Tea Times please. | Ft Matthew

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Cela fait maintenant plus de trois heures que tu as le bout du nez plongé dans les livres. Mère a pensé qu’un peu de lecture et d’étude te ferait le plus grand bien. Quelle délicieuse attention n’est ce pas ? Pourtant, il y a bien mieux à faire. Dehors, le temps est magnifique. Le soleil brille et les oiseaux chantent. Mais tu as désobéi à ta chère maman et selon elle, c’est impardonnable. Effectivement, le dernier bal auquel vous avez assisté ne ce n'est pas passé comme prévu. Tu devais rencontrer un gentilhomme, un marquis qui plus est. Mais voyez vous, mère n’a pas spécialement trouvé bon de spécifier que celui-ci était un vieux bonhomme avec de vilaines manières. Il t’a tout de même demandé d’ouvrir la bouche en grand pour que ce dernier puisse voir l’état de tes dents. Tu n’es pas une jument pardi ! Tu es une Lady. Le respect se mérite et les remontrances que tu lui as destinées étaient largement justifiées. Mais mère s’en est offusquée et tu n’as donc pas le droit de sortir. Il faudrait lui rappeler, éventuellement, que tu as bientôt une vingtaine d’année… Alors te voilà, assise sur une chaise inconfortable, une dizaine de livres ouverts autour de toi. Tu as la tête qui bourdonne et il faut bien avouer que tu commences à avoir l’histoire en horreur. Tu es également passé par des livres des bonnes manières ainsi que du français. Tu soupires longuement et prends la parole.


- Mère, je pense avoir compris la leçon. Il faut que je me tienne correctement et que je laisse les prétendants me tripoter. Puis je sortir maintenant ?

Elle tourne alors son visage froid vers toi et arrête sa lecture. Mère ne semble pas de bonne humeur. Ce n’est pas bon pour toi. Mais elle ne va pas te laisser étudier toute la journée ? Si ? Non. Tu en as déjà bien assez. Elle se lève et claque le livre entre ses doigts avant de le poser sur une petite table. « Je pense que tu n’as pas le droit à la parole jeune fille. Te rends-tu compte de la chance qui vient de te passer sous le nez ? Tu veux finir sans époux ? Parce que si c’est ce que tu souhaites alors tu es bien partie Angelica. » Tu te lèves en croisant les bras sur ta poitrine et soupires en écoutant ses remontrances. T’as t’elle déjà présentée à un jeune homme ? Non. Elle n’a que faire de tes goûts. Et il faut avouer que ça te gonfle. Les différences avec Lizzie sont importantes. Elle avait le droit à tout les plus beaux et jeunes prétendant. Pourquoi devrais-tu te contenter d’un vieil homme écœurant ?

- J’avoue que je ne comprends pas pourquoi je devrais être avec un homme bien plus âgé que moi mère. Il y a de très bon prétendant bien plus jeune et tout aussi riche. Pourquoi est ce que Lizzie avait la chance d’être présentée à tous ces gentilshommes ? Pourquoi me fais tu ça ? Qu’ai-je fais pour que tu me méprise à ce point ?!

Tu te rends compte que tes yeux sont brouillés par les larmes et que le volume de ta voix est bien plus fort que tu ne le souhaitais. Mère te regarde comme si les cornes du diable venaient de te pousser sur le haut de la tête. Elle semble surprise et à la fois blessé. Sa bouche s’agite, mais rien n’en sort. Pas un son. Tu sers tes poings avec colère et tu pars alors de la pièce. Il faut que tu sortes de cette maison. Elle n’a même pas pu te répondre. C’est inexcusable. Tu as l’impression d’être un simple bout de viande et tu n’aimes pas ça. Ta femme de chambre t’apporte une cape ainsi qu’un panier en osier, sur ta demande, et tu quittes la maison en vitesse. L’air est frais et tu dégustes la chaleur de ce mois de juin. C’est un temps idéal pour aller faire quelques courses. Et y aller à cheval sera d’autant plus sympathique.

Une fois ta monture prête, tu montes alors en amazone sur la selle et congédies ta femme de chambre qui semble terrorisé à l’idée de te laisser seule. Bon. Elle aurait sûrement des problèmes si celle-ci te laissait seule. Tu l’autorises finalement à venir et te voilà partie à la recherche de petites boutiques. Tu passes alors chez la modiste ainsi que dans une pâtisserie et chez un fleuriste. C’est un peu plus loin, dans une jolie rue passante, qu’un magasin de thé te fait immédiatement de l’œil. Tu descends de cheval et enlèves tes gants en dentelle en observant la devanture de la boutique.

- Victoria ? Je vous laisse mon cheval. Vous pouvez attendre plus loin, à l’ombre.  Je vous rejoindrais.

Celle-ci n’a pas le temps de répondre et tu ne lui laisses d’ailleurs pas le choix. Tu pousses la porte et observes les lieux. C’est très joli et l’odeur qui s’en dégage est délicieuse. Il n’y a pour le moment personne. Tu en profites pour faire le tour et certains thés ne te disent rien. Tu ne sais absolument pas quoi choisir. Tu t’approches alors du comptoir et attends sagement. Finalement, tu te penches et finis par essayer d’interpeller quelqu’un.

- Bonjour ? Il y a quelqu’un ?

Tu n’as rien trouvé de mieux à dire. Alors tu tourne le dos au comptoir et balaye les lieux du regard.

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En attendant le gérant de la boutique, tu prends le temps de regarder autour de toi. Cet endroit est agréable et y rester un long moment ne te dérangerait pas. Peut-être pourrais-tu louer une de ces quelques chaises pour le week-end, histoire de ne pas retourner à la maison, là ou la vieille mégère qui te sert de mère t'attends. C'est une voix grave qui te sort de ta rêverie. " Désolé lady de vous avoir fait patienter." Tu te retournes et fais face à un ... Jeune homme ? Toi qui pensais que ce serait une vieille dame pleine d'histoire fantastique à raconter, te voilà bel et bien face à un homme au physique à tomber par terre. Tu restes silencieuse en dévisageant ce Monsieur puis sa question te sort de nouveau de ta torpeur : " Que puis-je faire pour vous Milady ?". Que viens-tu faire ici déjà ? Du thé. Il te faut du thé. Oui. Tu finis par sourire et t'avancer un peu. Si a chaque bel homme, tu réagis de cette manière alors tu seras bientôt surnommé la reine des cruches. Puis il y a Neal après tout. Après avoir élégamment éclairci ta voix, tu prends enfin la parole.

- Oh ce n'est rien. Je ne savais pas s'il y avait quelqu'un alors ... Enfin. Je viens pour du thé mais j'avoue que je n'y connais absolument rien et j'espérais pouvoir avoir votre aide ?

Tu tires sur ta robe blanche en espérant qu'il ne te prenne pas pour la fille de bonne famille qui ne sait même pas reconnaître un thé... Tu es débrouillarde, mais le thé est la spécialité de mère. Forcément, tu ne veux pas en apprendre davantage de sa part, ce qui est très certainement dommage et enfantin. Mais tu n'en as que faire. Votre relation est pour le moment compliqué et elle le restera jusqu'à ce que mère se décide à changer. Tu t'exprimes de nouveau, un peu gêner :

- Je connais quelques thés, mais j'aimerais goûter à des saveurs nouvelles. Si vous en aviez également un qui aurais des propriétés assomante pour ma chère mère alors je suis toute oui.

Tu rigoles un peu et regrette immédiatement ta blague. Peut être est ce trop ... trop ? Tu te tais et baisse ta tête avant de toussoter et de te tourner vers le reste de la boutique comme si de rien n'étais.

- Bien ! euh... Alors. Qu'avez vous à me conseiller ?

Le rouge te monte aux joues et tu ne peux t'empêcher de te mordre la lèvre en espérant qu'il oubliera cette blague de mauvais goût.

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Il rigole. Tu es soulagée, il faut bien l'avouer... Tu aurais pu passer pour une bêtasse s'il n'avait pas trouvé ta blague de bon goût. Tu lui souris finalement lorsqu'il te répond que malheureusement, il n'a pas ce genre de thé en sa possession. Mince alors... Et toi qui prévoyais de faire dormir mère pendant au moins 2-3 jours.

- Zut. J'avoue qu'un ou deux jours sans sa compagnie aurait été délectable. Je suis cependant toute oui pour une découverte de vos différents thés.

Tu te détends un peu et lui souris de nouveau, amusé. Un peu de sérieux tout de même. Il est vrai que son rire est tout à fait délicieux, mais tu es là pour du thé. Seulement du thé. Tu lui demande donc ce qu'il aurait à te conseiller. Il sourit en te regardant un moment puis semble se rendre compte que tu viens de lui poser une question. Il te répond donc : "Cela dépend, il y a-t-il un goût que vous appréciez en particulier ?". Un goût ? Tu réfléchis un instant en posant ton index sur tes lèvres puis tu penches légèrement la tête sur le côté. Tu aimes ce qui est sucré et fruité. Tu le regardes de nouveau.

- J'aime les thés avec des nuances plutôt sucrées voir fruitées. J'apprécie la douceur, mais je ne suis pas contre quelque chose de plus épicé. Ma mère est plutôt basique en terme de thé donc je ne suis pas contre un peu de nouveauté.

Tu as envie de tous les découvrir. Tu n'as pas spécialement de goûts qui pourraient te repousser. Quoique l'amertume ... Tu grimaces discrètement en y pensant. Tu reprends la parole, un idée en tête.

- Vous avez carte blanche. Surprenez moi.

Tu lui offres ton plus beau sourire en te tournant de nouveau vers lui.

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Après avoir tenté une plaisanterie quant à mère qui semble avoir été bien reçue, il te demande tes goûts. Tu lui réponds donc et il se met alors à chercher le ou les thés qui pourraient te convenir. Tu prends le temps de l'observer et il faut bien avouer que ce Monsieur te plaît de plus en plus. Il est charmant. Tes joues se réchauffent à cette pensée et tu baisses alors la tête sur tes mains. Il revient finalement avec un bocal rempli d'un thé que tu ne connais visiblement pas. "Je peux vous présenter le thé vert au jasmin. Les feuilles de thé sont enroulées dans les fleurs de jasmin et celles-ci peuvent délivrer leur arôme et donner un goût délicieux. Vous avez également le thé noir, qui est très bon. Vous pouvez ajouter un peu de sucre pour avoir un petit goût sucré en plus." Le jasmin ? Tu adores ça ! Bingo. Tu attrape délicatement le bocal en verre et prend le temps de sentir son odeur. Tu fermes les yeux un instant en soupirant de bonheur. Tu pourrais ne sentir que cette odeur toute ta vie.

- L'odeur est incroyable. C'est parfait. J'adore le Jasmin ! Serait il possible de le goûter ? Ainsi que le thé noir si possible ?

Tu lui adresses ton plus beau sourire, en espérant le convaincre puis te viens une demande. Une amie t'avait parlé d'un thé qu'elle trouvait excellent. Tu aimerais également t'en procurer.

-J'aimerais aussi savoir si vous aviez du thé à la rose ? On m'en a dit beaucoup de bien et j'aimerais beaucoup le goûter pour savoir s'il est si bon que cela.

Tu t'assois sur une des chaises, en lissant ta robe, et tu entrelaces tes doigts en fixant ce Monsieur. Il est jeune et pourtant, il a l'air de connaître tellement de choses ... Tu trouves ça plutôt fou.

- Vous êtes dans ce domaine depuis longtemps Monsieur ? Je dois avouer que je suis impressionné par votre savoir. Vous n'êtes pas bien vieux pourtant.

Tu rigole gentiment et t'approches finalement, curieuse d'en apprendre un peu plus.

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Tu te diriges vers la table que Monsieur désigne de la main. Pouvoir goûter les thés est un vrai grand plus dans cette boutique. Tu apprécies d'avance les saveurs. Tu t'assois sur une des chaises et lisses ta robe en attendant le retour de Monsieur Wilson. Tu le regardes partir et observes ensuite la boutique, une fois de plus. Tes pensées qui étaient tout d'abord axées sur l'odeur divine qui se dégage du thé, dérive petit à petit sur son propriétaire. Du moins son fils. Monsieur Wilson est charmant. Pourquoi mère ne te présente pas ce genre d'homme. Beau. Jeune. Instruit. C'est tout de même injuste. Lorsqu'il revient quelques minutes après avec une tasse et des mignardises, tu relèves la tête et lui adresse un sourire. Heureusement qu'il ne lit pas dans tes pensées. Tu prends alors délicatement la tasse en remerciant Monsieur et tu humes discrètement l'odeur du doux breuvage, les yeux fermés. C'est tout simplement parfait. L'odeur est sublime. Tu ouvres les yeux et lui demande alors s'il est dans ce domaine depuis longtemps. Il rigole et semble amusé. Aurais tu été impoli ? Pourtant, il te répond simplement, le sourire aux lèvres. " Vous me flattez mademoiselle. Ça va bientôt faire trois ans que je travaille dans ce domaine. Vous êtes à Londres depuis longtemps ?" Oh. Trois ans ? Il est donc un vrai maître dans l'art du thé ! Selon toi du moins. Tu n'as jamais travaillé et tu ne travailleras jamais. Tu ne peux juger quoi que ce soit. Tu prends une gorgée de ton thé en l'écoutant, mais ton attention est retenue par ce qu'il te demande. Tu prends tout de même le temps de penser que ce thé est divinement bon. Tu reposes ta tasse silencieusement et lui souris.

- Hé bien, vous êtes épatant, il va sans dire ! Je ne sais pas vraiment si passer trois ans dans un domaine est suffisant pour devenir un vrai professionnel, mais vous savez y faire, il n'y aucun doute là-dessus. Votre thé le prouve. Il est parfait. J'en prendrais très certainement.

Tu reprends du thé et te laisses tenter par une mignardise que tu croques délicatement. Une fois la bouche vide, tu reprends la parole.

- Je suis ici à chaque nouvelle saison. La dernière était celle de ma sœur. Cette fois-ci est malheureusement la mienne. Je ne peux pas y échapper. À moins de m'enfuir loin de Londres. Mais je crains que ce ne soit pas la bonne solution !

Tu rigoles avec légèreté puis regardes ton thé en soupirant. Il n'y a rien de drôle. C'est plutôt triste en réalité. Tu ferais tout pour partir d'ici. Mais tu ne le peux simplement pas. Tu le regardes et reprends ton numéro de la charmante jeune femme sans soucis, un sourire de nouveau logé sur les lèvres.

- Enfin, vous savez, il y a sûrement bien pire comme problème. De quoi puis-je me plaindre après tout. Et vous ? Vous êtes installé depuis longtemps ? Vous restez ici le temps de la saison seulement ?

Tu reprends la coupe de thé dans ta main et tu écoutes avec attention les dires de Monsieur Wilson que tu dévores littéralement du regard, il faut bien l'avouer.