Les épines d'une rose | Pv Fiona

Elle préparait un bouquet de fleurs. C'était en soit une chose commune et pourtant un privilège que lui offrait son amie, sa compagne. Elle n'était point la fleuriste de la boutique, mais elle avait toujours eu le droit de composer son propre bouquet, qu'elle payait bien évidemment, mais ce genre de choses étaient tellement personnel. Alors, son esprit vagabondait sur les odeurs et les couleurs. Cet exercice avait éveillé, en elle, les plus douce passions : celles du baptême, de la communion, du mariage.
La rose blanche déclenchait le souvenir de son baptême. Sa mère avait attaché à sa lange, une rose blanche, symbole de pureté et d'innocence. L'odeur de la rose fraîchement coupée titillait ses narines de bébé. Dans le même temps, elle avait senti un liquide froid et visqueux se répandre sur son front. Elle avait soubresauté, faisant tombé sa robe blanche, dans l'écuelle d'huile d'onction. Puis des orgues folles avaient retentis, provoquant des vibrations d'extase à l'intérieur de son crâne de nouveau-né. Elle vibrait au diapason.  Puis le Lisianthus, la gratitude face à ce bouquet que son père lui avait offert alors qu'elle sortait de l'église, sa communion faite, sa robe blanche rappelant déjà à celui ci la robe de mariée qu'elle porterait un jour. Pauvre homme, si seulement le sort avait été moins cruel avec lui, si seulement il savait ce que le destin avait dans son giron pour la jeune fille qu'il élevé seule. Sa main passa lentement prêt des œillets, elle n'en voulait pas, ils lui rappelaient bien trop ces jours sombres, la pluie qui tombait, le froid qui s'insinuait dans ses os, le cercueil de sa mère perdu au milieu de cette fosse de terre. Elle avait vécu bien trop de douleur pour son âge et pourtant, elle s'estimait encore chanceuse de ne point avoir eu plus. Combien de pauvres âmes devaient vendre leur corps pour survivre, la main tendue dans la rue pour une pièce, un morceau de pain.
Non, elle n'avait pas à se plaindre. Pourtant, Distraite et envasée par les souvenir , elle ne savait comment achever son bouquet de fleurs. En ce genre de circonstance, il n'y avait qu'une seule possibilité, se tourner vers la gérante, jeune femme vive, fraiche, adorable qui semblait aussi douce que les pétales d'une rose, dont la fragrance embaumée toujours le printemps.

« Fiona, je ne sais comment finir ce bouquet ! Tu pourrais m'aider ? C'est pour la tombe de ma mère. »

Simple, courtois, je savais qu'elle m'aiderait, qu'elle me poserait des questions et que ce bouquet n'irait pas au cimetière avant des heures car nous avions cette faucheuse tendance à nous épandre sur nos vies, nos malheurs, nos joies, mais c'était ça aussi, être voisine, être femmes d'affaires, être amies.

Un bouquet de fleurs. Les fleurs ont un langage qui leur est propre. Nous le savons, nous l'apprenons des le plus jeune âge. Pourtant, je n'ai pas retenu grand chose, c'est plutôt une chose digne des nobles. Pour ma part, je suis déjà ravie que l'on m'offre quelques fleurs. Alors penser à la couleur, à la variété...c'est déjà quelque chose de compliqué pour moi. Je préfère me concentre sur ce qu'elles me font ressentir et ce qu'elles peuvent faire ressentir à autrui, pourtant, en cet instant, c'est bien plus difficile, car je ne sais pas vraiment ce que je ressens.

J4avais décidé d'aller rendre visite à ma mère, comme je le faisait toujours, c'était important, c'était une façon de rester proche d'elle, de lui parler, de lui adresser mes pensées, de lui demander conseil en esperant que le vent m'apporte les murmures de son âme. Mais aujourd'hui, je ne savais pas, que voulais je transmettre dans ce bouquet ? Qu'avais je envie de dire à ma mère ? Qu'avais je envie de lui poser comme question ?  Fiona saurais, elle savait toujours aider ceux qui avaient besoin de fleurs à transmettre leur messages, leurs émotions et cela me rendait assez fier d'elle. Elle avait eu le courage d'ouvrir sa boutique de fleur quand je m'étais contentée de reprendre l'affaire familiale. Il n'était pas sur que j'aurai eu le courage de le faire si je n'étais pas déjà dans le métier, mais au final, la vie était ce qu'elle était et la remplir de question ne servait pas tant. Pourtant, les questions venaient sans cesse.

Laissant glisser mes doigts sur les pétales d'une fleur, j'écoutais donc la question de la fleuriste et reflechissais un instant.

« Je ne sais pas vraiment quoi lui dire. Enfin, il y a les choses habituelle. L'amour, la tristesse, le manque. Mais...j'aurai eu besoin de ses conseils. Adam est rentré d'Inde et...il m'a emmené à ce bal masqué...et maintenant, tout est confus et compliqué... »

Je lui souris, d'un sourire triste et timide. Elle ne savait pas pour ma maladie, pour cette menace de voir chaque enfant qui sortirait de mon sein affublé de cette malédiction qui les ferait mourir avant leur dix ans. Quel homme pourrait aimer une femme qui lui promettrait de faire mourir ses fils ? Quel homme aimerait une femme qui ferait mourir ses fils ? Soupirant quelques peu je l'observait, lui offrant un regard bienveillant.

« Je ne suis qu'une vieille fille qui ne sais plus ou en est son cœur et sa tête. Mais la lavande sera très bien, je suis sur que ça lui plaira. Merci Fiona. »

Prenant quelques tiges de cette plante, je les mettait lentement dans le bouquet, apportant couleur et gaieté, restant à demi perdu dans mes pensée. Devrais je dire à Adam que je suis malade ? Comprendrait il ? Ou me forcerait il à l'épouser pour mieux me renier le jour ou nos enfants mourraient ? La sauvegarde de son cœur n'était elle pas plus importante que la sauvegarde du mien ?

Le bal masqué, voilà le sujet qu'elle à retenu en premier lieu. Je savais qu'elle avait travaillée sur l’événement, que ses fleurs avaient ravi tout le monde, qu'elle allait très certainement gagner en notoriété et que tout le beau monde anglais, aller venir lui demander ses compositions. La saison était entamée depuis un moment, mais pour les prétendants continuaient d'aller et venir, de faire en sorte de gagner les faveurs des demoiselles et de leur familles. J'étais bien loin de ce temps ou de jolis et gentils messieurs amenez des bouquets de fleurs à ma porte en me demandant un rendez vous. Le dernier en date avait fuit vers l'Inde. Le dernier en date était revenu des Indes. Soupirant quelque peux aux questions je haussais lentement les épaules à sa questions.

« C'était...sympathique. J'étais habillée en personnage de conte de fée et j'ai dansée avec plein de messieurs en mourant de peur à l'idée qu'ils découvrent que je n'étais qu'une petite imprimeuse. J'ai même menti en annonçant que j'étais la fiancée d'Adam. Le pauvre, alors que je lui ai dit que je l'épouserai jamais. »

Je faisais un petit non de la tête, me trouvant ignoble de le faire ainsi courir alors que jamais nous ne pourrons finir ensemble. Puis je préférais me concentrer sur mon bouquet de fleurs, oublier le bal, les danses, mon cœur qui battait bien trop fort dans ma poitrine. Et cette question qui arrive et me stop, pétrifié comme si la gorgone aux cheveux de serpent avait croisé mon regard. Tournant lentement mon regards vers Fiona, je cligne des yeux à une lenteur plus qu'effrayante.

« Non. Je ne suis pas amoureuse d'Adam. Rien ne sera jamais possible entre nous de toute façon, on est juste ami et on ne pourra jamais être rien de plus. »

lui lançant un regard explicite, je haussais un sourcil, comme pour demander si c'est bien compris, car je ne peux en aucun cas me laisser aller sur ce point. Même si j'ai dit à Adam que je l'aimais sous l'effet de l'alcool. Mais encore une fois, mon secret. Puis, souriant un peu, continuant mon bouquet je change de sujet.

« Et toi ? Je t'ai entraperçu dans le bal avec un serveur des plus mignons...tu as profité de l'arrière salle pour une petite partie privée? »

Des compliments, Fiona en était toujours pleine et c'était adorable. Je ne connaissais pas de jeune fille plus douce et délicate qu'elle. Ce qui allait parfaitement avec son rôle de marchande de fleur, aussi colorée et douce, qu'enivrante de leurs parfum. Néanmoins, parler du bal, se remémorer ces moments, était...doux amer. Certes le bal fut beau et intéressant, sa robe de princesse lui allait comme un gant, mais il y avait cette impression qu'elle n'avait pas vraiment sa place dans ce milieu, entourée de tous ces gens de la bonne société. Ce n'était pas son monde et entendre Fiona parler en ce sens également la rassurée quelque peu.

« Ils se compliquent tellement la vie avec leurs danses ! Tout est lent, mesuré, on peut pas rire, ni s'amuser réellement. J'aurai préférée une bonne gigue ou un cercle circassien. Au moins on aurai ris. Mais bon...puis ce truc de pas choisir avec qui tu danse...bref. Quant à Adam...il a failli s'étouffer quand j'ai dit que j'étais sa fiancée. Mais on en a pas reparlé ensuite. »

Si on en parle pas, ça n'existe pas n'est ce pas ? Puis qu'est ce qu'on peut dire à ce sujet ? On ne se mariera jamais. On ne vivra jamais comme mari et femme. Autant se faire une raison et avancer. Ressasser, se faire du mal, se demander ce qui se serait passer si...ça ne fait que torturer le cœur et l'âme. Et pourtant c'est ce que je ne cesse de faire. C'est stupide et pourtant terriblement humain. Alors, je continu de rassembler des fleurs pour un bouquet, cherchant à ne pas trop y penser quand Fiona, met les pieds dans le plat.
Je m'interromps un instant, poussant un léger soupir en fermant les yeux. Comment lui dire, sans lui dire...

« Il héritera du titre de son père. Je ne suis qu'une petite imprimeuse. Puis...je ne pourrais jamais porter d'enfants. Je ne peux pas imposer cela à quelqu'un. Ce serai le condamner à une vie bien triste. »

Un mensonge dans une vérité. Elle n'a aucun besoin de savoir que les enfants naîtrait mais mourraient tous en bas age, arrachant tous une partie de mon cœur et de mon âme, amenant sur moi la haine de mon époux. Je ne pourrais survivre à cette horreur à voir la chair de ma chair mourir par ma faute, voir mon époux me haïr de lui enlever sa descendance. Néanmoins, je tentais de changer le sujet de conversation bien trop triste à mon goût. Parlant d'un serveur des plus mignon et sa réaction me fit rire.

« Je n'ai pas pu, j'étais entouré de nobles aux aguets ! Et de mon souvenir... Connor n'est pas un idiot. Il aime juste jouer à le paraître. Avant que tu ne demande il fait parfois la sécurité a la maison de close de ma marraine et je l'y ai déjà croisé. Maintenant, parle moi de lui, il te mettrait pas les joues en feu si il n'était qu'un idiot. »

Détournement de conversation....réussi ?

Fiona et moi sommes de ces femmes qui savent ou est leur place. Qui rêve grand tout en sachant garder les pieds sur terre. Nous sommes du peuple, nous ne l'avons jamais oublié et ne l'oublierons jamais et il est vrai que si certains pensent que l'on pourrait rêver de la vie de château, avoir des titres, des couronnes, des diamants, la seule chose que j'ai apprécié réellement de ce bal fut la nourriture. D'ailleurs je suis sur de ne pas être la seule à avoir apprécié cela. Néanmoins, les danses sont trop réglementé, des pas léger, se toucher à peine, des pas feutré, lent. J'avais recherché la joie, le rire, les sautillement, ce moment ou on se libère, on l'on ris, s'amuse. Mais il semblerait que parler trop fort, rire fort, danser trop vite est mal vue dans la haute société. Quelle barbe...
Acquiesçant ainsi aux dires de mon amie et femme d'affaire, je continu de laisser glisser mes doigts sur les pétales fin de quelques fleurs qui sont non loin, sans compter la réaction de ce pauvre Adam qui a failli m'étouffer de rire. J'en ai même un nouveau sourire, canaille, lançant ce regard de pure conspiratrice à la brune.

« J'ai cru qu'il allait s'étouffer avec sa boisson. Je ne devrais pas en rire, mais c'était vraiment drôle. Quant à leur bal, ils ne savent pas s'amuser... pour ça faudrait qu'ils retirent le bâton géant qu'ils ont dans le séant ! »

Pauvre Adam, vraiment. Je lui ai offert un espoir là ou il n'y en a pas. Comme si j'allais l'épouser alors que je ne rêve que de liberté. Non, c'est un mensonge, je suis plutôt à refuser de l'enfermer dans un mariage sans enfants ou plutôt un mariage ou les enfants mourrons tous en bas âge. J'en offre un léger aperçu à ma douce amie qui à son regard soudain teinté de tristesse pour moi. Ses mots sont intelligent. Parler. Communiquer. Mais je hausse doucement les épaules.

« Ça ne l’arrêterais pas. Je finirais pas céder et quand il verrait que mon ventre ne peut pas s'arrondir il finira par me haïr et je ne le supporterais pas. C'est une sacré tête de mule tu sais, le fils Rose. Puis tu me vois ? Rosalie Rose ? »

Je pouffe un instant devant l'idiotie de ce nom, clairement c'est une raison de plus pour que je ne l'épouse pas ! Même si en soit, on s'en fiche un peu de ça. Néanmoins, je reporte la discussion sur la brune, parle de ce beau brun, Connor. Bien sur je sauve la mise en parlant de la maison close. Je ne vais pas dire à mon amie que j'ai couché plusieurs fois avec cet homme. D'ailleurs, je ne pense pas remettre ça, pas quand je vois comme ses joues s'empourpre à son nom. Règle des amie ? Pas touche aux hommes de l'autre.

Je l'écoute donc croisant doucement les bras en haussant un sourcil.

« A toi de te rendre indispensable ma belle. Tu as tout ce qu'il faut pour qu'il ne pense plus qu'a toi. Nous sommes des femmes, on sait comment gagner l'affection des messieurs non ? »

Je lui offre un sourire canaille, me remontant la poitrine, comme si je voulais mettre en avant cet attribut de la nature avant de glousser comme une idiote.

Dire que je n'avais été à ce bal que par une grande supercherie, une tromperie éhontée montée par Adam pour me faire danser avec lui, pour me courtiser, pour passer la soirée avec moi. Et voilà que ce bal, ce moment ou nous avions fait un pas dans le monde des nobles et des riches était notre sujet de conversation principale. Il était vrai que c'était assez particulier pour nous qui n'étions pas habitué à tout ce faste et à tout ce protocole qu'ils avaient mis en place pour parvenir à s'amuser. A croire qu'il fallait avoir un balai dans le cul pour rire dans leur monde. Néanmoins, j'avais apprécié ce moment, bien que je ne sache trop dire si je l'ai tant apprécié parce qu'il était amusant en soit ou parce qu'il y avait cet homme au masque d'ours qui m'a fait danser, une seule fois, mais fait battre mon cœur comme jamais.
Riant pourtant de leur coté guinder, de leurs danses étrange, Fiona eu une proposition qui m'échappa un gloussement.

« Ils ne sauraient pas quoi faire et nous regarderaient comme des idiots ! Mais oui je sais que je ne suis pas des plus gentille avec lui à lui donner tant d'espoir. Mais je n'y peux rien, chaque fois que je croise son regard...j'ai envie de lui arracher ses vêtements et de lui faire les choses les plus indécentes possible ! »

Riant quelque peu, ravie de pouvoir parler de sexualité avec cette amie sans être jugée comme immorale ou vulgaire. Néanmoins, il y avait des raisons à mon refus de cet homme, même si en soit je ne voulais qu'une chose, dire oui. Et ces raisons étaient à mon sens plus que légitime et raisonnable, pourtant je ne pouvais tout dire à Fiona, je ne pouvais parler de ma maladie, des enfants morts en bas age de la douleur que cela pouvait provoquer, de la haine et du désespoir que cela pourrait faire naître. Ma mère ne s'était elle pas suicidée d'avoir vu ses deux fils mourir en bas age par la maladie qu'elle leur avait transmis en les mettant aux monde ? Néanmoins, elle ne comprenait pas et un sourire mince naquit sur mes lèvres à cette idée de Rosalie Rose. Me faisant murmurer à cette fleur

« C'est vrai que j'aimerais ça... »

Mais un couple sans enfant, quand je connaissais le tempérament d'Adam...

« Il voudra des enfants de son sang. Il a un titre à transmettre...et moi je ne peux pas lui offrir cela. Le fil entre l'amour et la haine est bien mince, je ne veux pas voir cela dans son regard. »

Un haussement d'épaule triste, résigné. Je sais que je ne pourrais jamais avoir cet homme que je désire et que tout est ma faute. Mais cela n'empeche pas mon amie de trouver l'amour et je reporte rapidement la conversation vers elle, vers Connor, vers leur relation et sa capacité à le charmer. Pourtant elle semble triste et peu sure d'elle, ce qui est un comble pour une si belle femme.

« Tu rigole ? Tu es bien plus belle que moi et tu as des hanches sublime ! Quant à te rendre indispensable, pas besoin d'un malheur pour cela, les hommes sont simple. Il aime la nourriture, le comfort et le sexe. Rend toi indispensable dans l'un des domaines ou plusieurs ! J'ai des copines au bordel qui pourraient d'apprendre des techniques à te faire rougir comme un coquelicot ! »

Je ris un peu, cherchant à détendre un peu sa tension et lui montrer que si elle veut cet homme, elle pourra l'avoir !

Avais je eu l'occasion de retirer ses vêtements à ce monsieur ? Mais.. Tournant mon regard surpris vers Fiona, je me posais la question. Pourquoi me demandait elle cela ? Que savait elle ? La jaugeant quelques instants je finis par pousser un long soupir assez...attristé. Je préférais quand nous parlions du bal, au moins, je pouvais amener la couverture vers Connor et son air canaille, la façon qu'il avait de sourire à toutes les demoiselles et comment ma charmante amie fleuriste pouvait gagner son cœur. Mais nous partions sur un sujet plus sensible, celui de mon cœur, de mes sentiments de tout ce qui se cachait dans mon cœur...

« Eh bien...nous avons failli mais...disons que je l'ai repoussé. Le mat n'était pas dressé...c'était la première fois que j'ai eu...ce genre de surprise avec un homme. »

Je rougissait, timide, gênée de dire devant mon amie que ce monsieur qui faisait battre mon cœur ne semblait pas être si sensible que cela à mon charme. Peut être souffrait il d'impuissance, mais l'idée que je ne lui plaise pas, que je ne sois pas assez belle, assez attirante pour lui faire l'effet que tout homme ressent à la simple vision d'un corsage dégrafé, d'une poitrine offerte, me blesse plus que je ne pourrais l'avouer. Haussant un peu les épaules je tentais un sourire, alors qu'elle me parlait enfant. C'était un sujet douloureux, mais puisqu'il fallait en parler.

« Certaine. Je ne pourrais jamais mettre au monde le fruit de mes entrailles. Mais je serai ravie d'être une tante gâtant les enfants que Connor et toi  mettront au monde. »

Je lui offrait ainsi mon sourire le plus beau et le plus charmeur, m'offrant comme nouvelle mission de faire en sorte que Fiona et Connor filent le parfait amour. Et si je dois passer les attributs de cet idiot sous la presse pour cela...je le ferais ! Pourtant Fiona avait besoin d'être rassurée et alors que je lui disait combien elle était belle, combien il serait facile pour elle d'hameçonner cet homme avec sa personnalité, elle retourna tout cela vers moi et je gloussais à l'idée du domaine sur lequel elle se rendrait indispensable.

« Une chevelure de feu ne fait pas tout. Quant au reste, aucun doute que tu peux enchaîner tout homme dans ce domaine ! Mais si tu souhaite réellement des conseil, nous pourrons aller voir ma marraine, je suis certaine qu'elle aura de quoi nous instruire l'une comme l'autre ! »

Un nouveau clin d’œil. Mission à venir, rendre Fiona indispensable à Connor et assister à la noce !

Désolée. Un mot que je n'apprécie pas d'entendre, une pitié que je me refuse à accepter en soit. Je suis une femme fière, quoi qu'on puisse en dire et je n'aime pas qu'on pleurer sur mon sort, mon destin, mes amours malheureux. Je sais bien, que mon destin est sombre et solitaire. Que je suis prédestinée au célibat, au regret. Mais entendre me dire qu'on est désolé pour moi. Cela me fait un pincement au cœur. Qui se matérialise par ce petit sourire pincé et ce geste de la main qui signifie que ce n'est rien. Absolument rien. Même si c'est un mensonge.
Préférant amener la discussion sur une autre rive, sur d'autres amours, je parle et lance dans un sourire que je veux amusé, dans un ton que je cherche à rendre léger et elle répond tel que je m'y attendais. Dans un rire, un sourire, un mouvement d'yeux.

« J'attendrais. Certaines choses valent la peine que l'on patiente pour les voir se concrétiser non ? »

Un clin d’œil mignon alors que je termine mon bouquet, ce pour quoi j'étais venu de prime abord, ce qui m'avait amener à rencontrer ma bonne amie. Un bouquet pour ma mère, un bouquet pour vider mon esprit, parler, demander conseil à cette femme qui a souffert de la même malédiction que celle dont elle m'a affublé. Du moins, je le pense. Car qui sais si je suis réellement malade ? Qui sais, si mes enfants pourraient mourir comme mes frères ? Mais qui...accepterait de prendre ce risque quand on voit le mal que cela à pu faire à ma famille ?
De nouveau elle parle de nos charmes, je lui répond par la même et alors qu'elle continu à me flatter je glousse, mettant un genou à terre, lui tendant mon bouquet de fleurs.

« Miss Fiona, vous me flattez trop ! Si vous continuez je vais me sentir l'âme à vous courtiser ! »

Un nouveau gloussement, un nouveau rire, alors que je me releve et qu'elle valide l'idée de rencontrer ma marraine pour quelques conseil avisés. Sait elle qu'il travaille au bordel comme videur ? Que pour quelques pièces, certaines dames s'offrent le plaisir de ses reins ? Quelques messieurs même selon la rumeur ? Non, je ne lui dirait pas et j'espère qu'il a changé pour elle ou qu'il va le faire. Lissant mes jupes, de nouveau debout, je relevais la tête à sa proposition.

« Je ne dit jamais non à un bon verre tu le sais bien! »

Attendre, toujours attendre, laisser le temps passer et voir. Voila qui était une chose qu'elle avait expérimentée, qu'elle avait vécu. Attendre qu'Adam vive sa vie, qu'Adam quitte son cœur, qu'Adam rentre des Indes avec une femme au bras pour qu'elle l'oubli. Attendre, toute sa vie n'a été qu'attente. Et voilà que Fiona parlait d'attendre. Un long soupire quitta mes lèvres alors que je faisais un lent non de la tête.

« J'ai attendu plus de dix ans. Je ne te le recommande pas. Si tu le veux, bat toi pour lui ! Tu vaux bien plus que toutes les autres ! Même ces idiotes de débutantes ! Tu as vu la rouquine avec son masque solaire au bal? Quelle pimbêche, tu vaux bien mieux que tout ça ! »

Pourtant, j'avais joué le jeu de la romance, de l'amitié, de l'humour, lui offrant un cœur factice, posant genou à terre, battant éhontément des cils, la faisant rire tout autant alors qu'elle annonçait pouvoir être intéressée.

« Eh bien, je ne te savais versée dans les courbes féminines Fiona ! »

Gloussant de plus belle, riant avec elle, je me relevais lentement, prenant appui sur mes jambes pour la suivre, laissant le bouquet prêt sur un petit établi alors qu'elle me demandait ce que je voulais boire.

« Peu importe, tant que je bois quelque chose qui me donne du courage pour aller au cimetière. Je ne voudrais pas trop tarder, j'ai peur que la pluie tombe et de finir trempée. C'est que ça pèse un âne mort ces robes quand elles sont humide ! »

Montrant un peu ses jupes, ses jupons et autre elle gloussa.

Ne pas perdre l'être aimer, ne pas le voir sortir de sa vie. Voilà bien des sentiments que je pouvais comprendre et bien plus que ce que l'on pourrait penser par ailleurs, moi qui ai vue partir l'homme pour qui mon cœur battait en direction des Indes suite à un refus de ma part. Bien sur je n'avais aucune intention de le faire fuir si loin de notre pays, si loin de moi. Mais je ne pouvais lui en vouloir. Il aimait, tout comme moi et la distance parvenait assez régulièrement à atténuer les battements d'un cœur blessé. Néanmoins pour ce qui était de Fiona, je ne saurai dire si elle doit ou non sauter le pas. Elle a peut être peur, je peux le comprendre, mais la peur est elle préférable à la tristesse et à la solitude?
Lui offrant un délicat sourire, elle ne put donc que hocher délicatement la tête, comprenant bien les questionnements et les inquiétudes de son amie.

« Je comprends. Mais nous ne sommes plus de jeunes premier. Nous savons accepter un non sans pour autant retirer notre amitié. »

Un encouragement bien mince, mais qui se voulait malgré tout gentil et réconfortant. Elle en venait même à plaisanter avec son amie, la faisant rire, sourire de cet éclat merveilleux qui était le sien alors qu'elle simulait une demande en mariage. Aucune porte ne devait être fermée, l'idée n'était pas mauvaise, bien que, même si elle savait que des femmes pouvaient aller avec des femmes grâce à la maison close de sa marraine, elle n'était pas pour autant intéressée par cette porte ouverte.

« Te voilà bien plus aventureuse que je ne le pensais Fiona! Il va falloir que je fasse attention à mes jupons! »

Un nouveau gloussement se fit alors qu'elles parlaient de boire quelque chose, d'échanger, de rire et de parler toujours plus. Un vin fut servi, les verres délicats s'emplissant de ce liquide couleur rubis sombre alors qu'elles laissaient tinter le verre l'un contre l'autre, prenant une petite gorgée du breuvage qui, coulant dans son gorge, lui réchauffait déjà doucement la poitrine. Prête à reprendre la conversation,elle eu la surprise d'une horloge sonnant au loin l'heure, lui rappelant ainsi que, si elle souhaiter aller honorer sa mère avant de devoir retourner travailler, il lui faudrait se hâter. Finissant ainsi d'une traite son verre, poussant un petit hoquet, elle rougis en observant son amie.

« Pardonne moi Fiona, je n'ai pas vu l'heure et je dois me hâter. La cirerie ne tournera pas seule et je veux vraiment aller saluer ma mère. »

rendant le verre, sortant quelques pièces de sa bourse pour payer le bouquet qu'elles avaient confectionnés ensemble, elle se hâta vers la porte faisant un petit clin d’œil à la belle brune.

« Pour la prochaine c'est chez moi ! On verra si tu laisse tes portes ouvertes à tout vent ma belle ! »

Remuant un peu dans un simulacre stupide de flirt, elle éclate de rire avant de quitter la boutique dans le tintement de la cloche, se hâtant vers le cimetière ou elle aurait, comme chaque semaine, bien des choses à raconter à sa mère.