Je m'étais rendu rapidement dans l'East End, prenant la première voiture disponible. J'espérais ne pas arriver trop tard, je vous en pris mon Dieu faite que je puisse intervenir à temps. Les chevaux filaient à vive allure sous les coups de sangle du cocher, me rapprochant toujours plus vite de ma destination.
Une fois arrivé, je sortis en trombe de la voiture et j'alla toquer à la porte du modeste logis d'un vieil ami, James Smith. Ma mallette de médecine en main, je salua rapidement la maîtresse de maison avant de me diriger vers le chevet de son époux. Celui-ci était au plus mal, la maladie avait véritablement gagné de l'ampleur… J'arrive donc ainsi trop tard… zut!!!
Voyant ma mine déconfite, alors que je faisais mes examens de routine afin d'établir le meilleur diagnostic. Le pauvre homme devina ses dernières heures venues et me saisissant le bras, me fit juré de lui tenir compagnie jusqu'à l'arrivée de la grande faucheuse. En l'honneur de notre vieille amitié, qui nous lie lui et moi depuis son affectation aux Indes occidentales, je ne pus qu'accepter. Je passa ainsi de longues heures à son chevet, lui prodiguant les soins nécessaires afin de le soulager et je resta une oreille attentive pour son épouse qui affrontait ce pénible moment avec courage et dignité.
Il fut 22h passé lorsque la mort vint toquer à son tour à la porte du logis. Subtilement et froidement elle entra et vint, sans un seul regard vers moi ou madame Smith, donner le dernier baisé final au mourant. Puis de ses doigts décharnés elle agrippa l'âme de l'homme et l'emporta avec elle, nous laissant dans la plus grande détresse et une confusion des plus pitoyable la dame et moi-même.
Je ramassa alors mes instruments dans le plus grand silence, un goût amer d'impuissance dans la gorge, tentant de consoler la désormais veuve Smith, mais j'étais des plus pathétique. Me rendant compte de mon incompétence dans cette situation particulière, je préfèra me retirer rapidement et laisser la dame vivre son deuil tout doucement.
Lorsque je remis le pied dehors, je reçu un choc des plus violent, comme lorsque l'on émerge d'un drôle de rêve et que la réalité vient nous happer durement. J'avais perdu un ami cher à mon cœur et un patient. J'avais failli à la tâche, la maladie avait gagné sur le médecin. Tel un caméléon, je pris un air des plus triste, morne et irritable qui soit, reflétant la température, l'ambiance qui régnait dans les rues de ce quartier de Londres en cette nuit sombre et très humide.
J'erra ainsi longuement dans les ruelles, me sentant complètement perdu, cherchant à me ressaisir. Parfois nous disons qu'ainsi va la vie et que nous devons continuer d'avancer, mais bien souvent c'est plus facile à dire qu'à faire. Je n'étais guère habillé pour passer inaperçu en ces lieux et ma mallette trahissait ma fonction de médecin, sauf qu'avec ma stature imposante et mon air peu aimable, je parvenais à tenir les badauds à distance. Ce qui me permettait d'avoir la tranquillité nécessaire pour digérer ce coup dur.
Mes pieds me guidèrent donc vers un bar, aux allures quelque peu enviable, mais dont l'achalandage me donna bon espoir d'y trouver une boisson digne de calmer ma colère et mon chagrin. J'entrai donc sans aucune cérémonie, espérant pouvoir respirer un bon coup sans attirer l'attention plus que nécessaire. Le silence qui s'installa pendant quelques secondes comme j'entrai dans les lieux m'indiqua que j'avais loupé mon coup… misère!!!
Je scruta attentivement les lieux à la recherche d'un coin tranquille où l'ours bourru que j'étais pourrait noyer son mal être du moment. Je vis alors que le comptoir m'offrait exactement ce que je recherchais et j'allai m'y asseoir rapidement sans un regard vers les yeux curieux et avides qui m'épiaient attentivement. Je fis signe au barman de m'envoyer un whisky double avant de porter mon regard sur mon voisin de gauche assis à quelques emplacement de moi. Son visage me dit quelque chose, je jurerais l'avoir déjà rencontré quelque part? Je dois faire erreur!!!
J'haussa simplement les épaules et je reporta mon attention au liquide ambré qui reposait sagement dans mon verre.
@Aodh Wolf &
@Lacie Reed