de sa personne, même si son imagination la rattrapait parfois, sauf en dessin où elle n’avait jamais dessiné quelque chose qu’elle n’avait pas déjà vu de ses propres yeux.
Le tutorat de Lady Pelham-Clinton n’avait rien arrangé à son caractère si effacé et obéissant, si sérieuse, comme il le disait si bien. Ce dont elle était plutôt fière.

« Toujours. » Si elle ne l’était pas, qui le serait à sa place ? Ses parents étaient déjà bien trop fous à eux deux, ils monopolisaient le capitale familiale. « Je ne suis pas déçue, et ne vous en faites pas, je suis connue pour ma discrétion, je garderais donc pour moi que je vous trouve sympathique, et tout cette rencontre d’ailleurs… Bien que ce soit étrange, quelques minutes plus tôt je vous traitais de menteur et d’opportuniste… »

Elle rit à nouveau, maintenant qu’il avait éveillé ce fameux grain de folie qui dormait en elle, il ne semblait pas vouloir partir de si tôt. En réponse, il l’éclaboussa, et elle hurla, faussement outrée, tout en riant toujours plus, et tenta bien sûr de lui rendre la pareil d’un coup de pied, puis d’un autre, même si le lâche s’éloigna ! Elle réalisa alors qu’elle n’avait pas tant peur d’être mouillée, et que sa confession appelait une invitation. Elle voulait qu’il l’accompagne dans l’eau ! Pensée complètement folle, absolument inconvenante, mais il était là et il savait nager, il n’y avait personne et ils s’amusaient bien, non ? Mais Lord Lightwood était redevenu sérieux et proposait la seule chose convenable à faire, à son grand désarroi… Elle l’arrosa, jouant les femmes bafouées, à la mention de ses chaussures, tout en protestant : « Ah, parce que je crains un rhume, mais pas vous ? » Puis elle se détourna. Alors qu’il sortait de l’eau, elle avançait, relevant sa jupe jusqu’à ce que l’écume lèche ses genoux. L’appel de l’eau était si fort qu’elle aurait voulu se faire sirène soudain. Avec ses yeux bleus comme l’Azur, sa peau diaphane et ses cheveux d’or - bien qu’attachés - il ne lui manquait plus qu’une couronne de coquillage et d’algues ainsi que d’une queue de poisson pour être une véritable néréïdes.

Ces créatures étaient dangereuses néanmoins, et Abélia, elle, était inoffensive. Alors elle quitta les vagues et la mer pour revenir sur la plage.

« Je viens. Aucun de nous deux n’a envie d’aller s’enfermer dans ce salon pour y boire du thé, n’est-ce pas ? »

Et s’il était ici avec ses parents, c’est qu’il devait être célibataire, et donc qu’on lui ferait jouer de la harpe ou toute autre chose pour tenter de l’impressionner. Du moins, c’est ce qu’on lui avait raconté, même si elle ne comprenait pas cette tradition.

Elle reprit place sur ce fameux rocher pour la troisième fois de la journée et entreprit donc doucement de se débarrasser du sable qui collait à ses pieds, en se servant du bas de sa robe… Ma foi, elle n’avait guère mieux à disposition. Elle épousseta ensuite du bout des doigts et puis se saisit de ses bas pour les enfiler, lorsqu’elle fut au talon, elle s’arrêta et regarda le comte, ayant retrouvé son air si sérieux et fit d’un ton ferme : « Retournez-vous. »
Comme s’il n’avait pas déjà bien trop vu… La pudeur inculquée et l’innocence d’Abélia faisait qu’elle était loin de se douter qu’il avait certainement déjà vu bien plus que cela et que cette vision ne devait pas être si émoustillante que cela. On lui avait dit de cacher ses chevilles et elle s’efforçait de le faire… Jusque là du moins.

Une fois chaussée et debout, elle s’arracha elle-même un sourire, en se disant finalement que cette histoire de cheville était quand même un peu grotesque. « Il va de soi que vous ne mentionnerez mes chevilles à personne. La comtesse douairière me tuerait… Même si, heureusement, elle n’a pas fait le voyage avec nous. » Et la jeune femme soupira, même si son sourire ne s'évapora pas. Elle l’appréciait, mais tout de même, elle avait besoin de souffler un peu, et ce malgré ses épaules solides capables d'encaisser bien des leçons.

« Ceci étant, Lord Lightwood, comment comptez-vous récupérer des vêtements secs et une chaperonne tout en évitant nos parents ? »
Et puis, elle remit ses gants qui étaient soigneusement rangés dans une poche et prit le bras du gentilhomme, loin de se douter que le visage fourbe et mesquin qu’il lui avait montré au début était plus proche du personnage que celui fort aimable et amusant qu’elle suivait désormais.
 
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Message() / Dim 11 Déc - 12:51
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William était rassuré et les deux jeunes célibataires signaient un accord verbal de se taire l’un et l'autre sur les évènements de la journée. Ils n’avaient rien à gagner et bien tout à perdre à oser entrer dans les détails de leur rencontre.

Abelia le rejoignait dans l’eau et sa carapace se fissurait également pour le plus grand plaisir de William qui riait aux éclats. Le visage de la demoiselle était solaire, innocent et il la contemplait avec bienveillance. Par prudence et pour ne pas la retrouver clouée au lit le lendemain matin, il ne la convia pas à nager même si l’envie de se jeter à l’eau le démangeait lui aussi. Il gardait cette idée dans un coin de la tête et trouvait cela absurde de ne pas enseigner la natation aux jeunes dames. Après tout, ils avaient encore un peu de temps devant eux, le Comte et sa famille ne partirait que le lendemain pour Surrey.

Un rhume ? Je suis bien trop costaud pour cela. Je pensais que vous vous en étiez aperçu.
Enfin, pardonnez-moi. Sans doute avez-vous raison, c’est plus prudent pour moi aussi de quitter ces vêtements humides.


Il s’était laissé emporter de façon bien trop familière pour s’adresser à une demoiselle pleine de candeur. Son corps, jamais elle n’aurait dû le voir et il convenait de ne plus y faire allusion.

C’est exact. J’ai passé des heures enfermé dans un attelage en compagnie de ma chère Mère et vous comme moi savons que ce n’est pas une tâche aisée.
Elle n’a cessé de me rappeler certaines de mes obligations, gagnons encore un peu de répit je vous prie.


Diana était une femme magnifique et ambicieuse. Piégée dans un mariage dénué de tout sentiment, elle voyait en ses deux fils une occupation de taille pour combler l’ennui, malheureusement pour eux. William ayant hérité de feu son Oncle, il était sa cible favorite.

Pas un mot sur les chevilles…
Dit-il en étouffant un rire.

Homme à femme comme beaucoup de ses amis, il n’avait pas ressenti la moindre ambiguité à la vue des chevilles de la jeune dame et eut du mal à contenir son rire, ne souhaitant pas l’offenser. Elles étaient si naïves, si peu informées, les jeunes femmes..
William se retourna, pour respecter l’intimité d’Abelia, profitant encore du paysage somptueux qui s’offrait à lui. L’immensité, le calme, la force, tout était si beau qu’il se voyait bien vivre ici quelques mois dans l’année.

Pour ma part, je passerai par la grande porte et ma famille ne jugera pas utile de me poser des questions. Ils seront outrés de ma tenue et feront profil bas et souhaiterons vivement me voir disparaître de leurs champs de vision.
Vous concernant, j’espérais croire que vous seriez amie avec votre femme de chambre. N'est-ce pas le cas ? Vous pourrez alors vous changer discrètement et prétexter quelques achats en ville, nous nous y retrouverons par le plus grand des hasards et feront ainsi le chemin retour ensemble.
J’ose croire que nos ambitieuses familles sauront se réjouir de nous voir revenir ensemble, par une heureuse coïncidence. Il ne devrait pas être bien difficile de les duper tant ils se réjouiront de nous apercevoir, chaperonner en bonne et due forme. Le destin fait si bien les choses…


Tout était délicieusement calculé et William était à peu près certain que son plan fonctionnerait à merveille, pour ses parents en tout cas. Ils appréciaient les Lewes et cherchaient désespérément à caser leur premier fils pour avoir un héritier. Cela serait un jeu d’enfant.

Ou peut-être avez-vous une meilleure idée ?
Dépêchons-nous de rentrer.


Détendu, apaisé par l’air marin et par la fraîcheur d’Abelia Lewes, le Comte lui tendit son avant bras pour les derniers mètres à faire ensemble avant de devoir se disperser pour ne pas être aperçu.



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Message() / Dim 11 Déc - 20:28
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À la lèvre rieuse, aux gestes sémillants,
Blonde aux yeux bleus rêveurs, à la peau rose et blanche, 

     @William Lightwood  
   

   
   

Oh Abélia se doutait bien que la vision d’une cheville n’était pas si terrible… Elle-même avait vu son torse après tout et elle n’en était pas morte, elle avait même rit doucement à l’allusion - quoiqu’en rougissant - osant presque lui supplier de garder ses habits en réponse, car elle l’avait assez vu sans. Tout cela en rigolant. Puisque c’était du passé et qu’ils s’étaient promis de ne rien dire, ils pouvaient bien en rire ; elle ne voyait pas le mal. Ce qui ne l’empêchait pas d’être terriblement innocente, même si pas complètement ignorante : Les plaisirs charnels n’attisaient pas encore sa curiosité, et c’était certainement tout ce qu’on souhaitait à une jeune femme qui n’en avait de toute façon pas le droit. Néanmoins, elle avait lu des livres d'anatomie et même piqué quelques ouvrages scientifiques sur la reproduction des mammifères… L’avantage d’être née bourgeoise.

Elle avait donc conscience qu’une cheville n’était qu’une cheville, probablement. Toutefois la règle était on ne peut plus claire : ne pas montrer ses chevilles, sous aucun prétexte. Et elle qui s’était dit “facile” la concernant, venait donc déjà de la briser…

Elle écouta son plan, qui lui sembla convenable, en espérant qu’il ait raison quant à ses parents, et que les siens ne soient pas trop insistants pour la faire rester…

« Je connais l’entrée des domestiques. Mais vous avez raison, cela serait certainement plus poli de ma part de saluer tout le monde avant d’invoquer un besoin impérieux d’un nouveau ruban pour ma tenue de ce soir, et je suis certaine qu’ils ne pourront résister à l’idée que je sois la plus belle possible pour vous rencontrer. Elle sourit de plus belle, commençant elle-même à trouver cette situation très amusante et à en jouer. Par contre, peut-être serait-il plus judicieux qu’ils ne vous voient pas. Vous passerez par l’entrée de service et irez vous changer puis ressortirez également par là et m’attendrez dehors, si cela vous convient. »

Ensemble ils remontaient vers les falaises, d’autres paysages les attendaient, tout aussi somptueux dans cette brise fraîche et néanmoins très agréable. Même si l’humidité de sa robe commençait à se faire sentir et faisait trembler la jeune femme, qui n’en faisait pourtant pas cas. Ils avaient encore un peu de marche, de quoi discuter allègrement, toujours dans cette même ambiance détendue.

« Vous avez parler de plusieurs heures de route, mais le Surrey est à plus d’une journée, il me semble. D’où veniez-vous ? »

Était-elle trop curieuse ? Peut-être que la question était déplacée, mais ma foi, il était trop tard.
« Comme je vous comprends, les heures de voiture ont été longues pour moi aussi. Mes parents ont énuméré la liste de leurs invités et j’avoue que mon livre était bien plus passionnant… Alors je n’ai rien retenu. Si vous les connaissez, vous devez vous dire que je suis leur exact contrepied. Et vous avez raison. La vie est si ironique parfois. Je pensais qu’ils auraient plus de difficultés que moi à s’intégrer dans ce nouveau monde, mais il semblerait que je me sois trompée. »

Elle devinait dans ses paroles qu’il était question de mariage. Et presque le seul sujet de discussion dont elle entendait parler depuis quelques mois. « Dois-je en conclure que vos parents vous ont traîné ici dans le but de me rencontrer ? - était-il déçu ? - Dans ce cas, n’ayez crainte du côté de mes parents, ils veulent mon bonheur plutôt que de me marier au premier venu, ils ne devraient donc pas être trop insistants. Ils seront simplement heureux de me voir côtoyer des jeunes gens de mon âge, car ils me trouvent trop solitaires. La comtesse douairière est une autre paire de manche, mais elle est restée à Grimsthorpe. Même si je comprends son inquiétude… Je suis fille unique et l’avenir de son domaine est des plus incertains tant que je n’aurais pas mis au monde un héritier.
Enfin, ne vous en faites pas : je ne dirais que du bien de vous et de vos manières à votre famille, ainsi sera-t-elle comblée de savoir que vous avez rempli vos obligations.
»

Abélia attrapa à la volée quelques hautes herbes et jouait avec tout en marchant et parlant, jetant sur le côté les petits morceaux qu’elle arrachait jusqu’à n’avoir plus rien. Son invité ne pouvait être sans savoir l’histoire de sa famille, leur récent héritage du Comté de Lincoln. Abélia transportait malgré une fortune et un titre, elle n’héritait que d’une partie du premier et transmettrait le second. Ce qui en faisait une cible de choix pour tous les chasseurs de dot et elle était donc sans cesse mise en garde sur le sujet. Cela énervait son père qui ne cessait de lui dire d’épouser qui bon lui semblait, quelqu’un qui la rendrait heureuse.
Et elle espérait satisfaire tout le monde en même temps, et que de là viendrait son propre bonheur.

« Pardonnez-moi. Quand on me lance je deviens une véritable pipelette… »

Alors qu’ils pourraient s’arrêter et profiter de la vue en silence, comme elle savait si bien le faire d’ordinaire. Seulement elle n’avait pas envie de se taire, ni de ne plus l’entendre tant cette rencontre lui paraissait enrichissante.
 
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Message() / Lun 12 Déc - 14:21
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La nouvelle vie de William, sa vie de célibataire sur le marché, que les Lightwood brandissaient comme un trophé convoité était faite de bien des surprises mais une chose était certaine : Sa mère serait folle de rage si elle l’entendait manigencer des plans machiavéliques en compagnie d’une jeune femme. Il sourit, jubilant. Il adorait la faire enrager, elle qui était si chétive à la voix d’ange et qui pardonnerait à son fils bien des travers pour un simple sourire. Sa progéniture… elle se montrait dure et ambitieuse à son sujet mais l’aimait bien trop pour lui causer du tort.

William écoutait attentivement les précisions fournies par la jeune dame qui semblait elle aussi prendre goût à ces quelques manigances.

Dans ce cas, vous me montrerez la porte de service et je tâcherais de me faire discret.

A ce jeu là, il était doué. Ses escapades nocturnes pour rejoindre ses amis dépravés étaient un entraînement de choix et bien souvent, avec la complicité des domestiques, cela passait inaperçu. Il se lovait dans son lit au petit lever du jour et faisait mine d’avoir cauchemarder pour attendrir son monde et justifier ses affreux cernes bleuâtres. Là, il n’était question que d’une brève entrée pour se changer, cela serait un jeu d’enfant.

Nous arrivons de Londres, Mademoiselle. J’ai eu le plaisir -dit-il en se raclant la gorge, quelque peu ironique - de participer à la dernière Saison. Il est à présent temps pour moi de profiter de quelques visites ici et là et de retourner mettre un peu d’ordre chez moi.
C’est une bien belle maison que vous avez ici, nul doute que vos nombreux invités doivent se plaire à l’idée d’un séjour proche de la mer. Je m’y verrais bien.. vivre ici… C'est un endroit apaisant, hors du temps.
Dit-il en contemplant la beauté des lieux.

Il écoutait attentivement la jolie blonde se livrer à lui progressivement. Elle qui était sur la défensive à son sujet quelques minutes plus tôt commençait à baisser les armes et, il devait l’avouer, cela était plaisant et adapté au lieu dans lequel ils avaient la chance de se promener. Naturel et sans artifice.

Voilà une chance rare d’avoir des parents compréhensifs et attentifs à votre vie personnelle. Dois-je comprendre que vous participerez à la prochaine Saison ? Il ne me semble pas vous avoir croisé à la précédente mais… peut-être ne vous ai-je pas repéré dans l’épaisse foule d’invités. Etiez-vous présente ? Pour ce qui est de vos parents, je n'ai pas encore vraiment eu le temps de faire leur connaissance. Juste de bref échanges à notre arrivée. Evidemment, j'ai entendu parler de votre famille. De vous également. Je mets enfin un visage sur un nom souvent cité.

Le Comte ne s’était pas vraiment donné en spectacle, il n’avait participé qu’au dernier bal et à la moitié des festivités. Trop solitaire et préférant vaquer à ses occupations plus qu’à minauder en public.

Pardonnez-moi. Quand on me lance je deviens une véritable pipelette…

Il tourna le regard, lui adressant un sourire sympathique sans se prononcer sur le sujet. D’ordinaire, faire la conversation n’était pas son point fort mais il se plaisait à l’écouter et à découvrir la véritable Abelia Lewes. Si cette dernière venait à rejoindre Londres, il craignait que tout soit différent, qu’elle soit muré dans de nombreux codes. C’était sans doute une opportunité rare de découvrir une personne dans ces conditions, loin de l'effervescence de la ville et de ses regards dangereux.

Rapidement, les deux jeunes gens arrivaient proche de la maison. William libéra son bras avec délicatesse pour mettre en place la première étape de leur plan. Il jeta un coup d'œil à son allure négligée, mouillée et sableux et leva les yeux au ciel pour réussir à se faufiler comme prévu dans les mailles du filet. La porte de service lui avait-elle dit…
Il repérait au loin cette dernière et espérait que personne ne poserait de question de voir un invité rentrer tel un voleur.

Nous nous retrouvons ici, cela vous convient ? Je vais tâcher de me faire discret. Gardez donc un peu de salive pour poursuivre nos discussions sur la suite du trajet. Lui lançait-il, taquin.

Il prit une direction opposée à celle d’Abelia, contournant la splendide demeure pour rejoindre un accès discret et à l'abri des regards des deux familles afin de rejoindre ses quartiers en silence.




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Message() / Lun 12 Déc - 18:36
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Et nos heures, pourtant si vite dépensées,
Sont pour elle. Jamais, imprégné de fraîcheur,  

     @William Lightwood  
   

   
   

Londres.
Voilà qui était décevant, et peu original.
Tout le monde arrivait de Londres ces derniers temps, et tout le monde se plaignait de la saison. Elle espérait donc une histoire différente… En vain. Tant pis. Il parvint à l’en distraire en parlant de la maison dont ils se rapprochaient, et elle acquiesça doucement. Il était vrai que c’était un très bel endroit et que son père avait encore dépensé une fortune pour ce manoir en bord de mer.

« Je suis certaine que vous seriez le bienvenu si vous souhaitiez revenir. » Ce n’était pas ses parents que cela dérangerait après tout, et visiblement pas les siens non plus.

Et elle raconta sa vie, comme ça, à lui qu’elle connaissait à peine, au gré du chemin sur la falaise et du vent marin qui l’y poussait, sans doute. C’était venu tout naturellement en tout cas, comme si le secret un peu idiot qu’ils partageaient créait une intimité évidente entre eux. Elle ne pensait pas pour une fois, juste elle parlait.

« Compréhensifs et attentifs ne sont pas vraiment les termes que j’aurais employé. Heureusement que vous avez dit ne pas les connaître, le taquina-t-elle, sans donner plus de détails. Je ferais mes débuts, Lord Lightwood. Je n’ai participé à aucuns événements de la saison même si j’étais à Londres jusqu’à la fin du printemps, contrairement à mes parents. Je serais curieuse de savoir ce que vous avez entendu dire sur moi. »

Après l’incendie, sa famille avait appris la nouvelle sur l’héritage et la douairière eut sitôt fait d’envoyer la jeune femme à Grimsthorpe Castle, dans le sud du Lincolnshire, pour la cacher avait-elle même affirmé. Lady Pelham-Clinton supportait mal les Lewes, elle les trouvait inconsistant, grossier, vulgaire et trop envahissant, alors qu’elle avait de grands espoirs pour Miss Abélia. Suffisamment ravissante pour être le prochain diamant, discrète, obéissante, innocente, tant de qualités très recherchées par la haute société. Le plus dur fut de lui réapprendre à marcher, avec la grâce d’une lady, et non la démarche d’une lavandière, et puis lui rappeler sans cesse qu’elle devait sourire. Abélia n’arrivait pas à se forcer, elle se montrait souriante lorsque la compagnie lui était agréable, mais avec un inconnu elle était méfiante et mal à l’aise. Pour la comtesse, il était clair qu’elle ferait faire un excellent mariage à cette demoiselle et qu’il n’y aurait plus qu’à attendre la naissance d’un fils. Ce qui l’inquiétait un peu plus : fille unique et un peu trop frêle.

Et puis, ils furent devant la maison. William s'éclipsa pour se diriger vers la porte de service qu’elle lui avait indiqué, laissant la jolie blonde coi derrière lui. Puis, en arrangeant sa robe, elle réalisa qu’elle ferait mieux d’emprunter elle aussi ce chemin et partie donc à sa suite. Il était vrai qu’il valait mieux qu’ils ne la voient pas à moitié trempée, avec un ourlet et toute décoiffée. Elle se faufila donc après lui, sans dire mot, trouvant sa femme de chambre pour l’aider à se changer et à se recoiffer. Elle trouva une jolie robe bleu ciel, tout aussi simple que la précédente, une coiffe crème et un spencer de la même couleur, ainsi qu’un réticule avec un peu d’argent de poche, et bien sûr, des chaussures propres.

Une fois prête, elle descendit au salon pour saluer les invités comme il se devait.

« Lord et Lady Lightwood, Mr Lightwood, bienvenue à Mablethorpe. J’espère que le séjour vous plaira. »
« Miss Abélia, quel plaisir de vous rencontrer. Quelle charmante jeune femme vous faites, n’est-ce pas mon cher ? »
La jeune femme sourit, les joues roses et inclina la tête, songeant que la fameuse mère n’avait pas l’air si terrible. Comme quoi les apparences… Et que Lord Lightwood ne l’avait pas prévu qu’il avait un frère… Un frère tout aussi bel homme que lui.

« Ma chère Abélia, tu repars déjà ? Ne veux-tu pas t’installer avec nous pour le thé et nous jouer un peu de harpe ? Le fils aîné de Mme Lightwood est parti faire un tour, mais il ne devrait pas tarder à nous rejoindre. »
Elle eut bien du mal à se contenir de sourire. Elle ne se contint pas, en fait, et son regard croisa par hasard celui du jeune homme.

« Veuillez m’excuser mais j’ai besoin d’aller faire quelques courses pour ma tenue du dîner. »

Lady Lightwood sembla acquiescer fortement à l’idée que la jeune femme se fasse la plus belle possible pour le dîner. Et Abélia put alors les saluer à nouveau et s’esquiver, songeant qu’il lui fallait absolument revenir avec un ruban pour sa robe. Elle n’était pas une grande menteuse.

Sa femme de chambre marchant derrière elle, dès qu’elle fut assez loin de la maison et aux côtés du Comte, la jeune femme éclata de rire. Le plan avait fonctionné à merveille.

« Votre mère est charmée, et comme prévu, absolument ravie à l’idée que je me fasse belle pour vous. Je crois qu’elle m’aurait elle-même poussé dehors si ma mère avait insisté pour que je reste. Mais vous ne m’aviez pas dit que vous aviez un frère ! »

Abélia ne s’était pas autant amusé depuis bien longtemps, même si derrière elle sa femme de chambre faisait la tête. Elle l’avait pourtant rassuré quant à ses intentions. Ils ne faisaient rien d’autres que d'échapper à la vigilance de leurs ainés.

« Que voulez-vous faire Lord Lightwood ? Hormis choisir un joli ruban à la boutique. »

Fidèle à elle-même, la jeune femme n’avait pas manqué de glisser un peu de papier et du fusain dans son petit sac, puisqu’elle en avait un cette fois. Elle n’y manquait jamais dès qu’elle en avait la possibilité.

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Message() / Mar 13 Déc - 11:21
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Tout s'était déroulé comme prévu. William, aidé par de charmants domestiques, avait pu se changer en vitesse, retrouvant ainsi le confort procuré par des vêtements secs et chauds. Il avait enfilé une chemise blanche ainsi qu’un veston crème et fidèle à ses habitudes, revêtu un manteau noir qui lui donnait un air si serieux. Sans faire de bruits, et car ses parents ne devaient pas être surpris par son absence d’une parfaite impolitesse, il s’était rapidement retrouvé au point de départ pour y retrouver miss Lewes, toute vêtue de bleu.

Ensemble, ils se mirent à rire de leur réussite écrasante et de la moue déconfite de la femme de chambre désignée comme chaperonne et loin d’être idiote. Elle se retrouvait prise au piège dans de sournoises manigances et cela ne semblait pas la faire rire, elle. Il leva les yeux au ciel, sa mère était si prévisible…

Vous m’en voyez ravie. Ne vous fiez pas à ses airs angéliques, c’est une véritable carnassière trop ambitieuse. Dit-il avec humour mais non sans un sourire démontrant toute l’affection qu’il avait à son égard. Puis son regard se rempli d’une délicieuse malice lorsque la jeune femme aborda le sujet de son frère. Il avait volontairement omis d’aborder sa présence tant il savait le jeune homme redoutablement séduisant. Question de fierté, d’égo, allez savoir…

Vous avez fait la connaissance de Gabriel ? Vous voilà bien souriante Mlle Lewes. dit-il, provocateur.
C’est un homme charmant, nous passons beaucoup de temps tous les deux et il me ressemble en bien des points. Il est plus sage et discipliné malgré tout, heureusement ! Je pense que vous pourriez vous entendre à merveille, j'en suis persuadé. Dit-il non sans amertume, lui qui aimait monopoliser l'attention. Sa relation avec le plus jeune de la famille était suffisamment fusionnelle pour laisser à ce dernier quelques privilèges. William ne dirait jamais du mal de lui, c'était certain.

Je dois vous avouer que.. j’ai peu de connaissance au sujet de votre famille.. Mais vous allez sans doute m’éclairer sur le sujet.. avançons pour ne pas être vu.

Il tendit son bras à la demoiselle afin qu’elle puisse s’y soutenir lors de cette marche en direction de la ville. Ils longeaient d’immenses falaises, surplombant la mer avec fierté. William, bien que concentré sur ses échanges avec Abelia ne cessait pas de contempler ce divin spectacle.

Je dois avouer que le ruban était un alibi de choix, mademoiselle Lewes. Je vous pensais plus raisonnable et studieuse, m’étais-je donc trompé sur votre compte? Je propose que nous nous arrêtions en ville boire une boisson chaude et chercher ce dit ruban. Nous n’avons pas beaucoup de temps avant qu’ils ne remarquent mon absence bien trop prolongée. Nous serons ainsi revenu à une heure décente.

Il marquait une courte pause.

Parlez moi donc de vous. D’où venez-vous ?

Son intérêt était sincère et Lord Ligthwood se montrait sous son meilleur jour. Intéressé et potentiellement intéressant, il ne prenait pas son air supérieur et se voulait sympathique. Décidément, l’air marin avait bien des vertus..




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Message() / Mar 13 Déc - 17:49
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Sous mes pieds s'étendait un vaste paysage,
Cerclé d'un double azur par le ciel et la mer ;   

     @William Lightwood  
   

   
   

« Non. » Avait-elle dit, le visage subitement redevenu sérieux et les joues légèrement pourpres. Alors que bien sûr, la réponse aurait dû être positive puisqu’elle avait effectivement rencontré son cadet, mais elle souhaitait démentir cette histoire de sourire, si facilement bernée qu’elle était… Même si, elle avait bien senti que c’était un point sensible. Et puis elle haussa les épaules à sa dernière remarque et retrouva le sourire, elle qui faisait en sorte de s’entendre avec tout le monde. Ou dans l’idéal, de ne pas se faire remarquer, mais cette idée-là, elle l’avait laissé de côté depuis qu’elle était devenue l’unique héritière d’un comté et d’une immense richesse. Elle était toutefois ravie de savoir qu’elle ne risquait pas de croiser Gabriel Lightwood nu dans l’eau.

« Oh, croyez-moi, je l’avais remarqué. » Avait-elle réellement envie d’éclairer sa lanterne, de lui faire comprendre ô combien sa dot était conséquente ?

Lorsqu’il lui tendit, elle glissa sa main à l’intérieur de son coude après avoir marqué un temps d’arrêt. Pourtant elle l’avait pris sans réfléchir toute à l’heure, dans l’euphorie du moment, mais cette fois elle hésita, puis les paroles de la comtesse lui revinrent et elle s'exécuta. Elle n’avait pas besoin d’un homme pour marcher, mais soit. Et ensemble, ils s’éloignèrent du manoir pour marcher le long des falaises, en direction du village.

« Je suis parfaitement raisonnable et studieuse, Lord Lightwood : “Toujours s’habiller pour le dîner.” Voyez, j’ai parfaitement retenue la leçon. “La beauté est un atout essentiel pour trouver un époux.” “Une jeune femme doit toujours se faire belle en présence d’invités.” Je suis désolée si mon éducation plaît trop à votre mère, pouffa-t-elle en imitant la voix guindée de la douairière, très amusée par ce petit jeu. Et puis elle redevint un peu plus sérieuse, se montrant alors à la fois curieuse et sceptique. Même si je doute que cela change quoi que ce soit, en réalité. Qu’en pensez-vous ? »

Elle allait mettre sa robe et son ruban neuf, et puis quoi ? Les hommes tomberaient soudain amoureux ? Elle espérait qu’ils aient un peu plus d’esprit que ça, mais elle n'y connaissait définitivement rien.

Le bruit des vagues qui s’explosaient sur les rochers bien au-dessous d’eux était étrangement plaisant, alors que l’iode remplissait l’air d’une odeur délicieuse. Elle avait remarqué toute de suite la flore étrange de la côte, si petite et si coriace à la fois. Peut-être qu’il ne faisait pas si bon vivre toute l’année, ce qu’elle ferait en sorte de vérifier. Les mouettes riaient toujours au-dessus d’eux, profitaient de ce ciel qui n'appartenait qu’à elles. Il paraissait que parfois, les passants se prenaient leur déjection sur la tête, une image cocasse qui la fit rire toute seule alors que le Comte la questionnait sur sa vie. Il semblait décidément plus enclin à l’écouter parler qu’à se livrer lui-même, chose dont elle n’avait pas l’habitude, elle qui savait si bien écouter autrui.

« Je suis une pure londonienne, j’y ai passé le plus clair de ma vie bien que je sois née aux Indes et y ai grandi jusqu’à mes dix ans. Mon père était, est toujours, marchand d’épices, il a repris l’affaire de son propre père. Et puis nous avons découvert au début de l’été que ma grand-mère était la fille d’un petit lord et que mon père était le nouvel héritier du Comté de Lincoln. Alors voyez-vous ça ne fait que depuis ce temps que j’apprends à danser, à monter à cheval, les règles de l’étiquette, les noms, les protocoles, les différents couverts, l’emplacement des convives à table… » Elle soupira simplement parce que la liste était si longue qu’elle ne savait même plus elle-même tout ce qu’elle avait appris en si peu de temps, puis elle sourit sincèrement car tout cela ne la dérangeait pas. Elle aimait apprendre, elle manquait juste de temps pour dessiner et parcourir la campagne, et cette histoire de mariage était tout de même une pression énorme. « Je pensais que mon séjour ici serait une pause… C’est idiot, on n’arrête jamais d’être fille d’un comte. Et alors, que dit-on de moi ? »

Allait-il assouvir sa curiosité cette fois ?

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Message() / Mar 13 Déc - 18:52
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Soit. Dit-il en lui lançant un regard complice. Son frère était un homme séduisant, il ne pouvait pas lui en vouloir et puis après-tout, c’était bel et bien lui qui se faisait tout un film alors qu’elle s’était contenté d’évoquer sa présence. Incorrigible ! Cette envie permanente d’être excellent dans tous les domaines, d’être le premier quoi qu’il en coûte. William était un compétiteur dans l’âme et il refusait de croire, après les moments de rires intenses échangés avec Abélia que Gabriel pouvait la faire rougir avec un simple sourire. Impossible !

Jamais il ne comprendrait toutes ces leçons à rallonge inculquées aux jeunes demoiselles. Toutes ces phrases apprises par cœur, ces manières à n’en plus finir. Comment était-il possible de démêler le vrai du faux derrière tant d’artifices et de répétitions. Une vaste mise en scène qui avait le don de l’agacer. Durant toute la Saison il n’avait cessé de sourire poliment aux demoiselles qui se vantaient d’avoir d’innombrables talents. Des chanteuses, des pianistes, des couturières…
Le son de sa voix devint étrange et il ne fut pas dur de saisir l’imitation parfaitement réussie de la Comtesse, sans doute. Il étouffa son rire, par politesse pour cette dernière.

Ce que j’en pense ? Ce que j’en pense n’est certainement pas adapté aux oreilles d’une demoiselle, Miss Lewes. Je préfère vous laisser vous faire votre propre opinion des choses lors de vos débuts, alors peut-être pourrons nous reprendre cette conversation le moment venu. Vos idées. Les miennes. Je suis sûr que nous aurons matière à débattre. C’est un vaste sujet…


Il mourait d’envie de crier au monde entier ce qu’il pensait de tout ce cinéma. Il aurait aimé lui dire à quel point elle était bien plus belle dans l’eau, les cheveux en bataille à rire aux éclats et qu’aucun ruban ne ferait d’elle la femme parfaite. Mais le Comte était un homme parmi bien d’autres et il n’avait pas la science infuse. Sans doute que certains pourraient être charmés par la jeune femme, à l’élocution parfaite et aux manières délicates. A ses yeux, tout cela n’était que du vent.
Il voulait plus, de l’authentique, du fort, du naturel, de la sincérité. Lui qui s’était lancé tête baissée dans la Saison dans le simple objectif d’avoir un héritier, s'était laissé prendre au piège par une créature indomptable ; Juliet Blooming.
S’il doutait pouvoir un jour oser franchir le pas au risque de se brûler les ailes bien trop fort, il devait bien admettre que cette femme avait réveillé en lui des envies cachées ; des envies d’amour pur. Le plus dur restait à faire.
Doux jésus…

Ils avançaient tranquillement jusqu’à l'entrée du village et William, captivé par le récit de la blondinette, ne prêta même pas attention à son environnement. L’endroit semblait pourtant fort sympathique, doté d’une architecture bien différente de Londres.

Voilà une évolution de vie des plus surprenantes. Vous plaisez-vous dans ce nouveau monde ? Une pure Londonienne ? J’ose espérer que vous saurez  me faire visiter cette ville de la bonne manière à votre retour !? Je ne m'y plait guère, tout est gris, tout bouge si vite, je n’ai jamais été autant stressé que dans cette ville. Regardez autour de vous, ici, tout le monde prend son temps…

Evidemment, Abélia revenait à la charge. William s’était mis comme un grand dans une situation délicate. Bien que ses connaissances au sujet des Lewes et se résume principalement aux dires de sa Mère ; “ C’est un grand homme d'affaires “ “ C’est lui qui nous fournit les épices !” , il avait effectivement entendu parler de “Miss Lewes lors de certaines soirées au Gentleman Circle. Les hommes étaient parfois bourrus une fois imbibés d’alcool, ils se donnaient à tous types de commérages.

On n’arrête jamais d’être un Comte non plus, vous avez tout mon soutien. Dit-il, hilare. Il ne put retenir son rire tant ses mots étaient justes. Les regards se tournèrent sur eux et il se pinça les lèvres pour tâcher d’être plus discret.

Ma Mère m’a dit beaucoup de bien sur votre Père et son commerce d'épices très lucratif. Il semblerait qu’il soit le fournisseur principal de nos cuisines ! Elle ne m’a en revanche pas parlé de vous, sans doute redoutait-elle que j’esquive cette escapade. On m’a tendu de nombreux pièges ces derniers mois et j’admet que j’aurais sans doute pris la fuite.

Trop d'honnêté, tue l'honnêteté ?

J’ai..J’ai toutefois entendu parlé de vous. On m’a surtout confié le fait que votre dot soit parmi les plus importantes de la Saison à venir.
Vous m’avez demandé ! Ne me foudroyer pas du regard !
.
Dit-il avant même qu’elle n’ai le temps de se tourner vers lui. Il l'imaginait déjà, le regard outré.

Il marquait une brève pause.

Vous devrez être prudente, Miss Lewes. C’est affreusement dur d’y voir clair parfois, croyez-moi, mais… Faites attention, il n’y a pas que de bonnes personnes dans ces somptueux bal. Enfin, j’imagine que vous avez déjà reçu une leçon sur le sujet.
Où se trouve la boutique de ruban ?


Il tentait de détourner la conversation, ne souhaitant pas effrayer plus que nécessaire la délicate et encore innocente jeune femme.


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Message() / Mer 14 Déc - 8:41
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Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal
Que l'on apercevrait à travers un cristal.   

     @William Lightwood  
   

   
   

Abélia fut déçue par la réponse du Comte, ou plutôt l’absence de réponse. Même si cela avait le mérite d’être franc plutôt que de tenter de l’esquiver habilement, et que pour une fois, quelqu’un semblait s’inquiéter du fait qu’elle se forge sa propre opinion. Elle qui était une suiveuse née, si obéissante qu’elle avait rompu ses fiançailles sans même se questionner… Elle n’était pas du genre à avoir de grandes opinions et ne se jugeait pas comme très intéressante, aussi elle se demandait déjà si elle en aurait à lui fournir, si elle aurait de la matière à débattre. Elle ne voulut donc pas lui promettre quelque chose qui n’aurait peut-être jamais lieu, elle qui était si modelable, si influençable, qu’elle acquiesça simplement du menton.
Elle garda simplement en tête qu’au moins lui n’avait pas essayé d’imprimer sur elle ses idées, et commença à lui accorder sa confiance.

« N’est-il pas ? Je ne saurais dire encore pour ce nouveau monde, il est parfois compliqué d’y naviguer, mais je n’en ai encore pas vu grand chose. J’adore Grimsthorpe, sa gigantesque serre, ses jardins, et je me plais à la campagne. Je ne suis pas vraiment quelqu’un de difficile Lord Lightwood, il me faut peu de chose pour me rendre heureuse - était-ce une bonne chose à avouer ? - J’ai soudain beaucoup de responsabilités alors que j’avais un destin tout tracé, maintenant je marche vers l’inconnu et c’est plus excitant que ce que je n’imaginais, un peu terrifiant aussi. Quant à Londres, je peux essayer… Je ne promets pas d’être la meilleure guide, mais je serais contente de vous revoir. »

La jolie blonde avait les joues roses. Elle passait un bon moment avec lui, si délicieux qu’elle ne voyait pas le temps passer, ni le paysage, et elle pensait bien que le décor n’y changerait rien. Elle éclata de rire ensuite à sa réponse, posant son regard pétillant sur lui, et sans se soucier des regards ou de rire trop fort. Même s’il était vrai que son rire restait délicat comme une fleur quoi qu'il arrive, à l’image de sa personne. Voilà une leçon qu’elle n’avait peut-être pas reçu, certainement oubliée par Lady Pelham-Clinton, parce qu’elle était toujours si discrète que cela n’avait pas paru nécessaire. Mais elle le vit, lui, se restreindre et lui jeta un regard curieux.

Il poursuivit sur un autre sujet et elle écouta attentivement tout en regardant autour d’eux. Cela l’étonnait toujours d’entendre que ses parents s’adaptaient si bien, alors qu’ils n’avaient pas changé d’un poil. Avec eux les protocoles volaient en éclat, les titres aussi. Ils ne retenaient rien, se trompaient tout le temps, mais tout le monde avait l’air de trouver cela charmant. Ce qui l’inquiétait aussi, car elle ne voulait pas qu’ils amusent la galerie non plus. Mais bon, ils étaient mariés et inoffensifs en dehors du fait d’être des originaux, et c’était sûrement ce qui faisait qu’on laissait passer. Elle-même n’aurait jamais eu ce passe-droit, même si de toute façon, elle était leur absolue opposée.

« Je vous comprends, j’espère juste que ce n’est plus ce à quoi vous aspirez. »

Ils passaient un si bon moment qu’elle ne prenait pas trop de risque… Elle commençait juste elle-même à craindre le moment où il partirait.

La suite, elle s’y attendait, et cela correspondait à ce qu’on lui avait dit. Et puis Lady Pelham-Clinton s’efforçait de la cacher, comme un joyau trop brut qu’il faut d’abord tailler avant de le présenter au monde. La comtesse pensait certainement que la jeune femme attirerait de nombreux regards lors de son entrée au monde. Pour Abélia, cela ne serait que de la curiosité, ni plus, ni moins. Elle n’imaginait pas qu’on puisse se retourner sur son passage ou être ébahi par son visage, mais elle verrait bien… Elle s’efforcerait de sourire, c’était tout. Elle ne le foudroya donc pas du regard, mais lui sourit poliment, juste satisfaite que cela concorde avec la réalité qu’on lui vendait (même si pas particulièrement enchantée).

Il s’arrêta et elle suivit, et l’air devint bien sérieux soudain alors que lui aussi s’y mettait : l’appel à la prudence, à la méfiance. Elle l’entendait tous les jours. Elle avait bien compris qu’elle était un prix convoité : pour sa dot, ses terres et pourquoi pas sa beauté, aussi parfois elle ne comprenait pas qu’on lui demande de sourire et d’avoir l’air aimable quand elle devrait juste leur faire peur, sans doute. Mais Lady Pelham-Clinton devait avoir des ambitions qu’elle ignorait.

« Vous imaginez bien. Je suis au fait des coureurs de dot, et j’ai compris les enjeux. Je crois vous avoir prouvé que j’avais retenu ma leçon d’ailleurs. » Elle lui sourit, car ce n’était pas dit avec la moindre agressivité, mais n’avait-elle pas été particulièrement méfiante lors de leur rencontre ? D’un autre côté, il pourrait lui rétorquer qu’elle se laissait désormais charmée et qu’elle contournait même déjà des règles pour lui… Et il n’aurait pas tort, même si elle avait du mal à croire qu’il soit autre chose qu’authentique et sincère, et puis elle avait toujours un moyen de pression sur sa mère s’il se conduisait mal.

La boutique de ruban, oui… Le moment était donc venu d’avouer qu’elle n’en n’avait pas la moindre idée car elle n’avait eu aucune raison de la chercher jusque-là ? En espérant qu’il y en ait une, mais il ne pouvait en être autrement, n’est-ce pas ? Elle avait passé son temps sur la plage et les falaises, ou bien chez elle à lire et à dessiner, pas à visiter le village.

« J’imagine que c’est au centre du village. » Elle se pinça les lèvres pour se retenir de glousser, au bord de l’hilarité à nouveau, car pas certaine qu'il trouve cela drôle. Ils se mirent en marche et puis, ils aviseraient après tout. On voyait déjà au loin de nombreuses boutiques les unes à côté des autres, elle ne devrait donc pas être bien loin, non ?

 « Et vous, Lord Lightwood ? Si vous n’aimez pas Londres, où avez-vous grandi ? Dans le Surrey ? Le sud de Londres est-il très différent du nord ? Je n’y ai jamais mis les pieds. »

Le temps de discuter, ils se retrouvèrent au niveau des premières vitrines. Une première boutique vendait des costumes pour homme, puis une autre des confiseries, une troisième des tenues de bain, ce qui retint particulièrement l’attention de la jeune femme… Une fois que les Lightwood seraient partis, peut-être pourrait-elle se baigner jusqu’aux hanches ? Guère plus, car elle ne voulait pas se noyer. Mais toujours pas de trace de mercerie.

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Message() / Mer 14 Déc - 12:00
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Rassurez-vous, c’est un monde difficile et exigeant mais rempli d’un tas de privilèges plus appréciables les uns que les autres. Vous devez profiter de cette nouvelle vie qui s’offre à vous, petit à petit, vous y ferez votre place. J’ai de la chance pour cela d’avoir Gabriel à mes côtés, c’est un excellent orateur, poli et raisonnable. Il s’occupe des apparitions en public, des courriers et de l’organisation des évènements à Surrey. De mon côté, je m’assure que nos finances vont bien et que les paysans qui s’occupent de nos Terres ne meurent pas de faim. Une rébellion est toujours dangereuse.
Je pense avoir le meilleur rôle, une belle vie à l’évidence.


Il rit de nouveau, plus discrètement cette fois-ci.

J’aurais été bien stupide de ne pas profiter de ce séjour. De ces paysages et de votre compagnie, Miss Lewes. Je passe un agréable moment, soyez en sûre.

Sa voix était plus stricte, utilisée comme une carapace pour ne pas rougir et car il n’était pas doué pour les compliments et les flatteries. William se cachait sans cesse derrière son humour piquant pour faire passer des messages subliminaux et joueurs afin de masquer ses véritables sentiments. Ici, il bavardait, simplement, honnêtement.

Il n’avait pas voulu se montrer insistant et savait pertinemment qu’on avait dû la mettre en garde à de nombreuses reprises sur les chasseurs de dot, mais William savait oh combien ils étaient sournois, vicieux. Il en côtoyait certains, amicalement autour d’un verre sans n’avoir jamais eu un mot plus haut que l’autre au sujet de leur comportement hautain. A présent, tout lui semblait différent. Il imaginait la jeune femme innocente qui riait aux éclats à ses côtés, au bras de l’un de ces charmants messieurs aux ambitions plus que douteuses, c’était à vomir. La vigilance était de mise et il espérait qu’elle prenne pleinement conscience de ses mots. Il n’en rajouta point, d’autres se chargeraient de le lui répéter le moment venu.

Tous vous dirons cela, dont certains très bons menteurs, mais je n’ai que faire de l’argent d’une dot. Un homme qui sait gérer son domaine convenablement n’y accorde pas d’importance. J’ai hérité très jeune de mon oncle, Lord Garett Lightwood et j’ai commis bien des erreurs qui auraient pu ruiner notre famille. Mais les choses ont bien changé depuis, fort heureusement car les tenues de ma chère Mère sont absolument hors de prix et si nombreuses ! Dit-il avec humour, en levant les yeux au ciel.

Aurait-elle confiance ou le prendrait-elle pour un faux désintéressé ? C’était à elle d’en juger et William ne comptait en aucun cas avoir à défendre ses propos. C’était le jeu ; savoir démêler la vérité et les mensonges.

Décidément, Abélia était pleine de surprises et pas que de bonnes. Elle n’avait aucune idée de là où acheter le si précieux ruban et la dame de chambre qui se tenait à respectueuse distance mais écoutait discrètement leurs échanges leva les yeux au ciel. La pauvre femme avait sans doute beaucoup de travail et elle était là, prise au piège par deux faux adolescents en promenade secrète. Enfin, le secret ne serait pas gardé bien longtemps car des yeux sournois se posaient régulièrement sur la jeune demoiselle. L’investissement de son Père dans le secteur ne pouvait pas passer inaperçue et si elle ne connaissait sans doute pas ces gens, l’inverse n’était pas vrai.
Peu importait, chaperonnés en bonne et dûe forme les représailles seraient peu virulentes.

J’ai effectivement grandi dans le Surrey, tout proche du domaine de mon oncle. C’est un endroit magnifique, aux jardins somptueux. La vie est douce et j’y retourne toujours avec beaucoup de plaisir. Je suis certain que nos employés s'affairent corps et âmes pour notre arrivée, tout sera parfait, ce sont de vrais magiciens !


Il marqua un arrêt, démasquant le regard appuyé d’Abélia sur l’une des nombreuses vitrines. Ils étaient passés devant de somptueuses robes, des bijoux étincelants, et elle regardait… des tenues de bain ! William crut rêver et se frottait les tempes, désemparé. Qui est cette drôle de demoiselle ? Est-elle sérieuse !?Pensait-il.

Entrez-donc à l'intérieur si vous le souhaitez ? Nous pourrons ainsi aller nager demain matin.
Il y a une crique particulièrement discrète. L’eau est encore bonne à la fin de l’été, cela ne devrait pas durer.
Dit-il avec prudence.

Il se tourna vers la femme de chambre, son index devant les lèvres pour lui rappeler que sa discression serait appréciée. Elle hocha la tête, peu ravie mais à priori sincère.
Cela relevait de la folie ! William n’avait peur de personne et il n’avait que faire d’enfreindre quelques règles - souvent, admettons le -, en revanche il ne se pardonnerait pas d'entraîner Miss Lewes dans ses travers, mais peut-être était-ce ses derniers instants de liberté avant sa présentation officielle à la cour…
Il repartirait en fin de matinée avec sa famille et cette brève parenthèse de vie, loin du stress, serait rapidement si lointaine...



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Message() / Mer 14 Déc - 23:52
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Air naïf de jeune fille,
Front uni, veines d'azur,
Douce haleine-de vanille,
Bouche rosée où scintille
Sur l'ivoire un rire pur ;
 

     @William Lightwood  
   

   
   

Cette escapade un peu folle, un peu interdite, pas vraiment inconvenante pour autant, même si sa femme de chambre faisait la tête - avait finalement la forme d’une leçon amusante. Et d’ailleurs elle s’était promis de lui offrir quelque chose, elle ne devait pas l’oublier. Elle ne la connaissait que depuis quelques mois après tout et n’en s’en plaignait pas, et puis c’était bien la première fois qu’elle faisait une “bêtise” et franchement, on n’avait vu plus culottée qu’elle, sans le moindre doute. Car au final, tout le monde serait content de savoir que la rencontre organisée avait fonctionné et rapproché les deux célibataires, et Abélia se félicitait déjà de faire plaisir aux parents de son compagnon du jour, qui lui-même serait soulagé de savoir ses parents comblés. Et les parents d’Abélia pourraient à nouveau les inviter, et recevraient probablement une réponse positive, ce qui lui fit plaisir. Elle était un peu dure avec eux, mais finalement c’était par inquiétude de les voir se faire rejeter par ce nouveau monde.

Mais bref, au cours de la discussion avec le Comte, Abélia apprenait bien des choses et en retenait autant que possible, avec une bien plus grande facilité que ses dernières leçons. Son cerveau avait commencé à sérieusement saturer et ne voulait plus rien savoir. Il était un homme intéressant, certainement plus sérieux que ce qu’il ne s’en donnait l’air. Elle buvait ses paroles, et… ne les remettait pas assez en doute, très certainement.

Aussi le crut-elle à propos de la dot. Et après tout, pourquoi pas ? L’argent ne pouvait être la seule raison d’un mariage, même si cela devait forcément être un argument favorable. Mais Abélia n’avait pas vraiment peur de ces fameux hommes vénaux, car au fond, cela ne la dérangerait même pas d’avoir un tel mari. Tant qu’il la laissait vivre sa vie tranquillement à Grimsthorpe, son futur époux pouvait bien faire ce qu’il voulait. Elle n’était pas très ambitieuse. Même pour cette histoire d’héritier… Elle s’en moquait bien s’il ne venait jamais. Les généalogistes avaient trouvé son père, ils trouveraient bien un autre cousin éloigné quelque part. Elle préférait de loin un époux qui l’ignore et se serve d’elle plutôt qu’un homme violent.

Elle rit avec lui sur sa dernière remarque, approuvant.

« Je ne vous le fais pas dire ! J’ai dû me faire faire tellement de robes ! J’ai cru que les essayages ne finiraient jamais et je ne sais même pas quand je pourrais porter tout ça ! D'ailleurs, je mets toujours les mêmes et je n’en ai mis presque aucune de neuves dans ma valise. Sauf une... Heureusement pour ce dîner. » Elle aimait les robes confortables et pratiques, les tissus doux et surtout pas trop tape-à-l’oeil, elle préférait qu’on ne la regarde pas. Tout le contraire de ce qu’on lui demanderait dans quelques mois, ou même ce soir. Néanmoins, elle n’avait jamais été autre chose qu’aisée et ses robes, bien que qu’assez simples, étaient d’excellentes qualités et certainement pas bon marché.

Elle n’avait pas vraiment l’air, mais elle l’avait écouté. Elle ne répondit pas, il est vrai absorbé par ces formidables tenues, mais aussi parce qu’il lui revint qu’elle ne devait pas s’inviter chez autrui, et cela la coupa dans son élan. Pourtant, à la simple évocation de jardins somptueux, elle avait eu envie d’y aller. Pour certains, un jardin équivaut à un autre, mais si elle pouvait faire le tour de tous les jardins du royaume, elle le ferait.

Et dans le même laps de temps, elle oublia complètement ses fameuses leçons, et hocha vivement du menton, le visage lumineux, presque enfantin. L’aspect inconvenant de l’affaire lui échappa complètement, pour ne pas dire, totalement. Elle regarda la femme de chambre et lui sourit à elle aussi, posant sa main sur son bras pour la remercier. Puis elle entra, toute excitée et ressortit quelques minutes plus tard avec un petit paquet. Martha tendit les bras pour le lui prendre, mais Abélia le garda sous son bras.

« Vous êtes déjà contrainte de me suivre partout, je peux porter mes affaires. » Fit-elle joyeusement, en essayant de se montrer bienveillante. Elle n’aimait pas abuser des domestiques ou les traiter comme des moins que rien, déjà qu’il fallait comme ignorer leur présence la plus tard du temps, et qu’elle la rendait un peu folle en s’échappant régulièrement en solitaire dans la campagne. La jolie blonde reprit le bras du Marquis, puis tout en avançant avec lui, se rapprocha de son oreille pour murmurer : « Je voulais lui prendre quelque chose pour la remercier. Des confiseries peut-être ? »

La femme de chambre se racla la gorge et Abélia s’éloigna, en lui souriant, puis s’écria en replongeant son regard sur les vitrines :

« Oh, les rubans ! Vous allez m’aider à choisir, n’est-ce-pas, Lord Lightwood ? »

Elle n’avait quand même pas fait tout ça pour qu’il la plante devant la boutique ! Surtout que c’était pour sa mère, rappelons-le. Elle lui lança un regard doucement provocateur accompagné d’un sourire de Mona Lisa, divine créature qui ne savait pas vraiment l’image qu’elle donnait, qui ne cherchait pas, ni ne calculait. Elle suivait juste l’impulsion du moment.

Et elle l'entraîna avec elle au milieu des accessoires pour dames, se saisissant d’un éventail pour jouer avec, cachant son visage avant de le reposer, tout sourire. Attirant aussitôt l’attention du vendeur qui vint s’enquérir de son besoin.

« Je cherche un ruban pour s’accorder à une robe du soir. Bleu nuit. »

« Bleu nuit ? Je peux vous proposer des rubans de dentelle, de soie, ou bien brodés, en ton sur ton, bleu et or, bleu et argent, or, argent ou encore des teintes de pourpres si vous souhaitez trancher avec la robe. »

Certains brillaient, d’autres non, mais la jeune femme haussa les épaules et regarda le comte, en attendant son avis très certainement très avisé sur la mode féminine. Elle s’efforçait de ne pas rire mais les ridules au coin de ses yeux la trahissaient grandement. Comme elle se sentait gamine soudaine ! Cela lui rappelait les meilleurs moments passés avec son meilleur ami, avant que la puberté ne change tout, gamins bien nés faisant un peu tout ce qu’ils avaient envie, sans jamais vraiment faire de grosses bêtises. Ce n’était pas leur genre..

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Message() / Jeu 15 Déc - 14:38
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William & Abelia
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Partie 1


Elle va vraiment le faire ! Pensa William alors que les mains gantées d’Abelia Lewes s'emparaient de la poignée du magasin où se trouvait des tenues de bain.
Je vais finir en enfer, c’est certain. Que Dieu me pardonne, se confiait-il en silence, lui qui n’était pas des plus croyants.

Ne me regardez pas comme cela, j’ai une certaine facilité à me mettre dans de mauvaises situations… Dit-il, de façon complice à la femme de chambre qui ne put s’empêcher de rire. Elle ne cautionnait pas l’idée, c’était évident, mais elle ne se prononçait pas sur le sujet, sans doute amusée au fond d’elle.

Si l’envie d’une ultime baignade était très présente dans son esprit, y convier une demoiselle célibataire était une douce folie et lui faudrait ruser de nouveau pour se soustraire à leurs obligations sans attirer l’attention. Il lui restait peu de temps pour trouver une solution à ce problème mais, lorsqu’Abélia franchit cette même porte, un sac à la main, le large sourire qui étirait son visage innocent balayait tous les remords du monde…

C’est une bonne idée, je suis certain qu’elle appréciera le geste. Nous l’avons mis dans une posture délicate, j’espère qu’elle saura garder le silence.
Je..euh… je vais essayer de vous aider…


Il n’était absolument pas convaincu par ses mots, n’ayant qu’un frère et aucune jeune femme dans son cercle familial, la mission lui semblait être des plus difficles ! Un ruban…allons donc… Où était bien passé Lord Lightwood, distant et allergique à toutes ces fioritures ? A croire que la présence de Miss Lewes lui donnait des ailes, suffisamment pour écumer les boutiques du coin, lui qui détestait faire du shopping. Si sa mère le voyait ainsi, elle n’aurait cessé de poser mille et une questions. Une bénédiction que Gabriel se charge d’occuper son attention !

Sans crier garde, elle le tirait à l'intérieur d’une boutique sur leur gauche.. Ses yeux furent pris d’assaut par les multiples accessoires exposés. Le vendeur accourut à pas de course, conscient que les deux jeunes gens avaient les moyens de s’offrir la boutique entière. Une chance qu’il s’adresse directement à la jeune femme pour le choix des coloris, enfin, avec qu’elle ne se tourne pour quémander son aide. S’il se sentait comme un poisson dans l’eau dans un ring de boxe ou même pour parier sur le bon cheval, le choix d’un ruban… le mettait mal à l’aise. Son désarroi était saisissant et ses joues frémissantes d'Abelia trahissaient son rire enfoui. Il la regardait fixement, les yeux ronds, accusateurs.


Je vois que vous vous amusez beaucoup, Miss Lewes !
Je… Je..Si nous devons nous attirer les faveurs de Diana Lightwood, l’or me semble être une bonne option.


Le Comte en portrait chaque jour. De la simple couture dorée, aux vestes de soirée ou au boutons de manchette, c’était sa marque de fabrique. Elle comprendrait sans mal que son si précieux fils serait à l’origine de ce choix et jubilerait, que le choix soit judicieux ou non.

Le vendeur continuait son déballage d’arguments, peu convaincu par le choix de William et désireux de vendre bien d’autres articles à Abelia. William se faufilait discrètement dans le fond de la boutique pour faire un tour en solitaire - et échapper ainsi à de nouvelles questions coloris -. Son regard fut attiré par une robe bleu ciel ornée de dentelle qu’il trouvait à son goût. Il s’approcha d’une seconde employée, lui murmurant quelques mots sans tourner le regard.

Spoiler:

Ne me regardez pas. Demain soir, pourriez-vous faire livrer cette robe à la famille Lewes, à l’intention d’Abelia Lewes ? La famille vient d'emménager proche des falaises. Vous y ajouterez un mot.

Elle hocha la tête en écoutant attentivement les instructions tandis que William déposait en toute discrétion, après s’être assurée que la jolie blonde soit toujours concentrée sur son achat, des pièces de monnaie sur le comptoir en bois. Il y avait plus que nécessaire mais cela couvrirait le service rendu.
Cela serait sa dernière bonne action, une attention de plus à laquelle il ne trouvait pas de motif. Pourtant, un goût amer se dessinait dans sa bouche, il savait. Il savait que toute cette euphorie, cette complicité et amitié naturelle qui se dessinait avec Miss Lewes ne serait bientôt qu’un vaste souvenir. A Londres, il serait différent et elle ne le verrait plus du même œil. Il serait de nouveau distant, maladroit. Et ses petits gestes d’attentions - si rares! - n’auraient plus de valeur quand tous les regards seraient braqués sur elle. Elle serait couverte de bouquets splendides, de parures, bien des hommes feraient ce que lui ne sait pas faire.

Avez-vous fait votre choix ? Nous ne devons plus tarder Mademoiselle, surtout si nous voulons nous arrêter prendre un cadeau à votre charmante chaperonne. Je ne voudrais pas apparaître plus mal poli que je ne le suis déjà en ne profitant pas de la compagnie de votre famille. Je vous attend dehors.

L’air était si différent, imprégné de la présence de la mer partout où il se rendait. C’était délicat. Les gens étaient détendus, lui adressant des salutations amicales, des sourires gratuits, ils avaient le temps ; le temps de vivre comme bon leur semble.
Abelia fut rapidement de retour et William reprit place à ses côtés proposant de rebrousser chemin tout en contemplant les vitrines à leur droite, cette fois-ci. Sans doute trouverait-elle son bonheur, ensuite, il devrait s’armer de bien du courage pour affronter les regards familiaux…
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Message() / Jeu 15 Déc - 18:55
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Et puis la route qui plonge
Dans le flanc des coteaux bleus,
Et comme un ruban s'allonge
En minces plis onduleux. 

     @William Lightwood  
   

   
   


La femme de chambre trouvait la situation cocasse, oui, et cela l’amusait parce que c’était bien la première fois qu’elle voyait la jeune femme être aussi imprudente, et surtout, joyeuse. Et puis elle commençait à la connaître suffisamment pour savoir qu’elle irait se baigner avec ou sans lui et il valait bien mieux que cela soit seulement inapproprié, plutôt que de la retrouver noyée. D’autant que maintenant qu’elle était au courant, elle les surveillerait, bien entendu. Et elle lui fit un petit signe d’ailleurs pour lui signifier qu’elle l’avait à l'œil et que cela devrait rester bon enfant.

Abélia, en tout cas, ne semblait pas s’inquiéter le moins du monde que sa femme de chambre puisse trahir sa confiance, quoiqu’elle ne semblait pas s’inquiéter de grand chose en l’instant, ce qui était bien rare. Elle était même un brin frivole.

Elle traina le Comte avec elle dans la boutique, laissant Martha les attendre dehors, avec la conviction que c’était quelque part sa punition pour l’avoir trainée là-dedans. Bien qu’elle dû lui donner raison, cela l’amusait effectivement énormément. Surtout de le voir si mal à l’aise, de toute évidence. Un véritable éléphant dans un magasin de porcelaine et qui peinait à trouver sa place. Et puis il échappa à son attention, alors que le vendeur essayait de lui vendre son ruban le plus précieux, et qui n’était pas or, ainsi que d’autres accessoires essentielles et assorties comme des gants, un éventail, des ornements de têtes, des chaussures et bien d’autres choses. Mais Abélia restait relativement intraitable, et refusa poliment la plupart de ses propositions, bien qu’elle n’arrivait pas à se décider sur les rubans. Peut-être parce que ses jolis yeux s’étaient perdus sur un peigne très joliment ornée de fleurs : des myosotis d’un très joli bleu foncé sur un tulle étoilé. Forget-me-not. Le Comte l’a sortie de sa contemplation, et elle s’en saisit pour indiquer au vendeur qu’elle le prenait, puis elle sourit au premier et acquiesça. Son regard se porta alors sur les rubans bleu et or et elle en prit un aux motifs fleuris - son thème préféré de toute évidence - sur lequel l’or était associé à un très joli bleu marin qui trancherait avec le bleu nuit de sa robe. Peut-être que ça n’irait pas du tout, mais elle n’était pas spécialement convaincue par aucun et si Lady Lightwood aimait l’or, alors Abélia prendrait de l’or. Elle paya le vendeur et glissa son minuscule paquet dans son réticule puis rejoignit son compagnon de fortune.

Une fois dehors, elle ne sut plus trop où s'était arrêtée leur conversation et elle le remercia simplement de ses précieux conseils en matière de mode, tout en se retenant de rire. Ils furent de toute façon très vite interrompue, puisqu’Abélia disparut dans la boutique de biscuits et autres confiseries pour en prendre une boîte pour sa gouvernante. Des biscuits français à la rose, voilà qui était délicieux. Et cette fois elle laissa la domestique la délester de ce nouveau paquet, tout en se gardant pour le moment de lui dire qu’il était pour elle. Elle le ferait lorsqu’elles seraient seules dans sa chambre pour se préparer pour le dîner.
La tenue de bain toujours sous le bras, Abélia marcha aux côtés de Lord Lightwood sans repenser à lui prendre le bras, forcément un peu déçue d’en avoir terminé de leur escapade. Mais il avait raison, leur famille les attendaient et il fallait qu’elle se reconcentre un peu sur ses devoirs et les manières à adopter. Aussi son visage redevenait sérieux et se refermait à mesure qu’il se rapprochait de la demeure, et le sujet de conversation s’en ressentit.

« Vous êtes donc l’actuel Comte de Surrey, mais qu’en est-il de vos parents ? » Car l’on héritait d’un titre lorsque le prédécesseur décédait, et de toute évidence, son père était bel et bien en vie. Et elle était certaine d’avoir bien appris cela, même si les titres et les héritages étaient parfois bien complexes.

« Et quand retournez-vous dans ce chez vous qui semble tant vous manquer ? » C’était dit avec douceur et chaleur, parce qu’elle comprenait l’affection que l’on pouvait avoir pour sa demeure. Et puis cela devait être merveilleux que d’en être le maître, de décider de ce qu’il s'y passe, de choses futiles comme la décoration, à des choses bien plus importantes comme la vie de ses administrés. Qui d’après ses dires, étaient plutôt bien lotis. Elle n’avait pas vu son père à l’œuvre, car il semblait ne jamais montrer cette facette de lui : l’homme d’affaire, le travailleur, mais elle ne doutait pas que, vu comme il avait fait fructifier le petit commerce de son père, le Comté de Lincoln était entre de bonnes mains.
Mais ne devrait-elle pas apprendre à le gérer elle aussi, juste au cas où ? Voilà qu’elle enquêterait auprès de son père dès que leurs invités seraient partis.

Sur le retour, la vue était toujours si belle. Alors que le soleil descendait dans le ciel, à peine visible derrière les nuages, son regard se jetait par dessus les falaises, dans l'écume des vagues. Bientôt l'azur laisserait place à la nuit, comme sur sa tenue. Et elle sourit d'être le ciel et la mer à toute heure.
Le bleu était une belle couleur.
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Message() / Jeu 15 Déc - 20:47
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Partie 1

Le regard de la femme de chambre se mit à scintiller de mille feux à la vue présent offert par celle qui l’employait, une délicate attention qui semblait hautement la toucher. William ne put s’empêcher de lui sourire également, car il vouait lui aussi un profond respect à chacun de ses employés. Il avait gracieusement payé les soins de la jeune fille de son Majordome, Nelson, car ce dernier était un homme bon en tous points de vue. Loyal, dévoué et à l’oreille attentive.

Le retour lui sembla bien plus court, trop court même et la jeune femme, doux papillions euphorique qui volait de partout, semblait se refermer au fil des pas. Le ton devint plus conventionnel, comme si une page devait se fermer au profit d’une nouvelle, plus stricte.

Mon père à servi la couronne pendant de nombreuses années au sein de l’armée royale. Il n’avait pas de titre mais a été anobli et nommé Vicomte de Waverley en récompense à sa loyauté et son courage. J’ai hérité du titre de mon oncle, Lord Garet Lightwood, décédé il y a déjà fort longtemps et qui n’avait qu’une seule fille pour héritière..


Il se raclait la gorge, le sujet étant des plus conflictuels et ravivant des souvenirs sombres. Sa cousine, Jane Gilderstone, le haissait plus que tout au monde. William avait surpris la demoiselle dans les bras de son professeur de piano et avait tout mis en œuvre pour l’envoyer au couvent afin qu’elle se rachète une conduite. S’il avait su…
Il se sentait à l’époque si puissant, armé du pouvoir de décision que lui conférait son titre. Il n’avait plus de nouvelles d’elle depuis bien longtemps.

Demain ! Nous reprendrons la route après le déjeuner. Il me tarde de retrouver mes marques dans ce lieu que j’aime tant. Enfin, je compte bien profiter de ce séjour jusqu’à la dernière minute, chaque chose en son temps.
D’ailleurs, je crains que cette promenade ne touche à sa fin, Mlle Lewes. Il est l’heure d’affronter les regards curieux, vous sentez-vous prête ?


Lui ne l’était pas, c’était une évidence. Instinctivement, sans même s’en rendre compte, il prit quelques pas de distance avec la jeune femme et son regard redevint sombre, impénétrable. Tel un chevalier qui enfilait son armure avant un combat, William ne laissait jamais percevoir ses émotions et se contentait d’être simplement poli plus qu’agréable.

Son corps tout entier s’était raidit à l’approche de la grande porte d’entrée, il ne comptait pas fuir ni se cacher et pretexterait une agréable coïncidence d’avoir pu rencontrer Miss Lewes en compagnie de sa chaperonne. Le hasard est si bien fait, n’est-ce pas ?! Son récit était prêt à être compté, même si l’envie n’y était pas.

Lord et Lady Lewes, quel plaisir de vous retrouver. Mère, père, Gabriel. J’espère que je ne vous ai pas trop manqué ? Dit-il, avec un ton difficile à cerner, à mi chemin entre humour et ironie.
Les grands esprits se rencontrent, j’ai eu le plaisir de faire la connaissance de votre charmante fille en compagnie de sa chaperonne sur le chemin du retour. Je revenais d’une balade au bord des falaises, quel splendide paysage.

A peine avait-il eu le temps de faire allusion à ses échanges avec Abélia Lewes que Diana Lightwood afficha un large sourire plein d’ambition. Réaction prévisible qui plongeait le Comte dans sa moue habituelle, renfermé sur lui-même. Ainsi, il adressait une discrète salutation à sa compagne du jour pour s’éloigner au plus vite et prendre place à côté de son frère, à la place la plus éloignée.

William Lightwood, celui que tout le monde connaissait et désignait comme antipathique, était de retour. Son regard se tenait volontairement loin de celui de la futur débutante, honteux de se revirement si soudain il n’osait pas se confronter à ses yeux ciels de peur de n’y voir que du mépris et de l'incompréhension. Comprendrait-elle ? Qu'il n'avait pas fait semblant d'être heureux à ses côtés ? Il n'était pas l'homme qu'elle croyait...


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Message() / Ven 16 Déc - 8:31
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Dans son étroite famille,
Quelle fille
N'a pas vingt fois souhaité,
Rêveuse, d'être comme elle
Demoiselle,
Demoiselle en liberté ? 

     @William Lightwood  
   

   
   


Si tôt…
Sa déception lui échappa en un murmure léger. Ils s’amusaient tant… Mais ils étaient arrivés devant la porte et la conversation prit fin. Abélia haussa les épaules, elle était toujours prête, puis elle observa son changement d’attitude sans comprendre et l’incompréhension ne la quitta pas alors qu’ils se retrouvèrent devant leurs familles réunies. Elle ne le suivit dans les salues que par une simple révérence, et même si elle était bien plus fermée qu’auparavant, elle ne put empêcher son visage d’exprimer la joie qu’elle ressentait toujours lorsqu’il évoqua leur rencontre, et croisa le regard attendri de Lady Lightwood, qui ne fut que d’autant plus ravie de voir qu’il lui avait bonne impression. Mais n’était-elle point la seule désormais ?

Son sourire si franc s’effaça, laissant place à un regard inquiet alors qu’elle se tournait vers lui puis le regardait s’éloigner et prendre place. Il semblait si froid, et elle n’était pas familière de la mascarade qui l’attendait dans cette société. Alors elle ne comprenait et restait plantée là, on ne peut plus perturbée, les mains crispées sur son réticule. Sa femme de chambre avait pris sont paquet et était montée. Elle croisa le regard de Gabriel Lightwood, si doux en comparaison de son aîné, et pourtant, cela l’acheva, comme si quelque chose ne tournait pas rond là-dedans. De toute façon, tout le monde la regardait, et c’était trop pour elle, tandis qu’en prime, Lady Lightwood venait de lui poser une question et elle était incapable de dire de quoi il s’agissait.

« Veuillez m’excuser, je dois poser mes affaires. » Et elle disparut dans les couloirs pour rejoindre sa chambre et sa femme de chambre. Elle posa le ruban et la broche sur la toilette, puis retira son spencer et sa coiffe, et changea ses gants pour de plus fins, en dentelles, et fit de même pour des chaussons d’intérieurs. Elle échangea aussi quelques mots avec sa femme de chambre, mais rien qui ne la rassura vraiment. Abélia lui confia même qu’elle n’avait plus envie d’aller à la plage le lendemain, ce que Martha ne pouvait qu’approuver. Elle n’avait pas du tout envie de redescendre, mais ne voulait pas avoir l’air malpoli, surtout quand la famille semblait apprécier la sienne. Elle entendait leurs rires et descendit doucement les escaliers pour les rejoindre.

La conversation allait bon train et avec un peu de chance, on oublierait sa présence… Elle pouvait toujours rêver. Réapparut dans sa robe bleu ciel mais sans l'attirail d'extérieur, elle s’installa sur un des canapés, là où il y avait de la place, à côté de Gabriel Lightwood donc. Elle avait machinalement pris son carnet et son crayon comme si elle allait pouvoir dessiner dans ces conditions… Qu’avait-t-elle donc pensé ? Elle le reposa aussi discrètement que possible sur la table à côté d’elle. Horace et Harriet avaient l’air de passer un bon moment avec leurs invités, ils étaient fidèles à eux-mêmes, enjoués, la discussion facile, le rire un peu gras. Des personnages un peu grossiers, mais rien de très méchant. Elle, elle était fermée, secrète, silencieuse et ses grands yeux observaient. Elle se tenait bien droite, rigide et prête à rentrer dans le moule qu’on lui avait fabriqué, tout leur opposée. Le valet de pied vint lui remplir sa tasse, qu’elle regarda sans toucher, car très vite l’attention revint sur elle et elle avait l'estomac noué par l'attitude du Comte qu'elle ne saisissait pas. Lady Lightwood lui posa quelques questions et elle s’efforça d’y répondre avec politesse et grâce, comme la comtesse le lui avait enseigné. Que ce soit sur la rencontre avec son fils, sur laquelle Abélia ne dit que du bien, vantant ses bonnes manières, mais en prenant bien soin de ne pas avoir l'air trop heureuse cette fois, ce qui fut aisé vu comment elle se sentait. La Vicomtesse parut surprise, agréablement surprise, ce qui collait avec le récit de William sur leur relation. Et puis elle devint le sujet principal de la discussion… Vos parents nous ont dit que vous étiez une demoiselle particulièrement accomplie… Cela commença ainsi, et fit le tour d’horizon complet de ce qu’elle savait faire, de sa passion pour la botanique à son talent pour le dessin (son travail dirait-elle), en passant par la broderie, la danse, la harpe, etc. Sa mère était toujours tendrement à côté de la plaque tout en renchérissant sur les accomplissements de sa fille, ce qui mettait la jeune femme encore plus mal à l’aise. Néanmoins elle avait l’habitude, et son père n’était pas mieux. Il fallait toujours qu’ils en rajoutent, ou bien qu’ils sortent une anecdote vieille comme le monde et pas franchement flatteuse. Qu’avait donc fait l’Abélia de cinq ou six ans, encore ? Rien qui ne ressemblait à la jeune femme si réservée qu’elle était devenue, si bien qu’elle se demandait à chaque fois s’ils n’avaient pas inventé le souvenir par leur simple désir d’avoir une enfant qui leur ressemble plus. En tous les cas, Abélia évitait de regarder à sa gauche, une espèce de zone trop silencieuse et interdite et elle prit le sujet musical comme une porte de sortie :

« Père, ne vouliez-vous pas que je vous joue un morceau toute à l’heure ? »
« Abélia qui se propose de jouer pour nous, nous ne pouvons laisser passer une occasion si rare ! » Sa mère toujours, exaspérante. L’art de dire tout ce que la jeune femme souhaitait garder pour elle, même si la liste était particulièrement longue dans son cas précis. La jeune femme se leva et contourna le canapé pour prendre place derrière le très grand et très bel  instrument en bois, pas si loin du Comte d’ailleurs, malheureusement mais il était bien trop lourd pour être déplacé si facilement, sans compter qu’elle aurait eu l’air bizarre. Sa mère avait raison, elle n’aimait pas jouer pour un public, et sa musique était d’ailleurs très intérieure, comme le reste, mais là, elle ne voyait pas de meilleure façon que de disparaître aux yeux de tous. Ils écouteraient un morceau puis reprendraient leur conversation. La joueuse retira ses gants, posa ses doigts fins et délicats sur les cordes tout en faisant pencher l’instrument vers elle et puis leur joua un morceau classique de Haendel. Généralement, elle n’était pas très habitée par sa musique, de l’extérieur du moins, mais elle en faisait depuis si longtemps et avec tant de régularité, qu’elle était techniquement très forte et jouait des morceaux très difficiles et très beaux. Cela compensait. Aujourd’hui néanmoins, elle avait l’esprit préoccupé et les doigts tremblants, si bien qu’elle rata quelques notes.

Très vite, comme prévu, les regards se détournèrent, la discussion reprit et elle put souffler. Elle marqua une pause après le premier morceau pour respirer, comme si elle avait été en apnée jusque là, et puis elle reprit en musique de fond un second morceau - une fugue de Bach, délaissant la toccata pour ne pas attirer trop l’attention, même si elle aimait la jouer lorsqu’elle était contrarié, ce qu'elle était - les yeux fermés et se cachant autant que possible derrière le massif instrument en bois richement orné. Le choix du morceau tourmenté n'était pas un hasard, et son cœur se laissa emportée par la musique, bien que cela ne se voyait pas tellement.
Même si la fin était assez… énervée disons, et coupa la conversation.

« Et bien, sur cette interruption musicale, allons nous préparer pour le dîner ! » Fit son père, fortement inspiré. Oui, tiens, très bonne idée. Tout le monde se leva pour aller se préparer.

Elle avait une robe bleu nuit à enfiler, une coiffure à refaire avec un peigne tout neuf et un ruban turquoise et or à fixer sous sa poitrine. Et elle avait surtout très envie de se retrouver seule, si bien qu'elle évita le Comte et s'enfuit, telle une biche aux aboies.

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Message() / Ven 16 Déc - 16:45
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Vivre dans l’ombre, il aimait ça. Aussi, il fut absolument ravi quand tous les regards vinrent se poser sur la future pépite de la Saison ; Abelia Lewes.
Les échanges fusaient tout comme les compliments. Talentueuse, délicate, polie et douée dans de multiples domaines, les yeux de Lady Lightwood brillaient de mille feux, elle qui n’avait jamais réussi à tomber de nouveau enceinte et qui n’avait que deux fils. William leva les yeux au ciel, agacé par cette multitude de questions qui n’avaient aucun sens. Elle pouvait savoir faire de la broderie, de la harpe et bien d’autres choses, cela ne l'intéressait pas. Lui, il voulait de l’authenticité, de la répartie, des rires malicieux, de l’audace. Il préférait de loin un dessin imparfait mais qui raconte une histoire ou un souvenir, qu’un tableau aux lignes précises, sans âme. Jamais, oh non jamais, il ne comprendrait le sens de ces conversations futiles.
Il s’était ancré dans sa chaise, silencieux mais néanmoins attentif. Souvent, son corps s’arquait d’agacement et Gabriel, évidemment assis à côté d’Abelia, lui lançait des regards assassins pour qu’il reste à sa place et ne déserte pas.

La chance finit tout de même par lui sourire. Son âme semblait s’être enfuie de la pièce mais la curiosité revint à lui quand la douce Lewes prit place, à quelques mètres de lui, pour jouer de la harpe. Ses doigts tapotaient ses cuisses au rythme des sons qui le berçait. Elle était douée, très douée. Aucune fausse note, aucun décalage, la mélodie s'engouffrait dans la salle pour bercer toutes les personnes présentes. Il aurait aimé la féliciter mais il resta muré dans un silence de plomb, ravi du répit en vue.

Il l’a vu. Partir en trombe le visage lourd.
C’était plus fort que lui. Il lui était tout bonnement impossible pour lui de se montrer trop jovial devant ses proches ou en public, persuadé qu’il pouvait acheter sa tranquillité en se montrant inaccessible. Et pour tout dire, ça fonctionnait… Enfin, plus ou moins.
Tous retournaient vaquer à leurs occupation et revêtir leur tenu de soirée quand Diana Lightwood interpella son fils à l’orée de la porte.

William ? Vous avez été bien silencieux, quelque chose ne va pas ?

Je suis simplement fatigué Mère, l’air marin, la pression qui redescend. Ne soyez pas inquiète.

Je vous ai vu éviter le regard de cette jeune femme. C’est-il passé quelque chose ? Ne l’appréciez-vous pas ?

Je n’évite le regard de personne, Miss Lewes semble sympathique.

J’espère ne pas avoir de raison de m’inquiéter, reposez-vous et revenez de bonne humeur ce soir.

Inquiète ? L’étiez vous il y a dix ans quand une vieille femme frappait vos enfants ? Ne devriez-vous pas prendre à votre charge la responsabilité de mon mauvais caractère ? hurlait-il intérieurement.

Il se contenta évidemment de hocher la tête avant de pénétrer dans l’immense chambre qui lui était réservée et de se vautrer dans le lit pour détendre ses muscles.
Têtu comme une mule, il comptait bien se faire discret au dîner et se volatiliser à la moindre opportunité. Demain serait un autre jour…

Le temps semblait s’être mis à courir à toute vitesse. Toujours allongé dans les draps fins, son frère l’avait mis en garde de ne pas être en retard. Il aurait dû être l’ainé, c’est certain !
William se redressa avec nonchalance pour vêtir des vêtements propres. Une chemise blanche avec un veston gris, orné de boutons dorés et une veste noire au cas où la température serait un peu basse en cette fin d’été. Une tenue simple et efficace, qui l'aiderait à se fondre dans le décors. Silencieux, il descendit dans le hall pour rejoindre sa famille…



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Message() / Sam 17 Déc - 10:54
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Dieu nous comble de biens ; notre mère Nature
Rit amoureusement à chaque créature ;
Le spectacle du ciel est admirable à voir ;
La nuit a des splendeurs qui n'ont pas de pareilles ;
Des vents tout parfumés nous chantent aux oreilles :
« Vivre est doux, et pour vivre il ne faut que vouloir. »

     @William Lightwood  
   

   
   


Abélia souffla sur les plumes de son éventail. Assise devant sa toilette, elle était habillée désormais et sa femme de chambre terminait de la coiffer. Pensive, elle n’avait pas dit grand-chose jusque là.

« Je ne comprends pas les hommes. »
« Rassurez-vous, mademoiselle, ils ne comprennent pas les femmes non plus. C’est la tragédie de notre monde. »
« Vraiment ? Croyez-vous que j’ai fait quelque chose de mal ? »
« Absolument pas mademoiselle. Peut-être que son attitude n’a rien à voir avec vous. »

Elle haussa les épaules et reposa l’affreux éventail dans son tiroir. La femme de chambre terminait son œuvre avec la longue chevelure blonde, et y enfonça le peigne neuf avant de lui demander son avis. Abélia devait bien avouer qu’elle s’était donnée, elle n’avait jamais eu une coiffure aussi complexe…

« Puis-je me permettre une remarque mademoiselle, puisque j’étais avec vous lors de votre sortie… »
« Allez-y, Martha. »
« Je ne vous avais jamais vu sourire et rire ainsi. Vous avez plus souvent une attitude plus neutre et réservée, que vous avez repris dès que vous êtes entrée dans le salon. Peut-être que lui aussi. Bien que je ne prétende pas être dans sa tête. »

Mais il avait semblé à Abélia qu’elle ne s’était pas transformée aussi subitement, elle. Et puis ce n’était pas lui qui avait dû supporter d’être au centre des échanges. Lui, il était à la place où elle rêvait d’être : discrètement assise dans un coin, ignorée de tous. Elle s’était sentie comme l’attraction suprême d’un marché aux bestiaux, pour reprendre les mots de son amie Emma. Et elle commençait à ressentir les mêmes inquiétudes qu’elle vis-à-vis de la saison, surtout que ce n’était vraiment pas dans sa personnalité d’être au centre de l’attention. Elle devrait faire plus d’efforts durant le dîner cependant, sinon Lady Pelham-Clinton ne serait pas fière d’elle.

Il ne lui manquait plus que le ruban… Elle avait celui d’origine, de la même couleur que la robe, discret et simplement là pour appuyer sa poitrine. Et puis celui qu’elle venait d’acheter, clairement tape-à-l’œil… Mais qui faisait passer sa tenue de très belle, à absolument superbe, ajoutant quelque chose de précieux et de peu ordinaire. Trop pour elle, si bien qu’elle commença à le dénouer pour remettre l’autre mais sa femme de chambre intervint et finit par la convaincre de le garder.

Prête pour descendre, la jeune femme n’attendit pas. Au contraire, elle espérait bien être dans les premiers pour aider ses parents qui feraient tout à l’envers, comme d’habitude. D’ailleurs ils étaient dans la salle à manger à donner des ordres contraires aux domestiques et il était grand temps qu’elle intervienne. Mais non sans que sa mère ne la prenne dans ses bras d’abord, et pour une fois, elle fut heureuse de le lui rendre. Elle la complimenta sur sa beauté et sa tenue, et la jeune femme leva les yeux au ciel. Non, elle n’était pas la plus belle femme d’Angleterre…

« Père, quel est ce plan de table ? Tu dois te mettre ici, et mère en face. »
« Si loin ? »
« Oui, si loin ! Ce n’est que le temps du dîner, et il n’y aura qu’une longueur de table entre vous, Père. »
« L’un en face de l’autre, Horace, c’est très romantique. »

Comment pouvaient-ils être toujours aussi écœurant après plus de vingt ans, et s’étonner que leur fille ne s’intéresse pas à l’amour ?
Pendant qu’ils faisaient ce qu’ils faisaient - il ne valait mieux pas savoir - Abélia donna donc les dernières recommandations aux domestiques et valet de pied, mettant trois couverts d’un côté et deux de l’autre, et se disant qu’elle verrait bien le moment venu où elle devrait s’installer. Certainement entre les deux frères… Et puis elle fit enlever au moins la moitié des quinze couverts car ses parents ne les connaissaient pas tous et ce n’était pas la peine de les ridiculiser. Autant faire simple.

Elle les poussa ensuite dans le salon, afin qu’ils ne changent pas tout, tout en leur rappelant qui devait s’asseoir quand. Abélia prit place dans un fauteuil au fond de la pièce, munie de son carnet à dessin, elle commença à dessiner les falaises et la mer de mémoire. Un gribouillis plus qu’autre chose car elle n’aimait pas trop dessiner sans modèle, et qu’elle dû cessée assez rapidement. Ils furent très vite rejoints par leurs invités, leur fils aîné en moins bien évidemment. Abélia n’était pas étonnée mais il n’avait cessé d’émettre qu’il fuyait sa propre mère, donc… Diana Lightwood la complimenta sur sa tenue et plus particulièrement sur le choix de ce ruban qu’elle trouvait divin et dont elle semblait particulièrement satisfaite. Peut-être passerait-elle elle-même dans ces boutiques qui semblaient avoir de bien beaux articles et la discussion fut donc lancée sur ce charmant village de bord de mer, peu connu et pourtant très agréable et doté de fins commerces. Un lieu qui mériterait d’attirer plus l’attention de la bonne société, apparemment.

« Vous êtes un visionnaire, Lord Lewes. »

Il était vrai que son père, sous ses airs de ne pas y toucher, avait un talent certain pour dégoter les bonnes affaires. A Londres, ils avaient grandi dans un quartier qui n’avait cessé de devenir de plus en plus prisé, car attirant la bourgeoisie ou de riches étrangers. Et ce n’était qu’un exemple parmi tant d’autres. Pourtant lorsqu’on regarde Horace Lewes, on pouvait facilement s'arrêter au portrait d’un homme bien en chair et rigolo, qui appréciait la vie, tout simplement, sans y voir l’éclat intelligent de son regard bleu.

Abélia échangeait quelques mots avec Gabriel Lightwood, lorsque le Comte arriva à son tour. Tout le monde se leva puisque Lord Lewes annonça le dîner. Affublée de ce sourire poli qu’on lui avait tant de fois demandé, elle le regarda et fit une légère révérence. Son cadet lui tendit son bras, et comme elle était à côté et qu’elle ne réfléchit pas, elle s’en saisit. Il lui fit seulement traverser la pièce pour prendre sa main et la tendre vers le bras de son frère. Abélia observa en silence l’échange de regard entre eux, et prit le bras du Comte, puisque ce devait être la convenance.

Et elle fut emmenée au milieu des deux hommes, comme elle l’avait prévu. En quelques minutes ils furent assis, les verres furent remplis et l’entrée fut servie. La jeune femme espérait que personne ne dirait rien sur le choix des couverts, mais elle était prête à rétorquer que c’était elle qui avait demandé, sans plus d’explications, si cela s’avérait nécessaire. Regardant son assiette de velouté, la demoiselle tenta d’entamer la conversation avec son voisin de gauche.

« Avez-vous pu vous reposer Lord Lightwood ? »

Après, s’il souhaitait passer le dîner en silence, cela lui convenait aussi parfaitement.

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Message() / Sam 17 Déc - 14:56
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[quote="William Lightwood"]
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Partie 1

Les employés grouillaient dans les couloirs pour terminer l’installation de la pièce à manger. William les regardaient un à un, ces petites mains énergiques sans qui rien ne serait possible. Une véritable fourmilière, menée par la famille Lewes, comme de vrais chefs d’orchestres. Diana Lightwood vint rejoindre son fils aîné une fois qu’il eût daigné faire grâce de sa présence, arrivé bon dernier. Rien de surprenant.

William, vous êtes tout à fait charmant. En retard, mais charmant.

Était-ce un compliment ou un reproche déguisé comme tel ? Il prit la main de sa mère pour l’attendrir suffisamment afin qu’elle n’en rajoute pas plus au sujet de son absence de ponctualité.

Avez-vous vu Miss Lewes ? Elle est radieuse, et je suis certaine que vous aimerez sa tenue.

Il hocha la tête, toujours silencieux et sans émotion.

Soudain, Gabriel fit son apparition, tenant à son bras la jeune demoiselle qui faisait tant parler d’elle. Au bras de son frère ? Evidemment…
Il se montrait infect depuis leurs retour alors que le plus jeune était d’une constance inébranlable, jovial et bienveillant envers ses hôtes. Contre toute attente, ce dernier s’approcha de lui et vint placer la douce Abélia à ses côtés pour qu’il puisse l’escorter jusqu’à la table du dîner.

Ses pupilles noires devinrent plus grandes encore, absorbées par la beauté de la jeune femme et par ce fameux ruban choisit ensemble. Ses yeux ciel étaient si beaux, parfaitement mis en valeur par le bleu de sa tenue, qu’il fut obligé de fuir son regard pour ne pas s’y plonger trop intensément. Il fit une discrète révérence à la jeune femme avant de récupérer ses doigts fins entre ses mains pour les poser sur son bras. Tous étaient déjà en place et attendaient de pieds fermes les derniers convives.

A leur entrée, les regards se braquaient sur les deux célibataires, plongeant la salle dans un drôle de silence et étirant les lèvres de certains, séduit par le duo particulièrement élégants. Il était grand et brun, elle était plus petite et d’un blond étincelant et pourtant, une aura fusionnelle émanait de leurs deux corps ainsi que de petits détails dorés qui lui liait davantage.
Il prit soin de retirer la chaise de la jeune demoiselle pour qu’elle puisse s’y installer à sa guise avant de s'asseoir lui aussi. Abelia était encerclée, par le Comte et son plus jeune frère, ce qui rassura William qui pourrait déléguer la conversation à ce dernier s’il en ressentait le besoin.
L’attitude des adultes présents dans cette pièce serait le seul facteur décisif de la poursuite de ce repas. S’ils continuaient d’épier le moindre de ses gestes, alors il resterait distant et se contenterait de brefs échanges.

En effet, cela m’a fait le plus grand bien. Cette table est splendide, je, je vous ai entendu mener les opérations. Vous avez fait un travail remarquable.


Sa voix était modérée mais plutôt sympathique. Lorsqu’elle fut interpellée dans une conversation, le Comte profita de la diversion pour la contempler discrètement. Son visage fin, ses yeux enivrants, il analysait chacun de ses gestes au point d’en être dérouté. Il se remémora cette douce après-midi, où il n’avait cessé de rire aux éclats, chose proscrite depuis de longues années. La délicatesse portait un nom ; Abélia.

Je suis désolé. Je ne me sens guère à mon aise dans ce genre de parade, j’ai l’impression de n’être qu’un titre que l’on exhibe ici et là, comme si sans cela, je ne méritais guère l’attention d’une dame. C’est tout à fait déplaisant et je ne m’y habituerais jamais…

Une chance que Lord et Lady Lewes soient de vrais pipelettes, aux rires communicatifs. Ces deux personnages étaient à l’évidence toujours autant épris l’un de l’autre et avaient noué une forte complicité amicale avec la famille Lightwood. De quoi occuper l’attention et permettre à William de respirer un peu plus.

Et si tout cela était vrai ? S’il n’existait que par son titre et sa fortune ? Lui qui avait eu beaucoup de succès lors de la dernière saison ne pouvait s’empêcher de se demander s’il aurait eu les mêmes faveurs en étant un simple bourgeois ? Qui était-il vraiment ? Lui-même ne savait plus répondre à cette question. Certains hommes étaient plus doués que d’autres pour se fondre dans les foules, à l’image du second fils Ligthwood, que beaucoup attendait sur la liste des hommes à marier.

William commença à manger, affamé par cette escapade au bord de l’eau. Le velouté chaud vint se glisser dans sa gorge avec douceur, l'embrassant d’une douce chaleur qui apaisa ses maux. Il devait se saisir de l’opportunité de ces échanges festifs avant que l’attention ne reviennent sur Abélia ou lui, et qu’il se transforme à nouveau en un mur de béton, impénétrable.

Ma Mère avait raison, vous êtes particulièrement belle ce soir. Que l’on me punisse de vous avouer que vous l’étiez encore plus au bord des falaises, les cheveux en bataille mais.. Ces couleurs vous vont à ravir.

Ses mots s’étaient faits plus discrets, deux ton en dessous des paroles bruyantes qui les entouraient. Concernant son frère tout proche, il pouvait bien entendre ce qu’il voulait, sa loyauté n’avait aucune limite.



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Message() / Sam 17 Déc - 19:07
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Je croyais ne semer qu'une fleur de printemps :
C'est un grand aloès dont la racine brise
Le pot de porcelaine aux dessins éclatants.

     @William Lightwood  
   

   
   


Elle voyait bien comment les Lightwood la regardaient, tous d’ailleurs, car ses parents la couvaient avec douceur. Tous ces regards, tout ce manège, ces discussions à n’en plus finir… Ce n’était pourtant pas son premier dîner depuis qu’elle avait un rang, ni le premier célibataire qu’elle côtoyait, bien que la liste n’était pas bien longue puisque la Comtesse la cachait autant que possible, si on peut dire. Mais pour la première fois, Abélia prenait réellement conscience de ce que serait la saison londonienne, de ce pourquoi elle suivait tant de leçons. Et c’était plus dur que prévu.

Ou tout du moins, cela devenait concret.

La jeune femme ressentait un étrange malaise qu’elle ne s’expliquait pas, elle était nerveuse, sa respiration s’en ressentait aussi, sa cage thoracique coincée dans son corset se levait bien plus haute que d’ordinaire. Et son esprit ressemblait à un gigantesque gribouillis sombre d’où plus grand chose ne sortait, ni ne filtrait. Elle avait tout oublié, toutes ses leçons, et elle était perdue.

Mais au moins Lord Lightwood s’était-il remis à parler, et elle n’eut pas le temps de répondre que Lady Lightwood appuya son fils.  Elle s’efforça de sourire tant bien que mal. Qu’avait-elle fait exactement ? Elle n’en était point sûre, si ce n’est qu’elle n’avait pas porté ces verres jusqu’ici et que ce n’était pas grâce à elle qu’ils étaient aussi transparents. Mais ce n’était sans doute pas le sens de la remarque, et comme elle ne le trouvait pas, elle ne dit rien. Elle se sentait si vide, comme un joli vase qu’on exposait aux yeux de tous, tout en ayant oublié d’y mettre des fleurs.

Pourtant ce n’est pas vous que l’on exhibe aujourd’hui.

Les mots ne voulaient pas sortir, coincés dans sa gorge. Elle n’arrivait pas à faire comme lui, à se concentrer sur leur conversation tout en ignorant ce qu’il se passait autour d’eux, et surtout en ignorant qu’ils pouvaient les entendre à tout moment. Elle regardait d’un côté les pères discutant entre eux, de l’autre les mères faisaient de même. Ils s’amusaient comme des fous, pendant qu’eux trois… Gabriel était égal à lui-même depuis le début, avenant, agréable et plutôt discret. William était sombre et austère, très différent de cet après-midi, quoique cela allait un peu mieux. Sans doute que la sieste lui avait fait le plus grand bien. Et elle, elle semblait tétanisée, dans une posture polie certes, néanmoins elle avait à peine bougé depuis qu’elle s’était assise et n’avait toujours pas touché à son velouté, alors qu’on lui posait des questions existentielles auxquelles elle ne savait répondre. Etait-il juste un titre ? Certainement que non, du moins pas à ses yeux, mais elle ne pouvait pas réfléchir avec ce bruit de cuillère grattant le fond d’une assiette.

Peut-être que manger un peu lui éclaircirait les idées. Elle posa sa main droite sur la table, puis la glissa jusqu’à sa cuillère, la saisit et la plongea dans la soupe. Elle tremblait comme un linge et à peine avait-elle soulevé le couvert, qu’elle le reposa aussitôt dans l’assiette, faisant de même avec sa main, à plat sur la nappe, hors de danger. Pour elle qui ne tremblait jamais en dessinant ou en jouant, c’était une première qu’elle ne comprenait guère. Elle n’était pourtant pas si frêle. Elle espérait que personne n’ait remarqué… Même si quelqu’un ferait forcément une remarque sur son assiette encore pleine pendant que toutes se vidaient, à des rythmes différents.

Elle avait peur. De faire un faux pas, de dire un mot de trop, de parler trop fort, de renverser de la soupe sur cette si jolie robe, de ces regards qui l’imaginaient déjà en Lady Lightwood, ce dont elle ne revenait pas. Mais c’était bien de cela qu’il s’agissait, non ? Les faire se rencontrer, espérer qu’ils se plaisent…  Et elle voyait bien la façon dont Diana Lightwood la regardait, avec cette approbation étrange et ces regards furtifs à destination de son fils, surtout lorsqu’elle les avait vu marcher côte à côte. Impossible d’ignorer ses desseins tant ils étaient évidents. Elle ou une autre… Elle devait lui faire rencontrer plein de jeunes femmes comme elle. Abélia n’avait pas le sentiment d’être spéciale, elle était le joli vase du jour et serait un joli vase pour bien d’autres occasions, elle le savait.

Un frisson lui parcourut l’échine alors qu’il la complimentait sur sa beauté, et puis elle eut l’étrange impression qu’on lui plantait un poignard dans la moelle épinière. C’était certainement censée lui faire plaisir, au lieu de ça, elle se sentait étrangement trahie, d’une façon qu’elle ne pouvait expliquer.

« Vous n’êtes pas obligé de jouer leur jeu. » Elle murmura encore plus bas que lui tellement elle craignait qu’on surprenne leurs échanges et parce qu’elle, elle, ne voulait pas que son frère les entende.

Abélia ne savait plus distinguer le vrai du faux.

Son regard se tourna vers lui, implorant. Pas de la sortir de là, car ce n’était pas possible, mais au moins de ne pas faire ce qu’il était en train de faire : Ne pas se montrer sérieux. Du moins voyait-elle les choses ainsi dans le brouillard épais qui l’entourait.

« Ma chérie, tu ne manges pas ta soupe ? » L’interrompit soudainement son père.
« Je n’aime pas le céléri. » C’était faux, elle aimait tout.
« Oh ? Vraiment ? Je ne l’ai pas senti. Ma fille a un goût et un odorat si fins ! » Il n’y avait pas de céléri dans cette soupe. « Faites-moi donc passer son assiette, moi je l’ai adoré. » Ce n’était pas très orthodoxe mais le valet vint prendre son assiette pour la mettre dans celle de son père. Elle regarda l’assiette passée au-dessus d’elle avec anxiété, puis dès que tout le monde reprit le cours de ses conversations, elle se pencha vers le Comte, prenant énormément sur elle-même.

« Je suis désolée, je n’arrive pas à faire ce que vous faites, parler comme si nous étions seuls. J’ai l’impression qu’on peut si facilement nous entendre, que ce que vous dites… Est pour faire plaisir à votre mère, et non par sincérité. Et puis vous soufflez le chaud et le froid, et cela me met mal à l'aise. »

Après son reproche, son visage se radoucit et elle se permit d'ajouter :

« Vous avez eu mon attention lorsque vous avez ri sur la plage, si cela répond à vos interrogations. Reste à savoir si je suis une dame pour vous. »

Les assiettes furent retirées et le plat suivant fut servi, heureusement pour elle, c'était une viande en sauce qui présenterait bien moins de danger.

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Message() / Jeu 22 Déc - 16:42
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William & Abelia
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Faire partie de la noblesse était un avantage considérable dans ce monde, William en était conscient. S’il était né fils de paysanne, sa vie n’aurait pas eu le même gout et il aurait dû se tuer au travail pour gagner à peine de quoi se nourrir mais tout n’était pas rose non plus, le monde idéal n’existait que dans les rêves. Ils étaient épiés sans relâche et le moindre faux pas pouvait être fatal. Aussi, que pouvait-il répondre à Abelia, visiblement en proie à une forme de détresse d’assister à cette mascarade familiale. Les parents Ligthwood et Lewes s’entendaient à merveille, c’était un fait, mais à quel prix ? Diana Lightwood affichait un sourire radieux depuis le début de la journée, se tenant droite malgré un corset dans lequel elle devait suffoquer. Etait-ce donc ça la véritable amitié ? Apparaître sans cesse sous son meilleur jour ? Le jeune Comte, bien que borné et naïf, ne partageait pas ce goût pour les mondanités et Abelia voyait clair dans son jeu. Elle lisait en lui comme dans un livre ouvert, démasquant le vrai du faux avec plus de dextérité que la plupart des gens de son entourage.

Je fais ce que l’on attend de moi, Mademoiselle. Enfin, plus ou moins. Dit-il en repensant à sa baignade.
N’est-ce pas ce que nous sommes censés faire ? Ce que l’on nous à appris plus jeune ?
Ce moule m’étouffe, et lorsque je suffoque, je deviens irascible, c’est plus fort que moi.


Il la regardait intensément, comme s’il pouvait lui apporter un peu de soutient de cette façon mais la jeune femme était perturbée et déviait son visage.
Le plat principal arrivait enfin, et si William avait hâte de pouvoir rejoindre sa chambre pour trouver un peu de calme, il ne put s’empêcher de saliver devant le plat en sauce posé devant lui. Véritable carnivore, il avait l'appétit de deux hommes à lui seul.  

Voyez-vous, à cet instant précis, je rêverais de dévorer ce plat sans aucune délicatesse ! Les codes ne devraient pas exister dans pareille situation.. Les coudes sur la table, évidemment !  Dit-il en coupant soigneusement -et de façon très exagérée, pour tenter d’arracher un rire à la demoiselle tourmentée - sa viande, tel un chirurgien.
Il lui adressait un regard complice avant de continuer de savourer son plat, en homme civilisé.

J’ai du mal à croire qu’une femme réussira un jour à me supporter. Dit-il en riant, sincèrement. Vous l’avez dit vous même, le chaud et le froid…
Je ne suis pas certain de réussir à me corriger.
Mais quelle genre de femme êtes-vous, Abelia ? Ou quelle genre de femme aimeriez-vous êtres ? Vous devez bien avoir quelques rêves en tête…


La conversation était plus conventionnelle pour les oreilles de tous les membres assis autour de cette table et, bien que ces questions soient particulièrement banales, il voulait savoir… savoir la vérité.



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Message() / Ven 23 Déc - 8:15
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La fleur retardataire hésite
A faire voir ses thyrses blancs.

   @William Lightwood  
 

 
 


Ce moule m’étouffe… Etait-ce cela qu’elle ressentait elle aussi ? Qui opprimait sa cage thoracique et la rendait si étrangement tremblante ? Non, et elle ne comprenait toujours pas l’origine de son malaise. Du reste elle fronça les sourcils, ressentant bien que quelque chose ne collait pas dans le portrait de Lord Lightwood. Un être complexe certainement, très loin de la simplicité qu’il avait affiché quelques heures plus tôt (au sens propre comme au figuré, et elle rougit très discrètement à cette pensée bien impure). Faisait-il ce qu’on attendait de lui ? Elle garda cette question dans un coin de son esprit et ne répondit pas, reprenant plutôt son observation des convives alors que l’arrivée du plat principal fut une distraction des plus bienvenues.

Elle se tourna vers lui abruptement, soudain surprise et ressemblant bien plus à la jeune femme enjouée qu’il avait vu dans l’après-midi. Même si pour elle, elle n’était pas cette personne hilare et impulsive, loin de là. Retenant son sourire, mais partageant un regard complice avec lui, elle s’avança un peu sur son siège, posant la pointe des coudes sur l’extrémité du rebord de la table et coupant à son tour sa viande en l’imitant : avec une infinie délicatesse loin d’être nécessaire. Puis elle porta le morceau, après l’avoir enrobé de purée de légumes, jusqu’à sa bouche. Alors, enfin, la fourchette entre ses lèvres, il vint éclore telle une fleur s’épanouissant brusquement au-dessus de la neige : ce large sourire, remontant ses pommettes vers ses yeux. En riant, la demoiselle croisa le regard de Lady Lightwood qui semblait enchantée de les voir si bien s’entendre. Abélia reprit en partie son sérieux, portant sa serviette à ses lèvres pour finir de mâcher et s'essuyer, bien que son regard trahissait son envie de rire. Une envie qui fondait aussi vite que la neige au soleil. En tout cas, personne ne semblait avoir remarqué ses coudes si subtilement posés sur la table (mais qui avaient déjà glissé en dehors), et pour cause : Abélia pointa son père du menton tout en revenant vers son voisin et poursuivit à voix basse et très sérieusement.

« Voyez, mes parents ne se feront jamais à toutes ces règles. Vous êtes chez nous, faites comme bon vous semble. » Etait-ce vraiment un conseil de choix ? Pauvre Abélia qui ignorait bien tous les sous-entendus qu’elle pouvait faire par ces quelques mots à un homme qu’elle connaissait à peine, et à qui elle avait si promptement donné sa confiance en acceptant d'aller se baigner avec lui le lendemain.

En repensant au regard approbateur de Diana Lightwood, Abélia comprit enfin ce qu’elle ressentait : il y avait dans l’attitude du Comte un grand paradoxe qui la laissait dans le brouillard le plus complet. “Je fais ce que l’on attend de moi.” Ce qu’on attendait de lui c’était d’être aimable avec elle et d’apprendre à la connaître, ni plus, ni moins. Ce qu’il avait fait lorsqu’ils étaient au village, seuls, et puis plus du tout lorsqu’ils avaient retrouvé leur famille, étrange non ? Et ce qu’il faisait en partie lors de ce repas et qu’elle lui avait reproché à tort. Le “plus ou moins” avait donc toute son importance, en effet. Voilà tout ce qu’elle était capable de conclure sur cet homme à l'attitude mystérieuse.

Peut-être qu’elle se posait beaucoup trop de questions et qu’elle devrait juste suivre la discussion et s’efforcer de se détendre. Maintenant qu’elle avait vu que la mère du Comte s’inquiétait davantage de la voir sourire que de prendre note de ses erreurs, c’était plus facile, elle pouvait respirer. Tout le monde n’épiait pas ses moindres gestes comme la douairière le faisait.

Elle lui sourit poliment.

« C’est simplement que nous ne nous connaissons pas. » Fit-elle d’abord, un peu embarrassée qu’il ait pris ses mots de façon si personnelle, puis elle reprit une bouchée de viande pendant qu’il poursuivait, prenant bien sûr le temps de mâcher et d’avaler avant de lui répondre.

« C’est une question difficile, Mylord. Mylord ? » Cela se disait-il pour éviter de dire son nom pour la quarantième fois ? « Je ne sais quoi vous répondre, je fais toujours ce qu’on attend de moi et cela me convient. Je n’ai pas envie d’avoir des rêves irréalisables qui ne feraient que me rendre malheureuse. Je veux juste un époux aimable qui me laisse dessiner et m’occuper de mes plantes, et qui convienne à la Comtesse. Mes parents, eux, voudraient que je me marie par amour… » Elle haussa les épaules. Ils l’avaient tout de même poussée à se fiancer à son meilleur ami, persuadés qu’elle l’aimait, alors qu’elle était juste la personne la moins contrariante qui soit. Bien sûr elle adorait Matthew, mais elle n’avait jamais envisagé de l’épouser jusqu’à ce qu’on lui soumette l’idée et qu’elle accepte immédiatement, sans avoir besoin d'y réfléchir. Une valeur sûre.

Maintenant, c'était l'inconnu qui l'attendait, et elle devrait peut-être faire des choix. Elle n'avait pas envie de choisir, c'était si confortable qu'autrui le fasse pour elle.

Sa réponse, bien que convenue, était sincère. Abélia se jugeait elle-même comme une personne peu intéressante, peu sentimentale, et peu enjouée, bien que…

« J’apprends encore à me connaître moi-même, et cette journée m’a donné beaucoup de matière à réfléchir… » Elle avait redécouvert une part d’elle-même avec lui, une pointe de folie, une envie de braver des interdits. C’était grisant, étrange et un peu effrayant.

Elle lui jeta à nouveau un regard complice et ses yeux se plissèrent pour lui offrir un doux sourire :

« Parfois je rêve de mer et de voyage. Et vous Lord Lightwood ? Que feriez-vous si vous n’aviez pas à vivre dans ce moule. En dehors de manger comme un cochon - Est-ce ce que vous allez faire une fois rentré chez vous ? »

Elle murmura les derniers mots, puis peina à retenir son rire, et gloussa légèrement, attirant l’attention de leurs parents. Mais à nouveau, ils avaient juste l’air enchanté de les voir s’entendre, ce qui la troublait. Elle jouait leur jeu, tout en étant absolument elle-même et sincère. Etait-il possible qu’il en ait fait de même, quand il lui avait dit la trouver belle ? Et pourquoi y accordait-elle la moindre importance ?

Elle se tourna et sourit à Gabriel également, qui avait bien sûr entendu et profita de l’occasion pour renchérir, le visage très poliment hilare. Elle imaginait alors William avec sa propre famille, vivant avec leurs propres règles, osant prendre l’os de la dinde avec les mains pour en dévorer la viande et finir la bouche pleine de gras et de sauce, les coudes sur la table bien sûr ! Et peut-être finir en bataille d'escrime avec l'un de ses enfants, armé chacun d'un os. Une table vivante, comme elle avait toujours connu avec ses parents, et dont elle avait toujours eu honte. Pourtant, cette fois, la vision était touchante… Et troublante.

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Message() / Ven 23 Déc - 19:01
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William & Abelia
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Partie 1

L’ambiance commençait à se détendre et Gabriel ne manquait pas de faire les gros yeux à son frère aîné lorsqu’il sentait ce dernier se refermer dans sa coquille à la suite d’un regard trop appuyé par leur Mère, d’un sourire malaisant pas leur Père. Lui savait faire abstraction de tout cela et William ne cessait de se dire qu’il aurait fait un bien meilleur héritier que lui.
Ses lèvres se mirent à frémir devant l’imitation saisissante de la jeune femme lorsqu’elle prit soin - de façon tout à fait exagéré - pour le découpage de sa viande. Tels deux enfants d’environ dix ans, ils étouffaient leurs rires respectifs avec une complicité retrouvée, la même qu’à la plage quelques heures plus tôt. Comme la mer, ils étaient tantôt calmes, tantôt agités et anxieux et ils s’adressaient l’un à l’autre avec des pincettes pour ne pas briser ce lien fragile qui les liaient d’une façon assez étrange, envoûtante.

William n’aimait pas particulièrement les appellations pompeuses mais il se contenta d’hocher la tête car après tout, c’était un terme approprié qu’il le veuille ou non.

Les rêves font partie de nous tous, ils nous aident à nous échapper et à nous surpasser. Vos parents semblent épris l’un de l'autre, c’est plaisant à voir. Je n’en dirais pas autant concernant l’autre partie de la table… Vous avez devant vous l’image parfaite des faux-semblants.

Sa voix s’était faite bien plus discrète sur les derniers mots, une confidence inappropriée dans un repas mais dit si doucement que même les oreilles expertes de son frère n’avaient pas entendu ses mots. Le couple Lightwood de l’autre côté de la table rusait de mimétisme en copiant les gestes d’affections de leurs hôtes. Ils se lançaient des regards faussement complices alors qu’ils daignaient à peine s’adresser la parole en privée. Un mariage arrangé de plus, ébréché par des tourments silencieux qui touchaient toute la famille. Pendant des années, leurs deux fils avaient subi de multiples sévices, un secret de polichinelle dont personne ne parlait mais qui créait, des années plus tard, encore bien des rancœurs silencieuses. Un jour, le masque finirait par se briser, William le savait mais il tâchait à sa manière de ne pas ressasser le passé.
Au fil de ses pensées, son visage devint plus sombre, une fois de plus. Abélia n’en paierait pas les frais cette fois-ci, il était déterminé à conserver sa bonne humeur jusqu’à la fin du dîner.

Pardonnez-moi ? Est-ce une façon de s’adresser à un homme que de le traiter d’animal ?

Les regards se tournèrent sur eux en une fraction de seconde, preuve que toutes les oreilles étaient malgré tout très attentives à la discussion des célibataires. Il se mit à rire, satisfait d’avoir démasqué la curiosité intrusive de chacun avec de fausses accusations.
Il lança un regard sournois à sa mère, l’air de dire “je vous connais si bien…

Détendez-vous, je rigole. Mademoiselle Lewes n’aurait jamais osé cela. Souhaitez-vous rejoindre la conversation ? Dit-il, faussement sympathique (mais très crédible, très bon acteur lui aussi !)

Les joues se mirent à rougir, pris au piège et surpris par la désinvolture du Comte. Par chance, l’homme de la maison se mit à rire, un rire communicatif qui brisa le silence et lançait de nouveau les discussions.

Incorrigibles ! Pardonnez moi, je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise...  Voilà quelque chose d'intéressant, les voyages ! Avez-vous une destination en tête ? Je n’ai jamais eu le plaisir de voyager, je l’aurais sans doute fait si mon cher oncle ne nous avait pas quittés si tôt. J’espère que vous arriverez à trouver qui vous êtes vraiment. Ne vous laissez pas prendre au piège par l’effervescence de Londres, cette ville peut vite faire perdre la tête… Mais vous la connaissez mieux que moi après tout.
J’aurais aimé suivre les traces de mon frère et faire des études de médecine, le temps ou le courage m’ont manqué pour suivre ce chemin. Gabriel sera bientôt diplômé, c’est une fierté pour tous. J’aime beaucoup la boxe, vous savez, ce sport indigne des bas quartiers…

Dit-il en s’assurant que sa Mère était suffisamment occupée.
C’est un échappatoire formidable. Cela m'apaise et me vide la tête, comme la mer, voyez-vous ! Sauf quand je perd… Je vous laisse imaginer mon humeur à la suite d'une defaite.

Les assiettes furent retirées pour que de délicieux gâteaux viennent prendre place au centre de la table. William était repus et ne pouvait plus rien avaler, pour autant, le dîner en compagnie de la douce Lewes lui avait paru s’écouler à toute vitesse. Bientôt, il serait seul dans sa chambre et devrait se remuer les méninges pour trouver un moyen de rejoindre la plage en compagnie d’Abelia, sans attirer l’attention.



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Message() / Dim 25 Déc - 0:08
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Le temps, jusqu'à l'heure où s'achève
Sur l'oreiller l'idée en rêve,
Me sera court.

   @William Lightwood  
 

 
 

Abélia devint livide, et terriblement horrifiée parce que le Comte venait de lui faire. Elle qui pensait rire de façon privée avec lui, et qui s’amusait tant, contre toute attente. Mais, il avait été ainsi depuis qu’ils étaient rentrés, depuis leur rencontre même quelque part et même si c’était effectivement difficile à supporter, la jeune femme prit sur elle. N’était-ce pas ce qui éveillait sa curiosité également ? Elle s’efforça d’en montrer le moins possible, et de ne surtout pas réagir. Elle croisa néanmoins le regard de Gabriel et sembla l'appeler à l’aide. Ils étaient après tout les deux seuls faisant preuve d’un tant soit peu de constance à cette tablée. Mais même si elle avait voulu, elle n’aurait pas eu le temps de dire ou faire quoique ce soit avant que le Comte ne se mette à rire et clarifie la situation… Comme elle s’en doutait, et comme quoi elle commençait à le connaître. La jolie blonde se contenta de sourire, et remercia intérieurement son père d’être si bon public.

En aussi peu de temps que William en avait mis pour changer l’atmosphère de la pièce, tout retourna à la normale et les conversations reprirent comme si de rien n’était, exactement là où elles s’étaient arrêtées. Sauf pour Abélia qui accusait un temps de retard et regardait, ahurie, le Comte. Elle n’était pas certaine d’apprécier ce qu’il venait de faire : se jouant d’elle pour faire sa petite démonstration, mais elle n’avait pas vraiment le temps d’y réfléchir, alors elle se laissa absorber par ce qu’il racontait et mis tout cela de côté.

« L’Amazonie. Mais ce n’est qu’un rêve, pas une nécessité. »

La conversation aurait mérité de s’y attarder de façon bien plus approfondie, car il y avait beaucoup à dire sur tous ces sujets et elle continuait de trouver que la situation ne s’y prêtait guère. Pourtant ce ne serait pas son dernier dîner dans le genre, loin de là et elle devrait bien s’y faire. Et surtout, elle avait la chance de partager quelques choses - quelques secrets ? - avec son voisin de table, ce qui ne serait pas toujours le cas. D’ailleurs, il lui confessait de nouvelles choses qu’elle ne devrait probablement pas savoir, et il lui suffisait pour cela d’avoir besoin de tendre l’oreille pour l’entendre tant il parlait bas. Sans doute que la boxe n’était pas très bien vue, et certainement pas pour les jeunes femmes comme elle… Ce qui ne fit qu’éveiller un peu plus sa curiosité. Sa sincérité était si touchante, sa personnalité complexe si troublante. Et son visage à elle, comme son sourire, était plus chaud, mais peut-être était-ce seulement le vin.

« J’aimerais voir ça. Un combat de boxe. » Qu’avez-vous donc fait William Lightwood ? Auriez-vous ouvert la boîte de Pandore ? La porte de tous les inconnus et tous les interdits ?

Le dessert fit son entrée, les coupant définitivement dans leur discussion et leurs confidences. Abélia discuta avec Gabriel, pourtant son regard venait régulièrement trouver celui de William, tantôt accompagné d’un sourire discret, tantôt simplement observateur. Il lui était étrange de se dire qu’elle s’était plus liée avec quelqu’un en quelques heures, qu’avec d’autres personnes en plusieurs années. Quoiqu’il advienne, elle n’oublierait pas cette visite et ses enseignements. Car elle passa aussi le reste du repas à observer ces fameux faux-semblants dont il avait parlé, sans pour autant les comprendre. Elle aurait bien de quoi réfléchir cette nuit.

Après le repas, les hommes partirent d’un côté, les femmes de l’autre. Abélia se remit à la harpe plutôt que d’aller faire la conversation, et chanta même un peu pour les deux femmes, avant de prétexter être fatiguée - ce qui était la stricte vérité, toutes ces émotions l’avaient épuisée. Mais elle eut bien du mal à trouver le sommeil, entre tout ce qu’il y avait à ressasser et l’excitation pour le lendemain… Elle se leva à l’aube et s’arrangea pour déjeuner avant tout le monde, elle adorait particulièrement ce moment de la journée ; bien que malgré le calme apparent de la maisonnée, les domestiques s'affairaient depuis plusieurs heures. Un petit monde grouillant et pourtant si discret. Et puis elle s’installa dans un des fauteuils en face de la table du petit-déjeuner, celui donnant sur les fenêtres et la magnifique vue sur la mer ; avec son carnet et un crayon, et elle dessina la vue ou une nature morte en attendant. Assise de façon peu orthodoxe - les genoux pliés et les pieds sur le siège pour poser son carnet sur ses cuisses - dans la même robe qu’elle portait la veille à la plage.

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Message() / Lun 26 Déc - 11:20
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William & Abelia
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.
Partie 1

William ne put s’empêcher de sourire lorsqu’il s’imagina Abelia Lewes sur les gradins d’un ring de boxe. Frêle créature si délicate et si douce, assistant à un combat sauvage et brutal entre deux hommes avides de victoire. Non, oh non, cela ne devait jamais arriver. Sa candeur lui sciait à merveille et il se jura ne pas entraîner la demoiselle dans ses vices les plus profonds. Y arriverait-il ? Lui qui était tantôt de glace tantôt de feu ? Abelia Lewes avait-elle le tempérament nécessaire pour lui tenir tête sans laisser une partie d’elle-même ? Rien n’était moins sûr.

Le repas sonnait à sa fin et le Comte s’en alla rejoindre son frère ainsi que son hôte du jour pour siroter entre hommes un délicieux verre de whisky. De temps à autre, il jetait de brefs coups d'œil à cet ange blond, pour une raison qu’il ignorait. Comme si, enfouit dans les profondeurs d’une âme torturée, se cachait un protecteur, prêt à se jeter au feu pour veiller et sauver les personnes chères à ses yeux. Délicieux paradoxe qui laissait bien du monde perplexe à son sujet.

Les conversations furent légères et l’ambiance familiale. Rapidement, les yeux de tous furent tirés par la fatigue et, accompagnés de courtoises révérences, le bras gauche dans le dos, les deux frères Lightwood se retirèrent pour rejoindre à leurs tours leurs quartiers. Sans un mot de plus, ni même un regard.
A l’étage, les chambres des deux hommes communiquaient par une porte intérieure et à peine eut-il mis un pied dans sa loge personnelle que William se mit à faire les cents pas. Dérouté par cette journée, anxieux par celle qui se profilait, il ne put trouver le calme de lui-même et frappa deux fois contre la porte de son frère, toujours doué pour apaiser ses maux quand lui n’y parvenait plus.
Leur passé, ils n’en parlaient jamais mais par la force des choses, par la force de leurs souvenirs, si sombres soient-ils, ils étaient liés à jamais et ne pourraient imaginer une vie l’un sans l’autre.
Gabriel vint s’installer dans le fauteuil de cuir, deux verres à la main. Il en tendit un au plus vieux.

Lord Lewes nous à laissé une délicieuse bouteille, prend donc un verre, tu sembles bien agité. Quelque chose ne vas pas ?

Les yeux rivés à travers la fenêtre sur les immenses jardins endormis, William ne sut quoi répondre. Il sentait le danger le guetter, sentait au fond de lui que Miss Lewes courait un risque à se frayer un chemin discret dans l’esprit du Comte.

Cela aurait-il quelque chose à voir avec une jolie blonde ? Renchérit-il.

Je ne sais pas de quoi tu parles Gabriel ! Ne dit pas de bêtises.

Son frère hocha la tête, ne souhaitant pas se lancer sur un terrain glissant. Il connaissait William mieux que personne d’autre et n’avait guère besoin de la vérité.

J’ai besoin de ton aide demain matin. J’ai promis à Abélia… Miss Lewes, de profiter de plage en sa compagnie avant notre départ pour Surrey. Il me semble que c’est la moindre des choses, nous avons été si bien accueilli.

Evidemment, c’est une bonne idée. En quoi puis-je t’aider ? Une balade à la plage semble être une activité parfaite.

… Nous devons nous y rendre seuls, Gabriel. Je ne parle pas d’une balade en famille !

Ses yeux s’écarquillaient avant de rouler sur eux-même, tant habitués aux idées farfelues de l'aîné.

Tu es devenu fou ? sais-tu ce qu’il se passerait si on vous apercevait à la plage sans nous ?

Nous le savons tous Gabriel, mais cela n’arrivera pas ! Crois moi ! Tu dois te charger de maintenir nos chers parents ainsi que la famille Lewes loin de la mer toute la matinée.

Il hocha la tête, le regard appuyé dans celui de son frère. Un mince sourire s’étira sur son visage, visiblement amusé de voir le si fier William Lightwood les yeux animés par son projet. Une délicate lueur de bonheur, balayée depuis de longues années.


~~~~~~~~~~



Le soleil venait à peine de se lever que William émergeait de son sommeil. Il se prépara en vitesse, ainsi que sa sacoche de cuir remplie de vêtements secs.
Quelques minutes plus tôt, il avait entendu des pas dans l’escalier et priait pour qu’il s’agisse d’Abelia. Sa mère avait la fâcheuse manie de dormir comme une marmotte, elle ne serait pas prête avant des heures, quant à son Père, il n’avait que faire des allers et venues de ses deux garçons.
En bas, dans le grand salon, son cœur se serra à la vue de la chevelure blonde, assise paisiblement, un carnet dans la main. Il se racla la gorge pour signaler son arrivée et ne pas l’effrayer. Son bras gauche dans le dos, vêtu de noir comme toujours, il se présenta à elle en s’inclinant.

Miss Lewes, j’espère que vous avez bien dormi ?

Ses yeux se posèrent sur le carnet à dessin, rempli d’une admiration silencieuse, il resta muet, pour que sa voix ne résonne pas de trop dans la maison. Toutefois, son regard en disait long sur son talent.

Etes-vous prête Miss Lewes ? Nous devons partir. Votre chaperonne a accepté de se joindre à nous, par sécurité. Gabriel se charge de faire diversion. Nous allons simplement en balade, de quoi égayer leurs journées dès le réveil.

La chaperonne. Si William annonçait cela avec facilité, les négociations avec cette dernière, consciente des projets des deux célibataires, s’était avéré plus que complexe. William avait alors sorti une arme dont il usait et abusait pour arriver à ses fins ; l’argent. La jeune femme avait une fille et elle ne pouvait refuser une telle somme. Évidemment, il resterait silencieux sur ce point, redoutant la colère de Miss Lewes si elle apprenait ce chantage monnayé. Le silence avait pourtant un prix, elle l’apprendrait tôt ou tard lors de la saison…

Je vous attends à la falaise dans quinze minutes avec elle.

Avait-elle toujours envie de s’échapper de la sorte ? Souhaitait-elle toujours profiter de la compagnie du Comte avant son départ ? Il n’osa pas poser la question, par peur de la réponse et préférait se retrouver seul sur place si elle ne daignait finalement pas se joindre à lui. La claque serait moins rude à encaisser.

Il croisa Gabriel dans le couloir qui le saluait, un geste silencieux qui scellait leur accord. William prit la poudre d’escampette par l’arrière de la demeure, là où aucune fenêtres issues des chambres ne donnait. Le regard plongé sur l’immensité, bercé par les vagues qui s’échouaient à milles pieds en dessous de lui, il attendait.



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Message() / Lun 26 Déc - 23:10
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De là naissent ces sympathies
Aux impérieuses douceurs,
Par qui les âmes averties
Partout se reconnaissent soeurs.

   @William Lightwood  
 

 
 

Un raclement de gorge et la jeune femme leva les yeux pour découvrir le comte, tout juste descendu. Il était si solennel dans sa tenue sombre, la main dans le dos, droit et un peu sévère, et pourtant une certaine douceur émanait de lui. Peut-être parce qu’il y avait cette lumière matinale incroyable qui pénétrait dans la pièce ? La scène était si belle qu’elle l’aurait volontiers dessinée, mais ils n’avaient pas le temps pour ça, n’est-ce pas ? Il parla et elle se rassit brusquement de façon bien plus conventionnelle, tout en se disant l’instant d’après que c’était idiot, il l’avait vu dans bien des situations peu conventionnelles désormais, il ne s’offenserait certainement pas de celle-là.

Étrange constat
.
D’ailleurs elle ne l’avait même pas salué convenablement... Comme s’ils ne s’étaient pas quittés depuis la veille, ce qui n’était pas complètement faux. En pensée, elle n’avait cessé de penser à lui : à chacun de ses gestes et de ses mots.

« Oui, merci. J’espère que vous avez trouvé vos aises dans votre chambre. »

Son teint et ses légères cernes parlaient pour elle quant au fait qu’il s’agissait là d’un odieux mensonge, mais ce n’était pas le moment de lui dire qu’elle n’avait cessé de repenser à cette étrange journée, ni pour lui poser toutes les questions qu’elle avait gardé pour elle. Elle se leva, ferma son carnet et acquiesça. Elle était prête, oui, elle avait déjà enfilé sa tenue de bain sous sa robe, ce qui n’était pas très confortable d’ailleurs. Il en termina et elle fila à travers les escaliers, tâchant de faire le moins de bruit possible, pour prendre ses affaires, son spencer et retrouver sa femme de chambre. Juste le temps de remonter ses cheveux au-dessus de sa nuque et les deux femmes quittèrent la maison, non sans une certaine appréhension (pas vraiment partagée). Chacune de son côté était inquiète, l’une par l’inconnu qui l’attendait, aussi excitant que terrifiant, l’autre par le fait de devoir surveiller deux célibataires seuls dans l’eau, en étant largement trop loin pour intervenir en cas de besoin… Et tout en sachant que, de toute façon, des limites seraient dépassées.

« Miss Lewes ! Vos gants ! »
« Je… Je les ai oubliés… Est-ce si important alors que je ne pourrais aller dans l’eau avec ? »
« Et si nous croisons votre famille sur le chemin du retour ? »
« D’accord, retournons les chercher, mais hâtons-nous. »

Ainsi eurent-elles quelques minutes de retard pour retrouver le Comte, mais Abélia était belle et bien là, prête pour la première leçon de natation de toute sa vie, et prête à enfreindre un certains nombres de règles qu’on lui faisait apprendre depuis quelques mois seulement, qu’on lui martelait même. Était-elle vraiment prête ? L’envie de plonger dans l’immensité marine était plus forte que tout, et elle savait qu’elle était bien plus en sécurité avec lui ; il ne la lâcherait pas. Elle avait aussi conscience des risques : un seul témoin, et ils pouvaient bien être certains de finir fiancés. Ou bien, il n’était pas l’homme qu’elle croyait voir, et sa réputation serait ruinée, mais ce cas-là ne lui venait même pas à l’esprit. Lui aussi connaissait les risques, pourtant il était là

« Lord Lightwood. » Elle s’inclina cette fois, son visage ne masquant ni ses inquiétudes, ni son enthousiasme.

Le temps était bien différent de la veille : le vent soufflait plus fort (elle n’avait pas mis de coiffe et de nombreuses mèches s’échappaient déjà), mais le ciel n’était pas un immense plafond gris et uniforme. Quelques nuages défilaient sur l’azure tandis que le soleil réchauffait leur derme à cette heure encore un peu fraîche. La vue sur les falaises avec les reflets du soleil sur l’onde marine, lui donnant des reflets verts, n’était que d’autant plus magnifique. Un tableau vivant.

« La vue est si belle. » Lui, en faisait partie. Elle sourit à l’air marin et à Neptune. « Mais allons-y. »

Le chemin longeait les falaises un bon moment avant de redescendre vers une petite crique très appropriée pour une escapade discrète. Abélia marchait aux côtés du Comte et la domestique suivait, comme la veille. Comme elle pouvait car, contrairement à la veille, les deux jeunes gens allaient d’un pas pressé vers leur destination.

« Vous partagez vraiment tout à votre frère ? J’espère qu’il ne se fait pas de fausses idées à mon égard, sur l’objet de cette sortie. Cela doit être fabuleux d’avoir quelqu’un auprès de qui se confier, demander conseil, ou bien… qui vous aide à obtenir un moment de liberté comme celui-ci. Avez-vous un arrangement entre vous ? Une faveur pour une faveur ? Ou êtes-vous simplement dévoués l’un à l’autre, liés à jamais par l’amour fraternel ? »

Curiosité sincère que la sienne, fille unique n’ayant que trop eu que sa propre personne pour discuter de certains sujets, ne lui offrant dès lors qu'un point de vue très limité. Pas étonnant qu’elle soit si réservée. Elle s’était vue rêver cette nuit qu’un tel lien puisse exister entre un mari et une épouse. Ou entre deux femmes, deux amies s’aimant et se protégeant sans limite. Elle l'enviait.

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Message() / Mar 27 Déc - 12:38
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William & Abelia
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Partie 1

Les secondes semblaient être des minutes et, lorsque le quart d’heure fut écoulé et que le Comte ne put distinguer une seule silhouette dans son champ de vision, son regard devint plus sombre, tragique, mélancolique. Sans doute s’était-elle rendue compte que cette escapade matinale n’était que pure folie, et que la douce et si bien éduquée Abelia Lewes ne devait pas prendre part à ce genre d’affront aux règles longuement récitées.

Soudain, elle apparut. Gracieuse et délicate, authentique, comme la veille. La robe de soirée n’était plus qu’un vague souvenir, tout comme sa coiffure parfaitement soignée. Elle avançait vers lui, naturelle et les cheveux en proie au vent matinal. Délicieux paysage, parfaitement accordé avec le décor brut qui les entourait. Elle s’avança pour le saluer, plus solennellement cette fois-ci et il prit soin de masquer son plaisir de la retrouver. Il ne lui en aurait sans doute pas voulu, de se soustraire à ce rendez-vous audacieux, mais intérieurement, il était enchanté. Qui aurait pensé un instant qu’Abelia Lewes aurait le cran nécessaire pour braver les interdits de la sorte ?

Il s’inclina devant sa chaperonne, marquant ainsi son respect profond pour leur pacte de silence et se mit en route aux côtés de la jeune femme.

Je vous l’accorde, c’est un endroit somptueux. Hors du temps.

Et ce paysage, il comptait bien en profiter jusqu’à la dernière seconde car chacun des pas qui le menaient à cette plage rapprochait également le moment de son départ. Évidemment, il était particulièrement enchanté à l’idée de rentrer se ressourcer à Surrey, chez lui. Ses parents rejoindraient eux aussi leurs demeure et il pourrait enfin profiter du silence presque religieux de son cocon. Malgré tout, son ventre se tordait à l’idée de quitter cet endroit, un sentiment qu’il éprouvait rarement.
Leurs pas étaient rapides, tous les trois conscients des risques encourus sur ce tronçon, visible par tous du haut des falaises. Une fois à la crique, ils seraient en paix, isolés dans une bulle secrète, encerclés par d’immenses rochers.

Abelia reprit la parole et se lança sans crier garde sur un sujet très sensible. D’ordinaire, William aurait pris un malain plaisir à botter en touche en se contentant de vanter les louanges de son frère sans plus de détails. Il avait changé. En partie grace à une jeune femme téméraire qui l’avait poussé dans ses plus profonds retranchements ; Juliet.
En bas du chemin se dressait une étendue de sable immense et William marqua une pose, sourire en coin, il retira ses chaussures pour profiter pieds nus de la douceur du sol qui s’offrait à eux. Un clin d’oeil à l’impair de la veille commis par la jeune femme. Par ce geste, il l’invitait de nouveau à être elle-même le temps de quelques heures. Ensuite, tout serait différent. Nul doute qu’à Londres, William redeviendrait cet homme étrange, vêtu de noir et d’or, que l’on peine à approcher de façon sereine. Profiter. Il fallait en profiter.

J’ai une confiance aveugle en Gabriel, c’est un homme profondément bienveillant. Je mentirais en affirmant que c’est notre lien du sang qui nous rend si proche. Toutes les familles ont des secrets et si les souvenirs positifs rapprochent les gens, les négatifs sont encore plus puissants.
Gabriel et moi avons été battus de longues années, par une femme abominable. Tout le monde à fermé les yeux sur le sujet, jugeant sans doute que c’était une manière appropriée de former des hommes solides. J’en doute. Lui et moi ne parlons jamais de ce sujet là, mais par la force des choses, nous nous comprenons. En apparence, il semble avoir gardé moins de séquelles, il est toujours souriant et avenant tandis- ce que moi, je m’emporte souvent. Mais c’est un leurre, je n’ai pas besoin de mots pour comprendre ses états d'âme. Il en va de même pour lui. Vous pouvez être rassurée, il ne dira pas un mot sur notre escapade. Sa loyauté n’a pas de limite. Je lui rendrais la pareille, si tant est qu’il se retrouve un jour seul avec une dame !
Dit-il en riant. Dès lors qu’il se retrouve dans une situation embarrassante, il se met à bégayer.

Son rire était sincère, un poil moqueur mais dans le bon sens du terme.
William fut surpris par ses mots, il avait compté son histoire sans colère ni honte. Comme s' il avait enfin accepté d'être la victime et non le coupable de toutes ces horreurs. Cette fois-ci, il n’avait ni l’envie de s'énerver ni même de mentir. Évidemment, il gardait pour lui bien d’autres secrets, mais c’était un pas vers un avenir plus doux, sans doute.

Et vous Miss Lewes ? Quelque chose à confesser ? Je n’ai pas de pasteur sous la main, mais je sais, parfois, être une oreille attentive.

Il tournait son regard sur la demoiselle, n’attendant pas de grandes révélations mais usant d’une pointe d’humour pour adoucir les échanges devenus bien sérieux.

Voilà, nous y sommes ! Regardez comme c’est beau !
L’eau doit être un peu fraîche, j’espère que vous n’êtes pas une petite nature !


Il posait sa sacoche de cuir au sol ainsi que ses bottes noires et retirait son long manteau. Soucieux de chaque détail, il portait sur lui une chemise noire qu’il ne retirerait pas. Celle-ci ne serait pas transparente une fois mouillée bien qu’elle viendrait se fondre à sa peau, leurs projets étant déjà suffisamment inappropriés, il comptait rester un gentleman. Enfin, pour le peu de bonnes manières restantes...


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Message() / Mar 27 Déc - 21:50
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Mais qui regarde la nageoire
Et les reins aux squameux replis,
En voyant les bustes d'ivoire
Par le baiser des mers polis ?

   @William Lightwood  
 

 
 

Hors du temps…
Comme elle aurait aimé que cela n’ait pas de fin, et pourtant ils se précipitaient vers l’étape suivante, à la poursuite de leur plan, du temps perdu d’avance. Hâtés par leur raison, celle qui leur disait de se cacher, hâtés par leur envie de faire ce qu’ils avaient décidé de faire, ensemble. Abélia savait que c’était plus qu’une histoire de bain et de découverte des étendues marines, elle l’avait compris lorsqu’elle avait commencé à redouter son départ, sans savoir depuis quand exactement. Elle avait envie de partager cet instant unique avec lui, sans la moindre arrière pensée et en ayant pleinement confiance que lui non plus n’en avait pas. Quoique le terme “respect” serait plus approprié.

Comme elle voudrait arrêter le temps une fois qu’ils seraient sur cette plage, pour qu’il n’y ait pas de fin. Une fin au temps, une fin au lieu qui leur servirait de cocon. L’infini devant eux et autour d’eux. Elle n’arrivait pas à croire que ce qu’ils faisaient était interdit, tant cela lui semblait innocent dans les faits, et surtout si naturel.

Et l’idée qu’il y ait une fin la rendait mélancolique, alors qu’elle nourrissait l’espoir idiot qu’il pourrait rester un peu plus longtemps, pour elle. Si bien qu’elle n’était pas aussi souriante que la veille. Ce n’était pas la seule raison bien sûr : il était encore tôt et ils venaient tout juste de se retrouver et ce n’était pas dans sa nature d’être euphorique. Ce qui était sûr c’est que ce n’était pas l’interdit qui l’empêchait de profiter de l’instant, loin de là. Quoiqu’il arrive, Lady Pelham-Clinton serait furieuse de voir son teint rougi par le soleil et sa peau abîmée par l’air iodé, et le reste n’arriverait pas car le plan du Comte était parfait. Et puis elle avait une chaperonne.

Au milieu des plantes atypiques du bord de mer, sur l’étroit chemin qui menait à la crique, le Comte se confiait, et elle écoutait sans savoir quoi dire. Elle l’avait suivi dans son élan et tenait dans ses mains ses chaussures, profitant de la douceur du sable sous ses plantes de pied, et tantôt de quelques sensations plus piquantes. On entendait parfois des histoires sordides de ce genre, mais cela paraissait si lointain… Jamais elle n’avait entendu un de ses proches raconter un fait si triste qui lui soit arrivé à lui-même. C’était relativement inintelligible pour elle tellement c’était ignoble… Comment pouvait-on faire cela à autrui, et plus encore à des enfants ? Son visage parlait pour elle de toute l’empathie qu’elle ressentait pour lui, mais par pudeur et par respect, elle se priva de dire ô combien elle était désolée… Elle l’était, mais pourquoi s’imposer dans cette confession et le couper pour satisfaire sa confiance ou la politesse d'usage ? De nombreuses choses auxquelles elle avait songé toute la nuit semblaient soudain s’éclairer, et notamment sa relation conflictuelle avec sa mère. Elle comprenait mieux certaines remarques. En tous les cas, le lien avec son frère n’en était pas moins beau et elle était satisfaite qu’il ait tant confiance en lui, mais elle y songerait à deux fois avant de souhaiter à nouveau un tel lien avec quelqu’un. Heureusement qu’elle ne l’avait pas dit à voix haute.

« Voilà qui doit être amusant à observer, » conclut-elle avec une certaine tendresse, souriant enfin. Un brin pensive, presque machiavélique même. Et puis elle l’observa avec surprise.

« Moi ? Je crains d’être un ange, et fort chanceuse au demeurant. Vous avez été témoin des pires crimes que j’ai pu commettre. Vous savez quoi ? Si mes parents me voyaient ici, ils seraient absolument ravis, ils ont toujours voulu que je sois plus… folle ? Je me laisse aller, Lord Lightwood, car si je ne suis pas sérieuse, personne ne le sera pour moi. Si nous nous faisons prendre, je ne peux guère compter sur mon père pour vous poursuivre et vous forcer à m’épouser, et je n’ai pas de grand frère non plus. Et… Je ne devrais pas vous dire cela. » Elle se referma légèrement. Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait ça, avouer à quel point il serait aisé de profiter d’elle, et il fallait vraiment qu’elle arrête d’être aussi franche, pour son propre bien. « Je suis contente que vous ayez demandé l’aide de votre frère. »

Ils arrivèrent enfin sur la petite plage, sa bonne l’aida alors à retirer son spencer et sa robe, lui donnant alors l’impression de pouvoir respirer, puis retira ses gants. Elle se hâta d’autant plus qu’il venait de la provoquer. Elles avaient normalement tout prévu pour le retour : des dessous secs, un linge pour s’essuyer ; il n’y aurait qu’à cacher le vêtement humide. Quant à la tenue de bain, c’était un genre de robe doublée d’un pantalon pour cacher les jambes ; les manches étaient longues et le tissu couleur terre était assez épais. Honnêtement, cela ressemblait à un sac, mais Abélia s’en moquait royalement. Par contre, elle refusa catégoriquement d’enfiler l’horrible coiffe que sa femme de chambre lui tendait, et fila plutôt vers la mer.

« J’espère que vous non plus, sinon je me noierais avant que vous ne soyez dans l’eau. »

L’immensité marine était effrayante, oui, mais elle en rêvait assez pour être avant tout excitée. Et hors de question de reculer désormais. Elle était là, dans cette tenue affreuse avec un homme qu’elle venait de rencontrer, tantôt ange gardien, tantôt démon. Et elle avançait, un pas dans l’écume après l’autre. L’eau était fraîche, effectivement, mais son énergie et sa volonté réchauffaient ses jambes… Ce ne fut qu’à partir du bas ventre que cela commença à être bien plus difficile, aussi elle s’arrêta. Mais n’était-ce pas déjà merveilleux que de voir ses jambes disparaître dans l’eau et sentir le clapotement des vagues contre son ventre ? Heureusement que celles-ci n’étaient pas plus grosses d’ailleurs.

Elle se retourna pour chercher son compagnon du regard, en espérant le trouver près d’elle alors que son sourire en disait long sur le bonheur qu’elle ressentait. Ceux de la veille n’étaient plus rien en comparaison. Sans doute qu’elle ne devrait pas le regarder comme elle le faisait, mais elle n’y pouvait rien, le bonheur était simple et il était là.

« J’aurais dû être une sirène. Quoique ce sont de terribles créatures. » Elle rit. Un rire innocent bien loin des fameuses Néréides.

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Message() / Mer 28 Déc - 10:08
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William & Abelia
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Partie 1

Pas de grandes phrases d’excuses, pas de sollicitude poussé à l’extrême. Abélia garda le silence après les révélations de William et il ne put qu’apprécier cela, car aucun mot de ce monde ne parviendrait à le consoler, à lui faire oublier ses souvenirs marqués au fer rouge sur sa peau et dans sa tête. Il trouva mieux que toutes les plus belles paroles de convenances ; son regard. Bienveillant et lumineux, il la caressait délicatement et apportait le réconfort approprié dans pareille circonstances. Pas de pitié, pas de dégoût, juste une lueur d’espoir aussi luisante que les étoiles. Il aurait aimé pouvoir figer ce moment, garder en tête ce qu’il voyait pour se le remémorer plus tard, dans les jours sombres.

La conversation reprit, légère, comme si rien ne s’était passé. Elle jouait habillement avec le feu qui bouillonnait en lui, elle savait quand et comment se retirer ou rester muette pour ne pas attiser l’enfer. Pas un mot plus haut que l’autre, pas de colère soudaine, William était dompté, docile comme un chaton. Magie ou haute sorcellerie, le contraste avec Londres était saisissant et plaisant à contempler.

Je n’hésiterai pas à vous laisser quelques minutes à ses côtés à notre retour, vous pourrez le constater de vos propres yeux. Enfin, pas trop longtemps, je le sais fort charmant malgré sa timidité.

Et il n’était pas du genre à se faire voler la vedette. Il y avait suffisamment de femmes dans ce monde pour ne pas devoir se partager les faveurs d’une même demoiselle avec son propre frère. Cela causerait bien des dégâts inutiles.

Abelia se changea, déjà parée de sa tenue de bain en dessous de sa robe et.. Quelle surprise ! Le Comte étouffa un rire, le regard malicieux et ne put s’empêcher d'émettre un commentaire, c’était plus fort que lui.

Voilà une tenue… surprenante. Dit-il avant de craquer, et rire aux éclats.
Pardonnez moi Miss Lewes, je ne me moque pas de vous. Mais ceci… est… enfin…allons à l’eau.

Il se marrait tel un enfant et ne put s’empêcher de courir pour rejoindre la mer qui lui tendait les bras. Ses pieds furent les premiers à sentir sa fraîcheur saisissante mais sa fougue était telle que les picotements du froid ne faisait que le raviver davantage. Il jeta une poignée d’eau sur sa nuque, pour éviter les coups de sang. Son frère, bientôt médecin, ne cessait de lui prodiguer des conseils de la sorte. Enfin, la délivrance. Il plongea de tout son long dans l’immensité, profitant de quelques instants sous l’eau pour apprécier le calme et la douceur de ce monde. Remontant à la surface quelques secondes plus tard, il glissa sa main dans ses cheveux pour retirer l'excédent d’eau et rejoindre Abelia qui avait déjà avancée seule, avec bravoure. Il se souvenait, oh combien cela pouvait être effrayant de ne pas savoir nager lorsque les vagues venaient vous soulever et délester vos pieds du sol.

L’image était belle, elle souriait, caressait l’eau de ses mains comme pour la remercier. Elle avait quelque chose de singulier, une harmonie avec la nature dont peu de personne pouvait se vanter, pas même lui. Il contourna sa proie sous l’eau, arrivant derrière elle et l’éclaboussa sans crier garde.

Vous ne devez pas vous aventurer plus loin seule, Mademoiselle. Les vagues sont comme les sirènes, splendides et maléfiques à la fois. Ne vous laissez pas surprendre.

Sa taille lui conférait un avantage. Il était grand, bien plus grand qu’elle et il avait pied suffisamment loin pour pouvoir avancer à ses côtés sans prendre de risque.
Il lui tendit les deux mains, l’invitant à avancer doucement malgré les grimaces que le froid procurait à mesure que l’eau s’emparait de leurs corps. Jamais il ne la lâcherait. Sur le bord de l’eau, il aperçut la chaperonne, tout sourire elle aussi. Sans doute appréciait-elle le calme de l’endroit, et le luxe de pouvoir entendre les rires, francs et bruyants, comme jamais il n’y avait dans les grandes maisons.

Souhaitez-vous vous allonger sur l’eau et vous laisser bercer ? Je veillerais à côté.

Il n’irait pas au-delà de ses éventuelles craintes et souhaitait avant tout qu’elle s’amuse. L’enfer les attendait sur le rivage, c’était certain ! Leurs corps étaient trempés, leurs mains soudées et les vêtements de William étaient liés à sa peau comme s’il n’y en avait pas.

S’il existait une leçon nommée ‘ Tout ce qu’il ne faut pas faire avec une demoiselle.” Je serais sans doute le premier de la classe et ma Mère serait furieuse ! Dit-il, hilare.

L’humour l’aidait à se détendre, à détourner son esprit de pensées bien plus punissables. Il l'aidait à détourner ses yeux de sa nuque arrosée d’eau et des frissons qui parcouraient sa peau blanche, de ses bouclettes sauvages qui glissaient autour de ses joues, de ses doigts fins qui s’agrippaient aux siens à chaque vague… L’humour était indispensable pour lui dans un moment comme celui-ci...

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Message() / Jeu 29 Déc - 9:22
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Sur leurs têtes blondes, coiffées
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Elles mêlent, coquettes fées,
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   @William Lightwood  
 

 
 

Elle a pris goût à son rire, le trouvant si franc et si beau comparé au sien si timide. Alors, bien sûr que non, elle ne l’a pas mal pris, pas le moins du monde. Cette tenue est d’un ridicule… L’objectif est clairement affiché : cacher son corps qu’il ne saurait voir. Elle, elle s’en moquait, surtout si cela lui permettait de l’entendre rire, et de le suivre, dans une pâle imitation.

Provocation ou non, le Comte l’avait rapidement devancé, courant jusqu’au bord de mer puis s’enfonçant dans l’écume sans la moindre hésitation. Elle suivait, plus doucement, mais sans hésiter non plus, tout en le regardant plonger tel un dauphin. Elle n’avait jamais vu de dauphin, mais l’image lui semblait tout de même appropriée. Et puis il disparut dans l’eau, la laissant seule, la mer clapotant entre ses cuisses et sa taille, ses pieds s’enfonçant dans l’étrange sol sableux et mou. Elle ne le vit pas passer à côté d’elle et cria de surprise lorsqu’il émergea en l’éclaboussant, sursautant, se protégeant face à son attaque, pour finir par rire aux éclats.

« Vous trichez, Lord Lightwood ! Comment suis-je sensée arroser quelqu’un qui est déjà recouvert par la mer ? »

Puis le ton redevint sérieux et elle hocha la tête plusieurs fois pour confirmer qu’elle avait bien compris les dangers de l’immensité marine. Et face à ses mains offertes, elle se retourna d’abord, pour chercher l’assentiment de sa chaperonne. Elle souriait les pieds dans l’eau, et acquiesça. Alors la jeune femme glissa ses mains graciles dans les paumes du Comte, un petit geste qui était pourtant la pire chose qu’ils avaient fait depuis la veille. Toujours porter des gants… Jamais de contact de peau à peau… Combien de fois avait-elle entendue ça ? Combien de fois lui avait-on fait répéter ? Elle avait rencontré peu de célibataires, et elle avait déjà enfreinte cette règle presque centrale. Un léger vent de panique soufflait dans son dos alors qu’elle voulait juste profiter de l’instant avec lui. Mais lui se tenait devant elle justement, si beau avec sa chemise lui collant à la peau, une goutte d'eau pendue à son long nez, ou à cette mâchoire carrée qu'elle voulait tant dessiner. Et ses doigts s’agrippaient aux siens, alors qu’elle avançait et qu’il reculait, disparaissant dans l’eau, au moins. Enfin son cœur s’emballait dans la mer si froide.

Ces règles servaient exactement à éviter ça, et elle avait beau se répéter que c’était une activité innocente, qu'il était là pour assurer sa sécurité dans quelque chose qu'elle aurait probablement fait de toute façon, et certainement seul. L'objectif était clair, mais elle sentait bien que ce n’était pas innocent, que ce n'était pas pour rien s'ils avaient tant mis en place pour que personne ne les surprenne. Il avait raison, les vagues étaient des sirènes qui les portaient vers des rivages remplis de dangers et de tentations. Pourtant c’était beau, si beau qu’aucun dessin ne pouvait le capturer. Seul son esprit pouvait le faire et s’efforcer de ne jamais l’oublier. Et elle était si heureuse qu’elle ne pouvait s’empêcher de sourire, et ce même s’il y avait un pincement dans son cœur.

Le paradoxe l'insupportait, bien qu'elle donnait tout pour garder son innocence.

« M’allonger sur l’eau ? Non ! Je veux nager, et plonger comme vous ! Je peux plonger la tête, n’est-ce pas ? Ce n’est pas dangereux ? »

En dehors du fait de finir en enfer ?

« Le premier de la classe ? Est-ce quelque chose que vous faites régulièrement ? » Dans sa tête, elle l’avait pensé comme une tentative d’humour, mais sur ses lèvres la vérité s’était imposée, rendant son sourire faux pour une fois. Elle n’avait pas envie d’être une demoiselle parmi d’autres, pas après tous les risques qu’elle avait pris, même si elle ne les avait pas pris pour lui et qu’elle pensait avoir de bonnes raisons. Elle se sentait si étrange…

Alors elle détourna le regard, et sans crier garde, plongea sous l’eau en pliant ses jambes. L’eau salée s’engouffra dans ses narines, puis elle bu la tasse, alors que la mer semblait la repousser vers la surface… C’était très désagréable et en même temps… Elle reprit une de ses mains pour s’essuyer le visage, ne le tenant que plus fermement avec l’autre, toussa l’eau avalé dans une grimace certainement peu élégante puis elle éclata de rire, en priant pour qu’il ait juste oublié sa tête avant qu’elle ne plonge. Elle avait les narines et la gorge en feu, et pourtant, elle avait adoré la sensation d’être complètement immergée. Mais lui n’avait pas semblé avoir la moindre difficulté, c’est qu’il devait bien y avoir un secret quelconque ?

Ses cheveux étaient trempés, et ses tresses remontées sur sa tête glissaient désagréablement vers sa nuque. Avec sa main libre, elle enleva les pinces à cheveux, les glissant quelque part dans son horrible robe, et laissa retomber dans son dos les longues tresses blondes qui se défaisaient doucement.

« Apprenez-moi à nager, je vous prie, pour quand vous ne serez plus là. »

Elle avait envie de l’appeler par son prénom, mais une grande part d’elle lui soufflait que ce n’était pas une bonne idée, que les Lord et les Miss étaient... préférables.

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Message() / Jeu 29 Déc - 15:08
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William & Abelia
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Le mensonge. William savait mentir sans sourciller, sans émettre aucun signal capable de le trahir et de le mettre à nu, il avait usé et abusé de ce talent sans remord et, pendant quelques secondes, il aurait aimé dire à cette jeune femme innocente qu’elle était bien la première avec qui il prennait de telles libertés. C’était faux, absolument faux et le visage de Juliet apparaissait à lui ainsi que l’orphelinat de la grande ville. Depuis quelques jours, son odeur, cette soirée, son souvenir s’estompait doucement alors qu’elle avait occupé son esprit de longues heures. Il se sentait soulagé et autre que le désir qui l’avait animé, la reconnaissance avait désormais envahi son corps lorsqu’il pensait à elle. Libéré d’un fardeau qu’il traînait à ses pieds depuis l’enfance, un nouvel homme avait remonté à la surface, plus léger, plus libre. Aussi, il savait que son regard aurait l’effet du feu sur lui lors de leur prochaine rencontre. Il avait aussi compris qu’il s’y brulerait trop aisément, mais rêvait de la remercier malgré tout. Devenir, s'il arrivait à ne pas piquer son orgueil en écourtant leurs échanges, un ami.

Je ne vous mentirais pas Miss Lewes, il m’est déjà arrivé d’enfreindre quelques règles. Mais croyez-le ou non, je n’avais pas ce même sourire accroché aux lèvres. J'ai un don particulier pour sortir du cadre qui m'est imposé, c'est plus fort que moi.

Il perdait des points, c’était évident. Il en perdrait encore une fois la nouvelle Saison lancée, il le savait aussi, lorsque cette bulle de bien être aurait éclaté, lorsqu’ils ne seraient plus seuls et que le monde entier les dévisageraient à chaques paroles, chaques gestes… Il redeviendrait l’autre lui, cette facette sombre. Aussi espérait-il qu’elle se souviendrait de ces instants, de cette matinée enfantine, de cette promenade en ville, et que ses souvenirs seraient plus forts que le reste, que ses faux pas à venir.

Perdu dans ses pensées, il écarquilla les yeux de stupeur lorsque la silhouette fine disparut devant lui, comme aspirée par les profondeurs. Son cœur se serra machinalement, par réflexe, le temps qu’elle remonte à la surface en toussant l’eau de mer avalée. Il leva les yeux au ciel, amusé et dérouté à la fois. Pour la première fois de sa vie, il avait peur. Peur pour quelqu’un d’autre que lui-même (et son frère!). Peur que cette baignade ne provoque trop d’audace chez Abelia et qu’elle se risque à venir seule se baigner. Peur que la mer l’emporte trop facilement et qu’elle ne prenne pas pleinement conscience du danger qui les berçait en rythme. Il prit une grande inspiration, espérant qu’une fois parti, elle reprendrait une vie rangée et sans risque.

Quand je ne serais plus là, vous ne devez pas venir ici seule.


Son ton était ferme, sa voix dépourvue de douceur, la crainte parlait à sa place. Une sensation étrange et particulièrement inconfortable.
Puis vint un sourire, et des tresses relâchées qui lui donnaient un air de sauvageonne, à mille lieux des titres et de ce monde trop doré à ses yeux, la douceur reprit sa place…

Dans ce cas, avançons encore un peu. Vous devez vous laissez porter par l’eau et faire des demi-cercle avec vos bras et vos jambes en même temps. Vous n’y arriverez pas en une seule fois, Mademoiselle… mais peut-être reviendrais-je pour perfectionner cela. Dit-il un sourire en coin.
Bientôt, vous n’aurez plus pied, tâchez de ne pas ouvrir la bouche, vous avez déjà goûté l’eau et elle n’est pas bonne du tout !

Il reculait de plusieurs pas, l’eau arrivant désormais jusqu’au haut de son torse ce qui signifiait que très vite, Abelia perdrait pied et devrait tenter de ne pas couler à pic. Au loin, la chaperonne avait arrêté ses petits jeux dans l’eau, surveillant avec attention chacun des gestes de William, inquiète. Il leva la main pour la rassurer, il n’irait pas plus loin et ne la lâcherait pas une seule seconde. Il risquait sa vie si malheur arrivait à cette demoiselle par sa faute, c’était hors de question.

3,2,1… C’est à vous Abelia.

Ça lui avait échappé. Il n’avait pas retenu ses mots et espérait que l’eau qui devait lui chatouiller les oreilles avait masqué sa voix...


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Message() / Jeu 29 Déc - 17:39
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Sur leurs têtes blondes, coiffées
De pétoncles et de roseaux,
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L'écrin et la flore des eaux.

   @William Lightwood  
 

 
 

Innocent.
Tout ceci est innocent.
Un moment innocent, entre deux personnes innocentes.

Peut-être qu’à force de se le répéter, elle finirait par y croire.

Néanmoins elle croit en lui, elle a confiance en lui. Et elle croit au fait que l’idée de base était innocente, juste que c’est la situation qui rend les choses si… confuses. Pas eux, pas lui, et encore moins elle.
Et que c’est si beau, qu’il n’oserait gâcher un tel cadeau venu du ciel ou de la mer. Ce serait comme croquer dans un fruit pas encore mûr.

***

Il n’avait pas ce même sourire… Étrangement, cela semble lui suffire. Elle sourit aux anges. Pour sortir du cadre, elle n’était normalement pas très douée, mais il n’aura pas eu besoin de beaucoup la pousser. Elle est même sûre que c’était l’inverse. Elle avait tellement envie de se jeter à l’eau, et il lui a permis de le faire, loin de toute autorisation, certes, mais il ne pouvait lui faire plus plaisir, ni prendre plus de risques pour exaucer son vœu. Pourvu que son bonheur suffise en guise de remerciement. Et en parler de se jeter à l’eau, c’est ce qu’elle fit brusquement, plongeon sa tête, son corps entier, ouvrant ses yeux sur un monde étrange et flou, n’y voyant que son corps à la lui. Puis le sel dans le nez et dans la gorge, elle était remontée en toussant et en riant.

A sa demande, sa réaction la surprit. Elle fut parcourue d’un frisson alors qu’il lui donna un ordre avec une fermeté qu’elle connaissait encore peu chez lui, et dont il n’avait encore jamais fait preuve, seul avec elle. Elle acquiesça sans conviction, sans trop comprendre pourquoi ce changement brusque, laissant cela là pour le moment. D’autant qu’il redevint lui-même et l’incita à se jeter vraiment à l’eau ; le grand saut cette fois : nager.

Elle fronça les sourcils face à son explication : des demi-cercles avec ses bras et ses jambes ? En même temps ? Comment était-ce même possible ? D’autant plus en lui tenant les mains. Elle ne comprenait pas du tout, mais peut-être que cela viendrait en essayant, surtout quand il disait qu’elle n’y arriverait pas en une seule fois.

« Plus pied ? »

Il compta jusqu’à trois et elle s’élança en avant, les yeux écarquillés. Elle chercha le sol et ne le trouva point, tout en se prenant une nouvelle rasade d’eau salée dans les narines, à nouveau entièrement plongée dans les eaux sombres. Elle remonta sans trop savoir comment, en essayant bien sûr de faire des arc-de-cercle, ou des demi-cercles, mais elle ne comprenait pas et avait plutôt l’air de se débattre avec un ennemi tout à fait insaisissable. Elle lâcha une main, pour trouver le geste avec ses bras, mais rien n’y faisait et sans crier gare, ses doigts fins glissèrent contre son autre paume, s’échappant dans les mouvements un peu fous qu’elle faisait. La panique la gagna alors qu’elle était sous l’eau, et elle tenta de crier. William ! Mais hormis des bulles, et l’eau qui s’engouffra dans sa gorge, le son qui sortit de sa bouche n’était qu’un gémissement inaudible. Cela ne dura que quelques secondes avant qu’elle ne retrouve le contact du bras du Comte, quelques secondes invraisemblablement longues, mais dès qu’elle eut retrouvé son repère, elle s’accrocha à lui, glissa main jusqu’à son épaule pour s’appuyer sur lui et remonter à la surface. Elle s’appuyait si fort, profitant de l’eau qui la rendait plus légère encore, qu’elle était même un peu plus haute que lui, car elle ressentait le besoin de sortir ses poumons hors de la mer. Elle toussa dès qu’elle retrouva sa respiration, crachant l’eau si âpre. Elle était bien trop proche de lui, mais ce n’était pas sa priorité et elle ne voyait pas comment faire autrement, surtout quand l’émotion, la peur, ne lui donnait qu’une envie : se blottir contre lui.

Elle prit le temps de reprendre ses esprits et sa respiration, son regard plongé dans le sien. Elle éclata de rire, mais cela ne dura guère et alors elle jugea préférable de regarder par-dessus son épaule, au loin vers l'horizon. Sur la plage, la femme de chambre faisait des signes et des bruits pour attirer leur attention, mais pour Abélia, il n’y avait qu’elle et lui. Elle n’entendait rien et lui tournait le dos. La raison vint de son propre intérieur, de ses mâchoires qui commençaient à claquer, de ses lèvres qui tournaient au bleu, du froid oui, mais aussi de la situation. Ils voulaient bien faire, mais quoiqu’il se passe, cela ne serait jamais vraiment innocent, ce n’était simplement pas possible.

Au moins, avait-elle retenue la leçon : nager n’est pas facile, et la mer est un endroit dangereux. Elle n’y retournerait pas seule. Mais il avait tort sur un point : elle n’y retournerait pas avec lui car ce n’était pas approprié. C’était un sublime cadeau qu’il lui avait fait, mais il s’arrêtait là. Elle savait être patiente, et elle le serait. Un jour elle aurait un époux qui lui apprendrait à nager, qui la laisserait vendre ses dessins, voilà ce qu’elle devrait chercher, une liste qui se complèterait au fur et à mesure qu'elle apprenait de ses rencontres. Et peut-être que cela pourrait être lui, qui sait ?

« Ramenez-moi sur la plage, s’il-vous-plait, William. »

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Message() / Ven 30 Déc - 14:41
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William était attentif, plus vigilant que jamais. Evidemment il ne pourrait pas empêcher la mer de faire son travail, d’essayer d’avaler tout cru la fine silhouette d’Abelia. Apprendre à nager n’était pas une tâche aisée et cela nécessitait des heures d'entraînements et des centaines de gorgées d’eau salée avalée de travers. Il se souvenait avoir lutté corps et âme contre l’eau délicieuse et sournoise pour tenter de la dompter, de parvenir à faire flotter son être à la surface. C’était son Père qui s’était chargé de son apprentissage lors de vacances d’été, William et Gabriel n’étaient encore que de jeunes enfants pleins d’audace.

Elle remonta à la surface à coup de battements éparpillés de mains et de pieds, peu coordonnés, comme si elle devait se débattre contre elle-même pour ne pas sombrer dans les profondeurs. Il sourit, bien que son regard, mi-figue, mi-raisin, à mi chemin entre déception et joie, le laisse songeur. Pensait-elle réussir du premier coup ? Il espérait de pas avoir ruiné ses espoirs mais comptait sur sa témérité pour y arriver, un jour, à braver les vagues d’une brasse perfectionnée.

Sa peau frissonnait et ses lèvres tiraient doucement vers le bleu, pétrifiées par la fraîcheur de cette fin de saison et la fatigue de ce premier essai. Il s’empara alors de tout son corps, la soulevant dans ses bras sans mal, aidé par la puissante Mer qui avalait les trois quart de son poids plume. Il fit quelques pas vers l’avant, la déposant délicatement une fois le sol suffisamment haut pour qu’elle puisse retrouver l’équilibre seule. Enfin, il se retirait à environ un mètre, lui rendant son espace et clôturant ce délicat chapitre d’une proximité qui devait rester leur secret. A elle, à lui, et à cette splendide étendue d’eau. Il avait dépassé bien trop de limite, touché ses mains sans gants, porté son corps sans même demander la permission, mais étrangement, ce n'était pas sa peau douce ni son décolleté de la veille qui piquait à vif sa curiosité, mais son esprit. Il regardait cette femme d'une façon nouvelle. Aimait davantage ses fossettes,  sa façon d'admirer le monde, son envie de marcher pied nu dans le sable, ses cheveux emmêlés, ses doutes, ses questions sur l'avenir...

Vous avez froid, allons mettre des vêtements secs, je ne voudrais pas vous savoir malade dans les prochains jours. Une tasse de thé chaud vous fera le plus grand bien.

Doucement, il avançait vers le rivage, laissant ses pieds glisser sur le sable doux pour la dernière fois avant un long moment. Ses vêtements étaient trempés mais lui ne craignait pas le froid, son esprit était bien trop bouillonnant pour laisser apparaître le moindre frisson.

Les rochers là-bas devraient vous mettre à l'abri du vent pour vous changer paisiblement. J’espère que vos cheveux sèches assez vite, votre chaperonne pourrait-elle refaire votre coiffure avant notre arrivée ?

Un léger vent sec soufflait depuis le début de la matinée, un allié de taille pour aider les longues tresses blondes à retrouver leurs apparences et ne pas venir entacher leur alibi d’une simple balade en bord de mer, chaperonné.
Sans un mot, William s’écarta de plusieurs mètres des deux demoiselles, lui aussi abrité par l’épaisse roche impénétrable de cette petite crique, sa sacoche à la main. Il ôtait laborieusement ses vêtements, greffés à sa peau mouillée et enfilait une tenue propre et sèche, identique à celle tout juste essorée et pleine de sable. Personne ne l’avait vu partir, mais si tel était le cas, on n’y verrait que du feu, les habits souillés étant dissimulés dans sa besace que personne n’aurait l’audace de fouiller.

Laissant un peu de temps à la demoiselle pour se vêtir de nouveau, il ne détourna pas le regard de l’horizon, son esprit voguant au rythme des vagues. Il fit silencieusement le bilan de ce séjour particulièrement déroutant, où une partie de lui-même, enfouie depuis des années, avait refait surface. Il se remémora les rires aux éclats, son âme à nue devant une presque inconnue et devait à présent se ressaisir. Les formalités d’usages étaient de retour et une parenthèse de vie en harmonie avec la nature et avec lui-même, devait se refermer.
Bientôt, il se rendrait à Surrey avec sa famille et pourrait alors réfléchir à tout ce qui venait de se passer, aux multiples sentiments qui s’étaient emparés de son être avec la simple présence d’une Sirène à ses côtés. Aussi délicate qu’une pétale de rose, et dangereuse comme ses épines affûtées.

Après un temps jugé plus que suffisant, il se tourna enfin pour retourner à l’entrée de la crique et rejoindre sa protégé.

Vous sentez-vous mieux Miss Lewes ? Désirez-vous ma veste, pour vous chauffer davantage ?  
Nous devons nous hâter de rentrer, ma famille doit sans doute préparer ses valises à cette heure.


Les siennes étaient déjà bouclées, et dans les prochaines heures, sonnerait le point final de ce voyage hors du temps…
Nostalgique, il se mit à marcher sur le chemin du retour et savait, que tout serait différent et plus rude désormais. La cage dorée dans laquelle ils seraient de nouveau enfermés leur tendait les bras à chaque pas.


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Message() / Sam 31 Déc - 9:25
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Je veux un ciel riant et pur
Réfléchi par un lac limpide,
Je veux un beau soleil qui luise dans l'azur,
Sans que jamais brouillard, vapeur, nuage obscur
Ne voile son orbe splendide ;

   @William Lightwood  
 

 
 

« A vous aussi. » Elle lui sourit, profitant encore un peu de l’eau alors qu’ils marchaient vers la plage et avant que la mélancolie ne s’empare trop d’elle. Elle avait froid, certes, mais elle ne craignait pas pour autant de tomber malade. Plusieurs choses lui laissaient croire qu’il la voyait comme un être fragile, et elle n’avait pas envie que ce soit le cas ; elle ne se sentait pas fragile et il avait autant besoin qu'elle de ce thé. Aussitôt qu’elle n’eût plus que de l’eau aux chevilles, la femme de chambre l’entoura d’un linge sec, puis commença à lui défaire ses tresses pendant qu’elles se dirigeaient vers le rocher. C’est elle qui répondit au Comte : « Nous avons tout prévu, Mylord. »

La première urgence fut de la débarrasser de cette tenue de bain qui pesait désormais une tonne ainsi pleine d’eau. Ce n’était vraiment pas fait pour le bain, cette histoire, seulement pour cacher son corps, parce qu’elle a plus l’air d’une méduse échouée que d’une sirène en avançant là-dedans sur la plage. Elle fut vite complètement nue, simplement entourée de son linge et même si elle était pudique, la sensation était grisante. Bien sûr, dès qu’elle eut la peau sèche, Martha l’aida à enfiler des dessous puis sa robe et enfin son spencer et alors elles s'installèrent sur un plus petit rocher, proche du chemin pour s’occuper des pieds et de la tête. Abélia remettait ses chaussures, la femme de chambre séchait et brossait ses cheveux lorsque le Comte revint vers elles, habillé comme si rien ne s’était passé. Troublant, mais réussi.

Une aventure effacée par la mer sur le sable humide, enfermée dans une boîte qu’ils ne pourraient jamais rouvrir, ou seulement pour se rappeler du bonheur qu’ils avaient ressenti et le laisser envahir leurs cœurs. Et heureuse elle l’était, d’avoir pu découvrir la mer, d’avoir essayé de nager et d’avoir compris que c’était une chose difficile et qui demanderait du travail, seulement elle ne pourrait pas le travailler avant longtemps, ni seule comme elle le faisait pour le dessin ou la harpe. Seulement, il était arrivé tel un ouragan dans son paisible quotidien, rendant tout beaucoup plus amusant et il repartait déjà, et alors ce qui était paisible deviendrait ennui pendant quelque temps. Elle anticipait un peu, mais le plus dur c’était cette impression qu’il avait hâte de partir. Aussi, lorsqu’il proposa sa veste, elle hocha la tête même si elle n’avait pas froid, comme si cela allait le retenir un peu plus longtemps. Et elle espérait que Martha prenait son temps pour refaire sa coiffure avec ses cheveux encore humides.

Elle enfila les manches, croisa la veste sur sa poitrine et le regarda, souriante et amusée. Dès qu’il aurait le regard ailleurs, elle en sentirait l’odeur, comme elle sentirait une fleur. Simple curiosité. Elle avait toujours pleins de questions sur la veille, sur les faux-semblants, sur sa mère. Elle avait envie de le gronder pour la petite scène qu’il avait faite, et en même elle ne voulait pas qu’il parte fâché. Alors elle décida de garder tout cela pour elle, et de trouver seule des réponses à ses interrogations ; cela occuperait son temps après son départ. Mais du coup, elle ne savait pas quoi dire, sa gorge était nouée par la mélancolie. Martha annonça en avoir fini et ramassa les dernières affaires qui traînaient, ainsi que la tenue qui séchait sur un rocher, enfermant le tout dans un sac - avec un peu d’aide de la jeune femme pour que cela rentre malgré l’humidité. Puis Abélia suivit le Comte sur le chemin qui remontait sur les falaises, à un pas plus tranquille qu’à l’aller. Il se refermait lui aussi, laissait la nostalgie s’emparer de lui déjà, peut-être même plus qu’elle.

Elle ne savait toujours pas de quoi parler pour que ce moment ne soit pas juste une torture dans l'attente de la fin, mais elle finit par l’arrêter en posant sa main gantée sur son avant-bras. « Merci, Will… Lord Lightwood. Vous avez pris un grand risque pour me permettre de vivre cette expérience, je ne l’oublierais pas, c’était… incroyable ! Soyez sans crainte, je ne prendrais pas le risque de le refaire seule, je vous le promets… En le pensant cette fois. La mer est aussi dangereuse qu’elle est fascinante. »

Elle regarda l’étendue marine sous les falaises, entendant sans voir les vagues qui se fracassaient sur la roche. Quelques mèches blondes volant allègrement autour de son visage qui avait repris des couleurs, même si elle avait les lèvres sèches, salées, et c’en était même désagréable.

« Ne faites pas bégayer votre frère… Ce… Ça n'en vaut pas la peine. » Surtout qu’elle ne voulait pas perdre quelques précieuses minutes sur le court temps qui lui restait à passer à ses côtés. Son frère était charmant, mais ce n’est pas lui qui occuperait ses pensées, ni lui avec qui elle avait passé un moment si parfait qu’il en était inoubliable. Ce n’était pas non plus dans sa veste qu’elle était enroulée, à la fois heureuse et triste, à deux doigts de le supplier de prolonger son séjour. Elle se retint parce qu’elle était une femme mature et responsable, et que la vie était ainsi ; les bonheurs les plus beaux n’étaient pas fait pour durer et elle avait fort peur de qu’elle ressentirait une fois qu’il se serait retiré. Voilà pourquoi elle n’avait jamais voulu de l’amour, elle savait que cela s’accompagnait de tout un tas de ressentis désagréables qu'elle préférait ne pas connaître. D’autant qu’elle n’était pas assez épicurienne pour savoir profiter jusqu’au bout d’un moment de bonheur. Là par exemple, il était toujours là, et pourtant elle était déjà dans son départ, cachant sa peine comme elle le pouvait.

Quelques mètres plus loin elle s'arrêta à nouveau, alors que le manoir était visible désormais et que la fin approchait trop.

« Dites moi au-revoir ici, avant que vous ne soyez plus vous. »

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Message() / Sam 31 Déc - 10:53
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William & Abelia
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Partie 1

L’effet était saisissant. Les deux femmes s’étaient mises à la tâche pour masquer cette escapade et Abélia se tenait là, comme si rien n’était arrivé, comme si elle n’avait jamais quitté le bord de plage comme convenu. Il sourit, satisfait et rassuré, tout le monde n’y verrait que du feu et son plan fonctionnait à merveille.

Elle hocha la tête doucement, et il retira son long manteau noir. Sur celui-ci était brodé un petit écusson en fil doré, représentant un phénix aux ailes déployées. Seuls les deux frères Lightwood portaient ce symbole sur chacune de leurs tenues. Aucune valeur familiale, aucun lien avec leurs origines comme cela était parfois le cas, juste une promesse entre deux frères de toujours se relever plus fort, quoi qu’il arrive.
Doucement il vint lover la menue silhouette d’Abelia à l’interieur de la cape noir qui semblait l’engloutir. Elle finit le travail seule, enfilant les longues manches avant de lui sourire, innocente.

Vous voilà bien effrayante dans ce manteau ! Dit-il, en riant de nouveau.
Je ne voudrais pas m’attirer votre colère, Mademoiselle Lewes !

Il détendait l’atmosphère comme il le pouvait mais elle comme lui sentait bien le poids des responsabilités venir se poser de plus en plus fortement sur leurs épaules. Ils sentaient cette liberté arrachée s'éloigner d’eux et William n’avait jamais été doué pour les au revoir. Trop pudique, trop fier, trop effrayé par les sentiments qui pouvaient se loger dans son cœur et en faire des miettes, trop craintif de devenir un homme faible qui pourrait manquer de discernement.
Malgré toutes ces craintes, son coeur se souleva sous les mots de la demoiselle. Elle semblait sincère et ravie tout comme il l’était également.

J’apprécie vos mots, Miss Lewes. Je dois avouer vous avoir mal jugé lors de notre rencontre. Je vous prenais pour une jeune fille sage, sans folie et bien plus chétive que vous ne l’êtes en réalité. Vous avez balayé mes aprioris à votre sujet.
Et vous êtes très douée au dessin…
dit-il, en s’abaissant à sa hauteur et à voix réduite, en souvenir à son arrivée dans le petit salon tôt ce matin-là.

Il sourit de nouveau.

N’ais-je donc plus à jalouser de vous voir rire avec Gabriel ?

Il se voulait plus provocateur, les yeux malicieux. C’était sans doute sa façon à lui de se rassurer, de se conforter dans le fait qu’il n’avait pas rêvé, que tout ce qui venait de se passer était particulièrement étrange. Les images de ce week-end ne cessaient de défiler dans son esprit, en quête de sens ou pour se rappeler la quiétude de ces instants à deux.
La prochaine réplique fut plus rude, percutant de plein fouet son orgueil. Il sentit en lui une colère grondante, mais cette fois-ci, il parvint à la faire taire, conscient que la vérité pouvait blesser. Elle avait raison, il allait changer. Son armure serait de retour et son regard deviendrait de nouveau sombre, insondable, impénétrable.

Il se tut, ne souhaitant pas gâcher cet instant par une rage égoiste qu’il ne pouvait adresser qu’à lui-même.
Dressé face à elle, armé de ces centimètres supplémentaires, il vint confronter une dernière fois son regard noir au sien, si clair. Il y plongea intensément, pour graver dans son esprit ces instants et trouver la force de s’en souvenir assez fortement lorsqu’il perdrait le contrôle, lorsqu’il s’appreterait à faire preuve de maladresse.

Il prit ses doigts fin de nouveau recouverts de gants délicats dans sa main, s’inclinant et embrassant ces derniers avec respect. Dans un geste incontrôlé, il s’approcha plus près d’elle pour déposer un baiser sur son front avant qu’elle ne recule sans doute, pour l’audace de son geste. Rien de tout cela n’était lié à une attirance malsaine, il redoutait son départ, son absence.

Tâchez de vous souvenir que peu importe les gestes indélicats qui pourraient venir, les mots blessants que je pourrais employer, le véritable William Lightwood n’est rien d’autre que celui que vous avez pu découvrir à la plage. Vous avez percé à jour une facette de moi enfouie depuis fort longtemps. J’ose espérer un jour pouvoir cohabiter en paix avec celle-ci.
Pour le moment, vous avez raison… ma coquille se referme à la vue de cette immense demeure…et j’ose espérer que vous me pardonnerez.


Son coeur se serrait malgré lui et l’envie de rire s’amenuisait doucement. Il sentait déjà les regards insistants de sa mère et se souvenait sans mal que cela n’était rien face à la foule des bals à venir.

Il reprit la marche, à pas de velours, lent et méticuleux, comme s’il voulait retarder l’échéance qui approchait. La double échéance ! Lui qui avait attendu son départ pour Surrey depuis des jours, redoutait à présent, pour une raison qui lui échappait encore, d’entendre les roues de l’attelage s’éloigner de cet endroit.
Les chevaux étaient déjà prêts devant la splendide maison et les domestiques chargeaient les affaires de la famille Lightwood. Tout était si prévisible. Derrière eux, une étendue d’eau, fougueuse et pleine de surprises. Devant eux, une prison, sans bavure apparente et pourtant remplie de failles.

Sa main vint heurter celle d’Abelia entre deux foulées , il s’en empara et la serra, comme un enfant de cinq ans remplit de craintes, qui redoutait ce qui s’approchait de lui et cherchait du courage. Où était donc l'homme si fier et hautain ? Que rien ne semblait pouvoir atteindre ? Il prit une grande inspiration avant de lâcher son emprise et de plonger dans le grand bain brûlant, sans se retourner ni s'arrêter.

William ! Te voilà enfin. S’exclama Diana à la vue de son aîné. Gabriel se tenait derrière et lui adressait un hochement de tête pour lui dire que tout allait bien.
Sans se retourner sur Abelia qui avait encore sa veste - détail qu’il avait oublié mais que tout le monde remarquerait - , il adressa des salutations adaptées à chacun de ses hôtes et de sa famille.



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Message() / Sam 31 Déc - 15:21
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La jeune fille ! — elle est un souvenir des cieux,
Au tissu de la vie une fleur d'or brodée,
Un rayon de soleil qui sourit dans l'ondée !

   @William Lightwood  
 

 
 

« Mais je suis une fille sage ! » Protesta-t-elle, avant d’être incapable de se retenir de rire. Elle se croyait effectivement sage et sans folie, comme quoi elle ressemblait plus à ses parents qu’elle ne le pensait, bien que cela restait très modéré et raisonnable selon elle. Ses parents faisaient largement pire. Et elle serait toujours sage, sérieuse et responsable, parce qu’il fallait bien que quelqu’un le soit chez les Lewes, même si une petite dose de folie ne lui faisait sans doute pas de mal. Matthew la verrait qui ne la reconnaîtrait pas complètement, et elle non plus d’ailleurs ne se reconnaissait pas. Aussi elle retrouva son sérieux pour ajouter : « Je ne savais pas que j’avais cela en moi. » Fallait-il féliciter Lord Lightwood ? Rien n’était moins sûr. Par contre, elle n’était pas chétive, loin de là et elle espérait bien le lui avoir prouvé pour de bon. Elle qui portait bien des responsabilités sur ses frêles épaules.

Le paysage défilait lentement sous leur pas et la jeune femme ne put que revenir sur sa promesse de lui faire passer un moment avec son frère, ce qu’elle ne désirait pas plus que cela. Du moins, pas tant que leur temps ensemble serait compté. Et la réponse du Comte la laissa interdite et surprise. Elle fronça les sourcils. « Vous étiez jaloux ? » Elle qui croyait que les deux frères s’entendaient parfaitement, elle ne comprenait pas, et puis elle vit la tête du Comte et leva les yeux au ciel.

La balade continua, entre deux éclaircies, le manoir fit son apparition au loin et eux ne parlaient plus. Et puis elle s’arrêta lorsqu’ils furent suffisamment loin pour ne pas être vu, mais assez proches pour que cela s’avère nécessaire. Faire leurs adieux ici, cela lui semblait être une bonne idée. Ils étaient seuls, ou presque, ils pouvaient dire ce qu’ils avaient envie, le vent ne porterait jamais leurs mots jusqu’aux oreilles indiscrètes. Ici, ils étaient encore loin de ces fameux faux-semblants. Elle ne pensait pas à mal, et certainement pas éveiller une telle réaction, plonger dans son regard sombre et affronter déjà son masque impénétrable. Et puis il se radoucit un peu, prit sa main et elle sourit, déposa un baiser sur ses doigts et elle sourit toujours, enfin déposa un baiser sur son front et elle ferma les yeux, ne reculant que bien trop tard. La femme de chambre se gratta la gorge mais ils étaient déjà séparés. Abélia la fusilla du regard, comme elle n’avait jamais regardé quelqu’un. C’était simplement doux et tendre.

« Je sais et je tacherais de m’en souvenir. Je ne vous demandais pas des explications, vous m’en avez donné de nombreuses. Je voulais juste garder ce visage là en tête plutôt que celui que vous aurez quand vos parents vous observeront. » Elle ne pouvait pas dire qu’elle comprenait pour autant, et encore moins promettre que ça ne la blesserait pas. Car Lady Lightwood n’attendait qu’une chose : qu’ils s’entendent bien, or, c’était le cas. Mais sans doute aimait-il la contrarier. Il était certain qu’il avait beaucoup de rancœur à son égard, ça elle l’avait bien compris.

D’ailleurs, ils arrivèrent et contrairement à lui, elle eut bien du mal à cacher qu’elle redoutait ce moment, comme les étincelles qui illuminaient son regard azur après ce délicieux moment qu’elle venait de passer. Et puis très vite tous les regards se tournèrent vers elle et c’est un geste de Gabriel qui lui fit comprendre pourquoi. Diana Lightwood souriait jusqu’aux oreilles.

« Oh, j’avais froid avec ce vent et Lord Lightwood m’a aimablement prêtée sa veste. » Gênée, elle se racla la gorge et retira la veste pour la lui rendre, un peu à contrecœur toutefois.
« Quel gentleman, mon fils ! » s’écria Diana.

Et puis Harriet Lewes détourna la conversation par sa curiosité naturelle plus que volontairement :
« Avez-vous fait un joli tour ? Vous êtes partis loin ? »
« Le temps était parfait pour admirer les paysages côtiers et se promener au bord des falaises. Nous ne sommes pas partis si loin, je n’ai cessé de m’arrêter pour regarder les fleurs. »

Abélia sourit poliment, elle savait que sa passion pour la botanique ne soulèverait guère plus de questions mais elle ne put s'empêcher de regarder le Comte, et se faisant, de rougir légèrement.

Bientôt ils se saluèrent les uns après les autres, et leurs invités furent montés dans leur véhicule. Un dernier regard échangé avec Gabriel, puis avec William où elle s'efforça de le voir moins sombre qu'il n'était.

« Il est fort dommage que vous deviez repartir si vite, mais revenez quand vous le souhaitez » clama Lord Lewes au père des Lightwood avant de les laisser partir.

Abelia resta seule pour regarder la voiture s'éloigner et disparaître, ses lèvres imprimées sur son front, ses yeux tristes et heureux à la fois, le coeur virevoltant comme les ailes d'un papillon. Et puis elle rentra et se saisit de son carnet à dessin afin de dessiner son visage de mémoire, un exercice qu'elle faisait peu et qui lui donna bien du fil à retordre. Elle dessina autant de choses que possible de ce séjour étrange et intense.

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Message() / Dim 1 Jan - 16:54
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Le manteau oublié sur les épaules minces de la jeune femme, elle sut conserver son assurance et donner une explication posée malgré les paires d’yeux rivés sur elle à cause de ce détail. Une fois de plus, chaque élément et chaque gestes avaient leur importance, épiés, analysés, convertis en un tas d’hypothèses.
Gabriel vint se charger de récupérer le dit vêtement pour adresser ses au revoir à la jeune femme par la même occasion, et le balais continua, chacun de présentant tour à tour l’un en face de l’autre pour prendre congé avec politesse.

L’attelage, composé uniquement de chevaux noirs, choisi par William, se tenait prêt à prendre la route. Le gong sonnait dans sa tête et dans son cœur mélancolique. Les prochaines heures seraient un supplice, il le savait et le redoutait.

Après de maigres remerciements publics, emprunt de pudeur et de froideur, il fermait le bal des Lightwood, montés tour à tour dans la voiture, étriquée, qui les méneraient jusqu’à Surrey. Déjà, il suffoquait. Avant même d’avoir posé un seul pied dans celle-ci. Son instinct lui criait de ne pas se retourner, de rester indifférent et neutre pour éviter bien des commérages et des douleurs déjà présentes dans son fort intérieur.

Il se hissait à l’intérieur pour prendre place sur la banquette recouverte d’un tissu moelleux pour adoucir les aspérités de la route et malgré cette petite voix qui lui hurlait de ne pas se soucier de l'extérieur, il ne put s’empêcher de relever ses yeux sombres. Son champ de vision était flou, il n’eut aucune nostalgie pour l’herbe verte, pour l’architecture sublime de la demeure Lewes, pour les falaises lointaines, non, ses yeux se posèrent sur elle, machinalement.

Elle était seule sur le devant de la porte et il eut cette étrange sensation de scission, comme si leurs âmes, reliées par une connexion étrange, peinaient à se délier l’une de l’autre. Les chevaux se lançaient et rapidement, plus rien. Tout était vide, elle n’était plus. La vie devait reprendre son cours et il aurait tout le temps nécessaire pour se remémorer les instants passés une fois chez lui, en paix. Pour l’heure, il fallait affronter la bavardise de sa Mère, qui tentait déjà de sonder son fils au sujet de ce week-end. Evidemment, ses réponses furent brèves, sèches, et lui sonnèrent implicitement de cesser sa quête d’information. Elle serait bien la dernière des personnes auprès de qui il se confierait, déjà car elle ne savait pas tenir sa langue et car une rancœur muette mais vorace, le dévorait malgré ses efforts.

Miss Lewes et vous semblez bien vous entendre. Cela saute aux yeux. Vous savez, cette demoiselle est un excellent parti. Son éducation est parfaite et sa fortune est honorable.

Elle n’est pas un excellent parti Mère, ne vous faites pas d’illusion. Reposez-vous un peu, le voyage s’annonce long.

Elle n’était pas un excellent parti, elle n’était pas non plus une liasse d’argent à déployer comme un trophée, elle était..bien plus.
William se tut et son frère pris le relais, avec des conversations plus légères et sans arrière pensée.


—-----------------------------------------------------------------------


Après de très longues heures de route avec une halte pour la nuit dans une petite auberge pour soulager les chevaux épuisés, l’attelage se fit entendre à la demeure familiale où résidaient William et Gabriel. Ils firent aussi leur au revoir à leurs parents qui devaient poursuivre leur chemin encore une vingtaine de minutes. Contrairement à beaucoup de familles, ils vivaient tous séparément la plupart du temps et c’était un choix dicté par le Comte, qui ne supportait pas de les avoir sur le dos continuellement.

Devant lui, son équipe de domestique était alignée au cordeau, prête à se plier en quatre pour faire de son retour un moment délicat. Tous l'appréciaient, c’était un homme particulièrement bon avec eux.

Le Comte Lightwood prit le temps de les saluer un à un avant de pénétrer dans l’immense demeure à la décoration soignée. Il se hâta de grimper à l’étage pour rejoindre ses quartiers privés où une large fenêtre donnait une vue triomphante sur les jardins paisibles et encore fleuris pour quelques semaines, ou quelques jours.

Il s’emplit de la douceur de cette vue et sa première pensée fut la suivante ; Je suis certain qu’elle adorerait cet endroit.

Au même moment, à de nombreux kilomètres de là, un livreur se présentait à l’entrée des domestiques, en suivant à la lettre les recommandations faite par le Comte qui avait laissé un généreux pourboire pour le service rendu.William avait espéré que ce dernier soit remis en main propre à la femme de chambre d’Abélia et ce fut le cas, toutefois, c’était un homme prudent et il n’avait rien laissé dans ce colis qui pourrait attiser la colère de la famille Lewes si ce dernier était controlé en amont, il savait que ces derniers étaient suffisamment exentriques pour tolérer quelques flatteries délicates à l’égard de leur bijoux.

Une boîte rose poudrée entourée d’un fin ruban de soie qui la gardait fermée. A l’intérieur se trouvait cette robe, bleu ciel au tissu léger, ornée de dentelle élégante sur laquelle il avait craqué lors de leur passage en ville.
Une carte était glissée au milieu du tissu délicat.

Personne ne pourra enchainer votre esprit, soyez libre de vos pensées. C’est si beau à voir.
Merci pour cet agréable séjour.


Plus loin, un carnet de bal nacré sur lequel était noté ; W. Lightwood.

Douce promesse. Arriverait-il à l’honorer ?


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