Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility
Les Chroniques de Londres
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal


 :: THE ARCHIVE ROOM :: Rp terminés Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Sister of charity remains a mystery [Léopold]

Invité
Anonymous
Invité


Message() / Ven 1 Avr - 23:07
Invité

Sister of Charity remains a Mystery
Léopold

A new day for a mission, another sunrise in your heart
Give me the tears of the wrong, the hate of convicts
The glamour of the damned, the rule of Benedict

I've never seen the dawn like this before
Tears of the night turn to diamonds in your eyes
In the face of the world's ugliness,
Sister of charity remains a mystery

Love shines over aggression, another wound heals in your heart



C'était un dimanche comme les autres, ce qui revenait à dire : un dimanche exceptionnel. Ce jour était un jour de socialisation. Dédié à Dieu, c'est à dire, comme Victor le comprenait dans le secret de ses pensées, aux belles choses que peut accomplir la communauté humaine, c'était un jour de socialisation où les bonnes actions n'étaient pas des péchés envers la bonne tenue d'un commerce. On pouvait se permettre d'être généreux, et il en profitait avec le ravissement d'un gamin lâché sur un terrain de jeu... et à peu près la même insouciance.

Le joaillier Nitot n'était pas un colosse, ni un de ces ouvriers râblés et intrépides qui couraient au long des charpentes et actionnaient les machines bâtissant le monde moderne. Il restait un petit artiste français aux blanches mains et à la candeur aisément prise en défaut. On ne lui aurait sans doute pas confié une tâche manuelle épuisante et brutale lorsqu'il était seul, de peur qu'il n'abîme les dites mains, ou toute autre partie de sa précieuse personne. Mais il était enjoué, plein de bonne volonté, et toujours disposé à écouter une requête, ce qui en faisait un bon élément d'équipe ; et en cette journée ensoleillée, il le prouvait en arpentant le marché en compagnie d'une équipe de bénévoles.

Ces bonnes âmes remplissaient leur charrette de cagettes de légumes et autres produits frais, poissons, fruits de saison, sacs de céréales, bidons de lait, bref, tout ce qui pouvait améliorer l'ordinaire des petits orphelins. Les produits des jardins assuraient que ces pauvres petits gardent leurs joues à peu près roses, et pour commencer, ne perdent pas leurs dents pour cause de scorbut et développent leurs petits corps jusqu'à une taille acceptable... il valait mieux se fixer des objectifs réalistes. C'était le genre de sortie au cours de laquelle on pouvait bavarder, et oublier un peu, sous les tenues de travail manuel, les différences de classe.

En triant les carottes d'un lot acheté en stock, et fatalement un peu talé, jetant dans un baquet voisin les légumes qui risquaient de gâter le reste – ce serait pour les lapins de l'orphelinat – Victor jeta un regard à une autorité naturelle de l'opération : le Père Léopold était un homme agréablement charismatique, doté d'une bonté solaire mais aussi d'une douceur qui lui évitait ce trait insupportable des hommes d'Eglise, la tendance à dédaigner leurs semblables et à les traiter comme un cheptel d'esclaves. Ce religieux-là n'avait rien d'impérieux. Il faisait le bien gratuitement, sans rien en attendre en échange, que l'élévation des âmes en direction du Ciel, auquel allait toute la reconnaissance.

C'est pourquoi, lorsque de telles actions réunissaient les désoeuvrés de la paroisse et ceux qui avaient de vilaines choses à se faire pardonner, Victor se joignait à eux de bon coeur. Le plaisir de leur compagnie se compliquait parfois de petits soucis : il y avait des personnages hauts en couleur, ceux qui le faisaient sursauter parce qu'ils s'amusaient de ses bonds quand on l'approchait du côté gauche sans prévenir. Ceux dont les intentions n'étaient pas claires, ceux qui faisaient du mauvais travail, chaotique, paresseux, ou qui volaient quelques légumes au passage. Ceux qui sortaient de prison et se rachetaient une virginité en prouvant qu'ils avaient changé. Ceux qui venaient pour draguer les dames patronnesses responsables de l'orphelinat pour filles. Rien de pendable. Il aimait se retrouver parmi eux, c'était si coloré.

En s'appuyant sur l'encolure d'un des épais chevaux de trait qui les ramèneraient au long de la Tamise, il plongea les doigts dans la crinière rêche et caressa l'animal, pour le temps d'une pause. Avec un rire silencieux, il songea qu'il était aussi décoiffé que cette aimable créature. Sa tignasse bouclée avait tendance à échapper à tout contrôle dès qu'il commençait à s'agiter un peu, c'était un bon indice de son état d'esprit. Il avait les bras légèrement douloureux, mais ça n'avait rien de dérangeant. Et la masse musclée de cette bête énorme, qui aurait pu le briser d'une simple ruade, était réconfortante, parce qu'il savait que rien de tel ne risquait d'arriver. Son regard errait au long des bras tendus qui saisissaient les sacs chargés et les hissaient sur la charrette. C'était un bel effort collectif. Vivre et faire le bien était si simple, parfois, si sain.

"Quel dommage qu'il n'en soit pas toujours ainsi, n'est-ce pas ?" lança-t-il à l'intention du Père, une allusion à une récente confession au cours de laquelle il s'était excusé de ne pas réellement croire en Dieu. Il croyait en les hommes. Et en ces moments qu'ils vivaient parfois, d'autant plus réels qu'ils étaient partagés.

Ce soir, il aurait le visage rougi par ce soudain soleil. Il n'était plus habitué.

Revenir en haut Aller en bas
Léopold Howley
Léopold Howley
Prêtre
Rang sur le forum : Administratrice
Messages : 219
Date d'inscription : 13/08/2021


Message() / Ven 8 Avr - 11:40
Léopold Howley

La charité n’est une vertu que dans la mesure où elle est un sacrifice
La définition théologale de la charité, ne peut trouver sa pleine signification que dans la foi, l’abnégation, le don de soi.
C’est la volonté intime, muette et spontanée d’un individu d'engager un processus de rapprochement en direction de personnes dont la vie plus dur, misérable, appauvri est fortement compromise.
C’est une âme généreuse qui éprouve de l'amour, de l’indulgence, de la compassion, de l'empathie pour son prochain.
Elle ressent le besoin naturel d’aller à la rencontre de l’autre. De tenter d’alléger ses souffrances et cela, sans en attendre la moindre reconnaissance, en retour.
C'est ainsi que le père Howley avait toujours vu la charité, le don de soi, la religion même. Ces actions qu'il menait dès que possible, ces collectes de nourriture, de vêtements, ces dons de temps et d'argents, tous étaient les témoignages sincères d'un amour de son prochain, d'une élévation vers le divin.

Cependant, dans parmi ses ouailles qui venait offrir de leurs temps pour ces œuvres dites caritatives et pour quelques unes de ses ouailles seulement, le positionnement social, à l’intérieur du groupe, ne l'emporterait-il pas, sur les bons sentiments ?
Ces personnes ne seraient-elles pas plus à la recherche d’une démarche élitiste et mondaine qu'à la simple et superbe main tendue ?

Les groupes du père Howley étaient disparate, composé des membres de la bonne société au plus bas peuple. Certes, on pourrait le lui reprocher, mais Dieu aimait tous ses enfants qu'importe leur rang. Alors il accueillait en son sein les miséreux et les nécessiteux, les repris de justice en quête de pardon, les hommes et les femmes de tout genre, offrant le pardon de Dieu pour ces péchés qu'ils avaient commis contre ces moments de don,profitant de la douceur d'âme de certains qui n'avaient jamais eu besoin d'une récompense pour aider. Ne lui parlait pas de ces prêtres qui ne prêche que par l'enfer et le purgatoire ou les âmes termineront si ils ne sont pas assez vertueux. Certes, on lui a enseigné cela, mais...la bible, qu'il à lu plus d'une fois, cherchant en ces pages son sens, n'a jamais parlé d'une telle chose. Alors...serais ce une façon de contrôler les croyants ? D'assurer son autorité sur sa communauté ? N'est ce pas de l’orgueil ? Et ces riches et nobles personnes qui ne venaient que pour s'afficher dans leur plus beau atours, le faisaient ils par abnégation, par suffisance ou intérêt, combien d’entre elles n'ont pas intégré les rangs des vertueux , sans nourrir l'espoir de s’y constituer un carnet d’adresses et donc, d’en tirer un profit personnel, avec en prime, la délicieuse bouffée d’orgueil que suggère l’action sociale, quand bien même, elle ne serait qu’illusoire ?

Quoi de plus socialement correct que de rejoindre une nomenclature reconnue, pour se positionner publiquement sous le couvert de la charité et de la compassion ! Et pourtant, malgré cela, ne sont elles pas accepté parmi les volontaires ? Allant et venant dans ce marché, récupérant auprès des maraîchers fruits et légumes qui ne seront pas vendu. A moins qu'ils n'utilisent quelque peu de leur fortune pour acheter directement, persuadé de s'offrir ainsi une meilleure place, une meilleure appréciation auprès du prêtre ou de Dieu. Il pourrait leur dire que cela ne sert à rien, que faire preuve de vanité, exercer une action non pour autrui, mais dans son intérêt, même si elle est des plus charitable ne leur ouvrira en aucun cas les portes de Dieu.

Pourtant, les paniers se remplissaient et la charrette attelée au bel étalon qui le tirait commençait à être pleine de victuailles qui pourraient être redonné par la suite aux plus miséreux. Le prêtre était fier de cette journée, ce n'était pas de la vanité, juste un contentement certain et il savait que cela amènerait le bien autour de lui. Après tout, n'étais ce pas un ancien détenu qui discuté avec ce fermier venu vendre ses produits ? Peut être avait il une place pour un garçon de ferme. Peut être retrouverait il le droit chemin et le pardon de la communauté qui a souvent bien plus de mal à le faire que Dieu.

Faisant ainsi doucement le compte de ce qui avait été récolté, observant victuailles et dons, il remarqua l'un de ces paroissiens. Un joaillier, quelque peu excentrique dans ses tenues, mais fort sympathique. Il se posait parfois la question de savoir si cette tenue qu'il portait, ces couleurs, n'était dû qu'a son excentricité toute française ou cachait à tous en la mettant à vu son inclination bougresse. Cet homme lui avait signifié, lors d'une confesstion derniere, ne pas croire en Dieu. Chose assez courageuse en soit, mais qui ne choquait pas plus que cela le prêtre. Bien des personnes perdaient la foi dans les temps incertains et il fallait parfois un berger, tel que lui pour ramener lentement la brebis égarée au troupeau.

Il lui adressa quelques mots et le prêtre souri, doucement, de façon chaleureuse comme il le fait pour chacun.

« En effet, le monde serait un paradis si nous suivions tous les préceptes de Dieu et aidions notre prochain, sans espérer plus que la joie d'avoir été utile à autrui. Néanmoins, ici même certains ne sont là que pour se donner bonne conscience et non pour aider. »

Approchant doucement du cheval de trait, le prêtre posa lentement sa main sur l'encolure de celui ci, lui offrant quelques douces caresses en observant le paroissien.

« Néanmoins, j'ai foi en ces personnes pour trouver le chemin du juste et du vertueux. Meme si elles, n'ont pas foi en moi. Après tout, personne n'a dit qu'il fallait aimer pour être aimer. Ne pensez vous pas Monsieur Nitot ? »

Rappel, simple, léger d'une discussion qu'ils avaient eu, un rappel que, même si il ne croyait pas au divin. Le divin croyait en lui et l'aimait.

( Pando )
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité


Message() / Ven 8 Avr - 14:09
Invité

Sister of Charity remains a Mystery
Léopold


"Moi ? Je pense que j'aime tout le monde. Ma philosophie est toute bête et toute simple en la matière. Ceux qui ont besoin de simagrées pour se sentir fiers sont bien à plaindre, quelqu'un les a meurtris un jour, et nous sommes ici pour les aider eux aussi, tout autant que les petits orphelins."

Rayonnant, Victor parcourut du regard la compagnie rassemblée, ainsi que les braves commerçants qui s'agitaient à la criée tout alentour, leurs chiens qui surveillaient leurs étals, et tout ce qui vivait et remuait sous ce beau soleil. On disait que, depuis les temps les plus anciens de l'humanité, les bijoux étaient d'or parce que le soleil était force de vie. N'y avait-il pas là, aussi, un dieu ? Celui qui réchauffe les êtres heureux, qui brille dans les yeux des amants, des parents, des généreux et des hospitaliers, celui qui étincelle au coeur des foyers comme une promesse de sécurité tandis que l'on se transmet les contes et les traditions. Mais ce train de pensée positif se brisa tout à coup sur un écueil, qui lui venait à l'esprit subitement.

C'est qu'il était un vrai bourgeois, lui, désormais. Son ascension sociale ne faisait plus de doute. Et sa tranche sociale était celle à laquelle la superficialité dans la charité était le plus reprochée. Regardant la main errante du prêtre, assimilant en un instant vertigineux tout ce qu'un tel sourire pouvait avoir  de froid et de désincarné, un sourire qui était pour tout le monde et qui donc, n'était pour personne, il se décomposa, perdant son assurance joyeuse comme si on lui arrachait un masque.

"Oh, mais... Vous ne me comptiez pas dans le nombre, j'espère."

Son regard se voila quelques instants d'une émotion poignante, qu'il maîtrisa immédiatement, en vrai homme du monde, accoutumé à présenter en haute société précisément le masque que l'on attendait de lui. Les personnes de haut rang, dont il ne faisait pas partie mais avec lesquelles il vivait au coude à coude, n'auraient jamais montré une blessure ; habitude prise à force de duels d'honneur, probablement. Et pourtant, c'était bien une blessure au coeur qu'il éprouvait, à l'idée que cette opinion peu flatteuse n'inclue sa petite personne. Au lieu de mettre en valeur ce point très réel, il bifurqua en direction d'une bagatelle : la possibilité qu'il n'ait pas saisi la phrase exactement comme elle devait l'être – une maladresse qui était courante depuis son expatriation, et dont il se souciait en réalité comme d'une guigne. Mais une petite démonstration de coquetterie l'aiderait à se sentir mieux.

"C'est que je ne suis pas encore très habile dans l'ironie et l'humour anglais, il arrive que je manque certaines nuances et que je passe pour un nigaud."

Il se sentait amer, tout à coup. Pourquoi fallait-il que cet immense amour si naturel aux hommes, qui ne demandait qu'à s'exprimer dans l'indulgence et la compréhension, l'acceptation de chaque petite imperfection qui donnait à l'humanité son réalisme et son charme, soit éternellement gâché par le jugement moral? Autant noyer de peinture immaculée quelque statue de cire de Madame Tussaud, en élaguer les moindres détails et en faire l'un de ces marbres sans yeux et sans expression qui glorifient quelque utopie antique. Et son amertume s'infiltra dans son discours ; quand un royaliste comme Victor en venait à nommer Voltaire, c'est qu'il n'était pas dans son état normal.

"Vous voyez ? Moi aussi, je suis soucieux de mon image, même quand je suis habillé comme un sac de betteraves. Rien de juste ou de vertueux chez un homme qui se targue de bel esprit. Et Voltaire est en enfer, avec son infâme protecteur prussien, et tous les hérétiques qu'il aura défendus."

Sans être admirateur de Calas ou de Lally, ou, Dieu l'en garde s'il existait vraiment, de Frédéric Deuxième du Nom, qui d'après son oncle était un désagréable vieillard capricieux et pincé, Victor aimait une chose dans toute cette affaire ; non, deux choses. Ces personnages imparfaits au plus haut point, leur jugement avait été trop sévère et il se réjouissait que quelqu'un l'ait déclaré publiquement. La mort était toujours trop sévère – et Dieu n'en était-il pas l'inventeur, d'ailleurs ? Le premier à avoir infligé à l'espèce toute entière une peine de mort à retardement, pour les crimes de chair de quelque ancêtre mythologique. Puis, il aimait le château de Sans-Souci. La petite blague du fronton notamment, que son oncle également lui avait expliquée. Il avait ri ; son cousin, pas du tout.

Eh bien, si ce cher prêcheur s'intéressait aux empereurs prussiens, il la lui expliquerait, et l'on verrait s'il en rirait. Mais ce sourire-là voulait peut-être bien signifier qu'il n'était prêt à rire de rien. Auquel cas c'était fort triste, et quoique le prêtre fût l'organisateur et le mentor de cette expédition, alors Victor aurait aimé l'aider, lui aussi. A quoi ? Eh bien, à rire, par exemple. Méchant libertin qu'il était, il aimait réellement tout le monde, comme certains disaient, dans les salons, que le diable aimait tout le monde puisqu'il ne fermait jamais sa porte à qui que ce soit. Ils n'étaient peut-être pas si mal installés, en enfer, Voltaire et Frédéric.


Revenir en haut Aller en bas
Léopold Howley
Léopold Howley
Prêtre
Rang sur le forum : Administratrice
Messages : 219
Date d'inscription : 13/08/2021


Message() / Dim 17 Avr - 23:21
Léopold Howley

La charité n’est une vertu que dans la mesure où elle est un sacrifice
Aimer tout le monde, faire preuve de compassion et comprendre que le bien commun est parfois ce qu'il y a de plus important ; que chacun mérite nos prière, notre amour et notre aide. Certes, bien des gens espère retirer de leurs actions quelques points, mérite, amour, de notre sauveur pour arriver plus rapidement, plus simplement en ce paradis que tous espère et j'en suis le premier à vouloir sauver mon âme éternelle des tourments qui l'habite encore et toujours depuis que l'adolescence à fait de moi un homme muni de désir et de passion.
Je faisais la moral à qui voulait l'entendre, mais j'étais aussi pécheur  que chaque être humain de ma congrégation. Je me contrôlais, je luttais, mais j'étais un homme, de chair, de sang.

Écoutant pourtant l'homme à mes coté, sa façon de voir le monde, je ne pouvais m’empêcher de sourire, doucement, de ce sourire empli de chaleur et de bienveillance que j'aimais a offrir à tous ceux qui m'entouraient, petite marque d'affection, d'amour, d'un prêtre envers ses ouailles, bien que certaines aient déjà vu en ces sourires bien plus que cela.  Après tout, ne suis je pas censé offrir à chacun le même traitement ? Pourtant, observant les personnes de l'église allant et venant, amenant des vivres à la charrette pour l'orphelinat, je ne pouvais m’empêcher de penser, en effet à tout ces gens je voyais les pêchés qui les avaient amener ici. La luxure, l'orgueil, l'envie. Certes, il y avait des personnes qui pêché par narcissisme, d'autres qui n'avaient pour eux que ce besoin d'être aimé par autrui. J'avais de la compassion pour chacun d'entre eux, j’espérais qu'ils sauraient un jour se guérir de ces vices qui morcelait leurs cœurs, tout comme je me battais moi même pour sauver mon âme.

Pourtant, lorsque le joaillier tourna son visage vers le mien, emplit d'une soudaine inquiétude, je fus surpris, le voyant peut être pour la première fois autrement que jovial, enjoué, rieur. Se voyait il ainsi ? Avais je touché quelque chose sans le savoir ? Ou cherchait il simplement ma sympathie, mon affection ? Bien sur, le masque de l'homme bien revint rapidement et je me dit que cet homme, qui ne croyait pas en Dieu, devait avoir bien des choses qui lui pesait sur le cœur. Après tout, si on ne croit en rien, si on n’espère pas qu'il y ai quelque chose pour nous sauver, nous soutenir, nous aider, nous conseiller. En quoi croit on ? Certes, on peut croire en soit même, en sa bonne fortune, mais est ce suffisant ?

Le voyant reprendre contenance, jouant sur sa nationalité, sur les jeux de mots, l'ironie de notre langue qui lui est parfois inconnu, je posais avec douceur une main sur son épaule, tel un père ou un frère cherchant à réconforter.

« Pourquoi une telle inquiétude à ce sujet mon fils ? Qu'est ce qui vous ferez penser que je puisse vous considérer de la sorte? »

Je n'allais pas entrer dans le jeu de l'humour, du sarcasme ou tout autre jeu pour faire passer cette question, ce trouble que j'avais entraperçu sur son visage. Alors, je serrais un peu ma main sur son épaule, je lui souriais un peu plus, puis le relâchais, ne voulant pas le mettre mal à l'aise ou le contraindre.

« Parlez moi tel un ami, je saurai vous écouter et vous aider si cela est en mon pouvoir. »

J'observais un instant quelques hommes amener des caisses de légumes qu'ils posaient avec ferveur dans la charrette, leur adressant un chaleureux signe de tête, ma main revenant sur l'encolure du cheval alors qu'il me parlait de son image, je comprenais, il voulait être apprécié, non tant pour son apparence que pour qui il était et bien que je ne compris pas réellement ses paroles sur Voltaire et son protecteur, je comprenais l'idée générale.

« Je ne vois en vous qu'un homme bon et généreux. Néanmoins, je vous avouerai ne point saisir votre référence à Voltaire et son protecteur prussien. Accepteriez vous d'éclairer ma lanterne ? »


( Pando )
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité


Message() / Lun 18 Avr - 11:42
Invité

Sister of Charity remains a Mystery
Léopold


« Laissez. »

Le contact sur son épaule semblait avoir réveillé Victor. Il avait éprouvé un instant l’envie de s’appuyer contre le prêtre et d’absorber, tel un vampire, cette énergie vitale et cette chaleur qu’il cherchait à lui communiquer. Mais il s’immobilisa au lieu de cela, presque raide et distant comme quelqu’un que les contacts physiques dérangent. Oh, c’était bien l’inverse ! Mais il ne voulait surtout pas que ça se remarque.

Ce pauvre prêtre, il l’avait entendu parler à quelques reprises de Sodome et Gomorrhe avec une sainte horreur, confiant aveuglément dans les mots sacrés qui sanctifiaient ce vieux monstre de Lot, vouaient à la destruction sa pauvre victime de femme, et encensaient les agissements pervers de ses filles si odieusement éduquées… quant au fait de détruire des villes entières sur un point de morale, cela ne paraissait pas le gêner non plus. Victor n’aimait pas entendre des discours aussi choquants dans une si jolie bouche, pardon, la bouche d’un homme qui semblait par ailleurs aimable et sain d’esprit ; mais il se mettait à sa place, c’était son métier et il l’accomplissait. Bien d’autres métiers nécessaires avaient leurs côtés révoltants. Chaque maillon de la chaîne avait, sans doute, son importance, même si l’insignifiant monsieur Nitot n’arrivait pas à percevoir l’intérêt de tout ce qui se passait.

« Oh, bien sûr. Ce sont des rumeurs qui se racontaient à la Cour de Marie-Antoinette, je suis heureux pour vous qu’elles ne soient pas arrivées jusqu’à vos oreilles. Il vaut mieux que je vous laisse en paix, vous n’aimeriez pas du tout. »

Tout à coup, ça ne lui semblait plus drôle du tout. Transmettre des plaisanteries douteuses, des sous-entendus libertins, à quelqu’un qui affichait une âme pure et qui en serait désagréablement troublé. Non, c’était un jeu de méchant garçon et pas du tout ce que méritait ce prêtre si dévoué. Victor avait repris un certain sérieux, malgré son sourire bien accroché, et s’appliqua à révéler le fond de sa pensée, et non les colifichets spirituels dont il aurait pu la parer en surface.

« C’était juste une manière de dire que j’appartiens à une sorte de personnes que les bonnes gens condamnent. Vous faites évidemment partie des bonnes gens. Et personne n’a tort… ni moi d’être moi, ni eux de condamner. Chacun agit selon sa nature. »

Autour de leur échange, les autres volontaires avaient achevé de charger la charrette, qui allait maintenant se mettre en route. Victor s’écarta pour laisser au cheval sa liberté de mouvement, tandis que la longue marche au long des rives s’amorçait avec toute la maladresse d’un tel convoi. Machinalement, il se rangea au bord de l’eau. C’était toujours ce qu’il faisait lorsqu’il marchait au long d’un espace quelque peu périlleux, et qu’il était accompagné ; fût-ce d’un cheval de trait. Il n’y songeait pas clairement, mais il s’interposait. Lui, s’il tombait à l’eau par un caprice du destin, ça ne le tuerait pas. Un tel soleil aurait tôt fait de le sécher.

« Appelons cela un extravagant. Ou un artiste, ou ce que vous voudrez. Nous sommes accoutumés à tenir la tête haute, quoi que l’on nous jette au visage. Il ne faut surtout pas s’inquiéter pour nous. En fait, je soupçonne que nous en tirons une forme de gloire amère. Je crois que nous sommes bien plus proches du démon que nous n’en avons l’air. C’est mystérieux, mais je vous avouerai franchement que, chaque fois que j’entends parler du démon, je ne ressens que compassion et compréhension à son égard. Et de même pour tous les damnés, et j’aurais le coeur brisé de ne pas les rejoindre après ma mort, pour pouvoir les traiter avec la même bonté dont vous usez envers moi. Mais je ne crois pas vraiment non plus en la vie après la mort, ce n'est qu'une réflexion sur la comète... »

Cette petite conversation philosophique, glanée au hasard d’une sortie qui lui avait permis de se salir les mains et de se reposer l’esprit, était bien trop agréable pour qu’il l’abandonne alors qu’ils n’avaient, réellement, plus rien à faire de mieux ; que suivre la route, profiter du paysage, et se dégourdir les jambes, tandis que d’autres volontaires bavardaient de leur côté à la traîne, ou se reposaient assis à l’arrière de la charrette pour se faire transporter.

« Pardon, voilà que je parle trop. Votre indulgence vous perdra ! »




Revenir en haut Aller en bas
Léopold Howley
Léopold Howley
Prêtre
Rang sur le forum : Administratrice
Messages : 219
Date d'inscription : 13/08/2021


Message() / Sam 21 Mai - 12:40
Léopold Howley

La charité n’est une vertu que dans la mesure où elle est un sacrifice
Une main posé avec douceur sur une épaule, une pression chaleureuse, douce amicale. Transmettre la bonté, la chaleur, l'amour de Dieu. C'est la base même de la mission de Léopold. Faire sentir à tous que Dieu les aime, pourtant, ce contact, ce geste qui est en soit si anodin pour le prêtre, une simple pression, semble tendre l'homme qui la reçoit. Comme si il était mal à l'aise, gêné, ennuyé à l'idée de ce contact physique avec le prêtre. Peut être cela est il dû à son peu d'intérêt pour la religion. N'a t il pas, il y a peu de cela annoncé qu'il ne croyait pas en Dieu ? Que ce n'était pas ce en quoi il plaçait ses espoirs ? Relâchant ainsi doucement la pression, il retira sa main de l'épaule du paroissien.  Aucune intention de mettre cet homme mal à l'aise.
Pourtant, alors qu'il parlait d'une rumeur sur des personnes qui devait venir du royaume de France, choses que le prêtre ne connaissait en aucun cas, les ragots n'étaient pas vraiment ce qu'on lui confiait. C'était plus péché et tristesse. Les personnes dont la foi était puissante ou qui avaient si peur de l'enfer et de la colère de Dieu trouvait toujours un moyen de se sentir coupable, de devoir être à l'église, de participer à la vie de la communauté. A croire que j'étais le juge de leur vie. Mais au final, n'étais ce pas quelque peu le cas ? Du moins aux yeux de la société ? Je suis le représentant de la foi anglicane et de Dieu après tout. Néanmoins, alors même qu'il repoussait la discussion, un haussement de sourcil et un sourire innocent vinrent teinté le visage de l'homme d'église.

« Je vous en prie, racontez moi donc, Bien trop de personnes pensent que les prêtre ne peuvent rien entendre, mais bien que Dieu soit important, je reste un homme de chair et de sang. Je peux apprécier quelques histoires et histoires drôles. »

Bien trop l'oubli. Bien trop ne voient en moi que le prêtre, l'homme cloîtré dans son église, qui n'a de cesse de prier Dieu, de faire en sorte que tous suivent ses enseignement, son chemin,ses préceptes. Pourtant, la journée terminée, je suis comme toute personne. J'aime lire, j'aime la musique, je peux prendre un verre, profiter d'un bon repas, avoir envie de sortir, de voir une pièce de Théatre, d'aller à l'opéra. Bien sur, je ne peut sortir sans ma robe noir, mais cela fait il de moi un simple représentant de Dieu ? Léopold doit il disparaître et mourir derrière sa fonction ? Drôle de question en soit quand on sait le nombre de cicatrices qui parcheminent ma peau pour que celui que je suis disparaisse définitivement. Néanmoins, avec une certaine bonhomie, Monsieur Nitot me fit l'honneur de m'expliquer le sens cacher sous sa phrase, sous sa remarque entre Voltaire et cet homme prussien. Cela me fit hausser un peu plus les surprises, autant de curiosité, que de tristesse.

« Que celui qui n'a jamais pêché, lui jette la première pierre. Il est simple de condamner, c'est une chose que chaque personne parviens à faire sans difficulté. Mais Dieu est compassion, compréhension. Chaque personne à sa nature, mais qui cherche à s'améliorer, mérite amour et soutien. »

Un nouveau sourire chaleureux et sans même y penser, la main se repose sur le bras, le regard cherchant celui de l'homme blond, comme si cette connexion visuelle pourrait permettre de mieux faire comprendre mes paroles, de mieux encrer ces mots de compassion et d'amour en lui. Mais le temps file, les minutes coulent tel les grains de sable d'un sablier et il est temps de prendre la route, de suivre le chemin qui mènera ces ressources, cette nourriture, vers les enfants qui en ont tant besoin et une nouvelle explication, plus claire, comme si il ressentait ce besoin de parler, ce besoin de se justifier. Comme toujours, j'écoute. Extravagant. Artiste. Cette liaison au démon, aux damnés et un lent sourire étire mes lèvres, un petit rire même, alors qu'il s'excuse pour sa verve.

« Artiste aux extravagant, chacun est digne de respect, de compassion et d'amour monsieur Nitot. Néanmoins, ces personnes que vous me décrivez, ces appellations que l'on donne me rappelle ceux que l'on utilise en politesse pour ceux qui ont...un certain altruisme pour leur semblable. Certes, il est toujours plaisant d'être au centre de l'attention, des discussions, mais si vous en tirez une telle gloire pourquoi tant d'amertume en celle ci ? N'est ce pas, qu'au final, vous n'êtes pas si ravi de cette gloire ? De cette façon dont les autres vous voient et vous juge ? Néanmoins, vous êtes tel que Dieu vous à fait et il n'y a aucune raison pour vous de vouloir changer. »

Marchant avec lenteur, les mains croisés dans le dos, je jette un œil à cet homme qui marche non loin de la rive, séparé par le chariot lui même de sa chaleur. Je suis un être tactile, je l'ai toujours été et ne pouvoir agrément mes mots de gestes m'est parfois difficile. Néanmoins, observant les pavais, écoutant le roulis du chariot sur ceux ci, je continu ma route et mon sermon, car après tout, n'en serait ce pas un, en quelque sorte ?

«  Rappelons nous également qu'avant de chuter dans les profondeurs infernale, Lucifer était un ange. Samael, le porteur de lumière. Bien qu'ils soit affilié aux démons et à l'enfer, j'aimerais vous exposer ma vision de cet ange. Beaucoup le voient comme déchu, un ange qui a contrarié son père qui a été rejeté de l'enfer. Mais l'homme à toujours eu besoin de différencier le bien du mal. Saviez vous par exemple que le purgatoire n'est cité en aucun moment dans la bible ? L'homme à besoin d'avoir quelque chose qui le maintiens dans le droit chemin, mais Samael, fut à mes yeux envoyé par Dieu lui même vers l'enfer pour que sa lumière guide les âmes errantes, damnés à retrouver leur chemin vers Dieu et son amour. Aussi, votre discours ne me choque t il pas, car vous avez en vous bien plus de lumière que vous ne semblez vous en accorder et vouloir offrir de l'amour aux rejetés et aux damnés en est une preuve qui ne peut qu'offrir l'admiration et renforcer mon affection envers votre personne. »

Un regard, chaleureux. Un sourire, charmeur. J'apprécie ce monsieur, comme j'apprécie bien des membres de ma communauté. N'est ce pas mon œuvre ? Mon travail, d'aimer tous ceux qui vivent en ce monde ? D'être le catalyseur de l'amour de Dieu ? D'être celui qui se questionne sur la vie, l'amour, la religion, la mort, car en moi sont les réponses que ceux qui ont perdu la lumière viennent chercher.  Bien sur, je ne rebondis pas sur la vie après la mort, cela prendrait bien trop de temps pour moi d'expliquer ma vision, mais j'espère que, tout comme le soleil qui se reflete dans les cheveux de mon interlocuteur et qui rechauffe doucement sa peau, mes mots ont su réchauffer son cœur.

« Je serai toujours prêt à vous écouter Monsieur Nitot. Victor, si vous me permettez de vous appeler ainsi. N'ayez donc crainte que de me confier vos mots.»


( Pando )
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité


Message() / Lun 23 Mai - 14:49
Invité

Sister of Charity remains a Mystery
Léopold


Une ligne de buissons en fleurs longeait la route, qui se divisait en une voie stable pour les véhicules, et un chemin de terre pour ceux qui longeaient l’eau, les pêcheurs, les chevaux de péniches, et autres flâneurs curieux d’observer les créatures aquatiques. Laissant le convoi suivre la route, le joaillier avait naturellement pris l’autre chemin, et regardait le reste du groupe avancer au-delà du rideau arboré en prenant le soleil, tandis que lui se plaisait à un peu d’ombre tamisée et au clapotement des eaux. Ainsi donc, il était encouragé à partager ses idées… encore légèrement prudent, si inquiet de déplaire, si soulagé d’être rassuré. Le prêtre était un bel homme au physique comme au moral, et l’effet était évident. Seigneur, et cet homme-là lui parlait d’affection.

« Et vous les vôtres, ...puis-je vous appeler par votre prénom, moi aussi ? j’en serais honoré, mais je comprendrai très bien si vous trouvez cela inconvenant. »

Il était déjà difficile de ne pas simplement le prendre dans ses bras… Mais bien sûr, c’était en même temps impossible. Victor se contenta de demeurer sur le plan intellectuel pour un temps ; puisqu’ils parlaient de l’au-delà, tant mieux, c’était lointain, une simple vue de l’esprit, juste ce qu’il lui fallait pour conserver cette mesure courtoise que l’on attendait de lui. Pour combien de temps...

« C’est une vision fascinante que vous avez des Enfers, très proche de celle que j’en ai aussi. Je vous remercie pour vos bonnes paroles. Même si je ne considère toute cette affaire que comme une forme de mythologie, à l’égal de l’Hadès, ce qui compte surtout pour moi, c’est votre point de vue. Votre bonté fondamentale. Cela, pour moi, est le Paradis ; il existe, et j’y marche chaque fois que je partage une telle… communion avec un semblable. C’est éphémère bien sûr, mais l’éphémère a sa beauté. Et puis, c’est rassurant de parler de sujets aussi intellectuels, cela me confirme que je commence à maîtriser votre langue. »

Puisque le prêtre affirmait l’apprécier, même en constatant ses petits travers d’artiste, autant s’y livrer complètement. Maintenant qu’ils étaient partiellement séparés de leurs camarades de promenade, qui d’ailleurs se perdaient dans des conversations plus terre à terre pour les uns, plus moralisatrices pour les autres, il décida de prouver sa confiance en exposant ce qui lui passait par la tête, sans chercher à s’en déguiser :

« C’est aussi ce que je pense de l’apôtre Judas, dont, pour sa part, je veux bien admettre l'existence. Sa trahison n’en était pas une, il accomplissait le plan de son mentor, et ce n’est pas par hasard si le dernier geste échangé entre eux, le geste qu’il a utilisé pour le désigner, a été un baiser. C’était un acte d’amour et non de haine. »

La beauté de la nature, l’éclat de la lumière sur les eaux et dans leurs cheveux, la paix de ce moment, donnaient à cette conversation quelque chose de biblique également. Il se l’était demandé parfois : et lui, s’il s’était trouvé à la place de Judas, aurait-il accepté de jouer ce rôle terrible ? Une part de lui proclamait qu’il avait le coeur trop tendre et l’autre, que son coeur justement en aurait trouvé le courage. Il ramena sa main à ses lèvres brièvement, pensif, imaginant cet ultime contact, qui avait scellé le destin du monde.

« C’est un peu triste de se dire qu’en ces temps anciens, deux hommes pouvaient s’embrasser sans prêter à rire ou au scandale. On en voit sur les vases antiques, sur les enluminures médiévales, et jusqu’aux œuvres de la Renaissance. »

Et puis… l’austérité de la Réforme avait décrété que tout était péché, les images, les dorures, les grandes démonstrations hypocrites… mais il ne pouvait pas dire cela devant un prêtre anglais, il n’aurait pas voulu l’insulter. D’ailleurs, le protestantisme local lui paraissait moins sévère que celui du continent, dans certains domaines. Il était incapable d’imaginer Léopold faire preuve de réelle sévérité. L’image en paraissait même absurde.

« Nous vivons en une époque qui a rendu honteux les gestes les plus doux, et je crains d’y élever mes enfants,  de peur qu’ils ne deviennent tout à fait froids et détachés, si cette évolution continue. Je ne saurais croire qu’ils seraient heureux ainsi. »

Parole en l’air, puisqu’il n’avait pas d’enfants, mais à l’aube du mariage, Victor ne pouvait s’empêcher d’y penser : après tout, c’était l’objectif, produire une future génération encadrée par une union officielle et la sécurité d’un ménage stable. Bon, certes, entre une mère qui s’affublait de vêtements masculins dès la nuit tombée, et un père qui ne lui trouvait du charme que sous cet habit-là, mais ça, personne n’avait besoin de le savoir… et ça ne retirait rien à la dite stabilité. Au contraire.

« Si je devais être tout à fait sincère, vous faites partie des hommes que je pourrais embrasser. Vous avez une âme magnifique, à laquelle je voudrais pouvoir témoigner mon émotion autrement qu’à distance. Mais vous en feriez des cauchemars, et nous ne pourrions plus parler normalement ensuite. » Avec un rire malicieux, il se détourna rapidement, de peur d’observer trop attentivement les lèvres de son interlocuteur. Il ne voulait pas le mettre mal à l’aise. Oh, à propos ! Il allait peut-être lui raconter cette histoire scabreuse concernant le palais de l’empereur prussien. Peut-être, si le baiser de Judas n’était pas de trop pour la sensibilité de l’Anglais.



Revenir en haut Aller en bas
Léopold Howley
Léopold Howley
Prêtre
Rang sur le forum : Administratrice
Messages : 219
Date d'inscription : 13/08/2021


Message() / Dim 29 Mai - 13:27
Léopold Howley

La charité n’est une vertu que dans la mesure où elle est un sacrifice
D'un pas à l'autre, le soleil se découvre, éclairant les frondaison, parfumant l'air de cette chaleur si délicieuse, laissant les fleurs exhalée leur odeur sucré, le canal ou scintillait tel un millier de diamant les eaux et les poissons aux écailles d'argent glissant, oiseaux aquatiques sous la surface, inconscient du danger qui les attends de part ce nombres d'homme installé, la canne à pêche en main, prêt à faire d'eux, leur proie et leur festin. Pourtant ainsi est le cycle de la vie, depuis qu'Eve à croquer la pomme le lion et l'agneau ne peuvent plus s'entendre et il est naturel que l'on prenne la vie d'autrui pour se sustenter. Pourtant, il faut croire et aimer croire que tout cela à un but, une raison d'être et que Dieu n'est pas cruel pour la forme, qu'il a offert au monde cet environnement, cette nature délicate et ces créatures pour l'homme puisse se nourrir car après tout, un jour, n'est ce pas ces mêmes créatures qui se nourriront de l'homme quand il retournera à la Terre ?

Pas après pas, la poussière se déplaçant lentement sous les sabots du cheval de trait et des hommes, la discussion s'accentue, prenant une profondeur, une réflexion qu'il apprécie. Bien peut sont les paroissien qui vont si loin dans leur réflexion et en un sens, il est dommage que ce soit celui qui ne croit pas en Dieu qui aille si loin. Mais ne serait ce pas, également, parce qu'il croit en lui même et d'autres choses qu'il na pas cette peur du tout puissant et parvient à réfléchir plus posément, plus fortement ? Pourtant comme tout ceux venant à lui, le prêtre avait offert son oreille et son épaule à l'homme qui, d'une parole et d'un semblant de sourire lui avait offert la réciproque.

« Vous le pouvez. Néanmoins, uniquement en privé, je ne peut offrir cette dérogation à tous et ne voudrait attiser la jalousie ou l'envie qui sont de bien vilain péché. »

D'un sourire emplit de chaleur, il observa l'homme, le joaillier, directement dans les yeux, espérant obtenir par ce simple échange de regard un accord. Après tout, il était un pilier de la communauté, tous l'appeler mon père ou père Howley. Seul sa famille proche et quelques...élus, avaient le droit d'utiliser son prénom. Mais une personne apte à disserter de la sorte mérité bien tel honneur. Aussi, parlant de leur vision respective des enfers, le sujet de la mythologie grecque vint faire place, accompagnée, de nouveau de la bonté du prêtre qui le mettait quelque peu mal à l'aise. Après tout, il était ainsi avec tous et pointé ce trait a plusieurs reprise, le faisait se sentir gêné, lui qui n'était point habitué aux louanges de la sorte. Néanmoins, fuite lui fut offert par la langue, ce barrage naturelle qu'avait fait céder l'homme marchant à quelque mètres à peine de lui.

« Vous parlez en effet fort bien notre langue. Même si je ne vous cacherais pas déceler sur certains mots votre accent d'outre-manche. Néanmoins, les accents ont leur charme et il serait dommage de chercher à le gommer. Cela fait votre particularité. »

Un choix de mot peut être peu judicieux, mais qui mettait l'accent sur l'individualité et la fierté d'être soit même et non une personne de plus dans le flot mondain. Néanmoins, le sujet de Judas vint et ce baiser, dont il parlait, cet acte d'amour, laissait le prêtre perplexe, car jamais, il ne l'avait vu ainsi. Pour lui, ce geste était celui du pardon, de la rédemption et non de l'amour, même si Jésus aimait chacun de ses apôtres. Prenant ainsi le temps de la réflexion, ne répondant point à cette affirmation, il laissa l'homme continuer sa reflexion, commençant à entrevoir ce qu'il cherchait à dire.

En des mots savamment recherché et utiliser il semblait lui avouer sa bougrerie, son attirance pour ceux de son genre et si, le prêtre le comprenait parfaitement, subissant lui même les affres de ce vice, il n'avait pas le cœur à être trop sévère ou le réprimer. Après tout, c'était punissable de mort, de pendaison et il ne souhaiterais jamais que cela puisse arriver à quelqu'un. Après tout, on ne choisi pas d'être habité par le démon.

« Les baisers des temps anciens étaient des baisers de vassalité pour la plupart. Notamment lors de la renaissance ou de l'ère médiévale. Néanmoins si Florence s'est adonné à certains péché avec son style florentin, rappelons nous que la peste les a frappé durant trois longue année, tel un châtiment divin. Aussi, dirais que je peux comprendre une étreinte fraternelle ou amicale entre messieurs mais le péché n'est jamais loin et il faut faire attention aux portes qu'on laisse ouvertes au démons. »

Étais ce trop ? Il avait fait de son mieux pour se tempérer, pour ne pas être moralisateur ou sec, il avait juste posé un point de vue, une croyance qui parcheminée son dos par ailleurs tant elle était encrée en lui et en cette société. Mais les paroles de l'homme dont les cheveux semblaient flamboyer d'or sous les rayons du soleil l'interpellèrent néanmoins.

« L'amour n'a jamais été honteux et ne devrait jamais l'être. Néanmoins, nous sommes anglais et si nous sommes connu pour chose, c'est pour notre pudeur quant à nos sentiments. Aussi, trouverais je cela déplacé de voir des personnes s’adonner à des démonstrations d'affection en pleine rue, mais j'encouragerais toujours mes paroissiens à montrer leur amour à leur proche dans le domaine du privé. Il est des choses dont il faut savoir garder le secret et la saveur. Après tout, pourquoi chercher à se faire voir de tous si ce n'est pour le plaisir de s'exposer ? »

Tournant son regard vers l'homme, cherchant par là une vraie réponse à cette question ou il ne comprenait pas forcément l'envie d'offrir aux yeux de tous ce qui doit rester dans la sphère du privé, il fut surpris par ses paroles. Un homme qu'il pourrait embrasser. Sentant aussitôt le rouge lui monter aux joues, le prêtre détourner le visage, se concentrant sur la végétation, les senteurs, les jeux de lumières en les branches et les feuillages. L'entendant rire légèrement il n'osa pas le regarder de nouveau, se posant en cette seconde une question importante. Aurai t il le même feu au ventre en goutant les lèvres d'un autre que Jacob ? Ou étais simplement lui et non le sexe masculin qui l'attirait ? Se raclant quelque peu la gorge, cherchant à faire passer gêne, il pris plusieurs seconde pour oser répondre.

« Il n'en serait fait aucun cauchemar Victor. Et Dieu n'a t il pas dit d'aimer son prochain ? Qu'est ce qu'une simple embrassade sinon la démonstration de l'affection que l'on peut se porter ? Les français ne sont il pas friand de cela ? »


( Pando )
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité


Message() / Lun 30 Mai - 12:51
Invité

Sister of Charity remains a Mystery
Léopold



Victor était encouragé à s'exprimer avec une telle bienveillance qu'il commençait à sérieusement baisser sa garde. Il est vrai que les échanges philosophiques l'avaient toujours ravi, et qu'un atelier de production, fût-elle artistique, n'était pas le lieu pour cela ; et il ressentait, de la part du prêtre, une douceur affectueuse qui endormait toute méfiance de sa part. Il n'avait pas parlé par figure de style, il avait réellement envie de serrer cet homme dans ses bras, chaque fois que ce dernier lui offrait l'une de ces paroles aimantes qui consolaient tout ce qu'il pouvait y avoir de craintif et d'anxieux dans son esprit. Si Léopold était un être rusé et sournois, tout cela aurait pu être une hiérarchie pour pousser le Français à s'exprimer à ciel ouvert et à confesser ses pires péchés, et cela aurait marché. Il faut dire que les pires péchés de Victor ne s'élevaient pas très haut, de son point de vue, en tout cas ; il se sentait majoritairement innocent, même dans ses petits dérapages.

"Vous célébrez des mariages. Les époux s'embrassent, je crois, après avoir prononcé leurs voeux. Ils le font à la vue de tous, de leurs amis comme de leurs éventuels ennemis, sans crainte et sans même se soucier des réactions qui les entourent. C'est une proclamation d'alliance. Une allégeance mutuelle, oui, on peut le considérer ainsi, et une telle affirmation est publique, c'est ce qui lui donne son sens et sa noblesse."

Avec un petit haussement d'épaule désinvolte, Victor signifia qu'à ses yeux, la nuance était négligeable entre le baiser du suzerain et du vassal, et celui des jeunes mariés célébrant leur union. Lorsqu'il se détendait ainsi pour exposer ce qu'il avait réellement au fond du coeur, son attitude qui pouvait parfois apparaître un peu guindée en bonne société perdait ce corset mental, et il adoptait des gestes plus dansants, une flexibilité dans le mouvement qui dénonçait une certaine souplesse de moeurs, davantage qu'aucun aveu verbal n'aurait pu le faire. Sans y prendre garde, il poursuivit en laissant à nouveau son besoin de communication s'enflammer en une tirade détaillée, avec la fierté évidente d'un étudiant auquel un professeur admiré offre l'occasion d'un débat en tête à tête :

"Je vois mal où le démon trouverait sa place là-dedans, au contraire deux personnes qui partagent un tel geste d'alliance seront deux fois plus fortes pour le repousser... si, par démon, vous entendez la tentation de faire le mal. Lorsqu'on a une présence amie avec soi, on peut se fier à elle, dans les moments de faiblesse, pour nous aider à redresser nos actes. Votre communion avec vos paroissiens n'est-elle pas exactement le même type de serment ? Et ne passe-t-elle pas par le fait de poser vos lèvres sur la même coupe, symbole d'un dieu d'amour ?"

Il s'arrêta, considéra le bouquet d'arbres devant lequel leur promenade les avait amenés, et s'y engagea au lieu de continuer à suivre la route. Entre deux troncs joliment tachetés, environné de feuilles que le vent frais qui suivait le canal faisait délicatement frémir, et son visage souriant éclairé d'une lumière palpitante qui se frayait un chemin entre les branches, il avait tout à coup l'apparence de l'une de ces créatures surnaturelles qui habitaient les bois à l'ère païenne, et dont les chants, la malice et les charmes entraînaient les héros imprudents en des aventures imprévues. Il aurait aussi pu être un ange, mais en ce cas, un ange d'une nature particulièrement terrestre.

"Venez, Léopold, faisons une expérience. Pas une expérience publique, n'ayez crainte. Ah ! Mon cher, je suis tellement ravi de pouvoir vous appeler Léopold. Et si vous vous y prêtez, en retour je vous raconte l'affaire du palais prussien, ou... libre à vous de me fixer un gage, religieux ou non, à votre guise."

Il tendit la main pour aider le prêtre à enjamber l'entrelac de racines, qui défendait faiblement l'accès à cette petite alcôve végétale.

"Vous êtes un homme de Dieu. Si tentation il y a, elle ne pourra pas vous atteindre. Et moi, je suis de toute façon un mauvais croyant, donc je ne risque plus grand-chose. Embrassons-nous et voyons."

Une fois son interlocuteur stabilisé, il ouvrit les bras avec un air d'invitation. Bien sûr, Léopold pouvait dire non ; mais s'il ne le faisait pas catégoriquement, alors cela signifierait que lui-même n'était pas opposé à l'exercice en question. Et ici, le prétexte d'être vus, et leur geste mal interprété, n'existait plus. Alors, ce qui prédominait dans ces lueurs qui éclairaient le regard de Victor, c'était surtout la curiosité. Que trouverait à répondre le théologien cette fois-ci ?

"Je suis à peu près certain qu'il ne se passera rien de dramatique. En fait, j'aimerais vous prouver que la nature humaine n'a pas besoin d'un surveillant permanent et d'un code de conduite rigoureux pour interagir en bonne intelligence. Nous n'avons pas de démons autour de nous qui chuchotent à nos oreilles, nous sommes deux adultes raisonnables. Moi, en tout cas, je peux vous garantir que vous ne retrouverez pas ma main dans votre poche, ou je ne sais quelle autre sornette : je suis votre ami, et baiser ou non, je compte bien le rester. J'agira pour vous, comme vous pour moi, et nous n'en serons que mieux gardés."


Revenir en haut Aller en bas
Léopold Howley
Léopold Howley
Prêtre
Rang sur le forum : Administratrice
Messages : 219
Date d'inscription : 13/08/2021


Message() / Sam 11 Juin - 14:14
Léopold Howley

La charité n’est une vertu que dans la mesure où elle est un sacrifice

Le baiser était une chose qui semblait revenir dans notre conversation. Pourquoi donc ? Pourquoi cette insistance ? Cette curiosité sur les baisers ? Pourquoi ce besoin d'exprimer son affection, son attachement à la vue de tous, quand, à mes yeux comme à ceux de bien des personnes de ma connaissance, l'amour et la tendresse sont des choses qu'il faut garder privé, qui n'ont de réel importance qu'entre les époux, les amants et qui n'a pas besoin d'être prouvée à la vue de tous pour parvenir à avoir une certaine vérité. Pourtant, à la question assez intéressante du mariage et des époux scellant leur vœux par un baiser, mais c'était un cas particulier.

« Il est vrai que les mariages sont toujours des moments de joie et voir deux époux échanger leur premier baiser. Mais il serait des plus inconvenant et vulgaire aux yeux de la société anglaise que de les voir ainsi s'offrir à la vue de tous. A t on besoin de faire démonstration au monde ? Car si c'est une preuve d'amour dans l'intimité, est ce la même en public ? Pouvez vous dire que cela vaux plus qu'un soutien, un sourire, un présent même infime ? Je pense qu'un baiser aussi plein d'amour soit il est une chose qui doit rester privé Victor. »

Si la nuance était négligeable aux yeux du français, elle ne l'était en aucun cas aux yeux du britannique qui mettait un certain point sur les convenance et l'étiquette. La vulgarité et la luxure n'était en rien des choses dont il pouvait réellement rire, de par son éducation, mais également sa place dans la société. Fils d’évêque, prêtre, il était vu comme faisant partie d'un certain ordre, d'une certaine hiérarchie mondaine. Mais le français continuait sur sa pensée, à croire que cela taraudait bien plus qu'il ne l'aurai pensé et à voir sa gestuel, son animation, c'était comme un exutoire de pouvoir parler ainsi. Bonne chose en soit, le prêtre était là pour aider chacun à s'exprimer, mais il fallait aussi, parfois, faire preuve de raison pour ramener avec délicatesse la brebis égarée vers son troupeau.

« Toute alliance n'est pas angélique. Le démon se cache partout et si d'un baiser une alliance maline est scellé, celle ci ne fera que les tirer encore et encore vers les abysses infernale. Combien de demoiselles de cette société ont succombé au démon, laissant des messieurs leur voler honneur et vertu, car si le baiser est une chose à laquelle on peut se laisser aller, se rassurant qu'il n'y a aucun mal, il peut amener rapidement à la fornication et à la luxure l'un des sept grand péché capitaux. Le mal à bien des atours et l'enfer est pavé de bonne intentions. Croire faire le bien, vouloir le faire, n’empêche pas forcément d'aller vers l'autre direction. Quant à la communion, nous la faisons avec dieu via un réceptacle, mais peut on parler de baiser, même indirect ? Je ne le pense pas. »

C'était aller fort loin que de parler ainsi de la communion, sachant que l'acte de transposition du sang vers le vin était une chose que seul le prêtre faisait, et ne faisait boire qu'aux jeunes gens entrant en communion. Lors des messes, seul le corps du christ était partagé, l'hostie sainte, aussi y avait il réellement matière à débattre ? Ou cherchait il simplement un moyen d'amener d'autres sujets, d'autre question ? Amenant celui ci vers le baiser entre homme, amical, fraternel, une question s'ouvrit en ma personne, celui de comprendre si j'étais attiré par ce baiser, si cet homme était un mal possible ou si seul ce démon à boucle délicate faisait brûler l'enfer en moi.

Je lui en fit l'aveu, je ne serai pas opposé à cet échange, à cette expérience, du moins, le sous entends je fortement et voilà que son sourire s'élargit, ses yeux pétillant. Attendait il cela depuis le début ? Serait il un démon ayant pris forme humaine ? Avait il pour but de me tenter et de me faire choir dans les abysses de la dépravation et de l'immoralité ? En un rien de temps, il m'invita dans les fourrés et frondaison, voulant me proposer une expérience, je savais parfaitement l'expérience qu'il voulait me faire essayer et pourtant...pourtant,il semblait si joyeux, volubile à m'appeler ainsi par mon prénom que, lorsqu'il tendit sa main je le suivi, sans la saisir néanmoins.  Curieux de tout cela, riant même quelques instant à ce qu'il me disait.

« Prenez le temps de respirer Victor. Vous ressemblez à un enfant trop excité en cet instant. Quant à votre histoire prussienne, je serai curieux de la connaître à moins que vous ne le souhaitiez pas et en ce cas je pourrais, effectivement vous offrir quelque gages religieux pour exacerber votre foi. »

Pourtant, le voici repartir, me parler de mon rôle d'homme d'église, que la tentation ne peux m'atteindre. Pauvre enfant, pense t il donc que je sois au dessus des hommes pour ne ressentir ainsi aucune tentation ? Étant prêt à le contredire il me sorti ce à quoi je m'attendais, mais qui me fit tout de même l'effet d'un boulet de canon. Clignant bêtement des paupières je l'observais bouche ouverte. Observant de chaque coté, je regardais. Pouvait on nous voir ? Nous entendre ? Nous apercevoir. Nous avait on vu partir ensemble de la sorte ? Mon cœur battait soudainement la chamade, je ne savais que répondre et avalait avec excès ma salive, déglutissant en observant cet homme et ses lèvres... je devais savoir. Alors, je m'avançais, laissant le démon prendre un peu plus de mon âme, les brûlures de mon dos me rappeler un peu plus combien j'étais pêcheur et venait, sans brusquerie prendre possession des lèvres de l'homme dans un baiser assez simple, chaste, doux. Il ne dura que quelques instant avant que je ne le rompe, observant l'homme droit dans les yeux.

« Vous parlez toujours avec tant d'assurance sans savoir ce qu'il en est réellement Victor. Le démon est en moi depuis toujours et me murmure chaque instant des choses blasphématoire à l'esprit. Le démon est en chacun, plus ou moins présent et le mien ne cesse de me pousser à des actes innommables tel que celui ci, car Dieu et la sainte bible les proscrive. Je ne suis en rien raisonnable ici, je ne suis qu'un humain poussé par mes vices et mes tentations, tel que le démon m'y amène. Mais je pense que vous avez le même démon auquel vous avez depuis longtemps cédé, quand je tente encore de lui résister, malgré ces moments infime de faiblesse qui me prenne en certaines occasions. »


( Pando )
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité


Message() / Dim 19 Juin - 16:08
Invité

Sister of Charity remains a Mystery
Léopold



Victor ne voyait pas pourquoi il aurait dû modérer son enthousiasme. Plus il parlait avec cet homme, qu'il avait longtemps révéré de loin, et plus il réalisait à quel point ils se ressemblaient, malgré les petits détails de surface qui semblaient les séparer irrémédiablement. Quelle importance avaient encore l'origine géographique, ou le milieu social, ou les considérations religieuses ou politiques, alors qu'ils se rejoignaient dans cette beauté luxuriante de la campagne anglaise, véritable image de la paix et de l'harmonie ? Ils avaient travaillé longuement pour une bonne cause et n'avaient plus qu'à s'en reposer, et ne plus penser à rien, simplement être heureux et sourire. Et ce sentiment, ils pouvaient le partager, aussi aisément que le baiser qui venait d'être accordé.

Il est vrai qu'avec un autre homme, Victor se serait contenté de communiquer cette affection par une étreinte que n'importe qui aurait jugé platonique. Mais Léopold avait un petit quelque chose de différent, il méritait davantage, et sans doute même en avait-il besoin, bien que ce ne soit pas exprimé explicitement. Au contraire ; à en croire les mots employés par cet être complexe, s'il avait un besoin, c'était d'être laissé tranquille, bien loin de toutes ces sornettes humaines qui l'enchaînaient à sa nature terrestre. Victor en était profondément désolé. Pourquoi chercher à s'envoler vers d'autres hauteurs, d'autres astres, quand on était si bien ici ?

Puisqu'il était en droit de s'exprimer, il s'appliqua à le faire en ôtant de sa voix le moindre reproche qui aurait pu s'y cacher. Mais il avait machinalement entouré de ses mains le prêtre lorsqu'il s'était approché. L'une de ces mains posée sur sa taille, l'autre sur son bras, il avait du mal à le lâcher, comme s'il craignait réellement qu'il ne s'envole soudain pour rejoindre tout à coup cette nature angélique, immatérielle, à laquelle il aspirait.

"Ce n'est pas un démon puisqu'il nourrit les plus nobles sentiments, ceux-là même que votre foi fait éclore chez vous : faites-vous vraiment la différence ?"

Après une hésitation, Victor remonta la main du bras à la joue de Léopold où il laissa une caresse légère. Si démon il y avait, c'était cette insatiable envie de communiquer par leurs corps ce que leurs discours seraient toujours incapables d'exprimer pleinement. Toucher, étreindre et bercer, cajoler et même chatouiller quand l'humeur était malicieuse... Cette communication animale était de son point de vue entièrement séparé des instincts prédateurs que la sexualité peut parfois montrer. Ce n'était qu'un langage, parallèle à celui des mots, de la musique, de la mode ou des fleurs.

"Vous servez les autres parce que vous êtes entraîné vers eux. Rien ne vous y force, c'est une attraction naturelle, un intérêt pour les histoires qu'ils ont à raconter, une harmonie que vous aimez cultiver," affirma-t-il en suivant du pouce le dessin de cette joue sculptée, qui avait dû être traversée parfois par de tragiques larmes de repentir. "Le son de leurs voix, l'éclat de leurs yeux, le soleil de leur bonheur, voilà ce que vous poursuivez... Ce que vos sens vous peignent de leur condition. Que les dieux et les démons existent ou non, quelle différence cela fait-il ? Vous êtes un homme bon parce que vous aimez, et vous l'auriez été dans tous les cas."

Pendant un instant, il se vit enrouler ses doigts errants autour de la nuque si proche, raffermir la pression sur la taille et ramener cet homme contre lui, pour un baiser plus affirmé. Mais s'il y avait bien une chose qu'il n'aurait pas supportée, c'était d'être réellement considéré comme un démon, au-delà de cet échange philosophique et abstrait qu'ils tenaient. Au lieu de cela, il se recula donc pour reprendre appui contre l'arbre, mais avec un mordillement des lèvres qui trahissait malgré lui ce qui lui avait traversé l'esprit.

"Et cette nature qui nous entoure... que nous disions merci à un créateur ou au hasard qui nous l'a fait connaître, nos coeurs ne battent-ils pas de la même gratitude ? Et cela ne s'applique-t-il pas à tous les êtres vivants qui la peuplent ? Allons bon, voilà que je parle en Franciscain."

Avec un petit rire, il détourna les yeux. Il pouvait apercevoir le scintillement de la rivière entre les branches croisées qui formaient un paravent entre eux et les regards.

"Nous ne sommes pas différents, vous et moi. Si vous vous accablez, vous m'accablez avec vous. Vos mérites sont les miens et vos crimes sont les miens. Et je ne voudrais pas qu'il en soit autrement."


Revenir en haut Aller en bas
Léopold Howley
Léopold Howley
Prêtre
Rang sur le forum : Administratrice
Messages : 219
Date d'inscription : 13/08/2021


Message() / Dim 26 Juin - 20:49
Léopold Howley

La charité n’est une vertu que dans la mesure où elle est un sacrifice

Rien. Cela ne lui avait rien fait de particulier. Pourquoi ? Pourquoi ce baiser, ce rapprochement humain de deux être n'avait pas eu l'effet escompté ? Il se souvenait pourtant, de cette sensation qui lui avait fait vriller le cœur, son estomac se tordant, son cœur menaçant de s’arrêter tant il battait fort, son ventre qui était rempli de papillon et son bas ventre qui tel un arlequin bondissant de sa boite avait pris vie en une seconde.
Mais là, en cet instant, alors qu'il avait échangé un baiser avec cet homme, goûté la douceur de ses lèvres, la chaleur de son être, il n'avait rien ressenti de plus que cela. Des levres douces, légèrement humide, chaudes. Mais rien au delà. Etais ce troublant ? Au plus haut point. Se sentait il mal pour cet homme qui lui offrait pourtant un si doux sourire ? Quelque peu. Car en cet instant une réalité s'imposait, brutalement, à son esprit. Ce n'était pas n'importe quel homme qui pourrait faire l'affaire. Son vice n'était pas à ce point, il était sur un interdit bien plus grand. Sur un homme certes, mais surtout, sur l'époux de sa sœur, celui qui faisait vivre le monde de son cœur.

Laissant Victor apporter sa douceur et sa compassion de ses gestes, poser la main sur lui, le rassurer, lui sourire, chercher à faire entendre raison dans cette tête de bois qu'il possédait à n'en point douté. Mais il s'y prenait mal, il ne comprenait pas, ne pourrait jamais comprendre lui qui avait pleinement embrassé son démon, se donnait à lui sans cherchait d'autres raison que son plaisir, sans se demander ce que Dieu pouvait penser de cela. Se dédouanant de son toucher d'un coup d'épaule, il fit un pas en arrière observant cet homme qui ne était dans le faux le plus total.

« Nobles sentiments que la luxure ? Que la déviance ? Que le goût du mauvais, l'impur, l'obséquieux, la lubricité, l'immoralité, la débauche, le vice ? Etes vous à ce point aveugler par le démon pour ne point voir à quel tout cela est mal ? Pensez vous vraiment que c'est là le souhait de Dieu, vous qui êtes si entouré par le malin que vous ne parvenez à croire en lui car ses préceptes ne vous conviennent point ? »

Un pas de plus pour s'éloigner de cet homme, il ne voulait plus qu'il le touche, il était blessé de voir à quel point il était attaché à Jacob, à quel point cet homme ne voyait que ce qu'il souhaitais voir, ce qu'il souhaitais être vrai, sans se remettre en question. De l'amour ? De la foi ? Il n'y avait rien de tout cela, car Dieu est amour, car Dieu à juger ceux qui font ce genre de chose et les a détruit de sa colére. Alors même qu'il tentait de parler de mes qualités je ne pouvais en supporter plus.

« Vous êtes bien peu instruit pour poser une question tel que celle ci. Qu'est ce que cela fait que Dieu ou les démons existent ? Qu'est ce que cela fait que des millions de personnes aient placé leurs foi, leurs espoir, leur vie entre les mains d'un Dieu juste si monsieur Victor Nitot dit que cela n'a pas d'importance, car il ne veut pas croire en ce qui pourrait mettre une barrière à ses souhaits et volonté. Vous êtes tel un enfant qui refuse de croire que le feu brûle, jusqu'à ce que cela arrive et en posant une tel question vous manquer du respect le plus élémentaire à ma personne et à toute la communauté de notre paroisse. »

Cet homme qu'il appréciait pourtant, en l'instant l’agaçait au plus haut point. Pourquoi un tel revirement ? Pour une déception, une colère contre lui même, un dégoût de lui même, mais il était si simple de la rejeter sur un autre que de s'avouer sa propre erreur, sa propre horreur.

« Dieu est tout. La religion est tout. Tout ce que nous avons n'est autre qu'un cadeau de celui ci et renier cela ou faire comme si ce n'était qu'un hasard reviens au même qu'un enfant qui rejette son père par peur de le décevoir, par envie de se rebeller pour se sentir aimer ou préféré. Nous sommes opposé Monsieur Nitot, car si vous semblez vous être offert à votre damnation, je la combat et la combattrais jusqu'à mon dernier souffle. »

Faisant demi-tour, clôturant la conversation sans vouloir en entendre plus, je retournais vers le convoi à pas lent, tentant de me calmer, de ne point me trahir face à ceux qui pourraient me voir sortir de ces fourrés, pour reprendre la route tranquillement, expliquant à qui voudrait l'entendre que, tel l'enfant j'avais eu besoin de m'arrêter un instant pour soulager quelques pressantes obligations. Tout homme de Dieu que j'étais, j'avais moi aussi une vessie à soulager et qui pourrait m'en tenir compte ?


( Pando )
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Anonymous
Invité


Message() / Lun 27 Juin - 12:14
Invité

Sister of Charity remains a Mystery
Léopold



Il fallut presque le chemin jusqu'à Londres pour que le joaillier refasse son apparition. Il avait trouvé un cavalier qui avait accepté de lui faire une place sur sa monture, et le salua d'un sourire éclatant alors que celui-ci le déposait auprès du convoi de ses camarades ; il allait maintenant falloir décharger le contenu de la charrette, et les bras de Victor ne seraient pas de trop à nouveau. Il avait pris le temps de pleurer tout le chagrin que lui avait exprimé le discours du prêtre, puis d'écrire une réponse qu'il avait pliée et remisée dans sa poche, et enfin, il avait cherché un moyen de rattraper les autres. Il évita soigneusement le regard de Léopold, et se contenta de rejoindre le cheval de trait, bien fatigué à présent, pour l'encourager de caresses sur les derniers mètres. La brave bête aurait mérité son repos.

A la faveur du déchargement, il remit son courrier au prêtre sans attirer l'attention, et retourna à sa tâche. Bientôt, les rires des petits orphelins qui venaient aider à la manœuvre ramenèrent un grand sourire sur son visage, mais il était nerveux, il ne se sentait guère en sécurité, et ses moindres gestes étaient contenus, comme s'il craignait qu'un jugement soudain ne vienne trancher la main qui avait péché par manque de rigueur.

La lettre disait:

Nul doute qu'elle serait vite brûlée. C'était d'ailleurs ce qu'il y avait de plus prudent à faire, étant donné le caractère explicite des sujets sinon abordés, du moins suggérés, et la facilité à deviner qui étaient les personnes concernées. La seule question était : serait-elle lue avant d'être brûlée, ou brûlée avant d'être lue ? Pour l'heure, Victor ne se risquait même pas à espérer qu'il recevrait un jour une réponse. A ce qu'il avait remarqué, de son peu d'expérience de la vie, les souffrances qui rendent méchant plongent souvent leurs racines dans la peur.


Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Message() /
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas



Page 1 sur 1Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-



Sauter vers: