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LA GARDEN PARTY DE PÂQUES-
Qui ne connaissent pas les fameuses Garden-Party de Pâques qu'organisait annuellement feu sa majesté la reine Charlotte ? En son honneur, la famille royale a décidé de perpétuer cette tradition ! Viendrez-vous nous rejoindre pour une chasse aux œufs ou une ballade en barque ? Venez Participer à la fête....
Allongé sur l'herbe, mon carnet de dessin ouvert et posé à l'envers sur mon ventre, j'inspire et hume le parfum de l'extérieur. Quelle belle journée, la petite brise empêche la chaleur d'être étouffante à l'approche de l'été, et pousse les odeurs subtiles des fleurs vers moi. J'aime ce calme environnant, j'aime le jardin de notre maison, j'aime cet endroit où personne ne vient jamais me déranger quand je dessine. Aujourd'hui n'échappes pas à la règle. J'ai eu envie de dessiner, le bal, Hermine, Luke. Et pour une fois, j'ai l'impression que le syndrome de la page blanche m'a eu et je n'ai malheureusement pas réussi à faire quoi que ce soit. A côté de ça, seuls quelques oiseaux ont pris place sur mes feuilles. Je soupire, ou plutôt j'inspire. J'ai une envie subite de dormir, là, au milieu de rien, mais je sais qu'il ne faut pas. Si je commence à dormir, je pense que je ne me réveillerai pas avant quelques heures. J'ignore pourquoi je suis autant fatigué en ce moment, ce n'est pourtant pas une période très chargée pour ma famille. Enfin si un peu, entre les soirées mondaines, les sorties à l'opéra et chez les amis de la famille, c'est vrai que je ne m'arrête que peu de temps à chaque fois. Pour une fois, j'aimerai avoir une journée où rien ne m'est demandé. Est-ce possible? Hum je ne pense pas malheureusement, en ayant un frère comme le miens, je ne peux me permettre de me prélasser comme j'en rêve pourtant. Est-ce grave de vouloir oublier qui je suis l'espace d'une journée? Je me relève finalement pour retirer mes vêtements et me rapproche du petit lac. L'eau est bonne, et je n'ai aucune peine à m'y plonger entièrement nu. L'avantage d'être presque en été je pense. J4ai toujours adoré le printemps, car les beaux jours approchent et permettent de se promener dehors sans souffrir d'une chaleur accablante. L'été n'est clairement pas ma saison préférée. Plongeant entièrement sous l'eau, je ressors quelques mètres plus loin vers le milieu du lac. J'ai toujours un peu pieds, ce qui me permet de me tenir droit pour essuyer mon visage et pousser mes cheveux vers l'arrière. Cela fait tellement de bien. Pour une fois, rien qu'une fois, être coupé de ce monde. Ce monde où je ne peux faire ce que je veux, où je ne peux aimer qui je veux. Honorine se moquerait bien de moi si elle était là, me répétant que je me prend toujours trop la tête et que je devrais relativiser. Facile à dire. Jamais je n'aurai pensé que cette saison me torturerait autant l'esprit. Je savais que si tout s'était déroulé comme père l'avait prévu, je serai aujourd'hui fiancé à la soeur de Luke, Adélina. C'est un bien joli prénom, et de ce qu'on raconte, elle est une bien jolie fille. Est-ce mal de penser pourtant bien plus à son frère qu'à elle? Depuis que Luke est à mon service, j'avoue avoir l'esprit de plus en plus embrouillé, et ne pas savoir ce qui est bien ou pas. C'est une torture que de se dire qu'il est là, pourtant toujours à mes côtés, à me supporter dans mes mauvais jours, et à me soutenir quand j'en ai besoin. Il est là tout le temps, et quand j'ai besoin d'un ami avec qui rire, il est toujours présent. Ami.... Est-ce réellement un ami? Est-ce qu'il ne fait pas tout ça parce qu'il est à mon service? J'aime à croire que non, et que si sa famille n'avait pas eu à le mettre à mon service, nous aurions pu nous connaitre et nous apprécier même lors des mondanités. En tout cas, cela fait plusieurs jours qu'il s'est passé... ce baiser, et il est toujours là. Je ne sais pas bien comment le prendre, car il n'a pas eu de geste ou d'attitude changée et reste le même Luke qu'il a toujours été avec moi. J'ai simplement remarqué ses joues bien plus rouges lorsque nos regards se croisaient ou quand Tim venait à reparler de la super soirée qu'il avait eu avec ses deux meilleurs amis. Est-ce que ça le gêne? J'avoue ne pas avoir réédité mon geste, de peur qu'il ne s'enfuit ou ne décide de ne plus travailler à mes côtés. Peut-être serait-il temps de lui en parler... En ai-je la force? Ou bien le courage? Je l'ignore. Peut-être l'eau de ce lac et quelques heures seul pourraient m'aider à voir plus clair et savoir quoi faire.
Contre la vitre fraiche de la fenêtre, mes doigts caressent sa silhouette de Hermès étendue dans l'herbe. C'est tout ce que je peux me permettre ; l'aimer à distance. Le toucher avec ce panneau de verre entre nous qui me rappelle concrètement combien nos mondes ne sont plus les mêmes désormais. Il l'ignore mais moi j'en ai tellement conscience. Il est près de moi au quotidien et pourtant il est si loin. Si hors d'attente... C'est comme chercher à refermer ses doigts autour du brouillard. On le voit, on le sent, on l'éprouve mais on ne peut le saisir... Pinçant mes lèvres, j'appuie une seconde mon front contre la fenêtre, contre lui, et soupire alors que je me remémore en fermant mes yeux la sensation de sa bouche sur la mienne. Le brûlure s'est estompée mais j'en garde les picotements délicieux qui soulèvent mon échine et vont se répercuter jusque dans mon ventre. Au lendemain du baiser, il n'a rien dit... Rien fait... J'ai essayé de me comporter le plus normalement possible en sa présence malgré le feu à mes joues, malgré mon cœur qui battait si fort mais il n'a eu aucun nouveau geste vers moi. Ce qui est bien entendu, complètement normal ! Le contraire aurait été... et bien impossible. Ce qui s'était passé à notre retour de la Maison Close était une erreur. Hermès était fatigué et il avait bu sans doute. Il était contrarié à cause de cette fille qu'il a évoqué et dont je ne veux rien savoir... J'étais là, voilà tout... Et si ça me fait mal de l'accepter, de me dire que je n'ai été qu'un substitue, au moins j'aurai connu la sensation d'être embrassée par lui une fois et ça je ne peux pas le regretter même si lui l'a oublié. Parce qu'il l'a forcément oublié. Ou il m'en veut de l'avoir laissé faire car c'est une aberration et préfère que ça reste sous silence, ce que je comprendrais d'autant plus... Rouvrant mes yeux verts, je souris malgré tout et passe une dernière fois mes doigts sur ce point de couleur au milieu de la verdure. J'imagine son visage offert au vent qui remue doucement la cime des arbres. Ses cheveux bruns sur son front. Cette mèche... Cette diable de mèche qui me donne l'impression d'être un carré de beurre au soleil dès qu'elle vient barrer son regard !
Je me détourne de lui, puis retourne à mon travail. Les domestiques sont venus refaire le lit et je m'en approche afin de tout bien tendre afin que plus un pli ne réside sur les couvertures, ramassant au passage sa chemise qui a glissé sous le sommier. Je la ramasse et la serre contre ma poitrine, glissant mon nez à l'intérieur alors que je me dirige vers le dressing de ses appartements en me berçant doucement. Son odeur... Je crois que c'est la chose que j'aime le plus au monde. C'est idiot sans doute... Mais c'est plus fort que moi. Je pourrais vivre sur sa peau à le respirer... Dans le dressing, je pose la chemise dans une recoin avec d'autres vêtements que je dois descendre aux lavandières et vais pour récupérer une veste sur laquelle j'ai remarqué un bouton décousu quelques jours plus tôt, mais je marque un arrêt lorsque j'aperçois le costume du bal masqué. Mes doigts l'effleurent avec tendresse et un sourire nostalgique. Le hasard avait fait que nous étions parfaitement assortis ce soir là. Quelle course ça avait été pour rentrer ! J'étais partie en retard tellement j'avais cherché à étirer le temps avec lui et résultat, il m'avait fallu courir à travers la ville afin de rejoindre Apsley House au plus vite avant lui.
- Hermès ?!
Je sursaute et me retourne pour me retrouver face à face avec le Duc de Wellington en personne. Son charisme m'avale et je me ratatine sur moi-même tant j'ai l'envie de me faire toute petite face à lui et à l'aura qu'il dégage. Mauvaise attitude ! Il faut que je me redresse ! Que je me tienne droite face à lui ! Immédiatement, je me tends de toute ma - petite - auteur, droite comme un i, dans une attitude presque militaire. Est-ce qu'il m'a vu caresser les vêtements de son frère...?
- Votre Grâce ? - Où est Hermès ? - Il est sorti dans le parc, Votre Grâce. - Je vois... Allez le chercher je vous prie. Nos invités sont arrivés et sa présence est requise.
Des invités ? J'ignorais que la famille ducale attendait de la visite... Sinon j'aurais veillé à ce que Hermès soit prêt... Il ne m'a rien dit de cette entrevue.
- J'y vais tout de suite Monsieur le Duc.
J'exécute une petite courbette de circonstances, puis une fois le Duc de Wellington sorti, j'expire, me rendant compte que j'étais en apnée jusqu'alors ! Bon sang ! Je reporte à plus tard ma visite à la laverie avec les affaires de Hermès puis prends la porte dérobée réservée à la domesticité afin de descendre les escaliers jusqu'à l'extérieur. Il fait beau aujourd'hui ! Le temps est agréable et annonce l'été ! J'espère que les températures vont véritablement remonter et ainsi rendre l'appartement moins humide. Que Luke se rétablisse enfin... Je m'enfonce dans le domaine en direction de l'étang artificiel creusé au fond du parc et marque un arrêt lorsque je me rends compte qu'Hermès n'est plus étendu dans la pelouse. Je regarde autour de moi en tournant sur moi-même, puis m'avise de ses vêtements laissé là juste à côté de son carnet. Je meurs d'envie de regarder ce qu'il a dessiné mais je me retiens. Honorine le verra bien assez tôt.
- Milord ? j'appelle en scrutant l'eau.
Je ne vois pas bien où d'autre il aurait pu aller tout nu... A moins qu'il ne se prenne pour un faune et ne poursuive une quelconque demoiselle mais je jure que si c'est ça, c'est moi qui me jette dans le lac... Bon sang, je réalise, il est tout nu ! L'image de son torse et de ses fesses s'impose à moi mais je les repousse vivement. Je ne dois pas penser à ça ! Certainement pas devant lui ! J'ai beau le voir régulièrement dans le plus simple appareil lorsque je l'aide à la salle de bain et à l'habillage... Je ne m'autorise jamais à le regarder de façon trop insistante depuis que j'ai malencontreusement effleurer une partie intime de lui le tout premier jour de mon service à ses côtés... Enfin il sort la tête de l'eau et je m'approche du bords :
- Milord votre frère m'envoie vous chercher. Des invités sont arrivés. Je suis désolée j'ignorais leur venue sans quoi j'aurais fait le nécessaire...
Je lui tends la main afin de l'aider à sortir du bassin et je réfléchis déjà à quels vêtements je vais aller lui chercher pour accueillir les convives de Apsley House.
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Romeo, save me, They're trying to tell me how to feel. This love is difficult, but it's real...
Ethana
Princesse du code et préparatrice de beauté pour LCL
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Emploi : Je suis la petite main qui travaille les codes de LCL, ainsi que les magnifiques Design que fait Mathou
UN. Etre un homme bien élevé. DEUX. Reprendre la suite de mon frère. TROIS. Rendre mère fière. QUATRE. Trouver une épouse. CINQ. Faire des héritiers et rendre heureuse ma femme. Voilà cinq choses pour lesquelles on m'éduque depuis des années, on me dresse, on m'entraine. Les femmes ont toutes autres obligations et enseignements, mais les principales règles à respecter et projets d'une vie masculine sont ces cinq points. Cinq points dont je ne me sens pas capable. J'ignore si je suis celui que je dois être, si je suis à la hauteur de mon nom et de ma famille. Je fais tellement d'erreurs ces temps-ci, que penserait Père s'il était encore là? Que dirait-il de mon comportement, des mes envies, de mes désirs? Est-ce une honte? Ou bien est-ce normal à mon âge? Certains se cherchent, à ce que j'ai pu comprendre pour mon frère, cela a duré bien des années avant qu'il ne comprenne réellement ce à quoi il aspirait. Mais moi? A quoi est-ce que je pense? Plutôt, à qui? Je plonge une nouvelle fois sous l'eau et je me met à compter. J'ai envie de voir combien de temps je peux tenir en retenant ma respiration. J'arrive à aller à presque trente secondes, mais quand je ressors je suis essoufflé, et j'ai la tête qui tourne. Je ne sais pas si c'est beaucoup mais en tout cas, c'est trop pour mon corps. J'inspire donc doucement pour reprendre un rythme cardiaque normal, et je me met en planche. Rester ici, dans le calme, et sans le bruit de Londres.... Je pourrais y passer ma journée, mais je pense que mon frère va finir par venir me tirer par la peau des fesses pour me trainer je ne sais où. Doucement, je commence à me laisser couler, chassant l'air de mes poumons, j'oublie le monde et je descend au plus profond de ce petit étang. Qu'est ce que je dois faire? Dois-je parler à mon frère de ce que j'ai vu l'autre soir? Dois-je lui parler de Luke? Luke.... Dois-je lui parler de ce baiser qui me hante encore aujourd'hui? Le silence bourdonne à mes oreilles, mais il me semble entendre une petite voix. Luke? Que fait-il ici? Alors que.... Pourquoi maintenant? Je remonte à la surface doucement et je le vois poser ses yeux sur moi. Il n'avait pas l'air de savoir que j'étais dans l'eau, mais il semble rassuré de me savoir là. Je ne sais depuis combien de temps il me cherche et cela me désole de lui avoir causé du soucis. Il se rapproche du bord de l'eau pour me parler. - Milord votre frère m'envoie vous chercher. Des invités sont arrivés. Je suis désolée j'ignorais leur venue sans quoi j'aurais fait le nécessaire... Oh c'est vrai les invités de mon frère.... Je lui avais pourtant dit que je ne voulais pas que nous recevions du monde cette semaine, que j'étais fatigué et que j'avais besoin de déconnecter de cette saison durant quelques jours. Il m'avait dit pourtant qu'il verrait ce qu'il pouvait faire.... Apparemment, il n'a rien pu faire, ou bien voulu. J'aime mon frère, mais ce qu'il peut être têtu!!!!! Bon je sais que c'est de famille mais tout de même, c'est usant. Je me rapproche du bord en nageant, je n'ai vraiment pas envie de sortir. Lorsque Luke me tend la main, j'ai envie de l'attraper, comme si c'était un signe. Une main tendue a tellement de significations.... Mais elle en a encore tellement plus pour moi quand elle vient de lui. Ces derniers jours ont été étranges et pourtant tellement ordinaires... Lorsque mes doigts effleurent les siens, un éclair me traverse et j'ai l'impression que ma peau me brûle. Son contact a bien trop d'incidences sur moi, et je n'ai plus du tout envie de rentrer à la maison. Je veux rester là, et... Je veux qu'il reste avec moi. Je souris alors, attrape la main qu'il me tend pour ensuite tirer vers moi et le faire tomber à l'eau. Il me semble l'avoir un jour entendu dire qu'il ne savait pas nager, je le rattrape donc pour éviter qu'il ne se noie ou bien qu'il prenne peur. Je ris malgré moi de ma bêtise alors que je n'ai pas encore pu voir sa réaction. « Mon frère peut bien attendre encore un peu. J'ai besoin d'un partenaire de désertion! » Inconsciemment je nage vers le centre de l'étang afin que nous soyons cachés de la maison. Entre nous et Aspley House, il y a un ou deux arbres capables de nous couper du monde et donc, empêcher que ce soit mon frère qui vienne nous sortir de l'eau lui même. Et cela me permet aussi de rester avec Luke sans craindre quoi que ce soit. « Je n'ai pas envie d'aller accueillir nos invités... J'avais pourtant demandé à mon frère de choisir un autre jour mais... Il n'a une fois de plus pas voulu m'écouter. » Je pose une dernière fois mon regard vers la maison et quand je juge que nous sommes assez cachés, je m'arrête pour nager sur place en battant un peu des jambes. L'avoir dans mes bras me semble si normal... C'est étrange et pourtant extrêmement plaisant. « Luke.... » J'ai envie de lui dire tellement de choses. Je suis désolé pour la dernière fois, je n'aurai pas du faire ça, j'aurai du te demander avant.... Mais pourtant rien ne sort de ma bouche. Si j'avais agi autrement peut-être qu'il n'aurait pas fui comme il l'a fait, il serait resté à mes côtés.... Resté... Ici il ne peut plus fuir, il est obligé de rester avec moi. Et il acceptera peut-être d'écouter ce que j'ai à dire. Son visage est si près du miens, j'en vois tous les détails sur sa peau parfaite. Un petit grain de beauté, une jolie petite taille de rousseur.... C'en est trop. Je me suis fait prendre à mon propre jeu. Je ne peux résister, je me rapproche doucement, cette fois ci bien plus lentement pour lui laisser le loisir de se détourner. Cela sera bien douloureux mais il faut que j'agisse avec plus de respect envers lui. Est-ce qu'il va me laisser faire? Est-ce qu'il va vouloir ce baiser?
J'ai l'impression que ma peau s'enflamme au contact de ses doigts... A tel point que je quitte mes réflexions quant à la tenue que je lui proposerai de porter afin de rejoindre ses convives pour plonger mes yeux dans les siens. Je m'y perds et m'y laisse couler aussi facilement qu'il l'a fait lui-même dans l'étang. Mauvaise idée... Ce n'est plus une flamme mais un incendie qui me lèche le corps et si il le devine, j'en mourrai d'embarras ! Aussi je m'efforce de détourner mon regard pour mieux simuler la désinvolture... J'observe l'eau. L'eau qui danse autour de lui... Roh voilà que je recommence ! A croire que je ne peux pas m'en empêcher ! Je ramène toujours tout à lui !
Je ne me suis jamais baignée dans ce genre de lieu. Je ne me suis jamais baignée tout court d'ailleurs... Je suis une jeune fille et qui plus est vivant à la ville depuis toujours, on n'a jamais cru bon de m'apprendre à nager. Je ne vois de toute façon pas bien où cela aurait pu être possible en dehors de la tamise... Mais je crois que si je savais comment faire, j'aurais sauté à l'eau tout de suite car ma température corporelle semble déréglée ! Le soleil est clément aujourd'hui mais pas assez pour me donner de telles vapeurs ! Non ça vient d'Hermès ! Ca vient toujours d'Hermès et ça ne s'arrange pas lorsqu'il me sourit tout en refermant ses doigts autour de miens. Je m'apprête à me redresser afin de mieux me camper sur mes jambes pour l'aider à sortir de l'eau, mais il se bloque lui même ce qui me surprend. Qu'est-ce que...
- AH !
Le temps d'un instant, je sens le fouettement de l'air, mes vêtements qui flottent et... OH MON DIEU ! Je me sens immergée et panique alors que le froid me mord la peau ! Jamais je n'ai ressenti un froid aussi intense ! Même la première nuit dans le petit appartement de East End où je vis désormais avec ma famille... C'est comme s'enfoncer dans un tunnel de glace ! Comme si mes os gelaient jusqu'à la moelle ! La seconde suivante, je sens un bras s'enrouler autour de ma taille. Je fends l'eau dans l'autre sens et émerge abasourdie à la surface. J'inspire une grande goulée d'air en toussant et cherche à me raccrocher en quelques gestes désespérés à la première chose que je peux, y enroulant mes bras et m'y cramponnant. Mon souffle est court et ma vision embuée alors que je cligne des yeux pour regarder Hermès qui rit, visiblement fort amusé. Moi je me sens totalement perdue mais je suis rassurée de savoir qu'au moins je suis vivante. Enfin presque ! Je n'ai jamais eu aussi froid de ma vie ! Le seul élément chaud... c'est Hermès... si proche de moi... Je réalise alors à quel point je suis littéralement enroulée autour de lui mais je ne peux me résoudre à élargir la distance entre nous tant j'ai peur que l'eau m'engloutisse à nouveau.
- Je sais pas nager Milord me... me lâchez pas ! C'est... froid...! Milord !
Je ressers ma prise à son cou alors qu'il m’entraîne avec lui vers les profondeurs de l'étang, mettant ainsi les arbres du parc entre Apsley House et nous. Je devrais défendre les intentions louables du Duc afin de tranquilliser Hermès et l'encourager à rejoindre son frère comme ce dernier l'exige mais là tout de suite tout ce à quoi je pense, c'est garder mon chapeau sur ma tête et qu'il continue de cacher mes cheveux gorgés d'eau ! Heureusement que je le fixe avec quelques épingles bien dissimulées... Mon marquis s'arrête enfin d'avancer. Je me referme encore d'avantage autour de lui intimidée par les abysses peu profonde qui nous entoure et qu'il semble apprivoiser à merveille mais qui à moi me sont totalement inconnues... Je regarde nerveusement autour de nous, cherchant à deviner nos pieds ou au moins le fond de l'étang mais je ne vois rien...
- Luke... - Oui Mi... je me coupe, saisie par la gravité de son regard que je lui rends.
C'est comme si le monde entier attendait. Le vent dans les arbres, le clapotis de l'eau, le chant des oiseaux, le bruit des calèches et des sabots des chevaux qui frappent les pavés de l'autre côté du mur d'enceinte... Tout s'évanouit. Je me soumets à son regard qui court sur mon visage et m'empourpre doucement mais cette fois je ne me détourne pas. Je suis captive de lui. De toutes les façons dont il est possible de l'être... Lorsque je le vois s'approcher de moi, combler ce vide tortueux qui est constamment entre nous, mon cœur manque un battement et je me fige. Les images de ce baiser qu'il m'a donné il y a quelques jours affluent et implosent. J'ai beau vouloir les repousser, me dire que je ne dois plus m'y attarder, que tout ça était une erreur, plus Hermès s'avance et plus elles m'étreignent. Je devrais bouger je le sais. Dire quelque chose mais j'en suis incapable ou plutôt, je ne le veux pas... Je veux savoir... Je veux voir si il va le refaire où si il s'amuse simplement à je ne sais quel jeu à mes dépends... Je me dis qu'il va dévier à tout instant ou se reculer en éclatant de ce rire que j'aime tellement entendre. Pourtant il n'en fait rien. Je sens les larmes monter à mes prunelles et j'en ignore la source... La raison... Mais rapidement une perle saline se met à rouler le long de ma pommette alors que les lèvres d'Hermès se posent sur les miennes avec la douceur d'une aile de papillon.
- M... Milord... Je suis un garçon Milord... je murmure contre sa bouche, parlant dans son souffle.
Tim m'a dit qu'il s’entraîne parfois à essayer des choses disons intimes au bordel avant d'en faire profiter des personnes plus essentielles pour lui. Je n'ai pas envie d'être ça pour Hermès... Je veux être près de lui plus que tout mais ça, ce serait au dessus de mes forces qu'importe combien j'en ai envie... Ce serait trop dur. La dissipation de l'illusion que je peux être avec lui, à lui, trop douloureuse.
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Ethana
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- Oui Mi... Un souffle qui s'évanouit. C'est la sensation que j'ai au petit son de sa voix qui devient de plus en plus petite, de plus en plus silencieuse. Déjà que Luke n'a pas une voix très grave, l'entendre murmurer de cette manière a le don de faire s'accélérer mon coeur. Ou bien est-ce cette étrange et pourtant si belle situation qui me fait cet effet. Non c'est définitivement sa voix qui a bien trop d'effet sur moi. Cela n'est pas la première fois que je me fais cette réflexion, et je ne sais pas pourquoi mais je trouve ça tout à fait normal. Tout ceci est normal, et pourtant, cela ne devrait pas. Car même si à mes yeux, Luke est une évidence, qu'en dirait ma famille? C'est une question que je devrais me poser, à laquelle je devrais avoir une réponse, mais là, à ce moment là, il n'y a rien qui compte plus pour moi que la petite chose que j'ai entre mes bras. Luke est si petit, il est si frêle et il me donne envie de le garder contre moi, de le réchauffer pour ne pas voir son corps meurtri par le froid de l'eau qui a fini par me faire du bien tant mon corps était en ébullition quelques minutes plus tôt. Je voudrais que cet instant ne finisse pas, qu'il reste là et qu'il ne s'éloigne surtout pas. Je m'attendais à ce qu'il recule, qu'il évite mon regard, qu'il évite mon baiser, et pourtant, je dois admettre que je suis bien surpris qu'il n'en fasse pas un geste. Il reste là, accroché à moi comme si j'étais sa bouée, en même temps il ne sait pas nager, où irait-il? Mais il ne montre aucune hostilité envers mon geste, il n'essaye pas de me faire comprendre qu'il ne veut pas que ce genre de choses se produisent. Est-ce une invitation, ou une résolution? Ses lèvres sont douces et s'il y a quelques secondes j'aurai juré les voir trembler, il en est tout autre à présent. La chaleur des miennes les a réchauffées, et la pression qui se fait contre ma bouche est délicieuse. Différent. Pourquoi est-ce si différent des demoiselles de la maison close? Qu'y a-t-il de différent? Elles ne sont pas moins douces que celles des filles, et Luke a lui aussi un parfum assez doux qui me fait penser à un fruit sucré et mur à point.... Tout en lui semble si.... féminin.... désirable.... adorable. Luke est adorable.
- M... Milord... Je suis un garçon Milord...
Je sens ces jolies lèvres que je dévore en rêve depuis des jours bouger légèrement contre moi, et sa voix sonne comme un murmure, comme un supplice. Un garçon? Est-ce une plainte? Est-ce un problème qu'il soit un garçon? Oui, évidemment que oui. Pour la société en tout cas. Pour moi? Evidemment que non. J'ouvre légèrement mes yeux quand il me semble ressentir une légère sensation d'humidité contre ma joue. Quand bien même nous hommes dans l'étang et je m'évertue à nous garder hors de l'eau, il est peu probable que je nous ai arrosés de la sorte. Quand je remarque la peau brillante de la joue de Luke est ses yeux humides, je comprends tout cette sensation me provient et mon coeur se serre. Est-ce que Luke pleure? Est-ce moi qui .... Evidemment que c'est moi.
« Tu pleures? »
Je m'écarte légèrement pour ne plus que ma bouche soit proche de la sienne, mais je pose mon front sur le siens malgré moi. Je ne veux pas m'écarter complètement, ce serait accepter que c'est terminé. Et c'est la dernière chose que je souhaite.
« Est-ce si horrible de m'embrasser que ça te fait pleurer? »
j'ai envie de jouer un peu d'humour pour le détendre, car je pense connaitre la vraie raison qui le fait pleurer. Je n'ai pas peur qu'il me dise qu'il ne veut pas m'embrasser, car je sais qu'il en a envie. Il me l'aurait dit plutôt que de me sortir qu'il était un garçon. Il m'aurait dit que cela ne se faisait pas, qu'il était mon valet, ou bien une autre raison. Là, il me dit être un garçon. Il sait que nous n'avons pas le droit de faire cela, mais cela n'empêche que nous en avons envie tous les deux.
« Luke.... Je me fiche que tu sois un garçon. Cela n'empêche pas mon coeur de battre plus fort quand tu es là. »
Ses lèvres sont comme un alcool fort qui me coupe le souffle. Ses bras sont un cocon dans lequel je meurs d'envie de me lover. Pourtant je la sens, cette larme qui roule sur ma peau et qui tire sur mon cœur étreint par le doute autant que l'incompréhension. Pourquoi Hermès m'embrasse ? Dans quel monde est-ce que c'est possible alors que tant de choses sont entre nous ? Mon nouvelle condition pour commencer... Je fais partie de sa domesticité... Les gens comme lui et les gens comme moi ne se mélangent pas. Du moins c'est ce qu'on m'a toujours enseigné. Ma gouvernante m'avait reprit très strictement lorsque plus petite je m'étais éloignée d'elle dans Vauxhall afin d'aller rejoindre un groupe d'enfants de moins bonne naissance que moi qui jouaient près de l'eau. Lorsque nous étions rentrées, maman à son tour m'avait fait la leçon et m'avait expliqué qu'ils n'appartenaient pas à notre cercle. Aujourd'hui, c'est moi qui ne fais plus partie de celui d'Hermès... Je suis à son service et non plus sa fiancée. Il ne devrait pas avoir ce genre de geste envers moi ça n'a aucun sens... Mais ça fait deux fois désormais qu'il fait ça et si la première aurait pu s'apparenter à une erreur, celle là semble tout à fait volontaire ce qui me laisse perplexe. A ses yeux je suis un homme. Lui aussi en est un ! Ce genre de chose n'existe pas ! Dans tous les romans que j'ai pu lire, dans la vie autour de moi en général, je n'ai jamais vu ou ni même entendu que deux garçons pouvaient faire et bien... cela.
Et pourtant "cela" est si bon... Tellement bon que c'en est douloureux. Lorsqu'Hermès se recule légèrement et me retire ses lèvres je sens comme une sensation de vide me parcourir et je meurs d'envie de le ramener à moi mais je me retiens. Je ressens ses yeux qui suivent la coulée de la larme qui a mouillé ma joue et déglutis lorsqu'il me demande si c'est si horrible de l'embrasser. Je secoue la tête sans le quitter de mes yeux humides. Non... Non ce n'est pas horrible de l'embrasser. C'est même la meilleure chose au monde ! C'est tout ce que je souhaite faire pour le restant de mes jours mais là est bien le problème. Si pour lui tout ça n'est qu'un passe temps, une expérience ou que sais-je quoi d'autre, pour moi ça chamboule tout mon monde. Car comment je vais faire désormais pour vivre sans ça en sachant qu'il en a fait exprès ? Pour être avec lui sans avoir envie qu'il recommence ? Perdue dans le torrent de mes émotions provoqué par toute cette situation impossible qui n'est qu'un tourbillon d'incompréhension et d'envies interdites, je baisse mon regard car je suis incapable de soutenir le sien d'avantage. Je l'aime beaucoup trop et je me sens au bord du sanglot. Tout ça c'est trop pour moi. Il vient de me donner tout ce que j'ai toujours voulu depuis que je l'ai rencontré, tout ce dont je rêve que je sois éveillée ou endormie en un souffle et à présent j'ai la souffrance au corps de savoir que je n'aurai jamais cela avec lui. Pas comme j'aurais du l'avoir si nous nous étions rencontré durant la Saison... Je repense au bal masqué de la Comtesse et une vague de regrets m'assaille alors que je ne peux m'empêcher de resserrer mes mains autour de son cou. Mes joues me brûlent tant l'embarras les enflammes et mon cœur cogne fort dans ma poitrine que j'ai toujours plaquée contre la sienne... Peut-il le sentir...? Entendre ses pulsions qui n'existent que pour lui à cet instant précis ?
Si je savais nager chercherais à rejoindre la berge afin de courir me cacher aussi loin que possible car je suis incapable de lui dissimuler ce que je ressens pour lui là tout de suite... C'est comme être à nue face à Hermès, mon amour pour lui à même ma peau qu'il peut toucher à souhait hors il ne peut pas voir ça ! Il ne doit pas savoir que mes sentiments pour lui vont bien au delà du respect d'un valet pour son employeur...
- Luke... Je me fiche que tu sois un garçon.
Je le regarde à nouveau par dessous mes cils qui ombrent mes joues. Il se fiche que je sois un garçon ? Est-ce permis de s'en moquer quand le monde entier semble appairé en deux sexes opposés ? Je n'ai jamais vu deux hommes ensemble en dehors de leurs liens d'amitié. Du moins pas que je sache.
- Vous vous en fichez...? - Cela n'empêche pas mon cœur de battre plus fort quand tu es là.
Quoi ? Un hoquet de stupeur me prends et me fait un instant décrocher mes bras de son cou. Je coule à pique mais me rattrape à lui maladroitement et émerge en recrachant l'eau de l'étang qui n'est définitivement pas bonne du tout ! Je le regarde sans rien dire mais le silence est équivoque et lui dit plus de choses que les mots auraient pu le faire. Il lui confie mon hésitation. Ma perplexité. Mais aussi mon espoir. L'espoir qu'il partage ce que je porte en moi depuis des mois et qui implose chaque fois que je suis à ses côtés. Sans trop savoir où je trouve l'audace de faire ça, je regarde son torse et y pose ma main afin de ressentir le tambour de son palpitant dans ma paume, puis je prend la sienne et fait de même sur le mien en course.
- Est-ce que j'ai le droit de ressentir ça pour vous Mylord...? En étant ce que je suis et vous ce que vous êtes...?
Je parle d'avantage de ma condition de pauvre doublée de celle de domestique que de ma pseudo masculinité pour le coup. L'éducation protocolaire de jeune fille qu'on m'a inculqué me hurle que non, que tout me le défend mais je la repousse dans un coin de ma tête. Car seule la réponse d'Hermès m'intéresse. Sa version sera la mienne.
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Ethana
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Je le sais, et je le comprends quand je vois ses yeux s'aggrandir quand je lui parle, quand j'ouvre mon coeur et que je lui fais pas de ce que je ressens. Cela ne doit pas être simple, et cela doit faire mal, ou bien lui amener des milliers de questions en tête. Pourquoi est-ce que je fais ça? Est-ce que je suis conscient de mon geste? Est-ce que c'est réel? Peut-être doit-il penser que je me sers de ma position de maitre pour lui faire ce que je veux? Mon dieu... s'il vient à penser ce genre de choses... Je n'imagine pas ce qu'il peut se tramer dans sa tête, toutes les questions qu'il doit se poser. Luke est comme ça, il réfléchit, il pèse toujours ses mots, enfin, pas toujours quand il est avec moi, mais c'est ce que j'aime, car bien souvent, quand il se rend compte de ce qu'il a dit, il se mord doucement la lèvre et fronce les sourcils. Et ça le rend encore plus mignon. Le fait que nous soyons des hommes tous les deux doit l'effrayer, et peut-être pense-t-il que ce n'est pas normal, que cela ne devrait pas se produire. Peut-être n'a-t-il jamais aperçu mon frère... sinon, il aurait sans doute vu que cela était possible...
Quand il lâche mon corps, happé par la stupeur de ma phrase, l'eau se fond entre nos corps et le froid s'empare de moi. Non je ne veux pas qu'il s'écarte. Mais en quelques secondes, il se raccroche à moi, et je repasse mes mains autour de son corps pour ne plus qu'il puisse partir. Et je ne veux pas prendre le risque qu'il se noie. Ses yeux se refondent dans les miens et j'ai l'impression qu'il peut lire au plus profond de mon âme. Oh Luke, ne vois-tu pas comme mon coeur bat pour toi? Et comme s'il avait entendu mes pensées, sa main se pose sur mon torse et plus précisément, juste au dessus de mon corps. Ce simple geste le motive à battre plus vite, plus fort, comme s'il voulait exprimer tout ce qu'il ressent, comme s'il voulait apporter la preuve dont mes paroles ont besoin. Quand Luke attrape ma main, et me force à lacher son corps, je suis subjugué, par sa peau qui touche la mienne, par sa deuxième main qui me relache, comme persuadé que je ne vais pas le lacher, exprimant toute la confiance qu'il a en moi... Je suis son geste, et quand ma main se pose sur sa poitrine, quand son coeur tape contre ma paume, je relève les yeux vers lui. - Est-ce que j'ai le droit de ressentir ça pour vous Mylord...? En étant ce que je suis et vous ce que vous êtes...? Alors je ne suis pas fou... J'ai imaginé tant de fois qu'il ressente lui aussi ce genre de choses, mais qu'il n'ose pas me l'avouer, et se l'avouer à lui-même. Un sourire se dessine sur mon visage et un rire s'échappe de ma gorge. C'est comme un soulagement, comme une bouffée d'air qui vient enfin pénétrer mon corps et me redonne le droit de respirer. « Tu sais... mon père me disait toujours :"Ce n'est pas ta condition qui fait l'homme que tu es, c'est ce que tu décide de faire, jour après jour, qui montre qui tu es". Alors, qu'importe ce que tu es et ce que je suis, moi je sais qui tu es. Tu es Luke. Tu es juste Luke. Et c'est tout ce dont j'ai besoin. » Je nage comme je peux pour nous rapprocher du bord, car je sais que là, Luke ne cherchera plus à me fuir comme il l'aurait fait avant et une fois près de la rive, je me repose légèrement contre le sol qui se rapproche de plus en plus de mes pieds. Dès que nous avons pieds, je m'assois pour que nous soyons plus à l'aise, et que l'eau nous protège du froid et je rapproche Luke de moi jusqu'à ce qu'il tombe légèrement contre mon corps. Je n'ai plus envie de le laisser s'éloigner. « Avoir le droit ou non de faire quelque chose ne doit pas t'empêcher d'en avoir envie. De quoi as-tu envie Luke? »
Dans son étreinte, j'oublie que je suis Luke. Sous ses yeux je ne suis plus que Adélina. Je suis moi, dans les bras de celui que j'aime. J'ai son cœur qui bat dans la paume de ma main et je voudrais être capable de la refermer autour afin de le garder à moi pour toujours. Est-ce que j'ai le droit d'éprouver tout ça...? Est-ce que je le peux quand je n'ai plus rien et que lui a tout ? Le monde s'ouvre à Hermès. Il est le frère de l'un des hommes les plus puissants d'Angleterre. Un héro de la nation. Il est riche. Il est beau... Il s'épanche rarement sur ses sorties festives de la Saison mais je suis certaine qu'il est la cible de bien des convoitises. Moi, je n'ai littéralement plus rien... Je n'ai plus de fortune, plus de place dans la Société aristocratique. Je suis à terre les pieds dans la boue quand lui flirte avec les étoiles et on m'a dit toute ma vie qu'il n'y a aucun lien possible entre ces deux mondes. Pourtant ils ne sont pas si loin l'un de l'autre...? Ils évoluent en parallèles constantes et il suffirait que l'on tende tous deux la main pour les faire s'entremêler...
Lorsqu'il me sourit suite à ma question, j'ai l'impression que mon enveloppe charnelle disparait et que je m'éparpille à tous vas. Ses yeux dans les miens sont la seule chose qui me retiennent un tant soit peu sur terre. Pourtant j'attends sa réponse. Je suis suspendue à ses lèvres et je ferme plus fort mes doigts sur sa poitrine comme pour me raccrocher à son palpitant dans une supplique muette de me dire que oui, tout cela est permis...
- Tu sais... mon père me disait toujours : "Ce n'est pas ta condition qui fait l'homme que tu es, c'est ce que tu décides de faire, jour après jour, qui montre qui tu es". Alors, qu'importe ce que tu es et ce que je suis, moi je sais qui tu es.
Mes lèvres s'étirent doucement face à cette réponse qui me réchauffe malgré la froideur de l'eau qui m'enveloppe. Moi aussi je sais qui il est. Je le vois derrière tout ça. Derrière ce rang qui est le sien et ce nom. Et il est tout ce que je désire le plus au monde. Ça devient plus vrai chaque jour. Car si au début il ne s'agissait que de curiosité quant à savoir qui aurait pu être mon futur époux, Honorine a été charmée par nos échanges épistolaires puis ensuite Luke... Parce que Luke voit Hermès tel qu'il est dans la plus stricte intimité. Je vois ce dont personne d'autre ne peut être témoin et qu'il ne peut arborer en société comme par exemple sa douceur, sa vulnérabilité mais aussi sa passion et sa bravoure. Comment je pas l'aimer d'avantage à chaque seconde qui passe ? Mais le rictus disparaît lorsqu'il prononce le prénom de mon frère au lieu du mien et je me referme quelque peu sur moi-même. L'aiguille qu'il plante dans mon cœur est involontaire de sa part mais je la ressent malgré tout. Pourtant je ne m'attarde pas sur cette petite douleur qui passe rapidement car même si il est persuadé que je suis Luke, il dit qu'il n'a pas besoin de savoir autre chose de moi. Au fond... Je ne lui cache que la vérité quant à mon sexe car le reste du temps, j'ai beau essayé de me comporter au maximum comme un garçon je demeure moi-même. Je n'essaie pas d'imité le caractère de mon frère car je ne doute pas que ce serait un échec cuisant et il est déjà assez compliqué comme ça de préserver les apparences de ma masculinité sans me rajouter en plus un personnage à jouer.
Lorsque Hermès se met à nager, je referme mes bras autour de son cou et resserre doucement mes jambes autour de sa taille. Portée par ses mots, je me laisse aller dans cette étreinte et me détends contre lui, m'abandonnant totalement à son porté autant qu'à son mouvement à travers l'eau qui nous caresse tous deux. L'instant est presque irréel. Il ressemble au sentiment de légèreté que j'éprouve parfois dans mes rêves lorsque Hermès vient les visiter. Il s'assoit sur la berge et j'étouffe un petit sursaut lorsqu'il me fait tomber légèrement contre son torse. Notre position est des plus inconvenantes mais il n'y a pas un autre endroit où je préférerais être là tout de suite qu'assise sur lui de la sorte... Je me rends comte en baissant mes yeux sur lui que sa peau parait plus claire à travers l'eau.
- Ce dont j'ai envie...?
De ça. De cette proximité. De ces sentiments partagés. C'est lui que je veux.
- De toi. J'ai envie de toi.
Je n'ai bien entendu absolument pas conscience du sens de ma phrase qui est dite avec l'innocence la plus pure d'une demoiselle de mon âge ignorant les choses de la chair et la façon de les exprimer. Pourtant si je les connaissais, je ne suis pas certaine que je serais cela dit bien loin de la vérité...
- Est-ce que tu peux m'embrasser encore ? Je ne pleurerai pas cette fois.
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« Avoir le droit ou non de faire quelque chose ne doit pas t'empêcher d'en avoir envie. De quoi as-tu envie Luke? »
Je ne sais pas pourquoi mais je n'arrive pas à détacher mes yeux de ce petit visage si beau et si doux, cette peau de crème que j'ai envie de toucher. Alors qu'il est sur moi, j'ai envie de connaitre chaque centimètre de son corps et de pouvoir enfin les toucher sans que cela puisse lui paraitre étrange ou malvenu. Ses jolies joues roses m'ont tant de fois appelé et pourtant, jamais je n'ai osé les effleurer, sauf pour en essuyer une larme. Là, je sais que je peux enfin le faire pour en ressentir la chaleur qui se dégage de la couleur qui les anime. Le rouge, le feu, la passion. En quelques instants, le Luke qui se trouve avec moi semble différent, il semble plus audacieux, plus possessif, plus capricieux et mon coeur bat plus vite. C'est étrange, mais j'ai l'impression d'aimer qu'il soit comme ça, qu'il ne cherche plus à se cacher, à fuir, à m'éviter, mais qu'il soit là pour moi. J'aime l'avoir contre moi.
- De toi. J'ai envie de toi.
Je ne sais pas si le sens de sa phrase est le même que l'image qui afflux dans ma tête à ce moment là, la pureté d'ame et de coeur de Luke me fait penser que ce n'est pas le cas, mais c'est plus fort que moi, mon corps rêve à des choses qui ne peuvent arriver.... Pas là en tout cas.. Pas ici... Pas comme ça. Néanmoins, le simple fait qu'il ose avouer qu'il me veut moi, qu'il veut mon amour, et qu'il veut me donner le siens me fait sourire. Je me sens vivant, je me sens à ma place.
- Est-ce que tu peux m'embrasser encore ? Je ne pleurerai pas cette fois.
Un petit rire m'échappe et je dépose mes mains sur son cou en plongeant mes yeux dans les siens. C'est tellement mignon que cela m'a dérouté et m'a fait perdre le fil.
« Tu n'as pas besoin de le demander, mais je dois admettre que j'adore que tu le fasses. »
Je me rapproche de lui cette fois sans crainte d'être repoussé et mes lèvres se posent sur les siennes pour un baiser cette fois un peu plus fougueux que le précédent, un peu plus ouvert, un peu plus sincère. C'est comme si savoir que ce je ressens est partagé a poussé mon coeur à laisser sortir tout ce qu'il avait à dire, et se retranscrire dans cet échange. Je sais que je vais devoir retourner à la maison, que nos invités vont tenter de me distraire pendant que je repenserai à ce bain pris en cachette, à ce baiser, et à ce corps que j'aime tant. Mais en attendant, je profite du moment, de ce simple petit moment où je ne suis plus marquis mais juste Hermès.
« Ces lèvres t'appartiennent.... A toi et rien qu'à toi. »
Lorsqu'il rit à ma demande, un instant je pense avoir dit quelque chose de mal mais son expression et surtout la façon dont il me ramène à lui et me regarde me rassurent vite. Je lui rends son sourire bien que plus timidement et rosis de plaisir lorsqu'il m'assure que je n'ai pas à lui demander pour qu'il m'embrasse.
Je m'approche de lui autant qu'il s'approche de moi. C'est la première fois que je m'autorise à aller vers Hermès. J'ai un peu la sensation d'aller chercher ce baiser autant qu'il me le donne. Peut-être qu'un jour, c'est moi toute seule qui lui en donnerai un... Ses lèvres se posent sur les miennes et j'enroule mes bras autour de son cou comme pour mieux nous rapprocher, si il est encore possible que nous soyons plus proches l'un de l'autre. Cette fois sa bouche ne se contente pas d'effleurer la mienne comme les fois précédentes. Elle s'en empare avec d'avantage de fougue et une clarté d'intention qui me fait frémir de tout mon être. Une seconde je me fige, surprise par la violence de ce que je ressens et de ce qu'il fait déferler en moi, mais doucement je me laisse apprivoiser par cette sensation aussi inconnue qu'additive et m'y abandonne. J'avance en terrain inconnu et je me sens maladroite mais ça n'a pas la moindre importance pour moi. Je me sens beaucoup trop heureuse, pour ne pas dire euphorique ! Tout ce qui m'importe c'est que je suis dans ses bras et qu'il m'embrasse ! Non, qu'ON s'embrasse ! Tous les deux ! Je le suis dans cette expérience nouvelle et souris contre ses lèvres au milieu de notre baiser. Mon cœur cogne fort dans ma poitrine et pourtant j'ai l'impression de manquer de souffle pourtant je m'en moque. Il peut bien prendre tout mon air si il le souhaite tant qu'on peut rester ainsi.
J'aimerais qu'on ne s'arrête jamais, mais le temps lui continue de défiler et je sais qu'il va falloir qu'il retourne à ses obligations de marquis. Il parait en prendre conscience également puisqu'il finit par rompre le ballet de nos lèvres, me laissant quelque peu essoufflée. Je me sens aussi complète qu'incomplète. C'est comme si j'avais eu tout ce que j'avais toujours voulu et que pourtant, je désirais plus, quoi que ce fut.
- Et moi je suis à toi et rien qu'à toi... je lui réponds en posant mon front contre le sien sans le quitter des yeux.
J'en reviens pas de pouvoir lui dire ça. J'en reviens pas qu'il me rende mes sentiments. J'avais cru l'avoir définitivement perdu suite à la déchéance de ma famille et que je serai condamnée à l'aimer de loin et en silence sans jamais être en droit d'attendre quoique ce soit de lui, mais il m'aimait ! Enfin il n'avait pas exactement dit ça mais... c'était un peu ce que tout cela voulait dire, non ? Je réalise alors que je suis assise sur lui alors qu'il est... nu ! SEIGNEUR DIEU !
- Oh je...! Pardon Milord !
Rouge d'embarras je me relève comme si je venais de me brûler à lui - peut-être est-ce un peu le cas - et m'empresse d'aller chercher ses vêtements que je lui tends en prenant soin de regarder pudiquement ailleurs. Du temps où j'avais ma propre femme de chambre je n'étais pas embarrassée à l'idée qu'elle me voit nue parce qu'elle m'aidait dans mon quotidien depuis que j'étais très jeune, mais je n'arrivais pas à faire preuve du même détachement avec Hermès. Le voir dans le plus simple appareil, bien que c'était déjà arrivé à plusieurs reprises - allumait toujours ce feu incontrôlable en moi au point de m'en colorer vivement les joues et de transformer mon sang en miel chaud...
Je l'aide à rajuster ses vêtements de mon mieux et une fois qu'il est prêt, je me recule d'un pas et l'admirer. Ses cheveux sont encore quelque peu mouillés mais étrangement ce contraste le rend encore plus séduisant qu'il l'est déjà naturellement...
- Je vous attendrai dans vos appartements, Milord.
Je retrouve le vouvoiement sans y faire vraiment attention. Sans doute à cause de sa mise qui le rend à nouveau très officiel et très... loin de moi. Ce constat m'oppresse la poitrine aussi avant qu'il ne s'en aille, je me surprends à le rattraper par la main dans un geste qui parait presque désespéré, pour ne pas dire craintif. Pas de lui, mais de la suite. J'espère que tout ça n'était pas juste un moment d'égarement... Comme pour m'en assurer, j'ose franchir le pas et retourner à son contact. Je le regarde un instant, incertaine, puis je l'embrasse. Après tout, il m'a dit que je n'avais pas à lui demander...
Malgré mon uniforme gorgé d'eau qui me colle à la peau, je me sens réchauffée d'une chaleur douce et intarissable et lorsque je le laisse enfin partir, cette fois je garde mon sourire.
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