Il y a eu bien une chose qu'Iseult avait apprise au cours de ses années : comment marcher dans la rue et comment ne plus la craindre dans la nuit tombait. Elle se tenait droite, tandis que ses pas foulait le pavé qui avait une sale mine, tout comme le reste de ce quartier malfamé. Sa démarche était celle d'une personne confiante, son regard était ferme. Pas un seul osait l'approcher et de toute manière, elle avait de quoi riposter en cas de besoin. Sa mère a veillé à ce qu'elle sache se défendre, surtout si elle faisait face à un homme.
Ce soir, elle était enquête de jeunes filles. C'était devenu un rituel dont sa fille en était l'initiative. Chaque samedi, Iseult allait à la rencontre de ses jeunes filles qui n'eurent d'autres choix que de se prostituer, mais qui n'avait rien pour une pratique en toute sécurité : un toit, un salaire convenable, une assistance médical ou encore un repas chaud et des douches à disposition. C'était donc sa fille qui lui avait chuchoter l'idée un matin, lors d'une des réunions féministe qu'Iseult tenait secrètement. "Nous pouvons leur offrir une meilleure situation" avait-elle dit avec conviction. Si Iseult trouva l'idée bonne et de l'appliquer, mais elle ne put se résoudre à expliquer à sa fille que non, malgré tout le confort que la Cage Dorée proposait, ce n'était pas une meilleure situation. Dans le meilleur des mondes, une femme n'aurait pas à vendre son corps pour survivre.
Une étrange scène attira son attention. Deux hommes encadraient une jeune femme qui, clairement, était en détresse. Iseult fronce les sourcils, bombe le torse et ni une ni deux, s'approche à grand pas pour confronter les deux alcooliques. Si tout à l'heure, elle donnait l'impression d'être une femme confiante, maintenant, elle ressemblait à une lionne prête à se jeter sur des hyènes.
— N'avez-vous donc pas honte d'importuné une demoiselle ? dit-elle avec fermeté. N'avez-vous donc aucune éducation ?
Aussitôt, elle s'interpose entre l'inconnue et les deux lourdaud. Elle pose sa main contre son corsé, prête à sortir sa lime à ongle en cas de soucis.
— Vous avez cinq secondes pour retourner à votre picole.