Le 30 juin 1818, quelques lieues perdues en dehors de la ville, environ 9 heures trente du matin,
Aux aurores, les couleurs à la lisière de l’horizon arboraient quelques reflets orangés agréables au regard encore endormi. Il s’agit d’une belle journée, bien sûr d’une journée typiquement de ces endroits, un peu humide au matin avec une chape de brouillard qui semble ne pas vouloir se dissiper si vite. Le soleil pointera ses miroitements au cours de la journée et c’est peut être le plus important en définitive, car cela annoncera également que la journée ne sera pas trop chaude. Quoiqu’on en dise, les journées pluvieuses sont parmi tes préférées… L’impression te jalonne le corps tandis que tu étires les reliquats des tensions de la nuit, bras vers le ciel.
Ce qui te met d’une humeur si vivace à peine levée, et sitôt -il faut le dire- c’est probablement que depuis quelque temps tu n’as pas été très présent auprès de ton meilleur ami. Le travail est le responsable principal mais tu t’en voudrais de ne reposer la faute que sur ce dernier. Évidemment, tu adores travailler avec les chevaux, c’est presque quelque chose de cathartique par moment mais dans toute cette occupation, tu as surtout été un petit peu préoccupé. Voir Hermès est une forme de délivrance : le genre d’ami spécialement conçu pour vous faire oublier les affres d’une nuit trop obscure, les préoccupations futiles. Un ami qui vous fait rire, qui semble lire parfois dans ton regard lorsque ce dernier s’émiette à ses pieds, cherchant son soutien.
Affublé d’un pantalon d’équitation, pas tout jeune mais encore en très bon état, tu t'attelles à enfiler les bottes, mangeant en même temps quelques petits morceaux de pain pour tenir la journée. La pomme que tu attrapes de ta main gauche sera la suite de ton maigre repas. Tu n’es pas inquiet, tu trouveras bien une collation à un moment donné.
Quittant ta chambre tu t’orientes dans des couloirs trop bien arpenté pour récupérer les provisions que tu as demandé en cuisine au préalable. Ils ont été assez aimable pour prévoir quelque chose pour vous deux dans un petit sac assez simple à accrocher à l’une des deux selles. Deux flasques d’eau, quelques sourires affublés à la cuisinière au sourire délicat, tu t’aventures dans ta seconde maison : les écuries.
Le plan est au départ qu'Hermès te rejoigne sur le petit chemin qui arpente l’annexe de la demeure après que tu aies consciencieusement préparé les chevaux. Deux magnifiques bêtes : Java, blanche et par endroit grise car la pluie n’a pas épargné sa belle robe ainsi que Joey. Si tu les aime autant c’est que chaque cheval à son caractère et, après des années à t’en occuper, parfois les monter pour leur faire profiter d’un peu d’exercice, tu sembles mieux les connaître par moment que toi-même.
- Peut-être est-ce un peu vrai ? -Le scellage de Java est toujours plus simple que Joey. Ce dernier est un vieux capricieux, trop intéressé par ce que contient le fameux sac de provisions que pas l’envie de se laisser faire. Après plusieurs tentatives pourtant, voilà les deux montures orientées vers la sortie. Les licols en main, ton regard cherche ton meilleur ami
-retardataire ?- aux alentours.
Le brouillard s’est suffisamment dissipé pour que vous y voyez quelque chose, la ballade a pour but de sortir de la ville et il serait trop compliqué de le faire avec une faible visibilité.
“ Je pensais que tu serais plus en retard que ça - dis-tu, un sourire effronté sur le visage. Comme c’est plaisant de le revoir ! -
tout est prêt et on a de la chance, la brume s’évapore. J’ai pris quelques petites choses à manger. Tu es prêt ?” Une étreinte, sobre mais fraternelle accompagne le début de la phrase puis tu mets à qui de droit les rennes dans les mains d’Hermes.